NEW ORDER

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nom prénom(s)  » Trois prénoms choisis pour inspirer son parcours dans la vie, Pilar pour María del Pilar et sa pureté, Rocio pour la fraîcheur de la rosée et Santana pour la sainteté, le tout sublimé de deux patronymes en rayonnement européen mais surtout Espagnol, Torres & Lorca.  surnom(s)  » Pilarín pour les uns, Pili pour d’autres et Pilarita pour ses grands-parents, elle s’accommode de tout pour un peu que l’accent espagnol ne soit pas massacré. Pour l’Angelus, elle répond au nom de Sainte Juste, et que l’on se le dise, bitch, beautiful et queen ainsi que leurs alter-égos latins la font aussi se retourner.  date de naissance » Née le 26 décembre 1974, elle a 32 ans. (capricorn, aquarius rising, scorpio moon) origines & nationalité  » Née dans la villa familiale de Séville, elle est Andalouse comme en témoigne son accent persistant, pas parce qu’elle n’arrive pas à le chasser, seulement parce qu’elle veut le garder. Elle a acquise la double-nationalité anglo-espagnole peu après son installation définitive sur le territoire. pureté du sang  » L’art dans le sang, elle descend d’une lignée d’artistes à la renommée européenne, les Lorca et d’une famille de négociants dans le même milieu, les Torres, tout ce beau monde ayant conservé par coup de chance ou par choix un lignage pur. métier/études  » Après un excellent parcours scolaire à Beauxbatons, promo 1986-1993, elle a intégré une prestigieuse école d’art espagnole où elle a suivi un double-cursus d’art contemporain et ancien avec une spécialisation dans les arts sacrés. Suite à un programme d’échange international, elle a rejoint l’Angleterre pour sa deuxième année d’études, a adopté le pays et a décidé d’y rester pour la suite, premier semestre de sa troisième année exclu puisqu’elle l’a réalisé en Italie. Aujourd’hui, elle est experte en art pour les riches particuliers sachant reconnaître la valeur et la qualité de son travail, mais elle donne surtout de son temps à l’Angelus sous couvert d’expertises régulières à la Galeria Nicodemo Serafim. Son nom sonnant aussi particulièrement bien dans le milieu, elle a déjà animé des conférences à la LAAW et se trouve particulièrement à sa place sur une estrade sous les projecteurs. orientation & état civil  » Mariée de 1996 à 2001, le statut de sang de l’heureux élu a valu à Pilar un divorce sans concession et surtout sans son avis lorsque ce genre d’alliance a été interdit. Elle est depuis célibataire,  légèrement échaudée par l’expérience et n’allant rarement au-delà du flirt. camp  » Neutre, elle se complait dans une existence privilégiée quoique des raisons personnelles la poussent à voir d’un mauvais œil certaines lois du régime en place (au hasard, l’interdiction des mariages entre sangs-purs et nés-moldus). Bourrée, elle se proclamera anarchiste, il ne faut pas l'écouter, hail the Lord (non) baguette  » Très bruyante, elle est en bois de roseau, cœur en ventricule de dragon, 24.09cm, rigide. patronus  » Un héron cendré. épouvantard  » Un malencontreux incident lors d’une soirée 14 juillet dans le Sud de la France lui vaut une peur des feux d’artifice. Si au début elle en était au point de fermer les yeux et se boucher les oreilles avec horreur, elle a dépassé ce stade et se contente désormais de manifester quelques signes de nervosité (allant parfois jusqu’à crocheter le bras d’autrui en guise de doudou).  particularité(s)  » troisième œil – colomancie.

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El zoo : Pilar aime les animaux, raison pour laquelle elle partage son appartement avec une chienne, un furet et un iguane. La première, spitz nain de son état répond au doux prénom de Precious – que l’on ne s’y fie pas, l’animal n’a qu’un maître et aucun ami : absolument odieuse, la bestiole gnaque tout ce qui bouge et aboie comme une forcenée dès qu’on passe le seuil de la porte ou s’approche de trop près, littéralement la terreur du voisinage. A l’inverse, la furette prénommée Candela est très aimable avec les personnes qu’elle a choisies, cela se faisant sur des critères incompréhensibles et très douteux selon Pilar. Enfin, l’iguane, prénommé Nana (contraction fainéante d’Iguana) a la fâcheuse habitude de grimper sur tout ce qu’il atteint et d’apparaître partout où on ne l’attend pas, terrifiant pour les herpétophobes.

