tw:blood

"This is so exciting!" Lucia n’a eu de cesse de cracher cette simple phrase toute la soirée, scotchée à ses lèvres étirées en un sourire bien trop large dévoilant ses canines saillantes. Et, de fait, son excitation exacerbée n’est même pas feinte - oh, évidemment qu’elle est éphémère, elle l’est toujours, mais pour la people person qu’est la vampire, découvrir un nouveau “coéquipier” est, à chaque fois, aussi grisant que la fois où Corban a laissé sous-entendre que les équipes de la Wizard Values Defense Brigade allaient changer d’uniformes. Et, à chaque fois, aussi décevant que la fois où Corban a laissé sous-entendre que les équipes de la Wizard Values Defense Brigade allaient changer d’uniformes. La période de lune de miel avec son nouveau Handler s’achèvera bien assez vite, et débutera celle où il cherchera à tout prix à la remplacer. Oh well. Cela ne va pas l’empêcher de savourer ces quelques premières soirées, voire semaines, où elle s’efforcera de prouver que sa réputation au sein de la VB est so 2006.

Lorsque la boule cristal au milieu de la salle de repos s’est illuminée d’une lueur rougeâtre, signifiant qu’une escouade était appelée, Lucia s’est levée d’un bond, sa paille en tombant de son flacon de sang dans son geste brusque. "We take it!", s’est-elle écriée en jetant un regard entendu au reste des Handlers et Hounds, autant dans l’attente qu’elle d’un peu de mouvement - ou tout simplement heureux de pouvoir profiter des canapés en cette soirée particulièrement calme. Elle adresse un grand sourire au jeune lycanthrope qui s’est levé en même temps qu’elle, qui l’observe un instant avant de baisser le regard et de se rasseoir, les bras croisés - parfait. Les yeux de la Hound se tournent aussitôt vers Buck, affalé dans le sofa à côté d’elle ; sans plus tarder, elle l’attrape par le bras pour le tirer vers elle et le forcer à se mettre debout. "Come on, come on, take it!" Son rire cristallin résonne dans la pièce tandis qu’elle l’entraîne jusqu’à l’artefact d’un pas décidé. Cette salle de repos lui colle des sueurs froides s’il s’agit d’y rester toute la nuit, et Lucia est bien décidée à prendre cette mission pour se dégourdir un peu les pattes, et profiter de l’air agréable de cette soirée du mois d’Août.

De plus, rien de bien compliqué ou musclé ce soir : il s’agit juste d’aller jeter un œil à Knockturn Alley, où un voisin un peu trop indiscret a aperçu un couple (ou un duo ? whatever) capuchonné se rendre en pleine nuit dans l’appartement d’en face. Aussi incroyable celui puisse-t-il paraître, il y a bien des gens qui, aux alentours d’une heure du matin, s’amusent à observer par le judas de leur porte pour dégainer leur boule cristal et dénoncer leurs voisins. Il y a plus amusant comme appel, mais il y a pire. "Sooo, what’s your style big guy?", demande-t-elle en passant une main dans ses longs cheveux tirés en arrière lorsqu’ils arrivent au pied de l’immeuble, non loin du Dancing Phoenix auquel elle a adressé un rapide regard en passant. "Are you the soft type, here to ask questions and get rid of this? Or are we here to shake them up a little?" Lucia s’est retrouvée entre les mains de bien trop de Handlers pour ne pas connaître les tendances de certains à vouloir créer du grabuge au moindre appel - nombreux sont les brigadiers décidant de rentrer dans les forces de l’ordre pour abuser de leur pouvoir. Et il est temps de découvrir dans quelle catégorie se range son nouveau “partenaire”. "You’re the boss, boss."

tw: ableist talk

"I'm so going to die." Buck n'a eu de cesse de grommeler cette simple phrase sous sa respiration pendant toute la soirée, jetant de temps à autres des regards craintifs en direction de Lucia en faisant de son mieux pour prendre le moins de place possible dans son coin du canapé défoncé de la salle de repos de la VB. Il a gémi, plaidé, presque pleuré devant Corban pour qu'il lui assigne un‧e autre Hound - en vain, son vieux pote n'a rien voulu entendre et a même souri d'un air vicelard en le foutant à la porte de son bureau. Buck a la vague impression d'être puni par cette décision, mais il n'est pas stupide au point de penser ou de faire croire qu'il ne l'a pas du tout mérité. La réputation de Lucinda Seghezza n'est plus à refaire, et Buck a pu de ses propres yeux examiner les divers burn-outs et crises de nerfs qu'elle provoquait sur son passage dans les pattes des divers Handlers de la VB. Il est toujours parvenu à y échapper, se moquant comme tout le monde des pauvres malheureux‧ses héritant de la vampire, et il se trouve bien con à être désormais de l'autre côté de la barrière.

Il lève à peine les yeux du journal qu'il est en train de lire quand la boule cristal d'alerte au milieu de la pièce commence à briller d'une lueur rougeâtre. Mais il est tellement sur les nerfs et hyperconscient de la présence de Lucia à côté de lui que sa tête craque en se levant brusquement quand elle saute sur ses pieds. "We take it!" Buck cligne péniblement des yeux en la regardant. "What." Déjà, elle l'attrape par le bras et le traîner jusqu'à la boule cristal. Buck fait un mouvement pour résister à l'emprise de sa main sur son biceps mais fuck, elle est forte, bien plus que ce qu'il pensait. "My coffee-- - Come on, come on, take it! - Ugh." Buck sait que Corban les surveille d'un oeil, et il sait aussi qu'il en entendra parler à n'en plus finir si il ne fout rien ce soir avec sa nouvelle partenaire. Alors, en grommelant, il produit sa baguette de la poche arrière de son pantalon après avoir libéré son bras de l'emprise de la vampire. Il ne sait pas ce qui le dérange plus entre sa manie délirante et la solidité hybride de son corps. Putain, il va tellement mourir.

