ON THE RUN

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nom prénom(s)  » Tout comme son aîné, il a hérité du nom de famille paternel, Rahal - soit the traveler, comme n'a eu de cesse de lui rappeler son père, argument mince face à sa voix impérieuse, lorsque Sofiane avait l'audace de se plaindre des allers-retours répétés entre l'Egypte et le Royaume-Uni. On ne protestait pas, contre Amar Rahal, au risque d'être confronté à ses immenses pupilles sombres. Et comme pour tout ce qui concernait l'éducation de ses fils, c'est également ce dernier qui a choisi le prénom du cadet - Sofiane.

surnom(s)  » On a cessé de l'appeler Sof dès lors qu'il a achevé sa scolarité à Al Masriya. Au fil des années, dans la bouche des clients du Pegasus, Sofiane a écopé d'un trop grand nombre de surnoms pour qu'il puisse tous se les remémorer. Crié au nez, murmuré à son oreille, offert dans un sourire, il a été tout sauf Sofiane lorsqu'il n'était que le visage de l'autre côté du comptoir, auprès duquel on cherchait la sympathie ou les ennuis, au choix. Mais surtout, Sofiane a été Rabid entre les mains des Warlocks - la bête sanguinaire, qu'on a forcée à sortir, véritable vedette parmi les bêtes de foire du monde underground sorcier. Et entendre ces deux syllabes, quand bien même il n'est plus au coeur de l'arène, l'étouffe toujours autant. Alors, il n'est plus que Sofiane, juste Sofiane.

date de naissance » Né le 29 décembre 1971 au coeur de Bristol, Sofiane a fêté ses 35 ans dans le sous-sol du Dancing Phénix, sous les encouragements des sorciers en mal de violence - et il compte bien célébrer ses 36 ans comme il l'entend désormais.

origines & nationalité  » Les Rahal étaient déjà installés au Royaume-Uni lorsqu'ils accueillirent leur deuxième enfant, aussi Sofiane a obtenu la nationalité Britannique, terre natale de sa mère, où il a passé toute son enfance. Ses origines et son nom Marocains lui ont été transmis par son père ; et quand bien même Sofiane n'y a jamais vécu, Amar a pris soin de lui en enseigner la langue, les coutumes, imprimant avec sévérité son héritage culturel - jusqu'à ce que son fils s'en détourne complètement.

pureté du sang  » Sofiane est né avec le Sang-Mêlé à une époque où le statut de sang n'avait aucune réelle incidence sur l'existence des sorciers, comme lui, issus de deux familles mêlées. Il a cependant fallu qu'il devienne Hybride dans une société où les gens de son espèce sont considérés comme la lie de l'humanité.

métier/études  » Il n'a jamais été question qu'il y mette les pieds, pourtant Sofiane a caressé pendant son enfance le doux rêve de fouler le sol de Hogwarts, d'être réparti aux côtés de ses amis, de porter les couleurs de la maison où il passerait sept merveilleuses années.  C'est pourtant à Al Masriya qu'il fera sa scolarité, comme tous les Rahal, malgré ses protestations contre l'autorité parentale ; une transition qui sera difficile pour le jeune adolescent, peinant à se hisser au niveau de ses camarades dans la pratique, entre autres, de la magie sans baguette. Et s'il a réussi à y trouver une forme d'équilibre, c'est en grande partie grâce au club de musique, qu'il a fréquenté presque autant que les salles de classe.
Une toute autre forme de salle, qu'il s'est retrouvé à fréquenter en devenant Barman au Pegasus à son retour au Royaume-Uni - et une vie qu'il a chéri un temps, à l'opposé de celle que l'on avait tracée pour lui depuis toujours.
De derrière son comptoir et des backrooms tamisées du bar où Sofiane a vécu des années, il est passé à celle des combats d'hybrides, les serres des Warlocks sur sa gorge à défaut de celles du gouvernement. Être une Bête de foire plutôt que le ployer le genou pour rejoindre la VB est un choix qu'il regrettera amèrement, encore marqué à même sa chair.
Aujourd'hui, Sofiane erre entre les tentes de la NSFW, la mâchoire serrée et le regard incertain sur les actions du groupuscule qu'il devrait voir comme son sauveur - qu'il ne voit pourtant que comme un amas de terroristes désorganisés. Dont il fait partie, désormais.

