tw:mention de mort

"Going somewhere?" Noam s’est retourné dans un sursaut en entendant des bruits de pas dans son dos, précédant le parfum reconnaissable entre mille de Kad lui titillant les narines - comme toutes les odeurs, désormais. Leurs yeux se baissent de concert sur le paquet de beef jerky que le lycanthrope tient entre ses doigts, et la honte ne cherche même pas à s’installer dans sa boîte crânienne ; il habite ici, il a bien le droit de taper dans les réserves sans avoir à prévenir personne. Même s’il s’agit du troisième paquet qu’il fourre dans son sac à dos sans la moindre hésitation, un fin sourire habillant ses lèvres lorsqu’il le jette sur son dos pour libérer ses mains. "Yeah, I’ll be back in a couple hours, I think, maybe", signe-t-il en retour avant de jeter un coup d’oeil aux étagères exposées à son regard et de se saisir d’une canette de boisson énergisante, puis une autre, le tout finissant rapidement dans les larges poches de son jogging. "Are you sure you’re alright?" L’insistance de Kad le tend un bref instant, et malgré tous ses efforts pour le dissimuler, Noam ne peut cacher la contraction visible de sa mâchoire et son pincement de lèvres. "Of course I am bro, what’s with the sudden worry?" La réponse de son camarade ne l’intéresse pas, aussi le sorcier détourne le regard avec un manque de discrétion certain, se dirigeant d’un pas empressé vers la sortie de la tente qui leur sert de réserve. Il sait très bien ce qui motive Kad à venir vérifier que rien ne cloche ; il l’a déjà entendu de la part de Tony, de Sam, même de Sohan, en partie d’Ethan. Et Noam n’a aucune envie d’expliquer pourquoi il est passé d’une incapacité à quitter son lit, à celle de rester toute la journée à Dagobah ; peut-être lui-même peine à comprendre pourquoi son coeur remonte jusque dans sa gorge dès qu’il aperçoit Simon. Il est vivant, Ethan est heureux, c’est tout ce qui compte, non ? Putain que c’est ridicule, il y a tellement, tellement plus grave - ses amis blessés, la libération, le deuil de Lee à faire. "Hey, and don’t fucking snitch on me, okay? You never saw me here", ajoute Noam avec un sourire en coin, avant de définitivement tourner les talons et s’enfuir pour de bon, les poches et le sac sur son dos remplis de vivres.

En quelques transplanages, l’ancien Poufsouffle apparaît enfin dans la forêt isolée du Nord de l’Angleterre. Il ne pensait pas s’y retrouver de nouveau un jour, pas même après s’y être rendu la semaine dernière. Il avait une bonne excuse : s’assurer que Sav était bien en vie, après l’avoir mené sur la berge de l’île des horror games. Il a tellement traîné la certitude de l’avoir condamnée, en n’insistant pas pour l’embarquer sur le Tempest, qu’il lui fallait absolument la retrouver, d’une façon ou d’autre autre. Et il faut croire que commencer par retourner au point de rendez-vous où ils se retrouvaient à une époque pour baiser n’était pas si absurde que ça.

Qu’est-ce qu’il fout encore là ? Il n’a, de plus, aucune assurance qu’elle s’y trouvera encore, ni qu’il sera bien accueilli. C’est probablement une connerie doublée d’une perte de temps, mais l’idée même de se retrouver une fois de plus à courir seul dans les bois entourant Dagobah lui est insupportable ; il a donné, ces dernières semaines, dans le footing solitaire, jusqu’à en perdre le souffle et l’envie totale de bouger. Noam n’a plus envie d’être seul, autant qu’il n’a pas envie de rester chez lui, ou de chercher de la compagnie auprès de ses quelques amis de l’Ordre, qui lui rappelleront indéniablement la perte de son ami. Fuck that. Peut-être également une part de lui a l'impression que ne pas laisser Sav crever dans un coin est sa responsabilité, et qu'elle est un peu comme lui, seule.

Ses pas le guident tranquillement jusqu’à la tente où il espère trouver un semblant de compagnie, et il profite de sa marche pour ouvrir l’une des canettes de Red Bull, pimentée d’une larme ou deux (ou trois) de Firewhisky. Ce n’est qu’en arrivant près de sa destination qu’il a la confirmation que la Halfer est bien là, comme il l’espérait - elle a une odeur similaire à celle de Logan, presque une odeur de louve, sans l’être complètement, et le lieu embaume trop cette effluve particulière pour qu’elle ait quitté les lieux. Sans trop hésiter, Noam repousse du revers du bras la toile pour se créer une ouverture et pénétrer dans la tente, avant de manquer de lâcher sa canette en se retrouvant nez à nez avec un couteau pointé dans sa direction. "Hey! Wow! Calm the fuck down, it’s just me!", s’exclame-t-il, les yeux arrondis en dévisageant Sav et son habituel air peu aimable, les bras en l’air pour prouver son innocence. "I even brought snackies, see?", ajoute Noam en se retournant de moitié pour montrer son sac à dos d’où s’échappe le parfum particulier de la viande séchée.

tw:mention de mort, langage cru

"Fucking dumb fuck, fucking fuck shit, asshole fucker !" La voix rageuse de Savage retomba dans un silence assourdissant – elle retint jusqu'à son souffle après cette poussée de fureur, ses yeux rivés sur la pointe de la baguette enfoncée sur la chaîne encrée sur son poignet. Rien. Rien. Un hurlement féroce éclata sous la tente et dans un même mouvement, Savage se leva pour jeter la baguette avec force : le morceau de bois rencontra la toile de la tente avec un pof mou et peu convaincant. Fuck! La Halfer éructa une autre série de "FUCKING SHIT WAND!" avant d'envoyer valser la table basse du refuge d'un violent coup de pied : cette fois, l'objet s'écrasa en un craquement satisfaisant, en parfait accord avec son humeur massacrante.

Quelle était cette merde gigantesque qu'on lui avait chié sur la gueule ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à activer ce putain de tatouage magique, avec cette putain de baguette magique censée être bonne à autre chose que de se gratter le cul ? Serrant les mâchoires jusqu'à s'en faire sauter les molaires, Savage baissa les yeux sur les deux maillons brisés sur sa peau éraflée par le soleil. Dans ces lignes se trouvait la clé qui la mènerait à Numa, de malheureux petits chiffres qui, mis bout à bout lui indiqueraient les coordonnés de son dernier espoir – s'il était encore vivant, entendit-elle résonner dans son torse, une boule serrée éclatant dans sa gorge qu'elle déglutit avec peine, détournant brusquement les yeux de ce qui n'était, depuis quelques jours, qu'un bête tatouage lui rappelant la plus cuisante des défaites de son existence.

