(nasa) no quiero caer

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Vanessa étant fidèle à elle-même, elle fait en sorte de te rassurer sur les peut-être. Autant de possibilités qui ont traversé ton esprit un peu trop perché ces derniers temps, tout en étant complètement rétamé. Comboté à cette peur de sortir, de te faire attraper, d'être devenu une pièce de choix pour les couverts du gouvernement - comme si tu l'étais pas déjà depuis longtemps, même si t'as conscience de n'être plus personne aujourd'hui. Encore moins qu'une personne, diraient certains, maintenant que t'as un sang dég, mais ça va que tu te sentes pas encore trop sale avec ça - juste différent, et parce que la situation est aussi injuste que t'as pu l'exprimer plus tôt, ça te pèse bien.
Ton propre esprit mi-embrumé mi-affligé a décidé de rebondir sur quelque chose d'autre, le hasard ne faisant pas toujours bien les choses quand Nacho décide de moonwalker en pleine conversation sérieuse. Parce que tu n'as jamais prit au sérieux quoi que ce soit, d'une part, et que lorsque ça t'arrive, tu fais ton possible pour en sortir rapidement. T'auras des heures pendant lesquelles tu pourras continuer à pleurer. Mais pendant ces heures-là, tu sauras que Vanessa est là pour toi, qu'elle sait, et qu'elle te lâchera pas.

Alors ton détour est plutôt bienvenu, même si la réaction de la médicomage n'est pas forcément des plus enjouées. Au contraire, alors que tu mâchouilles ton burger tout chaud (tu l'as remerciée un peu plus tôt la bouche pleine) en reniflant comme un enfant de quatre ans, tu as l'air de t'être téléporté dans la salle du procès d'à côté. "J'te promets Nacho, je l'ai pas frappé !" tu t'arrêtes de mâcher en la regardant bêtement, les yeux écarquillés (on voit d'ailleurs à quel point tes pupilles sont dilatées). Tu ne comprends pas, avant que ça ne remonte un peu au cerveau. Le temps qu'il se détache du plus grave qui a pu être discuté un peu avant, disons-le. "Il était couché devant ma porte, je – je l’ai pas vu et … et mon pied l’a légèrement heurté. Mais je l’ai pas frappé ! - Chelou" que tu réponds, même s'il s'agit plutôt d'une ponctuation chez toi, dans ces circonstances. Elle enchaîne si vite que tu bois un peu ses paroles, sur le moment, au moins le temps de graille. Les choses sont parfois bien faites. "Pourquoi, il t'as dit quelque chose ?" nouvelle réponse de ta part qui est pas tout à fait immédiate, mais la substance qui court encore tes veines y est pour beaucoup - tu hoches la tête de droite à gauche, agrémentant d'un "no no" pour le moins sincère, même si un brin hagard. Fallait qu'il te dise quelque chose ? Si ça se trouve il t'a raconté un truc et t'étais trop chéper pour pouvoir capter. Dommage que Moncho puisse pas parler, il aurait pu plaider en ta faveur, ou à défaut tout raconter à Vanessa pour la rassurer. Même les petits lions ont besoin d'un valet.

"Je suis sûre qu’il m’en veut, en même temps c’était du n’importe quoi l’autre matin … t’aurais vu ça … je persuadée qu’il était pas loin de demander à aller s’installer ailleurs. - Noooo ?" t'es de ton côté plutôt étonné de ce qu'elle te raconte, parce que c'est pas un mauvais type, enfin il t'a quand même ramené de l'eau plusieurs fois alors que t'avais rien demandé, et juste parce qu'il voyait que tu te desséchais à cause de la weed. Genre, c'est normal d'en vouloir un peu aux gens s'ils t'ont tapé sans faire exprès, mais bon là, quand même, fallait pas exagérer ?

"Naaaan pas possible."

Ne pas exagérer donc, mais Nacho étant Nacho -- ça finit très vite par déraper.

