tw : bah ça parle mal, quoi…

« Et là, bah j’lui avoue que moi, j’bosse à la Brigade, comme le nouveau perso de Elementary là -vous regardez Elementary, au moins ? Ça devrait te plaire, Buck - et là, tu sais ce qu’elle me sort ? »
Une fesse sur le bord d’un bureau, l’autre contractée dans le vide, dans un équilibre assez précaire, tu plantes tes dents dans le pâté de haggis coincé entre deux tranches de pain. Ton repas de fortune empeste les bureaux de la Brigade, aussi, il ne reste plus que toi et tes deux comparses de glande. Sid était parti faire un tour à la banque de sang, et vu l’afflux qu’il y avait, ces derniers temps, le pauvre bichon allait devoir y faire le pied de grue pendant toute sa pause repas. Tu y serais bien allé à sa place, si ça avait pu te dispenser de rédiger tout un tas de rapports ennuyants à mourir.
Buck et Felix n’avaient pas eu à demander deux fois pour que tu viennes grailler dans leur coin, laissant ton café refroidir sur le parchemin encore vierge.  

Le suspens est à son comble ; s’ils n’étaient pas aussi concentrés sur leur miséreux repas, tu pourrais jurer qu’ils sont pendus à tes lèvres et à ton haleine de ragoût de mouton. C’est que tu leur faisais le récit de ta soirée avec Saracita Kazan et que, pour une fois, ça ne s’était pas soldé sur un échec cuisant. Une raison suffisante pour ménager un tel silence.
Tu t’essuies le bec d’un revers de manche, poses nonchalamment le reste de sandwich sur les papiers du pauvre bougre sur le bureau duquel tu avais décidé de semer tes miettes. « Elle s’approche un peu comme ça, là, avec sa… avec sa robe » Ou plutôt, son absence de robe, à voir comment tes doigts agrippent l’air tandis que tu mimes le décolleté de Sita. « elle s’penche comme ça et elle m’fait » Tu t’interromps encore une fois, le temps d’extirper un peu plus discrètement la flasque que tu gardais dans la poche arrière de ton pantalon. « T’en veux ? Donc oué, elle est penchée là, et elle me regarde avec ses grands yeux là, genre ça brille : oh, Langford, mais c’est fabuleux ! On a tellement besoin de témoignage d’experts qui vont sur le terrain, j’ai tellement à apprendre de vous !! » Tu avais imité avec grand peine un genre de voix fluette, qui n’avait rien à voir avec le timbre de Sita, mais ça, ils avaient pas à le savoir, tout comme ils n’en avaient sûrement rien à faire que tu modifies complètement à ton avantage le discours de ta dernière prétendante en date…

« Et vous m’connaissez, moi, j’aime donner de ma personne ; alors j’lui ai pris la main, comme ça » Tu prends la main de Felix que tu approches dangereusement de ton bec puant le steak et le whisky tiède. « Je me ferais un plaisir de vous montrer mon lieu de travail, très chère » Cette fois-ci, tu as parlé tout bas pour appuyer le velours grave de ta voix. Tu lâches la main de ton collègue (s’il n’avait pas réussi à se libérer entre temps), et bombes fièrement le torse. « Pis après, bah, j’l’ai raccompagné et… et bah on n’a pas baisé… » Ton dénouement retombe comme un vieux soufflet, à l’instar de ton échine qui s’affaisse sur le bureau.

Tu ronges la mie de pain restante sans toucher à la croûte (oui, tu fais partie de ses gens-là). « Et sinon, vous, le cul, ça va ? Vous avez toujours pas réussi à coucher avec vos vampires ? »

tw: objectification, sexisme, yikes

Corban a été clair: le temps qu'on lui trouve un Hound pour remplacer Erika, Buck est coincé dans les bureaux de la VB à faire des dossiers à n'en plus finir, et s'il te plaît, essaye de ne pas faire trop de fautes. Super. Il a encore du mal à croire que sa vieille pote se soit faite arrêter sous prétexte qu'elle était allée faire les courses le mauvais jour de la semaine (pour une représentant des forces de l'ordre, Buck n'a qu'une très vague idée des lois et édits en application dans sa jurisdiction: c'est dire que ça change vite, ces merdes, et qu'il y en a beaucoup - comment est-il supposé se souvenir de tout ça?). Il a pu la visiter rapidement en salle de garde à vue, la vampire n'était pas contente, et l'a supplié de l'aider - en mémoire du bon vieux temps, ça fait quasiment six mois qu'ils bossent ensemble après tout. Buck s'est cassé fissa, gêné. C'était de sa faute d'avoir été mordue à un moment de sa vie, après tout, et sa faute aussi d'avoir enfreint la loi.

