Sylas ne dit rien, et ça n'est pas vraiment inhabituel ou inquiétant venant de lui évidemment, sauf que vu la situation, vu le fait qu'elle lui offre un cadeau et qu'il ne semble pas plus réagir physiquement qu'oralement, ça stresse énormément Penelope. Elle se dit déjà qu'il doit détester, trouver ça stupide, chercher un moyen poli de refuser sans la vexer. “ I don't know if I deserve it, ” ce genre de protestations-là en revanche, elle s'y était préparée et elle secoue déjà la tête pour dire que c'est ridicule. “ I used to draw but I haven't... I haven't... ” Elle se doute bien qu'il ne l'a pas fait depuis un moment, depuis sa capture au moins. Personne ne lui a acheté de quoi dessiner et lui-même, il ne doit pas avoir les moyens de s'acheter quoique ce se soit de plus que le strict nécessaire pour vivre. C'est bien pour ça qu'elle s'est permise de lui offrir ce kit. “ I don't know if I'm any good and... and... I don't think I deserve this... I used to be a thief and a rebel, and I know we used to be friends, but you, you're smart and useful and me, my place is below you... I don't think you should give me gifts. ” Elle fronce les sourcils quand il secoue la tête et détourne résolument les yeux de son cadeau. Elle est un peu surprise qu'il mentionne le fait qu'ils aient été amis, alors que dans le même temps il sait qu'ils ne se connaissaient pas plus que ça à Hogwarts. Ça veut dire qu'il se souvient, sait qu'elle a été dans l'Ordre avec lui, non ? Elle est très confuse, n'ose pas poser de questions trop vite de peur de faire une gaffe qui envenimerait les choses. “ I wouldn't know what to do with it anyway... I don't think I can draw anymore. Don't you need a soul, to draw? ” Les yeux de Penelope s'arrondissent comme des soucoupes et sa bouche s'entrouvre sous le coup du choc, les rouages habituellement bien huilés de son cerveau bloquant sur l'information incapable de l'accepter. “ You-you… ” Il pense qu'il n'a plus d'âme ? À cause de ce qu'ils lui ont fait il pense qu'il n'a plus d'âme ? Penelope en pleurerait si elle s'en sentait même la force en cet instant précis. Mais elle n'a la force de rien, à peine de cligner des yeux, à peine de se forcer à entendre ce qu'il lui a dit.

C'est pire encore qu'elle ne le pensait, pire que tout ce qu'elle se sentait prête à affronter et tout ce qu'elle craignait de recevoir de Sylas sans pouvoir jamais s'y préparer. Ça c'est…c'est pire que tout. “ Don't say that Sylas you- ” Ils n'ont pas touché à son âme, ils ne peuvent pas, ça ne marche pas comme ça et Penelope ne l'aurait pas fait, elle n'aurait jamais pu, pas ça, impossible. L'âme de quelqu'un c'est sacré. Plus encore que son esprit. L'âme de quelqu'un…ça n'appartient qu'à lui. Et Dieu. Ses prunelles lui font mal, sa tête aussi, son cœur est en miette. “ Sylas we never- we never touched your soul in any way. ” Dans tous ce qu'ils ont fait, les seuls âmes qu'ils ont impactées, ce sont les leurs. Penelope sait que la sienne ne s'en est pas sortie indemne. Pourtant, même elle arrive encore à peindre. Elle se dégoûte. “ What you're missing here, ” lentement elle vient effleurer son front du bout du doigt. “ It doesn't change all that you got here, ”  elle pose l'index sur sa poitrine là où se trouve son cœur. “ It. It's- -art-, you know, art it comes from there. From the heart, from the soul, and of course you still have so much of those. ” Elle ne dit pas ça que parce qu'elle veut se donner bonne conscience (impossible), ni même parce que techniquement ils n'ont rien modifié à son cœur et à son âme. Elle dit ça parce que a la preuve de ce qu'il a encore énormément des deux. Elle l'a cette preuve à chaque fois qu'elle le voit. On l'a peut-être trafiqué, remodelé pour qu'il soit loyal, mais sa candeur, sa gentillesse, ils n'auraient pas pu l'inventer pour lui. “ I'm. I'm really sorry that this is how you feel. ” Elle a beaucoup de mal à retenir ses larmes, mais elle s'en sort bien, ses yeux à peine humides grâce à son corps tout tendu et sa mâchoire toute serrée. “ I'm so sorry. I think you deserve this kit and to rediscover art little by little, get to know yourself again in that way. Well actually, I think you deserve a lot more than this. ” C'est le moins qu'elle puisse dire. Sylas aurait mérité tellement mieux que de se retrouver dans cette situation. Mais pour le moment, c'est tout ce qu'elle peut lui offrir.