"Ben il avait un truc sur le front là en plus" que tu expliques comme si elle ne le savait pas, faisant un cercle approximatif autour de l'endroit où tu avais aperçu la fameuse marque, la preuve selon ton cousin préféré, que Chiron avait été tapé, à terre, par Delhi. Tu récupères une triade de frites que tu enfournes dans ta bouche, termine à peine ta bouchée pour poursuivre, comme si t'essayais de trouver qui avait bien pu tuer le Colonel Moutarde dans la cuisine. "Mais j'me suis dit ton iep il peut pas faire ça" ou alors elle avait des orteils en acier ou s'y était prise avec le talon, ce qui était quand même pas trop le feu. Vous étiez une famille, et vous saviez quand même bien accueillir les petits nouveaux, quand y'en a. Ca pouvait qu'être une erreur, si c'était arrivé. "Nan porqué sinon faut vraiment que tu joues au Barça, bim dans les cages direct Nessa 2 - 0 on ramène la coupe a la casa" que tu plaisantes sans plaisanter mais en plaisantant quand même, t'as vu : avec un coup de pied pareil elle aurait pu aller loin Nessa ! Ou plutôt Ezio aurait pu être satellisé, mais ça c'est une autre histoire.

Tu descends longuement à coup d'aspiro-paille ta boisson, tant ta gorge est sèche. Tu renifles encore un peu, mais que Dieu t'en soit témoin, t'as moins la morve au nez, alors c'est déjà pas mal. (#) "Mais genre il te kiffe grave non ?" on s'étonnerait presque que tu aies remarqué ça, tellement t'étais calé sur ton vieux nuage triste, ces derniers temps. "Lenita elle avait v'là chopé des poèmes de ouf je savais pas c'était quoi la moitié des mots" t'aurais dû aligner le fait que c'était un grand génie, plutôt que d'assumer celui qu'il te manquait ; mais on ne peut pas refaire un Nacho à moitié défoncé, pas vrai ? "'Fin en plus il dort devant ta puerta c'est un signe non ???" et valait mieux pas que tu lui déroule ta théorie toute pétée, parce qu'avec ça elle n'allait plus vouloir fermer l'œil de la nuit. "Il t'a dit un truc l'autre jour ?? Tu veux que j'aille lui parler ???"

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octobre 2007, La Tour | @ignacio alcázar-wingates

-Noooo ?" Elle hoche la tête, affirmative quant au fait que ce réveil et le petit déjeuner qui avait suivi n’avaient pas été brillants. Il y avait de quoi de faire fuir n’importe qui. Elle la première. (encore que …) "Naaaan pas possible." Elle reste campée sur ses positions : elle a fait une très mauvaise impression à Ezio, il a donc eu une mauvaise impression de la planque, en conséquence de quoi, il cherche à partir. Rien de plus logique. « Mais si, j’te juure ! Je suis sûre qu’il évite la planque à cause de moi.» Ce qui expliquerait en plus, pourquoi ils ne sont que tous les deux, ce soir. "Ben il avait un truc sur le front là en plus" Exactement ! Elle lève la main, comme si on venait de lui demander qui était la coupable. Une terrible bosse ! Bosse qu’Ezio avait affirmé s’être fait tout seul, chose dont elle doute encore à cette heure. "Mais j'me suis dit ton iep il peut pas faire ça " Faute de pouvoir parler, parce qu’elle vient de croquer dans un des nuggets de sa boite, le regard qu’elle lui jette cherche une confirmation, elle a besoin d’être rassurée. "Nan porqué sinon faut vraiment que tu joues au Barça, bim dans les cages direct Nessa 2 - 0 on ramène la coupe a la casa" Ce n’est pas encore tout à fait ça, mais il parvient à lui décrocher un sourire. « Allez c’est bon, demain matin à la première heure, je plaque tout et je vais faire carrière là-bas !» qu’elle renchérit avant de retrouver la culpabilité qui la suit quand on mentionne le sorcier. « Je suis sûre que je lui ai fait mal et qu’il m’en veut. » Ça serait normal, non ? Il n’ose probablement pas lui dire en face, inquiet à l’idée qu’elle puisse mal réagir.