"Good luck, mate," lui dit Gomez quand Buck et Lucia quittent la salle de repos après avoir rapidement lu le rapport et récupéré un mandat de perquisition express à l'adresse-dite (comme quoi, le gouvernement actuel est terriblement efficace dans tous les aspects judiciaires de la chose, les rageux diront que c'est pas très éthique).  Buck foudroie l'autre Handler du regard, qui rigole en compagnie de deux-trois collègues, alors que la porte se referme sur eux. Ils vont dans la pièce dédiée pour transplaner et les doigts de Buck sont agités d'un frisson nerveux quand ils arrivent à Knockturn Alley et que l'air frais lui donne envie de se griller une cigarette. À la place, il enfonce ses poings dans les poches de son uniforme en se renforgnant, se dirigeant vers l'immeuble en question. "Sooo, what’s your style big guy?" Elle va le tuer, il en est certain. Comment est-ce que quelqu'un peut être de si bonne humeur à deux heures du mat'? "Are you the soft type, here to ask questions and get rid of this? Or are we here to shake them up a little? You’re the boss, boss. - Damn right," bougonne-t-il en essayant de déchiffrer les noms écrits sur l'interphone magique. "I'm the type of guy who'd rather spend the night sitting on his ass back at the office." Il adresse un regard noir à Lucia. "And what are you, a manic optimist with a death wish, or are you just fucking insane?" lui demande-t-il en retour en écrasant son doigt sur l'interphone de la gardienne au rez-de-chaussée.

C'est elle qui a passé l'appel, semble-t-il, parce qu'elle arrive en un éclair derrière la porte pour la leur ouvrir, une petite vieille aux yeux vicieux qui les regarde avec un mélange de mépris et d'impatience. "They're on the sixth floor," leur fait-elle entendre, et Buck se passe une main lasse sur le visage à la perspective de tous ces escaliers. "I'm so going to die," grogne-t-il en se mettant à monter, sans oublier de sortir sa baguette.

"Damn right." Malgré le ton bougon du sorcier, un sourire étire le coin des lèvres de la vampire, satisfaite d’elle-même. Elle en a vu défiler assez pour bien connaître ces bêtes-là sur le bout des doigts (les hommes de manière générale autant que les Handlers) ; et si on omet quelques détails ennuyeux qui viennent souvent gâcher tout le travail qu’elle met en place (à commencer par ce que disent les autres d’elle), Lucia sait facilement se les mettre dans la poche - pense-t-elle, ses grands yeux bruns rivés sur la carrure imposante de Buck. Ils aiment qu’on leur rappelle qui est en charge, et Lucia aime effacer la menace qu’elle peut représenter pour des gens comme eux. Et elle a la recette parfaite : brosser dans le sens du poils ces créatures à l’égo fragile et-- "I'm the type of guy who'd rather spend the night sitting on his ass back at the office. And what are you, a manic optimist with a death wish, or are you just fucking insane?" Oh, wow. "Oh, wow." Ce n’est peut-être qu’une impression, mais Lucia a le sentiment qu’ils sont en train de partir du mauvais pied. Elle se mange la remarque du Handler dans un haussement de sourcils, relâchant sa longue crinière sous la surprise qui n’en est pas réellement une pour autant. Pas besoin d’avoir les compétences d’analyse sociale les plus développées pour comprendre que Buck n’est pas exactement ravi d’être là. Il s’est appliqué à le faire comprendre toute la soirée au travers de ses regards noirs et de ses réponses évasives ; et Lucia s’est appliquée à ignorer ce qu’elle a considéré comme un autre petit détail. "It’s okay, we’ll work this out", décide-t-elle, s’adressant autant au Handler qu’à elle-même en le suivant docilement à l’intérieur de l’immeuble.

Son regard inspecte de la tête aux pieds la gardienne qui leur ouvre avec précipitation, ridicule dans ses pantoufles et sa robe de chambre trop petite ; et la sorcière lui rend bien ce regard inquisiteur, ses yeux se tournant sur le triangle sur sa joue après avoir sondé la silhouette de Buck. Elle les connait par cœur, ces regards-ci, qui lui tordent légèrement le ventre et lui donnent envie s’abattre sa main parfaitement manucurée sur le visage de ses interlocuteurs, pour elle aussi laisser une trace sur leur joue. "They're on the sixth floor. − Thank you so much", remercie chaudement la vampire en lui adressant un sourire des plus sincères. Connasse.

"I'm so going to die." La voix de Buck attire de nouveau son attention, tandis qu’elle suit ses pas et commence à gravir les marches, deux par deux pour pouvoir arriver à son niveau. "You’re not going to die, silly. That’s what I’m here for!" Entre autres choses, bien évidemment, à commencer par ses sens affutés, et dans son cas en particulier, sa force et ses réflexes un peu trop développés. Ce serait arrangeant, d’ailleurs, si elle pouvait le sortir d’une mauvaise situation lors de leur première mission : peut-être que cela les ferait repartir sur une meilleure voie, et son nouveau partenaire pourrait peut-être arrêter de la regarder de travers. Ils sont censés faire équipe, après tout - pour combien de temps, ça seul l’avenir saura le dire. "I’m super-vampire, remember?", ajoute Lucia d’une voix plus basse à mesure qu’ils gravissent les étages, son regard résolument tourné vers Buck pour attirer son attention. Ce n’est un secret pour personne, et assurément son nouveau Handler a été mis au courant quand leurs glyphes ont été liés. "Are you scared? It’s okay to be, I’ve been there.", rassure-t-elle avec une pointe de plaisanterie dans la voix en sortant sa baguette bridée de son étui. "Do you want me to go first? You know what, I’ll go first." Sans même attendre de réponses de sa part, Lucia part devant, grimpant au dernier étage en courant presque avec rapidité et discrétion, ses pas légers ne produisant presque pas de bruit.

En arrivant devant la porte, elle jette un regard par-dessus son épaule, détaillant le sorcier qui arrive à son niveau avec un train de retard. "We’ve got a warrant, right? I can just go in there?" Si l’expérience lui a appris une chose, c’est bien que les Handlers ont tendance à se froisser à la moindre prise d’initiatives. Si elle peut prétendre être docile, ne serait-ce que pour une nuit, cette première nuit...