Elle avait transplané dans leurs anciennes planques, manqué de se désartibuler à deux reprises ; elle qui n'avait jamais été brillante en magie ne s'inquiéta pas de ces maladresses dangereuses, répétitives, et persista à chercher Numa au détriment de sa vie. Cette dernière ne valait plus grand-chose, depuis la fin des Battues – les nuits où elle parvenait à s'endormir, Savage se réveillait en sursaut, aveuglée par un éclair vert, hantée par le regard sans vie d'Aoife, la silhouette immobile de Sofiane.
Elle les avait détruits, puis tués un à un : Savage ne carburait plus que sur cette horreur qu'elle avait déclenchée, à elle seule, et puisait ses dernières forces dans l'abattement de savoir qu'elle était l'unique responsable de la perte des siens. Il lui fallait en avertir Numa, lui cracher leur mort, et ensuite - et ensuite ? Voir Numa renaître de ses cendres et rassembler leurs dernières forces, chasser l'ombre morbide planant sur elle, faire disparaître la morsure brûlante sur son torse, enterrer leurs morts.

Des bruits de pas la tirèrent brusquement de ses pensées morbides, faisant tourner sa frustration en un sentiment d'urgence : Savage se saisit du couteau suisse laissé sur une table survivante et fila se tapir contre la toile de l'entrée, juste à côté de l'ouverture rabattue de la tente. Elle fronça les sourcils devant l'odeur familière, un mélange de loup, de sueur et de Firewhisky – une odeur bien trop forte, dégageant ses dernières cellules grises. Elle bondit sitôt que l'intrus pénétra à l'intérieur de sa planque.

L'éclat torve des yeux écarquillés de Noam la frappa avec autant de virulence que l'effluve peu ragoûtante qui émanait de lui. "Hey! Wow! Calm the fuck down, it’s just me!" "So what?" Savage garda le couteau pointé sur sa gorge, détaillant sans comprendre pourquoi elle devait baisser sa garde devant lui. Quand bien même il l'avait aidée à s'enfuir de cette île de l'enfer, il pouvait toujours décider de la lui mettre à l'envers – on n'était jamais trop méfiante lorsqu'on était recherchée à la fois par les cons du gouvernement et les cons de la résistance. "I even brought snackies, see?" Snackies ? Le regard de Savage coula malgré elle vers le sachet, et l'odeur de loup puant céda la place au délicieux fumet de viande séchée en un battement de cils.
Son estomac s'exprima en un grouiiic retentissant en un écho assourdissant dans le silence soudain de la tente. Depuis quand n'avait-elle pas mangé ? Elle avait pris un lapin, quelques jours plus tôt, mais depuis ? Sa quête désespérée lui avait fait perdre le compte des repas et des nuits.

Elle arracha le sachet des mains de son invité pour s'accroupir sur place, ses sourcils froncés en fouillant avec fièvre dans le sac, en ressortant les morceaux de jerky, son couteau dans l'autre main. "What the fuck are you doing here?" fit-elle en ravalant difficilement sa salive, relevant les yeux vers l'intrus en mordant dans la viande sèche sans grâce et sans gratitude.

tw:Langage cru

Holy shit. Ce n’est pas la première fois que Noam se retrouve avec une arme pointée droit sur lui, ou même plus exactement menaçant d’ouvrir sa gorge en deux au moindre geste ; mais il est bien obligé de reconnaître que Sav est terrifiante à le dévisager ainsi, son regard à moitié couvert par le rideau de cheveux gras lui tombant devant le visage. Non, ce n’est pas tant la menace de la lame pressant la peau de son cou qui lui fait retenir son souffle, que la lueur de haine logée au fond des pupilles de la Halfer, un scintillement fou, animal, qui fait douter un instant le sorcier. Peut-être bien qu’il n’aurait en effet pas dû se pointer ici, et que Sav va faire sécher son cadavre quelque part dans la tente pour le bouffer après avoir fini les réserves dans son sac.

Mais le fil de ses pensées est interrompu par ce qui ne peut être autre qu’un gargouilli sonore, et s’il n’avait pas un couteau sur sa gorge, Noam manquerait presque de rire au ridicule de la situation. Cela ne l’empêche pas d’avoir un spasme, presque un sursaut de surprise (dirait-il, de panique en réalité) lorsque la sorcière lui arrache sans plus de cérémonie le paquet de viande séchée des mains et s’accroupit devant lui. "Wow, you’re welcome", souffle le lycanthrope en détendant ses muscles, sa main désormais libre venant frotter contre sa nuque en un geste d’apaisement, comme s’il venait d'échapper à une morte certaine. Il balaye du regard la carcasse amaigrie de Sav - non pas qu’elle a jamais eu beaucoup de viande sur le squelette, mais il a vu son corps sous suffisamment d’angles par le passé pour remarquer qu’elle a l’air d’être dans un état déplorable. Et lorsqu’elle relève ses pupilles dans les siennes, ses yeux se posent d’eux-mêmes sur la triangle défigurant sa joue. Il l’a déjà remarqué, la première fois qu’il est venu lui rendre visite, et déjà, il n’avait pu s’empêcher de fixer le tatouage magique avec une boule terrible au ventre. Les mêmes questions qu’ils s’étaient posées alors fleurissent de nouveau dans son esprit : est-ce que cela fait aussi mal qu’on le raconte ? Est-ce que la marque la brûle toujours ? Est-ce que cela fait plus mal que les crocs d’une bête féroce ? Ce n’est certainement pas la première fois que Noam a l’occasion d’observer les triangles que le gouvernement distribue comme des petits pains à chaque hybride tombant entre leurs griffes, loin de là. Et en réalité, sa curiosité naturelle l’a déjà poussé à obtenir les réponses à ces questions déplacées, auprès d'autres fugitifs dont il a croisé la route.

