chaos ⊹ that look inside my eyes means always.

bao wang

Key lime, there's so many flavors, many designs, Popped into my sight, you were so fly, Purple and viola shades pass by, And now you're looking in my eyes, In my margarita you're the spice, Tiny pink umbrella on the side, ride.

Quand Rulan revient de sa course matinale, Carrie est assise au comptoir de la cuisine en train de regarder ses emails sur un téléphone faisant deux fois la taille de sa main. Elle lui adresse un regard agacé - il a ouvert la porte un peu trop fort - mais l'ignore proprement alors qu'il s'engage dans la cuisine en suant à grosses gouttes. "Can I have some of that smoothie of yours?" Carrie lui jette un regard noir. "Why do you think I made extra?" Son regard s'assombrit quand Rulan lui adresse un sourire radieux, et elle continue de l'ignorer lorsqu'il s'assoit en face d'elle.
Dire que leur colocation est parfois un peu difficile est un euphémisme. Mais Rulan est du genre persévérant (au grand regret de Carrie qui aurait bien aimé le voir lâcher le morceau, plaquer Jin et déménager au bout de deux semaines) et a très vite appris à gérer les caprices et remarques acerbes de la sœur de son mec. Pas le choix, de toutes façons: pour l'instant, il semble impensable de laisser ou de revendre le vaste appartement de Londres où ils habitent. Et même Rulan ne peut pas résister au luxe d'une piscine chauffée toute l'année au cœur de la City.

"Wait, are you leaving today or tomorrow?" Les yeux de Carrie prennent un temps interminable à se poser sur lui. "Today. I'm picking up Bao at nine." Rulan jette un regard en direction de l'horloge au mur. Il est à peine six heures. "You're up early." Ce n'est pas une question alors Carrie ne répond pas, retournant à son téléphone en amenant son verre de smoothie à ses lèvres. "Are you really going to take three days to get there?" Les yeux de Carrie se relèvent. Aussi impossible que cela puisse paraître, ils semblent devenir de plus en plus noirs. "We're making a pit stop in Paris so, obviously, I'm going shopping. - Does Bao know that?" Comme d'habitude, Carrie prend son temps pour répondre: "If Bao doesn't know that, then she doesn't know me at all." Au pire elle portera les sacs. Rulan se met à sourire, ce qui agace fortement Carrie qui a remarqué qu'il avait tendance à le faire à chaque fois que Bao est mentionnée, et elle lui adresse un froncement de sourcils avant de revenir à son email. "I didn't realise you guys were such good friends. - Bao is not my friend." Cette réponse-là, en revanche, vient instantanément. Le sourire de Rulan s'approfondit, le froncement de sourcils de Carrie aussi. "Bao is..." Elle a envie de se pencher et de lui exploser la tête sur le comptoir quand elle le voit sourire d'autant plus. "...Bao."

Le fait que Rulan ose s'esclaffer en apportant son verre à ses lèvres l'énerve encore plus, et elle n'arrive plus à lire le moindre mot de l'email pourtant très, très important sous ses yeux (un avis de ventes privées dans un magasin qu'elle aime bien à Paris). Elle le déteste, il l'énerve, il sourit trop, il parle trop, il se lève trop tôt et ses oreilles lui donnent un air stupide. Elle ne comprend vraiment pas les goûts de Jin. "You know what, I get it." Rulan se relève en emportant son verre pour aller se coucher. "It's always hard to figure it out." Carrie se mord la langue, mais ne peut pas s'empêcher de demander: "what the fuck are you talking about?" Elle voit immédiatement la réponse sur le visage ouvert de Rulan qui sourit d'un air goguenard. "You know..." Il semble néanmoins se raviser, troquant sa réponse dramatique - love! - en se disant que même si jusque là Carrie est parvenue à résister à l'envie de lui sauter dessus pour le faire taire, mieux vaut ne pas tenter sa chance plus que ça. "...boundaries. - Here's a fucking boundary for you, Rulan: stay the fuck out of my fucking business."

Quand Zhang était venu lui demander, plutôt poliment d'ailleurs, si Carrie serait encline à lui permettre, à lui et à Kamala, à l'occasion de leur mariage, de leur prêter sa voiture, Carrie avait voulu dire non. Malheureusement, le regard pesant de Jin posé sur elle - pas fous, les deux fiancés ayant préféré lui demander en public - lui avait un peu forcée à la main, et elle avait accepté, à condition que Zhang signe un chèque d'un million de livres comme garantie que rien n'arriverait à sa bagnole. De quoi l'y faire réfléchir à deux fois ou carrément le dissuader d'insister.
Elle avait reçu le chèque le lendemain, courrier recommandé. Enfoiré.
Quand on avait commencé à lui parler de chauffeur, de camions et de compagnie de livraison, Carrie avait failli revenir sur sa promesse et seul le regard de Jin, encore une fois, l'avait forcée à s'y tenir. Que Zhang et Kamala décident de ruiner leurs vies en se mariant, pourquoi pas, ils se méritaient l'un l'autre. Qu'ils veuillent célébrer leurs noces dans le sud de la France au soleil, d'accord. Que sa voiture soit sur quelques photos pour les cartes de famille des cinq années à venir, ok, à condition qu'elle ne soit pas endommagée. Mais qu'on ose lui dire que quelqu'un d'autre allait toucher à sa voiture? Non. Définitivement non. La voiture de Carrie était la prunelle de ses yeux et figurait à la tête de son top trois de ses choses préférées sur Terre.

