PETIT PRÉAMBULE :
Début janvier 2007, l’insigne de préfet de Tom Riddle, qui trônait fièrement dans la vitrine des récompenses à Hogwarts, a disparu. L’information aurait pu passer totalement inaperçue, si un contact de l'Ordre du Phénix à Hogwarts n'avait pas fait remonter cet événement d'apparence bénin au cercle 6. Après dix ans de recherche des horcruxes, ils savent reconnaître les signes : des petits objets, souvent émotionnellement liés au Lord… Oui, cette insigne avait toutes les chances d’être l’un des horcruxes du Lord. Pour les Phénix, il semble évident qu’il a retiré l’insigne de la vitrine pour la garder en lieu sûr, effrayé suite à la destruction de la coupe d’Helga Hufflepuff, début 2006. George, Ginny, Luna, Neville, Hermione et Ron, chaperonnés sur Sirius, ont passé les dernières semaines à suivre la piste de l'insigne, et enfin, ils semblent être sur le bon chemin. Ils ont décidé d'y aller presque au complet : George a bien essayé de les convaincre qu'ils ne seraient pas trop de 7, il a été décidé unanimement par les autres qu'il devait rester derrière, qu'une personne devait continuer les recherches si jamais ils ne revenaient pas.
Il est 5h du matin quand le petit groupe transplane dans un petit village perdu d'Écosse, et qu'ils se rapprochent, à pied, sur leurs gardes, d'un énorme château si perdu dans la nature qu'il semble oublié. Selon leurs informations, c'est ici que pourrait se trouver l'objet qu'ils recherchent.

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C’est étrange, d’être tous là, à remonter le chemin qui mène au château. Ça fait longtemps, très longtemps même qu’ils ne se sont pas retrouvés presque tous ensemble à l’extérieur du Manoir Saint James. Les missions se font en général à deux ou trois, afin d’éviter de se faire remarquer, et surtout, afin de s’assurer que même si des membres du Cercle 6 périssent, il y en ait toujours pour continuer les recherches. Mais cette fois, c’est spécial. Cette fois, ce n’est pas une petite piste, qu’ils suivent. Ils sont sûrs à près de 90% qu’ils sont sur la bonne voie et ils ont donc toutes les raisons de venir en nombre. Peut-être qu’ils auraient dû en laisser plus qu'un derrière eux… C’est du moins ce qu’Hermione aurait préféré, mais elle est consciente qu’ils auront probablement besoin du plus de bras possibles, s’ils font face à un véritable horcruxe. Ils ont appris de leurs erreurs : Hermione et elle n’ont failli ne jamais revenir de la grotte où Dumbledore a perdu la vie. Elle continue de penser qu’ils ont eu de la chance, ce jour-là. Ils ont des ressources, ils faut bien qu’ils mettent toutes les chances de leur côté, même si c’est effrayant, même si elle a peur pour chacun des membres à ses côtés. Elle ne supporterait pas de perdre même une seule personne du cercle 6.

Ils sont en lisière d’un petit bois, encore cachés par les arbres. Hermione se retourne vers les autres et ils échangent tous un signe de tête. La jeune femme sort la cape d’invisibilité et la passe par-dessus sa tête, prenant bien soin de cacher Sirius, sous sa forme d’animagus, qui doit l’accompagner. Grande inspiration. Here we go. Hermione remonte l’allée, le grand chien noir contre sa jambe. Il ne semble pas y avoir de protections, pour l’instant. Étrange. Ils arrivent en haut des marches qui mènent à la porte d’entrée. Tout est silencieux - presque mort, ici. Bien différent des falaises qui renfermaient le faux médaillon. Hermione garde sa baguette brandie, et le tissu de la cape toujours sur ses mains, elle tente une entrée à la moldue dans la maison. La porte cède immédiatement. C’est d’autant plus louche. Ça ne lui fait présager rien de bon pour la suite. "Hominum Revelio." Personne. Sirius lui indique d’un regard qu’il ne sent lui non plus pas de présence. L’entrée est plongée dans le noir, et on peut y voir la poussière voler. Hermione tente le tout pour le tout, et fait glisser la cape d’invisibilité. Elle est à découvert. Aucune réaction de l’environnement. Elle se retourne vers ses camarades, restés en lisière de forêt et leur fait signe de la rejoindre, doucement.

