I was looking for a breath of life, A little touch of heavenly light. But all the choirs in my head sang no. To get a dream of life again, A little of vision of the start and the end. But all the choirs in my head sang no.

@moon shadow

Il fait froid.

C'est la première chose dont se souvient Andrés. Le froid. C'est probablement ça qui l'a réveillé. Il entend le vent lui siffler dans les oreilles. Un vent encore trop frais pour la saison, un vent humide. Il renifle l'odeur d'iode et pendant quelques secondes il se croit de retour à Cannes, sur le plage, après une bonne sieste. La notion du temps est floue, mais c'est la douleur, qu'il réalise dans un second temps, qui lui rappelle progressivement sa situation et là où il en est resté.

Nacho. Lestrange. Un éclair vert. Un autre rouge.
Puis la douleur.
Puis le noir.
L'obscurité.
Plus rien.

Andrés grogne tandis qu'il essaye d'ouvrir les yeux, mais la lumière est trop forte. Il met quelques secondes supplémentaires à habituer sa rétine, puis il se redresse douloureusement, jetant autour de lui un regard perdu, tentant de comprendre, tant bien que mal, ce qui lui est arrivé.

Il ne reconnaît pas le paysage qui l'entoure. La végétation ressemble à celle de Grande Bretagne mais en dehors de ça... Il est certain de n'être jamais venu ici auparavant. Il reste immobile quelques instants, absorbant ce qui l'entoure, tâchant d'assembler les différentes pièces du puzzle. Nacho. Il sent la peur lui tordre le ventre. Qu'est-il arrivé à Nacho ? Puis il revoit Dulce. “ You should have warned us. It's your duty after all... ” Le goût amer de la trahison dérange encore ses papilles. Puis il revoit le cadavre de son agent, assassinée sous ses yeux. Elle est morte avant qu'il ne sache pourquoi. Pourquoi l'a-t-elle trahi pendant toutes ces années ?

Une nouvelle bourrasque commence à lui provoquer quelques tremblements. A peine vêtu d'une chemise à fleurs, il n'est clairement pas suffisamment couvert pour rester ici, au beau milieu de cette clairière. Alors, en s'arrachant quelques nouveaux grognements de douleur, Andrés se relève. Il tangue un peu mais tient bon. Autour de lui, des champs qui semblent s'étaler sur des kilomètres. Et de l'autre côté, un petit bosquet d'arbres attelé à un village au style champêtre. Andrés y obtiendra sans doute des réponses, et c'est donc par là qu'il se dirige.

Mais à peine fait-il quelques pas qu'une douleur immense se rappelle à lui. Sa cheville, qu'il découvre entièrement bleue, semble cassée, ou fêlée, difficile à dire. La douleur est si entêtante qu'elle lui arrache une larme. Puis Andrés sourit. Il sourit et éclate bientôt de rire, avant d'inspirer l'air frais de l'île à pleins poumons. Estoy vivo. Si la douleur est insupportable, elle n'est que le rappel qu'il est bien vivant. Et pour la première fois depuis plus de trois ans, Andrés se sent en vie. Pleinement et simplement en vie. Avec toute la peine et la douleur que ça implique. Le voile brumeux dans lequel il était plongé depuis toutes ces années est enfin levé. Il est maître de lui-même. Maître de son destin. Il vit. Il vit. Et c'est sans doute toute cette vie qui l'aide à avancer jusqu'au village.

L'endroit semble avant tout désert. Le vent continue de souffler et c'est tout ce qu'il parvient à entendre pendant un moment.

Jusqu'à...

