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Aoife n'a pas trop compris comment elle a fini là, mais elle a suivi le mouvement sans véritablement réfléchir, restant à proximité de Joy et de Riv, frileuse à l'idée d'être laissée en arrière. Après tout, elle a entendu dire que certains prisonniers de Gracefield n'hésiteraient pas à lui sauter dessus en cas de désaccord et elle est bien incapable de se défendre. Déjà que ce n'était pas trop ça avant mais, avec son bras en écharpe qui la tient encore éveillée la nuit pendant des heures, à cause de la douleur qui semble pulser, littéralement, à l'intérieur de son bras. On lui a ri au nez quand elle a demandé où est-ce qu'elle pourrait trouver des médicaments ou des bandages. Un descendant de triton l'a aidée à pallier à la douleur, et au début d'une mauvaise infection, mais elle est bien blême quand elle pénètre dans le manoir, marchant à côté de Rivage. "J'ai pas envie d'être là," geint-elle tristement, plus pour elle-même qu'autre chose. Elle n'a qu'une envie: retourner se coucher dans son lit de fortune, et aller pleurer.

Récemment arrivée, elle n'est pas dans un si mauvais état que les autres mais même elle a hâte de pouvoir se détendre, quelques heures au moins, même si c'est en étant épiée par les fameuses boules cristal de Zabini. Zabini, qu'elle voit pour la première fois, d'ailleurs, et qu'elle trouve tant odieux que ridicule. Elle est certaine que Rivage irait de son petit commentaire, si il le pouvait. Aoife se contente de suivre le maître des lieux des yeux, en se demandant à quoi ressemblerait son beau visage si il était lui aussi marqué d'un triangle comme elle et Riv et certains autres.

"Putain," lâche Joy à côté d'elle une fois qu'ils sont de nouveau seuls, s'attirant un regard outré de la part d'Aoife. "Oh, Joy... - J’aurais pas dit mieux," renchérit Faye, qu'Aoife aime bien malgré ses manières brutasses et vulgaires, et à laquelle elle sourit face à son « ça va bien se passer » qui lui semble un peu insincère.
Déjà le groupe se délite et se sépare pour aller vaquer à leurs occupations annuelles. Aoife entend parler d'un Dr Fish et échange un regard avec Riv. "Non, Riv, je vais pas laisser des poissons me grignoter la corne des pieds. Je crois que c'est du cannibalisme à ce stade..." C'est dit sans joie, pourtant, sans réel enthousiasme non plus. Aoife préférerait encore se baigner dans la mer qui les entoure.

Ils s'apprêtent à explorer le manoir à la recherche de ce qu'ils aimeraient faire, quand Aoife est arrêtée par le regard sombre de quelqu'un qu'elle n'a pas vu depuis des années : Stephen Wen s'avance vers elle et elle cligne des yeux en le voyant s'approcher. "Aoife, ça fait longtemps. - Stephen. Oui, effectivement." Ils ne sont pas vus depuis Wolverhampton, elle pensait qu'il était mort. "J'ai vu ton fils mais j'espérais que tu ne sois pas là, toi aussi." Ils se prennent la main, avec un petit sourire - ils se connaissent bien, Aoife étant timidement venue lui demander de l'aide avec son apprentissage de l'alchimie lorsqu'ils faisaient tous les deux partie de l'Ordre. Alors que Stephen étudie le triangle inversé bleu sur la joue d'Aoife, celle-ci observe une des runes dépassant de la manche de son peignoir en soie.

"Des nouvelles de nos amis?" Elle remonte les yeux vers lui. "Non." Sourire désolé. "C'est que moi et Rivage, euh... c'est un peu compliqué." Pas la peine de lui expliquer Sweet River, la NSFW, le mariage. Stephen, de toutes façons, a la tête de quelqu'un d légèrement distrait qui a autre chose en tête. "Nous aurons le temps d'en parler plus tard," dit-il simplement. "Si tu pratiques encore l'Art, alors j'ai besoin de ton aide." Aoife cligne des yeux, prise de court, en comprenant qu'il parle d'alchimie. "...de mon aide?" balbutie-t-elle sans comprendre. Stephen hoche la tête, et ses yeux balayent la petite assemblée des quelques prisonniers encore présents dans la pièce, occupés à leurs propres discussions. "On dit que le phénix renait toujours de ses cendres. Je pense qu'il est temps de l'y aider et de réchauffer quelques braises," fait-il lentement, avec un petit mouvement de tête en direction d'une cheminée éteinte dans un coin de la pièce.

Pour la première fois depuis son arrivée à Gracefield, Aoife ressent quelque chose qui n'est pas de la douleur ou de la mélancolie, et un mince sourire vient étirer ses lèvres.

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