ON THE RUN

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nom prénom(s)  » Elle a hérité du nom de sa tante, Leonora, dont elle n'a jamais aimé l'originalité et son côté un peu vieillot. Elle lui préférerait presque son second prénom, Ebba, le même nom que sa marraine, originaire de Suède, avec qui elle s'est toujours très bien entendue. Son nom de famille, Nielsen, est quant à lui particulièrement haï. Tous les souvenirs associés à ce qu'elle appelle sa "vie d'avant" ont été détruits, sauf celui-ci - peut-être parce qu'elle espère un jour retrouver et rejoindre ses frères, peut-être parce qu'elle n'a pas envie de dire que Lancaster lui a tout arraché, jusqu'à son identité.

surnom(s)  » La plupart des gens l'appellent Leo, contraction propre et rapide de son prénom. Parmi l'Ordre, on la connait sous le pseudonyme de ABBA (oui, tout en majuscules, oui) - ils ont été nombreux à lui dire qu'ils étaient jaloux de son surnom pétant la classe, et encore plus nombreux à juste venir lui dire qu'il pétait le classe. Elle s'est fait quelques amis comme ça.

date de naissance » Leonora est née le trois août 1978 à Fauske, en Norvège, dans le cercle arctique. Oui, elle est leo. Oui, elle sait, c'est drôle.

origines & nationalité  » Leonora est née en Norvège et est donc née norvégienne, même si elle a acquis la nationalité suédoise, ayant grandi là-bas (à Sjangeli, toujours dans le cercle arctique, un coin encore plus paumé que Fauske) et y ayant passé la majorité de sa vie avant d'être "recrutée" par le projet Lancaster. D'après sa mère, son père était américain et c'est tout ce qu'elle en sait.

pureté du sang  » Leonora est sang-mêlée, même si elle ignore tout du pedigree de son cher père. Si une branche des Nielsen se prétendait pure, jamais la mère de Leonora qui au contraire semblait plutôt fière de ses origines modestes - un contraste intéressant par rapport à sa réussite sociale et académique.

métier/études  » Leonora aurait aimé être astromage, ou astronaute, ou les deux, ou scientifique, ou aventurière, ou peut-être même ingénieure, docteure, pompière, tireuse d'élite, éleveuse de rennes, géomage comme sa mère, politicienne, présidente, économiste, avocate, chauffeuse, joueuse de Quidditch, escrimeuse, ou policière - quelque chose d'excitant et de précis, quelque chose, n'importe quoi.

Sauf qu'elle est née cracmole, et qu'on lui a bien fait vite comprendre qu'elle ne pourrait être rien de tout ça, pour toujours destinée à être une tâche sur la biographie de sa mère, une erreur, une parenthèse qu'on s'empresse d'oublier. Alors elle est devenue cobaye ou plutôt, sujet d'étude pour le projet Lancaster - une triste opération vouée à essayer de donner la magie à elle et d'autres cracmols dans son genre. Leonora est persuadée qu'elle allait mourir là-bas, avant qu'elle et le reste des Five soient libérés par Lukas, qui les emmenés en Irlande puis lui ont fait rejoindre l'Ordre.

Depuis, Leonora est donc une fugitive, et une membre du cercle trois de l'Ordre. Elle a plus que jamais l'envie de le quitter, d'aller faire sa vie, de... de quoi, exactement? Elle ne pourra jamais devenir ce dont elle rêvait quand elle était petite. La quasi-totalité de sa vie a été gâchée et effacée. Elle ne connait presque rien du monde extérieur. Elle n'a jamais connu que les carrières désolées du Grand Nord où travaillait sa mère, les quatre murs du laboratoire de Lancaster, les règles de l'Ordre... jusqu'à maintenant, elle n'a vécu qu'une semi-vie, lui semble-t-il. Mais ce qui la terrifie, c'est l'idée qu'elle soit incapable d'autre chose.