“ You-you… ” Sylas cligne des yeux et les détourne, embarrassé, en ressentant le choc qui agite Penelope. Elle ne le croit pas et ne voudra pas le croire, il le sait déjà. Mais au plus profond de lui, Sylas sait. Avant, il aimait dessiner et il aimait regarder les animaux et il aimait marcher et il aimait jouer au foot. Aujourd'hui, rien ne l'anime, sauf dans des flashs de brilliance aussi rares que brefs et intenses: l'envie d'observer les canards, la perspective de rentrer plus tôt à la maison pour pouvoir faire la sieste, la beauté de voir la pluie tomber du ciel. Et puis très vite, le vide le rattrape. Sylas ne sait plus si il croit encore en Dieu ou pas. Il a cru comprendre que les sorciers n'y croyaient pas. Il ne sait pas si il croit aux miracles, il ne pense pas, mais il pense qu'il croit aux âmes. Parce qu'il pense qu'un jour, il y a longtemps, dans les creux de sa mémoire, il a partagé son âme avec quelqu'un... ou alors il a trouvé une âme similaire à la sienne. Maintenant, il n'a plus ça. Il n'a plus ce lien, il n'a plus cette sensation, il n'a que du vide. Alors quelque chose d'immatériel lui montre. C'est logique que ce soit son âme. “ Don't say that Sylas you- Sylas we never- we never touched your soul in any way. ” Sylas secoue la tête sans la regarder. Il ne la croit pas. “ What you're missing here. ” Il s'immobilise et ne dit rien alors qu'elle tend la main et qu'il sent le bout de son doigt effleurer son front. Il pensait absolument vouloir qu'elle le touche. Maintenant, il le regrette.

Surtout parce que ça le force à se tourner vers elle, à la regarder, à être confronté à l'expression horrifiée sur son visage. “ It doesn't change all that you got here. ”  Sa main voyage, son doigt se pose sur sa poitrine, appuie à l'endroit de son coeur. “ It. It's- -art-, you know, art it comes from there. From the heart, from the soul, and of course you still have so much of those. ” Sylas ne la croit pas alors il ne dit rien, fait un peu la moue, sans insister. Il s'appuie même contre le doigt qu'elle a posé contre sa poitrine, qui s'y enfonce légèrement, avant qu'elle ne le retire. “ I'm. I'm really sorry that this is how you feel. I'm so sorry. I think you deserve this kit and to rediscover art little by little, get to know yourself again in that way. Well actually, I think you deserve a lot more than this. ” Il secoue la tête. “ Maybe you're right, ” lui concède-t-il, d'une part parce qu'il ne veut pas se battre indéfiniment, mais surtout parce qu'il lui doit respect et admiration, vu qu'elle est une véritable sorcière, elle. “ Do you do art too? ” demande-t-il pour changer le sujet de conversation. Il hésite et puis, lentement, prend la main de Penelope.

Sa peau contre la sienne. Il pourrait s'y habituer, il imagine. Il pose la main de Penelope sur son épaule, recouverte par un manteau un peu trop fin pour la température ambiante, un hoodie gris passé, et un t-shirt usé. Il ne dit rien, ne commente pas, en profitant du contact de sa paume sur son épaule. “ Maybe next time we see each other, you bring that again, and we can draw together? ” propose-t-il, avec une moue un peu douteuse, pas convaincu par sa propre idée.

