BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.
Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !
Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
14 février 2023 — v12 installée, forum mis en activité libre. 19 octobre 2022 — préparation de la V12 et départ de mahrun. et midoriya du staff. 4 juillet 2022 — v11 installée, arrivée de castace dans le staff. 22 mars 2022 — v10 installée. 5 décembre 2021 — v9 installée. 13 septembre 2021 — v8 installée, départ de kazhan du staff. 21 février 2021 — v7 installée. 8 novembre 2020 — v6 installée. 2 août 2020 — v5 installée, départ de jeyne du staff, arrivée de tofu et jool. 1 mars 2020 — v4 installée. 19 octobre 2019 — v3 installée. 18 juillet 2019 — v2 installée. 12 avril 2019— ouverture du forum par mahrun, kazhan, midoriya, poupoune et jeyne. 16 mars 2019— préouverture du forum. juin 2018 — début du projet.
Il a envie de sortir de son antre. Les voisins font trop de bruits, ce n’est pas de leur faute, on ne peut pas dire que l’immeuble soit bien isolé niveau sonore, ni thermique d’ailleurs. Les murs de son appartement sont trop resserrés aussi, effet amplifier par les centaines de livres, pour la plupart d’occasion, qui s’empilent un peu partout. Sur les étagères, le vieux piano, la table basse, le sol, un peu partout. Ce sont des piles et des tas de vieilles pages dans lesquels il se perd pour échapper à sa vie un rien merdique. Lire et jouer de la musique sont généralement des bons moyens d’arriver à s’oublier. Il n’a pas vraiment besoin de plus et il n’a pas beaucoup plus de moyens pour y arriver non plus alors tant mieux. A part ça, il a quelques amis qui lui sont restés fidèles malgré tout mais c’est bien tout. Il ne peut pas reprocher aux autres de l’avoir lâcher vu le triangle marron sur sa joue, mais aussi son boulot. Qui aimerait traîner avec un mec comme lui hein ? Alors oui, il y en a qui ont compris sa position et qui lui pardonne ses choix mais il ne veut pas les déranger outre mesure. Terry est comme ça, il ne s’impose pas. Il profite des instants de répit qu’on lui donne et attend les suivants avec impatience. Une vie en sourdine en somme, c’est ça qui lui reste et en attendant, il tourne en rond dans ce trou qu’il appelle son chez lui.
Il a toujours été un peu solitaire dans la vie, car trop timide, trop rat de bibliothèque. Mais maintenant que cette solitude lui est imposée par la force des choses, c’est tout autre chose de vivre avec. Il aurait envie de pouvoir aller prendre une bière en terrasse avec des amis tout en fumant des clopes, pas de faire la méga fiesta non, juste des trucs simples du genre. Se promener dans un jardin public, arpenter les rayons de la bibliothèque, des petits trucs de rien du tout quoi, comme avant. Mais les lieux publics lui sont désormais interdits ce qui limite considérablement son domaine des possibles. Alors quand il a des envie comme ce jour-là de sortir de son trou pour aller profiter du beau temps, il doit faire quoi ? Une solution est de prendre un peu de poudre de cheminette et de mettre les voiles direction l’arrière pays anglais. Il fait ca de temps en temps, quand il a envie d’entendre les cuicui des oiseaux et d’être entouré de verdure, de prendre un grand bol d’air frais. Oui, il y a des jours comme ça. Alors il se prépare et finit de s’habiller en mettant un hoodie duquel il rabat la capuche sur sa tête. Puis il prend une poignée de poudre, prononce clairement le nom d’un magasin sorcier un peu obscur (il faut pour laisser passer les loups garou) d’un trou perdu au beau milieu de l’Angleterre et balance les petites particules dans la cheminée, c’est aussi simple que ça.
Il ne traine pas dans la ville. Les loup-garous n’y sont pas les bienvenus, ils ne sont les bienvenus nul part d’ailleurs. Terry préfère prendre le chemin de la sortie. Il fourre ses mains dans ses poches, se met à siffloter sans même s’en rendre compte et marche de bon train à travers la campagne anglaise. Ce n’est qu’une bonne heure plus tard qu’il décide de se poser, un sommet d’une colline arborée, à l’abri du vent. Il se pose dans l’herbe, au soleil, et sort un paquet de cigarette de sa poche. Les rayons du soleil sur sa peau lui font l’effet d’un petit bonheur de rien du tout, de ceux qui font naître des soupçons de sourire. Ici, loin de tout, tout est plus simple. Il n’y a pas de mangemorts, pas d’Ordre, pas d’hybride ou de VB. Juste lui, au milieu de l’herbe. C’est comme une parenthèse, hors de l’instant, loin de tout. Ici, il peut être lui-même, parler sans mentir, agir sans regret, regarder s’écouler les secondes en tout sérénité aussi. En fait, il ferait mieux d’emménager à la campagne, il y serait carrément mieux qu’à Londres. Sauf que dans la capitale anglaise, il a les avantages d’être un parmi tant d’autres. Les voisins ne s’intéressent pas assez à vous pour chercher à savoir que vous avez une petite particularité canine. A la campagne, tout le monde sait tout sur tout le monde. Autant dire qu’un loup garou risque de prendre cher très vite. Dommage parce qu’il est vraiment bien là à chiller au soleil.
D'un coup sec, Neville rempote avec vigueur la jeune mandragore, dont les cris sont étouffés par les cache-oreilles qu'il a finalement appris à mettre correctement. Repenser à ses premières années à Poudlard, bien que riches en péripéties et en mésaventures, lui arrache un sourire. Il était insouciant, et le plus grand de ses problèmes était le regard menaçant du Professeur Snape. Ça lui fait du bien à Neville, de se changer les idées, de penser à des souvenirs heureux, attendrissants. Mais ça le rend aussi un peu triste, en même temps, de se dire que ce temps est révolu, que les élèves de Poudlard ne connaissent plus cette innocence, et qu'il ne sait pas si lui-même aura la chance de la revivre un jour. Probablement que non. Avec de sa baguette, il fait voler le terreau en direction de la plante puis vient tasser le tout à l'aide de ses gants en cuir de dragon. Plonger les mains dans la terre, prendre soin des plantes, c'est probablement l'activité qui lui procure le plus de calme et de sérénité, ça et les discussions avec Luna. Mais Luna est partie en mission avec Ginny, et il ne peut pas s'empêcher d'être inquiet, comme toujours, qu'une de ses meilleures amies ne revienne pas en vie. Il pousse un soupire, enlève ses gants et les laisse tomber prêt du bac de plantes sur lequel il a travaillé depuis le début de la journée. D'un revers de bras, il s'essuie le front, puis il prend sa veste et sort de la serre.
Il a besoin de prendre l'air, de se changer les idées, de marcher un peu. Et ce n'est pas faire les cent pas au Manoir, avec l'effervescence générale, qui va le détendre. Alors il décide de se rendre à la campagne, vers une ville un peu paumée où il aimait bien se balader avec sa grand-mère pendant les vacances. Le lieu ne paie pas de mine, mais c'est calme, agréable, champêtre. Il aura l'impression que la vie suit son cours, que tout est normal. Et puis il y a peu de chance qu'il ne tombe sur quelqu'un de bien dangereux, ce village a toujours été des plus paisibles et inintéressants. En réalité, Neville sait que c'est dangereux malgré tout de se déplacer tout seul et qu'un village loin de tout peut être, au contraire, l'endroit rêvé pour dissimuler un horcruxe ou se cacher tout cours. Mais Neville a ce pressentiment que tout ira bien, alors il n'hésite pas plus et transplane.