orientation & état civil  » La question ne s'est pas posée pendant très longtemps, et c'est seulement quelques années après avoir étudié la relation entre Alex et Lukas évoluer que Leonora a commencé à se poser des questions. Elle n'a pas tellement trouvé de réponse, mais préfère garder ses options ouvertes dit-elle, se considère bisexuelle un peu par défaut. La seule personne avec qui elle a été et pour qui elle a ressenti des sentiments plus forts qu'à l'accoutumé, c'est Ruben, de qui elle s'est séparée il y a quelques semaines au terme d'une relation de plusieurs mois - un désaccord profond et frustrant basé sur le fait qu'il donnait trop l'Ordre, et pas assez à elle, et mais qu'est-ce qu'ils en ont à faire de nous?! Depuis, ils s'évitent.

camp  » L'Ordre, plus par défaut qu'autre chose. En réalité, évidemment, son allégeance va aux Five.

baguette  » On va pas retourner le couteau dans la plaie non plus...

patronus  » Leonora aime penser que son Patronus prendrait la forme d'un renne. C'est très cliché, mais elle adore ces animaux avec lesquels elle a grandi en partie: elle se souvient comme si elle s'y était rendue hier de la ferme de son beau-père et de ces majestueux animaux qu'elle a essayé de libérer plus d'une fois avant de se faire prendre la main dans le sac et de récolter d'une sacrée punition en échange.

épouvantard  » Son Épouvantard porte une longue veste blanche, un sourire chaleureux et des yeux cruels: se succèdent les silhouettes des chercheurs du manoir Lancaster, dont les noms ont été effacés de sa mémoire, mais dont les visages sont marqués au fer rouge dans son esprit.

particularité(s)  » Mis à part le fait qu'elle est cracmole, absolument aucune.

tw: ptsd, médicaments, drogues

FORGOTTEN THINGS AND DUST PARTICLES  » Leonora ne dort plus beaucoup depus qu'elle a quitté Lancaster, pour ne pas dire pas du tout. En dix ans, la situation a même fini par empirer, sa condition pas aidée par le fait qu'elle a gardé un emploi du temps chargé et nocturne pendant des années, et l'aura permanente de tension et de stress qui définit son existence au sein de l'Ordre. Quand ils vivaient encore à Galway, Lukas était parvenu à lui falsifier des papiers et à lui procurer une prescription pour un médicament somnifère qui l'a aidée pendant des années. Quand ils sont arrivés en Angleterre pour aider l'Ordre, il a eu un peu plus de mal à trouver de quoi lui faire faire des documents moldus, et comment l'enregistrer auprès de la NHS - le processus a presque pris trois mois. Leonora a fini par se tourner vers des drogues de rue plus classiques. La weed, puis la ket, puis le xanax - un cocktail qu'elle a dompté elle-même, avec l'aide distante et cautionneuse de Nicholas, jusqu'à rire au nez de Lukas quand il a essayé remettre un médicament bien moins efficace dans les mains.

She wished she were as inconsequential as the ghosts in her dreams » Quand elle n'est pas assommée par une drogue ou une autre, Leonora passe les nuits dans le noir, à réfléchir et à retourner sa journée dans sa tête, et à sauter au moindre bruit. Difficile à dire si c'est sa disposition nerveuse ou son traumatisme qui la tient ainsi éveillée: malgré les multiples offres de Lukas, elle n'a jamais consulté, étant particulièrement averse à l'idée de voir le moindre docteur, de la tête ou du corps. La perspective d'aller dormir, et de savoir qu'elle va passer trois, quatre, cinq heures dans le lit à tourner et à tourner avant de s'endormir (quand elle y parvent) est suffisamment angoissante pour la paralyser certains jours, au point où elle se convainc certains soirs de ne pas en avoir besoin. Elle passe alors plusieurs jours dans un état mi-conscient mi-éveillé, plus irritable et désagréable que d'habitude, avant d'enfin s'abandonner au reconfort de quelque drogue récupérée pour l'occasion. Une Leonora bien reposée est prévenante, hilarante et tactile. Malheureusement, elle ne l'est pas assez pour que ce soit ainsi qu'on pense à elle, ces jours-ci.