Neville ne parvient pas à réprimer un frisson quand son regard se pose sur la gigantesque demeure en pierre brute qui trône devant eux. Il y a quelque chose d'inquiétant dans l'allure de la bâtisse, une atmosphère épaisse, lourde, non palpable mais suffisamment dense pour faire naître un mal-être chez chacun d'eux. Neville ne peut pas s'empêcher de se demander s'ils ont bien fait de venir tous ici. Et si tout ça n'était qu'un piège ? C'est trop risqué. Neville sent que son cerveau est en train de tourner à mille à l'heure, d'envisager chaque scénario possible. Et comme à chaque fois qu'il overthink, à chaque fois qu'il se sent perdre pied, il lance un regard en direction de Luna, pour se rassurer. Il doit garder son sang-froid. Il en va de sa propre survie, et de celle de tous ses amis. Neville inspire un grand coup en regardant Hermione et Sirius disparaître sous la cape d'invisibilité.

Il ignore combien de temps s'est écoulé depuis qu'ils sont partis. Mais pendant chaque minute, chaque seconde passée dans le silence, à retenir sa respiration, la baguette prête en cas d'attaque, Neville a senti l'ensemble de son corps se raidir, chaque muscle tendu, son esprit alerte, ses yeux fixés sur l'entrée du château. Puis il les voit finalement apparaître, et Hermione leur fait signe de les rejoindre. Neville jette un regard à ses amis avant de marcher prudemment en direction du château. Il observe tout autour de lui. Ils sont seuls. Aucun signe de mangemort ou de détraqueur à l'horizon. Aucune créature, aucun moldu, aucune vie. Et quelque part, c'est encore plus inquiétant. Mais Neville continue d'avancer, jusqu'à rejoindre l'entrée où sont toujours Hermione et Sirius. « No defense?, il murmure. » Même si sa voix est douce et qu'il ne fait que chuchoter, il a l'impression d'entendre ses mots résonner dans l'obscurité qui leur fait face. Instinctivement, ses doigts se resserrent sur sa baguette. Tout ça ne lui dit rien qui vaille. Le silence. L'absence. Le vide. Rien entre eux et l'horcruxe ? Ce n'est pas bon signe.

Malgré la faible lueur provenant de la porte encore ouverte, l'entrée est entièrement plongée dans le noir. Neville inspire un grand coup, fait un pas en avant. « Lumos. » Le bout de sa baguette s'éclaire pour révéler les contours de ce qui les entoure. A leur droite, une immense peinture semblant dater de plus de mille ans. Une grande table y est représentée, sur laquelle se trouvent des livres, des instruments, quelque chose qui ressemble à un strutoscope. Derrière, une chaise vide. L'occupant du tableau semble s'être absenté. En face d'eux se dresse un long escalier en pierre. La moquette qui tapisse les marches est poussiéreuse et arrachée par endroits. De là où ils sont, impossible de distinguer quoi que ce soit au-delà de la sixième marche. Juste à côté de l'escalier se trouve un large couloir qui s'enfonce lui aussi dans l'obscurité. Enfin, à leur gauche, une table en bois brute est collée au mur. Elle est vide, en dehors d'une vieux vase en métal recouvert d'une épaisse couche de poussière. Neville fait un nouveau pas en avant, espérant pouvoir mieux distinguer où mènent l'escalier et le couloir. Mais à peine son pied touche-t-il le sol que la porte d'entrée se ferme derrière eux en un grand bruit.
Ils ne sont plus éclairés que par la lueur de leurs baguettes.

Leurs silhouettes s'enfoncent dans la nuit noire et claire, dans la forêt dense aux ombres menaçantes, et Luna serre sa baguette juste un peu plus fort, juste un peu trop fort - le bois s'enfonce dans la paume de sa main. Le contact la rassure: à défaut de pouvoir tenir la main de l'un de ses amis, sa fidèle alliée lui permet de rester ancrée à la réalité. Elle a l'impression de tout entendre, de sa propre respiration aux bruits des animaux qui se cachent dans les troncs des arbres alentours. Elle se rapproche des autres, tente de combattre la peur malsaine qui s'infiltre dans son coeur et glace son assurance habituelle. L'angoisse de tous est palpable par chacun. Ils ont les yeux en alerte, prêts à bondir, les sortilèges au bord des lèvres. Trop de vies sont en jeu, ce soir.