El arte : Pilar baigne dans l’art depuis toute petite, son père étant artiste-peintre et sa mère experte, elle a commencé les cours de peinture très jeune avec ses parents puis avec des professeurs, a toujours suivi sa famille en visite aux musées et expositions, développant rapidement des connaissances pointues sur le sujet. Elle a vite profité de la renommée de son nom lorsqu’il lui a fallu trouver du travail après la fin de ses études, ses services étant déjà demandés par des particuliers et son CV trônant au sommet des piles lorsqu’elle a postulé auprès de galeries. Ses connaissances s’étendant sur tous les domaines, sa clientèle s’est développée au cours du temps jusqu’à son recrutement à la Galeria Nicodemo Serafim à une époque où elle se sentait  d’humeur anarchiste. La peinture fait également entièrement partie de sa vie et nombreuses de ses toiles trônent au côté de celles de son père dans la villa familiale de Séville. Son troisième-œil se manifestant au travers du choix des couleurs lorsqu’elle peint, son travail a toujours un aspect étrange et bariolé pas vraiment du goût des acheteurs, alors elle le garde pour elle en guise de passe-temps.

symbolique des couleurs:

Facts : Pilar se targue de parler plusieurs langues, elle est en effet capable de bavarder dans un français, un espagnol ou un anglais courant, et plus difficilement, en italien ›› elle déteste les boissons pétillantes ›› elle a très mauvais caractère ›› extrêmement lunatique, les mood swings sont monnaie courante chez elle ›› elle déteste avoir les cheveux longs, la longueur maximum avec laquelle on la verra est au dessus des épaules ›› le regard assassin en permanence, elle porte constamment des lunettes de soleil par-dessus lesquelles elle se fait un malin plaisir de regarder de travers ›› très critique, elle juge tout et tout le monde ›› elle a le juron facile ›› sensible, deep down, elle garde seulement tout pour elle ›› butée, elle change difficilement d’avis et revient peu sur ses décisions par fierté ›› très perspicace, elle est plutôt intuitive ›› particulièrement rentre-dedans, elle fait rarement dans la dentelle et n’a pas pour habitude de prendre des pincettes, les faux-semblants l’irritent et elle est cette pote qui dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas ›› teigneuse, au moins autant que son chien ›› d’ailleurs, elle emmène toujours Precious avec elle et l’affuble de tenues assorties aux siennes, la chienne a même sa place dans son sac à main ›› elle ne porte que des vêtements de créateurs dans un style bien à elle, plutôt excentrique et assez tape-à-l’œil quoiqu’elle tienne à rester classy ›› elle est solitaire, pouvant disparaître des radars pendant un temps et réapparaître avec sa jauge sociale régénérée ›› lowkey control-freak, si on lui dit, elle affirmera le contraire et chassera toute preuve avant que les vieilles habitudes ne reviennent à la charge ›› très irascible et colérique, elle est peu tolérante et ne retient pas ses coups de sang ›› oui elle est affectueuse, et non ça ne se voit pas, les élus sont rares ›› elle aime beaucoup les enfants ›› elle croit en l’amour, rêvait d’une petite vie de famille bien rangée, elle est énervée maintenant qu’on lui en a retiré la perspective ›› jalouse et possessive ›› passée la première impression où on a l’impression de faire face à un bulldozer en roue libre qui en plus regarde mal, on constate qu’elle n’est pas si terrifiante ›› elle sait être douce et compatissante, il faut juste pas compter sur elle pour taire les choses même si ça épargnerait les sentiments d’un proche, la vérité c’est mieux que le mensonge askip ›› cries in dollar bills.

