De petits groupes s'étaient formés, une fois la réunion terminée ; après les événements de la dernière entrevue générale, au Diogenes Club, les discussions s'enroulaient autour de questions de politique dont Feodora n'avait cure – elle s'était contentée de remarquer que l'on parlait plus librement maintenant que l'absence du Lord s'étirait, de longues semaines succédant à un premier choc initial qui avait laissé l'entourage Mangemort coi et perplexe. Feodora faisait partie de ceux qui savaient, ou avaient choisi de savoir, que le Lord s'était retiré pour poursuivre ses affaires, et gardait, vraisemblablement, un œil sur les quelques souris qui s'étaient mises à danser, côté élite ; la missive qu'ils avaient reçu, Antonin et elle, pour ramener l'oeuf de Kori, était preuve suffisante de la présence certaine du Lord sur le territoire. On ne donnait pas des missions à deux de ses fidèles soldats pour mieux disparaître sans prévenir ensuite.

Bien vite, Feodora avait quitté la compagnie d'Antonin, qui avait engagé la conversation avec son entrain habituel avec un Travers – ou un Prewett, Feodora ne faisait pas réellement la différence entre tous ces Sangs-Purs qui se ressemblaient. On parlait d'aller au Diogenes Club, un salon qui ne lui évoquait que d'innombrables discussions politiques (encore), un nuage de fumée magique, l'insistance des regards, des excès que Feodora ne pouvait se permettre – si Feodora ne ressentait que rarement l'inconfort, elle ne trouvait pas d'intérêt à se trouver parmi les rangs de Mangemorts enfumés et ivres de leurs propres mondanités, quand elle aurait pu retourner s'entraîner.

Ou, mieux, se dit-elle lorsque ses yeux accrochèrent la chevelure rousse de Neith Burke. Feodora esquissa un sourire, passa le bout de ses doigts à l'orée de ses cheveux blonds, comme pour les ordonner (une tâche impossible au vu de l'ordre impeccable qui y régnait déjà), et s'approcha de la sorcière, avec qui elle avait, brièvement au cours de ces derniers mois, eu l'occasion d'échanger quelques fois. "Hello Neith." Ses yeux iceberg vinrent accrocher les pupilles sombres de la Mangemort, s'imposant dans son regard sans s'embarrasser de politesse ; la voix de Feodora, calme et tranquille, adoucissait l'intrusion tacite, un accessoire dont elle ne s'encombrait que lorsqu'elle était en chasse. "How are you doing?" Elle inclina légèrement la tête, donnant l'impression d'être prête à recueillir sa réponse – une politesse incongrue dans la bouche de la Russe, roulant sous son accent notable, un autre outil dans son approche douce des sorcières telles que Neith. "I was wondering, would you like to get some tea? I am not really fond of cigars and liquor." Et son sourire s'agrandit légèrement, englobant du regard le visage élégant, les pommettes saillantes et les lèvres rouges de Neith, tandis qu'elle ajoutait : "And we have some wonderful Russian tea, at home."

Neith porte fièrement la marque sur son avant-bras. Elle a toujours voulu l'avoir, et surtout avant Dante. Son vœu s'est exaucé, il y a déjà plusieurs années. Malheureusement, cette marque lui a aussi apporté un fiancé insupportable. Elle le voit, la regarder du coin de l’œil à l'autre bout de la pièce. Elle ne peut s'empêcher de lui adresser un sourire, avant de se concentrer de nouveau sur le sang-pur, avec lequel elle discutait jusque là. Les événements rassemblant l'élite sont toujours ses préférés, même s'il n'y a pas toujours autant d'animation, que lors des visionnages des Battues. Elle s'en contentera pour aujourd'hui. Après tout, il ne faut pas abuser des bonnes choses, paraît-il. Neith ne voit pas vraiment en quoi, cela peut être un problème, mais soit. Elle se contente de la Battue mensuelle. Son interlocuteur avait l'air obnubilé par l'absence remarquée du Lord.La dernière réunion entre mangemorts n'avait pas été un franc succès. Neith s'était contentée d'y aller pour écouter et observer. Elle n'avait pas vraiment souhaité prendre parti. Les hommes étaient déjà bien trop occupés à comparer la taille de leur pénis, en criant le plus fort possible. Elle n'avait eu guère envie, de se mêler de ces combats de coqs, qui, au final, n'avait pas réellement fait avancer la question du Lord. A dire vrai, Neith rigolait d'avance, en imaginant la punition à venir, pour ceux ayant osé s'imaginer prendre la place de leur Seigneur. Il n'a pas besoin de se montrer, pour être présent dans tous les esprits. ─ I am sure we will hear from him very soon. Le sorcier, face à elle, ne semble pas très convaincue par cela, mais elle s'en moque bien. Neith se contente de lever ses yeux au ciel. Ce dernier l'invite à venir au Diogenes Club, mais elle a mieux à faire, que d'être spectatrice de ces hommes se pensant rois du monde, alors qu'ils ne sont que poussière. ─ I'm sorry, but I have to go. Un sourire hypocrite, et toujours le regard de son fiancé posé sur elle. Neith sait, qu'il va se rendre au club, grand bien lui fasse. Il n'a qu'à se lier à son frère, tant qu'il y est. Elle n'a d'ailleurs pas mis sa bague aujourd'hui, comme souvent.