Elle croise le regard de Neville, regrette de ne pouvoir serrer le jeune homme dans ses bras pour qu'il lui communique son courage. Son coeur tait un battement lorsqu'Hermione et Sirius se détachent du groupe ; et elle retient son souffle en attendant un signe. Let them be safe, let them be safe, qu'elle pense si fort que ses mains en tremblent. Elle ne veut pas compter ses morts ce soir, Luna, elle se damnerait presque pour une victoire. Un frisson électrique parcourt le Cercle 6 lorsqu'Hermine coupe enfin le suspense: la voie est claire, et chaque sorcier se glisse à sa suite pour rejoindre l'étrange château. « Whatever is inside is so much worse than Nargles », murmure-t-elle si doucement que sa voix douce se perd dans le vent. Son intuition se réveille, son intuition titille un instinct de préservation. Dans le paysage morne, rien ne bouge - et ce n'est pas normal. Luna connaît bien la nuit, et celle-là ne ressemble à aucune autre. Pour une fois, ce qu'elle craint le plus ne sont pas les cauchemars dans son esprit, mais bien ceux qui pourraient surgir de n'importe où. C'est une leçon durement apprise pour lequel ils ont tous payé un prix: le danger est omniprésent, et la menace, fatale.

Luna se glisse derrière Neville, et mime son sortilège. « Lumos. » Ses yeux rêveurs s'agrandissent et leur entourage se révèle à elle. Aucun signe de présence humaine ne signifie pas nécessairement qu'il n'y a rien d'autre avec eux... Elle déglutit, la poussière de l'endroit rendant l'air lourd et âcre - mais la porte qui se referme derrière eux avec fracas la fait sursauter. Dans un geste qui trahit des réflexes acquis sur le terrain, elle se retourne dans une cascade de cheveux blonds, baguette pointée vers la porte. Fausse alerte, mais son coeur n'en cesse pas moins de tambouriner dans sa poitrine. « I have a really bad feeling. »  

Quelques têtes acquiescent, ce qui ne la conforte pas. Ils doivent sortir d'ici au plus vite - trouver l'insigne est une question de temps. « Should we split up ? » La pièce, le couloir, l'escalier: trois possibilités, trois potentielles sources de danger pour le groupe au complet pourtant à l'affût du moindre mouvement. Elle n'est pas stratège, Luna, mais quelque chose de malsain imprègne l'atmosphère de ce château: plus vite ils mettront la main sur l'objet (s'il est ici...), mieux ce sera.  

Ginny était très impatiente de repartir sur le terrain, sur une mission qui pourrait déboucher sur une vraie victoire un truc tangible — même si encore et toujours ils ne pourront pas le révéler au reste de leurs compagnons d'arme, ce qui l'agace plus que tout. Elle est pleine d'énergie, l'immobilité imposée après le transplanage pendant que Hermione et Sirius testent les environs étant ainsi particulièrement difficile à supporter pour elle. Non pas qu'elle espère qu'il y aura beaucoup d'action ce matin, elle préfèrerait pas évidemment car si elle est devenue une habituée des combats elle ne les affectionne guère. Elle n'a certainement pas envie de voir quiconque se mettre en danger ce matin, mais comme souvent dans leurs missions liées aux Horcruxes, un éclat de violence n'est pas à exclure. Finalement, la voie semble libre et le groupe peut enfin se réunir pour s'avancer vers le manoir écossais. Merlin seul sait à qui celui-ci appartenait avant qu'un Horcruxe y soit, peut-être, caché. Elle reste proche de Luna, presque protectrice envers cette dernière, n'osant pas trop avouer qu'elle est plutôt d'accord avec elle. De toute façon toutes leurs missions liées aux Horcruxes ont toujours été liées à la rencontre de choses bien plus terribles que les fameuses Nargles. À commencer par les Horcruxes en eux-mêmes et ce qu'ils font ressortir des humains qui ont le malheur de les toucher — elle la première. Le fait que le domaine ne semble pas particulièrement protégé est assez peu rassurant : soit tous les dangers sont concentrés à l'intérieur du bâtiment, soit leur piste est complètement erronée. À choisir, Ginny préfère la première solution. Elle aurait bien du mal à supporter un nouvel échec. Et puis, ils sont prêts à tout affronter, ils ont été entraînés pour ça, après tout.