Sylas n'a pas l'air convaincu du tout et en son for intérieur, Penelope le sait qu'elle ne parviendra pas à le persuader que son âme est intacte. Peut-être que si elle acceptait de véritablement essayer de se mettre à sa place un moment, elle comprendrait pourquoi il raisonne ainsi. Mais elle est égoïste et ça la blesse tellement qu'il pense ainsi, ça accroît tant sa culpabilité qu'elle ne peut faire autrement que de désespérément tenter de lui faire voir une vérité qui n'est que logique, scientifique. Ce qu'il ressent, elle n'a aucun contrôle dessus. Et ce qu'il ressent c'est un vide qui lui fait penser qu'il n'a pas d'âme. “ Maybe you're right, ” Elle sait qu'il ment. Elle sait qu'il n'ose juste pas la contredire trop longtemps toujours à cause de cette admiration déplacée qu'il a pour elle. Elle ne peut pas être soulagée en dépit de son envie désespérée de croire qu'il est d'accord avec elle. “ Do you do art too? ” change-t-il aussitôt de sujet de conversation, et elle se force à hocher lentement la tête, sans avoir le temps de lui répondre à voix haute, ni d'insister sur la question des âmes, qu'il prend déjà sa main. C'est la première fois qu'il la touche. Et même qu'ils se touchent tout court, peau contre peau. Ça étonne beaucoup Penelope qui n'a plus beaucoup (si elle l'a vraiment jamais eu) l'habitude du contact humain. Sylas est d'ailleurs même la seule personne qu'elle voit en dehors du travail. Il apporte sa main à elle sur son épaule à lui, un geste un peu étrange, qui n'a pas beaucoup de sens, mais que Penelope accepte sans un mot. Peut-être qu'il en a besoin. “ Maybe next time we see each other, you bring that again, and we can draw together? ” Elle fronce les sourcils, assez confuse de ce qui ne semble qu'être une moitié d'acceptation de son cadeau. Sans compter bien évidemment qu'il n'a pas l'air très convaincu lui-même de sa proposition. “ What do you mean? This is yours Sylas. This is your kit. ” Elle fronce les sourcils et referme la housse juste pour lui montrer ce qui est brodé en fine lettre sur la tranche de la mallette en tissu magique. Sylas Hoaxley-Young. Pour que personne ne la lui vole au MOCHE. “ But if you want us to draw and paint together next time, we can absolutely do that. You bring your kit, and I bring mine, ok? ” Timidement ses doigts sur son épaule la presse un peu, geste amical qu'elle espère il comprendra sincère. Penelope ne peut pas accepter l'amitié de Sylas, elle ne peut pas se dire qu'il est son ami — même s'il serait le seul qu'elle a aujourd'hui et qu'une part d'elle se demande si ça ne fait partie aussi des raisons pour lesquelles elle met un tel point d'honneur à le voir. Mais elle peut être la sienne. Une mauvaise amie évidemment, qui lui a fait du mal même s'il pense aujourd'hui que c'était bien. Une mauvaise amie qu'il devrait haïr et rejeter. Mais une amie dont peut-être lui aussi a besoin aujourd'hui. Elle pense savoir qu'ils sont aussi seuls l'un que l'autre. “ I actually know a place, near where I live, there's a beautiful pond too and ducks and even sometimes a swan or two…if you would like we could go there a sunny afternoon and do art together. ” Comme ça fait loin pour lui, elle viendra le chercher en magicobus pour qu'ils fassent le trajet ensemble.

“ What do you mean? This is yours Sylas. This is your kit. ” Sylas fronce les sourcils, le raisonnement semblant avoir du mal à faire du sens à ses yeux. C'est... à lui. Il ne possède pas beaucoup de choses, Sylas, et encore moins des choses aussi luxueuses que ce kit qu'elle lui présente là. Elle l'a acheté pour lui. Et c'est à lui: apparemment, elle veut qu'il le prenne avec lui et le ramène au MOCHE. Penelope referme la housse protectrice et il peut voir son nom écrit en fines lettres dorées. Il lève la main et pose le doigt dessus, expérimentant la texture un peu rugueuse de la housse et puis les trois mots brodés. Son nom. Sylas Hoaxley-Young. Étrange pour lui de le voir écrit, comme si il était réel, comme si il avait la moindre importance... Tout est commun, au MOCHE, les vêtements sont partagés, donnés, échangés au quotidien. Les seules choses qui sont à lui et qu'il a dans sa chambre, c'est le précédent cadeau de Penelope (un ticket de métro qu'elle a acheté pour lui la dernière fois qu'ils sont allés prendre un café), cinq paires de caleçon ainsi qu'un paquet de Fizwizbiz à peine entamé qui date d'il y a un mois.

Ce cadeau est bien différent, représente beaucoup trop de choses aussi pour que Sylas l'accepte aisément. Mais à sa gêne à l'idée d'accepter ce cadeau, se confronte son envie de faire plaisir aux sorciers, surtout à Penelope. “ But if you want us to draw and paint together next time, we can absolutely do that. You bring your kit, and I bring mine, ok? ” Les doigts de Penelope se serrent contre son épaule et Sylas ne bouge pas, les yeux baissés sur son nom sur la housse, ses doigts toujours posés dessus. “ I actually know a place, near where I live, there's a beautiful pond too and ducks and even sometimes a swan or two…if you would like we could go there a sunny afternoon and do art together. — Ok... ” dit-il d'un ton peu sûr de lui, les yeux baissés.