Mais les choses sont différentes désormais. Le regard de Noam ne détaille plus une énième atrocité inhumaine imposée par le régime. Il observe un reflet de ce qui pourrait lui advenir, à lui aussi, si les griffes de l’ennemi se refermaient sur lui. "What the fuck are you doing here?" Les pupilles du résistant s’arrondissent, et il détourne un instant les yeux, de peur que Sav s’énerve d’autant plus en surprenant son regard dévisageant son tatouage, faisant mine d’inspecter la canette dans sa main. "Making sure you don’t fucking starve, apparently", offre-t-il comme réponse hasardeuse en portant la canette de Redbull relevée au Firewhisky à ses lèvres pour en prendre une rasade, avant de revenir à la Halfer. Bon, le beef jerky semble l’avoir plus ou moins stabilisée ; Noam n’attend pas qu’elle l’y invite pour s’asseoir devant elle en tailleur, et de sortir la deuxième canette de sa poche pour la poser entre eux. "Fuck, you know it won’t disappear if you don’t fucking destroy it in five seconds, right? Plus I still have some more, so don’t fucking choke on some jerky." En dépit de l’odeur de cadavre, de l’apparence de cadavre, du regard de cadavre (et accessoirement du tatouage sur sa joue), Sav n’a pas vraiment changé depuis la dernière fois où il l’a aperçu, avant les horror games, avant cette unique fois il s’est rendu de manière inespérée dans cette tente, avec l’espoir d’avoir la confirmation qu’elle était bel et bien en vie. Et Sav n’a pas l’air tout à fait en vie, mais pas tout à fait morte non plus ; elle est toujours aussi aimable et chaleureuse qu’une porte de prison, elle donne toujours l’impression d’être capable de tuer qui que ce soit avec son petit doigt. Ces simples détails, quelque part, rassurent Noam. D’autres néanmoins, alourdissent son cœur par trop sensible aux autres, malgré ce qu’il veut bien en dire, s’ajoutant sur l’instant à ses propres peines qu’il tente tant bien que mal d’oublier en vagabondant à droite à gauche - en se rendant ici.

"I just came to check if you were still alive, ‘cause, you know, I saved you from Hell, remember?", finit-il par dire en étendant une jambe sur le sol pour se mettre plus à l’aise, s’appuyant de sa main sur le sol. Ses yeux reviennent un instant au sachet de viande en train de se faire littéralement aspirer par Sav, et malgré le fumet par trop délicieux qui s’échappe du met de fortune, il se retient de tendre la main pour en prendre un bout - il est à peu près certain qu’elle le mordrait. "But uh, hey, you’re doing alright. You don’t look like a fucking zombie sucking out some brain at all, so there’s that." Ses lèvres s’étirent en ce sourire innocent et amusé (pour ne pas dire idiot) qu’on lui connait bien, qu’il vient faire disparaître brièvement derrière sa canette pour en reprendre une gorgée. "Why the fuck you’re still here, though? I thought you’d be long time gone from this shithole", demande-t-il en la désignant du menton. Il se doute de la réponse, elle est loin d’être la seule dans cette situation, mais il ne peut s’empêcher de poser la question. "If you need a real place to crash and, you know, to shower, I don’t know, we’ve got some extra tents now with the whole shitshow. Just saying."

tw:langage cru

"Making sure you don’t fucking starve, apparently." L'odeur sirupeuse du Firewhisky et du Redbull manquaient de couvrir le fumet délicat du jerky, détournant l'intérêt (déjà limité) de Savage de la raison de sa venue dans sa planque – bien, il n'était pas là pour lui chercher des noises. Satisfaite par cette absence d'hostilité, Savage détourna le regard de Noam et de ses effluves d'alcool pour mieux le rediriger vers le sachet de jerky, le laissant s'asseoir sans broncher. Pas d'animosité ni de sympathie de son côté, également ; elle avait autre chose à faire (manger) et reprendrait le cours de ses activités sitôt qu'elle serait repue. "Fuck, you know it won’t disappear if you don’t fucking destroy it in five seconds, right? Plus I still have some more, so don’t fucking choke on some jerky." Seul un bruit de mastication furieuse lui répondit : les sourcils froncés, Savage songeait à sa baguette cassée et à ce putain de tatouage à la con qui ne fonctionnait plus. Comment allait-elle retrouver Numa ? La perspective de sa mort était repoussée avec violence par son esprit éreinté par les disparitions successives des leurs – et par l'intime conviction que Numa était éternel.

L'autre continuait de parler, un bruit de fond venant asticoter le fil de ses pensées sans les déranger pleinement."I just came to check if you were still alive, ‘cause, you know, I saved you from Hell, remember?" Un bruit de moustique, que Savage écrasa du plat de la main dans sa cervelle ruminant la marche à suivre pour retrouver le boss, alimentée par le deuxième morceau de viande qu'elle attaqua par les canines avec la même véhémence que le précédent. Cela lui rappelait les journées musclées où son ventre criait famine : un instant, Savage fut assise au cœur de la forêt dans leur campement de fortune, en train de satisfaire une faim tenace de viande grillée. "But uh, hey, you’re doing alright. You don’t look like a fucking zombie sucking out some brain at all, so there’s that." Savage considéra Noam du coin de l'oeil, incapable de dire s'il plaisantait ou s'il venait littéralement de la traiter de zombie – qu'importait : elle n'avait pas le temps, pour l'un comme pour l'autre, et son regard lui signifiait clairement qu'elle n'était pas d'humeur à autre chose, son estomac tambourinant contre son ventre en réclamant la suite de ce fameux festin ouvert en fanfare. "Why the fuck you’re still here, though? I thought you’d be long time gone from this shithole." Where would I go? La vérité crue lui resta en travers de la gorge en même temps qu'un trop gros morceau de jerky ; elle toussa un bref instant, avec force, et ravala sa bouchée avec force salive. "If you need a real place to crash and, you know, to shower, I don’t know, we’ve got some extra tents now with the whole shitshow. Just saying." Les pupilles de la Halfer se détournèrent de lui aussi sec, brûlée par un désintérêt criant : "No." Elle n'avait besoin que d'une chose qu'elle ne trouverait en aucun cas dans son camp de crétins – et Noam lui-même semblait ne pas avoir trouvé le chemin de la douche, et connaître parfaitement celui le menant aux réserves de Firewhisky.