SLAY YOUR DEMONS WHEN YOU'RE AWAKE » Certains rêves sont peuplés de rêves intenses. Elle a été réveillé plus d'une fois par Angèle, Nicholas ou Rubén parce qu'elle se battait avec ses couvertures (et parfois avec eux quand ils partageaient le même lit) sans ouvrir les yeux. Leonora serait bien en peine d'expliquer les figures sombres et malévolentes qui peuplent ses rêves; elle juste qu'elle se réveille avec le coeur dans la gorge et une terreur panique répandue partout dans sa poitrine. Elle-même ne comprend pas ces accès de panique violents, parce qu'elle ne se souvient jamais de rien - juste d'une impression profonde de peur. Cela la rend encore plus réticente au moment du coucher, et plus prone à tout faire pour rester occupée les yeux ouverts.

Random » Leonora parle le norvégien, le suédois, l'anglais et l'allemand couramment. Elle connait quelques mots d'espagnol suite à son travail en cuisine à Galway où le chef venait de Madrid, et de français grâce à Alex et Angèle. Elle a une certaine propension pour les langues et s'y dédierait sans doute si elle devait étudier quelque chose. ⊹ Elle connait l'alphabet runique et comprend la plupart des applications des runes - un travail qui ne nécessite pas beaucoup de magie. Elle l'a appris quand elle était petite à l'école de wizlings. ⊹ Leonora déteste le monde magique, ne fait pas confiance aux sorciers, se méfie de toute invention provenant d'eux. Elle associe la magie à la douleur, la contrainte, et l'enfermement. Le monde moldu est à peine plus accueillant à ses yeux, mais elle s'y retrouve mieux que dans le monde de sa naissance. ⊹ Avant Lancaster, elle a toujours vécu dans des centres de recherches géologiques avec sa mère puis son beau-père. Elle s'y connait beaucoup en pierres et minéraux magiques, même si elle méprise leur utilité. Malgré tout, l'une des rares possessions qu'elle a gardé de Suède est un morceau de quartz gravé par sa mère avec une rune protectrice. Cette pierre ne quitte jamais sa poche. ⊹ Elle a pris la mauvaise habitude de fumer des cigarettes pour faire passer le temps, surtout la nuit, et peu se faire une paquet en quelques heures. Garder ses doigts actifs est primordial pour ne pas qu'elle s'endorme, et l'odeur de la nicotine la rassure. ⊹ Leonora pousse toujours la blague un peu trop loin, surtout récemment. Elle dit toujours le truc en trop et qui vexe et blesse, qui laisse un silence épais et gêné derrière et duquel on essaye de se dépatouiller en vain alors qu'elle y semble insensible. Même Nicholas en fait les frais, c'est dire. ⊹ La vie de tous les jours est compliquée. Il y a beaucoup de choses qu'elle a l'impression d'avoir loupé et de ne jamais pouvoir comprendre. Elle ressent une énorme frustration quand elle pense à son passé et à tout ce qu'elle aurait pu faire ou devenir - une déception amère et triste qui la tourmente aussi sûrement que les fantômes de ses cauchemars.

tw: relation parentale abusive, expérimentations humaines, environnement hôspitalier, médicaments, crise de panique

1978  » Naissance de Leonora au Centre de Recherches Géologiques et Minières Magiques (CRGMM) de Fauske, après une longue grossesse douloureuse et difficile pour sa mère Oona. Son père Francis s'est déjà envolé pour retourner à sa Californie natale - il lègue à sa fille son visage, ses cheveux, son teint mat et une hideuse peluche en forme de licorne qui fait du bruit à chaque fois que Leonora serre sa corne dans sa main, au grand désespoir de sa mère. Elle est visitée par sa marraine Ebba qui la ramène quelques jours plus tard à Oslo avec elle. Oona veut se remettre à ses recherches, la science n'attend pas.

