| | | Le franc-parler n’a pas l’air de plaire, enfonce ses épines et fait froncer les sourcils. Déjà, la blondinette retorque et reproche l’incident à la louve, sans qu’elle ne puisse jamais que se ranger derrière sa mauvaise foi. C’est vrai ça, Rena, t’aurais pu prévenir ? La faute à son inattention, la faute à sa bêtise. Elle préfère se cantonner au silence plutôt que de rétorquer, faire quelques pas de côté pour ne pas subir les regards noirs des deux comparses. Il n’y a que Moon qui se fait encore rassurante, cherche à concilier les deux parties pour apaiser les tensions, mais la jeune femme reste tendue malgré la main qui se veut douce. La fierté ébranlée, elle fulmine intérieurement, se drape dans sa fierté, préfère le silence aux arguments vains. Mieux vaut se ranger dans le sillage de ses compagnons, suivre Moon qui ouvre le chemin selon les directions de Faye. Les mains enfoncées dans les semblants de poches de ses habits, elle fait le dos rond, la moue plissée, observe les ténèbres, comme dans l’attente d’en voir surgir un monstre. Incommodée par la situation, la peur qui pulse, de se faire repérer, ou d’encore faillir, les regards noirs de ses compagnes, elle marche en silence, suit le mouvement, puisque Moon semble ne pas vouloir la lâcher, main calée dans son dos. « T’as peur que je vous lâche ? » Le coin des lèvres plissées, elle renvoie un œil joueur à la jeune femme. Pas que l’envie manque pourtant, mais elle se doute bien qu’elle est utile dans leur petite équipé, quand bien même elle a fauté cette première fois. Pour leur bien à toutes, mieux vaut qu’elles en finissent au plus vite, de manière efficace, pour être rentrée au lever du jour.
Elle a le nez en l’air, les oreilles grandes ouvertes, la truffe au vent, cherche le moindre signe annonciateur de désastre, un bruit suspect ou une boule de cristal intempestive. Dépasse finalement le groupe, prend assez d’avance pour aviser du chemin à suivre, vérifier les alentours avant que les pas tapageurs de cinq prisonnières n’alertent d’éventuelles surprises déplaisantes. Mais si ce n’est quelques sursauts, rien ne vient bousculer leur périple. Arrivées à bon port, ne reste qu’à l’alchimiste de s’affairer pour tracer un nouveau cercle. Un peu inutile en ces circonstances, Rena préfère encore chercher le moyen de s’occuper efficacement. « J’vais faire le tour, sait-on jamais. Ils peuvent ne pas être loin. » Ou d’autres menaces encore. Elles ne seront jamais trop prudentes, dans ce genre de conditions, et elle parviendra peut-être au moins à calmer la mesquinerie. « Pas besoin de crier si je dois revenir, je vous entendrai. » L’oreille à l’affut, elle ne compte pas s’éloigner assez pour ne plus les étendre jacasser. Ce serait tout aussi dangereux de se séparer, pour l’heure.
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