« Lumos. » marmonne-t-elle une fois elle aussi à l'intérieur, rentrée juste à temps pour que la porte se referme derrière elle sur un bruit assourdissant. « I have a really bad feeling. » Ginny approuve dans un grognement mécontent. Difficile d'exclure la possibilité que tout ceci ne soit qu'un piège — et dire que le cercle six est presque au complet aujourd'hui ! S'ils venaient à disparaître qui donc irait à la chasse aux Horcruxes ? — Ça ferait bien les pieds de Kingsley, songe-t-elle ceci dit, de devoir aller informer d'autres gens pour qu'ils aillent se mettre en danger à sa place. Pour le moment toutefois elle préfère encore survivre et si possible mettre la main sur ce qui pourrait bien s'avérer être le cinquième Horcruxe de Voldemort : son insigne de préfet. Au moins ils savent ce à quoi ressemble ce qu'ils cherchent, c'est un bon début. « I'm guessing an accio prefect badge won't do? » lance-t-elle pour détendre l'atmosphère lourde et tendue peu aidée par l'air véritablement pesant et poussiéreux du manoir. Elle sait bien sûr qu'un tel sortilège ne fonctionnera pas sur un objet aussi surprotégé que doit l'être celui qu'ils recherchent. Trois choix semblent s'offrir à eux pour poursuivre cette piste qu'ils ont sué pendant des semaines : explorer la pièce où ils se trouvent, monter les marches en face d'eux ou s'aventurer dans le couloir dont ils ne peuvent rien apercevoir de là où ils se trouvent. « Should we split up ? » Propose Luna, plutôt sagement. Après avoir regardé quelques films d'horreur en compagnie de ses amis nés-moldus, Ginny devrait être assez peu encline à se séparer en plein milieu d'un danger inconnu ; ça finit généralement assez mal pour les personnages impliqués. Mais ceci n'est pas une simple maison hantée hollywoodienne, c'est la réalité et ils n'ont pas beaucoup de temps pour trouver ce qu'ils cherchent. Il y a dans l'air cette impression presque palpable que quelque chose va leur tomber dessus. « Yeah. Three groups of two? » suggère-t-elle rapidement, ils sont six sans George, ça semble être un partage adéquat, ses yeux effleurant rapidement chacune des trois options. Elle doute que l'Horcruxe soit dans cette pièce. « I'll take the corridor, » décide-t-elle de manière tout à fait hasardeuse, « who's with me? » Elle n'a pas vraiment de préférence, fonctionnant bien en tandem avec chacun des résistants présents comme en attestent les diverses missions qu'elle a partagé avec chacun d'eux.

Padfoot se concentre sur ses sens, essaye de détecter la moindre menace. Il perçoit le bruit de leur souffle, des pas d’Hermione qui tente d’être le plus discrète possible, des animaux dans le sous-bois. Il peut sentir chaque membre du Cercle 6, leur odeur familière et réconfortante qui se mêle à celle de la terre humide et de la pierre froide du château dont ils se rapprochent prudemment. Il ne détecte aucun danger et si ça devrait le réconforter, ça ne fait que l’inquiéter encore plus. S’il n’entend et ne sent rien, ça veut dire que la menace est invisible. Sirius préfèrerait cent fois se retrouver face à une dizaine de Death Eaters plutôt que de tomber dans un piège magique inventé par le Lord. Mais il continue d’avancer, parce qu’ils n’ont pas le choix. Parce que c’est la première piste solide qu’ils ont depuis la dernière fois qu’ils ont détruit un Horcruxe et peu importe que ce soit dangereux, peu importe qu’ils se dirigent peut-être vers une mort certaine, ils ne peuvent pas abandonner.
La porte s’ouvre à la première tentative d’Hermione et Padfoot laisse échapper un petit grondement sourd avant de baisser le museau pour renifler le sol à la recherche d’une odeur humaine. Il ne perçoit rien et le sort que lance Hermione confirme que l’endroit est vide de présence humaine. Le château est vide tout court, car Sirius ne perçoit pas non plus d’odeur qu’il pourrait associer à un vampire ou un loup-garou, ni même à la moindre présence vivante. Il relève la tête en direction de la jeune femme et émet un son rauque pour lui faire comprendre qu’il n’a rien repéré non plus.