1978-1982  » Leonora grandit avec les enfants d'Ebba qu'elle considère comme ses frères et soeurs, et voit ponctuellement sa mère quand celle-ci daigne quitter le CRGMM. C'est seulement quand Leonora a quatre ans qu'Oona la reprend chez elle, dans sa minuscule maison perdue dans le cercle arctique fournie par le CGRMM, considérant qu'elle est désormais assez grande pour ne pas être une (trop grosse) épine dans son pied. Leonora hurle, se débat, pleure, boude mais rien n'y fait: elle quitte Oslo et Ebba, et est obligée d'aller à Fauske.

1983  » Oona rencontre Trevor Woodley, un chercheur sorcier américaine (comme quoi elle a un type). Elle en tombe raide amoureuse, devient Mme Woodley trois mois plus tard, et emménage en Suède avec lui à Sjangeli - elle oublie presque Leonora dans le déménagement. Faut dire qu'elle est une enfant renforgnée et needy, qu'elle refuse de collaborer, de négocier ou même d'alléger la charge mentale déjà bien pesante de sa mère - et puis merde, elle est en train de révolutionner son domaine de recherches, elle va pas tout mettre en stop pour une gamine de cinq qui sait même pas compter jusqu'à vingt et qui arrive à peine à lire.
Trevor a trois fils d'un ancien mariage, Godric, Arsene et Herman, qui emménagent avec eux à Sjangeli. La maison fournie par le Centre Suédois de Recherches Géologiques et Minières Magiques (CSRGMM) (Leonora aussi les confond volontiers) est un peu plus grande, mais Leonora se retrouve tout de même à partager avec Herman, qui a un an de plus qu'elle. Ils se rapprochent beaucoup, se racontent des histoires, se tiennent compagnie quand les jumeaux Godric et Arsene jouent dans leur coin et que leurs parents débattent pendant des heures des bienfaits du quartz rose, et Leonora a enfin quelqu'un qui tient à elle.

1984  » Entrée dans une école de wizlings du nord de la Suède. C'est génial, on y va en traîneau magique volant tiré par des rennes, truc improbable qui donne envie d'hurler la première fois puis de recommencer encore et encore et encore et encore. Leonora a un peu de retard, elle n'a toujours pas fait preuve de magie, mais personne ne s'en inquiète: bientôt, on lui dit, bientôt.

1986  » C'est Trevor qui se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond avec Leonora quand son éclat de granite magique suédois ne se réchauffe pas au contact de la peau de Leonora. Un terrible pressentiment s'abat sur Oona et lui et ils font bientôt des pieds et des mains pour avoir l'autorisation de sortir du CSRGMM un morceau de jade kekonaise. Les procédures administratives prennent des mois, jusqu'à ce que Leonora soit accompagnée par sa mère, Trevor et trois autres chercheurs au sein même du centre de recherches. On la met dans une pièce vide, après lui avoir apposé une demi-douzaine de sortilèges de protection, et on lui demande de s'emparer du morceau de pierre vert posé sur la table. Pas de problème. Elle est chaude au toucher, et elle hausse les épaules en se tournant vers Trevor qui a un air horrifié et sa mère, qui a l'air ravie.
Rien de tel qu'une Cracmole pour manipuler de la jade - c'est l'occasion rêvée qu'ils attendaient, clâme Oona autour du dîner le soir-même, de quoi étudier cette pierre mystérieuse de l'autre bout du monde référencer ses propriétés! Trevor n'est pas très chaud pour commencer à expérimenter sur la fille de sa femme qui n'a que huit ans, et une grosse dispute éclate. Leonora fait mine de ne pas l'entendre et demande à Herman de lui raconter une histoire, n'importe laquelle.
Évidemment, elle n'a plus le droit d'aller à l'école des wizlings, au revoir le traîneau magique et les rennes volants: Leonora se retrouve dans un pensionnat moldu du jour au lendemain, avec un sortilège Bloclangue pour ne pas qu'elle parle de l'existence de la magie à ses camarades. Elle devient la fille bizarre qui reste dans son coin et qui connait rien à la télé ou à la musique, et attend les vacances avec impatience.
Les vacances ne se passent pas très bien, sa mère et Trevor se disputent beaucoup, Godric et Arsene l'ignorent au mieux et la méprisent au pire, et Herman l'évite comme la peste: d'après ses camarades de classe, sa "condition" serait infectueuse, et il n'a pas envie de devenir Cracmol.

