Too (f*cking) bad | Hannah & Ollie (tw ; sang)

TOO (F*CKING) BAD

feat Hannah.

[TW Sang, coupure]

Il y avait certains jours où Ollie aurait préféré rester au chaud dans sa couette. Ce dimanche en faisait parti et elle avait dû se faire violence pour enfin sortir de ses draps encore chaud. Les rideaux ouverts avaient laissés percer une lumière tamisée par d’épais nuages qui recouvraient la banlieue sorcière Londonienne. Dire qu’elle devait sortir courir alors qu’ils menaçaient à tout moment de cracher leurs soûls. Aucun échappatoire ni répit lorsqu’on était un athlète. Elle devait entretenir sa masse musculaire et son endurance, qu’il pleuve, vente ou neige. Une parka enfilée, l’œil sur sa montre, elle s’élança vers ses sentiers de courses habituels.

Au final, l’averse n’était tombée que lorsqu’elle avait remis un pied dans sa demeure, un peu moins d’une heure plus tard. L’esquisse d’un sourire avait presque percé ses lèvres. Elle avait terminé ses étirements au chaud dans son salon, scellant sa routine matinale par la préparation d’un petit-déjeuner gourmand. Elle avait une faim de loup et tout son corps lui réclamait son dû après sa dépense.

Son énergie s’articulait autour de 4 ou 5 repas par jour. Le fractionné semblait être ce qui fonctionnait le mieux pour son métabolisme, lui permettant d’avoir une digestion plus rapide et moins dépensive. En semaine, elle avait mis quelques mois à trouver l’équilibre entre les entraînements et les séances en tout genre.

Affairée dans sa cuisine, elle s’était décidée à préparer un bol de céréales, accompagnées d’une ribambelle de fruits de saison qui traînait encore sur le meuble et dans son frigidaire et d’un peu de lait d’amande. Elle n’avait eu le temps de faire ses courses cette semaine-là, elle aurait probablement pu demander à Ashley, son agente, de lui faire la veille, mais c’était sa faute d’avoir oublié de la prévenir. Décidément, la météo morose semblait déteindre sur son humeur du jour et la procrastination pointait le bout de son nez.

Son fidèle berger australien, Mulligan était à présent jaloux de sa sortie. Il avait eu l’occasion d’aller dehors quelques minutes ce matin-là, mais débordait toujours d’énergie. C’était malheureux, Ollie ne pouvait le laisser sortir au vu de l’averse qui tombait à présent. Il allait être noyé, allait devoir prendre une bonne douche et Merlin savait à quel point l’animal pouvait être intenable à l’heure du bain. Le chien était venu se mettre contre ses jambes, secouant vivement sa queue en attente de l’attention de sa maîtresse. « Wait a minute! » Peut-être tentait-il de la prévenir de l’incident qui allait arriver sous peu.

Concentré dans le pelage d’une poire, elle n’avait eut le temps de réagir lorsque Mulligan était venu écraser son fessier contre ses jambes, la poussant et la déséquilibrant. La lame ayant bien entamé sa course, avait terminé contre sa paume, tranchant la surface de sa paume. Elle n’eut le temps de réagir que la douleur pointait déjà le bout de son nez. « MUL’...! » Elle avait lâché le couteau sur la planche, la poire suivant sa route. « Shit. »

Elle avait actionné le robinet et avait laissé l’eau coulait le long de sa main, nettoyant du sang qui continuait de couler. La plaie un peu plus propre, elle avait pu observer la nature de cette dernière, espérant qu’elle ne soit pas trop profonde. C’est qu’elle avait entraînement le lendemain et qu’elle ne voulait certainement pas se retrouver à l’arrêt, même pour une ou deux journées. La plaie semblait relativement superficielle, pas nécessairement très profonde, mais juste assez longue pour laisser un flot de sang s’évader. « Fucking hell, j’vais pas aller aux urgences pour ça ? » Il y avait plusieurs raisons à son refus de rejoindre Sainte-mangouste : en premier lieu, l’endroit allé être plein a craqué un dimanche, deuxièmement, elle allait probablement être reconnue là-bas et elle n’était pas sûre de vouloir faire la une des journaux people le lendemain, troisièmement, c’était vraiment minable d’aller emmerder un médecin pour si peu.