Alors elle retire la cape d’invisibilité qui les recouvre et fait signe aux autres de les rejoindre. En attendant qu’ils arrivent, Sirius s’avance dans le château, l’obscurité n’est pas un problème pour lui sous cette forme, alors il observe ce qui l’entoure, continue de rester alerte. Luna et Neville lèvent leur baguette pour faire de la lumière et révéler le hall d’entrée du château. Ils se sont à peine avancés à l’intérieur que la porte se referme brusquement derrière eux et Padfoot ne peut s’empêcher de grogner à nouveau. “I have a really bad feeling,” dit Luna et Sirius ne peut qu’approuver.

Il n’entend rien, ne sent rien qui devrait le mettre à ce point sur la défensive, mais son poil se hérisse et il doit lutter pour ne pas découvrir ses crocs et se mettre à grogner d’un air menaçant. Son instinct lui crie de faire demi-tour, mais la part humaine qui a encore le dessus sait qu’ils doivent continuer. “Should we split up?”  demande Luna. Padfoot a envie de dire non. Il veut garder un oeil sur eux, s’assurer qu’ils rentreront tous en un seul morceau. Ils sont sa responsabilité, his pups, glisse le chien férocement, possessivement. Mais ils ne couvriront jamais assez de terrain dans le court laps de temps qu’ils ont s’ils restent ensemble. “Yeah. Three groups of two?”  suggère Ginny. “I’ll take the corridor. Who’s with me?”  Padfoot se concentre et le chien disparaît pour laisser place à Sirius qui passe une main dans ses cheveux pour dégager son front, avant de se rapprocher d’Hermione qui lui tend immédiatement sa baguette, sans qu’il ait besoin de demander.

“I’ll go with you,”  dit-il à Ginny. Ca évitera à Ron d’avoir à choisir entre sa soeur et sa… Hermione. “If you find anything, you know what to do,”  dit-il aux autres. Ne pas engager seuls, envoyer un patronus chercher les autres. Il se rapproche de Ginny et avant de s’enfoncer dans le couloir qu’elle a désigné un peu plus tôt, ne peut s’empêcher de dire aux autres : “Stay sharp.”  Il n’a pas besoin de leur rappeler de rester sur leurs gardes, mais c’est son moyen de leur dire please, please be careful, I can’t lose any of you.

Ronald a les sourcils froncés alors que son regard ne quitte pas le château des yeux. C’est là-dedans qu’est censé se trouver un horcruxe. C’est la première piste sérieuse qu’ils ont depuis… trop longtemps. Il tient sa baguette fermement entre ses doigts et tous ses sens sont en alerte. Il glisse un regard vers Ginny pour s’assurer que tout va bien avant d’hocher la tête lorsqu’Hermione leur fait un signe. Elle s’avance en compagnie de Sirius et lance un sortilège. Ron retient son souffle et laisse passer les secondes. Neville prend les devants et rejoint la jeune femme. Une faible lueur se met à luire au bout de sa baguette, Ron se met à bouger pour les rejoindre à son tour avec Luna et Ginny. Il n’y a personne. Pas âme qui vive. Et quand Ron tend l’oreille, il n’y a pas un bruit venant de la forêt non plus hormis les feuilles dans les arbres qui bougent au rythme du vent. Son estomac est noué et il sent que tout son corps est tendu. C’est trop facile, non ? Si un horcruxe se trouve ici, il doit être bien protégé. Ron se souvient beaucoup trop bien de la caverne avec Dumbledore. Ses doigts serrent davantage sa baguette et il sent son coeur tambouriner trop fort dans sa poitrine. A tel point qu’il a l’impression que les autres peuvent l’entendre tant le reste autour d’eux est silencieux.

