tw. alcool, conduite à risque

"Présomptueux" qu'elle avait lancé pour sceller le deal, regard en coin à Joseph alors que l'excitation montait d'un cran alors que ce n'était que les prémices. Et ce n'était bien sûr que parce qu'elle était intriguée qu'elle avait perdu la première manche avant de faire le grand saut pour se retrouver de nouveau au sommet. Elle avait les joues rougies par le vent, la respiration un peu erratique, les cheveux définitivement décoiffés qu'elle entreprit d'attacher à la va-vite pour éviter les trop gros nœuds. Là s'arrêtaient les actions intelligentes de la brune qui était trop occupée à regarder le vide de haut. En se penchant, un peu, beaucoup, juste pour le léger frisson. Et la légère envie de se laisser tomber pour sentir de nouveau l'ivresse de la vitesse avant de fausser compagnie à la mort au dernier moment.

Il était arrivé en même temps qu'elle. Le con. Elle en eut la confirmation au moment où il s'enquit du vainqueur. "Personne" cracha-t-elle, déçue, se demandant s'il n'était pas avantagé dans les épreuves de chute vu les vingt centimètres qu'il lui mettait (en taille). Quelques pas chassés esquissés pour s'avancer le long de la grue, elle suivit le regard de Joseph jusqu'au crochet, sourire insolent aux lèvres alors que les yeux étaient brillants. "Bien sûr !" Réponse qu'elle donnait à absolument toutes les questions qui commençaient par "cap".

Pas presque trop aériens pour son niveau d'ébriété, elle fut au bout de la pointe de la grue en quelques instants, prit une seconde pour réfléchir à la suite du programme avant de s'accroupir. Elle désescalada les quelques barres métalliques - elles étaient froides, glissantes, sourire satisfait parce qu'elle ne donnait pas dans le 4a - jusqu'à atteindre le câble qui menait au crochet, légère grimace venant déformer les lèvres quand elle posa les mains dessus. Ca allait piquait.

Ca piqua en effet. Dans un premier temps, pas trop, ça ne glissait pas suffisamment pour descendre facilement. Puis la matière changea, accélération, brûlure de cordes sur les paumes, atterrissage plus que bancal sur le crochet. Elle avait manqué de s'y empaler tiens. Bon, la prochaine fois elle sautait du sommet et tenterait de se la jouer Tarzan, voilà. "Tu viens ?" qu'elle cria en direction de Joseph, se tenant prête à faire de la place, louchant également sur la peau à vif de ses mains. Aïe.

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Présomptueux il l’était toujours, cf le sourire plein d’assurance qu’il lui adressa avant que les festivités ne commencent. Il gagnait, normal puisqu’il était le meilleur, après, il songeait presque à perdre exprès pour octroyer à Siham la contrepartie de sa victoire. Il ne le fit pas, l'honneur avant tout, ne restait plus qu’à jouer la belle pour assurer sa supériorité dans l’art de la suspension au dessus du vide.

Il suivit la brune jusqu’au bord de la grue, s’assit tandis qu’elle entreprenait de glisser sur la corde. Il commençait à avoir froid, le métal et le vent n’arrangeaient rien – au lieu de faire le beau gosse en veste en jean, il aurait dû enfiler une doudoune – si seulement il avait su qu’il finirait la soirée non pas en backroom mais sur un engin de chantier. La silhouette de Siham s’éloignait à mesure qu’elle descendait, il la suivit des yeux, sourire aux lèvres alors qu’elle posait enfin les pieds sur le crochet. « Tu viens ? » Il s’approcha encore un peu du bord, jeta un œil à son perchoir. « Attends bouge pas, je fais de la difficulté ! » brailla-t-il en sortant sa baguette de sa poche. Un sort plus tard, le câble adoptait un léger mouvement de pendule qui s’intensifia à mesure qu’il prenait de la vitesse, et maintenant le brun contemplait le métronome comme un chat regarde une ficelle.