orientation & état civil  » Bercé toute sa jeunesse par les obligations du mariage, Sofiane s'est bien souvent tenu à l'écart de toute relation trop engageante et contraignante une fois libéré de l'étau familial. Il a toutefois tenté, à plusieurs reprises, pour toujours retourner vers son statut de  Célibataire. Il est bien plus aisé pour lui, d'enchaîner les aventures avec des femmes ou des hommes que de dévoiler ce qui pourrait se cacher derrière son visage fermé.

camp  » Pendant des années, Sofiane a gardé un visage Neutre face au système politique en place, observant néanmoins d'un oeil mauvais le mise en place progressive des restrictions et prohibitions. Il a fallu attendre sa morsure, et l'arrivée des lois anti-hybrides pour que sa désapprobation ne devienne une haine silencieuse. Une haine contenue, maîtrisée, qui éclate doucement au contact de la NSFW désormais.

baguette  » En retournant vivre définitivement au Royaume-Uni, Sofiane s'est procuré une baguette de 28.2 centimètres, taillée dans un bouleau plutôt rigide, renfermant en son coeur un crin de licorne. Plus à l'aise pour pratiquer la magie sans l'artefact, il l'a tout de même conservé et utilisé pendant des années. Bridée par le gouvernement, il l'a progressivement délaissée - jusqu'à se retrouver désormais sans baguette, l'objet magique laissé au sous-sol du Dancing Phoenix lorsqu'il a été tiré des griffes des Warlocks par la NSFW.

patronus  » Sofiane n'a jamais eu besoin d'utiliser ce sortilège, aussi il ne s'y est jamais essayé, et n'a aucune idée de la forme qu'il prendrait.

épouvantard  » Il n'y a que peu de choses qui font réellement frissonner Sofiane. Mais parmi ses rares craintes, il y en a une qui le maintient encore éveillé la nuit, les yeux grands ouverts tournés vers le plafond : se trouver à nouveau au coeur de cette une foule sans visage réunie autour de lui, lui hurlant de frapper plus fort, de mettre à terre l'autre monstre jeté dans l'arène avec lui.

particularité(s)  » Les cicatrices argentées sur sa cuisse trahissent la malédiction logée dans sa chair et son être, une bête aux crocs acérés et aux besoins enragés, assouvis pendant des années à vivre sa condition en solitaire. Sofiane pensait savoir ce que signifiait être Lycanthrope, depuis le temps. Force est de constater qu’il est contraint de réapprivoiser la bête en mal d’action, maintenant qu’il ne la libère plus au visage d’autres hybrides - et surtout, il redécouvre d’autres instincts, primaires, enfouis, maintenant qu’il est entouré d’autres loups.
Désarmé et bien décidé à taire sa force, Sofiane a la chance de maîtriser la Magie sans baguette. Peut-être devrait-il remercier son père de l'avoir forcé à étudier à Al Mastriya, après tout, ne serait-ce que pour cette simple raison. Il ne lui reste plus que ce don pour exprimer sa colère.

Deep down » Pour quiconque connaissait un minimum les Rahal, il a toujours été évident que Békir était le portrait craché de son père, et Sofiane celui de sa mère. On reconnaissait au cadet la même soif de liberté, le même enthousiasme pour la musique et sensibilité silencieuse. Une comparaison évidente, pour un jeune enfant, puis adolescent, observateur et cartésien, avare de ses mots. Il a fallu qu’il soit définitivement coupé de sa famille pour que Sofiane réalise à quel point il ressemble à son père. Le sorcier a hérité du même regard assassin qu’Amar, une arme intimidatrice qui lui a servi plus d’une fois, et qui lui sert encore à ce jour. Et tout comme lui, s’il ne fait que rarement usage de sa langue, c’est bien souvent pour exprimer une opinion sèche et succincte.