26 décembre 1974 Pilar naît à Séville, naissance à domicile. Elle est baptisée dans la foulée dans la chapelle familiale et se voit octroyer comme marraine ou plutôt gouvernante voire bodyguard une proche amie de sa mère, Socorro.

mars 1982 Après que sa mère, cheffe d'un gang de petit ampleur spécialisé dans le trafic d'armes sous couvert de commerce d'œuvres d'art, n'ait fâché une organisation luxembourgeoise en lui escroquant quelques (beaucoup de) thunes, Pilar et Socorro migrent loin. Destination le Chili.

mai 1982 Les gars sont tenaces et ont envoyé leurs hommes de main jusqu'en Amérique du Sud pour kidnapper Pilar et la rendre à sa mère contre rançon, elles fuient à nouveau direction l'Argentine.

février 1983 Mama a réglé son petit contentieux avec les luxembourgeois, elle informe Pilar et Coco qu'elles peuvent rentrer en Espagne.

septembre 1986-juin 1993 Pilar entre à Beauxbatons avec un bagage artistique conséquent et une culture générale de qualité. Ses notes sont excellentes, elle fait la fierté de ses parents et devient même préfète en cinquième année.

septembre 1993 Pilar entre dans une prestigieuse école d'art en Espagne tandis que sa mère veut la former pour qu'elle prenne sa suite dans le gang. Pilar n'est pas très chaude, ça ne l'intéresse pas trop, elle préfère bosser uniquement dans l'art.

septembre 1994 Sa mère l'a soulée, elle migre en Angleterre avec erasmus (sa version sorcière quoi) et crush sur Daniel, un type de sa promo. Ils emménagent ensemble un peu plus tard, c'est le grand amour.

septembre 1995 Pilar s'est spécialisée dans les arts religieux, elle fait un semestre en Italie et Daniel part avec elle.

mars 1996 Pilar et Daniel se marient, petite cérémonie discrète pour ne pas donner envie à mama de préparer des festivités trop clinquantes en Espagne. Elle lui annonce par lettre et aux vacances suivantes, ils partent au pays pour profiter du soleil.

octobre 1997 Daniel est contraint d'abandonner ses études et de rendre sa baguette, Pilar voit ça d'un très mauvais œil et lui aussi. Elle lui propose de partir en Espagne mais il refuse pour raisons familiales.

juin 1998 Pilar termine ses études, elle a un peu le mort pour Daniel qui a finit agent d'entretient au ministère mais bon, c'est lui qui a voulu rester. Elle postule dans des musées, on la veut partout parce que son nom est connu dans le domaine de l'art et qu'elle a un CV de qualité. Elle accepte l'offre d'un musée privé parce que ça rapporte beaucoup.

été 2001 Pilar et Daniel divorcent sans aucune volonté de le faire, on ne leur a seulement pas laissé le choix. Daniel qui était déjà vénère n'a plus rien à perdre donc rejoint la résistance, Pilar n'a plus de nouvelles de lui depuis et ne mentionne même plus son nom parce que ce serait le comble du mauvais goût de rappeler qu'elle a un jour épousé un né-moldu.

octobre 2001 Socorro débarque en Angleterre pour annoncer que mama a disparu dans le saccage de sa maison. Pilar qui était déjà passablement énervée s'énerve encore plus. Elles mènent l'enquête ensemble, finissent par trouver quel gang a encore foutu la mierda et lui saute dessus. Elles attaquent un des entrepôts de l'organisation, pas de chance c'est pas là où est mama, normal, ils l'ont déjà tuée. Pilar câble et fait un feu de joie avec les rivaux comme combustible. Elle annonce que le gang de sa mère est dissout puisqu'elle ne compte pas prendre sa tête.

2002 à nos jours Pilar évolue en emo Pilar. Elle se sent seule et useless alors elle adopte un chien et transforme son loft londonien en musée du Louvres miniature. Elle adopte un iguane en même temps puis un furet plus tard, elle avait besoin de compagnie. A force de redécorer sa maison, elle sympathise avec son fournisseur Nicodemo Serafim qui l'embauche dans sa galerie à Londres, Pilar redevient gangster Pilar et elle est contente. Depuis, elle est l'experte de l'Angelus, très occupée à former une apprentie tout en se faisant un maximum de thunes en expertisant aussi pour les particuliers qui font seulement genre de s'y connaître en art mais en vrai ne sauraient pas reconnaître un Matisse d'un Gauguin. Elle vit sa meilleure vie de (sad) badbitch.