La deuxième chose sur la liste était Bao, à qui elle avait gentiment "proposé" de l'accompagner - elle voulait bien faire seize heures de route, mais autant ne pas s'ennuyer en chemin. Bao et la voiture étaient généralement au coude-à-coude pour la première place du top trois. Ca dépendait des jours, du cycle lunaire, et de l'humeur de Carrie. Parfois, ça ne dépendait que de Bao et de sa facilité à sourire. Inutile de le lui dire néanmoins: sa mine satisfaite l'aurait fait dégringoler dans le classement et derrière sa collection de vinyles vintage.

Conduire avait toujours été une des activités préférées de Carrie, quoique ce soit plus qu'angoissant en ville quand le moindre péquenaud pouvait effleurer la carrosserie rouge criard de sa cabriolet rarissime. La voiture était tellement rare que pour la faire réparer ou juste inspecter, Carrie était obligée de faire venir un spécialiste américain (qui ne voyageait qu'en première classe, en plus de descendre au Ritz pendant au moins trois jours) aux honoraires mirobolants. Autant dire que Zhang n'avait pas intérêt à sabrer le champagne en direction de la voiture, ou Carrie allait simplement le trucider, million de livres ou pas.
Elle aurait tout fait pour une cigarette, mais hors de question de risquer que la moindre cendre effleure le cuir ou le bois de l'intérieur de la décapotable. Elle aurait le temps de fumer en attendant Bao, qui avait la manie d'être en retard.

Elle est donc un peu décontenancée d'apercevoir sa silhouette au pied de l'immeuble où habitent les Wang, mais ravale toute expression de surprise en ralentissant face à elle sur le bord de la route. "Are you okay?" Sa voix est emprunte d'inquiétude, semble-t-il, alors qu'elle ouvre la porte côté passager pour la laisser entrer, jetant un regard irrité aux chaussures de Bao qui menacent déjà de salir sa précieuse possession. Elle baisse un peu ses lunettes de soleil pour mieux la voir, arquant un sourcil dans sa direction. "You're on time. Surely you must be sick. If you are and you throw up in my damn car, I will murder you." Elle remonte ses lunettes de soleil, réprimant le sourire satisfait qui la démange. Passer trois jours sur la route avec Bao, fière numéro deux (en train de monter) de sa petite liste, est tout de même quelque chose qu'elle attend depuis deux semaines. La concernée n'a évidemment aucune bonne raison de le savoir. "I got you a vanilla milkshake. If you spill it, I will murder you again," la prévient-elle en lui désignant la console où trônent les deux boissons glacées - la sienne à la fraise, évidemment - avant de redémarrer la voiture en coupant agressivement la route à un autre conducteur, et de filer en direction de la France, le cœur plus léger que jamais.

(CHAOS #4) THAT LOOK INSIDE MY EYES MEANS ALWAYS.

”What’s so funny?” Distraite, Bao continue de touiller les céréales, déjà ramollies d’avoir été délaissées trop longtemps au fond du bol. Son pouce s’agite sur l’écran, remontant la conversation de la veille avec Carrie pour retrouver l’heure à laquelle elle doit passer la chercher - comme si elle ne s’en rappelait pas, et comme si elle n’avait pas programmé son réveil pour être sûre de ne pas être en retard. ”Hello, anyone here? − Hm, what?” Précipitamment ramenée à la réalité par le voix de son frère, Bao relève un oeil un peu las vers Zhang. Une semaine qu’il est revenu squatter l’appartement familial pour “régler quelques affaires en centre ville” et “préparer des conneries pour le mariage”, et il ne semble pas rater une occasion de venir l’emmerder. Heureusement, le loft des Wang est suffisamment grand pour que Bao puisse le fuir quand il est trop insistant - elle a beau adorer son grand frère, plus que les autres il sait toujours la faire sortir de ses gonds en appuyant sur ses points sensibles. ”Why you smiling at your phone? Did you receive a text from your girlfriend or something?” Les joues de Bao se teintent de rouge alors qu’elle verrouille son téléphone, roulant ses yeux dans ses orbites avec un soupir bruyant. Mais quel connard. ”Urgh, shut the fuck up. She’s not my girlfriend. − Who? − Oh my goood, you’re the worst.” Le rire idiot et satisfait de Zhang la fait bondir sur son siège et attraper le bol de céréales auquel elle n’a pas touché pour le mettre dans l’évier.