Un lapin bondit dans sa direction. Il a l'air mal en point, avec un tâche de sang sur le côté, comme si on avait essayé de l'égorger sans parvenir à l'achever. “ Come here you little... ” La femme partie à sa poursuite s'arrête net quand son regard tombe sur Andrés. Le garçon n'a plus ce réflexe de porter la main à sa baguette, au cas où, car cela fait bien longtemps qu'on l'empêche de prendre les bonnes décisions. Mais il est évident que sa baguette, il ne l'a plus en sa possession. A la place, il détaille la jeune femme, dont les traits lui semblent on ne peut plus familiers. Fantôme d'une vie oubliée, abîmée par la guerre et des années passées sur ces terres, méconnaissable sans ses robes à sequins et son maquillage aux mille et une couleurs, il ne l'aurait presque pas reconnue si ça n'avait pas été elle.

“ Moon? ”

tw : pensées dépressives, chasse, animal blessé, sang
La journée est affreuse. Moon est certaine, qu'aujourd'hui est un lundi. Il n'y a qu'un jour pareil pour être aussi terrible. Déjà, elle s'est réveillée plusieurs fois dans la nuit. Elle a dit, que c'était à cause de ronflements terribles produits par Herbert, alors qu'en réalité, elle fait d'innombrables cauchemars. C'est souvent le cas, quand ils n'ont pas eu des Battues depuis longtemps. Elle a toujours peur, que ça leur tombe dessus sans prévenir. C'est souvent le cas. Ne jamais savoir quand est une source d'anxiété. Alors oui, ces derniers jours ont été particulièrement rudes. Et, à chaque fois qu'une journée se termine, Moon est encore plus anxieuse, alors que l'épée de Damoclès pèse de plus en plus lourd, au dessus de sa tête. Elle porte encore les stigmates des dernières Battues, et de toutes ces années passées ici. Cinq, pour être précis. Elle a su, il y a peu, qu'ils sont tous en 2007. Moon ne sait pas, si elle a l'impression, que cela fait plus ou moins longtemps que ces cinq années. Difficile à dire, dans un endroit où ils ne peuvent pas mesurer le temps.
Aujourd'hui est donc un un jour sans goût. Un jour, où le moral de Moon est particulièrement bas. Un jour, où elle aurait grandement besoin de cette poudre, qu'elle reniflait avant. Un jour, où un verre de vin n'aurait pas été de refus. Hélas, rien ne tout ça n'est pas à sa disposition. Alors, elle doit faire avec. Moon a longuement discuté avec Rena, mais elle n'a pas vraiment suivi la conversation. Dans ces moments-là, elle est tellement prise émotionnellement, qu'il lui est impossible de vraiment être là. C'est plutôt difficile à comprendre, quand on ne le vit pas. Certains appellent ça la dépression. Moon ne sait pas vraiment, si le terme est approprié. Tout ce qu'elle sait, c'est que le fardeau de la vie est souvent difficile à porter. Ici, plus particulièrement, la morosité est partout. Cela n'aide en rien. Après avoir donc discuté avec Rena, et lui avoir lancée quelques regards séduisants, Moon a décidé de marcher dans les alentours. C'est sans compter sur Faye, qui décide de l'interpeller à ce moment précis. Sweetheart, try to find us something for dinner, if you can. Elle a sans doute oublié, qu'elle n'est pas la meilleure en survie, même si elle s'est nettement améliorée avec les années. Moon s'est contentée de hausser des épaules, et de lâcher un petit soupir d'agacement. On les nourrit juste ce qu'il faut pour les Battues, mais ce n'est évidemment pas suffisant. Alors, parfois, ils chassent. Certains pêchent aussi, mais pas parmi la Résistance. Cela serait irrespectueux pour les êtres de l'eau présents. La viande reste assez rare. Il est difficile d'en trouver, et encore plus de réussir à la chasser. C'est sans conviction, que Moon erre dans les plaines autour du village. Elle laisse son regard se balader à droite et à gauche. Mains dans les poches, la sorcière n'est pas vraiment convaincue. Elle se rappelle de vieux épisodes d'une émission moldue américaine, Survivor. Elle aurait dû écouter, ce qu'ils disaient. Cela lui aurait servi aujourd'hui. Dans un coup de chance, un lapin est posé à quelques mètres d'elle. Moon s'arrête. Elle ose à peine respirer. Délicatement, elle prend le filet fait pour la chasse, et le lance sur la bête. A son plus grand étonnement, elle réussit du premier coup. L'animal couine, et cela lui fend le coeur. Elle prend une grande inspiration et s'approche de lui, une lame de fortune entre les doigts. Accroupie, elle hésite pendant de longues minutes, avant de finir par vouloir le libérer, mais dans le feu de l'action, Moon le blesse fortement, jusqu'à le faire saigner. Le lapin s'enfuit le plus vite que possible, la laissant triste, et sans butin à ramener aux autres. Ils comprendront. De toute évidence, personne ne s'attend à ce qu'elle chasse quoi que ce soit.
Puis, elle se dit, qu'à défaut de le tuer, elle peut l'aider. ─ Come here you little..., dit-elle, en cherchant la pauvre bête. Au lieu de trouver le gibier, Moon tombe nez à nez avec un homme, de son âge à peu près. Il ressemble étrangement à Andrés, mais ça ne peut pas être lui. Et puis, on a tous un sosie quelque part non ? Moon avait lu ça, un jour, dans un magazine. Elle fronce son regard. Personne ne l'a prévenue d'une arrivée aujourd'hui. Elle fait un pas vers l'individu, qui semble clairement perdu et blessé. Elle n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, qu'il l'appelle par son prénom. C'est peut-être une coincidence après tout. Beaucoup de monde connaît son pseudonyme de scène, devenu sa vraie identité avec le temps. Même si elle a disparu des radars depuis cinq à six ans, il se peut, qu'il soit un fan hardcore, qui se rappelle encore d'elle. Mais le fait, qu'il ressemble aussi étrangement à Andrés paraît être une trop grosse coïncidence. Et, elle ne peut pas imaginer une seconde, qu'il soit ici.
Au loin, elle entend déjà Faye arriver, lui disant qu'il y a un nouveau. ─ Don't worry. I'll take care of him Faye! La sorcière lui dit quelque chose d'inaudible, avant de retourner à ses occupations. Moon se tourne de nouveau vers ce sosie d'Andrés. Elle détaille chaque détail de son visage. Plus elle le regarde, plus elle sait, elle sent, que c'est lui. Son estomac se serre. Elle a du mal à déglutir. Son coeur se creuse. Non. Non. C'est impossible. Pas lui. Pas ici. ─ No,No (..) You-You can't. Elle prend difficilement une inspiration. ─ You can't be here. Elle renifle. ─ You can't be here. Elle se le répète à elle-même, comme pour se convaincre, qu'il n'est pas vraiment là. ─ You shouldn't be here.