Ces dernières années, Sofiane a appris à s’exprimer à travers de brefs grognements, ou à se contenter d’un regard pour communiquer ses humeurs. Il est devenu ce qu’il a cru être pendant trop longtemps, une bête solitaire et renfermée, tout juste à bonne à sortir les crocs. Faire confiance aux autres, et se reposer sur ces derniers, est un concept qui lui est parfaitement étranger - aussi Sofiane préfère se tenir à distance de ses nouveaux compagnons de fortune, si ce n’est des rares qui font, à ses yeux, un minimum de sens dans ce chaos désorganisé qu’est la NSFW.

The beast within » La bête grogne à la surface de sa peau, de son être, tournant en rond comme un lion en cage, lui mordant les entrailles pour que Sofiane lui redonne la place qu’il lui a cédée à trop d’occasions. Elle se bat, comme si elle n’avait pas déjà rongé tout ce qu’il a pu être et qu’elle n’était pas déjà l’essence de ce qu’elle l’a amené à devenir. Sofiane l’a trop nourrie, l’a trop gâtée pour survivre, jusqu’à se faire avaler et ne faire qu’un avec elle : un loup. Depuis que son sang a été teinté par la malédiction, le sorcier s’est appliqué à cohabiter avec l’animal cavalant dans ses veines ; il a apprivoisé la force qu’il lui a conférée, ses sens décuplés et ses réactions parfois dictés par une nature primaire et difficilement domptable.

Sofiane a trouvé un équilibre, lorsqu’il a commencé à s’en servir comme un atout considérable pendant les combats d’hybrides. Et la violence à laquelle il a naturellement donné les rennes pendant des années est aujourd’hui arborée avec un profond dégoût. Sofiane refuse tout simplement de se battre, malgré les insistance de cette teigneuse de Savage, qui voit probablement en lui le monstre qui a été tiré de l’arène. Et elle n’est certainement pas la seule à l’encourager - la bête, elle, est parfaitement alignée avec les plans de la leadeuse par défaut de la NSFW. Elle gratte furieusement à la porte pour reprendre une place, et en trouver une parmi les loups qui les entourent désormais.

Unchained » Sofiane est épuisé. Depuis qu’il s’est fait mordre, depuis qu’il s’est retrouvé à se battre au sous-sol du Dancing Phoenix, depuis qu’il fuit les griffes du gouvernement. Et il l’est encore plus depuis qu’il n’est plus au coeur de l’arène et d’une vie rythmée par les relocalisations d’urgence et la lutte incessante pour trouver un toit et se nourrir. Sofiane prend tout juste conscience des blessures anesthésiées par les années à se battre sans réfléchir, à ruminer sa haine pour sa situation et le système en place. Maintenant qu’il n’a plus à courir dans tous les sens, les plaies refroidissent et laissent la douleur se diffuser dans tout son corps ; elles le laissent étourdi et aigri. Elles réveillent en lui une rage endormie, que Sofiane redécouvre et ne sait exploiter. À défaut de savoir vers qui la diriger, il la laisse doucement bouillonner en lui avec la peur de la voir exploser un jour.
En attendant de digérer cette fatigue agitée, il se contente de serrer les dents et de se familiariser avec cette illusion de liberté retrouvée - une liberté qui n’a pas forcément le visage auquel il pouvait s’attendre.

tw:violence

29 Décembre 1971 » (0 AN) Les médicomages avaient beau être absolument positifs en prévoyant une naissance pour janvier 1972, Grace savait que son fils cadet arriverait avant la nouvelle année. Elle n’aurait pu voir plus juste - Sofiane nait à Bristol, trois ans jour pour jour après son frère Békir.