Il n'atterrit pas directement en ville, mais quelques miles plus loin, là où il ne croisera personne et où il pourra profiter du calme de la nature en paix. Il fait si beau, le soleil est chaud sur sa peau et il enlèverait presque sa veste histoire de rester en t-shirt. Il marche tranquillement entre les arbres, grimpe le long de la colline avec un sentiment de légèreté inhabituel. Il ne fait qu'un avec la nature et pendant un instant, tous ses soucis sont évaporés. Pendant un instant seulement, parce qu'il finit par entendre un bruit. Une brindille qui craque, quelques mètres devant lui. D'instinct, il se cache derrière un arbre et sort sa baguette. Il se penche, observe les alentours. A la lisière du bois, tout en haut de la colline, il y a un homme, assis dans l'herbe, la clope au bec. Neville ignore si c'est un sorcier ou un moldu, mais alors que tout devrait le pousser à rebrousser chemin, son instinct - ou sa curiosité - le pousse à se rapprocher davantage. Il ne rencontre plus personne depuis le début de la guerre. Il y a bien sûr les nouveaux membres de l'Ordre, mais leurs noms se mélangent, il ne forme jamais de lien avec aucun d'entre eux, rien de concret. Ils sont des soldats. Personne n'a le temps pour ça. Plus le temps de discuter de la pluie et du beau temps, qui se fait de plus en plus rare avec les détraqueurs en liberté, ni d'apprendre à se connaître normalement, comme avant. Neville espère que l'inconnu est un moldu, qu'il pourra profiter de l'occasion, de cette journée ensoleillée, pour avoir un nouveau contact humain, sans pression, insouciant, que tous les deux auront oublié le lendemain.
Sauf que quand il se rapproche, ce n'est pas un moldu qu'il voit, mais un grand triangle marron plaqué sur la joue de l'inconnu. « Shit. » Neville se cache de nouveau derrière un arbre, heureux de constater qu'on ne l'a pas encore remarqué. Il jette un nouveau coup d’œil, balaye les environs. Aucun signe du handler. Sa balade dominicale se révèle de plus en plus dangereuse. Il entend Sirius lui ordonner de rentrer au Manoir, mais il décide de l'ignorer et d'observer à nouveau le hound. « By Merlin..., il chuchote, surpris. » Parce que le sorcier assit dans l'herbe, il le reconnaît. C'est Terry Boots, ancien membre de l'AD, ancien ami si on peut aller jusque là ? Tout ça n'a plus d'importance de toute façon. Ils ne se sont plus parlé depuis le jour où il a refusé avec Padma de prendre le portoloin pour rejoindre l'Ordre avec eux. Neville ne parvient pas à détacher ses yeux de la joue de l'ancien Serdaigle. Cette marque, tatouée sur son visage comme un morceau de bétail, implique tellement de choses, de nouvelles informations qui bouillonnent dans l'esprit du Longbottom. Terry est un loup-garou. Terry est un hound. Terry travaille au service du Ministère, donc au service du Lord. L'information qui lui manque, c'est de savoir à quel point il est volontaire. Neville sait que la condition de hound est difficile et qu'il n'a probablement pas eu d'autre choix que de rejoindre la brigade. Mais comment peut-il être sûr après leurs derniers moments à Poudlard ?
Silencieusement, Neville se place derrière Terry, et place sa baguette sur le haut de son crâne, juste assez près pour qu'il la sente. « Don't move, dit-il avant que Terry ne réagisse. Where's your handler? » Sa voix est entre le murmure et le ton rauque d'une personne qui n'a pas parlé depuis des heures. Neville ne devrait pas être là. Il le sait. Mais ce qu'il sait aussi, c'est que Terry et Padma sont ses erreurs, ceux qu'il n'est pas parvenu à convaincre. Il en veut à Terry d'avoir entraîné Padma avec lui. Mais il s'en veut aussi de les avoir abandonnés. Ils ont fait leur choix, c'est ce que Neville se disait pour dormir la nuit. Mais voir Terry avec cette horrible triangle, ça le fait réfléchir. D'une voix plus douce, triste, il demande : « What happened to you Terry ? »
Il entend un bruit au loin mais ne réagit pas pour autant. Après tout ça peut être n’importe qui, n’importe quoi, et on le laissera sûrement tranquille. Il ne s’agit peut être même pas d’un sorcier d’ailleurs et la personne se contentera de le trouver bizarre, voir très bizarre, avec son triangle marron sur la joue. Terry ne s’alarme donc pas et continue de fumer sa cigarette comme si de rien n’était. Il préfère regarder au loin la campagne anglaise qui s’étend devant lui. Des étendues de vert ponctuées de maisonnées, de champs, d’arbres en tout genre. A vrai dire il a toujours été du genre citadin et il a bien fallu qu’il attende de se faire mordre par un putain de loup garou pour en arriver à apprécier ce genre de moment d’un calme, d’un silence et d’une passivité qu’il a rarement connu. Avant, quand il avait un temps libre, il était toujours en train de bouquiner, de jouer de la musique, ou de se renseigner sur plein de choses. Son cerveau tourbillonnait dans tous les sens tout le temps en somme. Maintenant il aime se perdre dans le silence, regarder les nuages dans le ciel et un peu tout oublier. Juste être en somme. Dans ce genre de moment, c’est peut être le loup en lui qui parle à vrai dire. C’est dans ces moments là qu’il sait qu’il n’est tout simplement plus le même.
Les bruits de pas se rapprochent et Terry n’a toujours pas envie de fuir, ni même de se retourner. Peut être parce qu’il sent dans l’odeur de cette personne quelque chose de déjà connu et que ça l’intrigue. Peut être qu’il en a juste marre d’être sur le qui vive tout le temps. Allez savoir vraiment. Et puis c’est finalement trop tard. Terry sent ce qui ressemble à une pointe de baguette sur son crâne et une voix se fait entendre. « Don't move. Where's your handler? » Il ne reconnaît pas cette voix, elle fait un peu enrouée. Ce qu’il sait par contre c’est qu’il a affaire à quelqu’un qui ne doit pas apprécier les gens comme lui, les hounds à la solde du gouvernement. Bon, pour la défense du type, peu des personnes les aiment. Terry, pour sa part, est inoffensif mais ce sorcier ne le sait pas. Alors il ferait mieux de répondre à ses questions sans broncher et c’est ce qu’il fait prestement. « I don’t know. » Il n’ose pas dire la vérité crue, que c’est simplement leur jour de repos. Il ne le dit pas parce qu’il n’aime pas l’image que ça renvoie de lui. Quelqu’un d’assez détaché pour considérer les traques comme un simple job. C’est pourtant ce qu’il est, non pas par manque de conscience mais simplement pour pouvoir vivre avec tout ça sans trop se détester. « And to be honest, I couldn’t care less. » Il hait son handler, non seulement c’est un sale type mais la nature même de leur hiérarchie suffit à le haïr. Ca se sent un peu quand il en parle, c’est plus fort que lui, il n’y peut rien.
Terry ne connaît rien du sorcier qui le tient en joug. Son odeur a quelque chose de familier certes mais il n’arrive pas à mettre le doigt sur une identité précise, ni même un contexte d’où il aurait pu la renifler. Néanmoins ses doutes sont levés en une seule question. « What happened to you Terry ? » Ils se connaissent donc, sûrement depuis longtemps pour que le sorcier ne soit pas au courant de ce qui lui est arrivé justement. Terry ne se retourne pourtant toujours pas, cette fois non pas parce qu’on lui a ordonné de ne pas bouger mais parce qu’il anticipe le moment où il reconnaîtra cette personne. Il préférerai éviter de le voir dévisager son maudit triangle marron, de voir la pitié dans ses yeux aussi, cette même pitié qu’il a devinée dans la question précédente. Oui, c’est vrai, il n’a pas eu de chance, sa vie a changé du tout au tout et pas en bien. Autant dire qu’il n’a pas envie de parler de tout ça. Pourquoi le ferait il ? Pour se plaindre ? Pour regretter des belles années révolues ? Ca ne sert à rien. Alors il contourne la question et préfère se concentrer sur tout autre chose. Le loup garou esquisse un petit sourire, tire sur sa clope et dit à son tour : « I knew this scent was familiar. » Terry lève alors les mains en l’air, montrant ainsi qu’il n’est pas armé de sa baguette et qu’il est, par conséquent, inoffensif. Il commence alors à se relever, lentement, tout en rassurant le sorcier, parlant d’une voix calme : « Don’t worry, I won’t do anything to you. ». Une fois debout, il se retourne sans faire de gestes brusques. C’est alors qu’il le reconnaît et ça lui fait l’effet de se retrouver face à face à un fantôme sorti de nulle part.