Sur le point de partir, elle se fit accostée par une bien douce créature, Feodora. ─ Hello Mrs. Dolohova. Elle lui adresse un sourire poli. Les femmes dans les rangs du Lord ne sont pas rare, mais elles sont bien moins nombreuses que les hommes. Sadly. Neith a évidemment déjà remarqué la présence de la blonde. Elles ont même pu discuter à plusieurs reprises, jamais rien de très profond ceci étant. ─ I am doing well. How about you? You look great. Neith met une de ses boucles rousses derrière son oreille, avide de savoir ce que la russe souhaitait. Elle ne met pas longtemps à lui faire une proposition fort intéressante. Ce thé a l'air bien plus intéressant, que tous ceux auxquels elle a pu assister auparavant. ─ Well, I wasn't planning on staying here anyway. So, having tea with you will be my pleasure. Le charme de Feodora fonctionne à merveille sur elle. Neith n'est pas du tout attirée par les femmes, mais il y a des exceptions, pour ses missions d'espionnage pour le Lord. Le reste du temps, elle se limite aux hommes, parce que c'est la bonne conduite à avoir. Mais, après tout, avoir une relation avec une femme, sans aucun sentiment, ce n'est pas vraiment pêché. Et puis, elle doit bien avouer, que la russe est particulièrement à son goût, surtout aujourd'hui. ─ I am sure, that Russian tea is particularly good, probably better than the others. Elle arque un sourcil. ─ Shall we?

Il y avait une politesse travaillée, chez Neith, dénotant de sa bonne éducation de Sang-Pure britannique – le nom des Burke n'était pas inconnu de Feodora, qui avait, bien entendu, visité la boutique principale de la famille, une antre au trésor recelant des artefacts puissants, antiques (et quelques attrape-touristes de rigueur). La duelliste ne put que noter la droiture de sa posture, et la prestance maîtrisée avec laquelle Neith, de quelques années sa cadette lui semblait-il, s'exprimait ; il suffisait de quelques mots, d'un bonjour et des politesses d'usage pour retracer aisément cet élégant tableau qui saisissait Feodora dès lors qu'elle y posait ses yeux avertis. "I am fine, thank you", avait-elle répondu de son épais accent, avant de l'inviter, sans ambages, à prendre le thé en sa compagnie. "Well, I wasn't planning on staying here anyway. So, having tea with you will be my pleasure." "Splendid", commenta modestement Feodora tandis que ses yeux se plissaient en deux demi-lunes attentives, presque rieuses, ravies que Neith se joigne à elle loin du boys club mangemort qui lui importait en cet instant bien peu. "I am sure, that Russian tea is particularly good, probably better than the others." De la qualité supérieure de son thé, Feodora était persuadée ; que Neith le fasse remarquer dénotait d'un tout autre genre de compliment, et un bref instant la Russe détailla le visage rond de la sorcière, encadré de mèches rousses, lisses, maîtrisées. "Shall we?" "Let's." Et avec un sourire, Feodora lui présenta son bras, un geste sans ambiguïté l'invitant à transplaner avec elle.