Puis Savage, en avalant l'ultime bouchée de son deuxième morceau, relâcha son couteau au sol, plongea la main dans le paquet éventré, et demanda abruptement : "Since when are you a wolf?" Ses pupilles revinrent se braquer sur lui, témoignant, cette fois, d'une lueur vive signifiant qu'elle était attentive, au-delà de l'odeur écoeurante de son cocktail, entre sucre, whisky bon marché et sueur, à l'odeur nouvelle qui marquait sa peau.

tw:Langage cru, mention
de blessures

"No." Simple, rapide, efficace, de quoi ne laisser absolument aucune place pour la moindre erreur d’interprétation ; mais ce serait mal connaître Noam qui, après avoir haussé les sourcils face à ce rejet sec, se demande bien pourquoi elle refuserait une telle offre. Elle n’a strictement rien ici, et à en juger par la façon qu’elle a d’engloutir deux par deux les morceaux de viande séchée comme une goule affamée, Sav est littéralement en train de se laisser dépérir au beau milieu de la forêt. Ils n’ont pas besoin d’être particulièrement amis, ni de se connaître plus que les rencontres régulières qu’ils entretenaient dans cette même tente, pour que Noam ressente un inconfort profond à l’idée de la laisser là, crever seule dans un coin, alors qu’il pourrait l’aider. Et c’est ce qu’il tente de faire, maladroitement, en lui apportant quelques snacks, un minimum de compagnie ; mais ce n’est pas avec ces maigres efforts qu’il pourra faire grand chose pour la sortir de là. Sav a besoin de bien plus que quelques morceaux de beef jerky, d’une canette de Red Bull, d’un peu de Firewhisky, et de la présence d’un autre être humain. Noam le sait - non, Noam le sent. Il le sent dans le parfum de la Halfer, teintée d’une effluve rance, désagréable, pourrie, qui n’a rien à voir avec son manque évident d’hygiène. Quelque chose d’autre, presque inquiétant, qu’il ne saurait identifier, mais qui lui fait deviner que Sav est encore plus mal en point qu’elle le paraît.

Noam avale sa gorgée de boisson énergétique pimentée avant de reposer sa canette, s’essuie peut grâcieusement la bouche du revers de la main. "What do you mean no? Girl, you’re-- − Since when are you a wolf?" Si Noam a la fâcheuse tendance de tout simplement parler plus fort pour couvrir la voix des autres quand on lui coupe la parole, il maintient cette fois-ci ses mots à la sortie de ses lèvres, sans qu’ils ne puissent les franchir, avant de les sceller. Wolf. Le mot vient cogner violemment contre son coeur, une plaie à vif qu’il est incapable de souder depuis plus de deux mois, qui laisse un trou béant dans sa poitrine, un trou qui ne de cesse de s’élargir à chaque fois qu’il y pense. Il se sent soudainement mis à nu par cette question le cueillant de plein fouet, et par le regard rivé dans le sien de la sorcière, mortellement sérieuse. C’est comme si elle pouvait poser directement ses yeux sombres sur les multiples entailles qui dévisagent son bras, son torse, son cou, pourtant dissimulés sous les bandages fraîchement refaits par Sam le matin même. C’est comme si elle pouvait le voir sangloter à l’approche de pleine lune - et pas seulement. Wolf. C’est comme si elle voyait au travers de lui quelque chose que, lui, ne peut pas voir. I’m not a wolf. Une chaleur douloureuse remonte depuis son estomac le long de son buste, éclate sur son visage prenant une teinte légèrement plus rosée. "Keep eating your shit, yeah?", crache-t-il après de longues secondes de silence avant de baisser les yeux sur sa canette (presque déjà vide), pour mieux la porter à ses lèvres, non sans souffler dans sa barbe un "Fucking hell" contrarié avant de prendre une nouvelle rasade.

Sa main se resserre autour de la canette, s’y presse à peine, et la fine couche argentée ploie sous le bout de ses doigts en un bruit léger de froissement métallique - oh. Une once de gêne le rend plus rouge encore, et c’en est assez pour, seulement quelques secondes après l’avoir copieusement envoyé bouler, extraire à la surface de ses pensées ce qui y passe sur l’instant : "I’m not a wolf, like-- who says stuff like that?", demande-t-il avec une irritation visible en regardant autour d’eux, s’adressant à une audience invisible. Wolf. Qu’est-ce qu’il faut pas entendre. "Wolves are fucking deadly beasts that, like, attack innocent people for no fucking reason, just because they be like: hey, that dude other there, seems like a walking steak to me, you know what, I’ll have a bite, thank you very much. That’s wolves for you." Et la créature qui a déjà déchiré sa peau et broyé son squelette par deux fois, qui cherche à grignoter progressivement ses instincts d’homme pour les remplacer à les siens, qui gronde par moment aux moments les plus inopportuns, n’a rien à voir avec lui. A wolf bordel. "Do I look like I would bite your face just for the sake of it? Don’t think so", ajoute-t-il, sa voix se perdant en fin de phrase sur un grommellement plus qu’un éclat réel, et ses yeux reviennent d’eux-mêmes sur la canette légèrement froissée.

Le soulagement vif qui l’a pris en libérant ainsi son souffle retombe aussi vite qu’il est apparu ; il laisse la place à un vide qui fait battre plus rapidement son cœur. "Got attacked in June, like early June." Noam le crache du bout des lèvres, après quelques secondes de silence, et se résout à terminer le fond de sa canette d’une traite, fermant les yeux aux quelques gouttes de Firewhisky supplémentaires entrant dans son système. "So, yeah, two moons. It sucks big time. Hate it. Like, every part of it. But hey, I run fast so, cheers to that?" Et de froisser pour de bon la canette entre ses doigts pour en fait un amas de métal qu’il balance par-dessus son épaule, pour mieux relever les yeux vers Sav avec un semblant de sourire.

tw:langage cru, mention de suicide,
mention d'alcoolisme

"Keep eating your shit, yeah?" Ohoh, point sensible – peu chamboulée par le soudain changement de ton (et le vague parfum de nervosité) de Noam, Savage se contenta de lui obéir en le couvrant de son même regard torve, suivant la nouvelle rasade de boisson pimentée sans commentaire, attendant patiemment la suite éventuelle s'il s'en trouvait en baissant les yeux sur le paquet éventré de jerky, son choix fait entre la mauvaise humeur de Noam et l'appel de la viande séchée.
Tout le monde gérait sa transformation à sa manière : en des années à composer avec d'autres hybrides, et particulièrement les lycanthropes, Savage avait vu autant de crises de larmes que de crises de colères – le choc était toujours difficile à encaisser, et elle-même n'avait pu se défaire de son dégoût, en voyant luire ses cicatrices argentées dans le miroir, qu'après de longs mois à mordre (parfois littéralement) tout ceux et celles qui cherchaient à l'approcher. L'acceptation avait fini par venir, durement, avec le temps ; elle avait pu voir néanmoins certain‧e‧s lutter jusqu'au bout, jusqu'à l'extrême, au terme d'un déni brutal qui les avait mené‧e‧s à leur fin.
Elle doutait que les débiles qui entouraient Noam le laissent néanmoins se tuer, s'il en arrivait seulement à ce stade – un avantage indéniable sur d'autres, qu'elle tue devant le froissement métallique contrarié du concerné. Crétin qui ne voyait pas sa chance.