Buck se met à attaquer les marches d'un pas lourd et fatigué, comme si il était en train de faire sa montée de l'Everest à chaque mouvement. Il commence déjà à suer et à soupirer (un son rauque et désagréable pour tout le monde) dès la cinquième marche. "You’re not going to die, silly. That’s what I’m here for!" Buck jette un regard las à Lucia qui l'a rattrapé en deux enjambées, et qui a l'air bien trop heureuse d'être là pour être réelle. "I’m super-vampire, remember?" Buck grogne son assentiment, et détourne le regard avec une précipitation sensible, faisant mine d'inspecter sa baguette dans sa main. "Sure." Corban lui a expliqué, en des termes très vagues et frustrants, la "condition" (?) "délicate" (??) de Lucia, révélant avec un sourire sans joie qu'en plus de leur coûter le double du budget en sang, elle était aussi capable de "merveilles" (doubtful) grâce à une "collaboration sophistiquée avec le N9" (Buck n'a définitivement pas envie de savoir).

Super Vampire, donc: deux fois plus de sang, deux fois plus d'ennuis.

"Are you scared?" Les yeux bleus de Buck reviennent à Lucia avec un nouveau grognement indescriptible. "It’s okay to be, I’ve been there. - I'm not... scared... just... out of breath," siffle-t-il entre ses dents serrées. "Do you want me to go first? You know what, I’ll go first." Buck gargouille une légère protestation qui est soit ignorée soit non-entendue, et ne peut que serrer les dents en regardant son Hound monter les escaliers quatre à quatre jusqu'à leur destination. "Fucking hell," jure-t-il sous sa respiration en reprenant sa lente montée, essayant d'augmenter la cadence sans franc succès.

Ses poumons sont au supplice quand il arriver enfin au dernier palier et, mettant tout embarras et dignité de côté, Buck se plie en deux pour poser ses mains sur ses genoux et reprendre sa respiration sifflante. "We’ve got a warrant, right? I can just go in there?" Il tend une main aux doigts levés en direction de Lucia, lui demandant deux secondes pour reprendre ses esprits, avant de se redresser une fois la cavalcade de son coeur et la brûlure de ses poumons atténuées. Buck grogne quand son dos craque quand il se relève. "That the place?" Il produit la perquisition de sa poche, ainsi qu'un stylo, et écrit rapidement l'adresse et l'heure sur le document en s'appuyant sur le battant de la porte. "Yeah, go for it." Buck essaye vainement de rester impassible quand Lucia fait presque exploser la porte sur ses gonds (d'une manière qui lui rappelle douloureusement sa propre porte, en miettes, détruite par l'autre Wang - rien que d'y repenser, il en a une sueur froide et l'envie de se pisser dessus) et fait mine de tousser quand il sursaute à cause du bruit soudain. "Holy fucking shit," marmonne-t-il tout de même en lui emboîtant le pas à l'intérieur, sa baguette en main.

L'appartement a l'air désert à première vue, et Buck fronce les sourcils en s'avançant dans le salon d'un pas prudent, examinant les objets répartis dans la pièce avec suspicion. La fenêtre est ouverte, et il se penche un peu à travers pour regarder la rue en bas. "Do a little sweep, see if you can find anyone or anything," dit-il à Lucia en produisant un paquet de cigarettes de sa poche, en glissant une entre ses lèvres avant de l'allumer d'un claquement de doigts impatient. Il revient à l'intérieur du salon, notant le thé encore chaud versé dans deux tasses et quelques documents épars disposés sur la table comme si ils y avaient été laissés à la va-vite. Buck se penche pour s'emparer d'un des dossiers, sourcils toujours froncés et un mauvaise pressentiment éclatant dans sa poitrine. Peut-être que le mystérieux couple les a entendus arriver et qu'ils ont eu le temps de prendre la fuite, vu le silence surnaturelle qui règne sur le petit appartement. "Lucia?" finit-il par appeler, l'absence du bavardage incessant de sa partenaire soudainement angoissante. "The fuck you up to?" Empochant le dossier sans plus d'hésitation, Buck se dirige en direction du couloir où elle a disparu, clope au bec et baguette à la main.

"That the place? − Hmhm sir.” Son ton est un peu trop enjoué, et son sourire un peu trop large quand Lucia se retourne plus franchement vers son coéquipier, les deux mains jointes dans son dos, une posture d’irréprochable première de classe, ou de Hound sage comme une image qui n’attend qu’un ordre de son Handler pour passer à la suite. Et il lui faut se retenir de rouler ses yeux dans leurs orbites quand elle le voit sortir de sa poche papier et crayon, et pire encore, y griffonner quelque chose. Buck n’en a certes pas la réputation, mais Lucia espère sur l’instant de tout son être qu’il n’est pas de ces gratte-papiers tenant absolument à rester dans les clous et à plus s’inquiéter de la paperasse que de se montrer un minimum actifs sur le terrain. Ce serait bien sa veine si-- Non, pas de jugements prématurés. "Yeah, go for it." L’ordre du Handler fait l’effet d’un coup de fouet aux connexions neuronales de la Vampire, qui, sans même prendre le temps de réfléchir, porte son poing au niveau de la serrure pour la faire sauter, un simple coup sec, dans son esprit, qui manque de faire exploser la porte, cette dernière tapant violemment contre le mur attenant. "Oops, sorry", s’excuse-t-elle sans réelle sincérité dans un gloussement, tandis qu’elle secoue la main en faisant un premier pas à l’intérieur. Au moins, si l’appartement n’est pas vide, ses habitants sont prévenus qu’ils ont de la compagnie.

Par réflexe, Lucia dégaine sa baguette en reniflant l’air, à la recherche de potentiels occupants - la traque, Lucia hait cela, mais la Vampire en elle en raffole, comme un instinct mordant ses synapses à la recherche de la première goutte de sang sur laquelle elle pourra passer sa langue. "Do a little sweep, see if you can find anyone or anything." Comme tirée d’un état second, elle cille rapidement en tournant la tête dans un mouvement brusque vers Buck, sa voix lui rappelant sa présence. Par automatisme, elle lui offre un sourire laissant apparaître ses deux canines aiguisées. "Sure thing, boss", minaude Lucia avec un clin d'œil, son attention déjà toute tournée vers les différents parfums qui embaument l’appartement. Une chose est certaine : il y avait du monde il y a peu de temps dans cette même pièce, et ils n’ont pas dû aller très loin. Elle s’engouffre avec prudence dans le couloir, un faible lumos illuminant le bout de sa baguette. La première porte qu’elle ouvre débouche sur une salle de bain vide, d’où émane une trop forte odeur de lessive qui lui fait plisser le nez une fraction de seconde. Cela ne sert à rien de s’attarder ; elle reprend sa fouille avec fluidité, presque mécanisme, une routine huilée par les années à balayer tous types d’appartements et demeures suspectées d’abriter fugitifs et autres alliés de la rébellion. Et malheureusement pour le petit amas de sorciers cherchant à se cacher dans la pièce du fond, elle possède une ouïe aussi fine que celle d’un chat ; à mesure qu’elle s’approche, elle peut entendre leurs chuchotements de plus en plus nettement, et il lui faut provoquer l’effort de ne pas ricaner face à cette situation comique, et franchement un peu trop facile.