En attendant, elle le fait grave chier parce qu'il a le cul collé à sa chaise toute la journée ou toute la nuit selon le shift, et il déteste, déteste, déteste la paperasse. Il déteste écrire, il déteste l'odeur de l'encre, il déteste la regarder sécher. Heureusement pour lui, Corban déteste encore plus lire les dossiers qu'il remplit alors au moins, il n'a pas la pression de devoir en faire des masses. Tant qu'il reste sage assis à son bureau et a l'air de travailler, tout va bien.

Dur dur de se concentrer quand y'a les potos pas loin, ceci dit, et encore plus quand Ford est en train de raconter une de ses aventures qui, apparemment, se serait soldée par une victoire. Une victoire pour l'un, c'est quasiment une victoire pour les deux autres alors Buck est pendu à ses lèvres en essayant de s'imaginer la scène. La meuf qui produit Elementary, en plus, putain, le gros lot (Buck ne sait pas ce qu'est Elementary mais vu comment Ford en parle, ce doit être un big deal).  « Elle s’approche un peu comme ça, là, avec sa… avec sa robe, elle s’penche comme ça et elle m’fait... » Buck a les yeux brillants, se penchent un peu vers son ami, le cul au bord de la chaise. « T’en veux ? - Uh, please." Si ça lui permet de faire disparaître le goût rance de son sandwich trop sec qu'il a fait à la va-vite avant de partir... « Donc oué, elle est penchée là, et elle me regarde avec ses grands yeux là, genre ça brille : oh, Langford, mais c’est fabuleux ! On a tellement besoin de témoignage d’experts qui vont sur le terrain, j’ai tellement à apprendre de vous !! » Buck explose de rire, et commente ce qui paraît évident: "putain mais elle en veuuuut."

Buck rit encore en approchant sa tasse de café, maintenant rehaussée de whisky, de sa bouche, secouant la tête, l'air de dire: classic Ford. « Et vous m’connaissez, moi, j’aime donner de ma personne ; alors j’lui ai pris la main, comme ça. » Et de rire, encore, en le voyant attraper Felix à la volée. « Je me ferais un plaisir de vous montrer mon lieu de travail, très chère. - Casanova, putain. - Pis après, bah, j’l’ai raccompagné et… et bah on n’a pas baisé… » Buck a l'air interloqué. "Attends... quoi? - Et sinon, vous, le cul, ça va ? Vous avez toujours pas réussi à coucher avec vos vampires ?- Attends, quoi?! Mais non, Ford, mais non."

Buck est dubitatif, incapable de trop se concentrer sur le Erikagate (son sujet favori pour se plaindre ces derniers temps) maintenant qu'il a dans la tête l'image de son beau Ford se faisant repousser par sa belle Mamacita. "Attends, rewind, rewind, vous avez pas baisé? Mais pourquoi?! Regarde-toi, le bel étalon, le sang plus pur que pur j'te jure, avec ton petit numéro de Don Juan, là, miam - et elle a dit non?" Il s'en décrocherait la mâchoire, et regarde Felix avec des yeux exorbités. "C'est pas possible. Je refuse, Ford, je refuse. Ou alors tu veux pas nous dire toute l'histoire mais tu sais qu'il faut pas être timide, hein, on est entre amis..." Il adresse un regard complice à Felix - c'est à la bonne franquette, entre eux, comme toujours. "Il faut que tu l'amènes ici, faudra lui montrer comme on sait s'amuser à la VB, hein Felix?"