Un petit sourire, mais sincère ceci dit, se paint sur son visage alors que le prénom du sorcier sort spontanément de sa bouche le tout assorti avec un ton de surprise. « Neville ? » Bon certes, Neville le menace de sa baguette, mais il est tout de même content de le voir. Il a changé depuis Poudlard, visiblement il a vécu des choses qui l’ont fait gagner en gravité. C’était déjà un peu le cas la dernière fois qu’il l’a vu à vrai dire. Quand ils sont partis pour rejoindre l’Ordre et que lui ne les a pas suivi par pure lâcheté. Terry n’aurait jamais pensé le revoir un jour. C’est comme si une époque qu’il pensait définitivement enterrée tentait un revival de l’au delà. Terry est content d’être en jour off en tous cas, ça l’aurait vraiment fait chier d’avoir à traquer Neville, surtout qu’il ne voulait pas se risquer à un échange de sorts contre l’ancien gryffondor. Terry se serait sûrement fait rôtir sur place. « What a crazy coincidence. » Ouais une coïncidence plutôt heureuse, c’est exactement ça car les probabilités qu’ils tombent nez à nez en pleine campagne anglaise n’étaient vraiment pas hautes. Comme quoi des fois, les choses se goupillent pas si mal.
Ils auraient été dans des circonstances normales, Terry lui aurait demandé de ses nouvelles, comme si de rien n’était. Il lui aurait demandé comment aller tous les anciens de l’AD aussi. Il aurait pris des nouvelles de Michael et Anthony surtout. Mais rien n’est normal depuis bien longtemps maintenant. A la place, le hound pense directement au pire, c’est son côté prudent, il n’y peut rien. « You shouldn’t be here. It’s not safe for you. » Et c’est vrai. Neville est l’une des personnes les plus recherchées du pays, traîner dehors, même dans un trou perdu, n’est pas super avisé. Si Terry lui dit ça, c’est pour la sécurité de Neville. Certes il est content de le voir -enfin pas vraiment de la baguette dirigée contre lui mais le reste oui- mais le membre de l’Ordre prend en effet des risques, moindres certes, mais non négligeable. Instinctivement, Terry regarde aux alentours. De toutes évidences, ils sont seuls, mais l’ancien serdaigle virant rapidement paranoïaque. Il se tend légèrement. Si on le voit avec Neville, il risque lui aussi des trucs pas cools. Oui, même là, paumé en pleine campagne, Terry ne peut pas s’empêcher d’être une flipette un peu égoïste. On ne se refait pas.
Neville n'aime pas sa situation. Il n'aime pas devoir menacer de sa baguette un ancien camarade de l'Armée de Dumbledore. Un ancien ami. Mais il ne peut pas prendre de risque - en réalité, il en prend déjà suffisamment en lui adressant la parole. Il ne devrait pas être là, tout simplement. Il fait partie du Cercle 6, et qu'il le veuille ou non, il est bien trop important pour l'Ordre. Si Sirius apprenait qu'il avait décidé d'approcher un hound... Mais retomber sur Terry, ici, au milieu de nulle part, ce n'est pas un hasard. Et découvrir son visage marqué par les quelques années qu'ils ont passé sans se revoir, ça fait un choc. Alors Neville reste là, le bout de sa baguette frôlant l'épiderme du Boot. « I don’t know. And to be honest, I couldn’t care less. » Terry ne semble pas l'avoir reconnu. C'est une bonne chose, en un sens, car ça laisse à Neville plus de temps pour évaluer sa situation. Le handler ne semble pas être dans les parages - une nouvelle fois, tant mieux - et Neville décide de croire l'ancien Serdaigle. Son ton laisse à penser qu'il ne porte par son handler dans son cœur. Ce qui est logique, en un sens, mais au moins lui ne semble pas avoir été brainwashé comme d'autres. N'est-ce pas, Harry ?
« I knew this scent was familiar. » Neville sent ses muscles se raidir, sa main se serrer davantage sur sa baguette. L'a-t-il reconnu ? Terry lève les mains en l'air, en signe de paix. Neville se demande ce que ça fait d'avoir un odorat sur-développé. De pouvoir reconnaître les gens à leur odeur... Neville n'est pas vraiment certain qu'il aimerait ça. Lui qui a tendance à tourner de l’œil dès qu'Hermione joue avec sa panoplie du petit potioniste. Il n'y a que quand il est au contact des plantes qu'il se moque des odeurs fortes. Au contraire, c'est ce genre de détails qui le fascine. Souvent, les plantes aux odeurs nauséabondes renferment des propriétés extraordinaires. Mais là n'est pas le sujet, ni l'endroit, et Neville se tient prêt à lancer un sort si nécessaire, alors que Terry se relève lentement. « Don’t worry, I won’t do anything to you. » Neville l'espère sincèrement, mais il ne dit rien, ses remarques meurent dans sa gorge nouée alors qu'il fait finalement face à son ancien camarade, résigné à devoir utiliser sa baguette s'il le doit.
Mais Terry lui sourit. Le geste est discret, il aurait pu passer inaperçu, mais Neville est lui aussi content de le voir. Alors ses traits se détendent un peu et il doit réprimer l'envie de venir le serrer dans ses bras. C'est quelque chose qu'ils n'auraient jamais fait à Poudlard. Ils n'étaient pas non plus si proches. Mais Neville se sent submergé par la joie de revoir ce sorcier qu'il croyait perdu et, avec lui, de replonger dans cette lointaine époque faite d'insouciance et de rires. Revoir ce visage connu, savoir qu'il est en vie, malgré une condition peu enviable, lui procure un tel soulagement, qu'il s'épancherait presque en affection. Mais la situation en fait autrement et sa seule réaction et d'abaisser légèrement sa baguette, un faible sourire ornant ses propres lèvres. « What a crazy coincidence. » Neville laisse échapper un rictus et hoche la tête. « You tell me. I never thought I'd meet anyone here, in this dump. » Et avec un soupçon de tristesse dans sa voix, il ajoute : « I never thought I'd ever see you again. » Pas après Poudlard. Pas après qu'il soit resté en arrière avec Padma. Pour lui, ce choix avait signé leur mort, ou du moins, c'était la garantie d'une vie de fuite, misérable, soutenue par aucun camp. Peut-être que la réalité est encore pire. Mordu par un loup, engagé dans la VB. Neville ne l'envie pas. Il est réellement triste pour lui, mais ses traits ne le trahissent pas, il reste impassible, si ce n'est pour ce petit sourire en coin qu'il arbore depuis qu'ils se sont reconnus.
« You shouldn’t be here. It’s not safe for you. » Terry semble agité, et Neville ignore s'il s'inquiète réellement pour lui ou pour sa propre peau. Quoi qu'il en soit, le Longbottom sait parfaitement que son ancien camarade a raison. Encore une fois, il n'a rien à faire là. Il devrait être dans la serre du Manoir, à extraire le pus des bubobulbs. « I know. Hence the wand. » Il fait un geste avec sa baguette toujours pointée vers Terry, pour la mettre en avant. « Sorry about that, by the way. Nothing personal. » Il tente un nouveau sourire, se demande si c'est vraiment approprié. Après tout il est en train de le menacer par la même occasion, mais Neville se doute que Terry comprend pourquoi. Un moment passe en silence, et Neville le dévisage, ne s'attardant pas plus que ça sur le triangle marron - sa présence est lourde de sens, mais la réalité est transparente, Neville n'a pas besoin de le regarder pendant des heures pour comprendre ce qui est arrivé à Terry. Ce qu'il observe, ce sont ses yeux, son regard. Qui est-il, après toutes ces années ? Neville reprend la parole. « Look... I'm sorry. I'm sorry we didn't come back for you and Padma. I'm sorry I... I couldn't convince you to come with us. » Neville a l'impression de parler à un fantôme de son passé. D'avoir enfin l'opportunité d'échanger avec ceux qu'il a laissé en arrière. Il s'est convaincu avec une telle ferveur que le choix de Padma et Terry n'était pas de sa faute. Qu'au final, il ne pouvait contrôler la volonté de personne. N'empêche que c'était plus confortable de les blâmer eux, en particulier Terry pour avoir entraîner Padma avec lui, plutôt que se dire qu'ils étaient sous leur responsabilité, à Ginny, Luna et lui, et qu'il était de leur devoir de ne pas les abandonner. La culpabilité, la tristesse, font que Neville baisse encore davantage sa baguette, jusqu'à n'être plus dirigée que vers la cuisse de Terry. Sa poigne demeure ferme, au cas où, mais Neville a toujours cru en ses amis. Terry ne lui fera rien. A moins que, là encore, il tente de se convaincre de quelque chose. Neville pousse un soupire. « What happened? What happened after we took the portkey? » C'est probablement l'une des questions qui a le plus hanté Neville depuis son départ de Poudlard. Il devrait partir, mais il sait que c'est probablement son unique occasion de savoir, enfin, quel sort a été réservé à Terry et Padma. Son unique chance d'enfin tourner la page.