Carrie n’est pas sa petite-amie ; de toute façon, qui a vraiment besoin de s’emmerder avec des étiquettes en 2020 ? Pas Bao, en tous cas, qui préfère qualifier ce qu’elles ont de ”bon temps”. Peut-être, peut-être seulement, sourit-elle un peu trop quand elle reçoit un message de Carrie, comme lui faire brillamment remarquer son frère. Peut-être abandonne-t-elle tout ce qu’elle fait dans la seconde pour la rejoindre quand elle l’appelle. Peut-être est-elle capable de jeter des coups d’oeil nerveux à son téléphone pendant des heures quand elle attend sa réponse. Et peut-être a-t-elle annulé ses billets d’avion qui devaient l’amener en deux heures dans le Sud de la France pour accepter d’accompagner Carrie pour un roadtrip de trois jours, où elle est assez sûre de l’entendre râler tout du long sur les “putains de chauffards s’approchant trop de sa caisse”. Et peut-être lui a-t-elle dit qu’elle acceptait seulement parce qu’elle n’avait pas encore pris ses billets d’avion, justement, pour ne pas qu’elle pense que-- bref. ”Why are you still here anyway? Weren’t you supposed to fly to France yesterday? − Nah, Dad needed me for business stuff and- HEY! Make sure your she’s-not-my-girlfriend is driving the right car, ok? You know, the red fancy one. HEY, BAO!” Sac de voyage sur l’épaule, Bao claque la porte de l’appartement en adressant un vague signe de la main à Zhang avant de dévaler les marches deux par deux.

Évidemment, que Carrie va les descendre dans le sud de la France dans son cabriolet rouge pétant dont elle parle comme de la huitième merveille du monde. Lorsque l’on parle de la “la voiture de Carrie”, il n’y en a vraiment qu’une. Qu’on se le dise, Bao n’a jamais vraiment osé saisir l’amour qu’elle porte à son tas de ferraille lustré - et encore moins pourquoi Zhang tient absolument à ce qu’elle apparaisse sur ses photos de mariage. Il ne pouvait pas en louer une similaire directement à Saint Tropez ? Whatever. Déjà, Bao lève les yeux au ciel en la voyant se garer en bas de l’immeuble - elle en entend tellement parler, de cette putain de voiture, qu’elle est excédée rien qu’à la voir, rien qu’à anticiper à quel point Carrie va lui prendre la tête pour qu’elle ne mette pas ses semelles sur le cuir des sièges. Mais son agacement disparaît aussitôt qu’il est monté, quand le visage de Carrie apparaît derrière la porte passager qu’elle lui ouvre. ”Are you okay?” Sans se faire prier, Bao monte à bord, prenant soin de bien ranger ses pieds sous le siège sans toucher quoi que ce soit d’autre, avant de se retourner brièvement pour poser son sac sur la banquette arrière. ”What? Why? − You're on time. Surely you must be sick. If you are and you throw up in my damn car, I will murder you.” Pas besoin de répliquer pour que Bao exprime le retour de son exaspération, à travers un regard lourd qu’elle lui adresse en refermant la portière. ”I got you a vanilla milkshake. If you spill it, I will murder you again. − Here it goes.” La remarque devrait l’ennuyer encore plus, et pourtant, un léger sourire s’empare de ses lèvres quand elle l’entend ; Carrie est une chieuse, mais elle est sans l’ombre d’un doute sa chieuse préférée. Une chieuse qui s’est rappelée de sa saveur de milkshake favorite, et qui a pris le temps de lui en acheter un. ”I’m not the one you should be worried about. I mean, you agreed to lend Zhang your car, and you’re afraid I will spill some milkshake?” Avec une expiration presque amusée, Bao se retourne vers le tableau de bord en retirant sa veste pour se mettre à l’aise - autant prendre ses aises, elles ont beaucoup trop de route devant elle. Beaucoup trop, et pas assez à la fois. ”So, what’s the plan? ‘Cause I’ve checked, and there’s no way we need three days to drive to St Tropez. What do you have in mind?” Plutôt que d’être empreint de reproche, au contraire, son ton est presque excité à l’idée que Carrie lui révèle ce qu’elle a réellement prévu pour ces trois jours, ensemble, seules - si ce n’est l’omniprésence de cette putain de voiture.