Le sang ne l’effrayait pas, pas plus que la douleur, qui lui était largement supportable. Elle ressentait un léger picotement, mais rien que de l’eau fraîche ne puisse calmer. Et puis son corps en avait subit des traumatismes, en tant qu’athlète, mais surtout en tant que joueuse de quidditch. Quand on jouait avec une équipe comme les Falmouth falcons, il fallait savoir se servir de ses poings pour se frayer un chemin et être prêt à recevoir des coups en contre-partie.

Le seul souci, c’est qu’elle était incapable de refermer la plaie par elle-même.

Hannah fut le premier nom qui lui vint en tête. Une ancienne connaissance, voir même amie, qu’elle avait côtoyée pendant un long moment sur les bancs de Poudlard. Elles avaient quelque peu perdu contact, les années passant, mais avait toujours gardé un œil l’une sur l’autre, de loin. Quelques hiboux, quelques appels… Mais pour sûr qu’elle saurait prendre soin de sa plaie, voir même la faire disparaître entièrement pour le lendemain. Mais cela voulait dire se rendre à l’improviste chez elle, un dimanche. À la simple idée de la déranger, son ours d’anxiété s’était réveillé.

Elle n’allait tout de même pas infliger sa présence à quelqu’un avec qui elle n’avait parlé depuis quelques mois ? Hannah l’avait sûrement oubliée depuis le temps ? Ce n’était pas étrange de se rendre chez quelqu’un sans avoir donné de nouvelles ? Même si elle la prévenait, là, de suite… Elle n’était peut-être pas chez elle ? Et puis ce n’était quand même pas très poli ? Peut-être les urgences étaient une meilleure idée ? Non, les médecins avaient mieux à faire. Ou peut-être qu’elle était avec quelqu’un ? Elle avait pensé à la perte de temps que cela impliquait ? Peut-être que si elle bandait juste la main, cela suffirait ?

Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, elle revenait sans cesse à la même conclusion : elle ne pouvait pas rester toute la journée, la main sous l’évier. La rouquine devait faire un choix avant de se vider entièrement de son sang dans sa cuisine. Un peu fébrile, mais décidé, elle avait enroulé sa main dans un torchon propre, saisit dans son placard.

Hannah était probablement plus proche de chez elle que de se rendre à l’hôpital et elle devait se rendre à l’évidence qu’entre embêter une amie et se taper les paparazzis du coin, elle préférait largement se rendre chez quelqu’un pour qui elle avait de l’affection. Elle avait mis une longue veste, légère, tant bien que mal, calant sa main contre sa poitrine à l’abri des regards. Un chapeau avec un léger bord cachant sa chevelure et ses yeux, elle était partie au pas de course dans les rues de la banlieue londonienne.

Elle avait évité bien des passants, se remémorant les rues qu’elle avait déjà empruntée pour se rendre chez son ancienne amie. Elle habitait un appartement dans un quartier assez tranquille et le bâtiment était plutôt reconnaissable avec sa lourde porte en bois ancien. Poussée de l’épaule, elle s’était engouffrée dans la cage d’escalier, montant les étages, la boule un peu au ventre.

Elle avait toqué à la porte de la jeune femme, se reculant d’un pas en maintenant sa main contre elle. Quand elle vit la tête de son amie, elle s’était immédiatement confondue en excuses. « Hey … Désolée de te déranger un dimanche matin… Mais euh … » Elle avait sorti sa main de sous son manteau, le torchon couvert de sang. « J’ai besoin d’un petit coup de main ? … J’me suis taillé un bout ... » Elle implorait Hannah de ses yeux, partagée entre l’inquiétude et le plaisir de revoir la tête d’une amie. Elle espérait au moins qu’elle pourrait l’aider à soigner sa pauvre main, sinon elle était bonne pour faire un tour aux urgences de Sainte-Mangouste.

