Aoife s'est naturellement alignée avec Stephen, surtout après le succès de leurs petites machinations, et elle s'est jetée la tête la première dans ses plans et ses idées lorsqu'il a commencé à parler de cercles alchimiques défensifs - et offensifs - à placer à travers l'île, pour préparer le moment où l'Ordre viendra les chercher.

L'Ordre va venir les chercher.

Aoife ignore ce qu'elle en pense. Elle n'est pas là depuis assez longtemps pour être tout à fait désespérée, quoique la situation est, bien entendu, désespérante. Elle ne reverra jamais Sofiane, Sav ou Numa, elle le sait - elle mourra certainement ici, de froid, de faim, de douleur, de fatigue, ou sous les sortilèges d'un chasseur. On lui a raconté l'horreur des Battues et elle n'arrive pas trop à y croire, n'ayant pas encore pu les observer de ses yeux. Apparemment, on ne meurt pas vraiment à Gracefield - on survit, peu ou prou, ramené des confins de la mort par un médicament miraculeux, une intervention quasi-divine de Zabini qui observe le moindre de leurs faits et gestes. Une histoire d'amende, de ce qu'Aoife a entendu, non pas qu'elle y ait compris grand chose...

Elle a accepté la mission donnée par Stephen pour s'occuper tant l'esprit que sa main libre; l'autre reste inerte, attachée à un bras douloureux en écharpe, qui se répare lentement grâce aux soins d'un descendant de triton avec qui elle s'est liée d'amitié. Quand il lui a demandé si elle se sentait véritablement prête à pratique, Aoife a hoché la tête sans hésiter.

C'est ainsi qu'elles se retrouvent toutes les cinq à avancer dans la pénombre, en silence. Aoife connait bien Joy, avec qui elle est allée à l'école, et Faye qu'il est difficile de ne pas remarquer. Moon Shadow n'a jamais été qu'un visage dans un magasine et la dernière, Rena, elle ne la connait pas. Peu importe, elle va avoir besoin d'aide.

"Euh, t'es sûre?" marmonne-t-elle quand Faye lui fait signe de monter sur ses épaules. Non pas qu'elle ne croit pas trop à la carrure plutôt musclée et solide de la prisonnière mais quand même, Aoife lui rend elle-même quinze centimètres. Pas trop le temps de faire de chichis, elle s'appuie sur l'épaule de Rena pour se hisser sur les épaules de Faye, trouvant maladroitement son équilibre. "Donne-moi le..." commence-t-elle à l'adresse de Joy qui a le sac contenant leur matériel de fortune, mais elle s'interrompt en entendant des bruits de pas, des voix qui s'élèvent.

D'autres résistants de Gracefield, contre lesquels Stephen les a prévenues. Apparemment, ici, c'est plutôt coupe-gorge. Et si ils les surprenaient là, Aoife peut s'imaginer sans mal qu'ils n'hésiteraient pas à les dénoncer pour s'attirer les faveurs de Zabini...

"Attends," vient une voix venant d'autre-dessus d'elles, sur le pont. "Tu trouves pas que ça schlingue la poiscalle?" Elle jette un regard paniqué à Moon, Joy et Rena, resserrant machinalement ses cuisses autour de Faye en se raidissant, posant une main sur sa tête pour trouver son équilibre, l'air de dire: et maintenant on fait quoi?, ses grands yeux bleus s'écarquillant d'angoisse et son coeur se mettant à faire des embardées dans sa poitrine.

juin 2007, gracefield. Joy aime se sentir impliquée, mettre la main à la pâte. Non pas parce qu'elle éprouve un désire immense de se rendre utile - même si on ne peut pas vraiment la qualifiée de feignante - mais plutôt parce qu'elle a besoin d'être au courant de tout, tout le temps. Du coup, elle était plus que ravie que Faye fasse appelle à elle pour cette mission. Et même avoir de l'eau glaciale presque jusqu'à la taille ne peut l'empêcher de se sentir investie, importante.

La mission est simple en théorie. Se rendre au point de l'île désignés sur la carte. Laisser Aoife s'occuper de l'aspect runique. Ne pas se faire prendre. Avant de partir, on a remis à Joy le sac contenant tout le matériel - enfin ce qui s'en rapproche le plus - nécessaire au processus et elle s'y accroche comme si c'était la chose la plus précieuse sur Terre - et peut être qu'à ce moment précis, c'est le cas... Aoife grimpe sur les épaules de Daye une fois qu'elles ont atteint le ponton et la mine peu rassurée de son amie lui fait décrocher un sourire qui disparait presque aussitôt quand elles entendent soudainement des bruits de pas et des éclats de voix s'avançant vers elle.