tw : misogynie, codes sexistes, préjugés à gogo, vraiment yikes

Un jour comme un autre dans le bureau de Buck (quand ce n'était pas le sien ou celui de Ford) ; en un mois, Felix avait naturellement pris l'habitude de déjeuner, en pleine nuit, avec ses collègues favoris, lorsqu'il ne leur préférait pas la conversation de Siham, petite protégée adorée qui, étrangement, évitait de se joindre aux discussions lourdes des trois comparses. Il n'y avait pas à se demander pourquoi, exactement : cette union était des plus chaotiques, et le naturel excessivement sociable de Felix le poussait à se laisser aux réflexions les plus basses, voire les plus insultantes - heureusement pour lui, Otto était coincé dans les sous-sols, et n'avait pas l'ouie fine d'une Bianca dont le masque de dégoût se tirait au fil des nuits passées ensemble.

Felix avait ainsi investi l'une des chaises du bureau, une jambe croisée sur l'autre, son sandwich acheté à la cafétéria reposant au fond de son ventre, cigarette dans une main, café de l'autre, sourire aux lèvres - les volutes de la Red Cat étaient étouffées par un sort anti-fumée, et les problèmes qui en découleraient si on le pinçait, eux, par la marque saillant sur son avant-bras."Elle s’approche un peu comme ça, là, avec sa... avec sa robe, elle s’penche comme ça et elle m’fait..." "T’en veux ?" "Uh, please." Les sourcils de Felix se froncèrent en détaillant la flasque, baissant d'un ton en aparté pour laisser Ford continuer le récit de sa passionnante soirée - dont on ne savait pas encore s'il était réel. "C'est encore son Firewhisky là ?" "Donc oué, elle est penchée là, et elle me regarde avec ses grands yeux là, genre ça brille : oh, Langford, mais c’est fabuleux ! On a tellement besoin de témoignage d’experts qui vont sur le terrain, j’ai tellement à apprendre de vous !!" "Putain mais elle en veuuuut." "Et vous m’connaissez, moi, j’aime donner de ma personne ; alors j’lui ai pris la main, comme ça." La main de Felix fut capturée par la paluche pleine de miettes de son collègue, lui faisant perdre sa cigarette à même le sol lustré du niveau deux. "Putain, Ford", fit-il en détachant son regard de la précieuse, à peine furieux, pour être confronté aux yeux outrageusement charmeurs du sorcier. "Je me ferais un plaisir de vous montrer mon lieu de travail, très chère." "T'as pas dit ça, couillon ?", fit Felix en récupérant sa main pour se pencher et récupérer sa Red Cat, en examinant l'état d'un air autrement plus consciencieux et concentré qu'il n'accordait à ses propres dossiers. "Casanova, putain." "Pis après, bah, j’l’ai raccompagné et... et bah on n’a pas baisé..." Les yeux de Felix s'arrondirent tandis qu'il rallumait sa cigarette du bout de sa baguette. Allons bon : cette histoire était donc vraie, après tout. "Attends... quoi?" "Et sinon, vous, le cul, ça va ? Vous avez toujours pas réussi à coucher avec vos vampires ?" "Attends, quoi?! Mais non, Ford, mais non."

L'attention de Felix se déporta sur Buck, tandis qu'il reprenait une gorgée de café comme on se gavait de thé devant un bon film - ou une bonne histoire, comme celle-ci. "Attends, rewind, rewind, vous avez pas baisé? Mais pourquoi?! Regarde-toi, le bel étalon, le sang plus pur que pur j'te jure, avec ton petit numéro de Don Juan, là, miam - et elle a dit non?" Felix haussa épaules et sourcils avec un air aussi dubitatif que le sien. "C'est pas possible. Je refuse, Ford, je refuse. Ou alors tu veux pas nous dire toute l'histoire mais tu sais qu'il faut pas être timide, hein, on est entre amis..." Des amis, hein ? Felix, sourire aux lèvres, eut un mouvement de tête approbateur : ils se connaissaient peu, avec Buck, et plus vraiment, avec Ford - mais à ce stade, il pouvait bien leur accorder des miettes de son amitié. Le Sang-Pur, le Mangemort et l'Irlandais - un trio de choc, ou le début d'une mauvaise blague dont les relents flottaient sur sa bouche. "Il faut que tu l'amènes ici, faudra lui montrer comme on sait s'amuser à la VB, hein Felix?" "C'est la pire des idées", coupa-t-il net en regardant Buck, secouant négativement le chef, "elles veulent pas ça, les femmes, des bureaux impersonnels et de la paperasse, ça fait rêver qui ? Personne." Il prit la gorgée finale de son café, et se pencha vers le bureau pour reposer la tasse vide. "Toi mon vieux, t'as été marié trop longtemps," fit-il en pointant Ford du bout de ses doigts tenant sa cigarette, tandis qu'il se redressait, "tu sais plus comment t'y prendre. Tu lui as dit que t'étais Sang-Pur, déjà ?"