Oh well. C’est pleine d’assurance que Lucia pousse la porte d’où émanent les voix se voulant probablement discrètes, et sans grande surprise elle se retrouve nez à nez avec trois sorciers à l’allure questionnable, sans même mentionner leur odeur. "Oh that’s so sweet, I love a surprise party! You shouldn’t have though, it’s not even my birthday." Peut-être aurait-elle dû faire plus de bruit pour rameuter son partenaire, et peut-être devrait-elle se montrer un peu plus offensive, plutôt que de rester plantée là dans l’encadrement de la porte à attendre que ses opposants (ses proies - non) fassent le premier geste. Mais eux aussi restent immobiles, silencieux, à la dévisager avec des yeux d’animaux effrayés, prêts à se faire dévorer d’une seconde à l’autre ; et cette instant de battement ne fait que grandir la tension battant à l’arrière du crâne de Lucia, une excitation qu’elle abhorre, et qu’elle ne peut pleinement ignorer. Parce qu’au premier mouvement, au premier clignement d’oeil un peu trop brusque, elle sait que ses nerfs vont probablement lâcher. Peut-être qu’elle devrait prévenir Buck. "Don’t you fucking move." Un frisson d’horreur parcourt son échine à la sensation reconnaissable d’une baguette se posant sur sa nuque - mais d’où il vient ce quatrième connard ? "Oh baby, I wouldn’t try that if I were you." Parce que ce quatrième connard sait probablement ce qu’il fait, à menacer le glyphe ornant sa peau, ce glyphe instable, son redoutable allié et son pire ennemi. "Yeah?" Les mâchoires de Lucia se serrent, à mesure que son sourire s’élargit, en un rictus crispé, ne lui ressemblant pas, se préparant à l’impact. Fuck. Le sortilège de confusion résonne dans son crâne comme une détonation violente, brûlant tout sur son passage et lui arrachant un couinement étouffé. C’était un pile ou face risqué, et Lucia en ressort définitivement perdante. Elle porte aussitôt ses mains à son front, se plie en deux en poussant un grognement face à cette douleur fantôme qui lui fait tourner violemment la tête, prise par l’impression que son cerveau est trimballé continuellement de gauche à droite dans sa boîte crânienne. Sans même avoir le temps de comprendre ce qu’il se passe, Lucia pose un genou à terre, à bout de souffle, incapable d’ouvrir les yeux ou de saisir l’agitation autour d’elle ; elle est seulement capable de percevoir une main se refermer sur son épaule et la forcer à se redresser, suivie d’une pression sur son glyphe, de nouveau, semblable à une décharge agitant un peu plus ses neurones mis à mal par le sortilège. "Hey! You stay right where you are or you can kiss your dog goodbye, mate", résonne la voix nasillarde du jeune rebelle dans son dos, lorsque l’odeur de cigarette mêlée à celle du firewhisky de Buck se fait sentir à quelques mètres d’elle.

tw: psychophobie, violence

Pas de réponse de la part de l'autre folle - Buck grogne un peu en mâchonnant le bout de sa clope, faisant tourner sa baguette entre ses doigts d'un geste familier. "Fuck's sake." Il repense à ce que lui a dit Felix il y a quelques semaines et s'avance dans le couloir avec lenteur et prudence, gardant les yeux bien ouverts et l'oreille tendue pour le moindre mouvement de la part de la vampire. Elle serait pas la première à essayer de se farcir son Handler, et ça a l'air d'être à la mode ces temps-ci parmi les rangs des nouveaux toys que s'est payé Corban du N9. Si Buck se permet de poser à son vieux potes toutes les questions qui lui passent par la tête, il n'a même pas approché ce sujet-là du bout de l'orteil. Il sait que la réponse ne lui plaira pas, tout comme il sait qu'il n'a pas envie de savoir où a été envoyée Erika quand elle a "mystérieusement" disparu après avoir enfreint la loi et résisté son arrestation en bonne et due forme.

Buck s'immobilise dans ses gestes en entendant un bruit: changement de poids sur un parquet dans une pièce attenante au courant. Le Silencio qu'on a dû jeter sur les lieues à la va-vite n'a pas été assez rigoureux et Buck fait le vide dans son esprit en continuant sa lente avancée, baguette au poing. Il apparaît dans l'encadrement de la porte ouverte en silence, et moufte à peine quand trois baguettes sont braquées sur lui. Lucia est là aussi, les yeux un peu dans le vague, masse de cheveux attrapée dans une main tremblante et baguette posée sur la gorge. Il essaye de capter son regard pour s'assurer de son état sans y parvenir. Buck sent une vague d'inquiétude lui tomber sur le coeur. Si elle meurt ce soir, Corban va encore pousser une gueulante et il aura plein de dossiers à remplir - et qui sait quand est-ce qu'il pourra de nouveau retourner sur le terrain, putain.

