L’invitation de l’ambassade américaine est tombée à merveille - exactement le genre d’événement parfait pour inaugurer sa nouvelle vie au Royaume-Uni et son calendrier d’activités sociales ! Enfin, tout juste après la soirée pour célibataires au sang pur à laquelle elle a assisté… quel dommage que l’ambassade ne permette pas de +1 !

Saracita ne s’est toutefois pas apitoyée davantage sur son sort, l’esprit revenu aux priorités habituelles : quoi porter ? Elle est reçue à son ambassade, pas n’importe où ! Elle se doit de représenter fièrement sa nation ! C’est donc avec un grand soin qu’elle a sélectionné sa tenue, dans le camaïeu impressionnant de roses que comporte sa garde-robe (promis, elle porte autre chose, parfois). Une beauté d’un rose très pâle, presque beige, qui tranche parfaitement avec son teint santé. Pimpante, souriante, apprêtée jusqu’au bout de ses ongles fraîchement manucurées (une des premières adresses qu’elle s’est empressée de trouver lors de son déménagement au UK, histoire de pouvoir survivre), Sita se présente au Ministère de la Magie. Baguette et papiers bien rangés dans son minuscule sac à main, bien sûr.

Son regard-radar lui fait rapidement parcourir les invité.e.s déjà sur place, autant les figures potentiellement connues que les tenues arborées par chacun. Puis, son regard sombre se fixe sur une silhouette féminine près du bar. Toutes les alarmes de son esprit s’activent en une fraction de seconde et la réaction est immédiate : « GINAAAAA ! » Le cri traverse la salle de réception, fait sursauter quelques convives, alors que la tornade californienne traverse la pièce à une vitesse stupéfiante pour une personne montée sur de si hauts talons, direction une élégante femme dans une robe sobre. « MA CHÉRIE ! Je ne pensais ja-mais te revoir ici ! », qu’elle s’exclame et roucoule, enveloppant l’Américaine dans une étreinte aussi solide que chaleureuse (un peu plus de violence et ç’aurait pu se qualifier pour une prise de lutte). Sita ensuite se recule et à bout de bras, détaille Gina de bas en haut, sans se gêner (et sans le potentiel creepy d’autres grossiers personnages dont nous tairons le nom par souci d’anonymat). à vrai dire, dans l’oeil de la femme, il n’y a que de l’admiration et une grande affection. « Tu es ma-gni-fi-que ! Tu n’as presque pas changé, c’est fou ! »

Alors que tu es dépitée de la situation critique en termes de boisson festive, une voix familière crie ton nom et te pousse à te retourner brutalement pour voir accourir vers toi une amie de longue date que tu accueilles dans tes bras ouverts sans une once d’hésitation. « Je ne pensais ja-mais te revoir ici ! - Et moi donc ! Qu’est-ce que tu fais ici ? », lui demandes-tu, encore complètement surprise de pareille apparition salvatrice dans cette réception pleine de culs serrés. Et tandis qu’elle détaille ta tenue, tu en fais de même, amusée de constater que le rose reste sa couleur de prédilection. Un instant, tu songes qu’il faudrait peut-être la présenter à Umbridge, si ce n’est pas déjà le cas. Un sourire immense s’étire encore davantage sur tes lèvres au compliment à peine exagéré de ton amie (« Tu es ma-gni-fi-que ! Tu n’as presque pas changé, c’est fou ! ») et te voilà à esquisser une révérence rapide en laissant échapper un léger rire un peu gêné. « Merci, merci. T’es toujours aussi resplendissante, hein. Si tu savais comment je suis heureuse de te trouver ici ! », ajoutes-tu avec enthousiasme et un sourire dont tu ne peux décidément pas te départir.

