tw : langage cru, mention d'abus d'alcool, consommation d'alcool

Le silence assourdissant qui suivit le transplanage tomba sur Felix aussi durement qu'un sort d'Enclume. Il jeta un vif coup d'oeil derrière eux, comme pour vérifier qu'ils se trouvaient bien dans le couloir de son immeuble, et qu'aucun chaton enflammé ne menaçait de leur fondre dessus ; la réalité peinait à rattraper ses sens en alerte, gavés par l'adrénaline de la bataille. « Putain de merde », jura-t-il avec élégance en déverrouillant sa porte, la repoussant avant de s'y engouffrer, entraînant avec lui Siham, dont il n'avait pas relâché le bras.

Son appartement était un écho du chaos qui avait agité le manoir, sur l'île ; Felix enjamba le désordre monstrueux qui n'avait aucun rapport avec le passage récent de ses deux enfants et tout à voir avec son manque d'organisation criant (et son désintérêt total pour cette dernière), se passant une main dans les cheveux, les ébouriffant comme pour remettre de l'ordre sous son crâne.

Le Lord. Ces putain de terroristes. Otto. C'était la merde, une merde noire qui avait secoué le fief secret de leur Élite ; il y aurait des morts, et de fait des nez curieux prêts à se fourrer dans ce formidable bousier – Otto, merde. Ce con avait intérêt à s'en sortir vivant. « Assieds-toi, je vais nous trouver à boire », fit-il à Siham en indiquant les vêtements jetés pêle-mêle sous lesquels se trouvait son canapé, « rien de cassé, hein ? » Il lui jeta un coup d'oeil en se débarrassant de sa veste, qu'il jeta sur une chaise encombrée, comme se rappelant l'éventualité que sa protégée aurait pu se prendre un sort dans la mêlée, avant de se diriger vers la cuisine dont il ouvrit bruyamment les placards, à moitié vides, à moitié remplis de trucs que Vicky et Gabriel adoraient – et lui aussi, ils se battaient férocement, tous les trois, pour avoir la dernière Chocogrenouille.
Il revint avec un paquet de beef jerkey et un autre de FizWizBiz, un verre propre, dégota une bouteille de vodka à côté du canapé (un vestige de la période pré-Otto, quand il avait noyé son chagrin dans la bouteille), et se laissa tomber à côté de la sorcière.

C'était incroyable, impossible ; son corps fourbu ne laissait pourtant pas de doute à ce qu'ils venaient de vivre. Il déboucha la bouteille et fit couler à Siham un généreux verre, la vodka clapotant avec force sous la quantité qu'il lui en versait. « Quelle putain de soirée », jugea-t-il avec pertinence en prenant l'un des verres qui traînaient sur la table du salon pour se servir à son tour ; il remarqua qu'il tremblait, un signe qu'il détestait plus que tout pour lui rappeler son propre père, et qu'il noya sous une première rasade d'alcool, qu'il conclut dans un râle râpeux - la vodka n'était pas de première qualité, plutôt un premier prix dégoté à la va-vite au marché noir. « C'est le pire truc qui me soit arrivé depuis 81... Putain, non, même 81 à côté, c'était rien, » fit-il en se frottant le front, ébouriffant un peu plus ses mèches blondes, avant d'y refermer les phalanges en coulant un regard à Siham. « Comment ils ont su ? Comment ils se sont démerdés pour entrer et attaquer ? Ces connards s'en sont pris au Lord, bordel de merde, tu m'expliques ? » demanda-t-il avec un air héberlué à sa protégée comme si elle était responsable de cet attentat mémorable, reprenant une nouvelle rasade de la polonaise pour faire passer la douloureuse pilule.

tw : langage cru, consommation d'alcool

"J'en sais rien." L'air sombre de Siham passa inaperçu au regard nerveux de Felix, qui fila de nouveau droit devant lui. Trouvant réconfort dans ce brouillard mutuel, déroutant leurs sens d'ordinaire affûtés (quoi d'autres pour deux redoutables Handlers tels qu'eux deux ?), le Mangemort relâcha ses mèches, ses cheveux en bataille une illustration parfaite de la soirée qu'ils venaient de vivre. "Comment ils ont réussi à s'infiltrer ? Non, comment ils ont réussi à connaître l'existence de gnff..." Sa langue se colla à son palais, interrompant son fil de pensée pour mieux s'achever dans une toux brève, irritante, pesant plus lourdement sur les nerfs à vif de Felix. Otto avait intérêt à être en vie. Avec le Lord, de préférence – Otto avait intérêt à être en vie et à l'accueillir de son flegme glacial habituel lorsqu'il irait toquer à sa porte, plus tard. "Ça tient du miracle vu comment ils sont dégourdis..." Le ricanement de Siham disparut dans une nouvelle gorgée de son verre, en un silence qui ne lui ressemblait que peu. Felix, lui, les avait trouvés au contraire beaucoup trop organisés, et surtout beaucoup trop informés, en l'occurrence. "La honte quand même." Cette fois le regard de Felix vira sur son poulain à ce jugement peu glorieux, mais mérité, de leurs performances du jour. "Bah, on a mis de la couleur, et puis y'a quand même eu deux-trois AK sympa dans l'air", ajouta-t-il en se saisissant d'une des Red Cat tendues vers lui, pour la caler au coin de ses lèvres étirées en un sourire. Il voulait bien partager avec Siham l'honneur de ses Avada Kedavra et autres sorts mortels du soir – ces trophées auraient plus d'importance dans ces mains, à elle, quand viendrait l'heure de rapporter ses exploits au Lord.