Si elle meurt ce soir... "Hey! You stay right where you are or you can kiss your dog goodbye, mate." Pas le temps d'y penser. Buck sourit à la place. L'idée est légèrement séduisante, on va pas se mentir. Qui pleurerait un Hound? Sans aucun doute que Corban pousserait une gueulante, mais tout le monde aurait oublié Lucinda Seghezza dès la semaine suivante. Comme Erika, comme les autres Hounds morts et disparus avant elles. Pires que de la chair à canon, ces limiers avec lesquels les pauvres mecs comme Buck sont obligés de bosser. "Everyone calm down. Look." Il lâche sa baguette d'un geste négligent aux pieds des criminels et lève ses mains au-dessus de sa tête dans une paradis de paix. "Everything's good. - What the fuck are you doing here?! - We're just doing our job, pal. Just hand her over and we'll be on our way." Il fait un mouvement vers Lucia en faisant mine d'ignorer les baguettes qui sursautent en suivant le moindre de ses gestes. Ils sont jeunes, nerveux, terrifiés aussi réalise-t-il en croisant leurs regards dans le clair-obscur de la pièce. "If you let her go unscathed, we'll just be going," insiste-t-il en s'approchant d'un pas d'elle, main tendue. Sortilège de confusion, imagine-t-il en voyant son regard instable et vitreux. Elle ne lui sera pas d'une grande aide. "Who says you won't be going after us? - Have to take my word for it, pal." Nouveau regard silencieux entre les quatre sorciers soudainement hésitants. 

Ils ont envie de cette porte de sortie si simple. Ils ont envie d'y croire et Buck les étudie en train de peser le pour et le contre, de laisser la Hound et son Handler repartir en remerciant leurs étoiles de leur chance ce soir. Fucking idiots. Buck ne leur laisse pas le temps de tergiverser. Il agite ses doigts et deux baguettes volent d'un Expelliarmus informulé sans artefact pour le canaliser; l'instant suivant, il envoie un poing fermé qui en a vu des centaines dans la mâchoire du sorcier le plus proche. Ça lui rappelle le bon temps avec les Travellers, ça, et ses jeunes années... Buck évite de justesse le sortilège brûlant qui file en direction de sa tête et se contente de tacler contre le mur la sorcière maigrelette qui vient de l'attaquer, ignorant le craquement de son dos quand elle fait amie-amie avec le papier-peint. Il ne voit pas le coup suivant venir et grogne en se prenant un coup de pied dans le genou puis dans le ventre, et entend un bruit assourdissant exploser derrière son tympan quand un sortilège file trop près de son oreille. Désorienté, il se jette juste sur la masse la plus proche, et fait voler ses poings dans la direction générale d'un visage en les chargeant de sortilèges mordants en espérant toucher quelque chose de vital.

Les sortilèges et les coups s'enchaînent brièvement, et puis le calme retombe sur la pièce. Buck finit au milieu de la petite chambre avec les quatre corps inconscients ou gémissants autour de lui, une main appuyée sur le bas du dos qu'il s'est bloqué, le nez pissant le sang et les mains tremblantes d'adrénaline; ses yeux bleus, quant à eux, sont vifs et étincelants, occupés à fouiller la pièce chaotique autour de lui à la recherche de quelque chose. "Fucking hell," marmonne-t-il quand il trouve enfin, ramassant sa cigarette à moitié consumée qui est tombée dans l'affrontement, et la glissant entre ses lèvres pour en tirer une taffe salvatrice. "Asshole." Il donne un coup de pied dans les côtes du corps sur lequel la clope était tombée, puis s'avance de Lucia qui a l'air de lentement se remettre de sa mauvaise mésaventure du mauvais côté de la baguette de ces terroristes. "Hey, Lucia. Lucia." Il pose un genou à terre face à elle et glisse une main dans sa nuque pour la forcer à le regarder, appuyant sans y penser sur la rune qu'il est sensé utiliser pour la contrôler mais à laquelle il ne pense jamais. Du bout de la baguette, qu'il a elle aussi récupéré parterre, il invoque un petit Lumos faiblard qu'il traîne devant un de ses yeux puis l'autre, regardant l'étrécissement de ses pupilles. "You okay there? Must have gotten you straight in the head. Hurts like a motherfucker, I know. Can you count to three or something?"

tw:sang

Les voix se mélangent et résonnent désagréablement dans sa boîte crânienne, en une cacophonie bien trop forte, chaque voix, chaque son un nouvel instrument qui vient lui vriller les tympans et renforcer la douleur qui s’élance de sa nuque à son front, s’enroule autour de ses pensées, jusqu’à lui brouiller autant l’ouïe que la vue. Lucia serre les dents, se mord l’intérieur de la lèvre jusqu’au sang pour essayer de retrouver ses capacités. Mais les vagues du sortilège s’échouent en elle à répétition, des impacts qui ne ralentissent pas, et qui lui arrachent des sons entre le gémissement et le grognement. Même lorsqu’elle sent qu’on la relâche, la vampire est juste capable de poser son second genou à terre, ses paumes, sa respiration lourde et rapide lui brûlant les poumons et la gorge. Et toujours, ces bruits, de plus en plus forts, étouffés et éclatants à la fois.

Tout ce à quoi elle est capable de se raccrocher est le fil suspendu dans l’air que laisse son Handler dans la pièce. Une effluve à laquelle s’ajoute rapidement celle du sang ; et c’est celle-ci, qui lui fait instinctivement relever la tête, humer l’air entre deux souffles erratiques. Bientôt, il n’y a plus que ce doux parfum, qui devient entêtant tant il est proche et constant, sans qu’elle ne puisse faire un seul mouvement pour aller y plonger sa langue et s’abreuver jusqu’à tarir la soif qui s’accroche à ses neurones comme un geste vain de son corps pour lutter contre le sort de confusion.

La cacophonie se fait de moins en moins forte, et les ombres qu’elle décernait au travers de sa vue voilée sont désormais immobiles, plus précises, et redeviennent petit à petit des corps étendus au sol. En sueur, Lucia reprend une main, puis l’autre, se redresse sur les talons en balayant la pièce de son regard confus - à la recherche, bien malgré elle, de la provenance de cette effluve bien trop enivrante. "Hey, Lucia. Lucia." La vampire lève des pupilles embrumées, plus claires qu’à l’accoutumée, presque blafardes, sur la silhouette de Buck qui s’agenouille devant elle, et une grimace s’installe sur son visage en sentant ses doigts se refermer sur le glyphe où pulse toujours une douleur lancinante. Elle tente de reprendre son souffle, en suivant tout juste la lumière qui se déplace devant ses yeux, sans vraiment en comprendre la provenance. "You okay there? Must have gotten you straight in the head. Hurts like a motherfucker, I know. Can you count to three or something?" Lucia cille furieusement, le visage toujours contracté, ramenée progressivement par la voix de son Handler - et l’odeur embaumant la pièce. La douleur n’a pas disparu, mais ses sens se stabilisent petit à petit ; alors ses yeux se remettent à fouiller autour d’eux, ignorant le Lumos qui les appelle pourtant. "I didn’t...", souffle-t-elle d’une petite voix faible, en revenant à Buck, pour mieux revenir l’instant d’après aux gamins étendus sur la sol. "I promise, I didn’t..." Elle déglutit, sa salive semblable à un trait de lave lui ravageant la gorge, et de nouveau elle grimace avant de se raccrocher à l’avant-bras du sorcier, pressant ses doigts sur sa veste rêche. "I didn’t do anything, it’s not me… I just...", poursuit Lucia, en s’emmêlant dans ses pensées volant en tous sens, impossibles à stabiliser et à suivre.