Ses yeux clairs remontèrent jusqu'à son vieil ami d'un air interrogateur ; comme si Felix, après le fiasco Alice et les nombreux autres qui avaient suivi, semant derrière lui nombre d'amants et amantes remonté.e.s, était un spécialiste en matière de première approche. "Envoie-lui un hibou, ou, t'as sa fréquence cristal ? Demain tu lui proposes un rencard, et pas au N2 ou dans un pub miteux, non, tu vas l'emmener à dîner dans un restau pas trop mal, mais pas trop guindé non plus, un truc italien ça fera l'affaire." Elle avait un prénom à l'italienne, en plus - peut-être que ça lui rappelerait le pays ; la main de Felix tapota la jambe de Ford sous l'exposition de ce plan simple et efficace. "Elle va dire oui, obligé, t'as été un gentleman - vous discutez, vous rigolez, et en fin de soirée, tu lui proposes d'aller chez toi boire un verre, Firewhisky ou jus de citrouille, ça dépend si elle est regardante ou pas... Tu lui montres ton manoir, ton uniforme, et là boum, l'affaire est dans le sac, mon vieux." Il ouvrit les mains d'un air assuré, en se laissant de nouveau aller au fond de sa chaise empruntée, ses yeux rivés sur Ford coulant jusqu'à Buck - un plan en béton armé, pour sûr, et sa chaise, en guise d'approbation, grinça sous son poids à ces mots.

tw : sexisme, préjugés, misogynie etc

Ce dont tu te lasseras jamais, avec Buck et Felix, c'est de leur propension à s'investir émotionnellement dans chacune de tes histoires. Le reste du temps, ton auditoire (masculin, hein, on va pas se mentir) se composait essentiellement d'habitués lassés par tes récits sans queue ni tête, ennuyés voire pressés que tu en finisses, pour pouvoir te congédier, pour pouvoir prétexter une excuse (quand ils étaient polis). Tes ex-compagnes et tes enfants venaient grossir les rangs, le regard toujours un peu soucieux, toujours un peu ailleurs, refusant de prêter une oreille attentive, mais toujours là, par hasard ou par politesse.
Bref, rien qui ne constituait des réactions aussi priceless que celles de Buck, ou des conseils aussi sages que ceux de Felix.

« Hééé si, je sais que c'est difficile à croire, Bucky, mais c'est comme ça... j'vais pas forcer, t'sais... que tu expliques, le regard bas, visiblement peiné, prouvant ainsi que la Sita valait la peine que tu essuies un refus aussi vexant. T'sais bien que si ça avait été plus loin, vous l'auriez su direct... » Pour ne pas dire que tu avais été à ça de les faire assister en live à ton rendez-vous, voire même à son issue, si elle avait été plus généreuse.