Et de lui prendre le bras pour l’entraîner un peu à l’écart du bar où s’agglutinent peut-être trop de silhouettes pour pouvoir tranquillement discuter. Elle a clairement mis des talons plus hauts que les tiens parce que tu dois lever la tête pour pouvoir la regarder dans les yeux et, tandis que tu lui lâches le bras et te postes face à elle, une main sur la taille, tu l’interroges : « Je savais que Sam était en Angleterre, mais je n’étais pas au courant que tu étais ici aussi ! T’es arrivée récemment ? », et dans tes yeux, crépite une lueur sincèrement heureuse de retrouver ton amie, et quelque peu curieuse de comprendre ce qui a motivé sa présence en ces sinistres lieux. « Attends, laisse-moi deviner… T’es là pour un film cristal sur Ace Hunter ? », hasardes-tu en repérant la chevelure caractéristique de l’ancien joueur de hockey magique. « Ou… Non, je sais : tu es venue empêcher Sam d’épouser une héritière britannique… », cette perspective improbable t’arrache un rire tandis que tu considères que ce serait sans doute absurde, mais un doute soudain t’étreint et tu reviens à ta voisine : « Ou bien… Rassure-moi, t’es pas là en lune de miel, hein ? Non parce que j’ai rien reçu comme faire-part, alors vaudrait mieux pas. » La menace sous-jacente est extrêmement limitée et Sita se doutera sans doute que tu ne lui feras rien, mais disons que ça fait un certain temps que tu n’avais pas vraiment pris des nouvelles par hibou, et tu te demandais bien où elle en était de sa vie personnelle. (Si vous pouviez éviter de dévier sur la tienne, ça serait mieux, d’ailleurs, même si le fait que tu sois là sans Silver pouvait être un indice utile pour ton amie observatrice.)

« Je suis arrivée il y a moins de deux semaines, c’est tout récent », répond Saracita en se laissant entraîner par Gina un peu plus à l’écart, là où elles ne dérangeront personne. Surtout elle, avec ses exclamations enthousiastes auxquelles elle ne porte aucune attention. C’est avec amusement qu’elle écoute les hypothèses de l’Américaine, réagissant seulement d’un intéressé : « Ace est ici ? » lorsqu’il est mentionné. Il faudra définitivement qu’elle lui passe le bonjour (et l’idée d’un film-cristal sur le joueur de hockey n’est pas mauvaise… ou pourquoi pas une mini-série ?). « Ou bien… Rassure-moi, t’es pas là en lune de miel, hein ? Non parce que j’ai rien reçu comme faire-part, alors vaudrait mieux pas. Une petite tape, inoffensive, sur le bras de la femme. Silly, tu aurais évidemment été invitée ! » Toutes ces années sans se voir ne changent rien pour Saracita, qui parle à son ancienne collègue avec la même familiarité que si elles étaient encore toutes deux mannequins.

Son rire s’éteint alors qu’elle éclaire la raison de sa présence sur les terres d’Albion à sa comparse : « Je prends la place de Sam pour la suite de la production d’Elementary », dit-elle fièrement, son sourire remontant jusqu’à ses yeux sombres. Une occasion en or, qu’importe dans quel état son aîné a laissé la collaboration avec Z — sans prévenir le Mangemort, on se souvient de cette monumentale erreur. Heureusement qu’elle pardonne tout à Sam (le tirage d’oreille outre-mer a néanmoins été vigoureux). « C’est une occasion unique, hors de question de la rater. »
Peut-être qu’à force de le répéter, ça lui permettra d’oublier tout le reste. D’oublier la Marque qu’elle sent pulser sous les élégants costumes de Z, l’omniprésence policière, le cottage de Potter’s End gracieusement prêté par un gouvernement dont le régime fait bien trop écho aux horreurs endurées par son peuple.
Elle a toujours été douée, pour fermer les yeux et faire comme si de rien était.

« Par contre, j’ai peut-être rencontré un héritier britannique, glousse-t-elle à voix basse, le regard brillant. Quel dommage que la sécurité soit si vigilante, j’aurais a-do-ré te le présenter. Un véritable gentleman. » Et d’ailleurs, parlant de cela… L’Américaine regarde avec insistance l’espace vide aux côtés de la Devall-Rahman (ou peu importe le nom qu’elle porte maintenant). « Je vois que tu n’as pas non plus réussi à faire entrer ton mari, difficile d’oublier le séduisant hunk uniquement vu en photo, à l’époque, sur lequel l’Américaine a mis la main et la bague, ou il n’est plus dans le portrait ? » Est-ce que ça expliquerait les rides soucieuses aux coins des yeux de Gina et ce teint que la Californienne juge définitivement un peu trop pâlichon ? Pas qu’elle irait lui en faire la remarque, surtout pas au coeur de l’ambassade ! Il n’empêche que pour son œil avisé, rodé à repérer les soi-disant imperfections, c’est impossible à ignorer.