I was looking for a breath of life, A little touch of heavenly light. But all the choirs in my head sang no. To get a dream of life again, A little of vision of the start and the end. But all the choirs in my head sang no.

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TW: addictions, mort, dépression Il est dur pour Andrés de ne pas croire à un rêve. Réveillé seul au beau milieu de nulle part, il fait désormais face au fantôme de sa vie passée. Une vie heureuse et privilégiée, qu'il a parfois l'impression de ne jamais avoir vécue. Et si ce n'est un rêve, il pourrait croire être dans l'au-delà, accueilli par un ange caché derrière les traits de son amie, si la douleur n'accablait pas son pied et le rappelait à la réalité.

Mais si ce n'est une fiction, alors Andrés vient enfin de retrouver Moon, après avoir passé des années à se demander où elle était passée et pourquoi elle n'avait jamais répondu à aucun de ses hiboux. Au départ, il s'était convaincu qu'elle avait finalement voulu prendre de la distance après leur séparation, qu'elle avait eu besoin d'espace, sans lui et leurs histoires. Mais très vite, il était apparu évident que quelque chose de plus inquiétant était à l'origine de sa disparition. Du jour au lendemain, la star planétaire ne donnait plus signe de vie à qui que ce soit. Dulce lui affirmait qu'elle avait fait un burn out. Les rumeurs disaient qu'elle était en rehab. Mais Andrés finit par écouter d'autres voix. Celles, plus inquiétantes, qui affirmaient que la superstar avait été enlevée. Théorie du complot ou effroyable vérité, le chanteur avait tenté de mener l'enquête, mais il se heurtait à des murs, à des impasses. Mais plus on lui disait de faire machine arrière, plus loin il creusait, persuadé que derrière tous ces mensonges se dissimulait une réalité qu'il s'était empressé d'ignorer pendant des années, bien confortablement protégé dans son cocon de privilèges. C'est quand Hoshi, sa petite préférée, a disparu à son tour, qu'il a su finalement ouvrir les yeux, et écouter les voix étouffées par la presse, celles qui gémissent dans l'obscurité des rues malfamées de Grande Bretagne.