« Il faut que tu l'amènes ici, faudra lui montrer comme on sait s'amuser à la VB, hein Felix? - C'est la pire des idées. On n'a jamais vu un visage s'illuminer puis se ré-éteindre aussi sec. C'est que ça va pas arranger ton histoire, si tes deux anges de l'amour se mettent pas d'accord. Si tu appréciais le fait que Buck aille dans ton sens, c'était jamais bon signe que Felix, lui, prenne la direction opposée. Toi mon vieux, t'as été marié trop longtemps. - Ouais 'fin toi, je sais même pas si t'as été marié... que tu grommelles. Tu sais plus comment t'y prendre. Tu lui as dit que t'étais Sang-Pur, déjà ? Tu vas pour rétorquer aussi sec que c'est même la première chose que tu lui as dite mais tu t'arrêtes direct, incapable de savoir si tu avais pris le temps de préciser cette information. Jusqu'à présent, tes deux mariages avaient été arrangés, aussi, c'était un bail qu'on avait même plus besoin de préciser à ta future moitié puisque c'était la raison même de votre rencontre... Ah, comme quoi, il marquait un point, le Wickham ; c'est pas tant que tu avais été marié trop longtemps que t'avais jamais rencontré spontanément de futures femmes... Bah j'crois ? C'était genre... une soirée pour sang-purs célibataires, nan ? que tu leur demandes, bien que ce soit Lance Farrow qui t'ait branché sur le coup. Après, on n'était pas à l'abri d'un sang-mêlé vénale qui aurait voulu profiter de cette piscine de pureté... merde. «Bah j'lui dirai la prochaine fois, voilà ! »

Ceci dit, il en faut davantage pour ébranler le plan ingénieux de Felix. Tu l'écoutes avec l'attention d'un puits, à ça de prendre des notes sur l'un des dossiers du pauvre bougre dont tu squattes le bureau. De temps à autres, tu les régales de petits commentaires fort intelligents, du genre « Ah ouais demain, direct ? », « Un italien, ouais, y'en a un dans une rue pas loin, là... », ou encore « Ah ouais, j'lui ai déjà dit que j'avais une grosse baraque... » Un manoir, nan mais l'autre ! T'as un château ; en ruines, mais un château quand même. « Nan mais ouais t'as raison, t'as raison... Tu t'agites à ta place, te voyant déjà lui faire face dans un petit restau sympa. Mais après... j'aimais bien l'idée de lui montrer la Brigade, ça peut être marrant, et pis, elle bosse sur un show qui en parle, du coup elle serait pas tant surprise que ça, nan ? Tu te penches en avant, dans leur direction, pour établir la suite de votre plan. Moi j'dis, on essaye d'en éloigner deux-trois qui pourraient poser problème genre... Sid -il est d'un naturel jaloux, Reinir, là, et pis bah Kalen, parce qu'il voudrait pas de visiteurs, et la voie est libre ! Franchement, c'est pas si pire ; on aurait pu faire partie de la BPM, ah ! Tu te marres de bon cœur, convaincu que tu étais que la Police Magique ne servait à rien. Quand tu t'es un peu calmé (et que tu as bien émietté ton sandwich autour de toi), tu finis par poser la question qui te démange, vu qu'il était question d'hybride plus ou moins indésirable : D'ailleurs, c'en est où avec ton hound, Buck ? »

tw: misogynie, mention de suicide, objectification, langage cru, psychophobie, etc

Il y avait quelque chose de bizarrement exaltant à écouter les aventures de Langford, pour s'en gausser mais surtout pour pouvoir se rassurer à la sauce: putain moi au moins j'en suis pas encore là. Mais moins d'une décennie le séparait à peine de Buck, et chaque année s'ajoutant au compteur rappelait douloureusement à ce dernier à quel point ils étaient tous les deux semblables et comment son reflet lui ressemblait de plus en plus dans le miroir. Que ce soit le bide, la ligne des cheveux se faisant la malle ou les cernes violets-noirs devenant de plus en plus dominants sous les yeux - voir Langford écarquiller les yeux en suivant les conseils avisés de Felix lui aurait presque fait mal au coeur si il n'avait pas eu son café-whisky bien en main.

La brûlure de l'alcool lui descendant jusque dans l'estomac lui fait un bien fou, et stabilise un peu son humeur qu'il sent déjà volatile et prête à exploser. Autant se concentrer sur les rires partagés entre potes, et s'éloigner gentiment de cet immense nuage dangereux menaçant de faire virer sa journée dans l'autre sens. Buck grogne et approuve après les recommandations de Felix, peut-être un peu surpris que celui-ci semble si bien s'y connaître - il l'avait toujours cru de l'autre équipe, tiens, bon, pourquoi pas.