Il aime bien sa main sur son épaule, il a eu raison de la mettre là. Ca l'aide à se détendre et à se concentrer, alors qu'il a envie de céder à l'émotion étrange qui lui renverse le coeur. Gratitude, frayeur, colère, il ne sait plus trop. Quelque chose qui ressemble à tout ça à la fois. “ Are you my friend? ” demande-t-il finalement, relevant les yeux vers elle. Il la prend de court en les plantant dans les siens, ne lui offrant pas de possibilités de se détourner. “ I mean. ” Il se reprend, rougissant un peu. “ I think you're my friend. But am I your friend? ” Mérite-t-il cette attention, aux yeux de Penelope? Il aimerait tant mériter quoique ce soit...

“ Ok... ” Sylas n'a pas l'air particulièrement sûr de lui, ni même enthousiaste le moins du monde, ce qui fait se renfrogner un peu Penelope. Elle sait qu'elle n'a aucun droit d'être déçue en ce qui le concerne, ni aucune attente à avoir à son sujet. Elle aimerait simplement savoir comment faire pour lui arracher plus qu'un demi sourire, plus que des remerciements sincères, mais gênés parce qu'il semble sincèrement croire qu'il ne mérite pas le peu qu'elle fait pour lui. Et s'il croit ça, c'est précisément de la faute de Penelope. Elle espère qu'il voudra bien venir peindre et dessiner avec elle un après-midi, et que, même s'il n'en est pas ravi au début, il reprendra goût aux arts une fois qu'il sera lancé. “ Are you my friend? ” fait-il après plusieurs instants de silence que Penelope ignorait comment briser, remplir.  Elle relève les yeux vers lui, ne faisant pas vraiment d'effort pour masquer sa surprise, la question la prenant tout à fait de court. Sont-ils amis ? Ou plutôt, la question qu'il pose est: est-elle son amie ? “ I mean. ” Il se reprend tout seul, les joues un peu rouges. Penelope est mortifiée. “ I think you're my friend. But am I your friend? ” Elle cligne des yeux, et se pince l'intérieur de la paume avec ses ongles, pour ne pas faillir devant ce nouvel excès de candeur de la part de Sylas. C'est insupportable. Insupportable qu'il soit si sincère, si gentil, si reconnaissant avec elle. Insupportable qu'il la voit comme une amie. Elle. Alors qu'il sait qu'elle a joué avec son esprit, qu'elle l'a remodelé, qu'elle a effacé des choses. Il sait qu'elle est mauvaise et pourtant il vient la voir et la considère comble du comble comme une amie. “ If I am your friend, then I am not a good one. ” admet-elle platement. Elle n'a jamais su être une bonne amie pour personne et surtout pas les membres de l'Ordre du Phénix qu'elle a laissé derrière elle. Mais lui, lui c'est pire encore. Si quelqu'un comme elle peut-être son amie, Sylas n'a décidément pas besoin d'ennemis.

“But I think- I think you're mine. ” Et c'est peut-être le plus triste pour elle dans tout ça : c'est la stricte vérité. C'est peut-être la chose la plus stupide, la plus misérable. La cerise sur un gâteau déjà garni jusqu'à l'écœurement. Penelope se sent si seule qu'elle le considère lui comme un ami, son seul ami ici, dans cette nouvelle vie qu'elle s'est créée quand une autre a quitté ses entrailles. Et c'est particulièrement con et pathétique parce qu'elle sait que Sylas n'est pas lui-même, elle sait qu'il a été trop bien reprogrammé et que c'est la seule raison pour laquelle il lui adresse autant de sympathie. Elle sait qu'il ne la considère comme une amie que parce qu'elle lui fait des cadeaux alors qu'elle, elle ne le fait que parce qu'elle se sent coupable et à raison qui plus est. “If you want to be. ” ajoute-t-elle néanmoins pour tenter de noyer un peu la pitié et le dégoût qu'elle ressent pour elle même.

“ If I am your friend, then I am not a good one. ” Ça ne répond pas vraiment à sa question alors Sylas est un peu déçu en baissant les yeux. “ Oh. ” Il ne la mérite pas, qu'elle soit une bonne amie ou une mauvaise. Sylas a du mal à voir en quoi elle pourrait être une mauvaise amie, puisqu'elle lui offre du thé et du temps dans son emploi du temps bien rempli et même des cadeaux luxueux qu'il ne mérite pas le moins du monde. Sylas regarde les doigts posés sur la couture qui a son nom, que Penelope a fait faire sur la housse. Sylas Hoaxley-Young. C'est lui.