Dès lors qu'il osa prendre la parole pour dénoncer haut et fort les injustice de ce monde, profitant de sa notoriété comme plateforme, Andrés disparut à son tour, pour quelques jours à peine. Et soudain, il se souvient. Il se souvient des heures passées dans une cellule obscure du Ministère. Il se souvient du long interrogatoire. Il se souvient des pleurs de Dulce, et de ses lamentations derrière la porte de fer. Il ne comprenait pas à l'époque. Il ne comprenait pas ce qu'on était en train de demander à son agent. Peut-être que s'il avait su alors, il aurait pu lui pardonner.

Sa quête de vérité l'a finalement mené dans le gouffre sombre de la dépendance et de l'addiction. Non pas qu'il ne flirtait pas déjà avec les dangers des substances interdites, mais si on lui épargna Azkaban, il ne s'en trouva pas moins prisonnier pendant des années. Prisonnier de lui-même et de ses proches, prisonnier de sa propre notoriété et de son opulence. Prisonnier dans un corps qui ne lui répondait plus, dans des pensées qui n'étaient plus les siennes. Il n'était plus qu'une ombre, Andrés, une ombre sans vie, un pantin qui sourit quand on lui dit de le faire. Il n'avait plus rien. Il n'était plus rien.

Alors si le chanteur n'a toujours aucune idée de là où il se trouve, il se dit que ça ne peut être que mieux que la cellule qu'on lui avait bâti dans sa propre tête. Là il est maître de ses mouvements, de ses mots et de ses pensées. Là il peut respirer à plein poumons l'air d'une nature sauvage qu'il ne pensait pas revoir un jour. Là il est en vie, tout simplement.

Et Moon aussi.

Moon est en vie.

A ce constat, Andrés fait un pas en avant, par instinct. Tout son corps meurtri lui hurle de la prendre dans ses bras, de la serrer fort et de ne plus jamais la quitter. Il s'arrête néanmoins en voyant une autre femme arriver. Ils ne sont pas seuls. Il y a des gens, dans ce village désert, et sans doute qu'ils pourront aider Andrés. Il sourit. Peut-être qu'on l'a juste envoyé dans un coin perdu, peut-être qu'on l'a simplement éloigné de la ville et de sa célébrité. Si c'est le cas, il s'en fiche, il n'en veut plus. “ No,No (..) You-You can't. ” Il l'entend à peine, avec le vent. La peur sur le visage de Moon réveille l'inquiétude qui s'était jusqu'à présent évaporée depuis que ses yeux se sont posés sur elle. Peut-être qu'ils sont enfermés dans ce village, peut-être que c'est ce qui la rend triste. Mais après ce qu'il a vécu, Andrés, une prison où il a toute sa tête, c'est une vie bien plus luxueuse que ce qu'il a connu ces trois dernières années. “ You can't be here. You can't be here. ” Andrés commence à croire que Moon ne veut pas qu'il soit là. Que c'est sa présence qui la dérange... “ You shouldn't be here. ” Et puis il les voit. Les marques qui barrent son visage. Les traces qui trahissent la vie qu'elle mène depuis des années. Une vie bien loin du petit village paisible qu'il s'imaginait.

