Après une longue journée passée à concoter des potions, grignotant à peine à midi pour se sustenter, Aoife sait qu'elle va devoir passer par la tente de Numa et pour la première fois, elle réalise qu'elle n'en a aucune envie.
Ce n'est pas tant qu'elle n'a pas envie de le voir, ou de l'aider, ou d'alléger sa douleur, bien sûr que non. Mais juste qu'elle sent, comme une chappe de plomb l'enveloppant complètement, la masse de ses échecs sur ses épaules et son crâne, un poids qu'elle se traîne continuellement et qui s'agrandit chaque jour alors que Numa ne va pas bien. Au contraire. Aoife essaye de ne rien montrer de la panique grandissante qu'elle ressent à chaque fois, mais elle a l'impression que son état empire. Elle est loin d'être une guérisseuse naturelle comme Malee, ou une médicomage, donc peut-être qu'elle se trompe - elle espère qu'elle se trompe. Mais Numa...

La gorge d'Aoife se serre quand elle entre dans la tente, baguette à la main. "It's me," s'annonce-t-elle avant qu'il ne lui dise d'un air irrité de le laisser tranquille - elle a déjà vu ce phénomène arriver, et n'est pas d'humeur à supporter un Numa au bout de ses nerfs aujourd'hui. "I have your food." Une pause, alors qu'elle referme d'un coup de baguette la porte derrière elle. "And mine. I thought maybe we could eat together?" Enfin, ses yeux s'acclimatent à la lumière à l'intérieur, et elle le voit, debout, lui aussi avec sa baguette à la main. En train de nettoyer son environnement, sans doute - comme si Aoife ne le faisait pas religieusement tous les jours, pour s'assurer qu'il aille bien et que rien ne s'infecte. Mais elle sait que c'est plus fort que lui, et que le persuader de rester alité toute la journée et à toutes les heures est un combat perdu d'avance.

Portant toujours adroitement le plateau avec leurs deux assiettes, Aoife s'approche de lui avec un sourire crispé mais qu'elle espère vaguement encourageant. Le plateau est déposé sur une petite table, dans un semblant de normalité, comme si ils étaient deux amis sur le point de dîner et que le monde n'était pas en train de tomber en ruines autour d'eux, en-dehors de cette tente qui, quoique Numa fasse et peu importe le nombre de sortilèges qu'il puisse lancer, est toujours aussi pesante et moribonde, rappelant à Aoife la chambre d'hôpital de sa grand-mère peu avant sa mort. Ce n'est que de la magie noire, se rassure-t-elle, et elle et Numa finiront par la vaincre. "How are you feeling?" lui demande-t-elle d'une voix douce, en laissant ses yeux l'ausculter de loin, s'asseyant à table en le laissant la rejoindre sans son aide - tout pour le faire se sentir comme avant.

C’est en sursaut qu’il s’éveille ces derniers temps, haletant, un cri rudement contenu au bord des lèvres, le corps brûlant, la tête lourde, si lourde. Les bonnes nuits ne sont que de vagues souvenirs, les bons jours sont ceux qu’il ne passe pas à roupiller. La douleur est une compagne un peu trop collante dont il aimerait bien se débarrasser. Mais le pire dans toute cette foutue situation, c’est l’inaction. Le sentiment d’impuissance qui le ronge en même temps que la gangrène distillée par ce sortilège de malheur. La douleur, Numa peut composer avec, on l’a entraîné à résister à la torture, à cadenasser son esprit dans une prison de fer pour que rien ne brise, rien ne s’échappe. Les cauchemars, il peut les supporter, ce ne sont que des fulgurances floues sans signification, ce n’est pas réel, simplement les fantômes du passé se mélant au présent. Mais être fucking useless pendant que le monde tombe en cendre, pendant que les siens se battent et se déchirent, c’est intolérable, c’est honteux, it’s beneath him. What does he have to give them if not his strength, what’s his purpose if he can’t lead and fight anymore?

Et il se sent sale, si sale, une odeur de mort qui l’enveloppe dans un brouillard nauséabond dont il n’arrive pas à se défaire. Tous les sorts lancés de sa baguette et de sa main tremblante n’y peuvent rien changer. Elle le prend à la gorge, elle l’enferme et l’étouffe dans ses bras maudits. Il gratte des boutons invisibles sur sa peau, jusqu’à obscurcir son corps des mêmes nuages qui envahissent sa psyché. Numa doit se lever alors et tendre sa magie tremblotante - autrefois majestueuse -  en direction de sa tente. Récurer, laver, détruire le mal qui prend racine. Inutile geste qui ne fait que l’affaiblir. Sa tente est propre, immaculée, il n’y a pas à dire, mais l’obsession demeure plus intense que jamais quand tout ce qu’il a pour l’occuper sont ses pensées, et du temps. Trop de temps à ne rien faire et l’impression qu’il n’en a plus tout à fait assez de ce temps, que bientôt, il n’en aura plus du tout.

