the sun'll come out // faye

Dans tout autre contexte ce serait probablement comique de voir une hit-witch des plus talentueuse jeter une misérable pierre sur un tigre -et le rater-. Moi ça m'aurait faire rire en tout cas. Parce que j'aurais pu balancer un sortilège immédiatement pour transformer la sale bestiole en petit chaton inoffensif. Là par contre, les animaux inoffensifs, c'est surtout nous. Alors forcément, la blague est moins efficace. Encore que, pour le félin en question ça doit être un minimum rigolo. C'est déjà ça. Pas sûr que ça réconforterait Faye. Certaine que ça me réconforte pas moi. Après notre attaque en duo ratée, faut se reprendre en main et turn-it-around le plus rapidement possible. Parce que soyons franches, on risque pas de bien s'en sortir si l'affrontement s'éternise. Plus le temps passe, plus les probabilités augmentent de se prendre une griffe géante dans la tronche, mathématiques basiques. L'entaille sur le buste de Moroz en est bien la preuve. Le sang coule d'ailleurs, ça l'empêche pas de lancer des provocations de plus en plus bruyamment, mais ça coule. Va falloir que je profite de l'occasion, pas certaine qu'on en aura beaucoup d'autres. Elle y arrive bien en tout cas, à énerver l'ennemie, avec tout un tas d'exclamations qui vont devoir être largement censurées pour les ondes. La tigresse prend son élan et, en ignorant la pierre loupée, compte vivement se projeter sur ma pote désarmée.

Il s'agit donc de frapper pendant que son attention est entièrement accaparée par la belle brune. La branche au dessus de la tête avec la fougue de quelqu'un s'apprêtant à frapper violemment un adversaire pour la première fois -c'est vrai-, je me lance en même temps pour traverser la distance qui me sépare de l'objectif. Et ça me surprend autant que la bestiole -pour qui sous cette apparence je commence à avoir un peu de peine, comme quoi pour gagner la sympathie, il leur suffit de se transformer en animaux mignons aux méchants- mais je réussis à abattre la branche sur sa tronche. Avant qu'elle ne dévore l'autre prisonnière, bonus. Le matou a l'air sonné pour au moins quelques instants, et avec Faye tailladée, j'décide de prendre les devant. Aider le pauvre bougre qui nous a fait venir à se lever, histoire de fuir pendant que machine est à terre. J'le soutiens largement et en un éclair -tout relatif- on se casse tous. A déambuler dans la forêt, espérant pouvoir semer la féline en colère qui, assurément, a repris ses esprits maintenant. Collée au prisonnier, j'vois clairement qu'il est de plus en plus pâle. "I think we need to stop. For a time at least."

Dans des buissons qu'on élu domicile, et par chance, j'entends pas le monstre derrière nous. Le type dont je connais même pas le nom est maintenant totalement évanoui. Pratique. "D'you have any first aid knowledge?" que j'adresse à Faye, avant de me souvenir qu'elle est griffée elle aussi."How you doin'? Is it deep?" Et j'peux pas m'en empêcher, j'ajoute "Maybe you should lay down, take off your shirt. You know, so we can have a better look..." C'est la galère mais faut bien rigoler un peu.

Spoiler:

tw: sang, jurons, propos explicites

Le coup de grâce survient sans trop se faire attendre, sous la forme d’un gros bâton que Tonks abat sur le crâne du fauve qui s’est déjà bien amusé à lacérer le buste de Faye. Leur petite troupe profite de l’absence momentanée de leur assaillante pour prendre la poudre de cheminette et s’éclipser sans demander leur reste, mais entre le rescapé qui n’en mène pas large et Moroz qui, il faut bien le reconnaître, douille quand même pas mal, ils n’avancent pas non plus à une vitesse folle.

Lorsque l’ex-Auror suggère une pause, Faye grogne mais accepte et s’appuie contre un arbre, la main rougie contre l’écorce, l’autre qui presse son abdomen autant qu’elle peut. ’Tis but a scratch, qu’elle pourrait ricaner dans d’autres circonstances, mais elle a été en meilleure forme à d’autres moments.

Et bien sûr, celui qui appelait à l’aide tombe dans les vapes, et voilà Faye qui jure sans se gêner un charmant : “For fuck’s sake, now’s not the time to faint! -D'you have any first aid knowledge? - Oh sure honey, just let me grab my scalpel or whatnot.”, l’ancienne Hit Witch répond sur un ton vaguement guilleret et railleur, mais sa voix est quand même plus faible qu’à d’autres moments. Croisant le regard de son amie, elle inspire profondément alors que Tonks reprend : "How you doin'? Is it deep?" Soulevant brièvement la main qu’elle presse contre son ventre, elle penche la tête, ausculte d’en haut, et esquisse une grimace, l’air de dire qu’elle a connu pire, mais qu’elle a connu mieux. Et Tonks de détendre l’atmosphère : "Maybe you should lay down, take off your shirt. You know, so we can have a better look..." Un ricanement plus sincère s’échappe d’entre les lèvres de Faye, qui grommelle un “You Aurors, always thinking about tits and dicks, aren’t you?”

