Blaise sait être généreux quand il le veut, quoiqu'en disent Alvarez et Moroz. Le moral des troupes, c'est une donnée précieuse et qu'il se doit d'entretenir précautionneusement. Donnez leur trop de lest et ils se rebellent, mais serrez les boulons trop fort et ils se perdent dans leur colère... ainsi, plutôt rapidement, Blaise a instauré les bains annuels à Gracefield. Une journée entière dédiée aux prisonniers, où ils peuvent se reposer, se laver, se faire pomponner même par des sorts dernier cri. Tous les ans, Blaise ouvre le manoir de Gracefield aux prisonniers, après avoir remerciés ses employés et fait inspecter l'endroit quatre fois par deux équipes spécialisées de sécurité magique. Les protections ont été redoublées partout sur l'île et dans le manoir et, de toutes façons, comme partout à Gracefield, des boules cristal veillent au grain aux coins de toutes les pièces.

Après avoir amenés tous les prisonniers au manoir et les avoir habillés de belles robes de chambre soyeuses, et après les avoir comptés, et inspectés, et retournés, et inspectés de nouveau, Blaise se permet enfin de faire son entrée avec un grand sourire sur les lèvres. Il porte ses cheveux un peu plus longs que la dernière fois où il les a vus, et une chemise qui semble brodée d'or et miroite légèrement à la lumière du lourd candélabre qui flotte au-dessus de leurs têtes à tous.

"Bonjour et bienvenue," commence-t-il de sa voix chaude au terme d'un court silence, comme d'habitude, après les avoir dévisagés. "Comme tous les ans, je vous accueille dans mon humble demeure. Vous trouverez un spa magique à l'étage, des bacs de poisson-docteur dans l'aile ouest ainsi qu'un buffet dans la salle de réception." Beaucoup des nouveaux arrivés parmi les prisonniers se regardent d'un air incompréhensif, les yeux exorbités, et Blaise éclate d'un léger rire en frappant dans ses mains. "Pas de piège, promis, je fais ça de la bonté de mon coeur." Même lui ne semble pas y croire. Il se met lentement à marcher le long des prisonniers alignés les uns à côté des autres, ignorant les regards noirs que certains lui adressent. "Je reviendrai demain matin à neuf heures pour vous ramener chez vous et nettoyer le joyeux bordel que vous allez mettre chez moi... comme d'habitude, mademoiselle Moroz, hm?" Il jette un regard à Faye, amusé. Peu avant son arrivée, il a demandé à ses employés de jeter un sort de silence sur les prisonniers - pas fou, surtout avec le souvenir de leur dernière altercation encore fraîche dans son esprit.

"Mangez autant que vous voulez, buvez autant que vous pouvez et reposez-vous bien. Il y a des lits un peu partout, de la nourriture et de quoi vous enjailler toute la nuit. Profitez bien, et à demain." Et sur ces mots, Blaise leur adresse un dernier sourire en s'arrêtant net, face à Javier Alvarez auquel il adresse un sourire éclatant. "Et essayez de sourire, peut-être, à l'avenir," lui recommande-t-il avant de se détourner et de quitter la pièce avec le reste de ses employés, levant par la même l'épais sort de silence posé sur la pièce.

Spoiler:

La première fois, Joy a pleuré. On lui en avait parlé, bien sûr, quand elle avait eu le droit à son cours intensif sur Gracefield et les Battues à son arrivée sur l'île, mais elle n'avait pas voulu y croire, s'était dit qu'elle, elle n'y aurait pas la droit. Mais le jour avait finit par arrivé et Joy avait pleuré.

Ces larmes, c'était un peu un mélange de tout; de la honte, du traumatisme, de la colère, du soulagement, et de la peur. On est fragile, la première année. Après, avec le temps, le défilé des battues, soit on s'endurcit, soit on plonge. Mais la première année... C'est quelque chose. Après presque deux ans de battues, Joy n'est plus à ça près. Du coup c'est sans larmes qu'elle s'avance vers le manoir cette fois-ci. On lui fait la remarque d'ailleurs. La sorcière qui l'examine lui jette un regard noir, les roulis froncés, comme pour la remettre, puis un rictus se dessine sur ses lèvres. "Tiens, vlà la fontaine. Alors pas de larmes, aujourd'hui ?" Joy ne répond pas. Elle se laisse manipuler, essayant d'ignorer le regard de dégout qui se lit très facilement sur le visage de son examinatrice. Elle n'a pas besoin de ses réactions ou de ses commentaires pour savoir dans quel état elle est.