Il devient fou à tourner en rond dans sa tente quand il n’est pas perdu dans le gouffre d’un sommeil de plomb et de lave, à constater tout ce qui lui a été arraché en janvier, sa baguette qui n’est plus aussi lisse, sa magie qui n’est plus aussi intense, et lui qui n’est plus entièrement lui. Une ombre. Une image. un reflet…. Il entend le bruissement de sa tente, ses muscles se contractent, ses pensées s’enfuient, il se redresse Numa et prétend que tout va bien. Le masque se met en place sur son visage tandis qu’il reconnaît la voix d’Aoife. Il aimerait bien lui dire de revenir plus tard, il ne se sent pas d’attaque à prétendre là tout de suite, et il doit encore nettoyer la tente, il est certain d’avoir oublier un endroit - l’odeur est toujours présente, le malaise imposant - mais elle ne lui en laisse pas le temps. Aife est le mélange étrange d’une douceur presque fragile et d’une détermination léthale. Il se retourne vers elle, absence d’émotion sur le visage. “Sure, your treat?!.” Il n’a pas faim. Il n’a jamais vraiment faim ces derniers temps. Ont-ils remarqué que leur leader picore, que leur leader s’étiole. Sans doute. Ils ne sont pas cons. Ils ne sont pas stupides. Mais ils ne disent rien, ou du moins pas devant lui. Et lui prétend ne rien voir, ne rien ressentir, ne rien sentir. Ils jouent tous à l’autruche dans ce fichu campement au milieu de nulle part. Personne ne semble vouloir affronter la réalité en face. Il a l’impression d’être un gamin qu’on protège, il les voit les regards en coin, il les entend les chuchottements qui s’éteignent quand il remue dans son lit. But nobody tells him shit. and he doesn’t either. C’est une danse adroitement menée de chaque côté, on lui demande comment il va et il répond “everything’s good” comme il le fait maintenant avec Aoife ; on ne s’avance jamais vers lui pour l’aider, on détourne le regard quand il grimace, on joue à comme si et à comme avant. Et lui endosse son rôle à la perfection, il ment sur les douleurs, sur ce venin dont il sent les va-et-vient permanents dans ses veines, il masque cette peur lancinante qu’il ne sait pas gérer - lui le soldat invincible - et s’asseoit à table comme aujourd’hui, masquant grimace après grimace sous un sourire coincé. Même la présence apaisante d’Aoife ne peut tenir à distance les maux qui le rongent à petit feu. “You?” Demande-t-il en la fixant un peu trop longuement, les sourcils froncés, analysant tout ce qui ne sera pas dit, tout ce qui sera laissé de côté. As always. “How is everyone?” C’est tout ce qui lui importe, et Numa enfonce au plus profond de lui cette sensation de picottement dans ses doigts qui lui hurle de se lever et de laver son logis d’infortune, encore, encore, toujours.

Le visage rassurant et enthousiaste toujours offert par Numa ne parvient jamais à rassurer Aoife ou à la tromper: elle mieux que quiconque peut voir comment la maladie et la douleur creusent ses traits de mille ridules et de mille soucis, l'amaigrissant progressivement, lui sapant ses forces et sa vie à mesure que le temps passe. Bien entendu, il est hors de question de faire comme si quoique ce soit était en train de lui arriver: elle ignore si la NSFW survivrait à la fin de Numa, et si le règne tyrannique de Sav pourrait même s’en sortir. Elle préfère ne pas y penser. La NSFW n’est rien sans Numa, ils ne sont rien sans Numa. Elle n’est rien sans Numa. Son héros, son modèle, son leader. Difficile pour elle, et encore plus pour autrui, de véritablement comprendre la profondeur du lien qui l’unit au chef de la NSFW, et de comprendre aussi ce qu’elle peut voir dans sa puissance, sa détermination, son courage et sa vindication parfois dangereuse. Numa représente tout ce qu’elle aimerait être. Il représente aussi un salut pour eux tous.

C’est donc toujours avec un pincement au coeur qu’elle le voit s’effiler progressivement, tout en ne cessant jamais de donner du “everything’s good” comme si elle ne pouvait pas voir clair à travers son jeu. Aoife lui sourit gentiment, pas convaincue mais pas non plus cruelle au point de le lui montrer, le suivant du regard quand il s’approche, remarquant les crispations de son visage à certains mouvements douloureux, vainement cachés derrière des sourires plus crispés encore. “You?” Son regard intense et scrutateur était gênant, au début: elle l’évitait comme la peste, rougissante au moment de se détourner, se demandant secrètement si il la voyait comme elle le voyait. Il lui a fallu un peu de temps pour comprendre (et accepter) que Numa ne la verrait jamais que comme une amie. Ces regards intenses, aujourd’hui, la rassurent. Il n’est pas tout à fait l’ombre de lui-même. “I’m good, thank you,” répond-t-elle d’un ton léger, avant de baisser les yeux sur la nourriture. Rien de terriblement excitant: grâce au coup de pouce de l’Ordre (Aoife préfère ne pas trop réfléchir au fait qu’ils leur ont volé la plupart de leurs victuailles de ces dernières semaines), ils mangent à leur faim même si ça a tendance à être répétitif et parfois un peu… fade. Entre le porridge réchauffé d’hier, les légumes bouillis un peu trop longtemps, et les côtelettes d’agneau qui semblent avoir brûlé en Enfers, on a vu mieux. Mais c’est déjà ça.

