But there's something in the air
They share a look in silence
and everything is understood

@Otto Fitzroy | londres sorcier, cimetière, mi-août (miaou)

Une marée noire s’est déversée dans les allées du cimetière sorcier de Londres, situé dans la banlieue nord de la ville sorcière. Certains ont transplané, d’autres ont marché jusqu’ici, toujours est-il qu’ils sont nombreux à s’être rendus sur les lieux d’une cérémonie solennelle. L’ensemble est réuni actuellement devant un caveau qui ne tardera pas à accueillir le corps de la regrettée sous-secrétaire d’État et Directrice du Département de Régulation des Créatures Magiques, Dolores Umbridge. Le gratin de la garde rapprochée du Seigneur des Ténèbres est présent bien sûr, et alors que les températures sont encore un peu élevées pour le mois de septembre, certains, certaines, ont les bras nus, noircis par la Marque des Ténèbres bien en vue. L’absence de Voldemort, si elle ne passe pas inaperçue, ne soulève néanmoins pas de remarques dans les rangs bien disciplinés des Mangemorts. On supposera qu’il était trop occupé.

La cérémonie se déroule sans accroc, sans grande effusion d’émotions en prime, et c’est peut-être trente minutes plus tard que le cercueil est descendu et que la terre le recouvre magiquement. Dès lors, l’assistance se sépare en petits groupes qui s’éloignent, plus ou moins rapidement, plus ou moins pressés.

Ta longue silhouette reste non loin de la tombe fraichement creusée et, lorsque tu avises que tu n’es pas la dernière encore, tu t’avances en quelques enjambées de ce cher Otto, qu’on pourrait désigner comme ton meilleur ami, si tu daignais parler en de tels termes. Un sourire sincère étire tes lèvres et tu lui tends le paquet de cigarettes sorcières françaises (des Lys d’Argent) poliment, avant d’en tirer une que tu portes à tes lèvres, tout en l’allumant à l’aide d’un briquet estampillé ASAP. « Nice ceremony, wasn’t it? », entames-tu la conversation de ta voix grave et rauque si caractéristique, sans même chercher à le saluer d’une quelconque manière, avant de reporter tes yeux sombres sur le monticule de terre à vos pieds et de lâcher, sans transition aucune et sans douceur : « Although, she really was a pain in the ass, so I wonder who designed such a splendid tribute to her work. » Ton regard, presque malicieux, revient vers Otto, et tu l’encourages à ne pas s’accrocher aux faux-semblants qui n’ont pas lieu d’être entre vous : « Oh, Otto, come now, for Morgana’s sake, don’t you dare tell me you liked her. I wouldn’t buy it for a knut. Everyone hated her, that’s why she was so desperately good at her job. » Aspirant une bouffée de tabac sorcier, tu soupires longuement, et les volutes blanchâtres s’échappent d’entre tes lèvres en tourbillonnant et en scintillant. Ton constat est plutôt neutre, mais empreint d’une forme de mépris pour la défunte, que tu n’as jamais porté dans ton cœur, là trouvant trop arrogante, trop ambitieuse pour son propre bien. « I suppose the idiot who killed Umbridge is held somewhere down in your Department… or would I be wrong to assume so? »

”Stay still now.” Otto coule un rapide regard vers Beth, dont les doigts se referment aussi tendrement que fermement sur les épaules de Jude pour l’inciter à arrêter de gesticuler, et montrer un comportement exemplaire. C’est évidemment lui, qui a tenu à ce que son plus jeune fils soit présent aux funérailles de cette chère Dolores ; il n’est jamais trop tôt pour l’introduire au cercle restreint des serviteurs du Lord, et lui apprendre que sa vie sera rythmée par ces événements plus ou moins tragiques, plus ou moins importants. Quant à Nils, Otto n’a pas jugé nécessaire d’expliciter que sa présence serait non-négociable - son aîné a bien trop à prouver pour se permettre de sécher la cérémonie qui se déroule au coeur de Londres. Ainsi les Fitzroy sont au complet (ou presque), même Anna à leurs côtés venant parfaire ce tableau de famille de Mangemorts endeuillés, vêtus de noir de la tête aux pieds.

Comme prévu, la cérémonie est des plus ennuyeuses, et derrière ses pupilles respectueusement rivées sur le cercueil fermé de l’ancienne sous-secrétaire d’État, défilent d’autres préoccupations, nettement plus importantes que la mise en terre de Dolores. Il ne pense pas même à sa mort, ni ne la regrette ; elle était nécessaire, et il pointerait de nouveau sa baguette vers elle pour lui ôter la vie s’il devait le refaire, autant de fois qu’il le faudrait. Non, il y a bien plus grave et primordial à penser que le décès (le meurtre, en réalité) d’une femme trop bruyante, faible de surcroit, pour avoir bien failli coûter la vie du Lord avec ses enfantillages. ”Go ahead, I’ll join you later”, adresse-t-il aux siens une fois le cercueil recouvert de terre, et la foule commençant à se disperser, ses yeux glissant un instant vers Felix entouré du reste des Wickham, avant de revenir à la pierre tombale, où un simple portrait animé gravé à même la pierre offre des sourires aux quelques convives restant. Il ne reste pas tant là pour se recueillir, que pour apprécier le semblant de calme et de paix que lui ont toujours inspiré les cimetières une fois débarrassée de la masse y pullulant lors d’obsèques.