(c) Ollie V. Debenham - MarinC

S'il y a bien une personne qu'elle ne s'attend pas à trouver devant sa porte en pleine matinée dominicale, c'est bien Ollie Debenham. Non pas que les deux sorcières ne soient pas amies ou qu'Hannah ne souhaite pas la voir, mais malgré une bonne entente durant les années à Poudlard, une certaine distance s'est installée entre elles. La profession d'Ollie y est sans doute pour quelque chose, mais c'est l'engagement secret de la Abbott auprès de l'Ordre qui a fini de créer une scission. Moins elle voit de gens, et moins elle les met en danger.

Il semblerait cependant que tous les joueurs de quidditch d'Angleterre se soient donnés le mot pour donner de leur nouvelle à la fraîchement brune. Entre la visite surprise de son frère, la tout autant surprenante mais bien plus désagréable entrevue avec Roxy et maintenant Ollie ; Hannah pourrait presque se demander s'ils ne le faisaient pas exprès, tout en sachant pertinemment que cela n'était qu'une suite de coïncidences comme la vie aimait en faire de temps à autre.

Heureusement pour Ollie, Hannah n'a pas de shift à l'hôpital aujourd'hui, pas avant tard dans la nuit. Il n'est pas non plus prévu que Susan et elles se rencontrent avant la fin du mois et Zacharias n'est pas chez elle. Il trouverait cent occasions de lui reprocher de laisser ainsi entrer quelqu'un chez elle et perdre du temps à l'aider alors que les hopitaux et les cliniques existent pour cette raison.

A la vue du visage de son amie, et encore plus du torchon imbibé de carmin, Hannah s'empresse de se décaler de la porte pour la laisser passer, abaissant la baguette qu'elle tenait fébrilement dans sa main (depuis son attaque, Hannah n'ouvre plus la porte sans, on ne sait jamais. Même si Terry lui a dit s'être occupé du coupable, on est jamais trop prudent) "Je t'en prie entre Ollie. Tu as bien fait de venir, ne t'excuses pas voyons." Un jour, il faudrait vraiment qu'elle se penche sur la possibilité d'ouvrir un cabinet clandestin pour les personnes qui n'osaient pas ou n'avaient pas les moyens de se permettre des soins à l'hôpital. Mais ceci était une réfléxion pour un autre jour. "Installe-toi sur le canapé et continue de maintenir la presion du torchon sur ta main. J'arrive tout de suite." Les mains un peu tremblantes, et se mordillant nerveusement la lèvre inférieure, la médicomage se dirige vers la petite cuisine pour déclencher d'un geste de sa baguette la bouilloire, une fois fait, elle se dirige vers la salle de bain et d'un accio assuré récupère les onguents enfermés en sécurité dans sa trousse des premières urgences. Avec tout le matériel en main, Hannah rejoint la rousse sur le canapé et d'une main un peu plus assurée dénoue le torchon en commentant chacun de ses gestes. "Je vais commencer par regarder la profondeur de la blessure pour voir quel sortilège sera le plus efficace. Je vais utiliser un sort pour scanner l'étendue des dégâts, tu dois rester très immobile et ça risque de te faire bizarre... Mais tu dois avoir l'habitude avec ton métier." Conclut-elle en lui envoyant un sourire. Elle ne l'a presque pas regardé dans les yeux depuis qu'Ollie est entrée chez elle. Il y a un rouage de cassé dans son coeur qui se réenclanche tout doucement, avec une prudence qui frise la peur.

Alignant l'acte aux paroles, Hannah constate que la blessure n'est que superficielle mais pourrait vraisemblablement impacter une joueuse de Quidditch comme son amie. en quelques mouvements de baguette, ses dents s'acharnant encore et toujours sur sa pauvre lèvre, Hannah lance le sortilège pour resouder la peau, l'estafilade rouge laisse la place à la couleur naturelle de sa peau. "Et voilà !" Hannah pose sa baguette sur la table basse avant de lâcher le bras de son amie. "Ce n'était pas très profond, ils ne vous apprennent pas des sorts pour ce genre de blessures durant vos entraînements ?" Finit-elle par demander un sourire un peu forcé sur ses traits encore fatigués malgré le sommeil qui revient petit à petit. Hannah espère qu'Ollie ne le prendra pas pour elle si elle s'aperçoit des changements survenus chez la brune. Et souhaite encore plus que celle-ci ne remarque rien !

