« Come on baba you're not that old. You have another two years at least. » Lotfi éclatait de rire, resserrant sa fille dans ses bras, avant de déposer plusieurs baisers sur son front, sur ses joues, sur son nez. Cette dernière se débattant gentiment pour échapper à cette attaque d’amour de la part de son paternel. Évidemment, il savait qu’elle rigolait, et il espérait qu’il pourrait tenir un peu plus longtemps, pour sa fille, pour son fils, pour Leila. La vie était courte, mais il comptait bien rester encore quelques années, au moins assez pour voir ses enfants s’épanouir dans leur vie d’adulte. Peut-être voir l’Angleterre sortir de l’influence de la magie noire, peut-être retrouver un peu de liberté et de souffle. Et ils n’étaient pas à plaindre, mais Lotfi avait espéré une autre vie pour ses enfants, loin de la pression, et depuis les mariages, il était encore plus réticent. Il savait pourtant que c’était monnaie courante et la coutume, mais il aurait voulu être de ces parents qui avaient pu faire évoluer les mœurs et coutumes. C’était un comble pour l’inventeur qu’il était.

Enfin, il ne souhaitait pas obscurcir l’humeur de sa fille, il voulait lui remonter le moral et comme il l’avait dit plus tôt, un père ne partageait pas ses ennuis et tracas avec ses enfants. Non, il était là pour les protéger, pour leur mentir parfois un peu, leur dire que les choses iront mieux, que ce n’était pas grave, que le soleil se levait le lendemain. Un autre jour.

Le meilleur moyen pour changer les idées de sa fille était de changer de sujet, et Lotfi lui offrait alors une occasion, la gamine (oui, sa gamine) secouait la tête, se relevant un peu brusquement, le chat exprimant son mécontentement sous le regard amusé du père au regard brillant et malicieux alors que Nadia venait de perdre dix ans en réclamant qu’il lui montre sa dernière création. La main venait chercher la sienne, alors qu’il riait doucement, se laissant attirer par la jeune femme avant de donner la poussée nécessaire pour se relever. Bras dessus, bras dessous, elle prenait la direction de l’atelier de son père. L’antre sacré (qui ne l’était pas vraiment), remplis de bibelot et de livres. Un antre dans lequel l’inventeur partait souvent se réfugier (ou presque), mais dont la porte était toujours ouverte pour les invités et curieux. Peu importe le pays, il l’avait toujours eu, le design ne changeait pas vraiment et c’était pour cela qu'à chaque fois qu’il y ramenait sa fille ou son fils, le sorcier prenait un coup de vieux.

« What is my beloved genius baba working on ? - Oh genius I don’t know, but I’m working on a couple of things I think you're going to like it, let’s start at the back, shall we? » Répondait-il d’un ton solennel, alors qu’ils se dirigeaient tout les deux vers le fond de la pièce. Le sorcier se libérant de l’étreinte de sa fille pour lui présenter une petite idée simple qu’il avait conçu par le passé, confiant l’objet (ressemblant à un livre) à Nadia. Révélant les yeux brillants qu’il y avait un secret, à l’intérieur et ce n’était que le début de la visite de l’atelier avant le petit-déjeuner.