Ses yeux bruns se tournent tout juste vers Philomène quand il la voit approcher dans sa direction, refusant d’un geste sobre et sans un mot le paquet de cigarettes qu’elle lui tend. Grand adepte de la devise du gouvernement, un esprit sain dans un corps sain, Otto n’a jamais été particulièrement attiré par le tabac et autres produits désormais illicites ; en réalité, les rares fois où il accepte de fumer est en présence de Felix, et ce en de rares occasions. ”Nice ceremony, wasn’t it? – It really was, yes.” Ils n’ont jamais été de grands adeptes de smal talk, ensemble ; Philomène et Otto se connaissent depuis suffisamment longtemps, et suffisamment bien, surtout, pour s’épargner un tour de politesse. Aussi, l’alchimiste n’ajoute rien, et attend calmement que son amie de longue date brise le silence bref qui s’installe entre eux. ”Although, she really was a pain in the ass, so I wonder who designed such a splendid tribute to her work. Oh, Otto, come now, for Morgana’s sake, don’t you dare tell me you liked her. I wouldn’t buy it for a knut. Everyone hated her, that’s why she was so desperately good at her job.” L’ombre d’un sourire cherche à étirer le coin de ses lèvres, et y parvient sans mal devant la franchise tranchante et le parler sans faux-semblants de Philomène, alors qu’il lui glisse un regard de côté pour lui signifier tout le bien qu’il pouvait penser d’Umbridge. A vrai dire, il se fichait de l’existence de la sorcière autant que de son premier meurtre. Il ne lui accordait, comme à la plupart du monde, qu’une importance minime, et les rares fois où elle est parvenue à attirer son attention ont été, en effet, pour l’irriter et lui confirmer ce que tout le monde pouvait penser d’elle. Et particulièrement ce dernier soir, sans l’ombre d’un doute. ”Let’s say she was not the most likable person of her time, but I’m not sure I’m in the best position to comment on that.” Son sourire se fait tout juste plus visible ; Otto n’est pas dupe, il est parfaitement au fait de sa réputation de nerd trop froid, trop sérieux, trop rabat-joie par moment, autant de caractéristiques que Felix ne manque jamais de lui rappeler.

”I suppose the idiot who killed Umbridge is held somewhere down in your Department… or would I be wrong to assume so?” You have no idea who wrong you are, pense Otto, alors que l’idiot qui a tué Dolores se tient en réalité aux côtés de la sorcière. Son visage reste impassible, et ses yeux reviennent à la pierre tombale qu’il détaille rapidement de nouveau. Il n’a jamais été un incroyable menteur, ou même un menteur tout court, pour la simple raison qu’il n’a jamais trouvé grand intérêt dans le mensonge. On le connaît bien plus pour sa franchise logique et méthodique, parfois glaciale, et il ne lui vient que rarement à l’idée de mentir - encore moins à une amie comme Philomène. Le Lord a été clair, néanmoins, quand ils ont convenu avec Abbas de garder l’affaire secrète, et jamais Otto ne trahirait une promesse faite envers le Seigneur des Ténèbres. ”I wouldn’t know, I’m afraid. Looking after terrorists isn’t really my frame of work, this would be more of a question for Corban”, répond-il de son habituel ton monotone, et de son habituel phrasé concis. Il n’est pas un menteur expérimenté, certes, mais sa voix lisse et son visage peu expressif lui confèrent un certain avantage dans ce domaine, il faut bien le reconnaître. ”If they haven’t caught him yet, I’m sure they will soon enough. We can’t have rebels directly coming after our people and leaving them unpunished, especially with everything that has been going on lately.” Le regard qu’il lui adresse est éloquent, en faisant plus ou moins subtilement référence aux événements qui ont secoué dans le plus grand secret l'Élite sorcière, et plus spécifiquement le gouvernement. ”Being killed by those fools, so easily… I thought better of her. How disappointing”, ajoute-t-il avec ce qui ressemblerait presque à du mépris. Otto ne ment pas cette fois-ci, pas complètement - Dolores l’a sincèrement et profondément déçu.