Quoique surprise, tu es sincèrement heureuse de découvrir que ton amie est en Angleterre et, pendant un bref instant, tu te demandes ce que tu as pu faire ces derniers temps, à ne pas surveiller les arrivées des uns et des autres de l’autre côté de l’Atlantique. Sans doute que tu ne t’attendais pas à ce que des personnes proches de toi traversent la distance et apparaissent ici : bien mal t’en a pris ! Reste quand même à savoir pourquoi Sita est là, et la raison qu’elle te donne est plutôt impressionnante : « Je prends la place de Sam pour la suite de la production d’Elementary - Ah oui, quand même, c’est pas rien ! » reconnais-tu en hochant la tête après un petit sifflement admiratif, appréciant à sa juste valeur la tâche titanesque qu’elle s’est donnée. Pour ta part, tu ne regardes pas vraiment les séries cristal, n’ayant pas le temps de te poser devant, surtout depuis que tu as décidé de réduire la voilure niveau retourneur de temps. Mais tu ne vis pas dans une grotte et tu en as évidemment entendu parler, du carton que c’était. Et de hocher de nouveau la tête lorsque Sita confirme ce que tu as bien compris, que l’occasion est en or. Sans pour autant vouloir creuser dans les méandres de ce discours bien rôdé, tu sens (intuition que tu redoutes de voir se confirmer) qu’elle n’est pas aussi sereine que son grand sourire voudrait le faire croire. Vous en parlerez à un autre moment (dans un lieu moins proche du cœur du gouvernement britannique, d’ailleurs), si elle le souhaite, si elle a besoin de se décharger d’une partie de ses incertitudes auprès de quelqu’un qui ne jugera jamais.

Mais trêve de plaisanterie : parler boulot est marrant deux minutes, pour autant c’est toujours plus intéressant de savoir où Sita en est dans ses amours. Au moins, une chose est certaine, elle n’est pas (re)mariée (tu aurais été sincèrement attristée d’avoir loupé ça). Mieux, elle pourrait bien l’être dans un futur proche, puisqu’elle semble avoir rencontré quelqu’un. Un doux sourire ourle tes lèvres tandis que tu arques un sourcil curieux : les indices qu’elle te donne sont plutôt minces et tu comprends sans qu’elle le formule ainsi que l’héritier en question est un sang-pur, et qu’il doit être célibataire depuis peu parce que, de mémoire, les sorciers de vos âges au sang-pur sont souvent maqués ou veufs, dans ce pays. Alors que Sita se lamente de ne pas avoir pu le faire entrer, tu la rassures : « On trouvera bien une occasion pour que tu me le présentes assez vite, voyons. », et tu agrémentes cette promesse d’un clin d’œil complice.

Ça pourrait bien se passer, vous pourriez continuer sur son nouveau prince charmant, mais elle embraye sur le vide à tes côtés et t’arrache une moue dépitée, alors que tu la sens creuser cette affaire avec intérêt. Tu préfères hausser les épaules, comme si rien n’était, comme si tu n’avais pas encore ce matin regardé la porte de communication pour voir si la poignée -disparue il y a trois jours- était réapparue (en vain). Un goût amer subsiste, mais tu masques tout ça sous un sourire navré alors que tu prends une gorgée de ton eau pétillante, et tu lui expliques brièvement : « C’est un peu le chaos en ce moment avec Silver… J’ai cru qu’on avait réussi à retrouver un équilibre, mais c’est un peu plus compliqué que ça, finalement… » Tu as beau hausser tes épaules, faire comme si ça ne t’impactait pas, il n’empêche que Sita saura probablement lire à travers tes faux-semblants. Sans doute comprendra-t-elle aussi que tu ne veux pas en parler, du moins pas ici. Si bien que tu reviens au sujet de ses amours, sans vraiment chercher à être subtile ou discrète : « Et donc… Un héritier britannique, tu disais ? Je veux tout savoir : où et quand est-ce que tu l’as rencontré ? Quelles sont ses trois qualités principales, tu dirais, au premier abord ? » Un jeu comme un autre, qui vous renvoie à ce que vous pouviez vous raconter lorsque vous vous retrouviez pendant les shootings en petite tenue : déterminer les trois qualités (réelles ou non) d’une personne qu’on vient tout juste de rencontrer. Un entraînement pour la WUSS aussi, sans en avoir l’air, d’ailleurs.