« Mais après... j'aimais bien l'idée de lui montrer la Brigade, ça peut être marrant, et pis, elle bosse sur un show qui en parle, du coup elle serait pas tant surprise que ça, nan ? - Un show qui en parle?" Buck balaye les bureaux du regard, en se demandant ce qu'il y a de glorieux à ce qu'ils font... il peut comprendre que le Prophet et que ce fils de pute MacMillan parvienne à transformer leur travail en quelque chose d'héroïque mais il doute que ça passe mieux à l'image. Quoiqu'avec la belle gueule d'une Shacklebolt ou d'un Purville, tout semble possible...  « Moi j'dis, on essaye d'en éloigner deux-trois qui pourraient poser problème genre... Sid -il est d'un naturel jaloux, Reinir, là, et pis bah Kalen, parce qu'il voudrait pas de visiteurs, et la voie est libre ! Franchement, c'est pas si pire ; on aurait pu faire partie de la BPM, ah ! » Et bosser pour Travers... Buck grimace à cette perspective. "T'inquiète, j'm'en occuperai de tout ça, j'sais le gérer, le p'tit Kalen." Ce dernier avait depuis longtemps abandonné l'idée de le faire virer, mais pas de le remettre sur le droit chemin - et Buck n'aimait rien de plus que de jouer à panpan cucul avec lui, quoique ça semblait exciter Yaxley plus que lui au final. "On filera un morceau d'os à Johnson," (il avait depuis longtemps abandonné l'espoir d'un jour correctement prononcé le nom de famille de Reinir, qui commençait par un J et non un Y, merci) "et l'autre, euh, bah, t'inquiète, j'm'en occupe." Quitte à le prendre à bras-le-corps... le rêve.

Buck finit son café et en regarde le fond avec mélancolie, jetant un coup d'oeil curieux vers la flasque de whisky de Langford en une demande silencieuse. « D'ailleurs, c'en est où avec ton hound, Buck ? » Brève grimace; il tend sa tasse en réponse et avale une gorgée d'alcool une fois servi avant de répondre. "Elle a été virée." Ou envoyée quelque part dont elle ne ressortira pas, Buck n'a pas demandé plus de précisions à Corban. Elle va lui manquer, elle était marrante. Et puis l'uniforme de la VB lui donnait un magnifique cul. "Corban m'a dit que... p'tet qu'il allait..." Il prend une gorgée de courage liquide pour stabiliser sa voix qui menace de se faire la malle. "P'tet qu'il allait m'assigner Seghezza. T'sais, l'autre folle, là." Pas besoin de le préciser: il y a que la fameuse vampire pour porter un nom pareil avec autant de consonnes, et sa réputation n'est plus à refaire.

Buck regarde son fond de whisky avec l'espoir de s'y noyer. Tout le monde sait que la vampire est complètement tarée, violente et dangereuse, et que la plupart des Handlers qui travaillent avec elle finissent par craquer d'une manière ou d'une autre. Buck n'en est plus à un craquage prêt, c'est certain, mais quand même. "Putain." Buck se passe une patte sur le visage, dans les cheveux, les ébouriffant un peu en espérant cacher sa calvitie précoce. "Si vous avez des conseils, les potos, moi j'suis preneur," souffle-t-il en relevant des yeux écarquillés vers Ford et Felix. "J'ai entendu dire qu'elle avait poussé Hylden à se jeter par la fenêtre de chez lui - en seulement trois jours. C'est des cracks, hein, c'est pas vrai, hein?"