Ne pas se faire prendre. C'était le point numéro trois mais ça aurait très bien pu être tout en haut de la liste.

"Attends," l'un d'eux dit, et sa voix est si claire que Joy et les filles comprennent immédiatement qu'ils sont très proches. "Tu trouves pas que ça schlingue la poiscalle?"

Joy lève les yeux au ciel. Elle reconnait la voix. Kenny, un demi-vélane transféré à Gracefield plus ou moins au même moment qu'elle et un abruti fini. Le genre de gars à lecher les bottes de Zabini pour se faire bien voir auprès des sponsors. Le genre aussi a renvoyé à Joy son surnom en pleine figure toutes les deux secondes. Il semble remonté, en colère, et Joy commence a stressée. Kenny est du genre à s'emporter facilement et s'il lui vient l'idée de balancer son interlocuteur dans l'eau, elles sont mal...

Joy se tourne vers Faye qui lui signale d'attendre et de ne rien faire. Mais les deux continuent de se disputer et Kenny semble vraiment remonté. Agissant sans vraiment réfléchir, Joy donne le sac à Moon et se plonge entièrement dans l'eau puis ressort, interrompant aussitôt la dispute de Kenny et de l'autre gars - Idris, Joy croit qu'il s'appelle, ou un truc comme ça. "Qu'est ce que vous fabriquez là vous deux ?" elle demande, se forçant à avoir l'air confus mais détaché, espérant que l'eau glaciale masque son stress.

Kenny la regarde, l'air un peu ahuri avant de froncé les sourcils. "On discute. Toi, qu'est ce que tu fabriques là toute seule ?" il demande, l'air suspicieux.

Joy se trouve un peu bête, n'ayant pas vraiment réfléchit jusque là. Il existe peu de raisons - si ce n'est aucune - qui pourraient véritablement expliqué pourquoi elle était dans l'eau, seule, toute habillée, à une heure pareille. Foutue pour foutue, Joy tente le tout pour le tout, et hausse les épaules, essayant de garder un air nonchalant, comme si la situation était on ne peut plus normale. "Bah, je me baignais, ça se voit pas ?"

Moon n'a pas été la plus facile à convaincre, quand on lui a parlé de ce plan de sauvetage, soit-disant mené par l'Ordre. Cela fait des années, qu'elle est ici. Pendant longtemps, elle ne savait pas depuis combien de temps elle croupissait là. Avec Aoife, elle a appris, qu'ils sont en 2007. Cinq ans. Cinq années à Gracefield. Cela se fête presque, dans un sens. Personne n'aurait jamais parié une pièce sur elle. Impossible. La bimbo starlette de musique dans une arène où survivre est la clé ? C'est presque une blague. Mais, Moon a su trouver des alliés ici. Des gens, qui lui ont fait oubliée ceux d'avant. Souvent, elle repense à Raf. Raf, qu'elle a revue pour la première fois, il y a quelques mois. Raf, qu'elle revoit chaque mois depuis, quand ils lâchent les wyvernes. Raf, qui n'a fait aucun move pour l'aider. Raf, qui collabore sans ciller. Heureusement pour Moon, il y a Faye, Rena, Simon, Javi et les autres. Heureusement, il y a la Résistance.
C'est sans doute pour cela, qu'elle a fini par accepter d'aider l'Ordre, à soit-disant les sauver. Elle a trop espéré toutes ces années, pour vraiment y croire, mais elle fait confiance à Faye, et elle-même croit en Stephen. Moon apprécie le père de Simon. Cela ne retire en rien son scepticisme. Elle a envie d'y croire, mais ne veut pas voir ses espoirs briser ensuite.