La sorcière s'arrête sur la dernière cicatrice de Joy, une vilaine marque rouge sur l'avant-bras droit, une brûlure superficielle laissée là par une des Wyvernes de la dernière battues. "On regardera ça de plus prêt à l'intérieur, mais ça m'a l'air bien. Tu peux y aller, Khelifi," elle conclut avant de pousser Joy vers l'avant pour qu'elle rejoigne les autres dans le manoir.

L'étape d'après, c'est qui avait déclenché les larmes de Joy l'année passée. On la déshabillent et on la re-examine avant de lui filer un peignoir. La douceur provoque un frisson chez Joy mais elle reste calme cette fois-ci. Elle accepte le kit qu'on lui tend, reçoit malgré elle le sortilège de mutisme, puis rejoint la salle où Zabini fera son speech. C'est un peu ridicule, en y pensant, cette vision; des prisonniers en rang d'oignons, tous en peignoirs et en chaussons, attendant dans un luxueux manoir que leur bourreau vienne leur parler.

Il débarque comme une fleur, comme d'habitude, bien habillé, propre sur lui, presque brillant. Le contraste marque encore plus le ridicule de la situation et Joy pourrait en vomir. Elle a l'impression d'être une vache qu'on se prépare à vendre au marché.

Il leur fait son discours habituel : je suis bon et miséricordieux. Ne vous rebellez pas. Tout ça c'est pour votre bien. Les nouveaux arrivants sont effrayés, Joy le voit bien, le comprend - ils sont tous passé par là. Elle jette un regard à Aoife à ses côté et essaye de la réconforter, lui assurer que tout ira bien.

Le discours est bref, ce qui est assez rare pour Zabini. Quelqu'un comme lui qui adore le son de sa voix prend généralement son temps pour faire des grandes phrases. Joy ne va pas se plaindre. Quand il s'en va, le sortilège de mutisme et lui aussi levé et Joy ne peut s'empêcher de cracher un "Putain," toute sa frustration et haine n'ayant pas pu s'échapper plus tôt explosant hors de sa bouche à la seconde où elles le peuvent.

Avant de se retrouver à Gracefield, Simon n’aurait pas su dire quel était son jour favoris de l’année, mais maintenant il le savait, sans aucun doute, sans une seconde de réflexion; c’était le jour des bains. C’était un peu stupide, sans doute, d’un point de vue extérieur, mais c’était le seul jour de l’année où tant de luxe était offert à eux, un luxe qui aurait du être évident, naturel, mais qui ne l’était pas, pas pour les prisonniers qu’ils étaient. Alors Simon appréciait tout particulièrement cette journée, elle donnait presque l’impression qu’ils vivaient une vie normale.

Comme tous les ans, il avait passé l’inspection sans trop de problèmes. Son corps avait bien changé, au fil des années, les cicatrices s’étaient accumulés, il avait bien maigri et il avait gagné quelques nouvelles runes en plus, de ces runes là même qui avaient tant énervés leurs bourreaux quelques années avant. Mais il était toujours en vie, étonnamment, il supposait que c’était déjà une victoire en soit, nombreux étaient ceux qui étaient passés à Gracefield et n’avaient pas survécu.

Ils avaient été amenés au manoir, et Simon trouvait un certain confort dans sa robe de chambre soyeuse. Les cadeaux de Zabini étaient souvent empoisonnés, évidemment, mais il avait envie d’en profiter ne serait-ce que quelques minutes, pendant qu’il faisait son discours dans un silence de plomb. Il avait du mal à réaliser, et à comprendre, comment il avait pu être son camarade de classe pendant tant d’années, il aurait pu lui casser la figure à l’époque et peut-être éviter tout cela. Il se demandait ce qui avait pu prendre un tournant si tragique dans la vie de Zabini pour qu’il passe de l’élève un peu hautain qu’il avait connu à quelqu’un de profondément diabolique.

Une fois Blaise parti, le sort se leva et Simon pu presque entendre le soupire de soulagement que tous les prisonniers poussèrent enfin. Certain d’entre eux se mirent en mouvement, alors que Simon se penchait vers Javier à ses côtés. “On commence par quoi ?” il lui demanda simplement, la question pouvant sembler aussi innocente que bien réfléchie.