Mauvais ami, mauvais frère, mauvais résistant, mauvais employé, mauvais amant, mauvais petit ami, mauvais Batteur, mauvais Ravenclaw, mauvais élève, mauvais chanteur, mauvais dessinateur, mauvais peintre, mauvais tout.

C'est lui, et il a besoin d'un ami. Des amis, des frères et soeurs, il en a des centaines, avec les autres habitants du MOCHE. Mais Penelope, elle est spéciale, elle était là avec lui quand il y avait le Basilik. Elle sait... elle sait tout sur lui. Et pourtant, elle est là, elle lui a fait des cadeaux et elle lui parle et parfois, elle l'écoute parler quand il a quelque chose à dire. “ But I think- I think you're mine. ” Sylas relève ses yeux clairs vers elle, l'air surpris. Pupilles écarquillées, comme si elle venait de dire quelque chose de complètement absurde. Alors... il est son ami? “ If you want to be. — Yes!! ” dit-il aussitôt. Il prend la main sur son épaule pour la prendre entre ses dix doigts. “ That's very nice of you to say, ” ajoute-t-il, laissant sous-entendre qu'elle ne le croit pas elle-même mais se contentant de ce qu'il pense être un white lie.

“ I don't know if I'm a good friend either. But maybe I can be. Next time, I can get your Chai for you? Do you like cakes? I could make you a cake, we have stuff to bake at the MOCHE... ” Il se met aussitôt à réfléchir. “ I like chocolate cake, but victoria sponge is pretty good too. I like éclairs... and baklavas! I also like digestives. ” C'est comme si la simple possibilité d'être amis avait débloqué quelque chose en lui. “ Carrot cakes are good, but I don't like vegetables, and carrots suck. My dad used to make Guinness cakes sometimes, for birthdays, and that was so good. My dad he-- ” Il fronce les sourcils. Se tait un peu brutalement, referme la bouche dans un bruit sonore. “ What's your favourite cake? ” demande-t-il à mi-voix, lâchant sa main et se tournant de nouveau vers les canards, avant de fouiller dans le matériel d'art pour trouver un cahier à croquis et des crayons.

“ Yes!! ” Sylas a l'air tout content brusquement, il lui attrape même la main pour la prendre entre les deux siennes sous le regard quasi-abasourdi de Penelope. A-t-il tant envie que ça d'être son ami à elle ? À elle ? Ça l'attriste tellement. “ That's very nice of you to say, ” Elle secoue la tête pour faire comprendre que non, c'est pas gentil. Ce n'est vraiment pas gentil : c'est ridicule et embarrassant de sa part de considérer Sylas comme un ami alors qu'il n'est à peine que l'ombre de lui-même. Ce n'est pas juste qu'elle profite de lui et de sa gentillesse : ce n'est pas gentil du tout, c'est même tout le contraire. “ I don't know if I'm a good friend either. But maybe I can be. Next time, I can get your Chai for you? Do you like cakes? I could make you a cake, we have stuff to bake at the MOCHE... ” C'est assez rare qu'il parle autant et si rapidement, raison pour laquelle elle ne l'interrompt pas de suite pour lui dire qu'il n'a aucunement besoin de lui acheter ou de lui préparer quoi que ce soit. Elle préfère le laisser s'exprimer pour une fois qu'il semble le faire si librement. “ I like chocolate cake, but victoria sponge is pretty good too. I like éclairs... and baklavas! I also like digestives. Carrot cakes are good, but I don't like vegetables, and carrots suck. My dad used to make Guinness cakes sometimes, for birthdays, and that was so good. My dad he-- ” Elle l'écoute très attentivement, confuse et surprise mais très agréablement par ce soudain flot de paroles. Elle hoche la tête çà-et-là, mais ne dit rien, craignant que le moindre son de sa part risque de le faire se bloquer de nouveau. Lorsqu'il s'interrompt tout seul et fronce les sourcils, elle en fait tout autant, se demandant pourquoi elle n'a pas eu le droit à la fin de sa phrase. “ What's your favourite cake? ” sa voix est soudainement beaucoup plus faible, et il lâche sa main sans un mot, se tournant plutôt vers les canards sous les yeux inquiets de Penelope. Est-ce qu'il a pris son silence pour du désintérêt ? Est-ce qu'il n'arrive plus à se souvenir de son père et des détails de son enfance ?