Andrés s'avance, sans que jamais ses yeux ne la quittent. Il peine encore à croire qu'elle soit bien là, qu'il ne s'agisse pas encore d'un tour de son esprit, ou d'une nouvelle manière sournoise et perfide de le torturer, de le punir pour avoir voulu fuir la vie de misère à laquelle il était condamné. “ Moon... What... What's happening? ” C'est tout ce qui lui vient. La question peut paraître étrange, mais il est toujours coincé entre plusieurs réalités. “ Is this... real? ” Il continue d'avancer vers elle. “ Are you real? ” Comme pour le vérifier, il tend doucement la main vers elle et saisit délicatement son poignet. Il la sent, sous ses doigts. Il sent la douceur de sa peau, la chaleur de son corps. Elle est bien là. “ Where are we? ”

Quiconque connaît Moon, sait qu'elle ne pleure pas facilement. Elle a pris l'habitude de ne pas montrer ses émotions négatives. Déformation professionnelle, alors que son job était de donner du plaisir aux autres par sa musique. Il ne fallait jamais montrer les mauvais côtés, toujours être au top, pas un cheveu qui dépasse, pas une larme qui coule. Cela l'a, en quelque sorte, sauvée à Gracefield. Moon n'a jamais été quelqu'un de dur, si l'on peut dire. Elle n'était qu'une fragile brindille, à son arrivée. Elle s'est endurcie avec les années, avec les traumatismes et les épreuves. Alors non, Moon n'est pas de ceux à pleurer aisément en public. Pourtant, alors que la silhouette d'Andrés se dessine sous ses yeux bruns, elle peut sentir les larmes lui monter. Alors, elle se contente de renifler, en espérant ainsi les chasser loin, très loin. Les émotions, qui la submergent en ce moment, lui donne le tournis. Elle pourrait presque vomir le maigre déjeuner, qu'elle avait avalé un peu plus tôt. Andrés ne peut pas être là. Il ne doit pas être là. Impossible. Parce que, cela veut dire, qu'il est lui aussi condamné à mort. Mille et une pensées se bousculent dans sa tête. Qu'a-t-il fait pour être ici ? Comment va-t-il ? Sent-il toujours cette odeur de musc entêtante ? Ses bras ont-ils toujours la même force, quand ils serrent quelqu'un ? Oh, Moon a envie de courir, et d'enfouir son visage dans son cou, de sentir ses mains autour de sa taille, sa peau contre sa peau, et son souffle chaud contre sa joue. Moon n'a jamais vraiment eu une quelconque attirance pour les hommes, mais Andrés n'est pas n'importe qui. Andrés est Andrés, et il a une place, que personne ne pourra jamais avoir.
Elle déglutit, alors qu'elle se tient encore à quelques mètres de lui. Elle réalise, qu'il s'agit bien de lui, mais son cerveau refuse d'enregistrer l'information. C'est trop dur pour elle, d'imaginer, qu'il puisse être ici aussi. Au moins, quand il était là-bas, elle le savait en sécurité. Ici, elle ne peut rien prédire. Tout peut arriver. Et risquer de le perdre, la briserait à coup sûr. Bordel, que fait-il ici ?! Elle est triste, mélancolique, mais aussi énervée. Une rage monte en elle, comme jamais avant. Il n'a pas le droit de se trouver ici.