Un léger sourire apparaît sur les lèvres de Bao, et Carrie doit se mordre l'intérieur de la lèvre pour ne pas l'imiter. Bao est insupportable quand elle sourit: Carrie aime bien les choses bien rangées, et devoir réassembler son top trois à la moindre risette de sa part est plutôt agaçant. Qu'est-ce qu'un tas de ferraille rouge clinquant face à ce sourire, amusé et sincère, qui lui donnerait presque envie de lui dire qu'elle s'en fout, qu'elles ont qu'à conduire jusqu'à Dubai, au diable Zhang et Kamala, et puis le sable dans la bagnole la rendra folle, mais au moins elles passeront plus de temps ensemble que trois misérables jours? ”Here it goes. I’m not the one you should be worried about. I mean, you agreed to lend Zhang your car, and you’re afraid I will spill some milkshake?” Carrie ressent une bouffée d'angoisse à cette idée, qu'elle calme à l'idée de tous les rouge à lèvres qu'elle pourra acheter avec son million de livres si Zhang fait la moindre connerie. "I'll murder him too, then. That'll be my wedding gift to Kamala: I'll stop her from ruining her life," grommelle-t-elle en réponse, essayant (vainement) de repousser l'image qui lui vient de Zhang en train de faire péter une bouteille de champagne dans sa voiture, le liquide ambré s'immiscant dans le moindre recoin du cuir. Elle convoque l'écriture du frère de Bao dans son esprit. One million pounds. Ça va à peine mieux.

Concentrée sur la rue, avec tous ces putains de chauffards qui lui donnent envie de hurler à chaque fois qu'ils s'approchent trop (elle n'a pas encore une fois écrasé son poing sur le klaxon, un miracle en soi), elle jette un coup d'oeil à Bao en la voyant retirer sa veste, réprimant une nouvelle fois un léger sourire. Elle a remarqué, surtout ces derniers temps, que Bao lui donnait souvent envie de sourire. Un léger problème en soi: Carrie n'aime pas sourire, ça fait rider la peau de ce qu'elle en sait (autant dire qu'elle était passablement énervée quand Bao et elle étaient en train de discuter des détails pour aujourd'hui, l'impatience et l'excitation à leur perspective de roadtrip ayant eu raison des bonnes résolutions du coin de ses lèvres). ”So, what’s the plan? ‘Cause I’ve checked, and there’s no way we need three days to drive to St Tropez. What do you have in mind?” Carrie sent un petit sourire apparaître sur ses lèvres. Merde, moins de trois minutes et elle a déjà perdu. Heureusement qu'elle a pris ses face masks avec elle. "We'll be in Paris by this afternoon and I don't know, I thought we could so something fun." Elle lui jette un regard en biais. Carrie n'est pas du genre à changer ses plans au dernier moment, mais elle serait presque inquiète que Bao soit complètement rebutée à cette idée.

Pour Carrie, something fun va de la session shopping de six heures où elle claque environ dix fois le salaire médian national, à la session make-out qui dure tout aussi longtemps, dans sa voiture de préférence, sans les chaussures. Elle pense savoir laquelle de ces activités Bao préfère. Carrie détourne les yeux pour se reconcentrer sur la route et, comme prévu, son poing finit par s'écraser sur le klaxon avec violence pour faire se hâter le péquenaud qui tarde un peu trop sur le passage piéton et qu'elle manque de renverser. "FUCKING ASSHOLE!" Le début d'une longue liste d'insultes impatientes. Carrie adore conduire, mais elle déteste le faire à Londres: elle préfère nettement être sur l'autoroute ou mieux, sur les petites routes de campagne qui, si elles sont crades, lui permettent au point de profiter de la décapotable et du paysage. "And I need to go shopping. Gucci released a new lingerie collection," ajoute-t-elle sur le ton de l'évidence. Dire que tous les vendeurs de la Place Vendôme connaissent le nom et le porte-feuille de Carrie n'est pas une exaggération. "I don't know, I just thought we could take our time." Together. Feu rouge, elle s'arrête à une distance raisonnable de la voiture devant elle et jette un regard assassin à celle derrière qui s'approche un peu trop, avant de se tourner vers Bao. "Why, three days in this marvelous car, doesn't that sound like the best adventure ever?" Un sourire, encore, que Carrie n'a pas le coeur à réprimer, attrapant son milkshake et apportant la paille à ses lèvres sans lâcher Bao du regard. Elle a une forte envie de l'embrasser mais bon, elles ne sont même pas amies, elle ne va pas non plus abuser. "Careful with what you have to say to that, she's even more sensitive than I am," ajoute-t-elle en tapotant le tableau de bord d'une rapide caresse tant délicate qu'attentionnée.

(CHAOS #4) THAT LOOK INSIDE MY EYES MEANS ALWAYS.

Si elle était parfaitement honnête avec elle-même - ce que Bao n’est que rarement -, elle devrait bien reconnaître qu’être dans cette bagnole ne l’horripile pas non plus. Bao aime bien cette odeur de cuir mêlée à celle du parfum de Carrie qui lui saute aux narines dès qu’elle ouvre la portière ; elle a quelque chose d’apaisant, et d’excitant à la fois - la promesse d’aventures (plus ou moins prévisibles), d’insultes dans la bouche de Carrie qui feront immanquablement sourire Bao, et surtout, de pouvoir l’observer avec cette expression concentrée et presque inquiète. La blonde ne revêt ce visage que quand elle conduit, et à cette distance, c’est un vrai spectacle dont Bao ne raterait une miette pour rien au monde.