Spoiler:

Aoife n'a pas trop compris comment elle a fini là, mais elle a suivi le mouvement sans véritablement réfléchir, restant à proximité de Joy et de Riv, frileuse à l'idée d'être laissée en arrière. Après tout, elle a entendu dire que certains prisonniers de Gracefield n'hésiteraient pas à lui sauter dessus en cas de désaccord et elle est bien incapable de se défendre. Déjà que ce n'était pas trop ça avant mais, avec son bras en écharpe qui la tient encore éveillée la nuit pendant des heures, à cause de la douleur qui semble pulser, littéralement, à l'intérieur de son bras. On lui a ri au nez quand elle a demandé où est-ce qu'elle pourrait trouver des médicaments ou des bandages. Un descendant de triton l'a aidée à pallier à la douleur, et au début d'une mauvaise infection, mais elle est bien blême quand elle pénètre dans le manoir, marchant à côté de Rivage. "J'ai pas envie d'être là," geint-elle tristement, plus pour elle-même qu'autre chose. Elle n'a qu'une envie: retourner se coucher dans son lit de fortune, et aller pleurer.

Récemment arrivée, elle n'est pas dans un si mauvais état que les autres mais même elle a hâte de pouvoir se détendre, quelques heures au moins, même si c'est en étant épiée par les fameuses boules cristal de Zabini. Zabini, qu'elle voit pour la première fois, d'ailleurs, et qu'elle trouve tant odieux que ridicule. Elle est certaine que Rivage irait de son petit commentaire, si il le pouvait. Aoife se contente de suivre le maître des lieux des yeux, en se demandant à quoi ressemblerait son beau visage si il était lui aussi marqué d'un triangle comme elle et Riv et certains autres.

"Putain," lâche Joy à côté d'elle une fois qu'ils sont de nouveau seuls, s'attirant un regard outré de la part d'Aoife. "Oh, Joy... - J’aurais pas dit mieux," renchérit Faye, qu'Aoife aime bien malgré ses manières brutasses et vulgaires, et à laquelle elle sourit face à son « ça va bien se passer » qui lui semble un peu insincère.
Déjà le groupe se délite et se sépare pour aller vaquer à leurs occupations annuelles. Aoife entend parler d'un Dr Fish et échange un regard avec Riv. "Non, Riv, je vais pas laisser des poissons me grignoter la corne des pieds. Je crois que c'est du cannibalisme à ce stade..." C'est dit sans joie, pourtant, sans réel enthousiasme non plus. Aoife préférerait encore se baigner dans la mer qui les entoure.

Ils s'apprêtent à explorer le manoir à la recherche de ce qu'ils aimeraient faire, quand Aoife est arrêtée par le regard sombre de quelqu'un qu'elle n'a pas vu depuis des années : Stephen Wen s'avance vers elle et elle cligne des yeux en le voyant s'approcher. "Aoife, ça fait longtemps. - Stephen. Oui, effectivement." Ils ne sont pas vus depuis Wolverhampton, elle pensait qu'il était mort. "J'ai vu ton fils mais j'espérais que tu ne sois pas là, toi aussi." Ils se prennent la main, avec un petit sourire - ils se connaissent bien, Aoife étant timidement venue lui demander de l'aide avec son apprentissage de l'alchimie lorsqu'ils faisaient tous les deux partie de l'Ordre. Alors que Stephen étudie le triangle inversé bleu sur la joue d'Aoife, celle-ci observe une des runes dépassant de la manche de son peignoir en soie.

"Des nouvelles de nos amis?" Elle remonte les yeux vers lui. "Non." Sourire désolé. "C'est que moi et Rivage, euh... c'est un peu compliqué." Pas la peine de lui expliquer Sweet River, la NSFW, le mariage. Stephen, de toutes façons, a la tête de quelqu'un d légèrement distrait qui a autre chose en tête. "Nous aurons le temps d'en parler plus tard," dit-il simplement. "Si tu pratiques encore l'Art, alors j'ai besoin de ton aide." Aoife cligne des yeux, prise de court, en comprenant qu'il parle d'alchimie. "...de mon aide?" balbutie-t-elle sans comprendre. Stephen hoche la tête, et ses yeux balayent la petite assemblée des quelques prisonniers encore présents dans la pièce, occupés à leurs propres discussions. "On dit que le phénix renait toujours de ses cendres. Je pense qu'il est temps de l'y aider et de réchauffer quelques braises," fait-il lentement, avec un petit mouvement de tête en direction d'une cheminée éteinte dans un coin de la pièce.

Pour la première fois depuis son arrivée à Gracefield, Aoife ressent quelque chose qui n'est pas de la douleur ou de la mélancolie, et un mince sourire vient étirer ses lèvres.