"Mais genre il te kiffe grave non ?" Elle hausse les épaules, elle n’en a aucune idée, mais ça lui paraît peu probable. « Mais oui, bien sûr, c’est pour ça qu’on s’est pas parlé depuis que je l’ai piétiné ! Parce qu'il m'adore .. » Le fait qu’elle l’ait volontairement évité, n’y est pour rien du tout, bien sûr. « Dis pas n’importe quoi, Nacho… » Sauf qu’il a l’air de tout sauf de se moquer d’elle. "Lenita elle avait v'là chopé des poèmes de ouf je savais pas c'était quoi la moitié des mots" L’histoire de Lena et des poèmes lui dit vaguement quelque chose, ça date un peu, non ? Elle croit se rappeler avoir reçu un message un soir avec un poème ou deux, rapidement suivi d’un autre lui demandant son avis. « C’était de lui les poèmes, tu crois ? » L’envie de vérifier si elle a conservé les messages, et de vérifier ce qu’elle avait répondu la démange. L’idée est trop tentante pour ne pas le faire. Rapidement, elle attrape une serviette pour s’essuyer les doigts et s’emparer de son portable à la recherche de la fameuse conversation. « Je savais pas … » Difficile de deviner si Lena n’avait pas été explicite dans les messages. « Je trouvais ça bizarre aussi qu’elle me demande mon avis sur de la poésie, ça ressemble pas trop à son style. » Même vraiment pas. A moins qu’elle ne cache bien son jeu et ne lise des recueils de poèmes jusqu’au milieu de la nuit ? Ses recherches finissent par payer, et elle se retrouve à relire les lignes envoyées par Lena. Les lignes d’un autre. Des mots mis bout à bout qui lui avait plu à en juger par sa réponse. "'Fin en plus il dort devant ta puerta c'est un signe non ???" Le téléphone est posé sur la table et elle relève le nez vers lui. Un autre point qu’elle n’était pas parvenu à éclaircir … est-ce qu’il s’était volontairement endormi devant sa porte ? Est-ce qu’il s’était trompé d’étage et face à la porte fermée s’était retrouvé embêté ? « Je sais pas .. ça serait bizarre, non ? ‘fin ce que je veux dire c’est que ça veut pas forcément dire ça, si ? » Qui dormirait devant la porte d’une autre personne ? "Il t'a dit un truc l'autre jour ?? – elle fait non de la tête. Il ne lui a rien dit, enfin, rien qui pourrait laisser à penser qu’il puisse s’intéresser à elle. – "Tu veux que j'aille lui parler ??? Elle le regarde avec des yeux ronds, comme s’il venait de sortir une énormité. « Et tu lui dirais quoi ? Salut Ezio, dis, c’est vrai que tu kiffes Vanessa ? » Ridicule. Absurde. Et quand bien même ce serait vrai, n’importe qui dirait non. « Non, mais, c’est pas possible de toute façon. » Absolument impossible. « Je le saurais quand même si quelqu’un s’intéressait à moi. » La vérité, c’est qu’elle n’en sait rien. Est-ce qu’Ezio l’apprécie vraiment ? Ou alors est-ce simplement une ruse de Nacho pour la rassurer ? Et si vraiment, il s’avère qu’il s’intéresse à elle, qu’est-ce qu’elle est supposée faire de cette information ?

« Mais si vraiment tu veux aller lui parler, tu peux lui dire qu’il a pas besoin de déménager. Je compte pas lui retomber dessus. » Parce qu’elle est pas comme ça. Son truc à elle c’est de s’occuper des autres, pas de les blesser ou de les faire fuir.

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Quand elle va fouiller dans son téléphone pour récupérer les fragments des poèmes que Lenita lui a envoyé (non mais genre, tout le monde sait que c'est Ezio qui les a écrit en plus, c'était une sacrée soirée en prime, il avait pas bu que de la menthe à l'eau le p'tit -- fin le plus grand que le p'tit, donc pas trop toi) ben, sa mémoire semble quand même s'être rafraîchie. Mais vraiment, Lenita chiquita querida ne lui avait rien dit ? C'était quel niveau de friponnerie à ce stade ? Kingsleysmique ?
Vanessa a l'air complètement perdue dans cette histoire, et surtout perdue dans sa culpabilité. Bon, t'étais pas trop là, tu pionçais pour dix la bave à la lèvre quand c'est arrivé, mais tu as eu des échos et des échos comme ça, on y fait attention, quoi. Pis tu l'as vu aussi, avec tes petits yeux à moitié éclatés. T'as pas le radar d'un voyant mais t'as un radar quand même pour ces bails, tu vois. C'est de famille comme qui dirait.