Il devait être en vie. Le Lord, Otto – fuck, il n'avait pas quitté sa vie douillette, sous le soleil équatorial, pour voir son existence éclatée par trois clampins de la rébellion.

Felix déposa son verre à la hâte et se tortilla légèrement pour récupérer sa baguette déposée à ses côtés, sur le canapé, à moitié coincée sous sa fesse désormais – l'adrénaline roulait encore dans ses veines, le rendant prêt à bondir au moindre craquement impromptu. Enfin, pour les quelques minutes avant que la vodka ne vienne frapper son crâne et n'en chasse les images déplaisantes du jour, autant de chocs s'écrasant contre son esprit en fusion. "Tu as vu tout ce qu'il se passait ?" Felix tira une première bouffée de sa cigarette, allumée du bout de sa baguette incandescente, avant de revenir au regard de Siham et de secouer la tête. "Pas tout, assez pour savoir que c'était assez sérieux, cette fois, pour que Shacklebolt daigne montrer son joli minois." Cet enfoiré, lui et ses chiens de garde ; autant de visages placardés dans les bureaux de la Values Brigade qui auraient fait de formidables souvenirs de cette bataille. "Ça en aurait jeté, de ramener la tête de Shacklebolt au boss", commenta-t-il en marmonnant dans sa barbe (qui semblait avoir poussé de trois jours en une seule soirée, de fait), étendant le bras pour se saisir de la bouteille et se tourner vers Siham pour la resservir – il avait vu, en tout cas, ce qui se passait dans son verre. "Une taupe, y'avait une putain de taupe. Pas qu'une, assez pour réunir toutes les pièces du puzzle – un putain de puzzle qu'ils ont dû mettre trois plombes à reconstituer, ces cons... Tu m'étonnes, les clampins ont dû commencer à capter que c'était bizarre qu'Azka se remplisse pas et que certains disparaissaient sans prévenir... Mais putain, des putain de taupes." Son monologue marmonné s'était ponctué d'une généreuse rasade pour Siham, dont le verre s'était rempli dangereusement, puis d'une autre dans son propre verre, avant de reposer la bouteille pour se saisir de ce dernier, son regard passant sur la sorcière sans s'y accrocher, perdu dans son propre esprit tournant à cent à l'heure. "J'vais te dire, y'en a, chez les Tatoués, qu'on ferait mieux de surveiller au grain après ça..." souffla-t-il avant de couler cette fois un regard vers Siham pour accrocher son regard, passant d'une pupille à l'autre comme pour lui transmettre la liste muette de ces traîtres potentiels. "Ça serait l'occas' d'une promotion, pour toi. Ça changerait de ces pète-cul et puis, toi au moins, on peut te faire confiance." Et il pris une nouvelle gorgée de vodka sans quitter son regard : malgré le cafouillage du début de soirée, Siham en avait à revendre et Felix ne l'aurait échangée pour aucun autre poulain au monde.

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"Ils se seraient infiltrés jusque là ? Remarque certains sont prêts à tout pour s'assurer une bonne place si le vent venait à tourner !" "J'aurais bien deux-trois noms à te donner, 81 nous a appris que des gros lâches, y'en avait partout... Moi le premier d'ailleurs", avoua-t-il en haussant les sourcils en se rappelant cette fuite carapatée sitôt qu'il avait senti le vent tourner. Quand bien même il n'avait jamais renié son allégeance au Lord (la bonne dose de classe et un instigateur de choix du chaos comme il l'aimait), il avait indéniablement choisi sa survie au détriment d'une loyauté aveugle – qui l'aurait sans aucun doute mené à la mort, ou pire, aux recoins les plus sombres de son esprit. Felix n'aurait pas tenu un an, à Azkaban. "Merci. Je ferai tout pour en être à la hauteur." Siham le ramena à la réalité de ce présent où Felix était assis sur un emballage de Chocogrenouille éventré, loin de sa fuite éreintante, en plongeant son regard dans le sien d'un air solennel.

Cute. Le sourire de goupil de Felix s'étira sans remonter entièrement à ses yeux, encore hantés par le chaos de la soirée – et pas le genre de chaos qu'il appréciait, quand il en sortait le cœur tambourinant sous l'incertitude de revoir Otto (et le Lord) en un seul morceau. "Continue comme ça, ça ira très bien", déclara-t-il en lui donnant une tape sur le côté de sa jambe, avant de lui indiquer du menton son verre de vodka trop plein et les volutes épicées de la Red Cat. Il n'était pas peu fier de Siham, outrepassait aisément les hésitations et les manquements de la sorcière, autant de marques inhérentes à son jeune âge et à son expérience – tout viendrait d'autant plus rapidement une fois qu'elle serait marquée.