Mimant Neville et Luna, Ron incante un Lumos et tous ensemble, ils entrent dans le château. La porte claque, faisant réagir tout le monde. Les oreilles se tendent, mais toujours aucun bruit, toujours rien. « I have a really bad feeling. » Ron ne dit toujours rien, mais il n’en pense pas moins. Il y a quelque chose, encore une fois, c’est beaucoup trop facile. « I'm guessing an accio prefect badge won't do? » Les lèvres de Ron tremblent un peu en une tentative de sourire. « Should we split up ? » Les lèvres du Weasley se pincent, il a envie de refuser, mais quel est l’intérêt d’être venus à autant s’ils ne couvrent pas tout le terrain en se séparant. Il sait que c’est une terrible idée, mais il n’a pas d’autre solution à proposer. « Yeah. Three groups of two? I'll take the corridor, who's with me? » Il ouvre la bouche pour lui dire qu’il va aller avec elle. Sa petite soeur, sa responsabilité, mais Sirius le devance. Il l’observe un long moment. C’est toujours un peu particulier entre eux et il ne sait pas s’il est suffisamment à l’aise à l’idée de le laisser seul avec Ginny. Ron lui lance un regard qui veut dire gaffe à toi, mais abdique. “Dans ce cas, je vais avec Hermione.” Il s’approche de la jeune femme et parle à voix basse. Il sait qu’il n’y a pas âme qui vive dans le château, mais il ne peut pas s’en empêcher. “Stay sharp.” Ron hoche simplement la tête alors qu’il voit Sirius et Ginny disparaître dans le couloir. Il se tourne ensuite vers Hermione. “On prend les escaliers… puis il se tourne vers Neville et Luna. “Et vous fouillez la pièce ?” L’impression dérangeante qu’il y a quelque chose qui ne va pas ne quitte pas ses tripes et il est inquiet qu’ils se séparent. Il essaie de cacher sa nervosité comme il peut, mais son index ne peut s’empêcher de glisser sur sa baguette à répétition comme s’il cherchait à s’apaiser d’une façon ou d’une autre. Pitié que tout aille bien. “C’est ok pour vous ?” Murmure-t-il enfin. Et pitié que la mission leur apporte quelque chose de positif.

Hermione n’aime jamais trop quand les choses semblent trop facile. Il y a souvent deux explications dans ce genre de cas : soit ils sont sur la mauvaise voie (et c’est peut-être le meilleur des scénarios), soit ils foncent dans la gueule du loup. Il y a des années, Hermione avait toujours peur que la deuxième option leur tombe dessus. Heureusement, depuis, ils ont affiné leurs techniques, ont appris à se battre ensemble, et à eux tous, ont développé une multitude de capacités et réflexes qui font qu’elle n’est plus aussi angoissée à l’idée qu’ils sont peut-être tombés dans un piège. Ils sont pleins de ressources, et elle leur fait confiance.
Elle reste là où elle est tant que ses amis ne l’ont pas rejointe dans l’entrée. No defense? demande Neville. Hermione fait une petite moue. None. For now… Neville et Luna illuminent leurs alentours d’un Lumos et comme eux, elle observe ce qu’ils ont sous les yeux. Plusieurs options : l’escalier, le couloir… Il y a des pièces à leur gauche et à leur droite, aussi, probablement. Elle s’apprête à se tourner vers les autres pour parler stratégie quand la porte se referme brutalement derrière eux. Elle n’est pas assez bête pour croire que c’est une coïncidence, bien sûr. « I have a really bad feeling. » fait Luna, et Hermione aimerait la rassurer, mais pour l’instant, il ne vaut mieux rien dire plutôt que mentir. « Should we split up ? » demande Luna, et Hermione pince les lèvres. Elle n’aime jamais se séparer des autres, surtout dans des endroits aussi inquiétants que celui-là… Mais elle sait qu’ils sont tous capables de se défendre, et il vaut mieux qu’ils couvrent le plus vite possible le maximum de terrain : si les mangemorts viennent d’être informés de leur présence, il vaut mieux prendre de l’avance avant qu’ils débarquent.

Yeah. Three groups of two? Hermione acquiesce et Ginny propose de prendre le couloir. Sirius reprend forme humaine, et la jeune femme fouille dans son manteau pour lui tendre sa baguette. Elle a l’habitude d’être le gardien des objets du groupe, pendant les missions, et c’est devenu habituel, cette espèce de chorégraphie avec Sirius quand ils sont en mission ensemble. “Dans ce cas, je vais avec Hermione.” fait immédiatement Ron. Sirius suit Ginny en direction du couloir. “If you find anything, you know what to do,” Hermione fait oui de la tête. Il est décidé qu’ils s’occuperont des escaliers tandis que Luna et Neville fouilleront la pièce principale. ”Be careful.” fait-elle à tous ses camarades en s’engageant sur la première marche, éclairée par un Lumos du bout de sa baguette.

Elle est presque arrivée en haut des escaliers, montant chaque marche avec une prudence accrue, quand elle entend un craquement. Elle baisse les yeux vers ses pieds et voit la marche sur laquelle elle vient de poser son pied céder sous son poids. Heureusement, Ron a eu la réflexe de l’attraper avant que sa jambe passe à travers la marche. Hermione ne sait pas ce qui lui fait le plus mal : l’égratignure contre sa cheville ou la brûlure au contact accidentel avec Ron. "Thanks." dit-elle avant de se séparer brusquement de lui, les joues un peu roses.