"Et tu lui dirais quoi ? Salut Ezio, dis, c'est vrai que tu kiffes Vanessa ? - Ben ouais claro que si" que tu lui jettes aussitôt, comme une évidence. C'est comme ça que ça fonctionne chez toi, c'est cash money. Au pire t'as pas de réponse, mais bizarrement, ça marche plutôt bien comme technique, le fonce dans le tas no jutsu. "Non, mais, c'est pas possible de toute façon. - Porqué ?" y'a rien qui est impossible quand y'a le cœur qui s'y met, ça, c'est clair. Pis au pire, Vanessa le kiffe pas et fin de l'histoire, hein. C'est peut-être par là que t'aurais dû commencer ? T'sais pas. "Je le saurais quand même si quelqu'un s'intéressait à moi. - Bah.... - Mais si vraiment tu veux aller lui parler, tu peux lui dire qu'il a pas besoin de déménager. Je compte pas lui retomber dessus." tu lèves un peu les yeux au ciel après avoir avalé une grosse bouchée de ton burger. Une fois terminé, tu t'essuies le bout des doigts avec la serviette McDo et tu fais genre qu'une réflexion philosophique te traverse (ce qui est le cas). La philosophie traverse tout le monde, même les petits lions à la triade de neurones.

"J'pense il te kiffe tu vois" tu t'appuies un peu sur la table, accorde à tes mots des gestes qui expriment la profondeur - limite - de tes propos. "Mais que genre il l'écrit pour pas t'le dire, t'as vu ; genre Baveglaire" (tu sais pas qui c'est Baudelaire donc tu t'es gourré) pis tu renifles. Oui, il t'en reste dans le nez. "Parce que s'il te le disait, il se prendrait p'tet un râteau de ouf" tes doigts à moitié gras vont te flatter le menton. "C'est le cycle du love game, mais lui il est genre, grave timide" maintenant, tu fais des cercles chelous sur la table, à côté de la petite boîte de nuggets ouverte. "Pis t'imagine si tu le kiffes pas, ben voilà, c'est mort," tu vas la regarder à nouveau. "Y'a des gens ils te diront jamais qu'ils te kiffent, c'est super triste en vrai" que tu conclues un peu en grignotant de tes frites. "Moi j'te kiffe en tout cas" que t'ajoute "Pas comme aç hein" la rassures-tu immédiatement. Vanessa pour toi c'était ta grande sœur, ça pouvait décemment pas être autre chose.

"Mais ok j'lui dirais que tu penses qu'il te déteste pis on verra" y'avait que ça à faire hein, dans une situation pareille. "S'il pleure j'te dis, promis, ça veut dire qu'il te kiffe de ouf genre pire que la Belle et le Clochard t'as vu" t'avais peut-être pas envie de le faire ou le voir pleurer pour ça, mais au moins, t'auras enfin le signe attendu pour faire comprendre à Vanessa qu'il y avait vraiment un truc.

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octobre 2007, La Tour | @ignacio alcázar-wingates

Il ne voit pas le monde comme elle. Tout semble tellement facile quand c’est Nacho qui présente les idées ! Parfois, il lui arrive de lui envier ce naturel, cette spontanéité qu’elle sait qu’elle retient, mais alors qu’est-ce que ça pourrait compliquer les choses parfois. Elle serait mortifiée à l’idée de demander à Ezio face à face – même par sms, en fait ! – ce qu’il pense d’elle parce que le regard des autres, leur opinion à son sujet lui importe un peu trop.

"J'pense il te kiffe tu vois" Non, tout le problème est là, elle ne voit pas. Ne comprend pas pourquoi il pourrait ressentir quelque chose pour elle. Ils ne se sont pas croisés si souvent que ça ces dernières, ils n’ont pas tant échangé. Elle a l’impression qu’elle ne sait rien de lui, de l’avoir découvert l’autre jour quand ils n’étaient que tous les deux. Alors pourquoi ? comment est-ce qu’il pourrait avoir nourri des sentiments pour elle ? "Mais que genre il l'écrit pour pas t'le dire, t'as vu ; genre Baveglaire" Bav ..quoi ? C’est qui ça encore - « Oh ! Beaudelaire ?! » C’est le nom qui collerait le mieux au contexte. « Non, mais tu crois que c’était pour moi ces poèmes ? Mais Lena a rien dit dans les messages ! Et puis lui non plus ! » Ce serait bien la première fois que quelqu’un lui dédierait des textes. Non, il doit se tromper. "Parce que s'il te le disait, il se prendrait p'tet un râteau de ouf" Un nouveau nugget est attrapé, trempé dans la sauce et avalé en deux bouchées. Oui, peut-être. Là encore, elle se retrouve embêtée. Si elle admet un instant que ce que Nacho raconte est vrai, comment aurait-elle réagit s’il avait fait ça ? comment réagirait-elle s’il le faisait ? "C'est le cycle du love game, mais lui il est genre, grave timide" Ezio, timide ? Il ne lui a jamais semblé être timide, pourtant. "Pis t'imagine si tu le kiffes pas, ben voilà, c'est mort," Elle imagine sans trop de difficultés ce qu’il pourrait se passer, se rappelant parfaitement la sensation produite par le rejet qui lui revient de ses années à Poudlard. Les premières déceptions amoureuses, les premières peines de cœur. "Y'a des gens ils te diront jamais qu'ils te kiffent, c'est super triste en vrai" Depuis qu’il s’est déchargé de son secret, il lui semble que Nacho a les idées bien plus claires, à croire qu’il a acquis un certain degré de sagesse. "Moi j'te kiffe en tout cas. – un sourire amusé apparaît sur son visage, ah oui ? sourire rapidement identifié par le danseur qui s’empresse d’apporter une précision. – Pas comme aç hein" « T’inquiète, j’avais bien compris. » Elle lève son gobelet de boisson trop sucrée dans sa direction. « Moi aussi je te kiffe mon Nacho. » Comme ça pas de doutes permis, ils savent qu’ils s’aiment l’un et l’autre, qu’ils peuvent compter sur leur soutien mutuel dans toutes les situations.