Elles reparurent devant l'hôtel particulier des Dolohov, en apparence une maison étroite, sur plusieurs étages, s'élevant haut entre deux autres bâtisses londoniennes. Feodora invita Neith à entrer dans le vestibule, et referma la porte derrière elle. "Is that you, Drushka?" La voix de son oncle résonna à même le hall, son russe inquisiteur suintant des murs. "It is, I've brought a friend." Les murs vibrèrent légèrement, une marque d'assentiment éloquente, et Feodora reporta son attention sur Neith. "My uncle is working upstairs", expliqua-t-elle tandis que le porte-manteaux venait prendre leurs vestes de lui-même, "please, follow me."

Elle la mena jusqu'au petit salon, une pièce cossue aux meubles chamarrés et aux dorures lourdes, dans le style russe (de mauvais goût, il fallait le dire) ; elle lui désigna l'une des banquettes, et s'attarda un instant à la porte pour demander à ce qu'on leur apporte le thé. "I apologise for the sudden invite," reprit-elle en s'asseyant sur l'un des fauteuils au moelleux outrageusement trompeur (le mobilier avait tendance à se montrer glouton, si on s'y enfonçait trop loin ; Dominika avait failli se faire avaler le mois dernier encore), "but those stern wizards sure don't deserve our company." Et un sourire fleurit sur ses lèvres, un appât de plus tandis qu'elle décortiquait les yeux clairs de la sorcière. "How's business going?"

Neith n'a pas particulièrement passé une bonne journée, jusque là. Elle n'aurait jamais pensé, la continuer de cette façon. Elle n'est pas déçue, loin de là. Prendre un thé avec Feodora, loin du comportement hostile des hommes au Diogenes club, la ravit. Elle ne connaît pas vraiment la blonde. A dire vrai, celle-ci est une mangemorte plutôt récente si l'on peut dire, en comparaison avec la rousse en tout cas. Il y a peu de femmes, qui portent la marque. Neith a toujours pensé, que le sexisme y est pour quelque chose. Le Lord ne l'est certainement pas, mais peu de sorcières pures (ou mêlées ew) s'autorisent à sauter le pas. Seulement, la Burke a toujours pensé, que la place des femmes n'étaient pas auprès de leurs maris, à élever des enfants et faire la cuisine, loin de là. C'est ce qui l'a poussé à prendre la marque avant son frère et à s'investir autant dans le business familial, jusqu'à avoir sa propre boutique. C'est aussi, ce qui lui donne envie de s'en aller en compagnie de la russe. Converser avec une femme, est toujours bien plus intéressant que le reste.
Sans se faire prier, elle attrape son bras, et elles transplanent en direction du fief de Feodora Dolohova. La façade n'est pas désagréable. Elle ne s'attendait pas à ça. C'est différent de l'architecture du manoir Burke, mais pas déplaisant. Neith presse le pas en direction de la porte d'entrée, et foule la première le hall. Rapidement, une voix se fait entendre. Du russe. Feodora lui répond aussitôt, dans la même langue. A cet instant, Neith est bien déçue de ne pas pouvoir comprendre et parler cette langue. Elles ne s'attardent pas dans l'entrée, et vont rapidement en direction d'un petit salon un peu plus loin. Neith arque un sourcil, quand elle découvre la pièce. Le hall était déjà disons particulier, mais cette pièce est définitivement plus osée. La décoration n'est pas vraiment à son goût, mais elle ne peut pas leur enlever le sens de la richesse. On comprend rapidement que cette famille a un certain patrimoine, pas qu'elle en doutait. Néanmoins, elle aurait quelques conseils à leur donner, en matière de décoration d'intérieure. Sans se faire prier, Neith trouve place sur une banquette. ─ No worries, I hadn't planned anything today. I agree with you. I find this tea more exciting than the conversations at the Diogenes club. Plutôt mourir, que de rester une minute de plus avec eux. Apprendre à connaître Feodora est un plan bien plus agréable. Neith croise ses jambes, et pose ses mains sur ses genoux, droite comme un i. ─ Pretty good. Business has never been better actually. It seems that people have a sudden craving for black magic. It's fascinating. Elle étire ses lèvres en un sourire parfait. Comme souvent, elle porte une jupe courte et un chemisier. Elle ne regrette pas son choix aujourd'hui. ─ It would be nice to see you at the store when you have time, of course.