La réalité lui fout une gifle, lorsqu'il fait plusieurs pas en avant. Elle peut presque sentir son parfum, de là où elle se trouve. Instinctivement, Moon a presque envie de reculer. Si il la touche, alors il sera réel. Et, elle n'a pas envie, qu'il le soit. Pas ici. Pas maintenant. Pourtant, elle a terriblement besoin de lui. Ce paradoxe la ronge. Tout son corps se raidit, à mesure, qu'il s'avance. Plus que quelques pas. Quelques centimètres. Quelques millimètres. Et le voilà, le contact physique tant redouté. Quand il touche son poignet, elle ferme ses yeux par réflexe, essayant de refréner ses larmes. Un rire s'étouffe contre sa poitrine, lorsqu'il pose la fameuse question. Celle, que tout le monde pose en arrivant ici. Celle-là même, que Herbert, et Rena, et Max lui avait posée. C'est toujours la même chanson.
Moon rouvre ses yeux, et il est toujours là, bien ancré dans le sol. ─ I don't want you to be here, Andrés. I-I can't (..) You-You should'nt (..) Les mots ne sortent pas de sa bouche, coincés au fond de sa gorge. Ses yeux scrutent son corps de haut en bas. Il n'a pas vraiment changé. Il est comme dans ses souvenirs, ceux qu'elle chérit plus que tout, ceux qui la maintiennent saine d'esprit. ─ I'm sorry. Et cette fois, les larmes coulent malgré elle. Moon enfouit son visage dans le cou d'Andrés, serrant ses frêles bras autour de lui. ─ I'm so sorry.

I was looking for a breath of life, A little touch of heavenly light. But all the choirs in my head sang no. To get a dream of life again, A little of vision of the start and the end. But all the choirs in my head sang no.

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TW: addictions, mort, dépression “ I don't want you to be here, Andrés. I-I can't (..) You-You should'nt (..) ” Andrés observe la peur et la peine marquer les traits de Moon. Il ne les supporte pas. Il donnerait n'importe quoi pour les essuyer d'un revers de manche. Fut un temps, les deux chanteurs n'avaient besoin que d'un peu de poudre pour oublier leurs maux. Mais ce temps est révolu. Et si Andrés redoute déjà la longue période de désintox' qui se dessine devant lui, il ne regrette pas que la drogue ne fasse plus partie de sa vie. Il a vu à quel point elle pouvait le détruire et il ne compte pas le nombre fois qu'il a failli y rester. “ Why? Wh- What's happening? ” Et Moon se jette dans ses bras, et pendant quelques secondes il oublie. Il oublie tout. Il n'y a plus qu'elle, et la chaleur de son corps, et son odeur, et les larmes qui lui coulent dans le cou. Lui-même sent les gouttes glisser le long de ses joues. Il ne les retient pas. Ca ne sert à rien. Il n'est même pas triste. Inquiet, peut-être, mais pas triste. Il s'avouerait même heureux, si la situation s'y prêtait. “ I'm so sorry ” “ Hey, hey... It's okay. Everything's okay. ” La tenant toujours dans ses bras, il s'éloigne juste assez pour croiser son regard. “ No matter what's going on in here. It's all going to be okay. I'm gonna be okay. ” Bien sûr, Andrés ignore complètement où il se trouve, mais il imagine bien que le village n'est pas aussi bucolique qu'il n'en à l'air, vu la réaction de son amie. Mais il n'a pas peur. Il n'a plus peur. Depuis que son regard s'est posé sur Moon, il a su que tout irait bien. Il a senti une paix intérieure l'envahir. Quoi qu'il arrive, tout ira bien. “ Is it... Did you come here when you disappeared? ” Comme si elle s'était retirée dans sa maison de vacances... Mais Andrés ne parvient toujours pas à comprendre la situation. “ What happened to you? ” Andrés se souvient du premier jour où Moon a cessé de lui répondre. Il se souvient d'à quel point elle lui manquait. Même s'ils n'étaient plus ensemble, Moon restait la personne la plus importante à ses yeux avec Dulce... Jusqu'à ce que Dulce le trahisse. Alors, quand Moon a cessé de lui donner des nouvelles, Andrés a senti un vide. Un vide qui se comble aujourd'hui, alors qu'il s'apprête à obtenir les réponses à ses questions.