Il fouille dans la housse offerte par Penelope et en tire un cahier de croquis et quelques crayons, décidément résolu à achever cette conversation puisque de toute évidence il va se mettre à dessiner. Elle est très contente qu'il essaye ainsi son cadeau devant elle, en dépit des doutes qu'il avait sur ses capacités à "faire de l'art", mais elle ne peut s'empêcher d'être inquiète malgré tout. “ Why did you stop talking? That was really interesting, I like to hear you speak, especially about your tastes. ” C'est un peut tout ce qu'il lui reste finalement à Sylas, ses goûts innocents pour tel type de nourriture, tel animal ou telle musique. Le reste a été effacé, noyé, reconstruit de toute pièce. Le reste, ça n'est pas vraiment lui.  “ Me, I like carrot cakes and chocolate cakes and I like baklavas too and lokoums. And also cake-e eshgh, it's an old persian recipe with almond flour, cardamom and rose water. It's really good. ” Celui de sa mère était particulièrement délicieux, mais très peu de gens savent le faire correctement ici, même si ça existe sous le nom de Persian love cake avec plusieurs recettes différentes. “ Actually, that cake has a very sweet legend attached to it. They say a young woman first baked it, filled with ingredients with sweet magical virtues and lovely fragrances, to make a handsome prince fall in love with her. ” Dans certaines versions le prince est effectivement tombé amoureux d'elle et ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps. Dans d'autres versions, elle mangea le gâteau tout seule. Elle hausse une épaule.  “ Tell me more about what you like. ” demande-t-elle avec douceur. “ That's what friends do… ” Même si dans leur cas à eux, elle sait déjà tout de lui et lui presque rien d'elle. “ You don't have to give me anything though. Your company is enough. ” Et surtout, le peu d'argent qu'il a, elle ne veut pas qu'il le dépense pour elle.

Sylas prend les crayons dans une main et, faisant une table avec ses genoux, il y pose le carnet après l'avoir ouvert. Il ne sait pas quoi dessiner, ceci dit, et se laisse happer par la page blanche... un canard, peut-être. Ou un arbre. Ou alors peut-être que Penelope le laisserait la dessiner? “ Why did you stop talking? That was really interesting, I like to hear you speak, especially about your tastes. — Hm? ” Sylas relève les yeux vers elle et la regarde un instant sans comprendre, ayant apparemment déjà oublié de quoi ils parlaient avant qu'il ne commence à sortir les affaires de dessin. “ Me, I like carrot cakes and chocolate cakes and I like baklavas too and lokoums. And also cake-e eshgh, it's an old persian recipe with almond flour, cardamom and rose water. It's really good. ” Il cligne des yeux et puis hoche la tête, sélectionnant un crayon dans sa poignée pour écrire les gâteaux qu'elle nomme et qu'il connait, pour s'en souvenir (il ne fait pas confiance à sa mémoire à trous).

“ Actually, that cake has a very sweet legend attached to it. They say a young woman first baked it, filled with ingredients with sweet magical virtues and lovely fragrances, to make a handsome prince fall in love with her. ” Sylas hoche la tête en l'écoutant, mais son esprit est ailleurs. La mine du crayon, après avoir crissé sur le papier pour écrire (d'une main un peu pas habituée: voilà bien longtemps qu'il n'a pas, tout simplement, écrit quoique ce soit), se met désormais à dessiner comme si elle avait sa propre volonté. Sylas guide le crayon, ignorant lui-même ce qui est en train de prendre forme sur la feuille blanche. “ Tell me more about what you like. ” Il fait la moue en l'entendant, pas très sûr de lui. “ That's what friends do… ” Si elle le prend par les sentiments, après tout... “ You don't have to give me anything though. Your company is enough. ” Il secoue la tête en souriant. “ But you give me so much. Your company is enough and yet you give me things. So it's only right I give things to you too. ” Il hoche la tête, très sûr de lui et de sa rhétorique.