TOO (F*CKING) BAD

feat Hannah.

[TW Sang, coupure]

La voilà qui se confondait en excuses, encore et toujours. Son anxiété guettait le moindre fait et gestes de la Abbot qui lui faisait face. Lui répétant qu’elle venait l’embêter, un dimanche en plus de cela. Elle ne méritait pas son attention, ni sa gentillesse. Pas quand elle venait à l’improviste, comme cela. Si son torchon était imbibé d’un rouge soutenu, son visage n’était pas en reste, le rouge monté aux joues, embarrassée de se tenir face à elle. « Je t'en prie entre Ollie. Tu as bien fait devenir, ne t'excuses pas voyons. » La politesse lui avait mit du baume au cœur malgré ses insécurités grandissantes.

Elle s’était à présent infiltrée dans l’appartement de la brune – c’était curieux d’ailleurs, Ollie l’avait toujours connue blonde, mais le brun lui allait à ravir. La taille, l’aménagement, lui rappelait son petit studio de Falmouth, ou elle avait passé quatre ou cinq ans. C’était incroyablement cosy et ressemblait fortement à sa locataire : lumineux, chaleureux, surtout au vu du nombre de coussins et de plaids qui se tenaient sur son sofa. Ollie s’y était installée, tenant toujours contre elle sa main, inquiète de tâcher les affaires de son amie.

Elle était certaine qu’un sort devait exister pour récurer le sang, mais elle n’était pas friande d’en faire le test ce dimanche pluvieux. « Merci du fond du coeur… Je ne savais pas trop quoi faire... » La rouquine était d’ailleurs surprise de la quantité d’hémoglobine qu’elle avait perdue lors de son trajet.

Sa paume tendue, le torchon défait, elle écoutait les paroles de la médicomage avec attention. Un léger hochement de tête. «D’ac … Ca m’avait pas l’air si grave, mais j’ai dû toucher une merde en coupant vu comment ça… Pisse. » Elle n’avait aucun autre mot lui qui venait en tête devant la tête du torchon. Un léger picotement était remonté le long de son bras, au fur et à mesure de l’avancée de la pointe de sa baguette le long de sa plaie. La sensation n’était pas pire que le même sort appliqué sur une arcade sourcilière, mais elle était tout de même assez désagréable et elle avait réprimé un frisson de remonter le long de son échine. La magie avait fait son œuvre, elle tenant sa respiration, observant Hannah plutôt que sa main ensanglantée.

Hannah avait changé. Ce n’était pas seulement la couleur de ses cheveux, mais quelque chose de singulier dans son comportement. C’était comme une espèce de tension invisible qui la maintenait. Ollie était inquiète, aillant toujours vu la jeune femme comme quelqu’un de particulièrement solaire. Elle ne devait pas seulement l’embêter, elle était probablement mal tombée. En même temps, la jeune femme travaillait à St Mungo et c’était son jour de repos. Voilà qu’Ollie la privait de son jour bien mérité.

« Merci beaucoup ! » Elle avait doucement agité ses doigts, observant sa paume dont auparavant une plaie se trouvait. Tout était revenu à la normale. Elle ne saurait la remercier assez de son aide.

Être joueur de quidditch, c’était être amené à côtoyer bien des médicomages et Kinémagicothérapeutes, pas seulement pour les blessures et bobo divers qu’ils pouvaient se faire sur le terrain, mais aussi pour leur récupération musculaire. Leurs corps étaient mis à rude épreuve et sans un suivi quasi-quotidien, leur carrière était destinée à être bien courte. « Malheureusement, non … On est tellement suivi qu’ils doivent juger le tout inutile. » Elle se sentait quelque peu coupable, car le sort avait en effet, pas l’air si compliqué. Mais pour tout dire, elle aurait eu la crainte de le faire sur elle-même, pas suffisamment confiante pour aider son corps mutilé de la sorte…