”They probably wanted to finish whatever they failed to do last year... A shame she wasn’t careful enough...” Si Philomène savait à quel point elle effleure une partie de la vérité. Otto n’était pas présent au Royaume-Uni, au moment de l’attaque des appartements privés de Dolores, mais il en a entendu suffisamment pour comprendre ce que cherchaient les rebelles en s’infiltrant chez elle - ce même objet qui a définitivement causé sa perte. Quelle terrible erreur d’avoir mis entre ses mains un bien aussi précieux, quel gâchis ; le Lord le lui aurait confié, à lui, les choses auraient été sensiblement différentes. Mais Otto n’est pas du genre à chercher à réécrire le passé, et se contente d’un sobre ”A shame indeed.” à l’intention de son amie, son regard toujours rivé sur la pierre tombale depuis laquelle leur sourit la gravure animée de Umbridge.

”Anyway, I’m afraid there’s not much you and I can do about it now so let’s not dwell on it...” Voilà l’une des raisons pour lesquelles la compagnie de Philomène est agréable - ils sont différents, certes, mais ils se retrouvent sur bien des points. Et ne pas tergiverser et prétendre réellement s’intéresser à une mort qui, de fait, leur est bien égale, en est définitivement un. Ses yeux sombres reviennent à la sorcière, croisant la lueur sensiblement différente de quelques secondes plus tôt qui se loge dans les siens. ”I was wondering, would you happen to have any asset you can spare at the moment? I know, I know  how gruesome to talk about it in a graveyard, but if not here, where?” Well well well. Les sourcils d’Otto se haussent tout juste sur son front, de quelques millimètres à peine, une expression de surprise qui ne trompent pas sur le visage habituellement autrement plus figé de l’alchimiste, et il prend le temps de considérer à la fois son amie et à la fois sa demande. Entre chercheurs, et passionnés de repousser les limites du possible, ils se sont prêtés bien des coups de main au fil des années, à partager à la fois leurs ressources et des bribes de leurs recherches (jamais trop, évidemment, ils ont beau être amis, ils n’en restent pas moins deux brillants sorciers dans leur domaine, un domaine qu’ils connaissent assez bien pour se montrer tout de même prudents).

Il était indéniablement plus simple de refourguer quelques assets à Philomène quand ses expériences ne se déroulaient pas au coeur du N9 du Ministère, un endroit bien gardé et réglementé au millimètre près. Cela ne lui empêche pas de répondre, avec l’ombre d’un sourire, un éclat terne de curiosité dans le regard : ”Well, it all depends what you’re looking for. I have all sorts of assets at my disposal, yes, not all with the same properties and purpose.” Humains, hybrides, créatures magiques humanoïdes ou non, il y a de quoi faire, dans la Salle de la Mort, et de quoi intéresser potentiellement Philomène. ”You’ll have to give me a little bit more than asset if you want me to help you, however.” Il n’est pas en train de négocier pour lui soutirer des informations - Otto ne négocie pas ; il accepte, il demande, ou il refuse, il n’y a jamais de zone d’ombres ou de desseins cachés avec lui. Et pour le moment, il demande, poussé par son esprit ayant besoin d’avoir toutes les informations pour donner une réponse convenable et précise.

tw:mention d'expériences sur êtres vivants, nerd alert

”Well you know me, I’m a nature lover in its most classical form.” Philomène parvient à lui tirer un sourire, discret, creusant à peine ses traits et visible uniquement si l’on se tient à portée. Le moins que l’on puisse dire est que, si leurs recherches ne portent pas exactement sur les mêmes piliers et objectifs, elles ne sont pas non plus incroyablement éloignées ; c’est sûrement ces similitudes, à commencer par leurs intérêts, qui sont parvenus à tisser un lien entre les deux sorciers. ”Mandrakes are my favorites, but I now tend to wonder about what a Woodfolk could bring to the experiment... what their energy span is like, if it is possible to channel and cultivate it and so...” Ses sourcils se haussent légèrement, quand bien même ses yeux continuent de balayer les tombes s’étendant à perte de vue – interesting. Philomène sait tirer en plein dans le mille, même s’il s’agissait probablement d’un jet hasardeux de sa part – comment aurait-elle pu savoir qu’il compte mener des recherches plus poussées sur les êtres de la forêt et leurs magies on ne peut plus singulière ? Et s’il ne peut certainement pas partager l’objet même de cette étude, il peut très certainement se reposer sur elle pour comparer leurs résultats… ”Would you look at me? i almost feel like a schoolgirl talking about a crush!” Otto est tiré de ses pensées par l’appel de Philo, et il tourne ses yeux vers elle en poussant un semblant d’expiration amusée. ”You’re not that far”, commente-t-il sobrement, en l’une de ces rarissimes pointes d’humour (questionnable quant à son efficacité).