Le rythme de mastication de Savage avait réduit, maintenant qu'il se trouvait deux plaques de viande séchée au fond de son vendre ; elle retint une remontée bruyante et entama la troisième, l'urgence de sa faim comblée par les deux premières salves. "I’m not a wolf, like-- who says stuff like that?" "Kinda everyone", fit-elle entre ses lèvres serrées sur le morceau de jerky qui refusait de se défaire du reste, ses sourcils froncés sur l'effort double que lui demandait la viande, avant de relever les yeux vers lui. "Wolves are fucking deadly beasts that, like, attack innocent people for no fucking reason, just because they be like: hey, that dude other there, seems like a walking steak to me, you know what, I’ll have a bite, thank you very much. That’s wolves for you." Enfin ; le jerky céda sous ses canines et le regard de Savage retrouva le visage nerveux de Noam tandis qu'elle passait le dos de sa main au coin de ses lèvres maculées de salive. "Do I look like I would bite your face just for the sake of it? Don’t think so." Il était visiblement trop tôt, et surtout trop cruel, de lui rappeler qu'il y ressemblerait à la prochaine pleine lune – aussi Savage se contenta-t-elle de lui lancer un regard, gardant pour elle son avis de Halfer qui n'avait pas eu à subir le fardeau des transformations mensuelles (subir une attaque de loup, à ses quatorze ans puis lors d'un incident à la NSFW, lui avait largement suffi). "Got attacked in June, like early June."

Ah, tout s'expliquait : l'explosion d'indignation, la généreuse lichette de Firewhisky dans sa boisson, le silence bref de quelques secondes avant de lâcher cet aveu. Trop tôt, sans aucun doute – particulièrement lorsqu'on était aussi buté que le résistant (il était bien encore résistant, ce con au moins ?). "So, yeah, two moons. It sucks big time. Hate it. Like, every part of it. But hey, I run fast so, cheers to that?" Le sourire qu'il lui adressa, en revenant à elle, était si branlant qu'il aurait pu s'envoler au premier coup de vent. "Take mine, I don't like this shit", décréta-t-elle en ayant un bref coup de menton en direction de la cannette intacte entre eux, montrant légèrement moins les crocs en direction du jerky, également – elle s'attendait à voir Noam sortir de son T-shirt une flasque de Firewhisky pour agrémenter son nouveau round. "Running fast would have saved your ass on this fucking island", lâcha-t-elle en baissant les yeux sur sa viande, d'un ton qui ne représentait en rien l'horreur de ces jeux où elle n'avait été qu'une participante temporaire. "You'll be fine eventually. You're still a pup, no one feels alright after two moons." Deux petites lunes, dont tout dépendait de la gestion ; le regard de Savage revint chercher celui de son vis-à-vis. "Do you have a pack? Does your idiot gang take care of you when the moon's up?" fit-elle d'une voix qui allait, cette fois, au-dessus du grommellement, sa faim apaisée la rendant (à peine) plus aimable.

tw:Langage cru, consommation
d’alcool, mention de blessures,
d’alcoolisme et d’envies
suicidaires, woopwoop

Cela ne lui ressemble pas vraiment, d’être si acerbe et sarcastique, mais Noam se prend à faire beaucoup trop de choses qui ne lui ressemblent pas, depuis début Juin. A commencer par boire autant (oh, il a toujours bu quotidiennement, depuis des années, mais il a troqué ses quelques verres du soir par une bouteille quotidienne qu’il entame dès le réveil) ; à s’énerver beaucoup plus ; à avoir des pulsions de faim qui ne se calment que lorsqu’il a descendu trois bons steaks à peine cuits ; à courber l’échine face au malaise qui le prend en présence d’autres lycanthropes ; à avoir un besoin presque vitale de dépenser toute l’énergie qui roule dans ses veines ; à ne pas supporter qu’on touche son corps abîmé (et à ne supporter ne serait-ce que de se voir dans un miroir) ; à avoir envie de pleurer, presque tout le temps, et surtout à l’approche de la pleine lune ; à vouloir fuir Dagobah et sa présence un peu trop lupine (et un peu trop Simonesque), et à se retrouver là, au beau milieu de nulle part, à partager des vivres volées aux siens avec une Halfer qui, de fait, il ne connaît pas plus que cela.

"Take mine, I don't like this shit." Les yeux clairs de Noam se baissent sur la canette qu’elle lui désigne de menton, et il fronce légèrement les sourcils ; il s’est toujours méfié des gens qui n’aiment pas le Red Bull (faut vraiment être pas net pour ne pas aimer le Red Bull), mais dans ce cas précis, ça l’arrange pas mal, et il hausse une épaule en s’emparant de la canette. "Your loss." Il l’ouvre sans chercher à insister le moins du monde, et en prend quelques copieuses gorgées, plus pour vider une partie de la canette que pour se désaltérer - il y a besoin d’un peu d’espace, pour verser la généreuse portion de Firewhisky dont il sort une flasque de son sac, secouant tout juste la canette pour mélanger le tout et reprendre une gorgée, cette fois-ci, bien plus salvatrice. "Running fast would have saved your ass on this fucking island." Noam remonte son regard dans le sien après s’être essuyé la bouche du revers de la main, et presque malgré lui, ses pupilles effleurent de nouveau le tatouage marron sur la joue de Sav, alors que son ventre se serre un peu plus. Il n’est pas certain de s’ils sont en train de jouer à qui a la vie la plus merdique, peut-être bien, et peut-être bien que la Halfer n’est pas trop mauvaise à ce jeu, car le sorcier n’arrive rien à répliquer d’autre qu’un "Yeah, I guess..." un peu faiblard - est-ce que avoir failli crever sous les crocs d’un loup-garou enragé, et devoir se transformer une fois par mois en une bête sanguinaire jusqu’à la fin de ses jours est pire que d’avoir crevé de faim sur une île en se faisant chasser comme un animal par des riches ? Noam n’a pas vraiment envie d’y penser, c’est bien trop fucked up pour lui, et plutôt il baisse les yeux sur sa boisson pour en reprendre une gorgée, et ravaler par la même occasion le goût amer que lui laisse cette question en bouche.