Un instant de plus, son regard s’était posé sur Hannah. Ses traits semblaient tirés. « Mais toi … Ca va ?… » Elle avait repris. « T’as l’air d’avoir une petite mine... » Outre le fait qu’elle venait l’embêter un dimanche, elle semblait sévèrement fatiguée et tendue. L’avait-elle privé d’un sommeil ? Elle ne semblait pas sortir d’une sieste pourtant. Quelque chose de grave s’était-il passé ? Cela faisait longtemps qu’elles n’avaient pas parlé et Ollie ressentait une certaine culpabilité à ne pas avoir vu cette tension dans leurs lettres certes peu nombreuses, mais existantes. Était-elle une si mauvaise amie que ça ? Peut-être la voyait-elle comme quelqu’un qui profitait de ses talents ? Son ours d’anxiété continuait ses rondes dans sa tête, lui insufflant des pensées bien trop tirée par les cheveux, expliquant chacune des cernes de la jeune femme face à elle.

(c) Ollie V. Debenham - MarinC

Rien que le fait d'aider son amie permet à Hannah de se sentir quelque peu mieux. C'est étrange vraiment toute cette cacophonie qui la compose ces derniers temps ; elle a l'impression d'être sans cesse au bord d'un précipice et de ne pas savoir si elle souhaite plonger ou pas. D'un côté, elle voudrait qu'on la laisse tranquille, s'enfoncer sous ses couettes et ne plus jamais se lever, et de l'autre elle ne se sent bien qu'en aidant ses proches ou les patients de l'hôpital.

Voir la satisfaction sur le visage d'Ollie est une bénédiction pour le tempérament plus que morose de la médicomage, ce n'est pas pour rien que sa porte est toujours ouverte pour ceux qui en éprouvent le besoin. Elle regarde un fin sourire sur le visage son amie agiter ses doigts, puis lance un sort pour récupérer la bouilloire et le matériel nécessaire pour une bonne tasse de thé. Après l'effort, le réconfort ! Elle leur sert un thé, avant de se rassoir sur le canapé pas très loin de la rousse. Hannah souhaiterait profiter de cet instant, se laisser aller à une petite parenthèse bien méritée. Mais, Ollie ne lui en laisse pas l'occasion en posant cette question que tout le monde semble vouloir mettre sur le tapis ces derniers temps. Si, cela part d'une attention touchante, l'exercice est compliqué pour la brune qui doit sans cesse mentir et omettre, enjoliver son état pour que personne ne s'inquiète. Au moins à l'hôpital ne l'embête-t-on pas avec de telles questions. Le fait est que la Abbott a conscience de ne pouvoir se confier à personne - mis à part Ernie et potentiellement Susan - et c'est ce qui rend la question d'autant plus inconfortable. Hannah déteste les mensonges, tout comme elle ne supporte pas enfreindre la loi et la morale. Toutefois, il n'y a pas d'autres options qui s'offrent à elle ; après tout, c'est pour une cause plus grande qu'elle et on ne sait jamais quelles oreilles peuvent bien traîner qu'on soit dehors ou chez soi. On n'est jamais vraiment en sécurité au sein de ce gouvernement et même les personnes sur lesquelles on croit pouvoir compter peuvent s'avérer de piètres amis en réalité.

Hannah réalise soudain qu'elle a mis trop de temps pour répondre à la question, dans un rire gêné et après avoir passé une main dans ses cheveux ondulés elle finit par apporter une demi-vérité (c'est toujours mieux qu'un mensonge complet) "Je suis ex-té-nuée. Je sors d'un shift de nuit à l'hôpital et ça a toujours tendance à m'éreinter. Les nuits sont bien plus dures que les journées tu sais. C'est qu'on a soit de longues heures passées à ne rien faire, soit des urgences très graves. Jamais d'entre-deux. Mais ne t'inquiètes je suis très contente de te voir et ça ne me dérange pas du tout que tu sois venue. Ne va pas t'imaginer n'importe quoi !" Depuis le temps qu'elles se cotoient, Hannah n'est pas étrangère à l'anxiété qui s'empare souvent de la Poufsouffle, un trait de personnalité auquel peut aisément s'identifier la jeune femme tant il lui arrive d'en faire les frais. "Ca nous donne une excuse pour passer un peu de temps ensemble, j'ai l'impression que cela fait une éternité depuis la dernière fois." Ce qui n'est pas faux, et Hannah en ressent une pointe de culpabilité, elle sait n'être pas étrangère à cette situation, s'étant éloignée de beaucoup de gens après sa décision secrète de rejoindre l'Ordre. Si ce sont des sacrifices qu'elle se sentait devoir faire, ce n'est pas pour autant qu'elle ne le regrette pas parfois. "Tiens, raconte moi un peu comment ça se passe pour toi?" Et ainsi on évite le sujet délicat de sa fatigue, Hannah ne veut pas se plonger dans ses souvenirs douloureux, ni revivre cette scène qui surgit parfois sans crier gare. Elle veut avancer, elle veut oublier.