Elle pose son assiette devant Numa, et attrape la sienne avec un faux entrain. “How is everyone?” Aoife lui jette un regard en biais, essayant de déterminer si il préfère une réponse vague et insatisfaisante, ou sincère et encore plus insatisfaisante. Elle n’oserait jamais lui mentir (elle n’aime pas faire ça de manière générale), mais il vaut mieux parfois simplement édulcorer la vérité pour ne pas non plus trop l’accabler d’évènements sur lesquels, malheureusement, il n’a plus le moindre pouvoir. “I’m sure you can imagine,” se contente-t-elle donc d’imaginer. Elle se penche un peu vers lui, avec un air conspirateur. “Rivage and Sav broke up. They had quite the fight from what I heard. Not that it’s surprising.” Il n’y a pas tant de nouvelles, ces temps-ci, et il est bien difficile de se mettre le moindre ragot sous la dent. Ce n’est peut-être pas très gentil mais, promis, elle ne se moque pas du tout de leur malheur - il l’intéresse, tout simplement. “I believe everyone is itching to do something.” Sa mine circonspecte et ses yeux bleus qu’elle garde rivés sur sa côtelette, qu’elle est en train de découper furieusement avec son couteau, indiquent pour elle sa réserve à ce sujet: leur prochaine mission, avec son ampleur démesurée à ses yeux, est une très mauvaise idée. Si elle peut librement le dire à Sav, elle a plus de réticences face à Numa. Au cas où l’idée viendrait de lui, et aussi parce que même si elle pense savoir qu’il respecte son opinion (aussi absurde que cela puisse paraître), elle sait aussi qu’il n’a aucune véritable valeur.

“So everyone has been preparing and training for that. I think Sofiane will join us this time.” Comme à chaque fois qu’elle parle du loup qu’ils ont recueilli dans les tréfonds du Dancing Phoenix, les joues d’Aoife prennent quelques couleurs. “Which is good. Other than that… just a lot of arguing, as usual, a lot of pettiness, as usual, and a lot of laughs, as usual.” Elle relève enfin les yeux vers Numa pour lui adresser un petit sourire. Elle regarde son assiette à lui, hésite à lui proposer son aide, mais décide de ne pas trop l’accabler, le sentant, comme souvent ces temps-ci, d’une humeur inégale. “But how are you?” Elle arque un sourcil inquisiteur, atténué par le sourire affectueux qu’elle ne réserve qu’à lui. “Please be honest. I’m only trying to help,” lui rappelle-t-elle d’une voix douce.

Ces dissimulations, ces cachoteries sont bien vaines. Numa masque la douleur, Aoife prétend ne rien remarquer. Elle s'enquiert de sa santé, il élude, il pose des questions sur la situation des leurs, elle tricotte. Et on n'avance à rien qu'à se regarder dans le blanc des yeux, une miriade de mots sur le bout de langue qui n'ose pas franchir la barrière rassurante de ce statut quo branlant. Pourtant, le leader alité de la NSFW ne voit pas comment faire autrement. Numa ne parle pas de ses émotions qu'il calfeutre sous des couches d'assurance, il ne mentionne pas à haute voix les tressaillements de douleur piquant son corps tels des éclats de verre, ni les névroses envahissant sa psyché. Il est une forteresse infranchissable dont les fondations s'effrite sous l'affliction.

Le ton est léger, mais l'atmosphère tendue. Dans leurs silences, il existe mille phrases, dans leurs regards en biais, mille non-dits. Numa picore plus qu'il ne touche réellement à sa nourriture, et se concentre sur la voix d'Aoife plus que sur ses pensées, sur ce qu'elle ne dit pas derrière ce qu'elle prononce. “Rivage and Sav broke up. They had quite the fight from what I heard. Not that it’s surprising.” Il hausse un sourcil, so we're talking about that, really? semble-t-il dire dans ce geste instinctif. "No it's not." Il répond simplement, peu à l'aise d'aborder un tel sujet vu la passé qui le lie à l'un des deux intéressés. Ce n'est pas étonnant non, et c'est même une bonne chose, ils n'ont pas le temps de se concentrer sur des histoires personnelles quand le monde est à feu et à sang. C'est ainsi qu'il voit les choses, et cela n'a rien à voir avec les deux personnes mentionnées dans cette phrase. "I am sure that the bets were high on this one." Il commente tout de même, une façon de plus de prétendre qu'ils sont simplement deux bons amis partageant un agréable repas. Sans l'odeur sordide de la mort qui règne autour de leurs deux corps et du sien principalement. Il reste silencieux ensuite, passe de la circonspection quand elle mentionne l'effervescence et l'impatience du campement, à l'amusement face au rougissement quand elle prononce le prénom de Sofiane. Il l'entend et l'écoute vraiment. “Which is good. Other than that… just a lot of arguing, as usual, a lot of pettiness, as usual, and a lot of laughs, as usual.” "So everything is as usual then. Good" Mais l'est-ce vraiment ? Il a cette intuition désagréable que quelque chose de significatif lui échappe ces derniers temps, peut-être est-ce simplement sa vie, peut-être bien plus?