"We'll be in Paris by this afternoon and I don't know, I thought we could so something fun." Something fun. Le large spectre des possibles arrache un nouveau sourire en coin à la Wang, qui s’empare avec précaution de son milkshake à la vanille, portant la paille à ses lèvres pour faire disparaître les fossettes dessinées sur ses joues. Elle a une idée certaine, oui, de ce something fun qu’elles pourraient faire, probablement ce qu’elles font de mieux quand elles ne sont que toutes les deux. Mais elle ne voudrait pas trahir la légère chaleur dans sa poitrine rien que d’y penser, aussi elle tire sur la paille en prenant une gorgée de milkshake. C’est toujours comme ça, avec Carrie ; prétendre qu’elles ne sont rien, qu’elles n’ont pas envie de se sauter dessus, jusqu’à ce que l’une craque la première et se penche pour attraper les lèvres de l’autre. Et si cela peut parfois avoir ses désavantages, Bao doit bien se rendre à l’évidence : elle trouve que cela rend leur petit jeu plus amusant encore. "FUCKING ASSHOLE! − Bloody hell!” Le klaxon, couplé au juron crié dans ses oreilles, tire brusquement Bao de ses pensées, qui s’empresse de rabattre son regard vers son milkshake pour s’assurer qu’elle n’a rien renversé dans son sursaut. Mieux vaut qu’elle ne le sorte du porte gobelet que quand elles sont arrêtées à un feu rouge : elle connaît Carrie et sa conduite pour le moins “sportive”, et à ce stade, la probabilité que Bao perde la prise sur sa boisson lors d’un énième coup de klaxon ou un freinage intempestif est beaucoup trop élevé. "And I need to go shopping. Gucci released a new lingerie collection. − Of course they did.” Bien sûr, putain, quelle conne, comment elle ne l’a pas vu venir avant. Un peu trop portée sur un petit nuage à l’idée de passer trois jours seule avec Carrie, elle en a presque oublié ce que peut impliquer de se rendre à Paris. Évidemment, qu’elle a prévu de la traîner sur la Place Vendôme - et évidemment que Bao va la suivre en roulant ses yeux dans ses orbites à chaque boutique. Mais si ce n’est que pour de la lingerie, peut-être que ce ne sera pas si déplaisant, après tout.

"I don't know, I just thought we could take our time." Le revoilà, ce sourire qu’elle peine à maîtriser - heureusement, la voiture s’arrête, et elle peut tenter de le contenir derrière son milkshake. Quand Bao a vu que le trajet de Londres à Saint Tropez pouvait réellement se faire en un jour et demi, c’est bien ce qu’elle a espéré, et ce qui l’a décidé à annuler ses billets d’avion (comme si elle avait besoin d’un raison supplémentaire) : qu’elles prennent leur temps, rien que toutes les deux, et peut-être même qu’elles ne s’emmerdent pas à prétendre, dans cette bulle hors de leur vie habituelle. "Why, three days in this marvelous car, doesn't that sound like the best adventure ever? Careful with what you have to say to that, she's even more sensitive than I am." En reposant son milkshake dans le porte gobelet, Bao laisse échapper une expiration amusée aux airs de gloussement, soutenant le regard de Carrie avec un sourire qu’elle n’essaye cette fois pas de dissimuler. Définitivement, passer trois jours dans une voiture est une aventure, elle qui a l’habitude de se rendre n’importe où en jet privé ; une aventure sur laquelle elle n’a pas hésité à sauter, ne serait-ce que pour le privilège de pouvoir pleinement profiter du chauffeur. ”I guess it sounds alright,” plaisante-t-elle, teintant comme toujours son enthousiasme de son habituel air détaché. ”It can’t be worse than a two hours flight with my sisters anyway.” Elle se garde bien d’ajouter que cette emmerdeuse de Feng a essayé de s’incruster à la dernière minute à leur petit roadtrip en tête à tête. How stupid can she be ? Autant Zhang est lourd à insinuer qu’elles sont ensemble, autant sa petite soeur est complètement à côté de la plaque. ”Would she be ok if I put on some music? Don’t wanna piss her off.” Sans préciser si elle parle de la voiture ou de Carrie, et sans vraiment attendre la réponse, Bao pianote sur l’écran du tableau de bord - évidemment, son téléphone est déjà sur la liste des appareils connectés -, avant de revenir à son téléphone et de lancer sa playlist en aléatoire. Elle adresse un nouveau regard en coin à Carrie, souligné d’un léger sourire. ”Now it feels like a real roadtrip. I mean, like the the best adventure ever.” Il n’y a, malgré elle, pas une pointe d’ironie dans sa voix.