Once upon a time in Spain.
Deux noms, deux réputations, Pilar n’était pas très vieille quand elle a deviné que sa mère ne se présentait pas aux plus huppés des rassemblements d’amateurs d’art uniquement pour suivre le cours des Van Gogh. Elle la suivait toujours pourtant, porque arte was algo que fue importante, et la gamine se tenait tranquille sur sa chaise au fond de la salle des ventes, les yeux ronds alors qu’elle regardait alternativement chaque enchérisseur lorsqu’il levait la main. Sa mère disparaissait régulièrement au cours des ventes, Pilar ne s’en formalisait pas, c’était la routine et elle n’était pas seule, toujours entourée de Soccoro qu’elle appelait tía bien qu’elle n’ait aucun lien de parenté avec elle. Ce n’était pas très important, sa mère disait toujours que ce n’était pas le sang qui faisait la famille, alors quand Pilar ne peignait pas dans la galerie du patio avec son père, elle sculptait dans la véranda avec Coco ou écoutait sa mère vanter les mérites d’œuvres en transit.

Once upon a time in South America
Sa mère et tía étaient apparues dans le patio comme deux furies libérées du Tartare, faisant sursauter Pilar, son père et le professeur venu pour enseigner à l’enfant. « Tenemos un problema, me temo que arremeten a Pilar. » Le professeur fut mis à la porte, cette-dernière barricadée et les valises préparées avant que la petite fille et Coco ne se rassemblent dans le salon. L’on convint que la destination la plus sure pour le moment était le Chili, ou plus précisément, le domaine d’amis de la famille qui les hébergeraient quelques temps. Pilar et Coco y furent en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, accueillies en visiteuses de marque par les Palazuelos alors que leurs communications avec l’Espagne se réduisaient à de brèves interludes devant la cheminette. Pilar s’y fit, découvrant le pays avec leurs hôtes, presque certaine qu’elle y resterait pour toujours et ne s’en formalisant pas tant que ça.

Il n’avait pourtant pas fallut attendre longtemps avant que Socorro ne la sorte de son lit en hâte et empaquette ses affaires d’un coup de baguette. « ¿ Qué pasa tía ? » s’enquit Pilar, troquant en toute hâte son pyjama contre des vêtements de ville. Elles partaient, loin des Palazuelos et du Chili, mais Coco refusa d’en dire plus, affirmant que tout allait bien. Un saut de portoloin plus loin et elles élisaient domicile en Argentine, dans une petite maison réquisitionnée par les bons soins de mama. Pilar eut tôt fait de décréter qu’elle n’aimait pas ni la maison ni le pays, préférant retourner au Chili, ce à quoi tía s’opposa fermement, los hijos de puta comme elle les appelait quand la gamine avait le dos tourné étaient de ce côté de l’Atlantique sans que Pilar ne sache pourquoi ils les contraignaient à déménager.

Socorro avait tant insisté que Pilar avait cédé, s’armant de la baguette de tía pour s’entraîner aux rafales de sorts sur des cibles inanimées (des cannettes, en l’occurrence). Dans ses mains, l’objet avait un tel recul qu’il la forçait à reculer alors que des gerbes d’étincelles jaillissaient en avant. Coco affirmait que c’était du bon travail, Pilar ne savait toujours pas en quel honneur on lui apprenait des sorts offensifs quand les autres enfants en étaient à faire léviter des objets. « Cuando alguien quiere matarte hija, tienes que matarle antes. » Dans son esprit enfantin, elle avait cru à des paroles en l’air, personne ne tuait vraiment pour survivre, et personne ne pouvait lui en vouloir, elle n'avait que neuf ans. A sa mère en revanche, on reprochait de ne pas être fiable et de tenter d'entourlouper son monde ; une autre organisation d'Europe avait vu les choses d'un mauvais œil, jugeant bon de récupérer l'argent perdu ou plutôt volé en exigeant une rançon conséquente pour la fille. Ils ne lui mirent jamais la main dessus grâce aux bons soins de tía Coco.