"You'll be fine eventually. You're still a pup- − I’m not a-- − no one feels alright after two moons." Autant ce pup (non mais on est où là ?) lui donne envie de l’envoyer de nouveau chier, ravivant les restes de cet inconfort à se voir qualifier de loup, autant les lèvres de Noam se scellent à la suite de ses mots. Parce que les faits que lui expose Sav ne sont rien d’autre que… des faits, justement, simples, froids, dénués de pitié ou de tentative de lui faire voir le verre d’eau à moitié plein. Il n’a fait qu’esquiver ce genre de discussions avec qui que ce soit de son entourage, et plus encore avec les lycanthropes de son entourage - mais Sav n’est pas de son entourage, elle est extérieure à son monde, et elle n’est pas tout à fait une lycanthrope, pas suffisamment du moins pour avoir l’une de ces réactions instinctives de victime qu’il peut avoir, au hasard, face à Simon. Sav s’y connait (Noam ne doute pas que dans sa bande de déglingués il doit y en avoir plus d’un des l-- des comme lui), mais Sav ne le connaît pas, et à en juger par sa nature directe et brute, il n’y a aucune chance qu’elle cherche à le considérer comme s’il était une petite chose fragile.

Alors Noam se tait, ne l’envoie pas chier, et relève un peu le menton quand elle plante son regard dans le sien. "Do you have a pack? − Oh fuck no." Il ne manquerait plus que ça, qu’il se retrouve à vivre en communauté avec d’autres lycanthropes, à être la bitch d’un Alpha, à dormir en pile avec des inconnus, à renifler le cul de ses frères et soeurs de meute, ou peu importe ce que peuvent bien faire les meutes de loup-garous - qui vit vraiment comme ça ? "Does your idiot gang take care of you when the moon's up? − Hey, don’t call them idiots." Parce qu’il était bien obligé de rectifier ça, avant de chercher à répondre à sa question, les sourcils légèrement froncés en gesticulant pour mieux s’installer en tailleur, ses doigts venant gratter l’arrière de son crâne alors que ses yeux sont plongés de nouveau dans le fond de sa canette. "Of course they take care of everything. They, like, chain me up to a fucking tree and stay with me until the very last second." Il ne précise pas que cette dernière seconde, avant que son squelette ne se brise et que sa peau ne se déchire, il la passe dans les bras de l’un des siens à sangloter en le.a suppliant de l’aider, de tout arrêter, de le buter avant qu’il ne se transforme. Plutôt, il reprend une gorgée après une légère expiration sans joie. "I got fucking smashed both times, it helps, you know, with not remembering all of it and being all numb", ajoute Noam en haussant les épaules comme s’il avait trouvé la recette miracle pour survivre mentalement à l'atrocité et à la douleur des transformations - cela n’aide pas tant, en réalité, et ne fait que déposer une couche supplémentaire de ce sentiment poisseux qui le prend au réveil.

"No, I mean, they’re really trying their best. Even afterwards when I wake up, they like carry me to my tent, feed me--" heal my wounds "take care of me and shit." Il n’est pas certain de pourquoi il lui raconte tout ça, tous ces détails embarrassants qu’il aimerait ne simplement pas exister ; mais comme toujours, quand Noam fait quelque chose, c’est que cela lui fait du bien, le soulage en un sens, alors il poursuit en parvenant enfin à relever ses pupilles dans celles de Sav. "Apparently Tony’s trying to get me wolfsbane, I don’t know, just to try I guess." Et, surtout, atténuer toutes les weird shit qui lui arrivent presque instinctivement désormais, ces effets secondaires qui le suivent même quand la pleine lune ne brille pas. Même si cela signifie être conscient quand il sera sous forme-- il n’a pas envie d’y penser.

Un soupir file d’entre ses lèvres, alors qu’il secoue la tête, comme pour chasser toutes ces pensées, et cette réalité en même temps. "If I got to choose, I would definitely pick your thing." Être Halfer, ça lui semble déjà bien plus sympathique que de devoir se taper les transformations mensuelles ; et quand il dit cela d’un air désabusé, avec l’ombre d’un sourire au coin des lèvres, son regard tombe sur le triangle sur la joue de Sav. Shit. "Uh, I mean, no that’s not what I meant. I mean, you know what I mean, I was talking about your thing as in Halfer, you know, I wasn’t--" Shut up Noam. Il s’enfonce un peu plus, comme souvent, revient à ses yeux pour ne pas fixer la marque sur son visage, mais cela lui semble être encore pire. Alors, comme si cela allait résoudre le malaise qu’il a créé seul : "Does it… Does it hurt?", ajoute-t-il, avec une certaine douceur gênée dans la voix.

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mention d'alcoolisme

"Hey, don’t call them idiots." "Sure, whatever." Savage haussa une épaule, peu convaincue par l’acharnement de Noam de vouloir défendre cette bande de crétins qu’elle ne connaissait que de (très) loin, et d’une forte odeur de lavande qui persistait même après le passage de Noam, à l’époque où ils couchaient encore. Tout ça semblait désespérément loin, à présent ; Savage avait l’impression de se tenir sur l’autre rive, et de constater, impuissante, le passage du temps et des ennuis derrière elle. "Of course they take care of everything. They, like, chain me up to a fucking tree and stay with me until the very last second. I got fucking smashed both times, it helps, you know, with not remembering all of it and being all numb." Les sourcils de Savage se froncèrent un peu plus un bref instant, avant de reprendre leur froncement initial en considérant Noam. It helps? "No, I mean, they’re really trying their best. Even afterwards when I wake up, they like carry me to my tent, feed me, take care of me and shit." Savage balaya du regard les traits de Noam, qui semblait convaincre que sa fine équipe faisait ce qu’il fallait pour lui. Ce n’était pas assez ; c’était une des raisons pour lesquelles la NSFW existait. Pas assez, de la part de ces imbéciles qui pansaient les blessures en surface – une bouffée de mauvaise humeur et de colère mêlées gonfla le torse meurtri de Savage. "Apparently Tony’s trying to get me wolfsbane, I don’t know, just to try I guess."

Savage mordit dans le morceau de jerky qui lui restait, comme pour aider à digérer les informations que venait de lui fournir Noam, trier, jeter le mauvais et sortir le (peu de) bon qui pouvait être déniché dans le comportement de ces trous du cul d’Avengers. "If I got to choose, I would definitely pick your thing." Les pupilles noires de Savage bondirent jusqu’au sourire désabusé de Noam. "What?" grogna-t-elle en voyant filer le regard du sorcier sur le triangle ornant sa joue (et sa première couche de cicatrices argentées, qui traversaient le marron clair de la marque). Sa mastication s’interrompit immédiatement, Savage semblait prête à se ruer sur ce chiot qui voyait, visiblement, encore le monde en noir ou blanc (sans entredeux).  "Uh, I mean, no that’s not what I meant. I mean, you know what I mean, I was talking about your thing as in Halfer, you know, I wasn’t--" La mastication reprit lourdement, comme si Savage s’entraînait à mâcher la connerie défrisante de Noam. "Does it… Does it hurt?"