Le sourire de Bao est quelque chose d'indescriptible, qui remplit Carrie d'une certaine fébrilité, ainsi que d'un grand calme, deux émotions opposées réunies en une harmonie parfaite dès qu'elles sont ensemble. Carrie refuse de partager ce secret-là qu'elles partagent, entre deux sourires et deux brûlants, avec quiconque, évitant le sujet soigneusement quand elle ne rembarre pas les gens violemment comme elle l'a fait ce matin-même avec Rulan: personne ne peut comprendre. Peut-être que c'est égoïste et égocentrique de sa part de penser ça, mais elle s'en fiche. Personne ne peut comprendre le feu que Bao réveille en elle, qui la rend littéralement folle; et personne ne peut comprendre le calme qu'elle lui apporte, souvent sans le savoir, dans les rares moments de tendresse qu'elles s'accordent dans le secret des chambres vides où elles se rencontrent.
Trois jours à deux. Carrie n'aime pas prendre des vacances, perdre le contrôle pendant des jours entiers sur son schedule et son travail. Les passer avec Bao, en revanche, c'est une autre histoire. ”I guess it sounds alright.” Carrie sent son propre sourire s'approfondir en entendant son ton qu'elle sait faussement détaché. ”It can’t be worse than a two hours flight with my sisters anyway.” Carrie espère bien, fronçant les sourcils en posant de nouveau son regard sur la route qui se débloque quand le feu passe au vert, reposant son milkshake. Elle apprécie beaucoup passer du temps avec Bao mais naviguer les différents membres de sa famille, surtout ses frères et soeurs... elle grimace rien qu'à l'idée de tous les voir au mariage. Surtout Zhang. Il va être difficile à manquer, en plus, étant le marié.

”Would she be ok if I put on some music? Don’t wanna piss her off.” Carrie lui jette un regard en coin. "As long as you don't just play boring movie soundtracks or your mumbly stupid shit." Elle fait plus ou moins confiance à Bao avec la musique, et même quand elle joue des morceaux que Carrie n'aime pas, elle se garde bien de le lui dire - un miracle en soit, Carrie n'étant pas connue pour mâcher ses mots ou cacher ses pensées. Mais bon, si Bao veut caler quelques morceaux de rap sur le paysage de leur long weekend, pourquoi pas. ”Now it feels like a real roadtrip. I mean, like the the best adventure ever.” Son sourire provoque celui de Carrie une nouvelle fois. Agaçant. "Yeah." Avec la musique, le sourire de Bao qu'elle essaye de cacher derrière son gobelet et le fait qu'elle soit là, avec elle, Carrie, qui n'est pourtant pas quelqu'un de très aventureux, se sent incroyable à l'aise et impatiente de voir ce que ces trois jours leur réservent. "It really does."

Après une dizaine de coups de klaxon anxieux et d'insultes et prises de tête interminables, elles sortent enfin de Londres et filent vers Douvres, bien en avance (comme d'habitude) sur la réservation de Carrie dans le shuttle. Elle a un peu hésité avec le ferry - mais elle déteste presqu'autant les bateaux que les avions, la perspective de se noyer dans un cataclysme improbable la pétrifiant d'une peur embarrassante. À vrai dire, elle est plutôt contente de descendre en voiture, parce que l'avion aussi l'envahit d'une angoisse irraisonnable et honteuse.
La boule dans son estomac, après avoir conduit dans la capitale anglaise pendant bien trop longtemps à son goût, ne disparaît pas et elle finit par s'arrêter à une station service peu après. Trop angoissée à l'idée de quitter sa voiture des yeux, elle envoie Bao lui chercher des cigarettes et des chewing-gum (à la fraise) à l'intérieur, lui faisant une petite moue adorable pour la convaincre. Elle fume deux cigarettes après avoir ouvert le capot de la voiture, les yeux rivés sur la carrosserie, assise sur un banc, et saute sur ses pieds quand Bao revient. Elle ne sait pas si c'est le soudain soulagement qu'elle ressent à l'idée d'avoir quitté Londres, la très vague sérénité apportée par les cigarettes ou juste le fait que Bao soit revenue - comme si elle allait se tirer dans la campagne du Kent au détour d'une station-service - mais elle lui fonce dessus pour l'embrasser. C'est elle qui craque, cette fois, mais peu importe.

Les lèvres de Bao sont bien plus efficaces que les cigarettes - elle le sait bien, pourtant, mais à chaque fois semble surprise du calme qu'elles lui apportent aussi simplement. Quand elle se recule, Carrie garde ses mains dans son cou, et soupire un peu. Un peu embarrassée, un peu rassurée aussi que Bao ne l'ait pas repoussée. "Okay." Elle se détache un peu, ses mains retombent, attrapent plutôt le sac en plastique ramené de la station. "You got everything?" demande-t-elle d'une petite voix, faussement accaparée en fouinant dans ce qu'elle a acheté.