Once upon a time in Spain
Les délocalisations brutales avaient finalement cessé, Coco et Pilar restant en Argentine près d’un an avant qu’enfin, au travers des flammes de la cheminée, mama n’annonce que la situation s’était tassée en Espagne et que leur retour ne compromettait plus la survie de personne. Ce fut le plus beau jour de la vie de Pilar, le voyage en portoloin le plus long aussi, tant elle avait hâte d’arriver, et elle put sauter dans les bras de ses parents qu’elle n’avait plus vus depuis presque deux ans. Et la routine repris, les ateliers peinture dans le patio, les salles des ventes, avec en bonus, des leçons de magie offensive et une initiation à la  self-defence qui permit à Pilar de se découvrir une rage de vaincre jusque là savamment masquée derrière ses airs posés et sérieux.

Et plus la gamine grandissait, plus elle voyait de choses, comme l’aile entière de la maison où s’entreposaient des caisses de bois remplies de polystyrène dans lesquelles étaient enlisés des tableaux de maître. Pilar avait un jour attendu que le fourmillement d’adultes ait quitté les lieux pour s’y aventurer malgré l’interdiction de ses parents (les œuvres étaient trop précieuses, rien que respirer à côté les abimait). Elle erra parmi les caisses, se penchant sur celles-ci pour observer les tableaux et murmurer le nom de leurs artistes. Elle fut ravie de constater qu’elle les reconnaissait presque tous à leur style de peinture, alors elle voulut en deviner plus, s’avança encore et encore jusqu’à la porte entrebâillée d’une arrière-salle. Un élan de curiosité plus tard et elle se trouvait devant ce qui ressemblait à un immense entrepôt, rempli de caisses et de tréteaux lui aussi, et sur ceux-ci, plus d’armes qu’il n’en fallait pour équiper un régiment. Elle loucha sur les rangées de baguettes, la multitude de fioles sur lesquelles étaient apposé une étiquette représentant une explosion, les accessoires qu’elle n’aurait même pas pu identifier. Ça l’émerveilla en réalité, sa maison regorgeait d’armes et d’œuvres d’art, sa famille était donc pleine aux as … Elle sursauta en entendant le claquement caractéristique des talons de sa mère sur le carrelage. « Te he dicho mija que no es una habitación para tu, » dit mama à Pilar qui n’aurait su avoir l’air désolée quand elle était en réalité ravie d’avoir franchi la porte. « ¿Qué es esto mama, es un tráfico ? » Ça arracha un sourire à sa mère qui, enfin, sembla considérer que le moment était venu de se révéler à sa fille. « Tengo muchas personas trabajando para mí, es como una gran empresa, » expliqua mama devant le regard brillant de Pilar. « ¿De arte o de armas? » demanda-t-elle. « Ambos. » L’enfant ne comprenait pas vraiment le lien, incapable d’imaginer que le transport des œuvres servait de prétexte aux livraisons d’armes, sa mère lui apparaissait seulement comme le Zorro des temps modernes désormais. « Es serioso mija, si te ibas en America es porque mama había problemas con malas personas, » Pilar jeta un nouveau regard intéressé aux étagères, se demandant qui pouvait bien en avoir besoin d’autant. « Pero es terminado mama, soy aqui, ya no hay problemas, » mama acquiesça avec un sourire, ça rassura Pilar.

Once upon a time in France
Son arrivée à Beauxbatons la désarçonna un peu, elle n’avait jamais côtoyé autant de jeunes ni même parlé un français plus courant que celui qu’elle baragouinait avec la professeure payée par ses parents. La séparation en revanche ne fut pas difficile, après tout, elle l’avait déjà connue et si quelqu’un devait vraiment lui manquer, c’était Coco de qui elle ne s’était jamais vraiment éloignée plus de quelques heures. Pilar était brillante, ses notes étaient très bonnes et ses bulletins irréprochables, sa concentration, elle, n’était troublée qu’à intervalles réguliers quand les lettres de ses parents se faisaient attendre, mais Socorro finissait toujours par la rassurer en affirmant qu’ils étaient seulement très occupés. En cinquième année, Pilar revêtit un insigne de préfète, ses notes continuant de lui assurer une place parmi les têtes de classe. Sa scolarité terminée, elle intégra une prestigieuse école d’art en Espagne dans l’optique de devenir experte comme sa mère.