tw: hunger games youhou
Andrès ne comprend rien. Moon ne peut pas le blâmer. Elle n'arrive pas à parler, si ce n'est pour s'excuser entre deux sanglots. Elle n'est d'aucune aide, mais elle n'y arrive pas. Le voir ici, lui donne envie de hurler jusqu'à en faire saigner ses cordes vocales. C'est dire. Elle ne répond pas à ses interrogations, se contentant de fondre en larmes dans ses bras. Sentir le parfum du sorcier, est un soulagement et une torture à la fois. C'est terrible. Elle est heureuse de le voir, si heureuse de le revoir, avant la fin. Mourir sans avoir pu lui dire proprement au revoir, aurait été un supplice. Le savoir ici, revient à dire, que lui aussi est condamné. Cette vérité, elle ne la supporte pas. Impossible. Andrés ne peut pas, ne doit pas mourir. Pas lui. Tout sauf lui. Moon était persuadée, qu'il aurait la belle vie à Londres, qu'il mourait en homme heureux. Il faut croire, que lui aussi a fini par se mettre à dos le Gouvernement. Et, ce n'est pas en refusant de porter une tenue imposée pour une soirée, qu'il s'est retrouvé ici. Il a du se passer quelque chose. Quelque chose de grave. Moon a tellement de question, mais elle sait, qu'il lui faudra d'abord répondre à celle du sorcier avant. Il ignore tout de Gracefield, et elle n'a pas hâte de voir la lueur, dans ses yeux, s'envoler, quand il apprendra.
Leur étreinte ne dure pas suffisamment à son goût, mais elle comprend bien, qu'ils ne peuvent pas rester ainsi indéfiniment. Cela deviendra suspect. Moon déglutit, quand elle l'entend la rassurer, lui dire que tout ira bien. Si seulement il savait. Si seulement il savait. Il renchérit, et lui promet qu'il ira bien. Mensonges. Moon est molle. Elle n'a pas la force de supporter son propre corps. Ses bras sont retombés le long de ses hanches, dans un mouvement las. Les questions reviennent. Tant qu'il n'aura pas de réponses, il continuera. Elle le comprend. Mais lui annoncer tout ça est une torture.
─ I'm so happy to see you, so happy. Dans un effort, elle glisse sa main sur la joue d'Andrés pour la caresser délicatement. ─ You haven't really changed. Puis, elle soupire. Elle, en revanche, est devenue une toute autre personne. Physiquement déjà, elle est loin d'être la pop star à la pointe de la mode, tirée à quatre épingles. Heureusement, que le bain annuel l'aide à se remettre en ordres, sinon... Mentalement aussi, elle a bien changé. ─ I have so many things to tell you and so many questions to ask you. Elle lui prend la main, et l'entraîne en direction du village, pour se rendre dans "sa" maison, si on veut. ─ We need to be alone to talk, like really alone. Loin des oreilles de Zabini. Ils finissent par rentrer dans un bâtiment, avant de s'asseoir sur un banc. Moon rabat une jambe contre sa poitrine, et l'entoure de ses bras. ─ I don't know where to begin... Nouveau soupir. ─ This is where they brought me after I disappeared. It's called Gracefield and it's an island. Elle déglutit. ─ After the test in 2001, I worked for a pure blood family. I managed to escape thanks to the Order of the Phoenix but we were attacked by death eaters. I was captured and brought here years ago. Quand elle y réfléchit, cela fait beaucoup. Evoquer les Walsh lui fait automatiquement penser à Raf. Elle balaye cette pensée. ─ Azkaban is no longer really popular. Now they prefer to bring the prisoners here. It's pretty quiet most of the time, except... Elle prend une grande inspiration. ─ Except when it's Les Battues. Le mot tabou est lancé. ─ It's a great concept where the elite come to hunt the prisoners -us- once a month. Of course we don't have our wands, but they do. Oh and for the last few months, there are wyverns too, some kind of dragons if you prefer. That's really really nice. Really nice. Moon s'humidifie les lèvres. ─ Some have been there for years. Some die quickly, others slowly. It's the lottery baby. Elle lui adresse un sourire bancal. ─ Normally we have a fixed number of years but I don't think anyone has ever served their sentence here.