Septembre 1977 » (5 ANS) Sofiane rejoint enfin son frère au groupe d’études tenu par Selma, une amie proche des Rahal qui enseigne aux jeunes sorciers fréquentant la Bristol Jamia Mosque. Grace aurait préféré attendre encore un an avant de lui confier son fils - elle entretient avec le petit garçon un lien unique, fort, et elle insiste auprès de son mari pour qu’il le lui laisse encore une année, juste une année. Amar est pourtant formel : Sofiane est plus qu’en âge de recevoir une éducation. Et comme toujours lorsqu’il s’agit de leurs fils, il obtient le dernier mot.

Septembre 1980 » (8 ANS) Ils ne sont plus que trois autour de la table du dîner ; Békir a fait sa rentrée à Al Masriya au début du mois, et Sofiane réalise pour la première fois ce que cela signifie pour son propre avenir. Il marmonne dans sa barbe que cela lui importe peu de suivre les traces de son frère, et qu’il fera sa scolarité à Hogwarts, comme tous ses cousins britanniques. Lorsque Amar lui répond sèchement que son opinion importe peu dans la balance, Sofiane se tait, les yeux rivés sur son assiette et la mâchoire contractée. Grace non plus ne dit pas un mot.

Décembre 1982 » (10 ANS) La convocation de Sofiane à Hogwarts pour la rentrée 1983 est reçue peu avant ses onze ans. Ce qu’il redoutait silencieusement jusqu’alors se concrétise brusquement : les années ont passé et son père est toujours décidé à l’envoyer à Al Masriya. Le garçon sent sa réalité flancher sous ses pieds ; il entre dans une colère noire, et dans une monumentale et violente confrontation avec Amar, laissant exploser la frustration accumulée depuis toujours avec la rigidité de son père, et la peur de quitter tout ce qu’il a toujours connu. Ce sera l’unique fois que le patriarche lèvera la main sur son fils, une gifle sèche qui résonnera longtemps encore dans le crâne de Sofiane.

Septembre 1983 » (11 ANS) Sofiane ne fait aucun effort pour s’intégrer, et l’inverse est également vrai - ses camarades s’amusent à souligner son accent britannique et ses lacunes en magie, un retard qui ne fait que creuser l’écart avec le reste des jeunes sorciers. Sofiane observe d’un oeil noir Békir passer dans les couloirs d’Al Masriya sans un regard ni une once de compassion pour lui. Leur mère a toujours dit que ce dernier était le digne fils de son père - elle a raison, Sofiane les méprise profondément tous les deux.

1985 » (13 ANS) On encourage Sofiane à s’inscrire dans l’un des nombreux clubs à disposition des élèves d’Al Masriya. Les sourcils froncés face à l’interminable liste, il se laisse convaincre par un de ses cousins de le rejoindre au club de musique. Il y rencontre Emna, Nassim et Yazid, dont il devient inséparable en l’espace de quelques mois - et accessoirement, il y découvre un amour pour la guitare électrique. Les quatre amis forment rapidement un groupe de rock au talent questionnable, mais à la passion indéniable. Dès lors, la scolarité de Sofiane devient soudainement tout à fait supportable ; et pendant les vacances chez ses parents à Bristol, ou dans la famille de son père à Tétouan, il n’a qu’une envie : retourner à Al Masriya pour revoir sa famille d’adoption.

Mars 1988 » (16 ANS) À l’abri des regards, Nassim se penche vers Sofiane pour l’embrasser. Son ami a beau lui dire qu’il n’y a rien de dramatique à cet incident, que deux hommes ont parfaitement le droit d’être ensemble, Sofiane en ressort profondément troublé. Pendant un temps, il reste à l’écart de son groupe d’amis pour gratter sa guitare seul dans son dortoir, rongé par la peur d’être homosexuel, pense-t-il ; jusqu’à réaliser que ce qui l’effraie réellement, est que son père le découvre. Fuck that guy. Sofiane se pointe quelques semaines plus tard à une répétition, guitare à la main, comme si de rien n’était.  