Spoiler:

Tous les ans, c'est la même chanson. La première fois, ça lui a fait bizarre, de se retrouver dans ce manoir, avec toutes ces choses à disposition. Maintenant, elle attend avec impatience que la journée des bains arrive. C'est superficiel, mais c'est ce qui se rapproche le plus de ce qu'elle avait avant. La décoration est de mauvais goût, mais elle fait avec. C'est toujours mieux que Gracefield. Moon n'est plus dupe. Avec le temps, elle a appris (durement), que Zabini n'est jamais généreux. Il y a toujours anguille sous roche. Mais souvent, elle s'en fout un peu, et préfère profiter de cette journée qui ne dure pas éternellement. La partie la plus difficile est toujours l'inspection. Moon déteste, qu'on la touche de partout et qu'on la regarde sous toutes ses coutures. Ironique diraient certains, quand on pense comment elle s'exhibait avant. Mais, la née-moldue a toujours été sélective sur celleux, qui peuvent toucher son corps sacré. Anyway. Elle tire la tronche, trépignant littéralement d'impatience. Une fois cette étape passée, elle s'empresse d'enfiler le peignoir magique. Son rêve : pouvoir le ramener avec elle sur l'île. Cinq ans qu'elle essaye. Cinq ans qu'elle échoue. Une fois en tenue, le deuxième pire moment de cette journée : le discours de Blaise Zabini. Moon aimerait bien ne pas avoir à entendre ses paroles mielleuses, auxquelles personnes ici ne croient. L'audace de son discours lui donne toujours envie de l'étrangler sur place, mais il paraît, que ce serait mal vu, c'est ce que lui a dit Faye un jour.
A peine Blaise parti, que Joy jure. Elle a bien raison. Ce type est la pire ordure qui soit. ─ Heureusement que Monseigneur Zabini est si généreux avec nous. Elle roule des yeux, exaspérée par tout ça. Le compteur est lancé. Il est temps d'aller se laver, de manger, de boire, bref de faire tout ce qu'ils ne peuvent pas faire en temps normal. Faye lance le bal, et Moon arque un sourcil, intéressée par la proposition. Ce dont elle a le plus hâte, c'est de faire sa coloration magique annuelle. Il y en a toujours quelques unes, qui trônent dans les salles de bains. Ce qu'elle redoute, en revanche, c'est de voir sa tête dans un miroir. A chaque fois, elle manque de pleurer. Chacun commence à se séparer, et elle voit déjà Herbert se diriger vers les stocks de gels douche et shampoings. Elle étouffe un rire. Avant de manger, elle file vers une salle de bain, la même que celle où vient d'entrer Faye, évidemment. ─ J'espère, que tu ne comptes pas te laver sans moi Moroz ! Avant même de passer la porte (ouverte) de la salle de bain, elle retire son peignoir, s'en foutant bien d'être nue, de toute façon, ils se sont tous déjà (ou presque) vus dans le plus simple appareil. ─ Dit moi, qu'il y a du gel douche pailleté cette année, demande t-elle à Faye.

"Et essayez de sourire, peut-être, à l'avenir.” Ses lèvres se retroussent et seul le sort de silence qui les englobe empêche le grondement qu’il émet de résonner dans la pièce. Il regarde Zabini s’éclipser, incapable de complétement effacer l’envie qui le nargue de découvrir si le jeune homme est bel et bien fait de chair et de sang. “On commence par quoi ?” La question de Simon le ramène sur terre et Javier tourne un regard en direction de son beta. Right. L’invitation de Zabini les a pris par surprise, comme d’habitude. Mais cette année, elle tombe étrangement bien, même si le petit groupe de résistants n’a pas eu le temps de correctement se concerter pour élaborer un véritable plan. Mais à voir l’expression qu’affiche le père de Simon, Javier sait qu’il n’a pas besoin de s’inquiéter ; Stephen a un plan.
“Bon, je vais me laver, si y en a qui veulent mater, paraît que ça devient urgent !” s’exclame Faye avant de se diriger vers une des salles de bain. Javier lève les yeux au ciel, mais un sourire amusé vient tout de même danser sur ses lèvres. L’alpha glisse une main dans la nuque de Simon et se penche vers lui dans un geste réconfortant qu’ils l’auront souvent vu avoir pour les loups de sa meute. Son front va se presser contre la tempe du jeune homme et il en profite pour murmurer : “Repérage.” Du coin de l’oeil, il voit que Stephen s’est approché d’une autre prisonnière pour entamer la conversation à voix basse. Ils sont trop loin pour qu’il puisse les entendre, mais Stephen a cet air qu’il affiche toujours lorsqu’il a quelque chose derrière la tête.