Quoi ? Savage le fixa d’un air interdit, avant d’être secouée par un rire douloureux, proche de celui d’une louve blessée, qui n’avait plus eu l’occasion de rire depuis des lunes. "You’re a real dumbass," lâcha-t-elle sans douceur, reprenant brusquement son air mortellement sérieux (et sérieusement mortel, également), avant d’avaler sa dernière bouchée. "Why? Scared you’ll get one of these one day?" Son regard noir était rivé dans celui du louveteau nerveux, dont émanait une odeur de peur que même une simple Halfer pouvait renifler sans peine. Savage lâcha le paquet de jerky entre eux, étendit une jambe sur le côté en se retenant au sol poussiéreux derrière elle. "You shouldn’t get shitfaced during full moons. It numbs the pain for a bit, yeah, but the mornings after will be hell, and you need to get used to this shit. The quicker you face it, the sooner you’ll accept what happened, the better you’ll live with it." Savage remonta sur Noam un regard presque désabusé, enchaînant les faits comme si elle lui livrait la recette secrète du cake à la banane de son père (qu’elle avait trouvé toujours désespérément trop sucré, de toute façon). "I’ve seen full wolves go mad for rejecting the curse. Wolfsbane’s not good, take it once or twice, never in a row or you’ll get used to being a playful pup and not a full-on werewolf, which would be a fucking delusion." And a dangerous one, oblitéra-t-elle en repoussant du pied le couteau qu’elle avait laissé tomber en s’accroupissant pour se jeter sur la viande, en un semblant de jeu tandis qu’elle lui livrait des conseils qu’il n’avait pas demandés. "You’re doomed if you think you’re a monster. Leave that to the others, they’ll be plenty." Elle releva les yeux sur le sorcier, bougeant légèrement sa jambe en un battement régulier ; son comportement nonchalant et son air détaché tranchaient avec la lueur vive dans ses yeux. "And your idiot pack? Unless there’s another werewolf in there, don’t count on them too much either, they say they do, but they won’t understand what it really feels like." L’amitié et le soutien avaient leurs limites ; il lui fallait une meute, qu’elle soit composée exclusivement de loups ou soit faite d’un mélange hétéroclite comme la NSFW. Aussi Savage poussa-t-elle un soupir en haussant les sourcils : "You’re on your own for this shit, first thing you'll have to learn."

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consommation d’alcool

La gêne de Noam ne fait que s’intensifier, ainsi pris dans le faisceau du regard dur de Sav ; à vrai dire, il ne lui a jamais connu autre chose que ces deux yeux presque assassins, même lorsqu’ils couchaient ensemble - et c’est peut-être un peu pour cela, aussi, qu’il continuait de la voir, et qu’il aurait même bien continué de la voir si elle n’avait pas mis un terme à leurs rencontres régulières. Et ça ne rate d’ailleurs pas : son regard lui serre le ventre, mais d’une manière bien différente qu’autrefois, plutôt d’une manière qui lui donne envie de se justifier encore et encore, de combler le bref silence qui s’est installé. Il doit avoir l’air terrifié, pendant ces quelques secondes, et thank god Sav éclate de rire. C’est un peu terrifiant, ça aussi, pour être honnête, et rassurant aussi, dans un sens - autant de comprendre qu’elle ne va pas lui mais parvient à tirer un sourire en coin à Noam. "You’re a real dumbass. − Yeah, that’s what they say", répond-il avec un petit rire, englobant autant les Avengers que la totalité de celleux dont il a croisé la route.

"Why? Scared you’ll get one of these one day?" Et Noam se tend un peu de nouveau, fronce les sourcils en ne pouvant s’empêcher de baisser encore les yeux sur le triangle marron ornant la joue de la Halfer avant de revenir à elle, un air penaud et crispé à la fois sur le visage. "No no no– I mean… fuck yeah I’m scared, who wouldn’t?" Existe-il seulement un hybride en fuite qui ne pète pas de trouille à l’idée de se faire marquer par le gouvernement comme du putain de bétail ? Sans même parler de ceux déjà marqués - does it hurt? La question revient au devant de l’esprit de Noam, lui brûle les lèvres, qu’il est obligé de pincer pour ne pas la laisser sortir - mais bordel que ça le démange, de poser toutes ces questions que, évidemment, il n’a pas posées à Simon. Parce que si Sav est un peu effrayante par moment, Simon est terrifiant tout le temps.

C’est pourquoi il se contente de reprendre une gorgée de Redbull pimenté au Firewhisky, histoire de contenir un minimum sa curiosité. "You shouldn’t get shitfaced during full moons. It numbs the pain for a bit, yeah, but the mornings after will be hell, and you need to get used to this shit. The quicker you face it, the sooner you’ll accept what happened, the better you’ll live with it." Pour un peu, Noam s’étoufferait sur sa gorgée face à la surprise d’entendre la Halfer… le conseiller ? Et lui offrir des conseils qu’il a déjà entendu, ici et là, de la part d’autres lycanthropes, ou de prétendus experts en la matière (ou de ses amis inquiets). Des conseils qui l’ont déjà irrité, de fait, et qui lui ont déjà tiré des mind your own shit. Mais des conseils qui passent étrangement mieux, dans la bouche de Sav, et qui lui font garder le silence. Peut-être parce que Sav n’est pas inquiète pour lui ; hell, parce que Sav n’en a même rien à foutre, et qu’elle lui expose des faits bruts. Cela ne veut pas dire que Noam suivra ses conseils, mais au moins, il l’écoute en fermant sa gueule.

"I’ve seen full wolves go mad for rejecting the curse. Wolfsbane’s not good, take it once or twice, never in a row or you’ll get used to being a playful pup and not a full-on werewolf, which would be a fucking delusion." Ce n’est qu’à ce moment-là que Noam réagit un peu, fronce les sourcils en ayant un léger reniflement, presque railleur. "I’d be fine with not being a full-on monster. I mean, even if I turn into a fuckin playful pup, it wouldn’t really change that." Sa voix est de plus en plus basse, et se termine presque en un murmure sous les battements plus rapides de son cœur, à cet aveu qui lui tord le ventre à chaque fois. Il n’y a pas d’autres mots. I’m a fucking monst– "You’re doomed if you think you’re a monster. Leave that to the others, they’ll be plenty." Les yeux du résistant sont tombés dans le fond de sa canette, une fois de plus, et ils remontent aussitôt dans ceux de la sorcière. Il n’en montre rien (ou du moins, pense-t-il, son visage expressif parlant en réalité constamment pour lui), mais cette simple phrase le secoue jusqu’au plus profond de ses entrailles.