Numa pousse un soupir et porte un petit bout de ce ragoût à sa bouche, un goût de cendre se dépose sur ses papilles, il manque un haut-le-coeur, repose le bout de métal sur la table et marque un arrêt à la question qu'il redoutait d'entendre et qui finit pourtant par être posée. “But how are you?”  Alabama, Alaska, Arizona, Arkansas..., faire le vide dans son esprit, the lie on the tips of his tongue. “Please be honest. I’m only trying to help” Sa bouche se ferme s'ouvre et se referme à maintes reprises sur les potentielles réponses qu'il pourrait lui donner, la vérité crue et cruelle, les mensonges doux à l'oreille mais violents dans le coeur. Il choisit l'entre-deux. Un pas dans sa direction, mais rien qu'un seul. "As usual. Your potion helps me to keep the pain away but ... It's still there, waiting. watching." killing, taking everything that makes me who I am, worst and worst each day. Il s'est mis à gratter inconsciemment son bras gauche - celui le plus atteint sous les vêtements qui dissimulent. Un geste, une erreur qu'il n'aurait jamais fait s'il était en pleine possession de ses moyens. Sa magie lui échappe, sa force aussi. Ses espoirs surtout. "But hey it's no big deal Aoife. You're doing everything you can and it's all I'm asking. Don't feel bad about it, I'm not made of sugar and this is not what's going to be the end of me." Et voilà, l'entre-deux bancal de la dure vérité et du mensonge rassurant. Ce rôle qu'il endosse pour les ménager parce que c'est ce pourquoi on l'a formé, parce que lui il peut tout endurer, malgré tout et qu'il n'a jamais été, n'est et ne sera jamais un poids mort.

Voir l'expression du visage de Numa tomber d'un coup lui fait mal au coeur, et lui donne immédiatement envie de revenir sur ses paroles en baffouillant et s'excusant d'avoir insisté: Aoife n'aime pas gêner, et elle aime encore moins l'idée de gêner Numa et de le mettre dans une position inconfortable, même pour son propre bien. Aoife a toujours peur d'aller trop loin, de maladroitement dépasser la limite tracée dans le sable par Numa, de ne pas faire tout exactement comme il faudrait; cette peur la suit quand elle voit le visage de Numa se contorsionner à mesure qu'il ouvre et ferme la bouche en articulant des mots qui ne sortent pas. "As usual. Your potion helps me to keep the pain away but ... It's still there, waiting. watching." Aoife le regarde sérieusement, un peu pesamment, ses yeux suivant le geste de sa main qui vient gratter son bras blessé, preuve de faiblesse titanesque pour lui: il ne relâche que trop rarement son attention et son contrôle sur lui-même, et Aoife sait qu'elle fait face à un impair en l'observant faire ça.

"But hey it's no big deal Aoife. You're doing everything you can and it's all I'm asking. Don't feel bad about it, I'm not made of sugar and this is not what's going to be the end of me." Même si elle se nourrissait, à l'époque, des paroles de Numa comme si elles étaient saintes, elle a désormais appris à faire la part des choses: de ses rassurances en demi-teinte, Aoife n'entend quasiment rien. "Well, you don't know that, it may very well be." Pour une fois, elle a laissé les pincettes à l'entrée, avec sa peur que Numa la mette dehors. Il l'a toujours écoutée, à défaut de toujours lui donner raison. Peut-être que partager avec son patient qu'on ne peut pas imaginer son état s'améliorer n'est pas la meilleure des idées, mais elle sait qu'il apprécie l'honnêteté plus que tout au monde. "Show me," demande-t-elle après un moment de latence, sa fourchette reposée sur la table, en équilibre sur le bord de l'assiette.

Elle se contente généralement de l'ausculter rapidement, de lui fournir des potions qui lui permettront d'alléger la douleur et ses humeurs générales, ou faire tomber la fièvre lorsque celle-ci se réveille et se met à grimper à toute allure. Aoife s'attarde rarement sur la blessure, frileuse et souvent, franchement, dégoûtée par son apparence, son odeur, sa gravité aussi. Mais cette fois-ci, elle veut voir, véritablement, s'y attarder. "There's, um. There's this book that we grabbed the other day..." Elle ne va pas lui parler de Twilight - quoique ça aussi mériterait un compte-rendu détaillé - mais bel et bien d'un ouvrage qu'ils ont pu récupérer dans le camp où ils se sont battus avec Lee. "It was about alchemy, and there was an interesting... some sort of, a, uh, a ritual. And I think... maybe... I mean, it's not sure, but maybe, it could help." Elle trébuche sur ses mots, peu sûre d'elle, baissant les yeux pour ne pas complètement affronter ceux de Numa.