Heureusement pour eux, les autres marches semblent tenir le choc. "Personne n’a dû venir ici depuis un bail… Je ne sais pas ce que j’en pense." À l’étage, ils se retrouvent face à quatre portes. "On ne se sépare pas." dit-elle avant même que la question puisse se poser. La première porte donne sur une salle de bain, qu’ils fouillent rapidement. Ils s’appliquent à voir si tous les carreaux de la baignoire peuvent être retirés, au cas où on aurait coincé quelque chose derrière. Mais il n’y a rien. La deuxième porte donne sur une chambre dans laquelle ils ne trouvent rien. Ils passent rapidement la 3ème porte qui donne sur un placard à balai. La 4ème porte ne leur apporte pas grand-chose : c’est une autre chambre, minuscule, et ils ne trouvent rien derrière les plinthes, dans le fond de l’armoire… ”Wait.” Elle retourne du côté du placard à balai et frappe contre le fond. Ses yeux s’illuminent. ”Ça sonne creux.” Elle n’est quand même toujours pas rassurée devant le fait qu’ils n’ont eu à faire face à aucun obstacle à part une vieille marche.

Spoiler:

Neville n'est pas serein. Personne ne l'est. L'absence totale de défense et de présence humaine ne lui dit rien qui vaille. Si bien qu'il sent son estomac se nouer en entendant Luna suggérer que le groupe se sépare. Le Longbottom est à peu près certain que quelque chose va leur tomber dessus. Un piège, quelqu'un, peu importe. Ils ne sont pas en sécurité ici. Et l'idée de ne pas avoir tous ses amis sous les yeux en permanence fait naître en lui une certaine angoisse. Un sentiment qu'il commence à avoir l'habitude de ressentir depuis les années passées à voir ses proches partir en mission, pour parfois ne jamais revenir. Mais la vérité est que Neville ne supporterait pas de perdre l'un d'eux. Pas depuis qu'ils sont la seule famille qu'il lui reste, avec sa grand-mère.

Mais Neville ne bronche pas, il sait aussi, comme eux tous, que se séparer reste leur seule option s'ils veulent couvrir l'ensemble du château dans le temps qui leur est imparti. Alors les groupes se forment et Neville se retrouve bientôt seul avec Luna, dans l'entrée. Il inspire un moment, chassant son inquiétude pour laisser place au lion, celui guidé par le courage, celui qui oublie la maladresse et qui n'a pas le droit à l'erreur. Il jette un regard à son amie. « You check the table and the vase, I check the painting? » Il espère secrètement qu'ils ne trouveront rien et qu'ils pourront retrouver leurs amis rapidement.

Neville n'a qu'une hâte : sortir de ce foutu château. Avec un nouvel horcruxe. Avec de quoi leur redonner espoir, à tous. Alors il ne perd pas plus de temps et se tourne vers le tableau. Il inspecte plus en détail les éléments, et ne trouve rien de bien intéressant. Les instruments d'apparence scientifique ont davantage l'aspect d'objets du quotidien enchantés, à y regarder de plus près... Puis son regard se pose sur un verre en métal, posé sur la table peinte. Sur son pied est sculpté un gigantesque serpent, un basilic. « I think..., il murmure. I think this is a painting of Salazar Slytherin... » Il n'en est pas certain, cependant, puisque l'occupant est toujours absent. Distraitement, il glisse son doigt le long du basilic, comme si le toucher allait lui révéler un grand secret.

A sa plus grande surprise, un bruit de loquet émane de derrière la peinture. Il se recule rapidement, la baguette brandie. En face de lui, la peinture s'ouvre comme une porte donnant sur un couloir sombre. Impossible de voir ce qui se cache derrière le tableau, de là où il est. Il jette un nouveau regard vers Luna. « Are you ready? »

Spoiler:

Le couloir dans lequel Ginny et lui se sont avancés semble s’étaler à l’infini. Il fait sombre et s’ils s’éclairent d’un Lumos, aucun d’eux ne semble oser lancer le sortilège à pleine puissance. Les murs sont recouverts de vieux tableaux dont les occupants grognent et sifflent à cause de la soudaine lumière qu’ils n’ont probablement pas vue depuis longtemps. Sirius fronce les sourcils en constatant qu’ils représentent tous divers animaux et créatures magiques. Pas un seul être humain et bien vite, c’est une véritable cacophonie de créatures agacées ou terrifiées qui se met à résonner dans le couloir. “Charming,” Sirius grogne, ce qui tire un petit sourire crispé à Ginny. Ils continuent d’avancer malgré tout et Sirius fronce les sourcils lorsqu’il réalise qu’ils ont déjà marché pendant plusieurs minutes sans rencontrer la moindre porte, ni même le bout de ce fichu couloir. Ce n’est pas normal. Il se fige, prêt à formuler ses inquiétudes à haute voix, lorsque quelque chose attire soudainement son attention.
Il y a une silhouette qui se détache très légèrement de la pénombre, un peu plus loin. “Sirius?” Ginny murmure, visiblement inquiète de voir qu’il s’est soudainement arrêté de marcher. Sirius lui fait signe de se taire et désigne la silhouette devant eux. Les yeux rivés sur la personne qui s’avance vers eux, il ne voit pas Ginny froncer les sourcils d’un air confus.

Déjà, Sirius s’apprête à pétrifier l’inconnu - il préfère s’assurer qu’il ne pourra pas s’en prendre à eux avant de se demander s’il s’agit vraiment d’une menace - mais il apparaît enfin dans la lumière et le sang de Sirius se glace dans ses veines.

“Harry?” murmure-t-il d’une voix rauque.

La partie la plus logique et raisonnable de son cerveau lui hurle que c’est impossible. Voldemort ne laisserait pas Harry seul dans une vieille maison abandonnée au milieu de nulle part. De plus, il paraît parfaitement improbable qu’ils tombent enfin sur lui, par hasard, après avoir passé des années à le chercher sans succès. Sirius serre les dents et pointe sa baguette en direction de l’imposteur, ou de l’illusion, il n’est pas sûr mais peu importe.

“Sirius?” le faux Harry appelle d’une voix tremblante et Sirius sent sa gorge se nouer. “What are you doing here? How-- are you here to rescue me?” il demande d’une toute petite voix, comme s’il n’osait pas y croire et le coeur de Sirius se brise.

It’s fake, it’s not Harry, it can’t be Harry, se répète-t-il et il a vaguement conscience de Ginny qui appelle son nom et lui touche le bras, son regard rivé sur le faux Harry qui lui apparaît brusquement minuscule et misérable.

“I thought-- I thought you gave up on me,” murmure-t-il et Sirius ne peut pas rester silencieux plus longtemps. “Never, I never gave up on you, I swear, Harry, I wouldn’t--” se dépêche-t-il de dire et c’est plus fort que lui, il se dégage de la prise de Ginny pour s’avancer vers Harry, ignorant son instinct qui crie DANGER. “Liar,” siffle Harry et Sirius se fige. “When was the last time you kept a promise, Sirius?”

Ca lui fait l’effet d’une gifle et pendant une seconde, Sirius n’arrive plus à respirer. “That’s right, you’ve never kept a single promise once in your miserable life. Remus, my parents, me. Even Hermione, you and I both know it’s only a matter of time until you fuck up again.” Sirius pâlit et secoue la tête. Harry n’a aucun moyen de savoir ça, c’est faux, c’est forcément faux, mais il a son visage, sa voix, et les mots qu’il prononce font écho aux propres démons de Sirius et c’est trop, c’est juste trop.

Ginny le gifle de toutes ses forces. Sirius laisse échapper un grognement de douleur et tourne brusquement la tête vers la jeune femme qui le fixe avec de grands yeux paniqués. Choqué, il porte une main à sa joue et grimace parce que holy shit, elle ne s’est pas retenue. “Are you with me?” Ginny lui demande d’une voix ferme et Sirius fronce les sourcils. “What do you mean-- didn’t you see--” il tourne la tête vers le faux Harry. Qui a disparu.

“Sirius, there’s no one here,” Ginny répond d’une voix rauque.

Oh.

Right, it’s what she does. Forget I exist. It makes it easier to find comfort in those other guys’ arms, I suppose, la voix du faux Harry résonne, comme s’il murmurait à son oreille et Sirius fait volte-face, baguette tendue, mais il n’y a personne là non plus.

“Ginny. We need to find the others,” Sirius murmure d’une voix blanche.

Il ne sait pas ce qui se passe exactement, mais il n'est probablement pas le seul affecté.

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