no smoke without fire (remix#1)

no smoke without fire

fuming cauldron | june 2007 | @felix wickham

Tandis qu’elle pénétrait dans le Fuming Cauldron, il lui fallut rapidement s’habituer à la fumée environnante, s’échappant des pipes qui n’avaient pas encore été bannies par les décrets du Ministère. Sa cape repliée sur son bras gauche, elle s’appuyait de la main droite sur sa canne. Il y avait quelque chose qui se dégageait de cette femme, une prestance, une aura qui poussait quiconque sur son chemin à s’écarter. Là où, pendant un moment il y avait eu de la pitié dans les prunelles de ceux qui la laissaient passer, s’allumait désormais une lueur plus craintive qu’apitoyée, et ça l’arrangeait. Lorsqu’on attirait la pitié, on n’était pas prise au sérieux, et Grainne avait horreur d’être sous-estimée. Au moins, avec Witch Weekly au creux de sa paume, elle avait une certaine puissance de frappe : la connaissance était un pouvoir dont elle refusait de se séparer et, rien que pour ça, on aurait pu dire que c’était bel et bien elle le Cerveau du duo Lynch (une affirmation qui l’aurait fait rire aux éclats et qu’elle aurait réfutée aussi sec, évidemment). En gravissant les échelons de cette presse féminine qui se faisait tantôt presse à scandale, tantôt revue mondaine, Remy était arrivée aux portes de cet autre pouvoir, et s’était fait quelques amis puissants sur son chemin. Elle se pliait bien sûr à l’étiquette classique et ne publiait que des articles et des chroniques qui correspondaient à la profession de foi portée par le régime : elle n’était pas spécialement téméraire et si Dougal MacMillan, pourtant protégé par son statut de sang-pur, faisait le dos rond et couvrait les colonnes du Daily Prophet d’articles aux relents nauséabonds, elle n’avait aucune raison de tenter de mener sa barque toute seule et s’élever contre les nouvelles lois.

Il avait fallu trouver des alliés puissants, pour lui permettre quelques écarts, et quelques longueurs d’avance, également, histoire que ses relations soient utiles aux Travellers irlandais. C’était l’un de ses alliés, de ses amis peu recommandables, qu’elle retrouvait ici en cette charmante fin d’après-midi. L’orage avait éclaté plus tôt et sa cape gouttait, pas après pas, mais sa chevelure blonde comme les blés avait été épargnée par la pluie ruisselante et elle semblait indemne. S’approchant tranquillement, le claquement de sa canne résonnant avec celui de ses talons, elle parvint à la table où ils avaient leurs habitudes et salua celui qui y était déjà installé avec un sourire charmeur et chaleureux : « My dear Felix… Sorry for keeping you waiting, I am knackered. Last minute emergency: I had to entirely rewrite a very poorly-written article for tomorrow’s issue. » Tirant une chaise du bout de sa canne, elle s’assit gracieusement face au Mangemort, appuya la poignée de sa canne contre la chaise voisine, et replaça une longue mèche de ses cheveux derrière son oreille droite -un geste anodin, coquet, qu’un des articles du numéro du lendemain annonçait comme revenant à la mode pour indiquer avec style et réserve une quelconque attirance (parmi tout un tissu d’absurdités). Et de poursuivre, en se penchant un peu vers son voisin de tablée, ayant un faux air de conspiratrice pendant quelques secondes. « I was quite happy to receive an owl from you… I have to admit I knew you were back the second you set foot on English soil -you know how reporters work now-, but I was wondering when you’d find the time for an old friend like me. » S’interrompant un instant pour commander à boire (un jus de citrouille tout simple), elle revint vers Felix et le détailla un instant, décelant lentement les éléments qui avaient pu changer depuis le temps qu’elle ne l’avait pas vu. « So, what’s the craic? Is everything okay? »