"No worries, I hadn't planned anything today. I agree with you. I find this tea more exciting than the conversations at the Diogenes club." Le sourire de Feodora persista sur ses lèvres, peinant à s'accrocher au bleu glacial de ses yeux. Elle était ravie, pourtant, d'avoir Neith chez eux – elle recevait peu d'invités, et encore moins de ce standing, dans le décor étranger, rappelant vaguement les arrangements de leur demeure familiale, de leur salon. Ravie à sa manière ; Feodora ignorait la chaleur des sentiments, le torse gelé par une force supérieure, inconnue, qu'on avait toujours mis sans s'en cacher sur le compte de sa mère. "Good." Ses yeux se plissèrent légèrement, tandis qu'elle sortait souplement sa baguette luxueuse, gravée et polie avec soin, pour envoyer le service à thé docilement se faire remplir à la cuisine : les tasses disparurent à la suite de la théière en une ligne qui n'était pas sans rappeler une suite de canetons dans les airs, et Feodora appuya ses mains liées, l'une sur l'autre, celle qui tenait encore la baguette d'une façon qui semblait distraite, mais qui n'en était rien, contre sa jambe, attentive à la réponse de son invitée du jour. "Pretty good. Business has never been better actually. It seems that people have a sudden craving for black magic. It's fascinating." "It seems to have become of fashion lately, here in England," here in the United Kingdom, la corrigeait régulièrement Polina qui insistait sur l'exactitude de cette union britannique envers laquelle le Lord travaillait avec assiduité. Il n'y aurait bientôt plus d'Angleterre, d'Écosse ou d'Irlande du Nord, d'après elle ; à ces considérations, Feodora opposait un désintérêt sincère, concentrée sur un détail minime de sa tenue, ou sur son prochain combat à venir. "It would be nice to see you at the store when you have time, of course."

Feodora marqua une pause légère, où son regard coula sur les traits délicats de Neith ; une brève caresse, pour emporter avec elle la douceur de cette invitation discrète, dénuée d'arrières-pensées – comme c'était toujours le cas, bien entendu, dans le cercle restreint de leur élite. "I could always come by, I have actually been willing to see the wonders your shop beholds," répondit-elle avec l'honnêteté qui lui était propre, et un semblant de chaleur qui ne trompait pas quant à ses intentions : Feodora ne faisait dans les emphases et les compliments, tout aussi sincères pouvaient-ils être, que lorsqu'elle partait en chasse. La boutique de Neith ne possédait peut-être rien qu'elle n'ait déjà vu, ou senti, dans le cabinet privé de son grand-père, recelant d'objets magiques aussi précieux que dangereux – il était néanmoins toujours agréable de se baigner dans ces atmosphères lourdes de magie noire et ancienne, lui rappelant la maison et la présence oppressante d'Aliocha. "Now that I think of it, I have a few things that might interest you upstairs. I could show you if you wish, after tea." Et elle conclut avec ce même sourire, qui n'était ni forcé, ni naturel, un simple symptôme de cet attrait sensible dans les traits réguliers et le vert inédit des yeux de Burke, autrement plus saisissants que ceux des habitués du Diogenes Club réunit.

tw: langage cru
Toujours correctement assise, droite comme on lui a appris, Neith ne baisse jamais son regard, bien trop subjuguée par le bleu des yeux de Feodora. Il est plutôt rare de voir des femmes dans les rangs des Mangemorts. Elle a plusieurs théories à ce sujet, mais ce n'est ni le moment ni l'endroit pour les évoquer. Elle est, en tout cas, ravie qu'une femme telle que Feodora porte aussi la marque. Rien ne vaut la présence d'une sorcière raffinée et élégante. Parfois, les Mangemorts manquent de classe. Ce n'est pas le cas de tous, mais elle se demande bien pourquoi certains portent la marque. Le Diogenes Club en est bien la preuve. Elle n'a aucun intérêt à côtoyer ce soit-disant club privé et réservé à l'élite. Ils peuvent bien tous se sucer entre eux, grand bien leur fasse. Neith n'a pas besoin de tout ça, pour connaître sa valeur. Et il semble, que la russe soit de la même trempe qu'elle. Feodora a une autre corde à son arc, elle aime la magie noire. Cela n'a pas manqué de piquer sa curiosité, ayant hâte de pouvoir en discuter avec elle. C'est avec plaisir, qu'elle l'invite donc à venir à sa boutique, où elle trouvera certainement son bonheur. Avec le temps, le magasin de son père a perdu en clientèle, au profit du sien. Elle mentirait, si elle disait que cela ne lui flatte pas son ego. Elle a toujours su, qu'elle en était capable et elle le démontre chaque jour. ─ It would be my pleasure. I am sure you will find something there. I could even show you my personal collection in the back room. Elle n'emmène jamais personne dans l'arrière-boutique, si ce n'est son père quand il lui fait l'honneur de venir. Feodora est une femme de goût, nul doute qu'elle saura apprécier ce privilège.
Visiblement, elle aussi a des choses à lui montrer. Son regard s'illumine tout de suite, pétillant d'une curiosité sans limite. Elle a envie de rapidement passer le thé, pour se rendre à l'étage. Quelque chose lui dit, qu'elle y trouvera son bonheur. ─ I would be delighted to do so. Elle accompagne sa réponse d'un sourire parfait. A ce moment-là, le thé revient dans le salon, et une tasse se pose devant chacune d'elle. ─ I must say that you really are more interesting than most Death Eaters. Elle arque un sourcil, et attrape élégamment sa tasse. ─ Thank you for the tea. Elle en boit une grande gorgée, après l'avoir senti deux secondes. Le goût n'est pas désagréable. Il n'est pas aussi bon que le thé anglais, ceci dit. ─ I had no idea that Russian tea could be so delicious. Well, Russia hides many treasures apparently. Et elle en avait la preuve sous ses yeux. Neith croit en la supériorité du Royaume-Uni, mais ne manque pas de reconnaître quand un autre pays prouve sa valeur. Il faut reconnaître, que la Russie a quelques bons éléments.