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"Mais après... j'aimais bien l'idée de lui montrer la Brigade, ça peut être marrant, et pis, elle bosse sur un show qui en parle, du coup elle serait pas tant surprise que ça, nan ?" "Un show qui en parle?" "Très mauvaise idée", commenta Felix sans préciser s'il s'agissait de la visite à la Brigade ou d'un show les concernant – les deux, quand bien même il aurait rêvé de fanfaronner sur les ondes pour mieux le montrer à Vic et Gabe. Papa est sur les ondes cristal ! « D'ailleurs, c'en est où avec ton hound, Buck ? » "Elle a été virée." Oh. Tout le monde (même Langford, c'était dire) savait ce que virée signifiait pour un Hound. Felix se demanda, au-dessus de sa tasse fumante, s'il allait voir apparaître le visage d'Erika sur sa boule cristal aux prochaines Battues. "Corban m'a dit que... p'tet qu'il allait... P'tet qu'il allait m'assigner Seghezza. T'sais, l'autre folle, là." Cette fois, Felix recracha sa bouffée de cigarette, les yeux ronds comme des billes. "Tu déconnes ?" Sa Lucia ? Elle avait encore usé un Handler ? Cette sale gosse n'arrêtait jamais, pensa-t-il avec avec une expiration amusée qui semblait en apparence répondre à la réplique inquiète de Buck.

"Putain." Buck se passe une patte sur le visage, dans les cheveux, les ébouriffant un peu en espérant cacher sa calvitie précoce. "Si vous avez des conseils, les potos, moi j'suis preneur. J'ai entendu dire qu'elle avait poussé Hylden à se jeter par la fenêtre de chez lui - en seulement trois jours. C'est des cracks, hein, c'est pas vrai, hein?" Felix sonda un instant l'air penaud de Buck, puis déposa sa tasse de café sur un coin de table, poussant une pile de dossiers avec la mention « URGENT » tamponné en une encre carmin. "J'suis sûr qu'il avait le cœur fragile, pas comme toi mon grand," répondit Felix en abattant sa main fraîchement libre dans le dos large de Buck, une bonne claque pour secouer sa carcasse de sensible – Felix n'avait aucune idée de qui était Hylden, mais il y avait à parier qu'il avait eu la peau plus dure que le petit James, qui semblait présentement vouloir se noyer dans son fond de whisky. "Pour les conseils, de Handler à Handler..." Les doigts de Felix s'enroulèrent autour de l'épaule opposée de Buck, tandis qu'il se penchait légèrement vers ce dernier d'un air de conspirateur. "Lui tourne jamais le dos. J'ai fait cette erreur le premier jour avec elle, et devine quoi ?" Une demi-seconde de silence, sondant les yeux barbouillés de Firewhisky de Buck, pour le suspense. "Elle a sorti les crocs et elle m'aurait bouffé juste là, dans le couloir", Felix indiqua ledit couloir à l'extérieur du beau de sa main tenant sa cigarette, "si un collègue m'avait pas sauvé le cul... Là, juste là," insista-t-il en jetant un œil dans la direction de son crack, l'air grave et dépité.

Lucia n'avait, bien entendu, jamais esquissé le moindre geste envers lui, ou envers qui que ce soit à la Brigade, et Felix éprouvait pour la vampire un attachement net – elle avait été sa première Hound, une relique d'une époque de joie, avec qui il avait formé une équipe de rêve (selon ses propres termes et les volutes de sa mémoire déformée par le temps et l'éclat carnassier des sourires de Lucia, qui lui rappelaient parfois les siens). Il aurait été presque jaloux de Buck, qui héritait de l'hybride la plus costaude de la Brigade.

Felix relâcha son collègue et se redressa pour reprendre son bras tendu vers le lieu du (presque) crime, portant sa cigarette à ses lèvres. "Mais à part ça, si tu fais gaffe et que tu gardes toujours ta baguette en main, même quand tu dors, il devrait pas y avoir de problème." Et il eut pour Buck un sourire de renard faussement rassurant, derrière la fumée de sa Red Cat.

"T'inquiète, j'm'en occuperai de tout ça, j'sais le gérer, le p'tit Kalen." Tu fiches une tape sur l’épaule de Buck pour le remercier. "Ah! c’est pour ça que t’es le sang, toi! Fais gaffe à pas lui foutre la puce à l’oreille; autant Kalen, il a l’air de bien t’aimer, mais son frangin, je sais pas, j’pense il t’aime vraiment pas..." Pendant quelques secondes aussi courtes que ton attention span, tu fronces les sourcils soucieusement. C’est que Buck répétait à qui voulait bien l’entendre que lui et Corban étaient copains d’école, mais tu ne lisais définitivement pas que des bons souvenirs de promo dans les yeux noirs de Corban, quand ils se posaient sur Buck (ou plutôt quand ses yeux poignardaient Buck). Et toi, bonne poire, ça te faisait de la peine, parce que tu voulais pas que Buck se fasse des illusions, à mille lieux de t’imaginer que c’est toi qui avais pas capté la nature de leur dynamique.