Ils n’auraient pas pu continuer à prétendre indéfiniment. C’est une évidence. Toutes les fables ont une fin, même celles que l’on se raconte à soi-même pour faire passer la pommade sur les brûlures les plus vives. S’il n’avait certainement pas envie de parler des histoires intimes de Sav ou Rivage ou n’importe qui au campement, Numa préfère presque revenir à ce sujet que répondre à la question d’Aoife, lorsque celle-ci s’enquiert de sa santé. Et lui demande une réponse honnête. Elle est maligne. Sans doute a-t-elle compris qu’en appuyant sur ce mot qui caractérise d’ordinaire le leader de la NSFW, elle obtiendrait au moins une réponse plus sincère que ses yeah I’m fine habituels. Il la lui donne, en espérant qu’elle s’arrête là de son interrogatoire qui ne fait qu’intensifier la trace que laissent ses doigts sur son bras malade et nécrosé en frottant avec vigueur à travers le tissu. Mais elle fait tout le contraire, le surprenant une fois encore. "Well, you don't know that, it may very well be." C’est cela que le demi-vélane admire chez elle, ces fulgurances d’affirmation et de prestance maquillées derrière la douceur de son visage, la sérénité presque mélancolique qui émane d’elle la plupart du temps. "Show me." “No.” You don’t want to see it, I don’t want you to see. Il se sent soudainement aculé, et quand c’est le cas, Numa se referme sur lui-même, devient une coquille inexpressive. Il met ses émois dans une boîte et la boîte dans une autre boîte qu’il n’ouvrira que plus tard à l’abris des regards. Son regard affronte celui inflexible et déterminé de l’irlandaise. Une bataille qu’il n’a plus la force d’emporter comme toutes les autres. Mais s’il y a une chose qu’il s’est promis c’est qu’il ne leur montrerait pas l’étendu des dégâts. leur groupe n’a pas besoin de perdre du temps à s’inquiéter pour lui, ils ont tant de combats autrement plus importants à mener à terme.

Il a l’envie pressante de nettoyer la tente emplie des saletés inexistantes qui pourrissent à l’intérieur de lui.

"There's, um. There's this book that we grabbed the other day..." Il reste silencieux, muet comme une tombe. Sans mauvais jeu de mot prémonitoire. Numa est persuadé qu’il ne mourra pas. Il ne peut concevoir cette possibilité. "It was about alchemy, and there was an interesting... some sort of, a, uh, a ritual. And I think... maybe... I mean, it's not sure, but maybe, it could help." “You won’t relent until you get what you want, are you?” Finit-il par affirmer doucement. Le visage toujours impassible, mais le ton porteur de cette admiration. Numa est intrigué, l’es toujours quand on aborde des sujets intellectuels. Et peut-être, peut-être qu’il subsiste une touche d’espoir dans sa voix rauque, dans son esprit meurtri. En poussant un soupir résigné, mais sans jamais briser le contact visuel, ses doigts se posent sur le bord de son t-shirt immaculé et le soulève. C’est tout sauf aisé. Le tissu brûle sa peau abimée, et quand il est presque torse nu, qu’il ne reste que ce bras dissimulé, il ajoute. “Remember that you asked to see it.” Le dernier mot presque craché. Son regard jamais ne déviant des prunelles d’Aoife. Un autre homme aurait détourné le regard en se montrant aussi vulnérable, mais Numa masque ses fêlures sous une couche d’assurance.

Il voit le changement dans son regard quand apparaissent les nervrures boursoufflées qui s’attaquent à sa chair, à ses muscles jusqu’à ses os. Qui glissent et semblent presque vivantes, pulsant jusqu’à son épaule. “See. That’s not so bad. I’m still fucking buff.” et le sourire amer qui s’étire langoureusement sur ses lippes est le plus honnête des aveux jamais partagés au coeur de sa tente. “Do you reckon your book can help? I’ll try it.” He’ll try everything. He trusts her entirely, and what other choice does he have anyway?

tw: ugly arm

“You won’t relent until you get what you want, are you?” Aoife ne répond qu'avec un sourire un peu crispé, relevant ses yeux bleus vers lui, un peu apologétiques malgré elle. Ils se connaissent, depuis le temps, et Numa mieux que personne sait qu'elle démord difficilement de ses rares résolutions - encore moins quand elle lui semblent aussi sensées que ça, et qu'elles sont seulement entravées par la fierté ou l'ego de Numa. Elle sent ses joues chauffer quand il commence à se dévêtir, et détourne presque le regard, avant de se dire que ce serait encore pire; à la place, elle laisse simplement ses yeux explorer la peau qu'il révèle et les muscles qui y sont sculptés. “Remember that you asked to see it.” Les yeux d'Aoife reviennent dans les siens, et elle se fait la promesse de ne pas les détourner et de ne pas montrer tout ce qui pourrait s'agiter en elle en le détaillant.

C'est impossible, pourtant. Complètement impossible. Inquiétude et horreur se mêlent dans son regard sans vergogne alors qu'elle observe en pinçant des lèvres l'immonde réalité du bras malade de Numa, son bras attaqué par ce qui ressemble à une infection magique. “See. That’s not so bad. I’m still fucking buff.” Aoife ne relève même pas les yeux vers lui, ne lui adresse même pas un regard noir en l'entendant jurer comme elle le ferait normalement. À la place, et en allant à l'encontre de son instinct de survie qui lui hurle de s'éloigner de Numa et de son bras en faisant demi-tour et en se tirant à toute vitesse, elle se lève et contourne la table pour s'approcher.. “Do you reckon your book can help? I’ll try it. - Let me see first. Don't jump the gun," souffle-t-elle en s'accroupissant près de la chaise de Numa.

