Elle déambule lascivement entre les allées fleuries de sa serre. Doux repère qui en émerveillerai plus d'un. Elle aussi l'était à l'ouverture de sa boutique d'herboristerie. Un havre de paix, serein, loin du brouahaha de l'extérieur. Un endroit où elle aime s'enfermée des heures durant pour choyer ses plantes. Loin de l'animosité qui règne dans le cœur des hommes. Hazel a parfois l'impression d'être née dans un monde dans lequel elle n'a pas sa place. Un monde où la bienveillance, la gentillesse, la beauté n'a pas sa place et pourtant on ne peut pas dire qu'elle est du genre battante. Les gens sont mauvais, elle le sait, elle doit vivre avec. Elle aussi n'a plus rien de si solaire. Sur son visage les ombres passent alors que cette part d'anxiété s'est creuser une place en son cœur. Elle ne peut que se demander ce que penserait ses parents d'elle aujourd'hui ? Elle à qui ils ont apprit l'amour incommensurable. On aurait pu les qualifier de hippies, de rêveurs, d'amoureux... Hazel a toujours vécu en partant du principe que si l'amour est là rien de mal ne peut vous arriver. Elle avait tort. Terriblement tort.

Souvenirs douloureux qui s'offrent à elle, là où la vie, autrefois lui offrait un torrent de couleurs aujourd'hui il n'y a plus que du noir, du blanc, du gris. Elle est terne et sans sourire. Elle n'a jamais su mentir la belle aux cheveux d'or. Peut-être que dans un autre monde, une autre famille, avec d'autres principes, elle aurait vu toute la beauté du mensonge et elle aurait compris à quel point il peut protéger les gens, mais n'oublions pas qu'Hazel est naïve, ou du moins elle l'était. Après tout on ne peut pas rester une enfant indéfiniment, si ? De solaire son visage est passé à lunaire et c'est peut-être mieux ainsi...

Elle se revoit à Poudlard lorsque sa gentillesse faisait encore sa force. Rêveuse et attachante, elle ne peut pas se vanter d'avoir foncièrement fait partie d'un groupe d'amis. Hazel est du genre frivole, à discuter avec tout le monde. Elle peut énerver comme attirer les gens mais elle ne force personne. Elle porte fièrement les couleurs de Ravenclaw. Bleu et bronze. Ses notes sont bonnes. Elle est un passe partout. Elle ne prend pas de partie dans la guerre qui éclate déjà au sein de Poudlard. Ce n'est pas le genre d'Hazel. Encore une fois, aujourd'hui, elle se demande si elle est vraiment à sa place dans le monde des sorciers. Comment lutter ? Elle ne le sait pas mais elle n'adhère aucunement à la violence et en fera les frais. Sa scolarité se voit bouleversée. Autant positivement que négativement. Mais c'est ici, au sein même du château qu'elle fait la rencontre de Terry. Ils ne sont pas spécialement amis mais elle aime passer du temps avec lui à discuter au coin d'un feu de cheminée. Il a des rêves, des aspirations et n'hésite pas à se battre pour ce à quoi il croit... Lui. Entraîné par son groupe d'amis ? Peut-être. Ils sont tout ce qu'elle n'est pas et la moindre rébellion ne lui sied pas.

Elle secoue la tête, à présent le cœur chagriné par cette époque. Par la simple pensée à ces moments. Par la simple mention de Terrence, parce qu'elle sait que ce petit moment d’égarement va la renvoyer à cette fatalité. A cette soirée. Celle dont elle ne veut plus se rappeler. Elle a rayée Terry de sa vie même si il est sûrement le seul homme qu'elle a autorisé à entrer dans son monde. Le temps d'une histoire exceptionnelle. Car à ce moment elle pensait encore que tout n'était pas perdu.

Elle a vingt-quatre ans, elle sourit doucement en regardant par la fenêtre une tasse de café fumante entre les doigts. Elle sourit pour ne pas pleurer à nouveau. Les volutes de fumées qui s'échappent du récipient forment diverses arabesques qu'elle ne voit même pas, trop concentrée par le ciel étoilée à l'extérieur. Elle aime regarder les étoiles s'allumer une à une lorsque le soleil se couche. La petite maison dans laquelle elle s'est installée est calme, plus qu'à l'accoutumée. Ce soir pas de musique, pas de rire, pas de slow doucement bercée par celui qui partage ses jours depuis quelques mois déjà. Terry agit bizarrement depuis quelques jours.  Il est distant. Terrifié. Il disparaît des  jours durant et elle... Elle ne sait pas quoi faire pour l'aider. Il ne lui parle pas. Jamais. Alors la belle s'inquiète pour lui. Leur relation était si... Parfaite, fluide, douce depuis les débuts et voilà qu'il se met à la rejeter sans la moindre explication. Elle soupire, lassée alors qu'elle le voit, enfin, au loin courir vers la lisière de la forêt en titubant. Il lui a bien dit une heure plus tôt qu'elle ne faisait plus partie de sa vie mais elle ne peut pas s'en empêcher, elle ne devrait pas être là. Elle a fait mine de partir. De faire ses valises mais elle n'arrive tout simplement pas à quitter ce foyer qui à vu tant de belles choses naître entre eux. Elle aime Terry, déjà plus qu'elle ne le devrait. Elle l'aime et elle ne peut pas partir sans explications... C'est pour cela qu'elle n'arrive pas à quitter cet endroit. Leur endroit. Elle doit comprendre alors la tasse de café se renverse. Une tâche marronné s'étire sur le tapis alors qu'elle sort sans même prendre la peine d'enfiler ses chaussures. Le froid lui mord subitement les joues, elle n'est pas très athlétique mais elle s'efforce de le suivre... A bout de souffle elle s'arrête, plisse les yeux mais ce qu'elle aperçoit ce n'est pas Terrence... Pas totalement... La peur s’empare d'elle. Sous ses yeux c'est un homme dont les os craquent un à un, tiraillé par la douleur. Sous ses yeux c'est une créature qui se forment à une vitesse impressionnante. Sa main se porte contre ses lèvres et... elle fuit. Comme toujours elle fuit. Car elle sait pertinemment que si elle rebrousse chemin, c'est sa vie qu'elle risque de perdre. Elle ne réfléchit plus. Ne sent pas la douleur sous ses pieds écorchés par les rochers. Maison. Maison. Maison. Elle doit fuir. Ses pas ensanglantés marque le sol, puis le voilà... Son salut. Le porte-au-loin. Le voilà son échappatoire. Le voilà son dernier souvenir de Terry et derrière elle son coeur brisé en mille morceaux. Parce que même pour lui, elle ne s'est pas battue.

Un soupire s'échappe de ses lippes rosées. L'amour elle le sait n'est pas suffisant, cette soirée le lui a bien prouvée car depuis elle n'a plus jamais revue cet homme. Douleur fulgurante qui la prend au cou. Mais comment pourrait-elle s'affirmer aujourd'hui alors que tous les gens qu'elle aime ont disparu ? Elle ne le peut tout simplement pas. Il ne reste qu'elle et ses plantes. Doucement elle vient s’emparer d'une bouture, l'ajoute à son panier. Le passé est passé... Elle sait qu'elle ne pourra plus jamais revenir en arrière. Il n'y a que le futur et ce qu'elle décidera de devenir qui pourra, peut-être, lui donner l'impression d'être à nouveau vivante. Qui pourra lui donner envie de sortir de son cocon. De sortir des rangs. Qui mettra fin au côté terne de sa vie. Voilà tout. Rayonner à nouveau comme l'être solaire qu'elle était destinée à devenir. Un jour, un jour...