Il attendit que ça se calme un peu et se lança, y perdit les deux mains à cause de la friction, finit par poser un pied sur autre chose que du vide. dé (1) Ça pencha dangereusement, il s’accrocha d’autant plus fort au câble, grimaça parce que ça faisait mal et qu’en plus il avait comme l’impression de basculer. En dernier recours avant la chute, il tomba dans les bras de Siham, ou plutôt la ceintura avec un cri étouffé. Maintenant il était presque stable, avec juste un peu de place où poser ses pieds (pour ne pas dire qu’il marchait juste sur ceux de sa pote) et il releva la tête pour observer son environnement. Le câble se balançait toujours, ça faisait comme un manège, en plus il avait moins froid maintenant qu’il était collé à la brune. « T’sais ce qu’il nous manque ? » Il tourna les yeux vers elle, sourire de vainqueur flottant sur les lèvres. « Une canne-à-pêche, ça ferait comme l’intro de dreamworks, » passés les constats spirituels, il s’arracha à la contemplation de Siham pour lever les iris vers le ciel. Remonter par le câble, ça aurait été bien mais à vu de nez, c’était hautement compromis. « Viens on se balance, comme ça on saute sur les barreaux dès qu’on est assez près, » suggéra-t-il avec un regard entendu.

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Paumes de mains essuyées sur le pantalon, Siham se disait que les brûlures de corde étaient les plus nulles du monde parce qu'il n'y avait même pas de vrai feu. Naze. Au moins l'objectif était atteint et Joseph l'y rejoignait bientôt. Regard interrogateur vers ce dernier qui s'agitait encore sur la flèche, rire ravi quand le câble duquel elle était pendue se mit en mouvement. Trop biiiiien"" qui se perdit dans le vent alors que le balancement accélérait avant de décélérer à cause des forces de frottement (instant physique du jour). "Viens Jooo ! Tente le salto !" gueula-t-elle ensuite, ne bougeant pas d'un pouce parce qu'il le lui avait demandé et que ça devait être un des seuls à qui elle obéissait sans discuter surtout parce que l'idée était totalement conne. Puis qu'il fallait bien qu'elle soit là pour récupérer l'ange tombé du ciel qui peinait à atterrir sur ses pattes. Ou plutôt lui servir de bouée de sauvetage et il serrait fort le bougre. Souffle un peu coupé - et par les bras serrés autour d'elle et par la vue - elle ne résista pas à la tentation de se pencher un peu plus vers le vide, ignorant les grincements du câble toujours en mouvement avant de tourner les yeux vers l'ami retrouvé. Là, il ne lui manquait rien en réalité. "Dreamworks ?" demanda-t-elle, sourcils se fronçant légèrement parce que ça ne lui disait vraiment rien. Mais elle s'en fichait un peu, collée contre le brun que l'alcool rendait beau et dont les idées idiotes lui semblaient être des coups de génie.

Balancements amorcés, d'avant en arrière, Joseph plaqué dans son dos. Elle avait les yeux rivés sur la cible à atteindre. Un coup beaucoup trop loin, un coup encore un peu trop loin pour le saut. "Ensemble ?" Parce que départ en décalé semblait compliqué vu la place qu'il y avait sur le crochet. Elle décala un peu ses pieds, pour avoir un meilleur appui, fléchit légèrement les genoux pour abaisser le centre de gravité (toujours situé beaucoup trop haut par rapport au sol), commença à égrener les secondes pour savoir quand il fallait sauter. "MAINTENANT !" Impulsion pile quand la distance entre le câble et les barreaux était minimale, muscles tendus, bras devant qui se crochetèrent comme par miracle à un des barreaux. Atterrissage un peu douloureux avec ses mains abîmées et la vitesse qu'elle avait prise mais atterrissage quand même. Sourire triomphal alors que le cœur tambourinait à tout va et que l'adrénaline pulsait dans ses veines. Le pied.

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Balancier digne des meilleurs manèges en dessous de lui, il le suivit des yeux un temps avant de se lancer, ignorant l’exhortation à faire un salto (c’était mieux dans les piscines, quand on ne comptait pas s’agripper à un câble comme tarzan). L’atterrissage fut compliqué, se solda par une prise solide autour de Siham qui elle était plus stable que la plateforme sous les pieds de Jo. Il savait bien quoi faire en cas de chute, les transplanages d’urgence le connaissaient, mais la petite décharge d’adrénaline qui accompagnait un presque-basculement était trop délectable pour qu’il lui préfère une simple chute. « Dreamworks ? » Il acquiesça, écartant autant que c’était possible son visage de l'épaule de Siham pour croiser son regard. « C’est un studio d’animation, » précisa-t-il. Une enfance passée au milieu de voisins sans magie avait résulté en un savant mélange de culture sorcière et moldue chez lui, et il avait passé de nombreux week-end au cinéma, une de ses activités préférées maintenant. Il nota de traîner Siham au prochain Tarantino, maintenant qu’ils étaient de nouveau amis.