C'est avec Faye, Aoife, Rena et Joy, qu'elle participe à ce rituel d'alchimie. Elle n'y connait pas grand chose, pour ne pas dire rien. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elles sont plus fortes à cinq, qu'à quatre. Secrètement Moon est contente d'avoir Rena à ses côtés, même si elle aurait préféré, que la louve ne se mette pas en danger inutilement. Chacune leur tour, elles rentrent dans l'eau, Moon se trouve juste derrière Rena. Elle ne peut s'empêcher de tordre son visage et sa bouche, face au contact glacé sur sa peau. Elle n'avait vraiment pas envie d'un bain de minuit dans une eau à dix degrés. Rapidement, Aoife monte sur les épaules de Faye, étant celle, qui allait tracer les cercles d'alchimie. Tout se déroule comme prévu, jusqu'à ce qu'elles entendent des voix. Moon déglutit, ne bougeant pas d'un centimètre. Son regard inquiet se pose sur Rena. Puis, Faye les regarde pour les rassurer, mimant de ses lèvres, qu'ils vont finir par s'en aller. Elles ne doivent (juste) pas bouger. Moon fronce son regard face à la Moroz, avant de radoucir ses traits. Elles sont toutes sur le qui-vive.
Joy décide de faire un move, et Moon la fusille du regard. Elle ne doit pas bouger. Trop tard. Elle prend le sac, qu'on lui tend, sans pouvoir rien dire et la regarde, médusée, s'en aller vers les deux autres prisonniers. Son cœur bat la chamade. Joy a l'air de s'en sortir, même si son discours n'est pas très fluide. Cela semble crédible. Apparemment son petit discours fonctionne, puisque les deux autres prisonniers grommellent quelque chose, avant de continuer leur chemin un peu plus loin. Elles attendent plusieurs minutes, et s'assurent qu'ils sont vraiment hors de vue, pour enfin reprendre leur respiration, suspendue jusque-là. ─ C'était vraiment chaud là. J'espère, qu'ils ne vont pas faire le tour de l'île ces deux abrutis. Elle tend le sac vers Aoife et Faye. ─ Et maintenant on fait quoi ?

La peur s’est fondue dans ses pas, lui tord le cœur, chaque jour passé à Gracefield. A force, elle en est presque anesthésiée, ne se pose guère plus de questions, préfère suivre le mouvement, cesser de réfléchir, poser le cerveau. Préfère courir sans se retourner, échapper au pire, filer entre les doigts des sorciers, s’exécuter sans un mot quand on lui demande un petit quelque chose. Une expédition nocturne pour tracer des runes sur l’île, ça a tout le contour d’une mission excitante, de quoi rompre la monotonie de l’attente. Et le danger lui va bien, fait courir un curieux frisson le long de son échine, comme un réveil étrange. Flegmatique, le pas vif, les yeux alertes, les oreilles grandes ouvertes, elle suit ses compagnes, se glisse au cœur de la nuit dans les contrées interdites de l’île. Elle vérifie chacun de leurs pas, sécurise les alentours, prend garde à ne pas les mener droit dans un piège, s’assure que rien ni personne ne traine dans le coin et pourrait les surprendre.

Le premier point de chute atteint, elle n’a aucun mal à se glisser dans l’eau glacé jusqu’à mi-cuisse, ne laisse pas même filer un mince grognement, avance de concert avec ses comparses pour rejoindre les dessous du pont, là où ce foutu pentacle doit être tracé. Elle les croit sur paroles, Rena, ces alchimistes qui déblatèrent sur certaines propriétés de leur tracé, incapable de déceler le vrai du faux, se doit bien de faire confiance en Aoife, lorsqu’elle se juche sur les épaules de Faye pour atteindre la voute. Elle y jette un regard curieux, non sans vraiment oser s’avancer à les presser, et serre les dents lorsque des voix retentissent soudain. Triple idiote. A ne pas y faire gaffe, ils se sont immiscés près d’elles, deux pauvres types qui se feront sûrement une joie de mettre à mal leur plan. Etrange, quand même, comme pour obtenir des faveurs, on serait prêt à renoncer aux rêves de liberté dont se drapent la Résistance. Le regard est incendiaire, dans le dos de Joy, Rena craint déjà les dérapées, en la voyant ainsi s’avancer, trouver de pauvres excuses. Tendue comme un arc, elle est déjà prête à bondir, s’il s’avisait d’y avoir du grabuge. Et pourtant – elle n’aurait clairement pas parié sur cette tentative désespérée de Joy – ils finissent bien par disparaitre. La tension se meurt peu à peu, sans pour autant qu’elle ne baisse sa garde, à demi avancée dans l’ombre du pont, pour surveiller l’éloignement des intrus. « Trace moi ce foutu cercle, qu’on se tire avant qu’ils reviennent. » qu’elle jette par-dessus son épaule, en observant Moon tendre le sac à l’alchimiste. Elles ne devraient clairement pas trainer dans leur mission, s’activer pour filer dans les ombres et éviter de se faire suspecter. « Faudrait pas les croiser plus tard. » C’est bien ce qui l’inquiète le plus, quand bien même elle se fait déjà un devoir de rester sur le qui-vive et guetter la moindre présence. « Il est où, le prochain cercle à tracer le plus proche ? Qu’on perde pas de temps. »