C’est son premier réflexe, que de chercher à s’innocenter, alors que son corps traduit la main de Buck comme une punition à venir, du genre qu’elle ne connaît que trop avec ses équipiers. Peut-être qu’il a raison, de la menacer et de la punir ; peut-être qu’elle a réellement fait un carnage dans cette pièce. No, I didn’t do anything. "I just want to eat." Son second réflexe est celui-ci, impérieux et instinctif, et sa seconde main s’enroule autour sur son col en une prise plus ferme, ses yeux dans ceux de Buchanan. "Can I please eat something?", implore-t-elle sans même le réaliser, ses paroles dictées par la faim qui surgit au lendemain de la confusion. Something ; le sang qui s’écoule des plaies des sorciers au sol, le sang d’une poche tout préparée, le sang de Buck. Peu importe.

tw: acab, sang, mention de meurtre

Le coeur de Buck bat vite et fort dans sa poitrine, et il étudie avec angoisse le visage de Lucia tiré dans l'ombre, essayant de le fouiller pour comprendre ce qui est en train de se passer dans sa tête. A-t-elle une concussion? Est-ce que les vampires peuvent avoir des concussions? Est-ce qu'ils sont équipés pour traiter les concussions de vampire?! "I didn’t... - What? - I promise, I didn’t..." Malgré lui, sans réfléchir, Buck raffermit la prise de ses doigts sur sa nuque alors qu'elle s'accroche à lui en retour. Sa peau est chaude à cet endroit-là, ou tiède du moins, rien à voir avec les extrémités glaciales habituelles des hémovores comme sa fille les appelle (on peut plus rien dire, vraiment). Son geste à lui est, il l'espère, rassurant - une ancre à laquelle elle peut s'accrocher, une preuve de sa solidité si elle en a besoin, de sa consistance. Il ne pense pas une seule seconde qu'il pourrait lui faire mal ou peur, à toucher cette rune dont il oublie souvent l'existence et qui lie leurs deux vies professionnelles d'une manière si cruelle et intime. "I didn’t do anything, it’s not me… I just..." Les épaules crispées de Buck se relâchent d'une tension dont il n'avait même pas remarqué l'existence, et le soulagement envahit l'expression tendue de son visage en l'entendant. "It's alright, Lucia, it wasn't you, I know that." It was me.

Buck relâche un peu la pression sur son cou, jette lui aussi un regard à la pièce pour s'assurer que tout le monde est bien en train de rester au sol. Il n'a même plus en lui d'être triste à l'idée d'avoir potentiellement ruiné la vie - juridique et physique - des sorciers qui lui ont fait face dans cette pièce. Du menu fretin, personne d'important (mais chaque vie est importante), du moins il ne pense pas. Il est plutôt fatigué à l'idée de se dire qu'il va devoir s'occuper de tout ranger et nettoyer, et écrire un rapport expliquant clair et net qu'ils ont attaqué en premier.

"I just want to eat." Les yeux clairs de Buck reviennent brutalement à Lucia, qui a toujours l'air aussi confuse, et la tension remonte de son dos à ses épaules presqu'aussitôt alors que ses mots s'enfoncent en lui. L'autre main de Lucia, aux ongles peints et manucurés de manière impressionnantes, disparaît dans le chiffon de tissu de sa chemise. Buck déglutit et sent sa pomme d'Adam effleurer l'envers de ses doigts. Il remarque une nouvelle fois sa force, avec effroi et fascination. "Can I please eat something?" Buck déteste ça, son ton demandeur et tendu, le fait qu'elle lui demande la permission comme une gamine, ses grands yeux sombres confus aux pupilles éclatées à la lumière de sa baguette. Il renifle et un goût de sang explose dans sa bouche - il en a partout sur la bouche et le menton, et il se demande pendant un instant si elle n'a pas envie de lui laver la gorge, une perspective à la fois intriguante et déplaisante.

"Sure," s'entend-t-il dire. Ils n'ont pas le droit de se mourir sur des corps, mais Buck s'en fout - c'était des terroristes, personne ne les pleurera. "But first, calm down. Breathe in, breathe out. Can you do that for me? In and out." Il la relâche, et pose sa main sur son poignet - le geste est lent, presque doux, alors qu'il fait courir son pouce sur sa peau. "In and out, Lucia. Let me go now," lui dit-il d'une voix ferme. Il a peur de faire un mouvement trop brusque et de lui tourner le dos, une fois qu'elle l'a relâché et qu'il s'est relevé. Les gens comme Corban disent que les Hounds sont des bêtes sauvages. En voyant la lueur prédatrice dans le regard de Lucinda de si près, Buck serait bien en mal de le nier.

Il s'éloigne à reculons. "You take this one, I'll deal with the others." Il désigne celui qui a l'air le plus mal en point. Mort ou sur le point de l'être, peu importe. D'un mouvement de baguette, Buck soulève les autres corps après les avoir assommés, et sort de la pièce avec eux en fermant la porte derrière lui.
Il relâche presqu'aussitôt une longue et profonde inspiration, son coeur battant à cent à l'heure dans sa poitrine, son sang rugissant dans ses tympans. Il se répète que ça va aller en retournant dans le salon, où il fait les poches des résistants, examine leurs visages, met leurs baguettes dans ses poches de blouson. Ils sont si jeunes, ils doivent avoir l'âge de Stevie, peut-être moins. Buck essaye de déchiffrer leurs papiers, leurs porte-feuilles, tout ce qu'ils ont sur eux, et essaye surtout de ne pas passer à ce qu'il se passe dans la pièce au bout du couloir.