Il continue de dessiner et lentement le dessin prend la forme d'une... part de gâteau, semble-t-il. Son idée du cake-e eshgh que Penelope vient de mentionner. C'est un peu maladroit, mais il y a définitivement quelque chose dans ce dessin, on peut voir l'oeil de l'artiste qu'il a un jour été — et la maladresse de l'homme qu'il est aujourd'hui. Il met des petits coeurs un peu partout sur la part de gâteau avec une bonne dose de crème anglaise et il sourit un peu en continuant de dessiner, concentré sur sa tâche. “ I like... I'm not sure what I like, ” dit-il doucement. “ I like tea. I like ducks. And cake. That's it mostly. ” Il continue de réfléchir en dessinant. “ I like... chocolate. And I like friends. I like you! ” Il sourit en relevant les yeux vers elle. “ I want to be your friend. I'm glad you let me be. ” Il hoche la tête. “ You're always sad though. When I see you. Or maybe it's when you see me. ” Il fronce les sourcils. “ As your friend, can I help? ”

“ But you give me so much. Your company is enough and yet you give me things. So it's only right I give things to you too. ” Il hoche la tête pour accentuer un peu ses propos ce qui fait légèrement sourire Penelope. Sur le principe il n'a pas tort certes, mais en pratique, vu leur situation, elle ne trouve pas que cette théorie du donnant-donnant trouve à s'appliquer. Pas du tout, même. Sylas semble oublier tout ce qu'elle lui a fait de mal et tout ce pourquoi les cadeaux qu'elle lui fait ne doivent même pas compter. Elle secoue la tête, mais il ne regarde pas vraiment, concentré sur la feuille sur laquelle il dessine depuis peu, ayant commencé un peu brusquement sans prévenir non plus, sous le regard très curieux de Penelope. Elle l'observe assidument, esquisse un autre sourire quand elle semble comprendre ce qu'il dessine : une part de gâteau et plus précisément, croit-elle deviner, celui dont elle vient de lui expliquer l'histoire. C'est un dessin qui peut paraître simple, mais il y a une certaine technique, un certain œil d'artiste aussi derrière, en dépit du fait qu'elle peut aussi deviner qu'il est un peu "rouillé". Elle trouve ça très mignon, surtout lorsqu'il rajoute plein de petits cœurs un peu partout. Son air très concentré aussi est très attendrissant. “ I like... I'm not sure what I like, ” Elle fait la moue, hoche un peu la tête même s'il ne le voit pas et attend qu'il poursuive. “ I like tea. I like ducks. And cake. That's it mostly. ” Cela ne peut pas être vrai pourtant ; ils n'ont pas tout effacé chez lui, en dépit du sale travail fait avant qu'Abbas et Penelope n'arrivent à la "rescousse". Il doit encore avec des goûts bien à lui, non ? L'idée que ça ne soit pas le cas, qu'il n'y ait plus que trois choses au monde qu'il sache aimer, la rend incroyablement misérable et elle doit détourner le regard un long moment. “ I like... chocolate. And I like friends. I like you! ” C'est très difficile de ne pas avoir l'air triste, surtout alors qu'il a l'air si enthousiaste en levant les yeux vers elle. Il l'aime bien, ça devrait lui faire plaisir de l'entendre le dire, mais c'est tout le contraire évidemment. Il l'aime bien alors qu'il devrait la haïr. “ I want to be your friend. I'm glad you let me be. ” Il hoche la tête et elle l'imite machinalement. “ You're always sad though. When I see you. Or maybe it's when you see me. ” Il fronce les sourcils et elle secoue lentement la tête pour lui signifier que non, ça n'est pas lui qui la rend triste. Elle essaye de sourire quand il est là, d'être enthousiaste, mais il faut croire qu'il est plus perspicace qu'il n'en a l'air. “ As your friend, can I help? ” L'entendre lui proposer son aide, si innocemment, si honnêtement, si gentiment, ça lui donne envie de mourir. Le poids de sa culpabilité l'aplatit presque littéralement sur ce petit banc de St James' Park, alors que ses épaules s'affalent et qu'elle a du mal à respirer brusquement. Elle devrait se jeter aux pieds de Sylas et implorer son pardon et lui il devrait refuser même si elle pleure, même si elle hurle. Elle devrait faire tout ça et elle devrait lui donner l'appartement qu'elle occupe et tout ce qu'il y a dedans, et tout son salaire, et toute sa vie dorée comparée à celle que mène Sylas. Elle n'a pas créé le système Penelope, elle n'a pas eu l'idée des brainwashing, elle n'a même pas eu envie de le faire. Abbas lui a dit que de toute façon ce qu'ils faisaient tous les deux c'était mieux que ce qui lui avait été fait avant, qu'au moins ça ne lui ferait plus mal — et d'ailleurs ça semble se prouver vu comme Sylas lui dit qu'il est reconnaissant. Mais Penelope elle n'arrive pas à vivre avec ce qu'elle a fait. C'est trop dur, c'est trop lourd à porter, trop difficile à accepter qu'elle ait pu lui faire quelque chose de si horrible et que lui ne la déteste pas, la remercie, l'apprécie. Penelope aimerait savoir être méchante avec lui, pour s'attirer sa haine d'une autre manière, remettre un peu les choses à leur place. Mais elle se laisse berner par l'idée qu'au moins elle rend sa vie un peu plus douce et facile alors que dans le fond elle n'est qu'égoïsme et c'est elle qui, pourtant pas brainwashée, le voit comme un ami. Pathétique. “ Be happy. ” lui demande-t-elle tout en sachant que c'est impossible. Au mieux Sylas est parfois content, satisfait, mais il ne peut pas être heureux. Pas avec tout ce qu'ils lui ont pris. “ Be happy, Sylas. That would make me feel better. ” C'est un peu vrai, peut-être qu'elle serait moins triste si elle le voyait véritablement heureux. Mais même si c'était possible, ça ne suffirait pas à alléger la conscience de Penelope. Rien ne saurait accomplir ce miracle. “ You don't make me sad, though. I don't want you to think that you do Sylas, because really you don't. ” Il n'a rien à se reprocher et ça la tuerait qu'il se sente coupable en plus de tout. Ce qui rend Penelope triste ce n'est pas lui, mais plutôt ce qu'elle lui a fait. Elle lui offre un sourire gentil et doux rin n'est de sa faute à lui, rien du tout. “ Did you draw the cake-e eshgh? ” demande-t-elle pour changer de sujet et le faire parler et adoucir l'atmosphère trop chargée par son chagrin à elle.  Elle désigne presque timidement son dessin du doigt, parfait pas énormément de crème anglaise. Ça ne ressemble pas vraiment au vrai gâteau, mais ne peut pas le savoir. Et puis, ça reste un gâteau de l'amour même si ça n'est pas un gâteau perse. “ It's a lovely drawing! Would you like to try the real cake some time? ” Encore quelque chose qu'elle lui offrira. Ça, Penelope n'arrêtera jamais de le faire. Elle ignore cependant comment lui faire comprendre que lui-même n'a pas du tout besoin d'en faire autant.