Once upon a time in England
A revivre chez ses parents, les affaires du gang maternel lui retombaient dessus et cette fois, elle les comprenait entièrement. Le transport de contrebande dissimulé derrière une activité légale, ses parents qui fournissaient d’autres gangs en armes qui pouvaient servir un massacre, Pilar n’était pas certaine d’approuver, mais le confort de vie dans lequel cela la mettait lui ôtait toute envie de protester. Avec mama, elle continuait d’assister aux ventes aux enchères les plus en vue et l’aidait à estimer les œuvres qui leur passaient entre les mains tandis que la jeune femme apprenait à sélectionner les pièces qui rapporteraient le plus à la vente. L’aile qui lui était autrefois interdite dans la villa lui avait entièrement ouvert ses portes alors que mama la formait à la gestion d’une organisation criminelle. Habituée à avoir son indépendance, Pilar finit par s’éloigner, intégrant un programme d’échange international grâce auquel elle atterrit en Angleterre pour sa deuxième année d’études supérieures.

Il y avait un garçon, Daniel comme elle l’apprit d’une amie. Elle ne le voyait pas à tous ses cours, mais elle se prit à le chercher du regard dans les couloirs jusqu’à enfin trouver l’occasion de lui parler par hasard. Le courant passa, de date en date ils s’accordèrent à se considérer en couple, et Pilar tomba amoureuse. C’était réciproque, c’était beau, Daniel laissa son appartement minuscule pour emménager dans celui bien plus cossu de la brune, et lorsque l’année suivante, elle décida de partir étudier en Italie pour le semestre, il la suivit. C’était idyllique, exactement la vision que Pilar avait du conte de fée, alors à leur retour en Angleterre, ils se passèrent la bague au doigt dans une cérémonie discrète pour ne pas dire presque secrète qu’elle n’annonça à ses parents qu’à travers une lettre, craignant que sa mère n’insiste pour organiser des festivités grandioses en Espagne. Daniel étant très proche des valeurs familiales, il avait longtemps insisté pour rencontrer ses beaux-parents, aussi Pilar l’avait-elle emmené à Séville où ils avaient passé les vacances. Mama aurait voulu convaincre sa fille de rester en Espagne, son entreprise illégale nécessitant qu’un second soit formé pour succéder à la cheffe, or le gang étant une affaire de femmes, Pilar était la personne toute désignée. Elle refusa, plus intéressée par l’art que par la contrebande, préférant profiter des revenus de sa famille sans se mêler aux affaires. Ça ne plut pas à mama, pendant plusieurs mois, Pilar n’eut plus de nouvelles que de son père et de Coco.

Une seule chose aurait pu lui donner envie de rentrer au pays, et ce fut l’avènement de Voldemort. Pas particulièrement attachée à l’Angleterre en elle-même et se sentant attaquée dans ses libertés par la prohibition, elle proposa à Daniel de partir, mais la famille de ce dernier n’était pas prête à bouger et lui ne comptait pas les laisser derrière, alors Pilar resta, et transmettant à sa mère les changements d’atmosphère au Royaume-Uni, elle se retrouva à gérer plus ou moins par hasard la communication britannique du gang de sa mère ainsi que la promotion du catalogue avec les riches férus d’art(mes) du pays. Elle valsait avec facilité parmi les hautes sphères du pays bien que son mariage lui vaille désormais quelques regards réprobateurs, mais elle n’était pas une fille du coin, peut-être qu’en Espagne on avait perdu de vue les vraies valeurs.

Ses études touchaient finalement à leur fin, alors vantant les mérites de son éducation prestigieuse et de son ascendance de qualité, elle frappa à la porte de grands musées, se faisant embaucher dans l’un d’eux après un entretient rondement mené. Elle vivait son dream job, expertisant les nouvelles pièces du musée et  conseillant les directeurs lors des acquisitions et renouvellement de collections. Sa vie personnelle était tout aussi belle qu’au début malgré l’ombre qui planait au dessus de Daniel, et il y avait les insistances de mama pour que Pilar prenne enfin le rôle qui lui seyait chez les Torres.