remy lynch

fulming cauldron, june 2007

La solitude l'avait acculé si loin dans ses retranchements que Felix avait fini, comme toujours lorsque poussé à bout, par éclater en un sursaut brusque, un bond explosif le poussant à chambouler les sombres pensées qui lui traversaient le crâne. C'était ce qui le poussait à rouler sa bosse jusqu'à chez Anatolius (et parfois à s'imposer pour une nuit, ou deux, devant les roulements d'yeux intempestifs de sa belle-soeur), chez Scylla, chez Langford, chez Buck, ou, lors des jours de pluie où personne ne pouvait le recevoir (ou où il ne souhaitait voir personne qui puisse lui rappeler sa mine affreuse, en comparaison avec celle d'avant), dans l'un des bars de la ville où il buvait des shots de jus de fruit en bassinant l'inconnu.e de passage - mais Felix devait immanquablement rentrer chez lui, avec la promesse d'un lit froid et d'un appartement remplis des cartons contenant l'ensemble d'une existence à deux, aux airs de vie révolue désormais.

Il ne faisait rien de mal, en écrivant un hibou à Remy, dont le sourire en coin et le regard vif le suivaient depuis Poudlard - rien de plus que de reprendre contact, comme il avait pu le faire auparavant, entre deux missions, pour fêter son grand retour, et le renouveau possible de leur arrangement d'avant. Rien de mal, au final, puisqu'Otto semblait l'avoir abandonné ; et au fil de ses préparatifs précédant leur rendez-vous, il put sentir le poids de cet abandon peser lourdement sur ses épaules, couler dans ses gestes tandis qu'il taillait sa barbe mal entretenue, se coiffait, remontait les manches de sa chemise, effleurait la marque ainsi mise en valeur sur son avant-bras - peser si lourd, si fort, qu'il finit par relâcher la pierre brûlante, cette blessure à vif qui lui ceignait le torse depuis trois semaines, pour la laisser se fracasser au sol de sa salle de bain encrassée.

Qu'il aille se faire foutre - doublement, triplement ; il allait passer la meilleure soirée de sa vie, et le sourire que lui adressa Remy, lorsqu'il releva la tête en entendant le cliquetis familier de la canne sur le bruit familier du pub, le lui assura d'autant plus. "My dear Felix… Sorry for keeping you waiting, I am knackered. Last minute emergency: I had to entirely rewrite a very poorly-written article for tomorrow’s issue." "Please, you look so stunning I could have waited a thousand years and not be mad a second about it", répondit-il avec un sourire pétillant jusque dans ses yeux clairs, conscient du rentre-dedans mielleux qu'il lui faisait, laissant tomber son livre sur la chaise adjacente à la sienne tandis qu'elle s'asseyait, son regard revenant rapidement à la sorcière - époustouflante, de fait, et Felix ne rata rien du geste délicat replaçant une boucle blonde derrière son oreille. "I was quite happy to receive an owl from you… I have to admit I knew you were back the second you set foot on English soil -you know how reporters work now-, but I was wondering when you’d find the time for an old friend like me." Felix, accoudé à la table, eut un rire - incroyablement léger, aux antipodes du poids qui lui avait plombé le corps depuis son retour. "I had many old friends to visit, though you sure are my favourite", roucoula-t-il dans sa direction, avant de reporter son attention sur le service, levant le reste son verre de Unicorn Blood pour l'avaler d'une traite. "and I'll have another one", fit-il avec une grimace devant les épices carabinées de ce cocktail, ressortissant d'autant plus face à l'absence d'alcool dans ce dernier. "So, what’s the craic? Is everything okay?"

Ah, les y voilà - la partie nécessaire dans toutes retrouvailles, remuant les sentiments désagréables que Felix cherchait de fait à oublier en sa compagnie, ce soir. "Your people didn't tip you off? I'm a bit disappointed to know you don't have me under close surveillance." Son sourire étirait ses lèvres en une expression amusée, vaguement provocatrice, la tête inclinée en la fixant une seconde, avant de reprendre : "I'm as fine as ever really." Il se laissa aller au fond de sa chaise, ses doigts autour de son verre où coulait paresseusement une grosse larme rouge sang, glissant sur ce formidable mensonge. "Vicky and Gab are alright, got my old job back, a new apartment in Manchester - yes I'm staying for good this time, believe it or not." Lui-même peinait à y croire, comme l'indiqua son haussement de sourcils significatifs. "No more South America." Une expiration sans joie franchit ses lèvres - no more Otto, et les inconvénients douloureux de sa nouvelle réalité furent chassés d'un nouveau regard à Remy, embrassant un instant ses traits inchangés par le temps. "What about you darling? Still the same old song?" Un quotidien surchargé à Witch Weekly, quelques verres (la rédactrice en chef d'une telle institution, irlandaise de surcroît, avait forcément accès à sa contrebande), parfois (souvent) en bonne compagnie, et un jumeau difficile à rater, dans tous les sens du terme - une vieille chanson que Felix connaissait par coeur, et qui lui apportait un réconfort certain.