Elle prend son poignet entre ses doigts et lui fait lentement déplier et replier le bras, jetant un regard à la crispation contenue de son visage en l'aperçevant du coin de l'oeil. "You don't have to pretend with me, Numa," lui rappelle-t-elle en revenant à son bras, "on the contrary." Elle préférerait mieux connaître l'étendue de sa douleur, même si elle sait que tel laisser-aller serait difficile voire impossible pour lui. Mais elle s'en voudrait de ne pas le dire à haute voix et de ne pas le lui rappeler.

Lentement, en tremblant un peu, Aoife lève la main et le bout de ses doigts vient effleurer l'une des profondes nervures qui parsèment le bras de Numa, ignorant son mouvement de recul instinctif en refermant d'autant plsu ses doigts autour de son poignet, pour pas qu'il ne s'échappe.. C'est chaud, au toucher, et ça pulse, lentement - seulement, Aoife ignore si c'est en train de répandre son poison ou de pomper l'énergie de Numa. "The ritual, it's an old translation from Hypatia. The circle is quite hard to trace but it's a, it's a cleansing ritual, it has to be done at the new moon. I just don't know..." La nature exacte de la blessure de Numa est difficile à établir, à comprendre, à défaire. Ses doigts caressent sa peau malgré elle, et elle lui fait tourner le bras pour l'observer sous toutes ces coutures, retenant les relents de dégoût qui montent en elle par vagues à mesure qu'elle découvre tous les détails de sa malédiction. "That house, it..." Sa gorge se noue et elle ne dit rien pendant quelques instants, avant de parvenir à déglutir. "It was bad," finit-elle d'une toute petite voix pathétique, le mot bad ne contenant même pas la moitié des émotions violentes et terriblement haineuses qu'elle ressent à chaque fois qu'elle y repense.

Il voit l’expression d’Aoife lorsque son bras apparaît dans toute son horreur, l’air n’est pas si frais mais lui paraît glacial sous la couche brûlante presque fiévreuse qui recouvre sa chair depuis des mois maintenant. Numa ne fait pas mine de se cacher, lui qui pourtant leur dissimule bon nombre de détails depuis qu’il est alité, car elle lui a demandé à voir, et qu’il a besoin de constater par lui-même qu’elle ne s’enfuit pas à toute jambe. Il comprendrait qu’elle le fasse, ne lui en voudrait pas. Lui-même a parfois eu l’envie de se disloquer l’épaule et s’arracher le bras en observant avec dégoût les stigmates laissées par ce maudit sortilège incompréhensible. Il pensait pouvoir tout prévoir, il s’était trompé. Il pensait pouvoir tout contrôler, il s’était trompé ; et si cela ne lui avait pas coûté la vie, d’une certaine façon cela lui avait pris bien plus encore. Sa dignité, sa raison d’être, sa force et sa vitalité. Il avait l’impression d’être plus mort que vivant, sensation exacerbée par l’attente et l’immobilisme si peu compatible avec sa personnalité.

Il se tait ensuite quand elle lui intime d’être patient, empêche ses yeux de se lever au ciel dans un geste trop puéril pour qu’il s’y abandonne. Il a l’impression que c’est tout ce qu’il fait ces derniers temps et il en a plus que marre, d’attendre qu’on trouve une solution ou que cette maladie ait raison de lui, attendre les potions qui l’endorment et les jours plus calmes, les gens qui acceptent de lui rendre visite et le temps qui passe inlassablement s’en foutant complètement qu’il n’a pas le luxe d’attendre justement. Parce que la lutte ne s’arrête pas elle, que l’organisation doit avancer avec ou sans lui. Mais qu’en étant dans cet entre-deux lamentable, il a l’impression de n’être qu’un poids qui les retient en arrière.

Lorsque les doigts d’Aoife se déposent doucement sur sa peau, Numa réprime un grognement de douleur qui explose pourtant contre son torse et jusque dans ses tripes et ses tempes et se répand partout à l’intérieur de son corps. Un simple toucher le brûle et ses poings se referment vivement, s’il tenait un morceau de verre dans la main celui-ci se serait brisé sous la violence de son geste. Entre ses dents serrées, il répond avec difficulté “I’m not trying to hide anything from you. Just don’t want to alert everybody.” Il préfère que personne n’entre dans la tente, une personne c’est déjà assez et c’est même trop. C’est bien parce que c’est elle et que dans l’air se balade la possibilité d’une guérison. Des gouttes de sueurs perlent sur son front, glissent contre les petites rides étalage de toute la tension et la concentration dont il fait preuve pour ne pas s’effondrer. Numa ne s’écroule pas. Numa ne tombe pas.

