tw: blessure, asphyxiation

Ephraim n'est pas vraiment fan des gros efforts, mais il y a décidément quelque chose de galvanisant à cette course qui remplit ses veines d'une excitation généralement tiède et profondément enfouie chez lui. Les restes de magie alchimique qui flottent dans l'air comme des particules de poussière qu'il aimerait attraper et avaler toutes crues aident beaucoup à l'intense satisfaction qu'il ressent en donnant chasse aux ridicules petits prisonniers qui pensent pouvoir lui échapper. Dans la course effrénée, il a perdu Feodora de vue mais, vu les sortilèges argentés et mordants qu'il voit apparaître du coin de l'oeil ici et là, elle ne doit pas être bien loin et doit ressentir le même enthousiasme que lui à cette petite partie de chasse.

Une émotion un peu moins positive, quoique difficile à démêler pour lui qui n'y est pas habitué, s'abat sur lui en aperçevant la silhouette de l'homme qui a défait si facilement son sortilège. Les petites souris contre-attaquent inlassablement, le forçant à ralentir et à jeter des sortilèges de protection et de déviation, mais toute l'énergie d'Ephraim est focalisé sur ce grand roux qu'il va réduire en miettes pour l'affront qu'il lui a fait. Un tel tour de force mérite le respect, et Ephraim ne sait pas trop comment le montrer autrement qu'en dévouant tout son intérêt à ce sorcier pathétique qu'il va faire souffrir, plaider et gémir dès qu'il lui aura mis la main dessus. Si seulement il pouvait mettre un pied dans un cercle alchimique, aussi...

Soudainement, le monde change d'axe.

Le coeur d'Ephraim loupe un battement dans sa poitrine, et il manque de trébucher et de s'étaler de tout son long sur le sol, une douleur flamboyante se réveillant sur son abdomen là où l'un de ses cercles est gravé à même sa chair. Une explosion magique proche, une telle quantité de magie qu'Ephraim voit flou pendant quelques secondes, littéralement, et se rattrape de justesse sur ses genoux en finissant plié en deux. Quand il se redresse, les contours du monde lui paraissent plus nets et ses couleurs plus vives, et il sent encore une fois une étrange excitation lui grimper dans la gorge. Il faut absolument qu'il voit le résultat de cette magie alchimique de ses propres yeux.

Il se remet en marche, plus lentement et puis plus vite encore, un rire au bord des lèvres. Il parvient à transplaner sur une courte distance, rattrape son retard, se rapproche du groupe et lève sa baguette en direction de sa cible: "Avada Kedavr--"

Le monde change d'axe de nouveau, mais cette fois il est sans dessus dessous. Une explosion de douleur l'arrête net dans sa phrase, et Ephraim s'effondre sur le sol humide de l'île en portant instinctivement ses mains à sa gorge, un râle sourd s'échappant de sa bouche avant qu'il ne se mette à se débattre violemment pour respirer. Une aura de panique se répand dans sa poitrine quand l'air commence définitivement à lui manquer, et ses ongles s'enfoncent dans la peau de son cou douloureux comme si ça allait l'aider à respirer, laissant des traces rouges partout sur sa peau pâle, ne faisant que monter la peur dans son estomac. Il a encore tellement de choses à faire, il ne peut pas mourir à cause de ça... si?

Quelque chose se décoince et il parvient enfin à cracher, puis à inspirer bruyamment une goulée d'air glacial qui lui fait mal à la gorge. À quatre pattes sur le sol, Ephraim reprend sa respiration, ses paumes enfoncées dans le bog écossais, avant de se rasseoir posément pour balayer la scène du regard.

Il y a un énorme bateau près de la rive. L'envie de se lever aller voir ça de plus près le tiraille, mais la douleur qui émane toujours de sa gorge le fait se raviser alors Ephraim reste assis, las et fatigué maintenant que la colère s'est envolée, attendant que Feodora vienne le chercher.

Spoiler:

C'est le bordel, y'en a dans tous les sens et ça a même l'air de venir de chez nous. Au milieu des sorts qui nous tombent dessus de derrière, par les poursuivants donc, les sales chasseurs. J'remarque des bruits étonnants venant de l'avant de la course. Y'a un arbre qui bouge bizarrement là. Déjà un arbre qui bouge, en soit, c'est assez surprenant, mais bon, on a vu pire sur cette île. Il me faut un moment avant de comprendre, qu'en plus de bouger, il a l'air d'en vouloir au père de mon fils.

Est-ce que c'est vrai ? Quand il se passe une bonne chose, il en faut forcément une mauvaise pour compenser ? On peut pas simplement avancer, faut toujours des obstacles sortis de nul part et ça commence à devenir un tout petit peu frustrant. Alors peut-être que c'est pas le meilleur moment pour les observations métaphysiques, qu'il est difficile de voir du bon dans ma situation de manière générale, et donc les conclusions vont tout de suite être légèrement négatives. Mais quand même. L'Ordre est là, on va sortir, je retrouve la liberté après je sais même pas combien de semaines. Et évidemment c'est à Remus de se faire enlever. Le pauvre gamin va jamais grandir normalement s'il a toujours au moins un parent séquestré par divers dégénérés. Bien sûr que je l'ai appelé par son prénom devant tous ces loups, quelle connerie. Bien le moment d'oublier les noms de codes, Tonks. Tu mérites les dizaines d'engueulades reçues à travers les années à ce sujet. On fuyait tranquillement -non c'est pas contradictoire- on arrivait clairement au bout, et v'là comment on me confirme que oui, on peut bien transplaner. En embarquant l'ex pour l'emmener, j'imagine, dans une obscure bâtisse dans une flippante forêt dans un quelconque coin paumé du pays.

J'attrape quand même un bout de bras de Faye pour me téléporter avec le groupe. Et l'aider dans l'effort. On peut plus rester ici de toute façon, les dangers se multiplient, la piste de Remus s'efface un peu plus chaque instant, le repli c'est le seul espoir.

Spoiler:

Spoiler: