L'Allée des Embrumes, c'est l'endroit qui est bien connu pour être celui où se retrouve les sorciers louches ou malfaisants. Alors qu'est-ce que tu viens foutre ici, toi ? C'est pas comme si tu as beaucoup d'autres endroits où aller de toute façon, mais t'es pas vraiment habituée à traîner ici en tout cas. C'est juste pour avoir des clopes, parce que sans ça, tu deviens folle. Fumer, c'est l'une des mauvaises habitudes que tu as prise avec le temps. Mais c'est loin d'être la seule. Puis, toi, tu fumes pas juste une ou deux clopes par jour, mais plutôt un paquet ou plus, quand tu peux te le permettre. D'ailleurs, Aileen elle aime pas ça. Elle aime pas quand tu rentres avec une cigarette au coin des lèvres, mais tu ne peux pas t'en empêcher. Elle ne sait sûrement même pas que t'es ici, et heureusement d'ailleurs. Sinon, elle t'engueulerait en te disant que c'est pas bien, puis elle ferait la petite maman comme d'habitude.

Ils ont vraiment l'air dans un sale état les sorciers qui traînent ici. Certains sont complètement ivre, d'autres ont des cernes qui descendent jusqu'au menton, puis y a toi au milieu de tout ça. Tu n'es pas dans un si mauvais état que ça, après tout tu vis presque chez Aileen donc t'es plus tellement à la rue. Tu t'installes contre un mur dans une petite ruelle de la grande Knockturn Alley, puis t'attends qu'il vienne ; le gars qui est censé te filer des cigarettes. C'est juste un gars que tu avais croisé dans la rue une semaine avant, il t'avais vu fumer et était venu te proposer des clopes qu'il avait dit qu'il te donnerait dans l'Allée des Embrumes en te donnant un lieu exact, un jour et une heure. Puis, tu as voulu faire confiance à ce gars en l'écoutant et en allant au rendez-vous qu'il t'avait donné. Quel idée. T'attends et t'attends pendant une dizaine de minutes avant qu'il ne se décide enfin à se pointer. En l'attendant, tu as juste un peu grogné dans ton coin  avant de soupirer. « Finally... » Tu lèves les yeux au ciel, et tends l'une de tes mains en direction du gars pour qu'il te file tes cigarettes. « C'mon, hurry ! » Il prend un peu trop longtemps, ça t'énerve. Tu le fixes d'un regard noir en attendant, c'est long.

Malgré son évolution dans la brigade et ses résultats des plus honorables au concours passé deux ans plus tôt, Jo avait parfois encore l’impression de devoir faire ses preuves. Il était jeune comparé à d’autres collègues, se traînait une réputation assumée mais encombrante de branleur et surtout, rien n’était jamais acquis quand sur une simple dénonciation, son boulot et même sa vie pouvaient lui être arrachés. Il avait vu des personnes disparaître puis refaire leur apparition quelques temps plus tard dans un état apathique, que cela lui arrive à son tour était parmi ses plus grandes craintes, alors il mettait toutes les chances de son côté pour être bien vu de ses collègues et de ses supérieurs. Ainsi, à l’attitude nonchalante habituelle s’ajoutaient des initiatives pertinentes (la plupart du temps) et une mise en avant permanente – on avait besoin de quelqu’un, Jo était là, plus c’était risqué, plus l’idée lui plaisait, ainsi s’était-il vu confier la charge d’un dossier mineur mais distrayant : le démantèlement d’un petit trafic de cigarettes de contrebandes.

Le brun avait fait poster son équipe dans divers lieux de la capitale durant les semaines précédentes, récoltant toute information de la plus basique à la plus utile, et ils semblaient sur la bonne piste, un visage revenant régulièrement dans les conversations. Après recherches plus approfondies, on avait constaté qu’il n’y avait pas grand-chose sur la fille en question, cela amenant à la conclusion qu’elle était de fait louche donc à interroger. Ses allés et venues réguliers aux endroits surveillés n’avaient rien fait pour atténuer les doutes à son sujet. Alors Jo s’était d’office porté volontaire pour aller sur le terrain, son pécher-mignon, lui que les dossiers ennuyaient profondément.

Il n’aurait jamais pensé que la fille aurait été si facile à convaincre, à peine suspicieuse à l’égard du parfait inconnu qu’il était et qui lui proposait des biens gratuits dans un monde où rien ne l’était. Ça arrangeait ses affaires, aussi se contenta-t-il de revenir au bercail avec un sourire satisfait et de prévenir son équipe de se tenir prête pour le jour prévu pour la rencontre avec la suspecte présumée.

Son uniforme troqué contre une tenue sorcière passe-partout, il se glissa une Lucky Centaure entre les lèvres pour parfaire la couverture et s’avança mains dans les poches jusqu’à la bifurcation de Knockturn Alley où il avait rendez-vous. Il ressentait un élan de compassion à l’égard de la bougresse, supposant que sa situation devait être bien précaire pour qu’elle se fasse avoir si aisément, et puis, Jo en bon habitué des pratiques illégales avait une vague impression de trahison en tendant un piège pareil à une compatriote. Il se rassurait cependant en se souvenant que c’était son job, et que pour un petit criminel d’arrêté, il sécurisait un peu plus sa place dans la Brigade et ainsi son utilité pour la résistance.

La fille en vue, il esquissa un sourire en coin de ceux qu’il était incapable de réfréner en la présence d’autrui, souffla un nuage de fumée au travers duquel s’envolèrent une flopée de centaures cotonneux et s’approcha. « Finally... » Nice, se dit-il sans se départir de sa risette. « You came alone ? » demanda-t-il tranquillement, visiblement hermétique à l’impatience notable de la jeune femme. « C'mon, hurry ! » Sa cigarette entre les lèvres, Jo la dévisagea un instant, soutenant le regard incendiaire qu’on lui lançait. « Easy, » tempéra-t-il en sortant sa deuxième main de sa poche. Pas de paquet de cigarettes entre les doigts, rien que sa baguette qu’il conserva abaissée vers le pavé. « You’re not gonna have free cigarettes, I’m sorry, » déclara-t-il finalement et presque à regret. « I’m rather arresting you for trafic, » il coula un œil en arrière pour s’assurer de la présence de ses collègues. Sans les voir il pouvait quasiment discerner leur présence comme un filet de sécurité dans son dos. « And you don’t want to run away, my guys are surrounding us, » jugea-t-il donc utile de préciser. Il fit tourner sa baguette entre ses doigts comme on faisait tournoyer un stylo autour du pouce, iris claires rivées à la suspecte. « I’m gonna need your wand right now, then you’ll follow us to the office of the Brigade where we can talk around a cup of coffee, » il aurait aimé acquérir la capacité à s’exprimer d’une voix atone comme d’autres de ses collègues, et s’il réussissait régulièrement à tenir un timbre neutre au début, il finissait toujours par récupérer quelques accents presque rassurants comme s’il s’adressait à un animal sauvage. Jo, il n'était pas fait pour jouer au bad cop ni pour tendre des pièges dignes de la plus grande arsouille, mais il pouvait bien le prétendre pour les besoins du job.

tw. cigarette
Tu veux pas d'emmerdes, toi, juste des cigarettes. Et pourtant, t'as décidé de faire confiance à un inconnu qui t'as vu fumé et t'as proposé des clopes gratuites en te donnant rendez-vous à Knockturn Alley. Tu deviens quand même bien naïve quand c'est pour avoir des clopes, mais tu ne peux pas t'en passer. Alors, t'as enfilé une veste et mis des chaussures, disant à Aileen que t'allais faire une balade, puis t'étais parti. Dos contre le mur d'une petite ruelle, tu attends que le gars arrive en fumant l'une de tes dernières précieuses cigarettes qu'il te reste. T'en trouves pas facilement des comme ça, parce que ce n'est pas les cigarettes sorcières qu'ils vendent. Puis même si ça l'était, t'aurais pas l'argent pour les payer. C'est pas ta faute si tu n'arrives plus à t'en passer, ça fait des années que c'est le cas et t'as jamais eu d'emmerdes, alors ça ne risquait pas d'arriver aujourd'hui.

« You came alone ? » La voix te fait sortir de tes pensées, puis t'écrases la clope que t'as entre les lèvres sur une poubelle à côté en hochant la tête. Puis, tu tends la main pour qu'il te file les cigarettes dont tu as besoin, en lui disant de se dépêcher. « Easy, » Il a pas l'air d'être décidé à te filer les clopes, mais il finit quand même par glisser sa main dans sa poche pendant que t'attends. Sauf qu'il n'en sort pas un paquet de cigarettes. Non, non. Il en sort sa baguette. « You’re not gonna have free cigarettes, I’m sorry, » Et tu fronces les sourcils en te demandant s'il se fout de ta gueule. « I’m rather arresting you for trafic, » Tu comprends pas. Enfin, t'as juste du mal à faire rentrer les mots dans ton cerveau. Comment est-ce que tu as pu te faire avoir si facilement ? « What... ? » Tu ne sais pas si tu dois essayer de fuir, ou pas. Pour une fois, tu te sens bien vulnérable face au gars en face de toi, toi qui ne voulais que des cigarettes et pas d'emmerdes. « And you don’t want to run away, my guys are surrounding us, » T'es tellement dans la merde, putain. T'es debout comme une idiote, t'essayes même pas de partir en courant puisque ça servirait à rien, y a rien qui pourrait te sauver là. C'est comme ça que tu vas finir ta vie ? En prison pour un trafic de cigarettes illégales ? « I'm not running away. Am I ? » Tu le vois tourner sa baguette entre ses doigts, et ça t'énerve ça aussi. « I’m gonna need your wand right now, then you’ll follow us to the office of the Brigade where we can talk around a cup of coffee, » Baguette ? Tu l'as perdu depuis longtemps la tienne. Ou alors elle est au fond de tes affaires, mais certainement pas avec toi. Sauf que si tu dis ça au flic, il n'aura aucune raison de te croire. « I don't have it. I lost it, okay ? Check if you want. » De toute façon, tu viens déjà de perdre toute ta fierté alors au pire s'il veut vérifier que t'as une baguette ou pas, qu'il te fouille.

tw. mention of self-harm.

Vraiment pas sa came ce genre de boulots qui requéraient un maximum de roublardise, il aurait dû déléguer ça à quelqu’un d’autre quoique l’objectif premier (gagner des points aux yeux de la hiérarchie) serait tombé à l’eau. C’était son choix après tout, d’être un flic à la botte d’un gouvernement dont les actes le faisaient frémir, pour le plus grand bien, il avait tout de même l’impression d’abandonner ses valeurs pour l’occasion et ne savait pas comment se débarrasser de la sensation pesante d’être tout aussi pourri que les autres. Du seul moyen qu’il avait trouvé pour se libérer de la culpabilité résultaient une multitude d’os brisés depuis longtemps ressoudés et une myriade de cicatrices hachant menus les tatouages aussi mouvants que figés sur ses avant-bras, et pourtant, ça ne suffisait pas à chasser la honte.

Une fois de plus il se retrouvait à risquer de mettre en péril la vie d’autrui, rien qu’il n’avait pas déjà fait, rien dont il n’avait pas été prévenu, c’étaient les affres du métier sous le Lord et le pré requis pour la bonne santé de sa couverture. Ça nécessitait aussi de coffrer une fille qui ne faisait en réalité rien que Jo ne faisait pas lui-même, that was life, aussi énonça-t-il platement les faits, légère intonations compatissantes transparaissant sur quelques mots. « What... ? » Il pinça légèrement les lèvres, « yeah, » répondit-il simplement. Les preuves contre elles n’étaient pas évidentes, mais elles se corroboraient, on ne pouvait contourner aucune piste alors probablement qu’un interrogatoire de la fille en face de lui mènerait à quelque chose. Ou peut-être pas. C’étaient les joies de la garde-à-vue. « I'm not running away. Am I ? » Indeed, mais l’instinct de survie faisait parfois faire des choses incohérentes, comme fuir devant un agent armé et son escouade cachée. Mine de rien, Jo était ravi qu’elle ait choisi l’option la plus raisonnable. « Perfect then, » commenta-t-il, sa baguette n’ayant toujours pas bougé d’un pouce, visant toujours le sol.

Il observa le visage de la suspecte prendre un air étrange avant qu’elle ne donne un réponse tout aussi louche : « I don't have it. I lost it, okay ? Check if you want. » Ce fut à Jo de faire une tête bizarre, sourcils vaguement froncés. Qui sortait sans baguette ? Pire, qui venait sans baguette à un rendez-vous avec un inconnu ? Mais le brun agissait couramment avec assez d’imprudence pour ne pas oser s’improviser donneur de leçon, il se contenta de finalement lever son arme. « Accio wand. » Il avait eu un doute sur la véracité des propos de la fille, l’absence d’une quelconque baguette atterrissant dans sa main acheva de le convaincre qu'elle était sérieuse. « Bold of you to come here without it, » commenta-t-il, plutôt impressionné par l’audace (la bêtise ?) à laquelle il avait affaire, d’ailleurs, il aurait songé à sourire et à la checker si la situation n’avait pas été aussi délicate et lui dans son uniforme de soldat bien entraîné. « I’m taking you to the ministry for questioning, » annonça-t-il en brisant la distance qui les séparait. Un coup d’œil pour s’assurer de l’assentiment (très relatif, certes) de la suspecte, un autre en arrière là où ses collègues avaient surgi de l’ombre, « job’s done, » annonça-t-il de l’air bravache habituel avant de transplaner avec la prétendue trafiquante.

Quelques instants plus tard, Jo la lâchait, refaisait tournoyer sa baguette entre ses doigts et tirait une des chaises du bureau alors qu’apparaissait sans préambule dans la pièce un brigadier prénommé Steve qui s’installa à son tour du même côté du meuble. « So you’re Saoirse something ? She’s right ? » le flic se tourna vers Jo qui acquiesça, à peu près certain d’avoir arrêté la bonne personne, celle qu’ils filaient depuis quelques semaines. « Please take a seat, it could be long, » annonça Jo en désignant du menton la chaise en face tandis qu’il croisait les bras, posture plus avachie que réellement assise. « You’re here because we’re inquiring on the traffic of a dangerous kind of cigarettes, we haven’t catch any smuggler or client yet, but we have you, you’re a heavy smoker, are you ? The few times we were watching the places where it’s sold, you were just here. So you can’t be anything but a client, or the smuggler themself, which could explain how you got all the cigs you smoke, » déclara finalement Joseph, enfin redressé et yeux rivés à ceux de la suspecte. Il n’aimait pas les interrogatoires, c’était une perte de temps, les gens ne parlaient jamais (à raison) avant qu’on ne trouve un moyen détourné pour les y contraindre.

november 2005 | @Joseph Jane

« yeah, » La naïveté, c'est toujours le parfait moyen de se mettre dans la merde. Ce qui t'arrives en ce moment même est le parfait exemple de pourquoi tu ne dois pas être naïve, pourtant c'est trop tard. En soit, tu n'as pas grand-chose à perdre si tu venais à te retrouver enfermé - excepté Aileen,  peut-être. Tu t'en veux d'avoir cru qu'une personne pouvait être gentille et te filer les clopes dont t'as besoin, sans que ce ne soit pour avoir quelque chose en retour, ou pour te faire enfermer. En plus, il a l'air un peu trop arrogant pour toi, le flic. Il voit bien que t'as l'air paniqué quand même, et qu'en plus de ça, t'as pas bougé d'un poil depuis qu'il vient de te dire qu'il t'arrêtait, alors c'est inutile de te dire de ne pas fuir. « Perfect then, » Tu le foudroies du regard, sans rien répondre, puis encore une fois, comme tu n'as plus rien à perdre, tu sors une cigarette de ta poche puis la met entre tes lèvres en l'allumant. Au moins, t'auras fumé une dernière clope avant de perdre toute ta dignité. « Accio wand. » Tu mens pas sur le fait d'avoir perdu ta baguette, pourquoi tu le ferais ? De toute façon, tu sais à peine t'en servir. « Bold of you to come here without it, » Et en plus, il ose te faire un commentaire sur le fait que tu n'aies pas ramené ta baguette. Quel connard. « Shut up. » Et après un bon moment passé à fumer ta cigarette, tu la laisses tomber par terre puis tu l'écrases avec tes chaussures. « I’m taking you to the ministry for questioning, » Il se rapproche vraiment très légèrement de toi, et tu le dévisages, air dégouté, avant qu'il ne t'amène au ministère avec les autres flics.

« So you’re Saoirse something ? She’s right ? » Un autre flic te regarde comme une bête en cage, et tu lui réponds d'un sourire complètement ironique. « Please take a seat, it could be long, » Tu t'installes alors sur une chaise, attendant la suite en posant ta tête sur tes mains. C'est déjà ennuyant. « You’re here because we’re inquiring on the traffic of a dangerous kind of cigarettes, we haven’t catch any smuggler or client yet, but we have you, you’re a heavy smoker, are you ? The few times we were watching the places where it’s sold, you were just here. So you can’t be anything but a client, or the smuggler themself, which could explain how you got all the cigs you smoke, » C'est qu'ils doivent s'ennuyer pour venir t'accuser d'un trafic de cigarettes soi-disant dangereuses. Et tu ne peux pas t'empêcher d'esquisser un sourire. « You must be really bored to be accusing a woman who's just smoking cigarettes sometimes, right ? » Tu ne réponds pas du tout à la question du gars. « I'm not part of a traffic, if that's what you want to hear. » Puis tu soupires, déjà ennuyé par cet interrogatoire.

Elle s’était faite avoir comme une bleue, à un tel point que même Jo était presque incrédule que sa stratégie vaguement bancal ait fonctionné aussi bien. Comme quoi ses plans les plus foireux étaient toujours les meilleurs, il aurait même pu s’en vanter éternellement si le sort d’une fille qu’il ne connaissait même pas n’était pas en jeu. Le pire étant qu’elle n’était qu’un dommage collatéral dans sa quête de sécurité de l’emploi, il n’avait pas le choix que de faire des sacrifices pour contribuer à sauver le plus grand nombre. Ce genre de pensées le dégoûtait, il aurait préféré aider tout le monde plutôt que de jeter une poignée dans les flammes de l’enfer, mais il était bien capable de se raisonner, parce que finalement, cette fille risquait moins que les résistants si on leur mettait la main dessus, et elle risquait moins que lui si on venait à douter de sa loyauté.

Depuis sa chaise, il affectait un air détaché alors qu’il dévisageait la fumeuse. Elle était vraisemblablement aussi aimable qu’une porte de prison, ce n’était pas pour arranger son cas, aussi Jo glissa-t-il un regard à son collègue dont l’air goguenard contrastait avec la mine farouche de la suspecte. S’il avait pu, le brun se serait taillé, il y avait forcément mieux à faire que mener un simulacre d’interrogatoire pour de malheureuses cigarettes, mais il était coincé jusqu’ à la fin et n’avait plus qu’à prier pour que Steve ne joue pas au chat et à la souris, et que Saoirse ne soit pas trop réticente à l’ouvrir. « You must be really bored to be accusing a woman who's just smoking cigarettes sometimes, right ? » Jo ravala un sourire amusé, se contenta de resserrer ses bras sur sa poitrine. « Yes we are, » rétorqua Steve. Il fallait signaler que l’arrivée de l’été était plus synonyme de fêtes clandestines à démanteler que de soudaine apparition de traîtres à arrêter (pas que Jo s’en plaignait, cela dit) aussi les équipes se concentraient-elles sur les trafics mineurs comme celui impliquant possiblement la jeune femme devant eux. « Just so you know, according to the Lord’s edict 2006-038, the purchase of cigarettes as well as alcohol and drugs is forbidden, so you’re not just smoking cigarettes, you’re infringing the law, » reprit le plus agé des brigadiers, son sourire ayant viré féroce au passage.

Jo observait toujours son collègue du coin de l’œil, il était prêt à parier une fortune que sa consommation d’alcool à lui était tout sauf légale, on avait donc basculé dans le fais ce que je dis pas ce que je fais, le crédo même de la BPM. « Anyway, do you sell altered cigarettes ? » intervint finalement Jo, ses iris clairs quittant Steve pour se poser sur Saoirse. Il affectait toujours la plus pure tranquillité, posture détendue et air vaguement curieux. Maintenant qu’il était face à la fille dans la lumière crue de la salle d’interrogatoire, il voyait bien qu’elle n’avait pas le profil type du trafiquant notoire, excepté si l’on croyait que le visage le plus angélique était celui qui serait le moins suspecté, auquel cas, la magouille était brillante. « I'm not part of a traffic, if that's what you want to hear. » Elle semblait sincère, ou l’acting était de qualité. Jo s’attela au remplissage d’un document pénible et inutile parmi ceux qui finissaient régulièrement réédités après les interrogatoires, releva les yeux vers la brune. « So, admitting you’re no smuggler, where do you buy your cigarettes ? » s’enquit-il alors. Il avait bien une idée pour sauver la peau de la fille, du moins pour un certain temps, aussi espérait-il qu’elle se montrerait dès maintenant un minimum coopérative.

november 2005 | @Joseph Jane
La honte qui te ronge alors que le flic et ses acolytes t'embarquent pour aller au Ministère. Tu sens les problèmes arriver. Ça t'inquiète un peu, t'es pas très rassuré à l'idée d'être interrogé par ces gens. Tu connais le traitement infligés aux gens qui ne sont pas de sang-pur. Et encore t'as la chance de ne pas être une née-moldue. « Yes we are, » Y a cet autre idiot de flic - à qui la situation a l'air de faire bien rire - qui t'agace. Il le comprend sûrement en voyant le regard que tu lui jettes, ou alors il n'est pas assez futé pour le comprendre. T'aimes pas les flics. « Just so you know, according to the Lord’s edict 2006-038, the purchase of cigarettes as well as alcohol and drugs is forbidden, so you’re not just smoking cigarettes, you’re infringing the law, » Le pire dans tout ça, c'est qu'il te prend pour une idiote. Asshole. Et tu lèves simplement les yeux au ciel en réponse. C'est rien qu'une perte de temps cet interrogatoire, puis c'est juste ridicule. Peu importe que tu balances un truc ou pas, on ne te croira pas. Ils ne veulent que trouver une raison pour enfermer les non-sangs-purs, c'est la seule chose qui les intéresse de toute façon. Shitty governement. Et c'est pas prévu de changer. Heureusement que tu n'es pas mêlé à tout ce bordel, ça t'ennuierait beaucoup trop. « Anyway, do you sell altered cigarettes ? » La seule réponse que tu lui as fourni, c'est de dire que tu ne fais pas partie d'un trafic. Et même si t'avais dit que oui, ça n'aurait pas fait bouger les choses. Il se fiche de ce  que tu réponds. À quoi bon perdre ton temps ? « So, admitting you’re no smuggler, where do you buy your cigarettes ? » Au fond, ça ne te dérange pas de balancer ceux à qui t'as acheté les cigarettes. Tu te souviens de chaque visage, et à peu près de chaque nom. Mais pourquoi rendre la tâche aussi simple, alors que tu peux les emmerder comme ils le font avec toi ? Ça te sortirait peut-être d'affaire plus vite, mais t'es loin d'avoir envie d'aider ces gens à arrêter ceux qui t'vendent tes clopes. Tu feras comment pour en avoir après ? « Why would I tell you ? » Sourire narquois dessiné sur tes lèvres, coudes posés sur la table, t'es pas prête à cracher le morceau. Ils ne méritent pas que tu le fasses aussi facilement. « It's funny how it's always the muggleborn or halfblood that you arrest, but never pureblood of course. » Ton sarcastique, tu sais bien qu'ils trouveront dans tout les cas un moyen pour te faire balancer la vérité mais, puisqu'ils te font perdre ton temps, autant que tu leur fasses perdre le leur.

Vraiment il ne trouvait aucun intérêt aux interrogatoires, c’était long, ses collègues avaient pour hobby de bully des gens et en plus, ça finissait rarement bien pour la personne du mauvais côté du bureau. En fait, il se demandait pourquoi ils prenaient encore la peine de venir ici puisque l’issue de toute garde-à-vue était plus ou moins arbitraire. A vue de nez, cette gav là n’allait en plus pas bien se finir vu le comportement de la suspecte qui agaçait même Jo dans la manœuvre (faire la fière devant des forces de l’ordre qui pouvaient lui filer un allé simple pour nowhere, really ?) aussi se contenta-t-il de la fusiller du regard comme si par miracle la télépathie pouvait fonctionner et lui faire comprendre qu'elle allait droit dansl le mur. C’est qu’il était un peu responsable de sa situation, c’était son plan machiavélique qui l’avait faite arrêter, maintenant il n’avait plus qu’à lui trouver une échappatoire ou il aurait sa soudaine disparition sur la conscience. Les iris quittant un instant le profil de son collègue pour en revenir à la fille, il passa distraitement les doigts sur son avant-bras avant de s’accouder au bureau.

« Why would I tell you ? » La petite conne, elle osait sourire. Jo fronça légèrement les sourcils, dégouté de voir que sa télépathie ne fonctionnait pas, « Because we want you to. Come on, the names of your suppliers, it's no big deal, that's what good citizens do, » Steve émit un claquement de langue réprobateur auquel Jo répondit par un regard en coin signifiant qu’il avait toute la situation bien en main. Ce n’était pas le cas, il était tombé sur la tough girl du coin qui faisait des risettes cyniques comme si elle ne jouait pas sa peau, mais Jo n’abandonnait pas si facilement. « It's funny how it's always the muggleborn or halfblood that you arrest, but never pureblood of course. » Et il allait la buter. Ou plus vraisemblablement, il avait envie de la secouer pour qu’elle réfléchisse un peu, parce que même lui, à sa place n’aurait pas fait le mariole comme ça et pourtant Dieu savait qu’il crachait volontiers sur l’autorité. « Is that a criticism ? Are you challenging the decisions of our Lord ? » Jo grinça des dents, regard toujours plus assassin posé sur la fille qui allait vraiment finir par se noyer dans ses problèmes. « The reason why muggleborn or halfblood as you say are those who get arrested is just because they tend to be criminals. I mean, look at you, it’s in your blood, you’re born to be the dregs of society, » Jo qui s’était mis à ronger l’ongle de son pouce le sortit de sa bouche,  un sentiment d’urgence grondant dans ses entrailles. « Come on people, no more cockfight, I got an idea, » intervint-il finalement avant que quiconque n’ait pu ouvrir la bouche. « You were obstructive, you make us lose our time so after you grass up everyone, you'll do something for us, » commença-t-il,  mains croisés sur le bureau devant lui. Il sortit même la petite risette pour l'occasion, il fallait dire qu'il était très fier de son coup : même Steve ne trouverait rien à redire s'il récupérait la fille à leur avantage pour attraper de plus gros poissons. « So talk before old Steve gets mad then I’ll brief you, » conclut-il, yeux toujours rivés à la brune à prier pour qu’elle ne fasse pas la maline plus longtemps.

november 2005 | @Joseph Jane
tw. violence verbale

« Because we want you to. Come on, the names of your suppliers, it's no big deal, that's what good citizens do, » Ils te font rire. En plus, ils doivent parfaitement savoir que tu ne parleras pas alors à quoi bon continuer ce stupide interrogatoire ? Qu'ils fassent quelque chose d'utile pour te faire balancer les noms, au lieu d'attendre comme des idiots. La bouche cousue, tu te contentes de les dévisager, bien décidée à les faire perdre leur temps. Quitte à finir enfermée, autant que tu t'amuses un peu avant. Le seul moment où tu décides de rouvrir la bouche, c'est pour critiquer le système. En parlant du fait que c'était toujours les nés-moldus ou les sangs-mêlés qui se retrouvaient arrêtés pour telle ou telle raison. Puis, tu ne faisais que dire la vérité. « Is that a criticism ? Are you challenging the decisions of our Lord ? » T'avais bien eu envie d'hocher la tête, mais tu n'avais par contre pas envie de te prendre un Avada Kedavra en pleine gueule. Alors, tu te contentes de te taire en tapotant sur la table qui se trouvait en face de toi pour faire passer le temps. Ça semblait faire une éternité que tu te trouvais là, c'était d'un ennuyant. « The reason why muggleborn or halfblood as you say are those who get arrested is just because they tend to be criminals. I mean, look at you, it’s in your blood, you’re born to be the dregs of society, » T'as dû te mordre les lèvres bien fort pour ne pas hurler. S'il y avait bien un truc que tu détestais, c'était les gens comme ce flic. Les sangs-purs qui se croient au-dessus des autres. Ils pouvaient bien aller se faire foutre, eux et leur complexe de supériorité. « Shut up. » Franchement, t'es resté plutôt calme malgré les paroles du gars.

« Come on people, no more cockfight, I got an idea, » Cette fois, c'est l'autre flic qui décide prendre la parole. Haussement de sourcils alors que tu poses tes yeux sur le lui. « You were obstructive, you make us lose our time so after you grass up everyone, you'll do something for us, » Il semble si sérieux que ça en devient marrant, on croirait presque qu'il pense que tu vas les aider. Puis, c'est certainement pas avec l'autre idiot de flic que tu vas aider à quoi que ce soit. « Well, tell your friend to shut the fuck up if you want me to cooperate. Otherwise, I'm not gonna help. » Tu dis ça en souriant, avant de lancer ton plus beau regard noir en direction du second flic. « So talk before old Steve gets mad then I’ll brief you, — Old Steve can go fuck himself. » Ça, ça va sûrement te valoir des emmerdes en plus, mais tu t'en fous un peu. Après ça, tu réfléchis aux différentes possibilités que t'as, et c'est soit tu te décides à aider, soit tu finis enfermer. L'option une semble être la plus simple. « What will I get if I help ? » Le choix sera sûrement vite fait après cette question.

tw. violence policière, menaces de violence.