“ Be happy. ” Il pourrait mentir, Sylas. Mentir, lui dire qu'il est heureux. Il est à sa juste place, bien entendu. Il est heureux d'occuper cette place. Mais on ne ment pas à ses amis. C'est même ça qui rend les gens amis: l'absence de mensonges. Alors plutôt que de se calomnier, Sylas ne dit rien. Son visage perd un peu de sa jovialité, même, s'assombrit légèrement alors que les mots de Penelope s'enfoncent en lui. “ Be happy, Sylas. That would make me feel better. ” Mais... comment être heureux? Il occupe sa place dans le monde, il est heureux d'aider la société mais ce n'est pas ce qu'elle veut dire. Sylas est perspicace, parfois, dans des moments rapides qui ne se répètent jamais. Il est perspicace alors il sait qu'elle dit ça pour qu'il soit heureux pour lui-même. Pas pour le Gouvernement, pas pour la société, pas pour son métier. Pour lui-même. Et ça, il ne peut pas le faire. Ce n'est pas qu'il n'en a pas envie. Mais il ne peut pas le faire.

Alors il secoue la tête, très légèrement. “ You don't make me sad, though. I don't want you to think that you do Sylas, because really you don't. ” Elle sourit un peu, très légèrement, mais même Sylas il peut voir que c'est un faux sourire, un sourire triste. “ Did you draw the cake-e eshgh? ” Il baisse les yeux sur son doigt, sur son dessin, qu'il avait presque oublié. Il ne sait plus. Qu'était-il en train de faire? C'et quoi, un cake-e eshgh? “ It's a lovely drawing! Would you like to try the real cake some time? ” Il ne dit rien pendant quelques secondes. Pas assez long pour que ce soit trop gênant, mais pas assez court pour que ça fasse naturel non plus. “ Yes, ” finit-il par dire, ignorant si il a le droit de dire non. Il aime bien le gâteau donc de toutes façons, ça ne change pas grand-chose pour lui. “ Are you happy? ” lui demande-t-il en relevant les yeux vers elle. “ You're not happy. Why? What's wrong? ” Il pourrait s'énerver, s'emporter, la maudire de se plaindre d'une vie qu'il ne pourra jamais avoir; mais non, il est curieux, inquiet aussi semble-t-il. Ils sont amis maintenant. “ Do you miss it? ” Il lève la main en l'air, l'agite, pour désigner le monde moldu autour d'eux. “ Running away with thieves and traitors? ”