1988  » Leonora fugue. Elle veut retourner à Oslo auprès de sa marraine Ebba mais en plein milieu de la pampa suédoise avec trois cent couronnes en poche, âgée de dix ans, elle n'arrive pas très loin avant d'être récupérée par les autorités moldues. Elle est bien infoutue de leur expliquer ce qu'est le CSRGMM et il faut quelques jours aux autorités sorcières pour lui mettre la main dessus et poser un Oubliettes général sur le poste de police et le bâtiment du service de protection de l'enfance qui l'a accueillie.
En rentrant, Leonora hurle qu'elle aurait préféré y rester; Oona lui répond que ça aurait fait du bien à tout le monde. Trevor la ramène au pensionnat et lui fait promettre de ne plus faire d'esclandre.

1989  » Leonora ne tient pas sa promesse, et essaye de nouveau de fuguer l'année suivante. Elle arrive jusqu'à la frontière norvégienne où elle se fait arrêter dans le train. Quand elle est retournée à sa mère et Trevor, une dispute monumentale l'attend. Quand elle est couchée, Oona parle avec Trevor de l'idée de lui donner enfin ce qu'elle veut et de la laisser au monde moldu - une responsabilité de moins pour eux, et tout le monde est content. Leonora est encore réveillée et elle les entend, et réalise que cette perspective la terrifie.

1990  » Elle essaye de bien se tenir à l'école, à la maison, pendant les vacances, pendant les cours, bref, la totale - elle commence même à avoir des bonnes notes, en sciences, et sa mère aime bien les sciences, donc ça devrait lui faire plaisir...? Elle écrit à ses frères, elle appelle même Trevor "Papa" une ou deux fois à table à Noël, et glisse à sa mère qu'elle serait prête à l'aider dans ses recherches sur la jade kekonaise, quand tu veux maman, hein, t'hésites pas, et je t'aime, tu sais?
Malgré tout ça, elle finit tout de même en Angleterre, à Lancaster. Il pleut, ce jour-là, et Leonora n'a pas envie de lâcher la main de Trevor, même quand il la rassure, même quand il lui dit que tout va bien se passer, même quand il lui promet qu'ils reviendront la voir dans six mois. Six mois?! C'est encore pire que le pensionnat. Trevor s'agenouille devant elle (Oona est en train de signer les papiers, et autrement de rester distraite et occupée ailleurs pour ne pas être gênée par la détresse manifeste de sa fille) et lui caresse la joue et lui dit que les chercheurs d'ici vont régler son "problème" et qu'elle va se faire des amis qui ont la même condition qu'elle, et que bientôt elle pourra aller à l'école avec Herman.
Leonora lui promet qu'elle apprendra la magie, qu'elle fera tout correctement, qu'elle finira toutes ses assiettes, qu'elle arrêtera de faire des problèmes au pensionnat, qu'elle fera tout correctement, promis, et elle s'accroche désespérément à sa main quand Trevor secoue la tête en lui expliquant que malgré tout ça, elle doit rester ici. Six mois, juste six mois, d'accord? Elle hurle et pleure et se débat quand on l'emmène de force dans une autre pièce, et qu'on lui donne un petit quelque chose pour se calmer.
Elle fait rapidement la rencontre de Cole, d'Angèle et d'Alessandro. Elle est la plus jeune, mais ils l'acceptent vite - ils n'ont pas le choix. Heureusement, elle parle un peu anglais donc elle réunit rapidement quelques informations. C'est un centre de recherches ici aussi (un peu comme le CSRGMM ou le CRGMM), mais c'est eux les sujets d'étude, pas les pierres ou le quartz ou la jade. Ils sont tous Cracmols issus de familles sorcières, et on va les soigner.
Leonora passe toutes les nuits de sa première semaine à pleurer dans son lit.
Mais rien n'y fait, elle est coincée.