Felix se laissa aller au fond du canapé dans un soupir audible, les nerfs détendus (de force) par l'alcool roulant dans son système à une vitesse alarmante ; rien de choquant pour ce dernier, habitué à ses brusques accès de boisson depuis quelques semaines. "Tu voudras en faire quoi de ta Marque, maintenant ?" demanda-t-il après un bref examen du profil de Siham, comme détaillant les intentions de la sorcière. Quand elle l'aurait, pas si – Sang-Pure, Handler, convaincue du bon droit du Lord depuis des années, virulente comme il fallait ; avec un coup de pouce, Siham n'aurait pas trop à forcer pour pousser les portes de leur club privilégié. "Ton père a plus besoin d'avoir la preuve qu'il a de quoi être fier, vu ta famille, tu dois déjà avoir les meilleures tables quand tu sors, et maintenant, t'as vu le merdier que ça peut être, quand tu te lances là-dedans... Et quelque chose me dit que c'est que le début." Il porta son verre à ses lèvres pour ponctuer sa remarque annonciatrice de plus grands malheurs d'une nouvelle rasade de vodka bon marché, sans quitter sa protégée du regard ; à moitié curieux de voir sa réponse, plus que ses réelles motivations qu'il devinait sans peine, au-delà du fait que ce serait autrement plus pratique pour la prochaine fois que le Lord déciderait de lancer ses tentacules anti-Mangemort.

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"Je veux rien en faire de la marque, c'est juste pour que l'on soit assorti !" Qu'elle était drôle : une expiration amusée fila d'entre les lèvres étirées de Felix, l'affection pour son poulain (et l'alcool, aussi) brillant dans l'onde de ses yeux clairs.

Felix prit une bouffée de sa cigarette, les volutes épicées de la Red Cat envahissant sa gorge en un doux chatouillement familier. "Non, je me fiche bien du merdier que cela engendre ou de l'absence de privilège supplémentaire. Si je fais tout ça, c'est par conviction, pas par soif de reconnaissance ou de pouvoir." Intéressant. Le fin sourire ornant les lèvres de Felix devint plus ténu, jaugeant du ton déterminé de la sorcière, prête à s'empêtrer dans un pétrin. "Parce que c'est ce qui est juste et cela mérite donc que je me batte pour, jusqu'à la fin." Juste ? Les yeux de Felix s'accrochèrent aux traits résolus de Siham. Sweet summer wizling, pensa Felix en détaillant discrètement le profil de la Handler, qui semblait prête à renverser une planque de terroriste et à enfoncer sa baguette dans la narine de Shacklebolt même après leur soirée. Surtout après leur soirée, semblait-il ; Felix reprit des forces par le biais d'une longue gorgée de vodka, l'incertitude douloureuse, bien que minime, connaissant la bête, au sujet d'Otto (et du Lord, bien sûr) lui picotant la gorge. "Et éventuellement pour des motifs plus intéressés." Hum ? Le regard de Felix accompagna le geste en direction de la bouteille bon marché et il eut un rire bref, avant de tirer avec force sur sa cigarette, son verre reposant sur sa cuisse, profitant d'une seconde de répit avant de se faire descendre pour la deuxième fois en dix minutes à peine. "Les petites sauteries du club risquent de te plaire. J'te dis rien, pour la surprise, mais ça, c'est du pipi de troll à côté," ajouta-t-il en haussant les sourcils en repensant à la palette de cigares et aux bouteilles de vin préparées pour un régiment de Mangemorts – immédiatement l'image d'Otto, stoïque et droit dans son siège du Diogenes, revint tinter cet agréable souvenir de la morsure de l'inquiétude, lui faisant ravaler le reste de sa réplique. Fuck. S'il lui était arrivé quoi que ce soit, à ce grand crétin...

Felix hocha plutôt la tête comme pour secouer son amant hors de ses pensées, la vodka dans son verre tanguant dangereusement tandis qu'il le faisait tourner sur sa jambe. "C'est bien, c'est bien, faut de l'ambition, ça va te mener loin." Et ils avaient sensiblement besoin de gens aussi motivés que Siham, se garda-t-il d'ajouter. "Risque d'y avoir une ou deux places de libres, après ce soir. Encore toutes chaudes, prêtes à être prises, et le Lord risque d'avoir envie de renflouer les rangs pour aller dégommer de la vermine, après l'invasion de cafards d'aujourd'hui..." S'il était encore debout, lui aussi – le festival d'AK de l'autre côté du rideau avait été par trop impressionnant pour n'être qu'un échange cordial entre Mangemorts et terroristes. Dans tous les cas, penser à l'après permettait à Felix de ne pas penser au choc de ce soir mordant encore ses membres. Penser, et s'enfiler le reste d'une vodka douteuse, qu'il avala d'un cul sec qui menaçait depuis de longues secondes – il reposa son verre sur la table avec une grimace, coula un regard à Siham. "Prépare ton speech. Si t'es sage, dans quelques jours je t'emmènerai voir le chef."