Et tout s’effondra lorsque les nouvelles tombèrent, rendant le mariage de Pilar non plus sujet à controverse mais bien hors la loi. La décision commune du couple de quitter le pays se retrouva fortement compromise par le contrôle aux frontières et toute fuite fut rendue impossible, alors ils firent profil bas ; la technique ne dura qu’une poignée de mois avant que le divorce ne soit prononcé, laissant un trou béant dans la poitrine de Pilar et la sommant de se tenir loin de Daniel. Elle le connaissait, elle doutait qu’il n’accepte la décision sans rien dire, surtout maintenant qu’il n’avait plus de raison concrète de le faire. Comme elle s’y attendait, elle apprit dans une dernière lettre de sa main qu’il passait dans l’illégalité. Pilar aurait voulu l’en empêcher, mais il était aussi têtu qu’elle et jamais il n’aurait pu être raisonné quand il n’avait plus rien à perdre. La mort dans l’âme, elle dut renier tout mariage, ne mentionnant plus jamais à voix haute le nom de Daniel qui malgré tout continue d’errer dans ses pensées parfois, alors qu’elle se demande s’il vit encore et si lui non plus ne l’a pas oubliée.

« Que pasa tía ? » Socorro, après une lettre courte et alarmante, était apparue dans le salon de Pilar, tenant dans ses mains la passoire qui lui avait servi de portoloin. « Tengo una mala noticia mija, annonça Coco d’un air grave. La villa fue saqueada, tu madre desapareció, » Pilar resta silencieuse, dévisageant son ancienne gouvernante. « ¿Desapareció donde? » Évidemment, tía ne savait pas, pas plus que son père absent durant le saccage. « Eras suposada resguardarla, » gronda Pilar lorsque la mesure de la gravité de la situation lui apparut. Sa mère était la tête du réseau, sans elle, tout s’effondrerait et on attendrait de Pilar qu’elle reprenne le flambeau. Dans une autre mesure, elle prenait lentement conscience de la difficulté de s’inquiéter pour deux personnes à la fois alors que son esprit était tiraillé entre des pensées parasites voguant jusqu’à Daniel et d’autres vers mama. Ce fut la raison qui la poussa à rentrer en Espagne, pour chasser un des problèmes et retrouver sa mère, avec un peu de chance, la sauver, parce que Coco et Pilar s’accordaient à imaginer les pires scénarios.