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TW: addictions, mort, dépression Dans le grand ordre des choses, plus rien d'autre que Moon n'a d'importance aux yeux d'Andrés. Il n'est plus question d'argent ou de popularité. Pas plus de tenues ou d'autres superficialités. Hell, il n'est pas même question de drogues. Andrés en a trop vu, désormais, et il a fini par apprendre que tout cela n'avait aucun sens. Ce qui compte vraiment, au fond, aussi niais que ça puisse paraître, c'est l'amour. Ses parents ne lui ont jamais vraiment appris ce que c'était. A trop se disputer, à se mentir pour se supporter, Andrés n'a jamais compris de quoi il s'agissait vraiment. Il confondait l'Amour avec un grand A et l'admiration de ses fans, ou la jalousie de ses pairs. Il le confondait parfois avec le désir, physique, passionnel, qu'il pouvait ressentir auprès des femmes. Mais aujourd'hui, il réalise que c'est tout autre chose. Il n'est même pas amoureux de Moon. Il ne l'est plus. Il sait qu'il ne pourra jamais lui apporter ce qu'elle cherche. Mais il l'aime, malgré tout, comme on aime sa famille, comme on aime les gens qui comptent. Il l'aime de manière désintéressée, altruiste si l'on peut dire. Il l'aime assez pour lui souhaiter d'être heureuse, envers et contre tout. Il aime Nacho aussi, son abruti de bro. Et il espère qu'il survivra, lui aussi, et que son corps ne git pas avec celui de Dulce, au beau milieu d'une ruelle sombre et mal éclairée de Londres. Ils sont sa famille. Ce n'est plus une question de sang, mais d'instinct. Et c'est parce qu'Andrés a fait tout ce chemin, parce qu'il a appris ce qui compte vraiment, qu'il sait que tout ira bien.

“ I'm so happy to see you, so happy ” Il sent la main de Moon glisser contre sa joue. Sa chaleur est réconfortante, elle lui rappelle à quel point il est vivant, en cet instant. “ You haven't really changed. ” Il sourit. Pourtant Merlin sait à quel point il a changé, au fond, en l'espace de vingt-quatre heures seulement. Et à quel point ces trois dernières années n'avaient rien à voir avec l'époque où ils chantaient leur premier duo avec Moon. Mais il ne dit rien, pas plus qu'il ne relève les changements drastiques qu'il peut observer chez la sorcière. Ca n'a pas d'importance. Alors il la laisse l'entraîner dans un bâtiment, où ils s'installent sur un banc. Lové contre la chanteuse, il l'écoute, le regard grave, tentant tant bien que mal d'emmagasiner l'ensemble des informations qu'elle lui transmet. Il a parfois l'impression que les mots résonnent dans son esprit, qu'ils ne sont pas réels. Il était à mille lieux d'imaginer qu'un tel concept puisse exister mais, then again, il a passé le plus clair de sa vie dans une bulle de privilèges, où tout lui était donné pour la pureté de son sang. “ Is it bad if it inspires me a song? ” Andrés lui lance un sourire espiègle, tandis que son regard est triste. S'il se surprend toujours des moments que choisit son inspiration pour venir, il n'est pas mécontent de la retrouver après toutes ces années. Mais blague à part, Andrés comprend mieux l'inquiétude de Moon. Pourquoi elle n'avait pas envie qu'il vienne. Elle avait dû voir tellement de proches mourir, en l'espace de quelques années... “ I'm so sorry you had to go through this. ” Il ne peut pas imaginer ce que ça a dû être pour elle. “ No one knows about it, outside. No one talks about it. Of course. Well- Not that people told me a lot about... anything that was going on in the world. ” C'est sûr qu'on veillait plutôt à ce qu'il n'ait aucun écho des actualités sorcières. Il pose sa main sur celle de Moon, la serre légèrement, le visage sombre. “ I should have kept looking for you. I'm sorry. ”

Et sur sa nouvelle réalité de prisonnier, il n'épilogue pas. Peut-être parce qu'il peine encore à réaliser. Peut-être parce que ça n'a pas réellement d'importance, maintenant qu'il n'est plus seul.