Personne aux alentours. Bien entendu, comme le dit Neville cet endroit est un trou paumé. Ils ne risquent presque rien mais presque c’est déjà trop. L’ancien serdaigle n’apprend rien à Neville en lui disant qu’il n’est pas en sécurité, mais ca a été plus fort que lui. « I know. Hence the wand. Sorry about that, by the way. Nothing personal. » Le loup garou regarde la baguette de son ancien ami et hausse imperceptiblement des épaules. Si il ne fait rien de bête, Neville ne l’attaquera pas et encore une fois Terry n’est pas stupide et ne compte pas s’en prendre au brun alors le résistant peut bien le menacer, il n’a pas plus peur que ça.
C’est bizarre de voir à nouveau Neville. Ca le ramène des années en arrière, à ce moment où il les a tous laissés tomber dans ce moment décisif qui est sûrement son plus grand regret dans la vie. Ou plutôt son regret n’est pas de ne pas avoir pris le portoloin avec eux, mais plutôt d’avoir convaincu Padma de rester avec lui à Poudlard. L’Ordre n’est pas fait pour lui de toutes manières, il ne mérite pas d’y être car il n’est pas fiable. Terry le sait bien et il s’est donc facilement fait une raison. Pourtant il aurait aimé être de ces héros, comme Neville, qui bravent le danger pour le bien commun. De ces héros de roman dont il aime suivre les aventures page après page. Mais ce n’est pas lui. Lui il reste passif et il regarde le monde avancer, en bien ou en mal, s’imaginant toujours mille et une possibilités dont il ne fera jamais rien. Non, rejoindre l’Ordre n’était pas fait pour lui. Pour Padma c’est différent. C’est de sa faute si elle n’a pas suivi leurs amis ce jour-là et elle a dû en payer le prix fort. Il l’a vu perdre cette lumière, cet espoir et ce sourire à cause du régime des Carrow. Entre leurs mains elle s’est fanée prématurément. Oui, elle avait payé le prix fort et ça n’aurait jamais dû lui arriver. Pas à elle. C’est ça le plus gros regret de sa vie. Il l’avait amenée à sa perte alors qu’elle était la seule qu’il aurait voulu protéger du moindre mal. Ce ne serait jamais arrivé si ce jour-là, elle avait suivi Neville et les autres. Le voir lui rappelle tout cela et, a priori, il n’est pas le seul à être ramené à cette époque là.
« Look... I'm sorry. I'm sorry we didn't come back for you and Padma. I'm sorry I... I couldn't convince you to come with us. »
Pour Terry sa culpabilité est actée, validée et vérifiée depuis bien longtemps. Il n’a jamais pensé qu’un autre que lui puisse s’en vouloir pour la décision qu’il a prise ainsi que l’influence qu’il a eu sur sa meilleure amie. La mauvaise conscience de Neville l’étonne et lui fait légèrement froncer les sourcils de mécontentement. Neville a toujours été un gars bien et attachant, ce genre d’ami sur lequel on peut compter. Ils se sont toujours bien entendu même si ils ne se côtoyaient pas beaucoup. C’est pour cela que Terry n’aime pas le fait que l’ancien gryffondor se jette la pierre. Pourquoi culpabiliser pour une erreur dont il n’est pas responsable ? « Don’t be sorry Neville. » Terry le regarde droit dans les yeux, et il ne cligne pas une seule fois alors qu’il poursuit. « It was my decision not yours. You didn’t owe us anything. » Et c’est vrai. L’amitié a ses limites, Anthony, Michael et Sylas les avaient bien définies, pourquoi pas Neville ? Non, ce dernier ne leur devait rien à l’époque et encore moins maintenant.
Il aurait pu s’en douter, que Neville soit curieux, ou simplement concerné, par le sort qui leur a été réservé, à Padma et lui, à Poudlard . Pourtant cette question, il ne la voit pas venir, peut être parce qu’il ne veut pas y répondre :« What happened? What happened after we took the portkey? » Terry regarde Neville sans trop savoir comment réagir. Il n’a pas envie de parler de ça, pas envie de parler d’elle, de faire ressurgir à la surface les mauvais souvenirs. Ses cris, ses pleurs, l’amertume dans ses yeux. A quoi ca servirait de raconter tout ça à Neville ? Pourquoi veut il même le savoir ? Ca ne changerait rien à part serrer le coeur de Terry et alourdir celui de Neville. Et pourtant il a l’impression de lui devoir cette réponse. C’est la seule raison pour laquelle, après quelques instants en suspend, il ne pas l’envoie pas bouler. Le grand brun soupire, détourne les yeux et porte sa cigarette à ses lèvres pour en inspirer les effluves, gagner encore un peu de temps, avant de se lancer. « Padma had a rough patch back there. » Sa gorge se serre alors qu’il résume les épreuves qu’a du subir son ancienne meilleure amie par sa faute. « She was tortured by Alecto Carrow. Repeatedly. » Alors qu’il dit ça, le poids de sa culpabilité est presque visible sur ses épaules. Il s’en veut, il s’en voudra toujours, mais parler des conséquences de son égoïsme n’est pas facile pour Terry. Tout cela a eu beau se passer des années auparavant, ces souvenirs sont encore bien vivaces pour lui. Il en a assez dit, ce n’était pas grand-chose mais il n’y a rien d’autre à ajouter si ce n’est : « Me, I had it easy. ». Sur ce, il jette sa clope et l’écrase du bout de sa chaussure. Terry enfonce ses mains dans les poches de son jean, acceptant de nouveau de regarder Neville plutôt que le sol. Il esquisse un sourire triste alors qu’il donne le dénouement de toute cette histoire. « I don’t know what she’s been doing since Hogwarts. She hates me and she’s right to. » Quoi dire de plus ? La vie c’est une histoire de karma, quand on fait des mauvais choix, ils nous reviennent à la gueule. Ainsi soit il.
Terry ne veut plus parler de ça, il préfère détourner le sujet et prendre des nouvelles de ses anciens camarades. Ca fait depuis plus de deux ans qu’il n’a eu aucun contact – cordial en tous cas - avec des membres de l’Ordre. Avant il arrivait toujours à grappiller des petites nouvelles par ci par là mais depuis qu’il était à la VB, il avait coupé tous les ponts avec l’Ordre. C’était mieux pour tout le monde… Ou peut être juste pour lui. Mais quoiqu’il en soit, Neville lui offre une chance de savoir, alors il demande : « How are you doing ? And the others ? » Terry a autant peur de sa réponse qu’il en est curieux. Après tout il pourrait lui donner des mauvaises nouvelles, normal quand on sait ce qu’ils font au jour le jour. Se battre contre des mangemorts, tenter de sauver des pauvres innocents, tant de saintes et si dangereuses aventures. Mais on ne sait pas, il pourrait peut être apprendre que Neville est enfin avec Luna ou ce genre de chose. Ca, ca serait plus sympa déjà.
Faire remonter tous ces souvenirs, ça n'est pas spécialement agréable. Neville aimait bien le confort auquel il s'est accoutumé depuis qu'il a enfoui ses remords et sa culpabilité bien au fond de lui. Depuis qu'il tente, tant bien que mal, d'oublier le dernier regard qu'il a jeté à Terry et Padma en comprenant qu'ils ne les suivraient pas. Il y avait de la déception, dans ce regard, et surtout beaucoup d'incompréhension. Puis quand il a atterrit dans la planque de l'Ordre, et qu'il a eu le temps de se poser, de réfléchir à tout ça. De comprendre les conséquences de cet abandon... Neville a fini par craquer. Il a pleuré pendant un moment, probablement pas juste pour ça, parce qu'il y avait toute la pression qu'il subissait au quotidien en étant à la tête de l'AD qui se levait tout d'un coup. Mais c'était son job, de les sortir de là. Son job de les former pour qu'ils puissent tous se battre à l'unisson contre Voldemort et ses disciples. Et quelque part, sur le chemin, il a échoué. Il n'est pas parvenu à les rallier complètement à la résistance, il n'a pas vu les signes, probablement évidents. Il n'a pas su les mener. Probablement qu'Harry y serrait parvenu, lui. Mais Neville n'était pas Harry, pas plus qu'il ne l'est aujourd'hui. Il n'est pas un symbole. Il n'a pas son charme, sa fougue ni son courage. Mais lui, il est encore là. Il a fallu que Luna le serre fort dans ses bras pour qu'il se reprenne. Qu'ils discutent un long moment pour qu'il finisse par entendre que ce n'était pas sa faute, qu'il avait fait de son mieux. Que Terry et Padma avaient fait leur choix, et qu'il ne pouvait rien y faire. Tout de même, ce choix laissait un goût amer derrière lui.