no smoke without fire

fuming cauldron | june 2007 | @felix wickham

Comme à son habitude, Felix se faisait charmeur dès la minute où il ouvrait la bouche (même avant, à vrai dire). Pas que ça la dérange, la soirée était toujours plus agréable lorsqu’on était courtisée correctement par quelqu’un qui savait y faire. C’était toujours réjouissant de se tourner autour avec quelqu’un qui savait jouer, oui. Et Remy d’incliner la tête avec un sourire qui laissait bien comprendre qu’elle n’était pas dupe mais qu’elle appréciait le compliment lorsqu’il eut l’idée de la décrire comme son amie préférée.

À d’autres.

Still, une affirmation pareille était charmante, d’autant plus qu’il ne semblait pas lui tenir rigueur du retard qu’elle accusait. Elle avait bien fait d’arranger sa tenue avant de le retrouver. Une fois installée et les boissons commandées, en Patronne des commérages qu’elle était depuis… eh bien depuis ses jeunes années à Poudlard, à vrai dire !, elle avait donc exigé d’en savoir plus sur cette vie si remplie. Deux intérêts très distincts l’avaient poussé à se renseigner d’une façon aussi évidente : déjà, Felix était un ami -et un amant formidable, mind you : il était donc logique que Grainne cherche à savoir ce qu’il y avait de nouveau depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus ; ensuite, il y avait aussi un intérêt certain à savoir ce qu’un Mangemort faisait ces derniers temps, pour prendre la température et être capable d’anticiper un éventuel changement de sens du vent. C’était même capital de se tenir au courant, sans en avoir l’air, des fluctuations des humeurs des partisans du Seigneur des Ténèbres, parce qu’elles influençaient souvent les éventuelles arrestations problématiques pour la bonne tenue d’un gang qui battait de l’aile depuis quelques années. Se penchant donc vers Monsieur Wickham, elle tendit l’oreille avec attention, alors qu’il s’étonnait qu’elle ait besoin de lui poser la question : « Your people didn't tip you off? I'm a bit disappointed to know you don't have me under close surveillance. - Oh please, you’re dying to tell me. And besides, it’s not that fun if my people already filled me in. » Elle voulait l’entendre de sa bouche, voilà tout. Elle avait déjà quelques bribes d’informations, glanées çà et là, mais Remy n’en était pas au point de coller un pigiste aux trousses de Wickham. « I'm as fine as ever really. » Pour toute réponse à ce mensonge effronté, Remy se contenta d’arquer un sourcil en le fixant, comme pour l’encourager à lui en dire plus. Il développa rapidement et elle hochait la tête, comme si elle savait déjà où était ledit appartement. « yes I'm staying for good this time, believe it or not. » Elle voulait bien y croire. Si on lui avait refilé son poste de brigadier à la Values Brigade, ça pouvait avoir un sacré intérêt, quoiqu’elle doutait qu’il lui raconte tout ce qu’il se passait dans les bureaux. Au moins, ça serait plus utile que ce qu’il lui avait raconté sur ses activités en Amérique du Sud. Alors qu’il soufflait un « No more South America. - Well, I’m way less exotic, but I’m sure you’ll be amazed to see what I can offer… » Elle ne cherchait même pas à être subtile, pour le coup, agrémentant cette affirmation d’un clin d’œil taquin.