1991  » Cole est chiant, il lui rappelle Godric et Arsene, et Leonora fait toujours de son mieux pour le faire passer pour un zouf devant les chercheurs quand elle en a l'opportunité. Alex fait toujours trop de bruit mais parfois Leonora aime bien, elle pourrait l'écouter parler pendant des heures, tout pour oublier la triste réalité de sa vie au manoir. Nicholas est le dernier arrivé, et Leonora l'adore, ils passent des heures à se raconter des blagues et à en inventer, et ça les fait rire même quand c'est pas drôle, surtout quand c'est pas drôle à vrai dire, parce qu'il y a pas non plus grand chose à faire d'autre à Lancaster. Angèle est pas très marrante, et elle raconte pas des histoires aussi bien que celles d'Herman quand elle s'y essaye, mais c'est elle trouve toujours les mots pour calmer Leonora quand celle-ci se met à pleurer la nuit.
Elle fait de son mieux, elle se concentre sur les baguettes, essaye de résister aux sortilèges, fait même mine parfois d'être affectée par les potions qui rendent malade. Leonora n'a jamais été bonne élève mais elle donne tout ce qu'elle a dans les expériences et les idées des chercheurs, qui sont ravis de voir à quel point elle est heureuse d'aider. On va la soigner, la réparer, et elle pourra retourner à la maison. Elle enverra des livres à Alex, et des bonbons à Nicholas, et des poèmes à Angèle, jusqu'à ce que eux sortent aussi (et elle enverra rien à Cole).
Six mois après son arrivée, on lui annonce, avec beaucoup de manières, que ses parents ne pourront pas venir - c'est trop tôt, il faut attendre encore un peu, tu comprends, Leo (ils l'appellent tous Leo, ce qu'elle déteste, pourquoi les anglais ne prennent pas la peine de dire son nom en entier?!), ça pourrait te faire régresser, et tu fais de tels progrès... Leonora est trop contente d'entendre qu'elle fait des progrès pour insister. Dans six mois, alors.

1992  » Les expériences deviennent de plus en plus longues, et de plus en plus dangereuses. Même Leonora s'en rend compte, alors qu'on lui répète qu'elle fait des progrès, qu'il faut simplement qu'elle soit un peu plus courageuse, un peu plus tenace, et bientôt elle s'en sortira. C'est une surprise pour elle aussi quand elle s'effondre lorsque sa famille la visite et que Herman semble lui aussi sur le bord des larmes. Il faut plusieurs chercheurs pour les séparer, et Leonora hurle, hurle, hurle mais rien n'y fait. On la punit plutôt sévèrement pour cette esclandre et après ça, les expériences deviennent de plus en plus envahissantes et douloureuses.
Et un jour, Cole meurt. Il meurt, et personne ne sait où ils ont emmené le corps ou ce qu'ils ont fait de lui, et les Lancaster Five - le nom que Cole leur avait donné - comprennent qu'ils sont véritablement seuls au monde, et à la merci des chercheurs du laboratoire.

1994  » Leonora n'y croyait pas une seule seconde, au plan de Lukas, mais ils ont réussi: ils se sont enfuis. Et avec l'aide des mystérieux "amis" de l'infirmier, ils ont fini à Galway, en Irlande. Pendant quelques mois, elle joue avec l'idée de rentrer à la maison, mais elle est terrifiée à l'idée que sa famille la renvoie à Lancaster ou ailleurs...
Après plusieurs semaines d'errances à ne pas savoir quoi faire, Leonora et Nicholas commencent à travailler dans un restaurant chic, en cuisine, et ils passent la plupart de leurs shifts à déconner et à faire la vaisselle. C'est comme ça qu'ils découvrent la vie moldue. La musique, le cinéma, les rollers, les clips, les voitures, les dessins animés, les émissions de télé-réalité, bref. Ils vont ensemble au musée, ils se bourrent la gueule au cidre de mauvaise qualité, ils regardent des centaines de films jusque tard le soir, ils apprennent à faire du skate, et une ou deux fois ils se retrouvent à se bagarrer avec des bandes de moldus qui n'aiment pas leurs voix qui portent et leurs commentaires désobligeants - ils apprennent la vie en retard, et ils adorent ça. Ils se rapprochent beaucoup, et les bras de Nicholas sont ceux que Leonora vient chercher quand elle n'arrive pas à dormir la nuit, ce qui arrive de plus en plus souvent. Elle passe des heures à regarder le ciel changer de couleurs, le nez dans le cou de son meilleur ami, la tête bourdonnante de pensées et de souvenirs désagréables. Ils dérapent plusieurs fois - et surtout pour la première fois pour l'un comme pour l'autre - mais ça veut rien dire. Rien ne veut rien dire dans leur vie qui n'est pas une vie pour eux, toujours en marge, jamais normaux.