La moue dépitée, assortie d’une grimace et d’un haussement des épaules, parle pour l’Américaine avant même qu’elle le fasse de vive voix, et pas besoin d’être spécialement physionomiste (ou un agent de la WUSS) pour savoir tout ce que ça veut dire. Sita a une petite grimace à son tour, presque par dépit. Une façon silencieuse de s’excuser d’avoir soulevé un sujet bien plus sensible que la brune le laisse paraître, avec sa réponse évasive : « C’est un peu le chaos en ce moment avec Silver… J’ai cru qu’on avait réussi à retrouver un équilibre, mais c’est un peu plus compliqué que ça, finalement… » Elle ne pousse pas davantage le sujet, bien consciente qu’une réception au milieu de l’ambassade américaine n’est pas l’endroit le plus approprié pour creuser les problèmes de couple de Gina.
Ça ne l’empêche de mentalement planifier un petit après-midi entre filles, dès qu’elle aura trouvé une station thermale digne de ce nom, afin qu’elles puissent en parler en long, en large et en travers.

C’est sans se faire prier qu’elle entre dans le jeu de son interlocutrice, laissant dans ce coin de son esprit ce fameux interrogatoire autour d’un massage aux pierres chaudes : « Et donc… Un héritier britannique, tu disais ? Je veux tout savoir : où et quand est-ce que tu l’as rencontré ? Quelles sont ses trois qualités principales, tu dirais, au premier abord ? Il semble en avoir tellement, des qualités, que soupire une Saracita qui ne connaît pourtant absolument rien de Langford Prewett. Heureusement qu’elle travaille en télé-cristal et qu’elle peut donc imaginer tout ce qu’elle veut dans le temps de le dire, n’est-ce pas ? Je dirais… créatif, débrouillard et passionné. Elle pourrait plus mal tomber, côté qualités, en fait. À certains égards, elle n’est pas très loin de ce qui caractérise vraiment Ford. Je l’ai rencontré dans un événement pour célibataires au sang pur. Presque tous les autres participants auraient pu être mes enfants et tout le monde était tellement… tellement sage, dit-elle avec un sourire indulgent. Pas difficile, avec le chaperonnage permanent des parents et de l’alcool… inexistant, au mieux, vu la pauvre qualité du champagne coupé à l’eau qui était servi et autorisé par les autorités. Il a été une vraie bouffée d’air frais. »

Gina connaît certainement cet air sur le visage de la romantique Saracita, celle qui arrivait à chaque photoshoot avec un nouveau crush, qui parsemait ses lettres de commentaires sur ses prétendants, qui pleurait sur ses amours perdues alors même que rien n’était commencé. Après toutes ces années, tout et rien n’a changé. Ses yeux dérivent vers les convives du cocktail et elle demande à son amie : « Dis-moi qui je dois me mettre dans la poche, ici. » Pas que ce sera très difficile (elle le pense sans fausse modestie). C’est ce en quoi elle est la plus douée : amadouer.

Sita est définitivement une bouffée d’air pur dans cette réception engoncée. Tu t’étais décidée à t’y rendre parce qu’il aurait été étrange que tu ne t’y présentes pas, mais il fallait quand même reconnaître que tu n’aurais fait que papillonner d’un groupe à l’autre, sans vraiment t’arrêter longtemps dans une discussion. Là, au moins, tu avais l’impression de n’avoir finalement pas perdu ton temps, et retrouver une amie était on-ne-peut-plus plaisant ! L’aveu à mi-mots sur la situation tendue avec Silver suffisait pour l’heure à Saracita, même si tu t’attendais bien à ce qu’elle trouve un moment et un lieu autres pour t’en reparler plus tard. Mais pour l’heure, vous aviez fort heureusement bifurqué sur ce brave gentleman mystère, qui avait apparemment réussi à dérober le cœur de Sita en une seule soirée !

Les qualités qu’elle t’énuméra n’eurent absolument pas pour effet d’invoquer l’image de Langford Prewett à ton esprit : tu avais, à vrai dire, du mal à imaginer qui pouvait vraiment correspondre à cette description. Ne t’accrochant pas désespérément à l’idée de l’identifier aussi vite, tu ne pressas pas spécialement la brune à tes côtés pour qu’elle précise des choses : elle le fit sans que tu aies besoin de la pousser. Ça changeait des interrogatoires agressifs que tu devais réaliser par moments.
Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment pour te laisser songer à ton autre vie. Au cœur du Ministère, tu restais une interprète somme toute banale, au sein de la Coopération internationale magique, et ça suffisait pour ne pas trop te regarder à deux fois. « Eh bien je me réjouis pour toi. », affirmas-tu avec un sourire sincère lorsqu’elle acheva, rêveuse. Il était rassurant de constater que la sorcière n’avait pas tant changé que cela : sa fraîcheur et sa candeur (sur les sujets de cœur bien sûr, tu n’étais pas dupe quant à sa pugnacité professionnelle) avaient toujours eu un effet lénifiant alors que tu étais souvent méfiante et suspicieuse à l’égard des autres. Tu en venais parfois à t’émerveiller qu’elle se jette encore, comme à chaque fois, de tout son être et de tout son cœur dans une nouvelle relation : tu espérais toutefois que sa persévérance sentimentale ne serait pas récompensée par du mépris ou des larmes. Quoiqu’il en soit, tu faisais le vœu d’être là pour elle, maintenant qu’elle était du bon côté de l’océan.