Et puisqu’il avait fini de la mettre au jus des évolutions de sa vie, il était logique qu’il lui retourne la question : « What about you darling? Still the same old song? » Haussant les épaules, Remy confirma pareille supposition, mais attendit que le serveur ne pose leurs verres devant eux, le suivit du regard alors qu’il s’éloignait, puis revint à Felix en pianotant avec ses longs doigts fins contre le grand verre contenant son jus de citrouille. « Nothing has changed, yeah. Still the same old me, still the same old gossip… At some point, I’ve almost changed the decoration in my office to recycle some posters from the December special issue, but people might not have understood the artistic appeal… » Il était évident, au sourire en coin qu’elle avait, qu’elle faisait plus précisément allusion au poster en taille réelle fait à partir de la séance photographique pour le numéro spécial « The Lord & I » de Witch Weekly qui avait été réalisé en décembre 2006 sur commande de Rodolphus Lestrange. Et, vu le regard de biche qu’elle lui adressait à l’instant, il n’y avait aucun doute sur le fait que ce n’était ni Miss Al-Massri, ni Otto (le mari de sa meilleure amie, tout de même), qui avaient trouvé grâce aux yeux de Remy sur cette photographie. « And, to sum up, as you can see, still no ring on my finger, and no miracle baby has popped up. Things are pretty good, to be honest. Better, even so, now that you’re here for good. » Prenant une gorgée de jus de citrouille, elle se souvint l’avoir vu lire alors qu’elle arrivait, et par curiosité plus que par besoin, elle embraya là-dessus : « So, what were you reading before I arrived? You pushed that aside so quickly that I’m assuming it’s not that good… »

remy lynch

fulming cauldron, june 2007

Ooh Remy. Le sourire de Felix avait étiré ses lèvres en une expression appréciatrice face à ce terrible manque de subtilité, qu'il se figurait parfaitement volontaire de la part d'une femme aussi fine que la rédactrice en chef d'un des plus gros magazines du pays. "Nothing has changed, yeah. Still the same old me, still the same old gossip… At some point, I’ve almost changed the decoration in my office to recycle some posters from the December special issue, but people might not have understood the artistic appeal…" "What's so suspicious in having your most successful issue on the wall of your office?" interrogea-t-il en toute (fausse) bonne foi, ouvrant les mains devant ces perplexes qui n'auraient compris en quoi Remy Lynch auraient souhaité accrocher sa photo (et celle de Siham, et d'Otto, dont il ne voulait plus jamais entendre parler, et surtout pas dans la bouche ourlée de Remy) pour le plaisir des yeux. "And, to sum up, as you can see, still no ring on my finger, and no miracle baby has popped up. Things are pretty good, to be honest. Better, even so, now that you’re here for good." Oooh Remy. Le pouce de Felix coula sur le côté de son verre à ce ronron familier, dégageant la voie d'une invitation royale à lui faire la cour le temps d'un soir – et un bref instant, dans les yeux verts de l'Irlandaise, Felix put lire que Remy, peut-être, aurait pu être la bonne.

Rien ne l'empêchait exactement de la revoir et d'effacer les traces du glaçon d'un mètre quatre-vingt qui lui écrasait le cœur de son silence – et puis, quoi de mieux pour lui dire qu'il avait tourné la page que de fréquenter l'une des proches amies de Beth ?
L'idée, portée par la douleur qui lui picorait le torse en continu depuis des semaines, continua son chemin au fil des gorgées de jus de citrouille le long de la gorge de la sorcière. "So, what were you reading before I arrived?" Felix releva les yeux en haussant un sourcil. "You pushed that aside so quickly that I’m assuming it’s not that good…"]

Tout était si simple et facile, avec elle – ils naviguaient leur conversation avec un naturel qui trahissait leurs années d'amitié et leurs esprits aiguisés, alignés sur la même fréquence. Parler à un être humain était autrement plus reposant que de s'acharner à tirer une once d'intérêt à la porte de prison que représentait... Enough with him. "And I thought I'd never had the chance to tell the smartest witch in the business to tell her she's wrong." Il eut un léger sourire en refermant les doigts sur le livre pour le poser sur la table à la vue de la sorcière, les lettres d'argent brillant sur la couverture pourpre. "It's quite good, actually, reminds me of The Adventure of the Speckled Wand with a modern twist." Les publications de Stiller figuraient dans ses plaisirs de lecture coupables, et Alice lui avait offert une édition collector qui figurait désormais dans sa bibliothèque (des piles de livres entassées au pied de sa bibliothèque occupée par ses vêtements et des restes de snacks) ; sa passion pour les livres policiers n'avait certainement pas flanché avec son retour en Angleterre. Il aurait pu vouloir dire la même chose de la passion de Fitzroy pour lui. Enfoiré.