1990 » (18 ANS) Contrairement à Békir, marié, un enfant en route, en plein milieu d’un cursus supérieur pour devenir médicomage, Sofiane revient s’installer un temps chez ses parents, une fois son diplôme en poche. Les prises de tête avec son père se multiplient : impossible pour Amar de tolérer que son fils n’ait aucun plan pour l’avenir. Sofiane entend bien profiter de sa jeunesse comme il le souhaite ; il s’enfuit la plupart du temps pour vivre une vie à l’opposée de celle que ses parents et professeurs ont tenté de lui imposer. Il sort, il boit, il ne prie plus, il multiplie les conquêtes, ne rentre qu’au petit matin pour éviter son père et profite de la conscience de sa mère pour loger sous leurs toits de longs mois.

Février 1991 » (19 ANS) Le ton monte entre Amar et Sofiane. Lorsque le père ose faire un pas dans sa direction, la main levée, le fils lui siffle d’une voix rauque qu’il n’attend que cela, qu’il n’a plus peur, qu’il lui rendra sans hésiter ses coups s’il ose abattre sa paume sur sa joue. Le lendemain, Sofiane fait ses affaires et part pour Londres sous les yeux embués de larmes de Grace.

Fin 1991 » (20 ANS) La guitare de Sofiane prend la poussière, dans le petit appartement qu’il a réussi à se dégotter dans le Londres Moldu. Il enchaîne les petits boulots pour garder la tête hors de l’eau, et se prend à apprécier cette vie solitaire sans contrainte ni jugement. Il laisse les hiboux de son père sans réponse, et fait promettre à sa mère de ne pas lui révéler sa nouvelle adresse quand elle vient lui rendre visite en secret.

1993 » (21 ANS) De fréquentation en fréquentation, Sofiane se fait trimballer au Pegasus, où il finit par retourner régulièrement, attiré par les lumières tamisées, la musique trop forte, les sourires qui lui sont adressés, et la liberté sans artifice qu’offre le club underground. Il en devient presque un habitué, jusqu’à passer derrière le bar lorsque le gérant accepte de le prendre à l’essai ; et au bout de quelques semaines à préparer les cocktails et faire dégager les clients trop insistants par quelques grognements, il est embauché définitivements.

Août 1997 » (25 ANS) Comme tout le Royaume-Uni, Sofiane se réveille avec une affreuse gueule de bois. En lisant les titres des journaux, ce matin-là, la liberté a un goût étrangement amer.

Janvier 2000 » (28 ANS) Sofiane aurait dû se trouver de l’autre côté du comptoir, ce soir où un client un peu trop bruyant et énervé a commencé à agresser un groupe d’habitués du Pegasus. A jouer les employés modèles et rodés aux chercheurs de merde imbibés, il ne peut que constater le client se transformer sous ses yeux impuissants et laisser l’empreinte argentée de ses dents dans sa cuisse. Sofiane fait l’erreur d’accepter qu’on le dépose d’urgence à Sainte-Mangouste ; sans qu’il le sache, on note lycanthrope dans un coin de son dossier médical.