Aoife reste pétrifiée, équilibriste maladroite et mal à l'aise juchée sur son escabeau improvisé, une main se crispant avec force sur le crâne de Faye où elle est posée sans y penser. Quand Joy se jette à l'eau, Aoife s'étrangle, remarquant avec un temps de retard que le sac de matériel a changé de mains; mais voir son amie s'éloigner, même sous le couvert de la petite rivière, la remplit d'une angoisse peu commune, surtout lorsqu'elle attire l'attention des deux intrus. Elle manque de perdre l'équilibre en faisant un mouvement dans sa direction, incapable d'être confrontée à l'idée de perdre Joy - mais est vite rappelée à l'ordre par sa gravité précaire, ainsi assise sur les épaules de cette pauvre Faye. "Pardon," lâche-t-elle dans un souffle en se redressant, les épaules en arrière.

Les intrus s'éloignent, l'atmopshère stressante et pesante s'éclairçit, et elles attendent quelques minutes en silence pour s'assurer qu'elles sont de nouveau seules. "C'était vraiment chaud là." C'est Moon qui parle, s'attirant un regard nerveux d'Aoife. "J'espère, qu'ils ne vont pas faire le tour de l'île ces deux abrutis." Elle attrape le sac tendu vers elle. "Joy, reviens par là," dit-elle d'une petite voix avant de, sans plus de cérémonie, ouvrir le sac en reposant le fond sur le crâne de Faye. Pas le temps de faire de chichis. "Et maintenant on fait quoi ? - Trace moi ce foutu cercle, qu’on se tire avant qu’ils reviennent. » Aoife pince des lèvres, mais n'accorde pas à un regard à Rena. "T'aurais pu nous prévenir qu'ils arrivaient," souffle-t-elle entre ses dents, malgré elle - une exaspération qui ne lui ressemble pas.

Mais depuis son arrivée à Gracefield, depuis la mort de Rivage, depuis la réalisation qu'elle est seule, désespérément seule, et va mourir seule, Aoife ne se ressemble pas. Seule cette mission donnée par Stephen donne un quelconque sens à sa vie. Elle finit par attraper le schéma donné par le maître alchimiste, ainsi que ce qui ressemble à une craie grossière. Apparemment, certains pratique la magie sans baguette, sur l'île - c'est certainement l'oeuvre de l'un d'entre eux, grâce à la roche environnante.

Aoife laisse les autres se concentrer sur les potentiels intrus et les prochains endroits à visiter. "Essaye de rester immobile," demande-t-elle à Faye d'un ton désolé, sachant la tâche quasi-impossible, avant de tendre le cou pour lever le visage vers la voûte du petit point, et de commencer à tracer le cercle selon les indications de Stephen.

Sa main est sûre et expérimentée, et Aoife finit en quelques minutes. Ce n'est pas du grand art, mais ça fera l'affaire pour ce qu'ils ont prévu. Avant que ce cercle soit utilisable, il faudra tracer trois cercles jumeaux aux alentours. "C'est bon.  Tu peux m'aider à descendre?" C'est maladroitement qu'Aoife quitte son trône inconfortable, retombant dans l'eau glacée avec une grimace désagréable. "On a fait le sud, maintenant il faut les autres directions mais... je ne connais pas l'île suffisamment bien pour m'y repérer la nuit," marmonne-t-il, gênée et honteuse, avant de jeter un regard en coin à Rena, où brille un peu d'agacement. "Peut-être que cette fois on peut faire attention à ne pas croiser quiconque..."

juin 2007, gracefield. On va pas se mentir, Joy je sens un peu débile une fois qu'elle se tient face aux deux hommes, toute dégoulinante d'eau, frissonnante mais essayant de garder un air nonchalant. Vraiment, elle devrait savoir que la spontanéité n'est pas toujours son fort. C'est sûrement la dernière fois qu'on lui demandera de participer à ce genre de choses.

Pourtant - presque comme par miracle, elle oserait dire - sa technique de distraction semble fonctionner. Les deux - même s'ils lui jettent des regards plus que suspicieux - finissent par faire demi-tour et s'éloigner, Joy ne pouvant s'empêcher de soupirer de soulagement avant de se retourner vers son groupe, un grand sourire aux lèvres, les deux pouces levés.

"C'était vraiment chaud là. J'espère, qu'ils ne vont pas faire le tour de l'île ces deux abrutis. Et maintenant on fait quoi ?" Moon demande et Joy peut difficilement faire autre chose qu'acquiescer alors qu'elle se redirige vers les filles. D'instinct, elle se tourne vers Aoife, toujours perchée sur le dos de Faye, attendant qu'une des deux réponde. Ce sont elles les meneuses du groupe ce soir après tout.