1999  » Ils ont grimpé les échelons du restaurant et acquéri la confiance du chef avec les années. Nicholas a fini par quitter le rythmne infernal de la cuisine pour travailler en tant que serveur, attiré aussi par les promesses de pourboires et du bar. Leonora adore faire les tâches méniales du fond de cuisine, et elle est surprise quand on lui propose de lui payer ses études dans un college local pour avoir une certification, et ainsi pouvoir la faire devenir commis. C'est presque trop beau pour être vrai. Est-ce que c'est la vie à laquelle elle est destinée? Cette pensée la terrifie. Le temps a passé et elle a grandi mais elle a encore l'impression d'être la gamine terrifiée de Lancaster, mise au coin de Sjangeli, esseulée de Fauske. Ils ont réussi à lui trouver une prescription pour qu'elle puisse faire ses nuits et sans ses médicaments, Leonora ignore si elle peut survivre.
Alors quand Lukas avoue faire partie de l'Ordre du Phénix et leur explique qu'il va les rejoindre, Leonora a envie de lui rire au nez et de lui dire bonne chance. Mais Alex ira partout où ira Lukas, et les Lancaster Five (devenus quatre) ne peuvent pas se séparer. Il lui faut des mois pour se faire à cette idée, des mois pour la convaincre, des mois pour calmer les crises de panique qui la prennent à chaque fois qu'ils parlent de s'arracher à cette vie de moldus qui n'est pas vraiment la leur. Mais on est pas des moldus, lui dit Nicholas un jour, avec gentillesse, en lui caressant la joue. Leonora rit en l'entendant. Mais elle suit, parce qu'elle a l'impression de ne pas avoir le choix.

2004  » L'Ordre n'est pas si mal pendant un temps. Ils travaillent en tant que passeurs, aidés par leur absence de Trace magique mais leur pied qui reste tout de même dans le monde sorcier. Ce n'est pas si mal jusqu'à ce que Wolverhampton soit attaqué, et qu'ils manquent de mourir - pour la première fois, Leonora est confrontée à un masque de Mangemort. Cette image peuplera ses nuits pendant des mois, jusque dans la planque à Stratford-upon-Avon où ils finissent. Ils sont de retour en Angleterre, ils sont coincés avec l'Ordre, et Leonora ne dort plus.

2007  » Leonora déteste cette vie. Il lui est impensable d'être séparée des Lancaster Five mais, comme quand ils étaient à Lancaster, elle a l'impression d'être enfermée avec eux partout où elle va. Son naturel déconnant et léger, toujours à rire des situations les plus graves et à vouloir faire sourire le monde, devient plus sombre et cynique. Ses remarques bonne enfant deviennent mesquines, sa patience inégale devient si fine qu'on ne peut que marcher sur des oeufs autour d'elle, à moins de se prendre une énième pique dans le coin de la figure. Même Nicholas en fait les frais, et même Ruben aussi après quelques mois d'une relation-éclair qui finit sur une dispute à sens unique pour une Leonora désespérée et anxieuse. Sa prescription n'est plus valable, elle ne trouve plus le moindre réconfort auprès de ses amis, et sa vie n'a plus ni queue ni tête - elle veut juste partir, loin, s'envoler, s'enfoncer dans le monde moldu, et ne jamais en ressortir. Et pourtant, attachée à son trauma et à son seul phare dans la nuit, elle est bien incapable de quitter les Five.