Le balancier repris, objectif quitter le crochet d’un bond, ce qui s’annonçait compliqué en raison du manque de visibilité et de l’instabilité de l’objet, sans compter qu’ils n’étaient pas dans une position optimale pour un grand jeté. « Ensemble ? » Il tomberait si elle sautait la première, alors il brailla un « oui, » se prépara autant que possible pour le grand bond, attendit, attendit, attendit … « MAINTENANT ! » Il lâcha les mains, prit une impulsion et se jeta dans le vide. Le vent fouettait visages et vêtements, s’engouffrait par le col trop lâche de son T-shirt, il tendit les bras en avant, saisit un barreau. (dé) L’impact fut vaguement violent, de fait douloureux pour ses phalanges et ses paumes, il trouva un appuie sous ses baskets cependant et chercha instinctivement la présence de Siham. « T’es vivante ? » demanda-t-il lorsqu’il la vit, accrochée elle aussi. Ils étaient les meilleurs, le cirque du soleil n’avait qu’à bien se tenir. « J’ai soif, » annonça-t-il  après avoir phasé un moment sur les lumières de la ville au travers des barreaux. Ça faisait comme s’il était derrière une porte de prison, le constat lui fit esquisser un sourire amusé avant qu’il ne repose des iris brouillés par l’alcool sur Siham. « Viens on retourne au bar, » il lâcha une main, plia et déplia ses doigts engourdis avant de loucher sur ses paumes éraflées et brûlantes. Il allait douiller demain, il faudrait qu’il demande à sa mère de le soigner d’un sort.

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Nez sur la barre métallique, ça sentait la rouille et la peinture industrielle. D'ailleurs cette dernière s'écaillait, Siham avait du rouge plein les mains. ou alors elle confondait avec le sang séché dû à sa réception précédente... Il faudrait compter les bleus demain. L'odeur n'était pas si mauvaise que ça songea-t-elle, refermant d'avantage ses doigts autour de sa prise. Elle commençait à avoir du mal à les sentir. Peut-être à cause du froid, peut-être parce que ça faisait un bon moment qu'ils faisaient n'importe quoi. D'ailleurs, où était-il ? Les yeux se mirent à parcourir les lieux, regard pas si inquiet que ça, Joseph était au moins aussi immortel qu'elle après tout (puis elle n'avait peur de rien). Voilà, il était là, juste un tout petit peu plus bas, toujours aussi bavard. Elle lui sourit - sourire rayonnant, beaucoup trop grand pour une meuf qui venait de se réceptionner salement à des barreaux en métal - clin d'œil en bonus pour prouver qu'elle était plus que bien vivante, elle était au top du top. Il avait soif... Pauvre petit. "Moi aussi" souffla Siham par solidarité. C'était à force de sauter dans tous les sens, ça déshydratait. D'ailleurs, c'était bien le seul aspect dangereux de l'histoire la déshydratation. Le reste était de la gnognotte à côté du manque d'alcool dans le sang. Claire, elle avait tendance à douter, ce qui était un handicap dans la réalisation d'un triple salto avant du haut d'une grue. Joseph avait raison, il fallait retourner à la base. Petite grimace esquissée, le Pegasus n'était absolument pas le bon endroit pour sa straightitude. Quoiqu'il était tard, plus personne ne devait savoir ce que ça voulait dire à force de manquer de sobriété. "Allons-y" déclaré avant qu'elle ne lâche les mains, petite impulsion vers l'arrière et elle tombait, tête en bas. Elle ferma les yeux une dernière fois, profitant de la sensation de vitesse, du vent fouettant son visage, mort imminente, dans trois, deux, un... Transplanage en beauté, atterrissage à la droite de Dieu Joseph, tout sourire. "Vraiment contente de t'avoir croisée" qu'elle avoua - confession ultime de meuf bourrée - avant de le chopper par le bras parce que c'était clairement avec lui qu'elle voulait danser toute la nuit. "C'est ma tournée." Et leur marche déterminée, bras dessus bras dessous, jusqu'au bar fut le dernier souvenir clair de Siham.