Son sourire remonta jusqu'à ses yeux en une onde mielleuse, tandis qu'il posait un coude sur la table, se penchant tout juste pour annoncer sur le ton de la confidence, son regard dans le sien, sa joue trouvant le support de sa propre paume en regardant Remy comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art : "I simply found something way nicer to look at." Et il n'en était qu'à son premier cocktail virgin – qui avait besoin des effets de l'alcool quand la subtilité s'était déjà fait la malle ? "I believe I never asked: do you read anything besides the papers?" interrogea-t-il avec la même curiosité, assez confiant en ses capacités de charme (et en l'intérêt de Remy) pour voir leur entrevue tourner à un simple échange de bookclub. "Although I do believe the secrets of your charms wouldn't be found in a mere book." Aucune chance, non, pour le bookclub.

fuming cauldron | june 2007 | @felix wickham

Elle croyait vraiment avoir bien compris ce qui l’avait amené à poser son livre à son arrivée, mais voilà qu’il la détrompe, malicieux : « And I thought I'd never had the chance to tell the smartest witch in the business to tell her she's wrong. - Excuse me? » L’air vaguement surpris qui passe sur son visage est sincère, et elle le dévisage, avide d’en savoir plus, alors qu’il lui dévoile la couverture de l’ouvrage de Stiller, faisant hocher la tête à la sorcière. Soit, le bouquin n’est pas si nul, si on en croit ce qu’il lui dit. « If you say so… », concède-t-elle, ses lèvres se pinçant brièvement en une moue charmante.

« I simply found something way nicer to look at. - Well, innit grand? », roucoule-t-elle presque, alors qu’elle imite la posture qu’il affecte, se penchant également vers lui, le menton royalement posé sur sa main, les yeux dans les yeux, un sourire adorable peint sur ses lèvres. « I believe I never asked: do you read anything besides the papers? - Let me remind you that my brother was the Ravenclaw. » Si ça n’indique pas que c’est Darragh le Cerveau de la bande, ça ! De toute façon la question est rhétorique, évidemment, puisqu’il poursuit avec ce flirt qui ne cherche même pas à être subtile (elle a commencé, elle ne va pas s’en plaindre, rassurez-vous) : « Although I do believe the secrets of your charms wouldn't be found in a mere book. - My, my, Mister Wickham! What a treat you are! » rit-elle doucement, reprenant une gorgée de sa boisson sans le quitter des yeux, tout à fait ravie de comment cette soirée se poursuit. Elle passe une main dans ses longues boucles blondes, pour en écarter une mèche derrière son oreille et dévoiler brièvement, dans le même mouvement, la ligne de son cou. Des petites attentions, dirons-nous, ou des petits gestes pour bien clarifier (même s’il n’y a pas vraiment de place laissée pour le doute) qu’ils ne vont certainement pas discuter bouquins tout le reste de la soirée. Qu’ils ne vont d’ailleurs pas discuter toute la soirée.
Mais avant cela, mieux vaut continuer de s’informer un peu, sans en avoir l’air, juste pour rattraper le temps perdu, tout en ouvrant des portes et en tendant des perches qui -elle l’espère- seront saisies sans avoir trop besoin d’insister. Tenez, par exemple, celle-ci : « So you’re back in the Values Brigade? Who are you handling, for now? » demande-t-elle, sans aucune discrétion, comme pour dire qu’elle serait ravie qu’il s’occupe d’elle, à tout hasard. Ce faisant, évidemment qu’elle esquive la question qu’il lui a posée, quand à ce qu’elle lit en général. Pas par besoin de secret, mais parce qu’il faut bien qu’elle garde quelques informations qu’il pourrait décider de lui soutirer, d’une façon ou d’une autre. « Vampire or werewolve? Shall I try and guess? », poursuit-elle, commençant tout juste à lui faire du pied sous la table, comme pour le rassurer sur la tournure que prendra cette soirée, à un moment ou à un autre.