Passé l’interlude sur vos affaires de cœur, tu reportas ton regard vers le reste des convives alors que Sita reprenait des considérations plus professionnelles, voire politiques : « Dis-moi qui je dois me mettre dans la poche, ici. » Un sourire entendu ourla tes lèvres alors que tu consentais en silence à te faire guide dans la fange des Américains à Londres. Les noms étaient connus pour certains, Ace Hunter qu’on repérait au loin était actuellement entouré de tout un ensemble de fans qui devaient sans doute lui parler de sa vie d’avant. Scrutant la foule de ta haute stature, tu essayais de repérer des visages qu’elle devrait un jour ou l’autre approcher. Pour autant, croisant un regard bleu profond, tu t’interrompis dans ta recherche d’alliés utiles et, après un « Il y a moyen que celle que je vais te présenter t’aide à un moment ou un autre. », tu guidas Saracita vers une femme aux longs cheveux bruns et au visage assez ovale : « Sita, laisse-moi te présenter Rhiannon Lloyd, chargée de superviser les échanges étudiants entre la Grande-Bretagne et le reste du monde, une amie. Rhi, Saracita Kazan, productrice de la série cristal Elementary, fraichement arrivée des États-Unis et une amie de longue date de surcroit. » Tu n’étais pas bien sûre que ta collègue des Black Hands regardait beaucoup les ondes cristal, mais savait-on jamais… Toujours était-il que si tu présentais Sita à Rhiannon, c’était aussi dans l’espoir que son aïeul, le vieux Prétextat Lloyd, siégeant en tant que Haut-Juge du Magenmagot, puisse la tirer d’un mauvais pas, si jamais elle se retrouvait empêtrée dans quelque problème majeur. Et de compléter, sans même que Rhiannon n’articule quoi que ce soit : « Oui, elle sait plein de choses à mon sujet que tu ignores. » avec un sourire amusé, consciente que la curiosité de l’ancienne Serdaigle était sans doute piquée.

Sita l’a toujours su, qu’elle pouvait faire confiance à Gina : son radar à hommes n’est peut-être pas le plus au point (et certains diraient même que c’est peu dire), mais celui à amies n’est définitivement pas aussi défectueux. Pas alors que l’Américaine l’emmène devant une sculpturale brune au regard d’un bleu profond et la lui présente comme une employée du Ministère et l’une de ses amies. Vraiment, si toutes les Anglaises sont si magnifiques (et de ce qu’elle a vu à la BCBC, c’est le cas), elle va devoir rouvrir des castings pour Elementary, afin de voir si certaines d’entre elles n’ont pas une fibre artistique cachée ! Tout le monde profiterait certainement de telles beautés dans une boule de cristal. « Oui, elle sait plein de choses à mon sujet que tu ignores. Et plus encore, se permet d’ajouter la malicieuse sans perdre le nord, mais vous êtes définitivement celle qui pourra tout me raconter de sa vie actuelle. »

La précision semble amuser la femme et Saracita ne se prive pas pour faire suivre le commentaire d’un compliment sur sa tenue (sublime) ses cheveux (si lisses et brillants) et son maquillage (impeccable), s’emparant directement de son prénom et de formules familières comme si elles se connaissaient depuis toujours. Emmagasinant la moindre information au sujet de la Lloyd, curieuse de savoir en quoi celle-ci pourrait un jour lui être utile (le morceau du casse-tête se mettra en place lorsqu’elle parlera d’un aïeul juge, ou quelque chose comme cela).

C’est ainsi que Saracita, de fil en aiguille, remonte tout le cocktail de l’ambassade américaine jusqu’à se retrouver au bras de l’ambassadeur lui-même, riant comme s’ils s’étaient toujours connus (et n’est-ce pas un peu le cas, quand USoK est partout ?). Lorsqu’elle quitte la soirée, plusieurs heures plus tard, elle n’a plus aucune carte de visite dans son minuscule sac à main et elle a pratiquement oublié sa déception initiale à l’idée de venir seule.

Surtout, le terrain est préparé et prêt pour l’accueillir, elle, longtemps.