Buck voit Lucia apparaître dans l'encadrement de la porte du coin de l'oeil, et se redresse en croisant son regard. "How you feeling?" lui demande-t-il d'une voix qu'il espère neutre. "Is he done for?"

tw: sang, blessure, mort,
self-hate, glauque stuff

La douleur est de plus en plus vive sur sa nuque, une brûlure qui bat jusqu’à l’avant de son crâne et lui donne encore plus le vertige. La confusion l’empêche de se saisir de sa main pour la dégager et mettre fin à cette chaleur étouffante ; plutôt, elle referme sa prise sur son col en grimaçant un peu plus. Elle veut juste que cela cesse - la faim, la douleur, la confusion du sortilège qui a éveillé celle logée dans son glyphe. Une petite voix lui souffle que Buck a raison de la punir ainsi et de la remettre à sa place - elle est sa Hound, elle n’a pas pu le défendre, et elle se tient à quelques centimètres de son visage à lui réclamer de la nourrir. A tout moment, Lucia s’attend à ce qu’il appuie un peu plus sur sa peau, ou pire, qu’il fasse jouer son droit magique de Handler pour définitivement lui faire comprendre son erreur. Mais à la place… "Sure." Le souffle de la vampire se gonfle soudainement d’une goulée de soulagement, d’expectative également alors que l’odeur du sang se fait toujours plus entêtante, en particulier celle qui couvre le visage de Buck, tout proche.

"But first, calm down. Breathe in, breathe out. Can you do that for me? In and out." Elle cille furieusement quand il la relâche, et ses traits se détendent tout juste, tout comme sa prise sur sa veste lorsqu’il saisit son poignet qu’elle lui cède sans opposer la moindre résistance. "In and out, Lucia." Son esprit suit naturellement le son de sa voix, et Lucia prend une profonde inspiration, suivie d’une lente expiration, son souffle se stabilisant tout juste sous la guidance de Buck, comme si elle apprenait à nouveau à respirer. "Let me go", lui demande le sorcier, et sans même envoyer la commande à son corps, ses doigts se desserrent doucement, et sa tête suit son mouvement alors qu’il se relève ; elle, elle reste accroupie par terre, l’observant par en-dessous - elle attend, docilement, qu’il tienne sa promesse, car elle est incapable de penser à autre chose, trop empêtrée dans la faim qui lui ronge les synapses. "You take this one--" Lucia n’écoute pas la suite. Déjà, elle a tourné la tête vers le gamin étalé au sol, une flaque de sang se formant petit à petit sous son crâne. Et aussitôt, son cœur se serre d’effroi - celui de l’humaine seulement, tandis que celui de la vampire bondit d’impatience en embrassant des pupilles la tâche carmin.

Elle s’appuie sur une main pour se relever maladroitement et précipitamment - en vain, son bras arrive tout juste à la porter. Peu importe ; elle se déplace à même le sol, à l’aide de ses genoux et de ses paumes, contourne le corps étendu pour mieux placer ses jambes repliées de part et d’autre de sa tête. Le gamin gémit, quand elle pose ses mains de chaque côté de son crâne qui saigne abondamment, et ce faible son proche du gargouilli lui arrache un hoquet. ”I’m sorry", souffle-t-elle, ses traits déformés en une expression sincèrement désolée, alors qu’elle se penche pour plonger ses lèvres sur son cuir chevelu et prendre une première gorgée du flot qui s’écoule lentement de sa plaie. C’est en en buvant une deuxième qu’elle se sent doucement tirée vers la lumière, apaisée et horrifiée à la fois ; des larmes tâchent ses joues, tracent des sillons dans les tâches de sang couvrant sa peau. "I’m so sorry..." Et elle est incapable de s’arrêter, jusqu’à ce que le terroriste cesse pour de bon de gémir. "I’m sorry", couine-t-elle une dernière fois en resserrant ses doigts dans les cheveux du gamin dont la respiration s’est éteinte, et reste ainsi une minute, peut-être deux, peut-être cinq, à ne plus pouvoir calmer ses sanglots maintenant que la faim s’est tue.

Monster.

"How you feeling?" Ses grands yeux noisettes se relèvent vers Buck, et quand bien même elle a retrouvé ses esprits, Lucia ne parvient à lui répondre sur l’instant. Elle est bien trop consciente du sang qui couvre son visage, ses mains, ses vêtements. "Is he done for?" Elle avance d’un pas hésitant, pénétrant à l’intérieur de la pièce sans quitter son Handler du regard, et lui offre un faible hochement de tête, ainsi qu’un faible sourire sans joie, qui n’a définitivement rien à faire sur son visage. "Yes, yes he’s dead", répond-elle d’une petite voix en cillant, progressant avec la même lenteur dans la pièce à vivre, avant de repérer dans un coin ce qui ressemble à un espace cuisine aménagé à la va-vite. Elle n’attend pas plus pour s’y diriger, se dérobant du regard de Buck pour aller faire couler l’eau dans l’évier, le souffle court alors qu’elle se frotte vigoureusement les mains sous le jet glacé. Le sang reste accroché à ses cuticule, sous ses ongles, à sa manucure qu’elle a fait refaire la veille, et Lucia frotte d’autant plus fort, jusqu’à sentir sa peau la brûler vivement ; ce n’est qu’alors qu’elle abandonne et s’interrompt pour porter ses paumes sous l’eau et éclabousser son visage, en essayant de ne pas penser à son maquillage qui doit être ruiné, à ses yeux qui doivent être gonflés, et surtout, aux yeux de Buck qu’elle peut presque sentir sur elle. Elle referme méthodiquement le robinet, avant de poser ses mains de part et d’autre de l’évier, prenant une profonde inspiration, puis une autre. "I’m alright, I’m fine." Sa voix basse est plus pour elle que pour Buck, vers qui elle finit tout de même par se retourner, non sans lui jeter un coup d'œil par-dessus son épaule en amont.