"Trace moi ce foutu cercle, qu’on se tire avant qu’ils reviennent." C'est Rena qui parle cette fois-ci et si Aoife ne lui accorde pas son attention, Joy, elle, lui lance un regard noir. "T'aurais pu nous prévenir qu'ils arrivaient," Aoife siffle et Joy, les yeux toujours rivés sur Rena, penche la tête sur le côté comme pour dire "Et toc!" Très mature tout ça...

Faye semble le remarquer aussi puisqu'elle redirige l'attention du groupe sur la tâche. Aoife finit par se lancer et trace le premier cercle. Joy est absorbée par ses gestes, ayant toujours été fascinée par toutes formes de magie sortant de l'ordinaire. Elle se doute que ce n'est pas une rune de première qualité vu que le matériel a été bricolé plus qu'autre chose mais elle siffle doucement son admiration une fois le travail finit. "Bien joué, Wawafe," elle lui dit une fois descendue dans l'eau.

"On a fait le sud, maintenant il faut les autres directions mais... je ne connais pas l'île suffisamment bien pour m'y repérer la nuit. Peut-être que cette fois on peut faire attention à ne pas croiser quiconque..." La pique est clairement destiné à Rena, et Joy offre à Aoife un sourire en coin avant de se placer à côté de Faye.

"Résultat, faut qu’on aille par là… Si on suit le cours d’eau par la rive gauche, on devrait pas trop se perdre. Tant que personne regarde, tu veux un coup de séchage ?" Faye propose et Joy acquiesce vigoureusement, faisant beaucoup moins la maline dans ses vêtements trempés. "Je veux bien, merci." Encore une fois, c'est avec admiration qu'elle regarde, cette fois-ci, Faye s'exécuter, ses gestes lui rappelant les sorcières des films et dessin animés qu'elle regardait plus petite. Une fois sèche, Joy s'assure que le collier de Grace est toujours intact et autour de son cou, puis s'élance dans la direction pointée par Faye, l'espoir guidant ses pas. Ce plan va marcher.

Ce plan est foireux. Moon le sait depuis le début. Elle a l'impression, qu'elles vont se faire prendre et qu'elles vont mourir étrangement aux prochaines Battues. Malgré tout, elle n'a pas pu dire non à Faye et a entraîné Rena avec elle. La tension est palpable, lorsque les deux abrutis s'en vont. Aoife, puis Joy ne se gênent pas pour lancer des piques et des regards noirs à la louve. Moon fronce son regard, et passe une main dans le dos de Rena. Elles sont toutes à cran.
Aoife trace le premier cercle sans trop d'encombres, mais elle doit encore en faire trois autres pour que cela fonctionne. Moon n'a pas vraiment compris toute cette histoire d'alchimie, c'est un peu au dessus de ses connaissances. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle a confiance en Stephen et en ses instructions. Et puis il y a Faye. Elle ne se serait pas lancée là-dedans sans y croire un minimum. Pour la première fois, Moon s'autorise à espérer pouvoir partir d'ici. La fin des Battues est proche, elle arrive presque à l'imaginer. Elle se demande bien ce qu'elle fera, quand tout ça sera terminé. Suivre l'Ordre ? Peut-être au début, mais pas indéfiniment. Elle trouvera un moyen de revoir Andrés, et Raf aussi malgré tout. Puis elle fera tout pour partir le plus loin possible. Rentrer aux Etats-Unis, retrouver ses parents et sa soeur, peut-être emmener Rena avec elle si elle en a envie. Surtout se casser le plus loin possible de l'Angleterre maudite.

Faye prend la suite des choses en main, sortant de l'eau et dépliant une carte. Moon la suite sur les berges, sa main toujours contre le dos de Rena l'obligeant à la suivre. D'un geste de la main, elle leur indique la prochaine direction à prendre. ─ Suivre le cours d'eau, bonne idée ! Elle jette un regard à Rena, Aoife, Joy puis Faye. ─ On devrait y aller. Il fait encore nuit, mais pas indéfiniment. En plus, je pense que les deux abrutis ne sont pas très loin. Elle préfère décamper, tant qu'elles le peuvent. Sans plus attendre, Moon commence à marcher dans la direction indiquée par Faye. Bien qu'elle ne voit pas plus que ça dans le noir, elle connait cette île comme sa poche. Au moins ses cinq années sur place lui servent à quelque chose. Sur le chemin, quelques bruits la font sursauter, mais rien à signaler. Pas de boule de cristal non plus. Après une dizaine de minutes de marche, le petit groupe arrive au deuxième point de traçage. ─ Je crois bien que c'est ici.