Elle a l’impression d’entendre la voix de Darragh dans un coin de sa tête, qui juge le fait qu’elle fricote (et même plus) avec des Mangemorts, mais résiste à l’envie de vérifier que son frangin n’est pas là. Parfois, il faut croire que sa conscience lui joue des tours. « I hope your missions are still as exciting as they were before… », poursuit-elle encore, arquant légèrement un de ses sourcils, se penchant encore davantage vers lui, les bras désormais croisés sur la table et le buste tendu vers son interlocuteur, ne se souciant guère de ce que pourraient penser des gens les regardant de l’extérieur. (Après tout, vu où ils sont, ça l’étonnerait qu’on s’offusque de sa façon de faire…)

remy lynch

fulming cauldron, june 2007

"My, my, Mister Wickham! What a treat you are!" Le regard de Felix coula sur la ligne du cou de Remy, dévoilé à son regard sous ses lourdes boucles blondes en un geste souple ; il aurait pu mettre sa baguette à couper qu’il ne se trouvait n’y avoir qu’un véritable treat, ce soir, visiblement entièrement disposé à distraire son lamentable vis-à-vis. Il s’était rafistolé à la va-vite pour ce rendez-vous, comptant sur sa verve, les souvenirs encore vifs (revenus à la surface avec d’autant plus de netteté, maintenant qu’il avait enterré ceux concernant Otto dans un coin douloureux de son crâne) de leur dernière rencontre et une chemise propre pour créer l’illusion d’un Felix en un seul morceau.

Tout semblait aller, pour l’instant ; Remy le regardait avec une étincelle mutine dans les yeux et lui offrait une vue imprenable sur son cou laiteux.

Pas besoin d’Otto, pas besoin d’être misérable ; il allait bien, ou irait mieux avec le temps, pouvait fonctionner sans lui – pourquoi penser à cette brique dénuée des sentiments humains les plus basiques ? "So you’re back in the Values Brigade?" La voix de Remy le sortit de sa spirale de haine interne, et il reprit une longue gorgée de sa boisson, comme si l’avaler goulument allait faire oublier sa qualité de virgin. "Who are you handling, for now? Vampire or werewolve? Shall I try and guess?" Une pression légère sur sa jambe lui indiqua que son nouveau poste ne ferait, heureusement, pas entièrement l’objet de leur soirée – Felix oublia, au même titre, le brusque changement de sujet et le mystère entourant les lectures actuelles de Remy. "Look who is trying to get some intel from me now," susurra-t-il en gardant ses positions, accoudé à la table, légèrement penché vers elle, tandis que Remy l’imitait avec autrement plus de charme : "I hope your missions are still as exciting as they were before…"

Felix prétexta ne pas avoir saisi le sous-entendu effarant avancé par les lèvres rouges de Remy, haussant les sourcils en une grimace quant à ses missions actuelles. "Sadly, nothing is as exciting as it used to be." Quand il se trouvait en Amérique du Sud, avec Otto – ou quand il s’était retrouvé dans les bras de Remy pour la première fois ; le sourire chafouin qui étirait ses lèvres laissait sous-entendre qu’il s’agissait, en l’occurrence, de la seconde option, son regard de nouveau planté dans celui azur de la sorcière. "I wish some things were still the same, you know," ajouta-t-il en fronçant les sourcils, son désespoir néanmoins contrarié par le sourire qui perdurait sur ses lèvres, et au pied de Remy se frayant un lent chemin le long de sa jambe. "If only I could use a Time-Turner, to go to a few years back, when we were still so close and so keen on giving a hand to each other." Quelques nuits en particulier, mémorables aux yeux d’un Felix obsédé par la perspective de combler un tant soit peu le trou béant dans son torse. "You wouldn’t happen to have one on you at the moment, would you?" ajouta-t-il tandis que son regard pétillant coulait sur son buste à la recherche d’un Retourneur de Temps – on ne savait jamais, après tout.

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