Les doigts délicats de la sorcières suivent les nervures qui décorent son bras, et garde son regard rivé sur le visage attentif d’Aoife. Il observe les mouvements inconscients de son visage, le dégoût, l’inquiétude, l’horreur. Elle ne ferait pas une bonne espionne, se dit-il affectueusement pour s’occuper l’esprit. "The ritual, it's an old translation from Hypatia. The circle is quite hard to trace but it's a, it's a cleansing ritual, it has to be done at the new moon. I just don't know..." Il hoche de la tête, même s’il ne sait pas complètement de quoi elle parle. Réflechir l’aide à mettre au loin la souffrance qu’il ressent par vague à chaque mouvement qu’elle trace sur sa peau. Réflechir l’a toujours aidé à avancer et maintenant qu’il ne peut plus compter sur son corps c’est bien tout ce qui lui reste. Mais quand il entend plus qu’il ne voit la difficulté avec laquelle les prochains mots sortent de sa bouche, il pousse un soupir. Ses instincts de protecteur reprennent le dessus. Numa n’aime pas la voir ainsi, sentir de la détresse chez les siens, il aurait dû être là dans cette maison et toutes les autres fois. Mais il ne pouvait pas. “Are you okay? If you’re not sure, we don’t have to do it Aoife. I can wait.” Ses mots lui rapent la gorge, car la réalité est toute autre, elle n’a cependant pas besoin de le savoir. Il ne demanderait jamais rien qui la mettrait en danger si ce n’est pas vital pour leur Cause. “Do you want to talk about it? what you saw?” Numa pose sa main valide sur l’épaule de la jeune femme, un geste de soutien qu’il espère réconfortant. “Maybe it'll help us assess if it's a good idea to try it, or not.” Ajoute-t-il avec un léger sourire et une touche de tendresse dont la chaleur est amoindrie par les pics de douleurs qu’envoient ses nerfs jusqu’à son cerveau fatigué.  

He’d like to find his strenght again, he’d like that more than a good night of sleep. But he won’t take the risk of losing her or anyone of them in doing so.

tw: ugly arm

Aoife se laisse aller à ses souvenirs avec une facilité tellement familière qu'elle pourrait presque la rendre nauséeuse - elle déteste ce sentiment d'impuissance, et la facilité avec lequel elle s'y abandonne entièrement, se laissant submerger par les images des flammes rouges et noires léchant les murs du manoir Rosier, les cris désespérés de Douglas et le silence angoissant qui leur avait succédé. Et cette magie, épaisse et poisseuse, qu'ils avaient ramenés avec eux malgré tout: Aoife peut la sentir pulser sous la peau de Numa, terrifiante et insidieuse, prête à le consumer tout entier de l'intérieur comme un virus maléfique.

Elle y repense souvent, à cette maison grinçante et à la fois terriblement silencieuse, aux sorts qui ont fusé à travers les flammes et la fumée et ont manqué, à plusieurs reprises, de la toucher. Ses cauchemars sont enfumés eux aussi, brûlants, angoissés - parfois elle se réveille avec un cri sur les lèvres, et même la respiration calme et rassurante de Malee dans le lit à côté du sien ne parvient pas à ralentir la cavalcade douloureuse de son coeur dans sa poitrine. Surtout, surtout, Aoife repense à la main de Sav sur son épaule et à ses doigts s'enfonçant dans sa chair, et elle repense au souffle de Riv: do it.

Et elle revoit, encore et encore, la première fiole Inferno exploser sur un tapis, les flammes noires explosant dans un vrombrissement assourdissant et malheureux. “Are you okay?” Aoife repousse ces images et l'odeur de la fumée noire et de la chair brûlée pour se reconcentrer sur Numa et ses grands yeux intelligents, lui offrant un sourire crispé et un bref hochement de tête. “If you’re not sure, we don’t have to do it Aoife. I can wait.” Elle secoue la tête en l'entendant. "No, I'm fine." Pas vraiment mais qu'importe - Numa ne peut pas attendre, et ils le savent tous les deux. “Do you want to talk about it? what you saw?” Aoife secoue lentement la tête, hésitante. “Maybe it'll help us assess if it's a good idea to try it, or not.” Le sourire sur les lèvres de Numa, cette fois, est sincère dans sa tendresse rare et bienvenue, et réchauffe un peu le coeur fatigué d'Aoife. "No... I'd rather not," admet-elle. "It's all still confusing and... and painful." La perte de Douglas, surtout, et le sentiment pesant de culpabilité qui la suit comme une ombre depuis.

Et, surtout, elle se souvient du plaisir vif et cruel qu'elle a ressenti lorsqu'ils sont sortis, avant de se rendre compte que Douglas n'était pas avec eux, en regardant la maison en flammes et les cris de douleur en sortant.

C'est ça le pire: l'intense satisfaction qu'elle a pu ressentir en s'imaginant ces sang-purs en train de souffrir, de brûler, de mourir.