Lorsqu’il le voit adresser un signe de tête en direction de la cheminée, Javier doit se retenir de sourire. Oh, oui, Stephen a un plan.

Jun et Teddy sont suffisamment proches d’eux pour avoir parfaitement entendu ce que Javier vient de dire à Simon grâce à leur ouïe fine. “La cheminée,” il ajoute. Il sait qu’ils comprendront : ils ont besoin d’un accès à la cheminée, et pour cela, de savoir à quel point ils sont surveillés et où sont les angles morts. Javier s’écarte du jeune homme, lui libère la nuque. “Va prendre ta douche, ça fait un an que t’en rêve,” dit-il à voix haute en désignant la salle de bain dans laquelle Faye s’est engouffrée. Sous-entendu : fais passer le message à Faye. Et puis, ils attireraient trop l’attention s’ils ne se jetaient pas tous sur l’occasion d’enfin se laver. Ils ont le temps, le manoir est à eux pour la nuit.

La jeune femme bouge, dévoilant un profil familier et le souffle de Javier se bloque dans sa gorge. Oh. Oh, non. Le loup-garou serre les dents et adresse un regard à Simon et aux autres. “Je vous rejoins dans quelques minutes,” dit-il d’une voix un peu rauque.

Il se dirige vers Stephen et la jeune femme en espérant se tromper, mais non. C’est bien elle. “Aoife,” dit-il doucement pour attirer son attention et lorsqu’elle se retourne pour lui faire face, Javier fronce les sourcils en remarquant son bras en écharpe et son teint blafard. Il ne sait même pas quoi dire, parce qu’il n’y a rien qui puisse exprimer l’angoisse qui lui serre la gorge à la retrouver ici, à Gracefield. “Javier,” commence Stephen avec un hochement de tête, mais d’autres prisonniers qui ne font pas partie de leur groupe passent à côté d’eux et il se ravise aussitôt.
Oui, ce n’est pas l’endroit idéal pour discuter. “Et si on allait voir s’il reste des salles de bain libres?” suggère Javier avec un mince sourire. Ils seront plus tranquilles - et moins surveillés - dans une de ces pièces. Ils ne peuvent pas se lancer là-dedans sans réfléchir à un plan, se précipiter ne leur causera que du tort.

Spoiler:

Autour de Joy, les autres prisonniers commencent doucement à s'activer. Le sortilège de mutisme laisse toujours un arrière goût désagréable dans la bouche et Joy, comme beaucoup d'autres, à besoin d'un petit moment pour s'en remettre et s'éclaircir les idées. Elle regarde autour d'elle, observe certains groupes se former, et essaye de se mettre dans l'ambiance, se rappelant tant bien que mal qu'elle doit profiter de ce genre de cadeaux, même empoisonnés.

A côté d'elle, Faye annonce qu'elle va se laver et incite, à sa façon, les autres à faire de même. Joy sourit et, presque machinalement, la suit, parce que depuis qu'elle est aux Battues, suivre Faye a toujours été son premier réflexe de survie. Ecoute Faye, regarde Faye, fais comme Faye. Un petit groupe se détache donc de la foule et se dirige vers l'une des salle demain, impatient de ressentir la chaleur de l'eau sur leurs peaux à l'agonie après tout ce temps passé sans.

Elles sont presque arrivées quand Joy se retourne pour dire quelque chose à Aoife et se rend compte qu'elle est plus là. Elle essaye de se rassurer mais ce n'est jamais bon de laisser les nouveaux tous seuls, surtout dans un environnement aussi perturbant que le manoir de Gracefield. Ici, personne ne veut vraiment leur bien.

"Je reviens," Joy annonce donc à Faye, qui elle est déjà en train de se déshabiller.

Il lui faut un moment pour retrouver Aoife. Comme tous les autres, elle n'est plus là quand Joy est de retour dans le salon. Joy se lance alors dans la fastidieuse tâche de passer la tête dans toutes les salles de ce spa improvisé. Elles croisent quelques visages familiers - comme Herbert, par exemple, qui semble très fier de lui. Joy n'a aucune envie de savoir pourquoi.

Finalement, c'est dans une des salles de bain que Joy trouve Aoife, en pleine conversation avec Javier, Stephen, et d'autres. "Qu'est ce que vous faites ?" Elle demande, les sourcils froncés, se doutant qu'ils sont pas là pour se gratter le dos.

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