(CHAOS #4) THAT LOOK INSIDE MY EYES MEANS ALWAYS.

"Yeah. It really does." La saveur de la vanille roulant sur ses papilles, la musique s’emparant de l’intérieur de la voiture, le visage de Carrie caché derrière ses lunettes de soleil mangeant la moitié de ses traits, et surtout, le sourire trônant en dessus, qu’elle lui renvoie avec cette douceur dans la voix que Bao n’a jamais vraiment pu entendre que quand elles ne sont que toutes les deux ; autant de trésors que Bao se retrouve à graver dans sa mémoire en ne parvenant pas à détourner ses yeux de la conductrice. Des trésors qui ne sont rien qu’à elle, et cette simple pensée fait bondir son coeur, cognant assez fort dans sa poitrine pour lui faire rabattre son regard vers la route avant de laisser aller l’arrière de crâne contre l’appuie-tête avec un léger sourire aux lèvres. Et toutes les insultes époumonées et coups de klaxon de Carrie ne sauraient chasser cette sensation tiède dans son estomac à la perspective de passer trois jours rien qu’avec elle - sans l’ombre d’un Zanjin, Rulan, ou d’un de ses propres frères et soeurs dans les parages.

Quand elles quittent l’agitation des routes citadines, Bao est presque déçue de ne plus pouvoir soupirer sous la conduite nerveuse de sa compagnonne de voyage ; elle peut lever ses yeux au ciel en prétendant pester autant qu’elle le veut, elle adore ça, mais personne n’a besoin de le savoir - surtout pas Carrie. Et elle peut tout autant lui cracher qu’elle abuse en se dirigeant d’un pas las vers la station service quand la blonde lui demande d’aller faire ses emplettes à sa place parce qu’elle ne supporterait pas de laisser sa précieuse caisse sans surveillance, Bao adore également ça. C’est plus fort qu’elle : chaque petit comportement ennuyeux et capricieux de Carrie constitue un nouveau point faible pour la Wang. Ne serait-ce que pour la satisfaction de voir son amie lui foncer dessus quand elle revient, pour enfin mettre un terme à cette tension qu’elles s’amusent toujours à laisser grandir entre elle - sans jamais vraiment la relâcher -, lorsqu’elle s’empare de sa bouche dans un baiser empressé et libérateur. Bao frissonne au contact des lèvres contre les siennes, des doigts qui glissent dans sa nuque, elle-même venant plonger une main à la racine des cheveux de Carrie en lui rendant son baiser dans un souffle aussi surpris que satisfait. Elles se sont embrassées trop de fois pour qu’elle puisse compter, et pourtant, dès qu’elle retrouve ses lèvres, elle ressent la vertigineuse impression qu’il s’agit de la première fois - ce soir-là, il y a des mois, dans la voiture de Carrie, quand elles ont enfin osé franchir la distance qui les séparait.

Les yeux de Bao s’ouvrent à nouveau, papillonnant quand le contact se rompt, un sourire embarrassé fendant son visage - elle se surprend néanmoins à être moins gênée que d’habitude ; il n’y a personne pour les surprendre, et il n’y aura personne d’autre dans son esprit pendant ces trois jours que Carrie. "Okay. − Okay”, répète-t-elle mécaniquement, avant de se gratter la nuque en tendant le sac à Carrie. "You got everything?" Bao penche la tête sur le sac pour y jeter un oeil, son visage tout proche de celui de la blonde. “Yeah yeah. Cigarettes and strawberry chewing-gums - they even had those you fancy. Oh, and I bought some snacks. Just in case.” Elle s’empresse de préciser dans un léger sourire quand elle voit le regard de Carrie s’arrêter sur le paquet de Twix “Don’t worry, those are for me. This-” elle plonge sa main dans le sac pour en sortir la barre de céréales 0% de sucre, 0% de conservateur, 0% de tout, boring. ”This one’s for you.” Bao relève ses yeux vers les verres teintés des lunettes de Carrie, agitant la barre sous son nez, avant de passer sa main sur sa nuque et de l’attirer à nouveau vers elle pour l’embrasser. Cette fois, c’est elle qui cède, mais il lui semble que pendant ces trois jours, cela n’aura plus aucune importance.

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Carrie sent le visage de Bao près du sien et pince des lèvres, s’inventant inspectrice du sac d’achats, pour résister à l’envie de l’embrasser de nouveau. C’est stupide, cette impression que se laisser à ses envies est un abandon, une perte de contrôle; c’est stupide, mais c’est aussi incroyablement exaltant. Abandonner un minimum de contrôle, avec Bao, se laisser aller à l’avidité et désir qui l’habitent parfois, est enivrant. Elle n’a jamais ressenti ça avec quiconque auparavant, cette impression de vulnérabilité n’entraînant pas une angoisse étouffante, comme si s’abandonner à Bao était naturel.