Alors quand il entend les mots du Boot, il a l'impression de les avoir déjà entendus mille fois dans son sommeil ou alors qu'il ressassait éternellement les mêmes discours. « Don’t be sorry Neville. It was my decision not yours. You didn’t owe us anything. » Mais Terry le regarde droit dans les yeux, il ne cille pas. Il pèse ses mots. Neville sent sa gorge se nouer en même temps qu'un poids de dix tonnes est levé de son estomac. Terry le libère de sa culpabilité, pour la porter lui-même. Il a cette tristesse dans le regard, cette aigreur dans la voix. Neville a bien envie d'insister, de dire que Padma et lui étaient sous sa responsabilité. Mais quand il regarde Terry, il se dit que ce serait égoïste de lui demander à nouveau son pardon. Parce que quand il le voit, il sent que c'est Terry qui en a le plus besoin. Alors il demeure silencieux.
Neville ne regrette pas d'avoir posé la question. Il déteste ce qu'il entend, il déteste le regard fuyant de Terry, ployant sous sa propre culpabilité. Mais il doit l'entendre. Neville doit comprendre ce qui s'est passé pour porter lui aussi le destin de Padma et Terry sur ses épaules. Parce qu'il leur doit bien ça, peu importe ce que Terry raconte. « Padma had a rough patch back there. » Presque instantanément, Neville sent ses entrailles se nouer d'appréhension. Il revoit le visage de Padma. Il repense à Parvati et la peine qu'elle a ressenti en perdant sa sœur ce jour-là. « She was tortured by Alecto Carrow. Repeatedly. » Tout le corps de Neville se tend, de son poing à sa mâchoire. Il encaisse la nouvelle sans broncher, une lueur de détermination naissant dans son regard. Il déteste les Carrow. Il déteste Alecto. Un jour, elle mourra, il le sait. En attendant, Neville ne pointe même plus sa baguette vers Terry, trop absorbé par ce qu'il a à dire. Trop anxieux d'écouter le reste. « Me, I had it easy. » La culpabilité du Boot est si flagrante alors qu'il jette sa cigarette par terre, que Neville la ressent par procuration. Oui, il a été égoïste d'espérer le pardon de Terry quand celui-ci est visiblement incapable de se pardonner lui-même. Neville ignore pourquoi il a autant de compassion pour lui, alors qu'il avait tendance à décharger sa frustration et sa propre culpabilité sur lui, quand il s'imaginait pouvoir discuter à nouveau avec les deux Serdaigles. Parce qu'au fond, c'est bien lui qui a convaincu Padma de rester. Bien lui qui était trop lâche pour rejoindre l'Ordre. Mais Neville est incapable de lui en vouloir, maintenant qu'il le voit. Terry s'en veut déjà suffisamment tout seul. Et Neville a toujours eu tendance à voir le bon dans les gens, à voir le potentiel. Il s'est suffisamment détesté pendant des années pour sa propre incompétence, pour supporter de voir quelqu'un d'autre faire de même. « I don’t know what she’s been doing since Hogwarts. She hates me and she’s right to. » Neville n'en sait rien. Il ne sait pas si Terry à raison, si Padma le déteste. Probablement serait-elle dans son bon droit, c'est vrai. Mais Terry doit arrêter de s'en vouloir autant. Et peut-être qu'une partie de Neville espère, vainement sans doute, qu'en faisant preuve de compassion, qu'en montrant que l'Ordre est capable de lui pardonner, Terry envisagerait de les rejoindre. L'ancien Gryffondor sait que c'est une cause perdue, parce que Terry ne serait pas capable de se pardonner lui-même. Malgré tout, il essaie. « You had it easy? You had it easy being bitten too, I guess? » Il le défie du regard, espérant le faire réagir. Non, Terry ne semble vraiment avoir eu la vie facile depuis l'histoire du portoloin. Peut-être n'a-t-il pas été torturé par Carrow. Mais il vit avec une culpabilité qu'aucun homme ne devrait avoir à supporter. Il s'est fait mordre. Il a rejoint cette putain de brigade. « You had it easy, being a guard dog for the VB? I'm sure you're enjoying it a lot... » L'air un peu plus doux, Neville ajoute : « It doesn't have to be like this, Terry. You could still come with us... » Il laisse ses mots flotter quelques instants.
Le ton est peut-être un peu plus léger quand Terry prend des nouvelles de Neville et des autres. « How are you doing ? And the others ? » Neville a un petit sourire. Il fait un signe vers l'herbe. « I guess we could sit? I doubt anyone else is gonna get here. It would be a crazy coincidence indeed. » Alors Neville s’assoit. Il est fatigué par tout ça. Fatigué de continuer à se battre tous les jours pour ne jamais rien rapporter. Fatigué de la chasse aux horcruxes. Fatigué d'être fatigué, si c'est même possible. Il aimerait que les choses soient plus simples. Il aimerait pouvoir prendre des nouvelles de son vieux camarade sans avoir peur des nouvelles qu'il lui donnera, sans avoir peur d'être retrouvé par son handler. Oui, il aimerait que les choses soient plus simples. « I'm fine. Tired, but fine. We all are I guess. » C'est le prix à payer de la guerre, entre autres choses. « I don't get to see many people, you know. » Là, Neville a peur d'en dire trop. Parce que même s'il éprouve de la compassion pour Terry, il reste un hound. Il reste de l'autre côté de l'histoire. « I saw Anthony and Michael the other day. » Neville se doute que ce sont les personnes qui intéressent le plus le Boot. « They seemed fine. They were even laughing. » Et Terry aurait pu rire avec eux, s'il était venu.
Terry n’a pas envie de se prendre la tête avec Neville. C’est sûrement quelque chose d’utopique que de croire qu’ils arriveront à passer outre les chemins très différents qu’ils ont pris, ceux qui les ont amenés, au fur et à mesure des années, à se tourner le dos. Il aurait préféré ignorer ce qui les oppose, ce qui les rend radicalement différent des étudiants qu’ils ont pu être. Neville, lui, n’a pas peur de se frotter à la réalité. Il n’a pas peur de confronter Terry et c’est ce qu’il fait. « You had it easy? You had it easy being bitten too, I guess? » L’ancien serdaigle serre les dents. Neville a raison, bien entendu, la vie de Terry n’a rien de facile depuis bien longtemps bien qu’il essaie de le minimiser mais lui renvoyer ça à la gueule, ce n’est pas quelque chose que le loup garou apprécie. Normal, non ? « You had it easy, being a guard dog for the VB? I'm sure you're enjoying it a lot... » Terry n’est pas comme Neville. Il n’est pas aussi déterminé, pas aussi passioné et il ne croit pas en la justice de ce monde. Il en faudrait plus pour qu’il sorte de la torpeur quasi opaque de sa vie. C’est vrai qu’il paraît terne, amorphe peut être, et même si Neville cherche à le faire réagir en disant cela, tout ce qu’il gagne c’est un sourire pince sans rire et une réponse prononcer avec un voile d’humour noir. « Well… I guess the last two years weren’t a piece of cake. » Neville a beau avoir des envies de provocation, il est clair que Terry n’y répondra pas. Il a appris depuis longtemps qu’être en colère de cette situation, s’en lamenter, ne l’aiderait pas. Oui il est un loup garou. Oui il est un Hound au sein de la VB. Mais il ne peut rien y faire alors sa colère, il la garde enfermée dans un coin de sa tête. « It doesn't have to be like this, Terry. You could still come with us... » Bien entendu, il fallait qu’il dise ça, qu’il lui fasse miroiter une lueur d’espoir. Une lueur illusoire. Tant que Terry aurait se glyphe marqué sur la nuque, il ne rejoindra pas l’Ordre. Et même si c’était le cas, comment serait il accueilli là bas ? Un loup garou, qui les a lachés des années auparavant et qui a traqué amis et leurs alliés pour les mener à une mort quasi certaine. Jamais ils ne lui feront confiance et il peut les comprendre. « Don’t be stupid Neville. » Il ferme la porte à cette éventualité tout simplement invraisemblable. Il ne veut pas espérer l’impossible. Il n’arriverait plus à affronter la réalité autrement.