Once upon a time in Spain
tw. meurtre.
Ils avaient enfin une piste, celle-ci les conduisit dans un entrepôt dans lequel l’infiltration se fit discrètement sur les conseils de Socorro (celle-ci affirmant qu’au cas où elles se tromperaient de lieu, mieux valait ne pas se mettre à dos un gang n’ayant rien à voir dans l’affaire). Tout autour d’elles, des caisses et des voitures volées, le tout dans une atmosphère fleurant la weed et l’essence, tandis qu’à l’extérieur attendaient dans l’ombre la poignée d’individus obéissant aux ordres de mama et pour la soirée, de Pilar. Ils étaient peu dans le gang, l’ampleur de celui-ci étant minime et basée sur des relations privilégiées avec quelques têtes importantes du gouvernement espagnol. Pilar aurait bien mis sur le dos de tout ce beau monde l’enlèvement de sa mère, et sa colère sourde ne faisait que s’intensifier à mesure qu’elle commençait à percevoir des voix en provenance du fond des lieux. Masquée par un container, Pilar jeta un coup d’œil vers Coco avant de se pencher vers les silhouettes. Elle en compta six, glissa la main dans sa poche et en extirpa un petit flacon en forme d’œuf qu’elle fit rouler entre ses doigts. Il s’agissait de l’un des seuls ayant survécu au pillage de la villa. En un instant, l’objet fendit l’air et se brisa au milieu du groupe, dégageant aussitôt un nuage de fumée qui se répandit dans un chuintement. Les membres du groupe rival se retrouvèrent paralysés par la substance, autorisant Pilar et Coco à les rejoindre une fois le nuage dissipé. « ¿dónde está mi madre? » sa voix résonna entre les murs du hangar, à peine troublée par le clapotis d’une flaque de fuel sous ses semelles. « Perdona chica, ¿quién eres? » ricana un individu sur lesquels les prunelles sombres de la sorcière s’arrêtèrent un instant. « Pilar Torres. » L’annonce fut accueillie par le silence, les hommes s’échangeant quelques regards en coin rendus difficiles par leur immobilité forcée. « Creo que tenéis a mi madre, » captant un signe de Coco, Pilar jeta un œil à sa montre, calculant rapidement le temps qu’il lui restait avant que la potion ne cesse de fonctionner. « Tenéis diez segundos, » sa baguette à la main, la brune murmura quelques mots, faisant s’étirer la flaque qui tâchait le sol goudronné jusqu’aux pieds de ses rivaux. « Ocho, siete – ¡Está muerta!, » l’interrompit une voix fébrile. Pilar se figea, saisissant d’un regard en biais une réaction identique de Coco. Toutes deux avaient envisagé l’option, mais avaient refusé d’y croire. Entre temps, sur un signal de Socorro, le reste des adeptes de mama avaient rejoins l’intérieur de l’entrepôt, chacun buvant les paroles ennemies. « Porque ? » demanda tía d’une voix blanche, sa silhouette se profilant à côté de celle de Pilar comme pour lui épargner le même sort qu’à sa mère. « Porque no había bastante espacio para nos dos bandas, » la baguette de Pilar crépita, émettant un sifflement caractéristique des mauvais jours qui arracha quelques regards surpris aux partisans de mama pour qui le dernier souvenir de la brune était une gamine de dix-huit ans discrète et visiblement réservée. Elle ne l’avait jamais été, préférant seulement se taire quand elle n’avait rien à dire et observer plutôt que se mêler. Pas ce soir. Pas quand mama était morte et Daniel disparu. « Incendio, » comme libérée de ses brides, sa baguette embrasa le sol dans un grondement sourd, faisant bondir en arrière toutes les personnes présentes y compris les rivaux libérés de leur inertie par les effets du temps. Ils n’eurent le temps d’aller loin, la fournaise les enveloppant tout entier alors que les hurlements recouvraient les murmures d’horreurs. « Hijos de puta, » les flammes vinrent lécher les semelles de Pilar, la forçant à transplaner à l’extérieur. Elle fut rapidement rejointe par Coco et les autres, balaya le groupe d’un regard sombre, sa mâchoire serrée semblant sur le point de se briser. « ¿queréis hacer una cosa más por mi madre?  Que les matéis a todos, tras, se acaba la banda. » Elle ne resta pas plus longtemps pour observer l’effet de ses mots, se contentant de faire disparaître dans une explosion le hangar alors qu'elle transplanait sans un regard.

Once upon a time back in England
Plus grand-chose n’avait de saveur, mais ce n’était sûrement qu’une mauvaise passe. Pilar adopta un chien pour tromper l’ennui, puis un iguane, son loft devenu terriblement vide et grand en l’absence de Daniel, elle en fit sa galerie personnelle remplie de tableaux et d’œuvres d’art bien trop chères pour l’usage qu’elle en faisait, le tout acheté à un certain Nicodemo Serafim dont le nom lui revenait de par sa mère. Quelques échanges de bon procédés plus tard, Pilar renonçait à son boulot au musée pour se faire embaucher dans la très récente galeria éponyme. Les gangs, elle connaissait bien, mine de rien, c’était presque rassurant de se replonger dans le bain après qu’elle ait passé des mois à ne plus savoir pour qui ni pour quoi elle se levait le matin. Désormais elle le faisait pour l’art, pour briller dans ses manteaux de (fausse) fourrure, son chien et son furet dans son sac à main et ses lunettes de soleil sur le nez. Certes elle était divorcée, mais elle était une femme d’influence, sa place parmi les hautes sphères de la société toute assurée par sa renommée, son sang et sa prestance.