“Yeah yeah. Cigarettes and strawberry chewing-gums - they even had those you fancy.” Carrie serre les dents en mordant un sourire, se rappelant des rides que cela pourrait amonceler sur son visage, ignorant aussi la chaleur qui se répand dans sa poitrine. Ça fait des mois qu’elles se voient, elle-même commence à bien connaître les goûts de Bao, et pourtant elle se sent touchée et surprise de sa marque d’attention. “Oh, and I bought some snacks. Just in case .” Les yeux de Carrie s’étrécissent, alors qu’elle imagine déjà Bao la convaincre de la laisser grignoter et répandre ses miettes dans sa voiture, et elle s’étrangle d’autant plus en trouvant ce à quoi Bao fait référence. “No. - Don’t worry, those are for me. This -” Carrie la regarde sortir une barre de céréales de sa marque allégée préférée. Elle a envie de lui arracher son sourire, ou de l’embrasser, encore. ”This one’s for you.” Carrie est en train de sourire quand Bao l’embrasse, contente, amusée, incroyablement reconnaissante, aussi. Elle se sent un peu sotte, à sourire si grand contre les lèvres de Bao, la serrant contre elle avec ardeur, son coeur battant un peu trop vite à l’idée de passer tout ce temps avec sa personne préférée, à l’idée aussi que cette personne la supporte, l’embrasse, la désire, fasse attention à elle.

“Stop being cute ,” la prévient-elle néanmoins quand elle se détache à regret - elles ont de la route à faire après tout. Elle se sent bien mieux que quand elles se sont arrêtées, plus détendue, moins nerveuse à l’idée de conduire. Avec le toit en moins, elles pourront mieux profiter du soleil et du vent; c’est une journée ensoleillée et agréable, parfaite. Elle caresse rapidement le cou de Bao, lui vole un troisième baiser rapide avant de récupérer le sac et de retourner vers la voiture.
Carrie aime bien conduire vite, surtout en sentant le vent ébouriffer ses cheveux, lui inspirant un sentiment intense de liberté et de contentement. Jeter parfois des coups d’oeil à Bao, regarder ses longs cheveux noirs voler partout, écouter sa musique nulle de sauvages au volume le plus élevé pour l’entendre au-dessus du vent... elle aimerait que sa vie ressemble à ça tous les jours, loin du travail, des Wang, de Londres. Juste Bao et elle et sa voiture, et une route qui s’étend à l’infini.

Elles arrivent bien vite à Douvres, doivent attendre deux heures pour leur shuttle (Carrie ignore les soupirs excédés de Bao, mettant la musique plus fort quand elle proteste) avant de s’engager dans le train, Carrie tendue comme la corde d’un arc en manipulant la prunelle de ses yeux et en jetant des coups d’oeil mauvais aux bus de touristes qui la regardent d’un air admiratif. Au final calées à leur spot, Carrie regarde les portes se refermer avec angoisse. “Help me put the roof back up,” demande-t-elle à Bao en sortant de la voiture. “And get on the backseat. I don’t plan on getting bored.” Pas question de passer deux heures à angoisser à la possibilité que le Tunnel ait la mauvaise idée de se briser au-dessus de leurs têtes.
Une fois le toit remis en place, Carrie fait le tour de la voiture pour l’inspecter, efface quelques traces de poussière avec un froncement de sourcils, avant de rejoindre Bao.

Elle a à peine le temps de poser une fesse sur la banquette arrière que Bao est déjà sur elle, l'embrassant avec force, la faisant légèrement grogner par son manque de patience - et pourtant, incapable de lui résister, elle répond à son baiser, ses mains plongeant dans ses cheveux pour la presser contre elle avec avidité. A chaque fois que Bao l'embrasse comme ça, elle a l'impression d'être déconstruite, refaite, détruite de nouveau, son impatience jetant de l'huile brûlante sur les flammes de son désir incandescent - ou une connerie du genre.
Carrie finit néanmoins par la repousser un peu fermement, ses mains plantées sur ses épaules, pour la faire se rasseoir et pouvoir quant à elle utiliser ses genoux comme siège. "So fucking impatient," commente-t-elle d'une voix rauque, avant de revenir l'embrasser avec tout autant d'impatience qu'elle semble lui reprocher. Peu lui importe qu'on les voit, qu'on les juge, qu'on leur demande d'arrêter: pour l'instant, ne comptent pour Carrie que les lèvres de Bao, la langue de Bao, l'odeur de Bao qui l'enveloppe toute entière. Elle se sépare uniquement de sa bouche pour murmurer: "If you don't make me cum before we reach France, you're a fucking coward." Et de s'emparer de la main de Bao, la glisser sous sa jupe sur le haut de sa cuisse. Carrie ne porte pas de collants, pour une fois, et elle est ravie de voir les traits de Bao se fendre de surprise quand elle réalise qu'elle ne porte pas non plus de sous-vêtements.

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