Terry préfère changer de sujet et prendre des nouvelles de ses anciens camarades plutôt que de parler de ça. « I guess we could sit? I doubt anyone else is gonna get here. It would be a crazy coincidence indeed. » C’est vrai qu’ils n’ont pas bougé depuis l’arrivée un brin menaçante de l’ancien gryffondor. Ce dernier a baissé sa baguette et l’ambiance est nettement moins tendue. Alors oui, pourquoi pas se mettre un peu plus à l’aise, ce n’est pas comme si il y avait foule dans cet endroit. « Yeah, I guess. » Terry s’asseoit à côté de Neville, écoutant en silence la réponse à sa question. « I'm fine. Tired, but fine. We all are I guess. » Terry le regarde du coin de l’œil. C’est vrai qu’il a une sale gueule quand on le regarde mieux mais en même temps, à quoi aurait on pu s’attendre d’autre concernant un gars qui se bat inlassablement depuis des années ? « Doesn’t seem easy being a resistant either. » C’est peu dire. Ne pas pouvoir sortir, vivre dans la peur de se faire attraper, risquer sa vie dans des missions impossibles qui font avancer leur cause millimètre par millimètre. La situation de Neville n’est pas bien plus enviable que la sienne. Son ancien ami a juste sa conscience pour lui mais pour le reste, on ne peut pas dire qu’il soit bien loti. « I don't get to see many people, you know. » Terry ne sait pas comment la résistance marche, si ils ont une stratégie contre Voldemort ou quoique ce soit. Il est aussi assez malin pour savoir que Neville ne lui en dira pas plus, parce que ça paraît aller de soit de ne rien révéler à l’ennemi. Terry ne veut pas tout connaître de toutes manières, il veut juste savoir si ils sont toujours en vie, si ils vont bien. Ils, les anciens membres de l’AD s’entend, mais Neville lui offre un peu plus que cela. « I saw Anthony and Michael the other day. They seemed fine. They were even laughing. » Terry regarde Neville et un petit sourire sincère se peint sur son visage. Il les imagine bien faire parce qu’il les a vu éclater de rire un nombre de fois incalculable. Bizarrement, l’ancien serdaigle n’est pas triste d’entendre ça, au contraire, ça veut dire que tout n’a pas été anéanti ce jour là et que, quelque part, il reste un peu de l’amitié qu’il a connu et adoré. Alors oui, Terry ne peut être qu’heureux d’entendre Neville lui décrire ses anciens amis comme ça. « It’s good to know. » Oui, il aurait pu rire avec eux si il avait fait les choses autrement. Avec des si, on pourrait refaire le monde.
Terry remarque un peu de terre sur les vêtements de Neville ce qui le fait sourire derechef. Il y a des choses qui ne changent pas, des constantes de la vie, comme la passion de Neville pour les plantes. « Still a botanic fan huh ? » Il se souviendra toujours de la fois où le gryffondor s’est évanoui en cours de botanique à cause des mandragores. Terry n’est pas très fier mais il avoue avoir trouver ca drôle tout de même. Ce Neville là avait l’avenir devant lui. Qu’est ce qu’il lui reste maintenant à part de nouvelles années de fatigue ? Terry ne saurait le dire et il se demande si Neville y pense lui-même parfois. C’est spontanément et sans trop y réfléchir qu’il met cette pensée en question. « Don’t you regret joining the Order sometimes ? You could have had a semblance of normal life. Like being a botanist or I don’t know. » Neville aurait pu faire comme lui et choisir d’être un peu égoïste. Alors quoi ? C’est con comme question, c’est aussi peut être un peu vache de la part de Terry de demander ça alors qu’aucun retour en arrière n’est possible pour Neville. Il s’en veut un peu lorsqu’il se rend compte de ce dernier point. Il aurait dû y réfléchir avant. Il n’aime pas cette sensation de marcher sur des œufs avec le gryffondor mais c’est bien le cas pourtant, ils en sont là maintenant.
Si l'espoir de convaincre Terry de rejoindre l'Ordre était déjà mince, le voilà complètement réduit à néant. « Don’t be stupid Neville. » Mais Neville ne baisse pas complètement les bras. De la même manière que Terry n'était pas prêt à rejoindre la résistance lors de leur dernière année à Poudlard, il n'est toujours pas prêt aujourd'hui. Neville comprend très bien pourquoi Terry refuse si catégoriquement l'idée qu'une autre issue existe pour lui. D'une part, il imagine que le Boot se sentirait d'autant plus coupable envers Padma, s'il finissait par rejoindre l'Ordre, alors que c'est lui qui l'a convaincue de rester en arrière. Et puis, surtout, rejoindre l'Ordre alors qu'on est hound, c'est presque une mission impossible. Un exercice périlleux qui mettrait beaucoup de gens en danger. Sans doute ne veut-il pas causer encore plus de souffrance. Et puis, aussi, sans doute qu'il ne veut pas nourrir un espoir vain. Neville hoche la tête, en signe d'acceptation. « If you ever change your mind, we'll be there. » Peut-être que certains lui en voudront toujours. Mais Neville sait que son pardon est garanti. Dans cette guerre, tout le monde doit faire des choix. Terry a fait le mauvais. Comment pouvait-il savoir ?
Les deux hommes s'installent dans l'herbe. Neville glisse ses mains dans la verdure, la sent glisser entre ses doigts. C'est frais, c'est agréable. Il se sent dans son élément, là, en pleine nature. Il sent aussi le soleil caresser son visage. Il se dit que ça ne lui fera pas de mal, un peu de couleurs. A force de rester cloîtré à St-James, il a un teint plus vampirique que cette horrible Sanglante. La chaleur réconfortante lui ferait presque oublier la singularité de la situation. Presque. « Doesn’t seem easy being a resistant either. » Neville garde les yeux fermés quelques instants. Non, ce n'est pas facile d'être un résistant. Il faut vivre dans la peur, il faut voir ses amis mourir les uns après les autres. Il faut se battre, tous les jours. Mais parmi les résistants, Neville fait partie des mieux lotis. Il a un toit sur la tête, d'innombrables sortilèges de protection entre lui et le reste du monde. Il mange à sa faim, peut se laver à l'eau chaude. Il jouit d'un confort parfaitement injuste envers le reste de l'Ordre, qui s'entasse dans des camps, en proie au froid et aux dangers. Il n'empêche, c'est épuisant. C'est épuisant de continuer à se battre et de garder espoir. Il ne compte plus ses insomnies, passées à fantasmer sur la traque des horcruxes. Il les voit partout, mais ils ne sont nulle part. Neville a un petit sourire. « But it's worth it. » Parce qu'il vont gagner. Neville le sait. Du moins il doit y croire.
