not yet corpses. still, we rot. — juillet 2007.
tw objectification, prostitution, alcool"
How could I not like it?" La réponse fuse, tranche le peu d'air qui les sépare l'un de l'autre. Angel a un sourire en coin face à cette honnêteté qu'elle n'attendait pas. Les hommes riches qu'elle a pu divertir ont toujours eu des plaintes à formuler, des critiques à exprimer. Leur vie n'est pas assez bien, leur femme pas assez jeune, leur salaire pas assez élevé. Tout ça sous ses yeux à elle, qui se doit de garder un sourire et de faire comme si les entendre se plaindre de leur vie cent fois mieux que la sienne ne lui donne pas envie de les égorger. Shōta continue de la surprendre. "
Got the money, got the girls, got the fame... what else could I possibly want?" Le sourire s'affaisse légèrement alors que la liste continue. La jalousie lui chatouille l'estomac: elle l'envie terriblement, Angel. Ne serait-ce que pour la facilité avec laquelle il lui a répondu. La nonchalance avec laquelle il cite ses privilèges. Angel, elle, ne peut que les effleurer du bout des ongles. Se coller aux vitrines des vies d'autrui et s'abreuver de ce qu'elle voit pour, au mieux, décorer ses songes miséreux.
Ils restent silencieux quelques secondes. Shōta lève la main, la porte à sa joue - les paupières de la harpie papillonnent, apprécie le contact qui lui remet les pieds sur terre elle qui flottait encore quelques minutes auparavant. Les doigts glissent le long de sa joue, et il lui faut quelques secondes pour comprendre qu'il est en train d'étudier le triangle. Il l'effleure avec une délicatesse qu'elle oublie presque le sens de cet atroce symbole. Elle ne comprend pas ce qui le fascine autant chez cette marque qu'elle hait de tout son être. La honte qu'elle a ressortie lorsqu'elle a été marquée est encore fraîche dans son esprit - la blessure n'a jamais cicatrisé, et le couteau continue d'y être planté constamment. Elle a été traitée comme une pestiférée, insultée, chassée - et lui l'effleure avec cette tranquillité, cette fascination qui lui donne la nausée. "
You. Do you like being different?"
La jeune femme est soufflée par la question. Ça se remarque sans peine à l'ombre confuse qui perce le voile noir de ses pupilles. La hyène est soudainement prête à lui sauter à la gorge. Pourtant, quand elle étudie son visage, il n'y a pas de méchanceté ni de malice qui anime les traits angéliques de la célébrité. Juste ... de la curiosité? Non, ça n'est pas ça. Elle n'arrive pas à deviner ce que c'est - cependant, ça suffit à tasser le tsunami de colère qui lui ravage les os. "
Is it so bad being different?" Encore une fois, Angel est désarçonnée. Il s'attend à quoi, comme réponse? Être différent n'apporte jamais rien de bien. Un trop plein d'attention négative.
Un soupir caresse ses lippes où l'on peut encore discerne quelques ruines de glose qui ont survécu à l'alcool, et à la drogue. Les doigts d'Angel vont se mêler à ceux de Shōta, pour les défaire le contact avec la marque (trop vulnérable, trop criarde). "
Depends on who you ask." répond-elle finalement, la voix traînante. Elle pose le dos de la main du sorcier sur sa cuisse, fait des cercles sur sa paume du bout des ongles. Ça l'hypnotise presque. "
Depends on whether you can handle it or not." Les cercles s'arrêtent - l'ongle est pointé au centre de la paume. Angel relève les yeux, les plante dans ceux de Shōta et recommence la danse. L'index court jusqu'au poignet, dégringole jusqu'au milieu de la main. "
I like the freedom I get out of it. It can't get worse when you're already labeled as a monster." La fin de la phrase est soufflée presque sur le ton de la confidence. "
I can be as terrible and miserable as I want." C'est vrai qu'il y a une certaine liberté à se faire traiter comme une paria, une indésirable. On ne peut jamais faire pire que les rumeurs - particulièrement quand lesdites rumeurs portent sur la consommation de nouveaux-nés.
Ce ne sont là que des pensées qui lui permettent de tenir. La vérité c'est qu'Angel déteste bien évidemment cette différence qu'elle traîne comme un poids. Elle déteste ce sang pourri que sa mère lui a légué. Ces canines, et ce poison dans les veines qui l'enflamme tant qu'elle pourrait aussi bien finir en cendres. Des générations et des générations de malédictions, de harpies au caractère aussi imbuvable que l'eau de la Tamise sont inscrites dans ses gènes: elle ne pourra jamais s'en défaire. Elles sont gravées à même le bois de son arbre généalogique.
Yet he dares to look her in the eyes and ask her if she likes it? Poor clueless boy. Dans son privilège, il a au moins le luxe de s'interroger, lui. "
You get a lot of stares. Rumors start to spread. And before you can even blink, you end up on the streets." Une pointe d'amertume souligne les paroles qui sont soufflés du bout des lèvres, l'éternel rictus dégoulinant de sarcasme collé au visage. Retour de question - elle pointe le tatouage du bout de son doigt, délaissant ainsi la main de Shōta. "
Would you like to be different? Do you think it's worth it love?"