« Shut up. » Il était : excédé. Et dans l’incompréhension. Et un peu anxieux parce qu’il voulait bien aider et tempérer Jeff mais il fallait y mettre du sien des deux côtés pour que ça marche. Elle ne voyait pas la fille, qu’il essayait de l’aider ? Apparemment pas, elle avait même l’air de vouloir aggraver son cas et pour un peu que Jo n’ait pas été optimiste, il lui aurait conseillé de préparer son cercueil dès maintenant, alors qu’elle assassinait du regard un Jeff qui en avait vu d’autres, des rebel.les.

Il tenta de détourner l’attention des deux parties, il avait des années de pratique avec ses collègues, parce qu’une blague un peu vaseuse et un sourire jusqu’aux oreilles réussissaient en général à faire passer les élans de colère qui ne finissaient jamais bien pour les civils. Cette fois ça semblait compromis alors que Jeff ne quittait pas la suspecte des yeux et qu’elle se la jouait fine. « Well, tell your friend to shut the fuck up if you want me to cooperate. Otherwise, I'm not gonna help. » (dé 1) Suicidaire, stupide aussi. Elle aurait dû se douter qu’insulter un représentant du gouvernement était la pire idée du monde, même sans côtoyer de brigadiers au quotidien. Tendu comme la corde d’un arc, Jo attendit la réaction de Jeff, iris rivés à l’agent qui se contenta (à sa grande surprise) de se lever et de contourner le bureau. A la démarche, il l’associa un instant à un serpent rampant vers sa proie, prêt à mordre à la moindre occasion. « You are to help us, the choice isn’t yours, » siffla le brigadier le plus âgé en s’adossant au meuble derrière lui, ses yeux ne quittant plus Saoirse. Humour, solution pour désamorcer toute bombe, parce que Jo se sentait démineur actuellement – ça échoua, il commença à douter de la santé mentale de sa suspecte. « Old Steve can go fuck himself. » (dé 2)

Le serpent fondit sur sa proie dans une claque retentissante. Prévisible, la méthode avait beau être abjecte et ne consister qu’en un abus de pouvoir, il était évident que dans le monde où ils vivaient, faire le mariole devant les forces de l’ordre était une condamnation à mort. « Say it again ? » gronda Jeff dont la baguette venait d’apparaître dans sa main. Et entre temps, Jo s’était levé, la chaise sur laquelle il était assis grinçant derrière lui. « She won’t, you know they’re all cowards, » répondit-il avant que la brune n’ait pu en placer une, l’invitant à se taire une bonne fois pour toute d’un regard noir particulièrement appuyé qu’il lui lança de derrière son collègue. Cela fait, il contourna le bureau à son tour, se plantant bras croisé à quelques pas des deux autres. « What will I get if I help ? » Le culot était incroyable, courage ou imbécilité, la question restait entière mais lowkey, Jo admirait. « I don’t know, let’s say that you’ll leave this place nearly uninjured, what do you think ? » Le brun jeta un œil à la sorcière, puis du côté de son collègue en quête d’un signe engageant, « you know what I think ? That she doesn’t deserve to even leave this room, » son regard se reposa sur la brune, celui de Jo aussi. Jo qui arrivait au terme de ce qu’il pouvait faire pour elle sans se mettre lui-même en danger.

(dé 3) Jeff avait d’ailleurs braqué sa baguette droit entre les deux yeux de Saoirse, la menace était claire, autant dans sa posture que dans la manière dont il la regardait. « You know, we’re both running out of patience because of you, so you should save it right now and start talking before you get really hurt, » déclara Jo en sortant sa baguette à son tour. Il la garda dans sa main alors qu’il s’appuyait contre le bureau derrière lui, tentant d’adopter l’air le plus féroce possible pour la  convaincre qu’elle n’avait pas le choix que de faire ce qu’ils disaient.