Neville est content de voir le visage du Boot s'illuminer un peu à la mention de ses anciens camarades de dortoir. Neville se dit que même s'il n'est pas parvenu à le convaincre de rejoindre l'Ordre, il a au moins pu lui donner quelques nouvelles de ses amis. C'est quelque chose d'assez exceptionnel, en fin de compte, de pouvoir s'assurer que les gens qu'on aime vont bien, même s'ils sont de l'autre côté de l'histoire. « Still a botanic fan huh ? » Neville baisse les yeux vers son t-shirt taché par la terre qu'il a manipulée un peu plus tôt. Il laisse échapper un rire. Il n'est toujours pas très adroit apparemment. « I'll be as long as puffapods keep making troll sneeze... » C'est bien une référence de nerd ça. Pas sûr que Terry comprenne. Mais qu'importe, ça amuse Neville. « Don’t you regret joining the Order sometimes ? You could have had a semblance of normal life. Like being a botanist or I don’t know. » Neville se tourne vers l'ancien Serdaigle. Il a cette lueur dans le regard, cette flamme que rien ne semble pouvoir éteindre. La flamme de la résistance. « Not once. » Il marque une pause, cherche ses mots. « There is no... "normal life", not as long as there is injustice. » Son ton est doux, loin d'être hostile - il sait que Terry ne pense pas à mal, qu'il est simplement curieux - mais il reste ferme et irréfragable. « I can't live my life as if everything was normal, and be a part of a system that kills people for the "quality" of their blood. It makes no sense. I... I just can't. » Neville craint que Terry se sente d'autant plus coupable après sa réponse. Mais Neville ne peut même pas imaginer une vie telle que Terry l'a décrite. « One of my closest friends is a muggle-born. I have to fight for her, and all these innocent lives lost or tortured. » Il doit se battre pour les gens comme Terry, asservis pour leur particularité. Comme s'ils n'en bavaient pas suffisamment.
Neville se radoucit légèrement. « Of course, I would love to travel the world and discover as many plants as I can. That would be the dream. » Il a un petit sourire amusé. Ça ne coûte rien de rêver. « And you? What would you do if this was all over? If you didn't owe anything to anyone anymore? »
Il ne peut qu’imaginer ce qu’est la vie d’un membre de l’Ordre. Passer des années à se cacher, à avoir froid, à avoir faim, à survivre, à lutter, à tenter désespérément de démanteler le pouvoir en place, pièce par pièce, si lentement qu’on ne croirait jamais en voir le bout. Il n’aurait pas supporté ce destin aussi long terme. Il le sait, il aurait fait un piètre résistant et aurait sûrement craqué depuis bien longtemps à la place de Neville. Il comprend en entendant la réponse de ce dernier ce qui lui a toujours manqué pour passer le cap, pour se lier à cette destinée qui aurait pu aussi être la sienne : « But it's worth it. » La conviction de son ancien ami le déstabilise un peu. C’est aussi simple que ça. Aussi facile et inconditionnel. Il suffit de garder à l’esprit que ça en vaut la peine et c’est vrai, ca en vaut cruellement la fatigue, le froid, la peur. Tant de sacrifices pour la liberté, la tolérance et la paix, oui, ca en vaut la peine. Terry baisse le regard et se sent presque mal à l’aise. Parler à nouveau à Neville lui fait terriblement plaisir mais le renvoie à ses pires défauts. L’égoïste face à l’altruiste. Le lâche face au courageux. Il ne veut plus parler de ça, il veut que tout soit comme avant, comme à Poudlard, quand ils pouvaient encore parler d’égal à égal.
Il change de sujet. Notant la terre sur les habits de l’ancien gryffondor, Terry se plonge das cette brèche et la conversation devient plus légère lorsqu’il demande à Neville si il est encore fan de botanique. Le résistant laisse échapper un soupçon de rire et fait une blague bien à lui. « I'll be as long as puffapods keep making troll sneeze... » Terry n’y comprend rien, lui a toujours été une brêle en botanique, mais il sourit tout de même, visiblement amusé aussi. « I guess it means yes. » Ca a un petit rien de rassurant de voir que certaines choses ne changent pas comme la passion de Neville pour la botanique. Par quelques rares aspects ils sont toujours les mêmes. Terry restera un dévoreur de livre par exemple, ça le définira à n’en pas douter jusqu’à sa mort. Tout ça le rend songeur. Neville aurait pu devenir tellement plus. Un botaniste, un professeur, un chercheur, et tellement d’autres choses aussi. Terry ne peut pas s’en empêcher, il demande au résistant si il ne regrette pas cette vie qu’il aurait pu avoir. Il lâche cette question sans y penser vraiment, et une fois qu’il y réfléchit, Terry se demande si il aurait dû. It’s worth it. Ca va lui revenir en pleine tronche c’est sur et ça ne manque pas.
« Not once. » L’ancien rouge et or déclare sans aucune hésitation, sûr de lui, plein de cette conviction qui le guide. « There is no... "normal life", not as long as there is injustice. » Terry le regarde en coin, n’osant pas le fixer directement. Il sent sa conscience s’alourdir au fur et à mesure que Neville parle. Lui qui a eu cette vie normale en pleine injustice, qui a choisit de ne pas se battre pour y remédier, qui est maintenant du côté de l’ennemi, c’est difficile de rester là, à entendre tout cela sans sourciller de culpabilité. « I can't live my life as if everything was normal, and be a part of a system that kills people for the "quality" of their blood. It makes no sense. I... I just can't. » Lui l’avait pu et ca avait été d’une facilité déconcertante. Certes il avait renseigné l’Ordre pendant des années, ça n’avait rien de facile, mais à côté de ça il avait son appartement, ses bibliothèques remplies de livres, un lit bien moelleux, des amis avec qui sortir, sa famille. Il n’avait renoncé à rien à proprement parler et il n’avait pas servi à grand-chose non plus, il fallait le reconnaître. « One of my closest friends is a muggle-born. I have to fight for her, and all these innocent lives lost or tortured. » Terry sait que Neville parle d’Hermione, enfin il croit le savoir en tous cas. Lui-même ne peut s’empêcher de penser à Sylas à ces dires et ça suffit pour lui faire détourner le regard vers l’horizon. L’ancien serdaigle pense souvent à lui, à eux tous d’ailleurs et à elle tout particulièrement. Il sait ce que veut dire Neville ici, il voit tous les jours comment sont maintenant traités les nés moldus et il ne le souhaite à personne.
Peut être que l’homme a ses côtés a remarqué le léger inconfort de Terry parce qu’il repart sur un sujet plus léger, moins ancré dans la réalité aussi. Et dieu sait que le loup garou a toujours préféré l’imaginaire au reste. « Of course, I would love to travel the world and discover as many plants as I can. That would be the dream. » Terry affiche un léger sourire, s’imaginant Neville en pleine forêt primaire à inspecter toutes les plantes aux alentours. « That would suit you completly. » Il semble réfléchir à quelque chose avant de lâcher en riant légèrement : « The amazing stories of Neville Longbottom the adventurer. It would be a best seller for sure. » En tous cas Terry aurait carrément acheté un bouquin de ce genre.
« And you? What would you do if this was all over? If you didn't owe anything to anyone anymore? » L’ancien serdaigle aurait pu s’attendre à cette question mais à vrai dire, il ne l’a pas vue venir. Ca lui fait l’effet d’un kick psychologique en plein dans sa gueule. Son sourire qui était amusé quelques instants auparavant perd de sa couleur et se fane en une pâle copie sans saveur. « Well... » Il ne sait pas comment tourner ça et cherche ses mots sans trop les trouver. « I think there’s no going back to normal for me. » Son regard se perd à nouveau au loin alors qu’il ajoute à mi-voix. « There’s no going back to anything. » Le fait est qu’il est maintenant un loup garou et il ne se fait aucune illusion sur cette nouvelle vie. Même si Voldemort tombait, même si tout redevenait comme avant, il n’aurait ni emploi et ne serait jamais accepté par la société sorcière. Il garderait toujours ce foutu tatouage sur sa joue. Les gens continueraient de s’éloigner sur son passage, de murmurer sur son chemin, de l’insulter. Sans pitié, remplis de haine. C’est son quotidien maintenant avec ou sans Voldemort dans le coin. Alors il ne veut même pas imaginer ce qu’il pourrait devenir. Il se tourne vers Neville et esquisse un vague sourire, de quoi lui faire comprendre que ce n’est pas grave, c’est comme ça tout simplement.
Le loup garou baisse son regard et voit la baguette de Neville encore présente dans sa main. Ca le laisse songeur. Ce moment a un goût de doux amer. Ils ne sont plus amis, ils sont mêmes tout le contraire. Des ennemis, voilà ce qu’ils sont. Par sa faute, c’est vrai. Il ne mérite pas cet instant, il ne mérite pas la parenthèse nostalgique que lui offre le résistant. Il dit alors tout haut ce qu’il pense tout bas depuis le moment où il a senti le bout de cette baguette contre son crâne. « You know, if I were you, I would at least consider it. » Il lève son regard et fixe Neville droit dans les yeux, sans sourciller. « Getting rid of me. Right here, right now. » Et comme pour mieux s’expliquer, il ajoute simplement haussant presque des épaules devant la réalité de ce fait :« I’m a hound after all. » Ils le savent tous les deux, en se débarrassant de lui, Neville sauverait bon nombre de ses camarades. Ils font comme si ce fait n’existait pas depuis ce moment où l’ancien gryffondor a décidé de baisser sa baguette, mais c’est un fait que Terry n’oublie jamais complètement. Il est du mauvais côté de l’histoire et quoi de plus normal pour l’altruiste de tuer l’égoïste ?