Janvier-Juillet 2000 » (28 ANS) Tout s’enchaîne un peu trop rapidement pour que Sofiane prenne conscience à la fois du temps qui passe, à la fois de ce qui lui tombe petit à petit dessus. Après sept ans de bons et loyaux services, le gérant du Pegasus lui fait comprendre qu’il n’est plus le bienvenu au travail ; et Sofiane, qui aurait en temps normal été secoué par la perte de son unique repère, n’en a que faire. Il est trop occupé à jongler entre le rejet de Grace, qui ne trouve plus de bonnes raisons pour le soutenir, et les insupportables changements par lesquels son corps et son mental passent - puis son moral. La seule solution qu’il trouve pour ne pas sombrer dans une folie certaine, pour ne pas se laisser submerger par la fatigue constante sur ses épaules, est le jeu. Sofiane a toujours apprécié les sorties au casino - il en a désormais besoin. Peu importe le solde de son compte en négatif, il emprunte à tour de bras des sommes mirobolantes à un gang local pour survivre, pour jouer. Il se débarrasse de ses meubles, de sa guitare, de tout ce dont il n’a plus besoin. Comme depuis toujours, Sofiane n’a aucune idée de où il va ; il s’y dirige simplement avec vigueur, ne prêtant que peu d’attention aux risques qu’il prend, à la pression que commencent à lui mettre les Warlocks pour l’argent qu’il leur doit, à l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Août 2000 » (28 ANS) Il semblerait que le gouvernement a fini par éplucher les registres de Sainte-Mangouste. Sofiane est traîné depuis chez lui jusqu’au gouvernement. Il passe deux semaines aux côtés d’autres loups-garous, auxquels des représentants de la nouvelle bonne idée du Ministère - la Wizard Defense Values Brigade - apprennent à “maîtriser leur Bête Intérieure”. La baguette qu’il s’est procuré il y a dix ans en revenant vivre chez ses parents ne lui est rendue qu’au terme de ce stage imposé, bridée, capricieuse, inutile. Sofiane redescend brusquement sur Terre, une claque qui le ramène à la réalité lorsqu’on lui demande de se recenser mensuellement, en tant qu’hybride, et de venir agrandir les rangs du gouvernement, pour mettre les capacités de sa Bête au profit du bien. Sofiane ne prévient personne, lorsqu’il balance ses affaires dans un sac à dos et disparaît des radars. Il n’a, à vrai dire, pas grand monde à prévenir.

Fin 2000 » (28-29 ANS) S’engager auprès des Warlocks pour éponger ses dettes est la meilleure solution qui s’offrait à lui, aussi Sofiane s’y engage sans un regard en arrière. Il pensait connaître la fatigue liée aux récents changements dans son organisme, à la vie de loup solitaire - il découvre celle liée à l’arène dans laquelle il est jeté pour se battre contre d’autres monstres comme lui. Il en ressort, la première fois, la bile au bord des lèvres et le corps en miettes. Pour panser ses plaies, Sofiane se répète qu’il n’a pas le choix. Alors, il se relève toujours.

2001-2007 » (29-35 ANS) Sofiane ne sait plus trop quand il a débuté cette vie, ni s’il avait prévu en s’y engageant d’en sortir un jour. Le Sofiane du Pegasus lui parait loin ; celui de Al Masriya, plus qu’un rêve vaseux et incertain. Il ne cherche plus le bout du tunnel, trop ancré à cette existence, la rage au ventre qu’il laisse exploser dans l’arène, avec suffisamment de force pour devenir l’un des petits favoris des Warlocks. Et quand il ne met pas la bête au service de la violence, Sofiane enchaîne les travaux douteux, illégaux, auprès de qui voudra bien de ses services, et d’assez enfoncé dans l’illégalité pour ne pas le vendre au gouvernement. Sofiane a soif de liberté, mais il en a oublié le goût - il a oublié qu’il avait soif.

Mars 2007 » (35 ANS) Il est devenu rare pour Sofiane de tomber sur plus fort que lui. Il a beau se débattre comme un diable, il finit à terre, la vision troublée par le sang qui coule de son arcade sourcilière, un regard noir pour le referee avant qu’une détonation violence ne lui fasse perdre connaissance pour de bon. Sofiane se réveille dans une tente en Irlande du Nord.

Mars-Mai 2007 » (35 ANS) Aucune prise pour s'agripper à sa nouvelle existence, Sofiane observe en silence ce qui se déroule sous ses yeux. Il ne dit rien, mais se laisse petit à petit gagner par la colère qui émane de chaque résistant de la NSFW ; il la sent couler dans ses veines, trouver un écho dans ses entrailles et exploser dans sa chair - mais plus jamais, Sofiane ne veut exploser.