”I would be delighted to do so.” Le sourire de Feodora persista sur ses lèvres, un masque figé en voyant le visage de Neith, lui autrement plus expressif, pétiller de curiosité face à cette invitation intéressée. La Britannique compensait de par ses expressions et son timbre de voix chaleureux la froideur raide de Feodora ; une complémentarité qui faisait luire dans ses yeux glacés une étincelle commune à ces entretiens privés en bonne compagnie et aux parties de chasse au licheur, à l'ours, ou au prisonnier de Gracefield. Neith représentait tout ce qu'elle n'était pas, opposée à elle jusque dans son physique que Feodora avait discrètement détaillé d'un regard – elle avait senti un coup d'oeil jumeau au sien, plus tard, ce qui avait naturellement conduit à cette dégustation de thé russe.
”I must say that you really are more interesting than most Death Eaters.” ”Am I?” interrogea Feodora  avec une légère seconde de latence, enroulant ses doigts autour de l'anse de sa tasse sans quitter Neith des yeux, son sourire dévoilant l'éclat blanc de son émail, persuadée de la véracité de ces propos qu'elle ne pouvait que partager.

Les fiers Mangemorts du Lord se trouvaient être dans les faits, à de rares exceptions près, une brochette de sorciers suffisants, un autre pan de l'élite britannique, recroisant pour la plupart celui des Sangs-Purs du Royaume-Uni. Feodora ne doutait une seconde qu'elle tranchait, sur de nombreux plans, avec ses collègues. ”Thank you for the tea.” ”My pleasure”, fit Feodora avant de porter sa propre tasse à ses lèvres, sentant tout juste la brûlure du thé russe sur sa langue, son esprit déconnecté de son propre corps lorsque celui-ci n'était pas au cœur de l'action – pendant un duel, durant une étreinte, lors d'une chasse. ”I had no idea that Russian tea could be so delicious. Well, Russia hides many treasures apparently.” Feodora reporta son regard clair sur la sorcière, rencontrant ses yeux verts issus d'un autre monde : elle ne répondit pas, un sourire aux lèvres, comme savourant ce silence suivant ces trésors où il semblait dérisoire de penser que seul y figurait le thé de Moscou.

”Isn't your husband-to-be one of them?” reprit-elle sans prendre la peine de faire le lien avec ce sujet de conversation dépassé, les trésors écartés pour mieux les enfermer contre son cœur froid ; ce genre de manquements à l'étiquette lui valait les roulements d'yeux de l'élite, dont sa propre tante. Feodora, immunisée par son manteau froid et son statut de star du duel, pensait bien qu'on lui passerait (au moins jusqu'à sa retraite) ce genre de creux dans les conversations mondaines. ”No one could blame you for not being interested in your own fiancé,” et elle eut un de ces légers rires silencieux, comme réagissant à une plaisanterie connue d'elle seule, connaissant tout de ce désintérêt par le lien qui l'enchaînait à Piotr depuis des années désormais.