Tout lui apparaît plus clairement, maintenant que le sort s’est dissipé et que la faim n’est plus. Elle peut attraper des bribes recomposées par ses sens alors éparpillés, et c’est avec stupéfaction qu’elle réalise que Buck lui a probablement sauvé la vie, autant en la libérant des terroristes qu’en la laissant boire le sang de ce pauvre gamin - est-ce que Enzo-- "Say boss." Elle se racle la gorge pour éclaircir sa voix éraillée et le jauge un instant en penchant la tête sur le côté, peu certaine de ce qu’elle veut lui demander, parce qu’elle n’est pas certaine de à qui elle a réellement affaire. Elle en a vu trop défiler, des Handlers, et la plupart suffisamment tordus pour la laisser boire directement sur le crâne d’un cadavre pour mieux retourner cela contre elle plus tard ; suffisamment tordus pour la sortir d’une mauvaise situation et la balancer à Corban dans la seconde ; et suffisamment tordus pour ne rien faire de tout cela et la laisser se débrouiller seule (la plupart, même. In and out, Lucia. "Why did you help me? With the kids, and with the--" Son sourire s’étire légèrement, en un réflexe fermement ancré en elle face aux hommes de pouvoir qui peuvent mettre fin à sa vie à leur bon vouloir. Elle fait un pas dans sa direction, puis un autre, le dévisageant avec la même stupéfaction, ne pouvant s’empêcher d’être sur ses gardes alors qu’il lui a sauvé la vie. "Are you gonna tell Corban? He doesn’t need to know, right? This could be our little secret", ajoute-t-elle d'une voix frôlant l'imploration, se forçant bien malgré elle à sourire.

tw: acab (violence policière, etc), mention de meurtre, alcool

Il y a quelque chose de saissisant à observer Lucia avec son visage parfait recouvert de sang, ses grands yeux confus et hagards et sa démarche hésitante. Elle est bien loin de la petite reine de la VB à laquelle Buck est habitué, la vampire insupportable qui marche à travers les bureaux en distribuant sourires et remarques acerbes à tout va, faisant poindre des migraines pas possibles à son Handler complètement has-been et dépassé. Le sourire qui s'étire sur ses lèvres est presque tremblant, là où elle aurait presque pu illuminer n'importe quelle pièce avec le reste de ses risettes, et Buck ne sait pas quoi en penser - il sait juste que ça le gêne, profondément, et qu'il regrette la question qui vient de filer entre ses lèvres. "Yes, yes he’s dead. - Right." Il hoche la tête sèchement, détourne pudiquement le regard en entendant sa petite voix qui semble prête à disparaître dans un recoin de sa gorge. Lucia s'éloigne, va pour la cuisine, et Buck fait mine de s'accroupir de nouveau près des corps inconscients pour vérifier leurs poches une dernière fois.

Il entend l'eau couler, la regard du coin de l'oeil se détourner et se frotter les mains et le visage pendant un temps infiniment long. Buck sait que ce qu'elle vient de faire est à la fois illégal et dangereux, pour lui comme pour elle. Sa tête tourne à l'idée que quelqu'un puisse l'apprendre. Le gamin ne manquera à personne - ou du moins personne qui compte - mais le fait qu'il ait autorisé sa Hound à faire quelque chose comme ça... son coeur fait une embardée dans sa poitrine et Buck suit son propre conseil, inspirant puis expirant profondément pendant quelques secondes avant de se redresser avec un grognement. Il se grille une nouvelle cigarette, regarde Lucia, sort sa flasque d'une main fébrile et commence à la dévisser mais suspend son geste quand elle le regarde par-dessus son épaule.

Buck a l'impression d'être un licheur coincé dans le faisceau de la baguette du chasseur. Il a toujours été le chasseur, jamais le chassé; ce sentiment primal de proie sur le point d'être tuée n'est pas du tout agréable, et il se force à carrer les épaules et à tirer sur sa cigarette pour se débarasser de cette impression collante et terrifiante. "Say boss." Buck grogne en réponse, secoue la tête et fait mine d'aller vers la fenêtre pour regarder quelque chose au-dehors. "Why did you help me? With the kids, and with the--" Les yeux de Buck balayent la rue au-dehors et reviennent vers elle, en coin et sous ses cils, détestent le sourire sans joie qui étire toujours les lèvres de Lucia. Putain, elle va pas lui faire dire que ses conversations agaçantes incessantes et ses risettes maniques lui manquent... "Are you gonna tell Corban? He doesn’t need to know, right? This could be our little secret." Elle a presque l'air implorante, et l'idée dégoûte Buck - un autre homme que lui profiterait de la situation, il n'en doute pas un seul instant, pour y tirer son compte. La pensée lui déplaît, et il serait presque tenté de questionner Lucia sur sa longue et célèbre série de Handlers à travers les années.

Mais une chose à la fois. "I'm not telling that asshole shit." Corban et lui n'avaient aucun secret l'un pour l'autre, fût un temps, mais c'est très loin d'être le cas aujourd'hui. "We're going to burn that body you drunk dry, kill the others and take one in for questionning. I'll file the report. They attacked, we fought back, I Incendio'd one of them, shit escalated." Il grogne, ferme d'un mouvement de baguette les rideaux de l'appartement miteux. "Done this before," admet-il, sans honte ni fierté, en se tournant tout à fait vers elle.

Elle s'est approchée et de là où il est, Buck peut voir la tâche de sang qu'elle n'a pas vue ou sentie sur sa mâchoire, le rappel visuel de ce qu'elle vient de faire. Buck aimerait tendre la main et l'enlever, parfaire l'illusion parfaite de son visage aux traits de poupée - mais il ne reste rigide, ses yeux clairs vissés dans les siens. "Don't get your hopes up, dollface, I'm only helping myself," bougonne-t-il en refusant toute implication bienveillante. "Can't be bothered having to tell Corban his star vampire died under my watch. Next time, just don't act a fool, hm?" Buck fait un mouvement de la main pour débarasser sa cigarette de sa cendre, avale une gorgée de sa flasque avant de la ranger dans la poche intérieure de son blouson. Ses doigts sont toujours aussi fébriles, presque tremblants, et l'alcool ne l'aide pas à retrouver le peu de courage qu'il a d'ordinaire. "Plus, we're a team, right? We help each other. Or something," marmonne-t-il en détournant le regard, donnant un coup de pied dans les côtes d'un des sorciers inconscients. "Which one do you want to keep?" reprend-t-il sans attendre de réponse, bien décidé à changer le sujet.