Il y a quelque chose d'incroyablement relaxant dans le fait de discuter avec Terry. C'est comme une potion contre le mal de gorge. Pour quelques instants au moins, ça calme la douleur. Les pensées souvent agitées du Longbottom, hantées par la peur, tenace, dévorante de perdre tous ceux qu'il aime, et la rage, parfois, la rage de vaincre, de gagner, et de venger tous ceux qu'on lui a arrachés... Tout ça s'évapore tandis qu'il refait le monde avec son vieil ami. Imaginer la vie telle qu'elle serait sans tout ça, sans la guerre et la souffrance omniprésente, lui permet de se projeter sur un avenir heureux, sur ce qu'il pourrait être une fois le combat gagné. Ça lui permet de se rendre compte qu'il n'est pas seulement défini par l'Ordre, par ce que cette guerre a fait de lui. Qu'il est toujours Neville, au fond de lui, toujours amoureux des plantes et de la nature, toujours maladroit, toujours le premier à se mettre dans de beaux draps. Ce n'est pas toujours évident de s'en rappeler. C'est si facile de s'oublier à ses devoirs. De se laisser consumer par les missions, par ce qu'on attend de lui. Parce qu'il y a aussi cette peur, latente, de ne plus avoir la force de se battre, s'il songeait trop longtemps à ce qu'il pourrait avoir, en contrepartie. C'est beaucoup plus simple de se cacher derrière une carapace d'idéaux, de ne plus penser qu'à sa mission, car s'il ne le faisait pas, il s'effondrerait.
Neville sent la culpabilité émaner une nouvelle fois du Boot. Il voit son regard éviter le sien, s'attarder sur l'horizon. Et il ne peut pas s'empêcher d'éprouver un peu de peine pour le garçon. Peut-être qu'il a fait le choix de la facilité, mais Neville doute réellement que son quotidien soit si aisé. Il doit vivre avec les regrets, les remords, la honte. Quelque part, Neville se demande si ce n'est pas plus dur. Mais bien que Neville aimerait pouvoir l'épargner, il ne peut pas non plus mentir. Il ne peut pas prétendre ne pas être poussé par ses principes. Car c'est tout ce qu'il a, tout ce qui le pousse à avancer.
Alors la discussion se fait plus légère. Neville préfère partager ce qu'il ferait, s'il était libre. « That would suit you completly. » Neville sourit. Il le pense aussi. S'imaginer parcourir le monde à la recherche de plantes magiques le fait fantasmer depuis que Maugrey - well, Barty Croupton Jr. - lui a mis un livre de botanique entre les mains. C'est là qu'il va, dans sa tête, le soir avant de s'endormir. C'est là qu'il s'imagine, loin de tout, des conflits, des obligations. Il ne pense à rien d'autre qu'à la nature et lui, et à quel point ce serait merveilleux. « The amazing stories of Neville Longbottom the adventurer. It would be a best seller for sure. » Neville laisse échapper un rire. Il doute qu'un tel ouvrage intéresse qui que ce soit, but then again, il a toujours eu tendance à douter de lui. C'est sûr que ça lui ferait plaisir, cela dit, de se retrouver sur une étagère au même titre que les ouvrages de Newt Scamander. « I'll start the book telling how to put on your earmuffs while working with mandrakes if you don't want to faint. » Un petit sourire nostalgique se peint sur son visage, tandis qu'il repense à ses premiers déboires en la matière. Le Professeur Chourave ne devait pas se douter, à l'époque, du potentiel qu'avait en réalité Neville.
Tout naturellement, Neville retourne la question à son camarade... Mais voit bien vite l'ancien Serdaigle s'éteindre. Neville comprend que Terry n'a sans doute pas envie de penser à tout ça, à tout ce que ni lui ni le Longbottom n'auront un jour. Car Neville n'est pas dupe. Il a beau espérer qu'un jour la guerre cesse et qu'il partira vivre de ses aventures, il sait qu'il est bien plus probable qu'il meurt sur le champ de bataille, ou tombé dans un piège tendu pour protéger un horcruxe. Et quand bien même survivrait-il, que restera-t-il de lui, après tout ça ? « Well... I think there’s no going back to normal for me. » Neville fronce légèrement les sourcils, attendant que Terry développe. « There’s no going back to anything. » Sounds a little dramatic... Neville l'observe pendant quelques instants, attendant qu'il ajoute quelque chose... Mais Terry garde le silence. « Don't say that. » Encore une fois, Neville doute de pouvoir faire changer d'avis son ami, mais autant essayer. « I know... I know things are never gonna be the same. Not for you. Not for me. Not for anyone. » Leur innocence, ils l'ont à jamais laissée sur les bancs de Poudlard. « And I get that things are particularly hard for you. » Il n'ose pas parler directement de la morsure, mais le sous-entendu est là. « But no matter what happens, you still got friends. » Et puisqu'il sait que Terry ne sera pas du tout convaincu par ses propos, il ajoute : « Maybe they're mad at you right now. I don't know. But you're still they're friend. You can earn their trust back. » Si tant est que Terry se sente légitime, avec toute la culpabilité du monde qu'il porte sur ses épaules, mais ça, c'est une autre histoire. « And look... Remus is also a werewolf. And everybody loves him, accepts him. Why should it be any different with you? » Évidemment, Neville ne parle pas de la société sorcière dans sa globalité, qui a encore pas mal de chemin à faire en termes d'ouverture d'esprit. Mais le jeune anglais ne doute pas une seconde que Terry puisse se refaire une place au sein de l'Ordre, trouver sa famille, s'entourer de gens qui l'aiment comme il est. Au fond de lui, Neville pense cependant aux tensions grandissantes au sein-même de l'Ordre, en particulier sur la question des hybrides. Il va de soi que les choses sont plus compliquées qu'il ne les énonce, mais Neville se veut optimiste.
« You know, if I were you, I would at least consider it. » Terry lui lance un regard droit, il ne sourcille pas. Neville ne comprend pas immédiatement de quoi il parle. « Getting rid of me. Right here, right now. » Le Longbottom baisse les yeux vers sa baguette, qu'il tient toujours fermement. Puis il regarde à nouveau le sorcier. Il mentirait s'il disait qu'il n'y avait jamais pensé depuis leur rencontre impromptue... Mais l'idée s'est évaporée aussi vite qu'elle est apparue. Neville ne ferait jamais ça, pas à un des siens, pas quand il lit la culpabilité sur tous ses traits. Parce que Terry sera toujours un membre de l'AD, à ses yeux, qu'il sera toujours quelqu'un qui compte pour lui, quelqu'un qu'il aurait dû protéger. « I’m a hound after all. » Neville ne mordra pas à cette provocation. « But it doesn't define you. » Le sorcier se détourne, observe l'horizon. Pendant un moment, il ne dit rien. Puis il se retourne enfin vers son camarade, un sourire confiant sur les lèvres. « Besides, I know you won't attack me, or talk about this... I trust you, ajoute-t-il, en le regardant droit dans les yeux. »
Puis, après un court instant, Neville se lève et s'étire, se désengourdit les membres après être resté si longtemps assis. « But I guess I should get going now. » Au fond, une partie de lui espère toujours que Terry vienne avec lui, même s'il sait pertinemment que c'est impossible. « I'm happy I saw you Terry. » Il aimerait tellement pouvoir lui laisser un moyen de le contacter, lui donner un lieu de rendez-vous, un moyen de reprendre contact s'il en avait envie. Mais à ce moment-là, comment savoir si ce n'est pas un piège ? Malgré ce qu'il a pu lui dire, comment lui faire pleinement confiance, au final ? Mais c'est davantage de son handler, dont il a peur, et de ce avec quoi on peut le menacer pour qu'il dise ou fasse ce que le Ministère veut de lui. « Don't forget where your friends are. »
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