Il décide de ne rien ajouter, ni commenter plus que cela – pour le moment du moins, préférant la laisser poursuivre plutôt que de lui proposer, ou même de lui offrir quoi que ce soit pour le moment. ”You know, Otto, I feel lucky to have crossed paths with you, back in the days… It’s obvious I wouldn’t be so close to the truth if I stayed in France and crawled under my father’s influence.” La remarque le cueille par surprise, et il sonde son profil comme s’il s’y trouvait les raisons de cette soudaine déclaration. De fait, il n’est lui-même pas mécontent d’avoir croisé le chemin de sa consoeur, au moins aussi passionnée que lui par les existentielles questions entourant la vie, la mort, ainsi que leurs compositions pour mieux se les approprier. Son amitié avec Philomène a été remarquablement bénéfique, autant pour ses recherches que pour sa vision du monde, ses propres horizons élargis par ce qu’elle est parvenue à accomplir. Mais il est bien connu qu’Otto n’est pas du genre à verser dans le sentimental, et il se contente d’un sobre mais sincère : ”You were bound to great things, Philomène. You would have found a way, even in France.” Parce qu’il n’en doute pas un seul instant, tout simplement, même si cela lui aurait certainement plus de temps d’arriver où elle en est aujourd’hui si elle était restée dans les filets de son père, probablement. ”But the truth is still far, we both know that”, ajoute-t-il, poussé par son esprit raisonnable et cartésien – même s’il peut sentir cette vérité à portée de main.

Et après un léger silence, Philomène reprend pour les ramener vers le sujet qui les intéresse réellement tous les deux : ”What about you? Using any WoodFolk for your work, at the moment? Or something more rare, maybe?” Cette fois, le sourire en coin qui se dessine sur le visage d’Otto est plus visible, et ses yeux reviennent à elle, laissant planer un bref silence, pesant comme toujours ses mots avant de s’exprimer. More rare – c’est bien possible, oui, très possible même, mais il y a certaines choses qu’il ne peut entièrement lui dévoiler, presque à son grand regret, l’envie de partager certains secrets du N9 pour avoir l’opinion d’une autre experte le démangent pas moment. ”Funny you are mentioning Woodfolk, actually. I do happen to lead a study on these creatures”, débute Otto avant de finir par se détourner, décidant soudainement qu’ils ont passé assez de temps devant la tombe de Dolores ; et il préfèrerait avoir cette conversation loin de potentielles oreilles indiscrètes, si possible. Alors il commence à avancer aux côtés de Philomène en une démarche lente au travers du cimetière, entre les pierres tombales, comme ils pourraient faire une marche de santé au bord d’une simple route de campagne. ”Well, to be precise, my team is still in the process of gathering the perfect subjects to start the study. It’s a bit more intricate to find than Merefolk, as you know.” Car son étude ne se porte évidemment pas sur de vulgaires descendants croisés avec des sorciers, non ; il s’agit d’écumer les forêts du Royaume-Uni pour trouver directement ces communautés reculées, peu nombreuses, se cachant grâce à leurs dons de métamorphose parmi les arbres et les feuillages. La chasse aux êtres de la forêt est bien connue comme extrêmement difficile, depuis toujours et d’autant plus depuis qu’il s’agit d’une espèce en voie d’extinction.

Cela n’empêche évidemment pas Otto de s’y intéresser, bien au contraire, ayant déjà réussi (ou plutôt, ses équipes) à mettre la main sur quelques spécimens, en ce moment même enfermés au N9, et maintenus artificiellement en vie. ”Fascinating creatures. Weak, some would say, even though it couldn’t be further from the truth”, poursuit le mangemort avec une certaine passion dans la voix, qui ne s’y glisse que lorsqu’il parle de ses travaux, et de sa précieuse alchimie. ”Their adaptation capacities are even more impressive than a mere human’s. Not one individual will present the same characteristics, depending on where it comes from, to an extent no other species have ever shown.” Et ce sont, évidemment, certaines de ces caractéristiques qui intéressent ses recherches, et qui rendent cette chasse d’autant plus complexe. Il n’en dit rien cependant, pour arriver au point le plus important qui, Otto n’en doute pas, l’intéresse autant qu’il intéressera Philomène : ”They are a short-lived specie, that much we know, but there’s something I’ve noticed when breaking down one of my specimens’ genetic and magical flows. They are carrying their ancestors genes, obviously, as well as organic matters matching their environment, but not only: their own as well, with slight changes in each layer. Layers that are centuries old, for some of them, and even older than that for others.” A-t-il seulement besoin d’en dire plus, quand la conclusion semble évidente, et qu’il y a une forme d’excitation dans sa voix, face à cette découverte ? Difficile d’arrêter Otto, néanmoins, quand il s’agit de partager sa passion. ”They could very well be recycling themselves to live everlasting lives, even though it’s still to be proven.”