Le sujet de la conversation prend un tournant, si ce n’est un poil plus sérieux, un peu moins grotesque que tes rendez-vous amoureux.
"Elle a été virée. Corban m'a dit que... p'tet qu'il allait... P'tet qu'il allait m'assigner Seghezza. T'sais, l'autre folle, là." "Tu déconnes ?" Tu siffles derrière tes dents, loin de le rassurer. Ça aurait été peine perdue, de toute façon, Buck était peut-être pas le plus vif de vous trois, mais il n’était pas suffisamment à la ramasse pour ne pas savoir dans quel pétrin il allait se fourrer. "Mais quoi?? Tu peux pas refuser?? Nan j’suppose que tu peux pas refuser..." Vous restez tous les trois silencieux pendant un moment, Buck reluquant le cul de son verre, toi et Felix pas loin de faire pareil par-dessus son épaule. "Ah ouais, il t’aime vraiment pas, Yaxley..." Tu lui fais une brève et molle tape dans le dos, cherchant quoi dire au fond des yeux bleus et chafouins de Felix qui, une fois encore, prouve qu’il est le neurone du trio.

"J'suis sûr qu'il avait le cœur fragile, pas comme toi mon grand." "Mais ouais voilà, il avait rien dans le bide, Hylden... et j’crois que sa femme venait de le quitter..." improvises-tu, l’air peu assuré.
Ceci dit, les propos rassurants de Felix tournent court, puisqu’il se met à lui expliquer qu’entre autres, il ne fallait en aucun cas tourner le dos à Lucia. Tu réalises soudain que tu avais dû frôler la mort un nombre incalculable de fois, pour toutes ces poignées de secondes où tu te faisais un malin plaisir à tourner le dos à la belle, juste pour rouler des mécaniques, et ainsi attirer un tant soit peu son attention (oui, tu aimes le danger, c’est pas pour rien que tu avais survécu à Sid qui, s’il n’était pas le plus puissant des vampires, était somme toute le plus impressionnant). "Ah— ah ouais?" Bon public, tu es le premier à croire les bêtises de Felix qui n’en démord pas. On voit presque l’information se frayer douloureusement un chemin jusque dans ta cervelle, pour y être traitée et jugée comme de la merde; une conclusion qui éclaire ton œil vitreux, tandis que tu rattaches les wagons. Un petit coup de coude complice dans les côtes de Felix, au nez et à la barbe de votre comparse en détresse. "Ah mais oui, y’a un de ses ex," handler, qu’à cela ne tienne, "qui m’a dit que si tu croises son regard et que tu clignes des yeux, t’as l’impression qu’elle se rapproche au fur et à mesure!" Tu rajoutes une couche des plus malvenues, en fixant à ton tour le troisième bougre.

Tu lui prends la main et la serres chaleureusement. "Ça aura été un plaisir de bosser avec toi, Bucky; si jamais tu sais pas quoi faire de ta chope de bièraubeurre édition limitée, sache que je saurais quoi en faire pour commémorer ta soif de vivre..." Et de lui rire au pif sans vergogne, jusqu’à ce que tu t’étouffes dans ta propre salive arrière-goût vieux sandwich et whisky cheap. "Mais t’as dit tu l’gères bien, Kalen, y’a pas moyen qu’il t’échange Seghezza contre... euh, je sais pas, à ce stade, même Bairagi c’est bien, t’sais! Hop, en tsoum-tsoum, dans le dos de son grand frère! Elles font toutes les deux la même taille, et tout le monde sait que Corban est infoutu de différencier les hounds; il y verra que du feu! J’ai pas raison?"