Déglutissant un instant après, et inspirant de nouveau, Faye essaie de se concentrer, tend l’oreille, guette un bruit, hésite. Revenant à Tonks, elle reconnaît que la situation est moins idyllique qu’elle ne pourrait : “Tell me, if I were to cry bloody murder to get one of the jolly gang to come and help us, how many « fuckable piece of ass » points would I suddently lose in your eyes?” Une drague outrancière, à travers des réflexions tout à fait pragmatiques, voyons : un classique de Gracefield.

* * *

Plus tard, lorsque les derniers chasseurs sont partis, une Faye Moroz épuisée est posée par un colosse roux sur un des lits de fortune posé au milieu du village. Tristram la regarde de haut (en même temps, c’est facile pour ce salaud, il est toujours capable de tenir debout, pour le coup !) : “Hey, Tris’? Thanks mate. - Yeah, whatever, Fuckface.” Les dialogues toujours particulièrement expressifs, c’est à peine s’ils ne sont pas à s’adresser mutuellement un doigt d’honneur chacun en guise de salutations, alors que l’ancien Hit Wizard s’éloigne pour aller faire un tour sur l’île à la recherche des retardataires.
Roulant sur le côté en grognant encore, alors que les blessures ont été partiellement soignées, Faye repère Tonks assise un peu plus loin, et contrairement aux instructions de son frère d’armes et ami, elle se redresse et, un peu chancelante, vient s’accroupir devant Tonks, en grimaçant un peu alors que sa posture lui plie le ventre et appuie sur sa plaie refermée. “Sooooo… d’you still want me to take my shirt off or something? I mean, I have a nice scar now…” Elle devrait pas s’être relevée aussitôt, parce que sa tête commence un peu à tourner, mais elle reste là, les coudes posés sur les cuisses de Tonks.

tw : sang, vulgarités

Aaah, du sang partout sur les mains, le danger proche, du flirt éhonté, c'est comme si j'étais de retour au ministère. Juste après hogwarts, récemment recrutée, sortant tout juste de l'adolescence, les hormones toujours en pagaille. Enchainant les missions dangereuses, dopée jusqu'au bout à l'adrénaline. Quelle connerie la nostalgie, c'pas du tout agréable de retrouver ces sensations. C'est discutablement la même situation, faut l'admettre. Aussi peu douée que j'ai pu l'être, j'me suis jamais sentie aussi inutile. A contenir une blessure en sachant même pas vraiment si ce que je fais est efficace ou pertinent. J'imagine que ça peut pas faire de mal, empêcher le sang de couler. On en a besoin si mes souvenirs sont bons, question d'vie ou de mort. “You Aurors, always thinking about tits and dicks, aren’t you?” On en revient encore là, forcément, une bande de sorciers et sorcières sexy qui affrontent jour et nuit le danger. Un véritable nid à tension sexuelle. C'qui empêche pas que, l'idée de Kingsley causant constamment de tits and dicks, ce soit dérangeant. Ou Moody. Un frisson de génance. Merci Faye d'me ramener sur terre avec des images glaçantes. On reste quelques secondes dans le silence désagréable de l'impuissance, l'autre évanoui est pas à plaindre finalement, il a l'bon rôle.

“Tell me, if I were to cry bloody murder to get one of the jolly gang to come and help us, how many « fuckable piece of ass » points would I suddently lose in your eyes?” Silence interrompu par une nouvelle réplique tendancieuse de la charcutée et mon ricanement trop bruyant en guise de première réponse. "None, obviously. Trying to survive imminent death by any mean necessary is hot. I'm a an expert in that domain." Pas entièrement faux, une fâcheuse habitude à complexifier inutilement les situations dans lesquelles je m'implique. La maladresse c'est un vrai mal.

* * *

Fatiguée comme jamais. On a tous l'air dégommés, à soigner tant bien qu'mal nos blessures. J'ai que quelques égratignures et autres hématomes qui démangent, mais tout le monde s'en sort pas si bien. J'ai perdu de vu Faye quand on a finalement retrouvée d'autres prisonniers, forcément, fallait bien porter l'évanoui. Contente de voir qu'il s'en est remis rapidement, aide à soigner les plus embêtés. J'suis assise à l'écart, à contempler des trucs. Mentalement, j'veux dire. Ce qui m'attend pour l'avenir, tout ce bordel régulièrement. C'est pas fou. Quand la tronche, familière depuis ces derniers jours, de Faye revient devant mes yeux. “Sooooo… d’you still want me to take my shirt off or something? I mean, I have a nice scar now…” Elle est clairement dans le mal. Mais elle me redonne instantanément le sourire. "Yeah? You probably need to lay down for a while... And I have a few bruises that could need your kind of professional opinion myself." Parce que la Moroz est bien pour l'instant le seul rayon de soleil dans cette prison morbide. Ses coudes sur les jambes, un contact physique bien plus bienvenue que tous ceux de ces dernières semaines. "So this is what you've been through for years. Always this bad I'm assuming?" J'reprends sur un ton plus lourd, parce que faut bien en causer. "And now we've got to find something to keep ourselves occupied till the next one, I guess. You know I'm sure I can help you with that scar if you need anything." Mais bon pas besoin de causer tant que ça non plus.

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