TOO (F*CKING) BAD

feat Hannah.

L’appartement lui était chaleureux par la présence d’Hannah et avait fini par venir au bout de ses tristes angoisses. Si elle avait été inquiétée à l’idée de revoir cette vieille amie, la brune avait fait lever le voile de doute qui couvrait l’esprit embrumé de la rousse. Elle avait accueilli la tasse de thé chaude avec un sourire, laissant la chaleur de la céramique se répandre entre ses mains. L’été était certes présent, officiellement, mais officieusement, le temps maussade faisait légion sur la ville de Londres. Somme toute, un coup classique de la météo britannique.

Hannah semblait s’être abandonnée à ses pensées. Mais la joueuse de quidditch la connaissait, après tout ce temps, et ce silence ne lui était pas courant. Elle était d’habitude si solaire, si réactive, toujours prête à redonner le sourire à ses paires. Mais elle n’avait eu le temps de s’attarder plus sur cette attente, la brune reprenant la parole. « Fais attention tout de même… J’aimerais pas que tu prennes la place de tes patients à trop en faire. » Ollie était réellement inquiète, craignant que la jeune femme n’en fasse trop et finisse par se tuer à la tâche. Elle pouvait bien parler, ceci dit, elle était l’archétype de la workaholic quand il s’agissait de quidditch, après tout. Mais ça ne l’empêchait pas d’éprouver de la compassion pour Hannah qui semblait à ce moment-là, plus subir son travail que d’y trouver une quelquonque forme de plaisir.

Elle avait eu un léger rire gêné l’évocation de son angoisse. Décidément, elle ne la connaissait que trop bien. La rousse ne pouvait lui mentir et hocha doucement la tête. Apprendre à se reposer sur les autres, était encore un exercice compliqué à ses yeux. Overthinking every situations. Elle avait joué avec le bord de sa tasse de thé avant de répondre à la jeune femme. « Je crois en effet que cela fait une éternité. » Merlin savait qu’une éternité pouvait être longue, seule. Et Ollie n’en était que consciente. Pourtant, cela faisait quelques mois tout au plus que les jeunes femmes ne s’étaient pas vu et assise dans son canapé, elle avait le ressenti qu’elle l’avait vu la veille. Le temps était une bien curieuse monnaie.

La brune semblait curieuse de ses derniers agissements et Ollie répondit, après s’être brûlé une première fois la langue dans son thé - décidément, elle ne s’y ferait jamais. « He bien… C’est tranquille… Je m’adapte aux PU ! C’était un peu dur de trouver ses marques, mais … Le changement vis-à-vis des Faucons est … » Elle dut réfléchir un instant. « Rafraichissant. Ils sont très chouettes. » Elle n’avait plus l’impression de se battre contre ses propres coéquipiers, elle avait l’impression de trouver une famille, des gens sur qui compter. Pas une famille d’ours mal léché, agressif et sous pression. « Et sinon … Je déménage en colloc’ d’ici peu. Je sais pas si tu te souviens d'Alicia Spinnet ? » Ollie en collocation allait être une aventure des plus curieuse. Habituée à tout gérer presque seule, la voilà qui à présent allait partager son espace de vie avec une petite pile électrique qui répondait au prénom d'Alicia, une amie de longue date, tout comme Hannah. Comme si un berger australien hyper-actif n’était pas déjà de trop. « Et je crois que tu manques à Mulligan, il tire toujours quand on passe dans le coin ! » Mulligan était bien plus sociable que ne l’était Ollie et avait apprit à se faire accepter de toutes les personnes qu’elle côtoyait, de près ou de loin. Difficile de ne pas apprécier l’animal quand il venait plein d’entrain demander moult caresses.