Mais probablement moins que la suivante. "And your idiot pack? Unless there’s another werewolf in there, don’t count on them too much either, they say they do, but they won’t understand what it really feels like." Parce que Sav a raison. Et Noam détesterait l’admettre, par dessus tout, mais ces paroles font écho à ce qu’il ressent, depuis le début, et qu’il a toujours été incapable de formuler. Sa famille fait du mieux qu’elle peut, il le sait aussi, mais ils ne comprendront jamais vraiment ; il le voit dans leurs yeux, dans leurs regards, dans leurs sourires un peu crispés, dans leurs discours complètement décorrélés de ce qu’il vit. Sav a raison, et ça l’emmerde profondément. "You’re on your own for this shit, first thing you'll have to learn." Noam pousse un soupir, pas de ceux discrets, plutôt de ceux lourds et bruyants qui font gonfler ses joues. "I don’t know man, I don’t feel, like, on my own. Everyone’s been here for me since day one, it’s just–", s’interrompt-il en pinçant de nouveau les lèvres, à la recherche de ses mots - ça n’a jamais été son fort, de s’exprimer, encore moins à ce sujet. "Like, not to sound emo, but yeah, it feels a bit lonely." Est-ce qu’il vient de lui donner raison ? Peu importe. "Fuck, that’s some heavy stuff", finit-il par ajouter en ayant un semblant de rire, parce que Noam ne supporte que mal de se laisser aller pleinement à ces conversations lourdes et sérieuses, et qu’il préfère soit les fuir, soit les tourner à la dérision.

"Hey, actually, we have another werewolf now. But he's a world class dickhead, dude can’t stand me." C’est un euphémisme, quand on parle de Simon. Et habituellement, Noam rentrerait sûrement dans le détail, pour lui expliquer pourquoi le petit ami d’Ethan est un con, mais il suit plutôt l’autre ligne de pensée qui lui est venue en tête. "So it’s not like I can count on him for anything. And anyway, I fucking hate being around other… you know, werewolves I guess. It’s like they’re making me feel like shit, even if they don’t say anything. And like– ok I know it’s gonna sound like I’m a pussy, but sometimes I feel like this huge tummy ache just looking them in the eyes. Well, not with all of them, but, yeah, fucking ridiculous, eh?" Il conclut d’une expiration faussement amusée en secouant la tête, se passant une main sur sa barbe de trois jours piquant agréablement le bout de ses doigts. "Funny though, it’s not like that with you. I mean, don’t worry, you’re still kinda scary and shit", trouve-t-il bon de lui assurer dans un rire bas. "But I don’t feel this fight or flight shit, you know what I mean?" Et pour se laver les mains de toute interprétation, il trouve également bon d’ajouter en portant une main à son cœur : "Promise, I’m not hitting on you."

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"I don’t know man, I don’t feel, like, on my own. Everyone’s been here for me since day one, it’s just… Like, not to sound emo, but yeah, it feels a bit lonely." Le told you so qui faisait naturellement suite fut oblitéré, tandis que Noam lâchait cette confession amère : le sentiment de solitude se mêlait à la panique, dans sa poitrine brûlée, et Savage pinça les lèvres tandis que Noam en riait, comme pour chasser cette discussion lourde. "Hey, actually," "What?" "we have another werewolf now. But he's a world class dickhead, dude can’t stand me."

Tiens donc, un Beta qui en faisait baver au louveteau fraîchement né ? Savage n’était pas vraiment surprise, et lui opposa un regard peu impressionné à ce nouvel aveu. Les inimitiés et les rapports de force étaient légion, chez les loups ; une loi de la forêt qui chamboulait tous les nouveaux initiés. Et puis, Noam n'était pas le genre à passer inaperçu - sa grande gueule faisait certainement mauvais ménage avec son statut de bas de l'échelle. "So it’s not like I can count on him for anything. And anyway, I fucking hate being around other… you know, werewolves I guess. It’s like they’re making me feel like shit, even if they don’t say anything. And like– ok I know it’s gonna sound like I’m a pussy, but sometimes I feel like this huge tummy ache just looking them in the eyes. Well, not with all of them, but, yeah, fucking ridiculous, eh?" "Not really, kinda makes sense to me," ponctua Savage en haussant les sourcils, laissant continuer Noam qui semblait avoir besoin de vider (encore) son sac. Ce n’était pas si désagréable de parler avec lui, maintenant qu’il n’essayait pas d’asseoir sur elle sa dominance et n’arborait pas cet implacable sourire en coin qu’elle avait tant de fois voulu lui faire bouffer, pendant qu’ils baisaient. "Funny though, it’s not like that with you. I mean, don’t worry, you’re still kinda scary and shit. But I don’t feel this fight or flight shit, you know what I mean?" Savage savait exactement de quoi il parlait – Noam semblait presque fasciné par ce qu’il croyait être une exception dans son paysage de louveteau. Naïf. "Promise, I’m not hitting on you." "What the fuck are you even saying," grogna-t-elle avec humeur – comme si elle pouvait se méprendre sur les intentions de Noam, quand il était aussi délicat qu’un troll dans un magasin de porcelaine.

Les approches de Noam étaient primaires, explicites, et tout pouvait se lire dans le sourire de prédateur qu’il avait pu lui offrir, du temps où ils couchaient encore ensemble. Rien à voir avec les yeux larmoyants qu’il lui offrait aujourd’hui. "You’re a pup, I’m half of a wolf – we’re on the same level on that fucking werewolf scale. Ever heard about Omegas?" interrogea-t-elle en sondant les traits de Noam d’un regard qui avait repris de son éclat, maintenant qu’elle avait avalé quelques morceaux de viande. "What you’re feeling is basic wolf instinct, no magic crush or whatever. That would be shit," commenta-t-elle avec un reniflement de ce qui semblait être du dégoût (ew, feelings) avant d’ajouter : "Good news is, you can become a Beta once you’re out of that phase. Not so sure you’ll ever be an Alpha, but yeah, who knows." Elle haussa une épaule, puis s’appuya d’une main pour se redresser, essuyant rapidement la terre de ses paumes sales. "I’ve got stuff to do, you should go." Son regard coula sur le sachet de jerky ouvert, et après une minuscule hésitation, Savage se pencha pour le rafler. "Thanks for this," elle envoya le paquet sur la table attenante, où trônait un désordre monstrueux, et particulièrement poussiéreux, avant de revenir aux deux billes bleues de Noam. "Good luck with your shit."