L'estomac d'Aoife se tord dans son ventre et elle ajuste son sourire, lui donne une teinte plus honnête qu'avant: "I'm fine, Numa," répète-t-elle, pour se convaincre elle-même autant que lui. "This house was really bad, and I believe there was magic in it... old magic. And that's why your arm is..." Elle jette un coup d'oeil à son bras, boursouflé et blessé, gonflé d'une malédiction à laquelle elle n'entend rien. Il n'y a pas vraiment de mots précis pour le décrire et le définir, malheureusement, du moins aucun qu'elle ne connaisse. "...that's why your arm is like that. I think we need to let the magic out. Like... you know, in the old times, when they would use leeches to take the infected blood out and they thought that they could take away diseases like that... We're going to do that, but with an alchemical circle. And it's going to work." Elle hoche la tête, l'air sûre d'elle. "The only magical leeches I know can only be found in Amazonia so I'm not sure that's an option," marmonne-t-elle avec un sourire pincé. "And I don't think you'd enjoy that..."

Numa sait faire preuve de bien plus de patience quand il s'agit d'écouter et de prendre soin de ses proches que lorsqu'il s'agit de sa propre personne. Il a grandi avec sa mère comme presque seule compagnie. Une amie, une confidente, un soutien et des déménagements intempestifs qui l'empêchaient de se lier avec des personnes de son âge. Pendant longtemps sa seule amie était Gina et elle était bien plus âgée que lui. Même à Ilvermorny on lui faisait comprendre qu'il était différent, alors Numa s'est enfermé sur lui-même. tout a changé quand il a rejoint la WUSS et qu'on lui a appris qu'il fallait se sacrifier pour son pays, ne pas hésiter à perdre sa vie pour protéger le bien commun et qu'on l'a mis dans une équipe. Une petite famille, artificielle mais pourtant bien réelle.

Si le demi-vélane a rejeté la plupart des préceptes rébarbatifs qu'ont tenté de lui inculquer les gérants du gouvernement américain, il a gardé cette notion aussi bien héroïque qu'absurbe du sacrifice pour la Cause et ceux qui constituent sa famille. La NSFW, les êtres à l'héritage mixtes, ses camarades. Et lui s'est construit autour de tocs et de parades de l'esprit pour s'oublier au profit d'autrui. Numa a poussé l'abnégation au plus haut degré de son sens, comme tout dans sa vie.

C'est tout autant une qualité qu'un défaut quand on y pense et cela entraîne un bon nombre de conséquences dont il se passerait bien. C'est néanmoins ce qui le rend attentif aux changements d'atmosphères et à l'état d'Aoife, il lui pose une question et quand elle répond par la négative "No... I'd rather not," il n'insiste pas, soulève un sourcil. Mais comprend, lui non plus ne souhaite pas parler de ses cauchemars, de ses doutes ou de ses peurs. On n'a pas le luxe d'ouvrir les vannes quand on appartient à un petit groupe de terroristes. Le moindre faux pas et c'est la fin. C'est aussi simple que cela.

Aoife tente de le rassurer et il n'est pas dupe. Ne joue-t-il pas lui-même à la même mascarade à chaque question posée sur sa santé ? Une fois encore pourtant, il ne dit rien. Son amie lui parlera quand et si elle le souhaite. Pas avant. Elle embraye ensuite sur le sujet de discussion, à savoir ce bras meurtri et pourri, et les potentielles tentatives de guérison. "This house was really bad, and I believe there was magic in it... old magic. And that's why your arm is..." ugly, deformed, useless, fucking horrible. Numa hoche de la tête pour lui signifier qu'il l'écoute sans toutefois l'interrompre. "...that's why your arm is like that. I think we need to let the magic out. Like... you know, in the old times, when they would use leeches to take the infected blood out and they thought that they could take away diseases like that... We're going to do that, but with an alchemical circle. And it's going to work." "I thought this method wasn't really working for old diseases?" Demande-t-il tout de même, une de ses mains massant machinalement l'épaule endolorie. Il ressent toujours une sensation étrange à la fois comme si du venin enflait dans ses veines et en même temps comme si son bras n'était plus vraiment là. Il comprend la logique derrière les propos d'Aoife, retirer le mal qui le ronge. Du moins, cela fait sens avec les sensations qu'il éprouve. "The only magical leeches I know can only be found in Amazonia so I'm not sure that's an option," Of course, it couldn't be something that you could find here, fucking merlin. "And I don't think you'd enjoy that..." "I don't think so no. But I would try anything in order to get back my arm and my magic." Laisse-t-il échapper malgré lui. Numa ne parle pas de sa magie branlante et quasi inefficace, bien qu'il se doute qu'on s'en soit rendu compte autour de lui. Un de ces secrets de plus que personne n'ose mettre sur le tapis. "Ok so let me get this straight, there's like an alchemical circle we could put on my arm to force this thing out of my body. And you know how to do it?" L'admiration perce dans sa voix, et une note d'espoir aussi, mais Numa ne peut se laisser envahir, car une pointe d'angoisse apparaît aussi, toute une floppée de what if qu'il contient en se concentrant sur sa respiration et en posant une série de question. "Okay, I have a few questions first. First, will this take time, and how much? Second, you'll just need to do this circle and that's it? Third, is this dangerous for you or the others? And finally, what are we waiting for?" On pourrait presque apercevoir l'ombre d'un sourire sur les traits du leader en convalescence.