« T’arrives quand même à trouver un peu de temps pour toi, entre toutes ses nuits de garde ? » Elle sourit doucement à la jeune femme. Elle ne pouvait qu’imaginer la difficulté à tenir une vie sociale ou même l’idée de vivre pour sois lorsqu’on était pris autant par son travail. Mais elle espérait tout de même qu’elle prenait un peu soin d’elle quand elle en avait l’occasion. Et si ce n’était pas le cas, peut-être qu’Ollie finirait par la kidnapper.

(c) Ollie V. Debenham - MarinC

Les choses changent. C’est un constat un peu simpliste et banal peut-être, mais c’est la pensée qui lui vient à la tête alors qu’Hannah écoute la réponse de son amie de Poudlard. « He bien… C’est tranquille… Je m’adapte aux PU ! C’était un peu dur de trouver ses marques, mais … Le changement vis-à-vis des Faucons est … » Elle hoche doucement de la tête, prenant ça et là une gorgée de son thé fumant, un léger sourire sur son visage crispé. « Rafraichissant. Ils sont très chouettes. » Pourtant, son esprit se scinde en deux. Cette part d’elle qui écoute, qui reste ancrée dans ce monde aveuglé par un quotidien qui se tient à distance d’une guerre qui fait rage en coulisse. Et l’autre part, qui semble s’éloigner de son corps et de cet instant et qui les regarde toutes les deux d’un œil empli de jugement. « Et sinon … Je déménage en colloc’ d’ici peu. Je sais pas si tu te souviens d'Alicia Spinnet ? » Comment peux-tu rester là à parler de tout et de rien en prétendant ne pas sentir les ravages du gouvernement à chaque pas que tu fais ? Quand est-ce que tu t’es posée pour la dernière fois avec quelqu’un pour parler du beau temps ?

Elle est si prise dans ce paradoxe qu’il lui faut un temps pour comprendre qu’Ollie lui a posé une question ? Son regard noisette ayant dévié sur un point vers le gauche, d’un coup vif elle revient à elle, son moi engagé aspiré par la question et étouffé par l’instant présent. “Hmm pas vraiment. Ce nom me dit vaguement quelque chose ? Pourquoi en colocation ?” Hannah aurait bien aimé partager sa vie avec quelqu’un - non elle ne parle pas de Zach ou d’une quelconque histoire d’amour - avec un ou une amie qui pourrait l’épauler. C’est que la solitude n’est pas la plus agréable des compagnes surtout ces dernières semaines. Mais, la résistante sait que cela n’est pas une possibilité réaliste. Avec quelqu’un appartenant à l’Ordre, il y aurait trop de risque si l’un venait à se faire arrêter. Et avec quelqu’un d’en dehors de l’Ordre et bien … Ce serait juste impossible. « T’arrives quand même à trouver un peu de temps pour toi, entre toutes ses nuits de garde ? » “Oh tu sais, c’est pas comme s’il y avait grand chose à faire et avec mes horaires en décalés c’est pas toujours simple. Mais je me contente d’un bon livre au calme et ça me suffit.” Hannah a l’impression d’être écartelée entre le monologue qui se déroule dans son esprit et la discussion qu’elle partage avec Ollie. Elle ne pourrait même pas dire si ça lui convient d’échanger ainsi sans arriver à oublier ce qu’il se passe en coulisse. Et pourtant, elle n’aimerait rien de mieux ces derniers temps que de prétendre pour quelques minutes ne pas dissimuler ce grand secret au reste du monde, ne pas même avoir à le faire. “Pas que je ne sois pas contente de te voir ici, s’empresse-t-elle d’ajouter en agitant une main, un sourire un peu sincère un peu forcé sur ses lippes palottes, tu es la distraction parfaite pour ce début de journée. Tu veux rester un peu ?” Malgré tout ce qu’elle pense, la femme propose à son amie de rester poussée par ce besoin fugace et vain de prétendre être une médicomage normale dans un monde normal. Incapable en plus de fermer la porte au nez de qui que ce soit.

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