"Mais ok j'lui dirais que tu penses qu'il te déteste pis on verra" Elle ouvre la bouche pour l’interrompre parce que c’est pas exactement ce qu’elle a dit, avant de se raviser et de le laisser finir. "S'il pleure j'te dis, promis, ça veut dire qu'il te kiffe de ouf genre pire que la Belle et le Clochard t'as vu" Si la comparaison a quelque chose de mignon, elle n’est pas persuadée que la preuve qu’il cherche à obtenir soit la bonne. « Attends, tu vas pas vraiment le faire pleurer quand même, si ?! » Les larmes lui paraissent extrême comme moyen d’arriver à obtenir une réponse claire. « Oh non, Nacho, le fait pas pleurer, s’il te plaît ! » Parce que si déjà Ezio lui en veut, ça serait pire. Elle l’aurait blessé deux fois plus. Et comment elle ferait ensuite pour se faire pardonner ?

« Je suis supposée faire quoi maintenant, moi ? Parce que si c’est vrai ce que tu racontes – si ça se trouve tu te plantes totalement hein ! Genre comment tu peux être sûr de toi ? » L’idée qu’il puisse avoir raison n’est toujours pas acceptée. Il y a toujours ce ’et si’ qui plane au-dessus d’elle. « Ca va être super gênant si c’est vrai … » L’idée n’est pas acceptée, pourtant, chaque nouvelle phrase prononcée laisse entendre qu’elle prend de plus en plus de place dans son esprit.

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Faut dire que ton subterfuge de changer de discussion a plutôt bien fonctionné, à tel point que ton cerveau ramolli par la dope (et par l'heure qui tourne) y trouve un certain réconfort. Voire, une certaine clarté d'esprit, étonnamment. C'est le genre de conversations dans lesquelles il ne faut pas trop y mettre de matière grise ou de concentration, plutôt du feeling. C'est donc tout naturellement que tes larmes sèchent au gré des paroles échangées (mais ton nez lui, reste encombré comme jamais). L'émotion est encore là, dans ton ventre, tu la sens, forcément. Mais c'est différent. Tranquille, je gère transpires-tu alors à nouveau, alors qu'il te suffit de te cacher derrière un écran de fumée.
Lorsque Nessa te demande si c'était vraiment de lui les poèmes, tu secoues plusieurs fois la tête à la positive. T'étais là, à la soirée bédave, et même que t'as vu Lenita lui piquer ses œuvres majeures. Pas le move des plus éthiques, mais au moins, ça fait le taf. "Lenita les a prit dans--" et comme si l'univers ne voulait pas que tu poucaves ta propre bff, tu t'étouffes à moitié avec un morceau de frite récalcitrant. Pas pour ce soir, donc. De toute façon t'es sûr que Nessa a rien capté. Rien entendu. Tout est sous contrôle.

Son Moi aussi je te kiffe mon Nacho te fait sourire béat, avec tes petits yeux pétés et encore rougis, avec quelques morceaux de bouffe coincés çà et là, mais bon, personne t'en tiendra rigueur à ce stade. Ca te réchauffe le cœur de l'entendre dire ça. Vanessa est de ton côté, elle sait, elle est avec toi, elle te lâchera pas.
"Attends, tu vas pas vraiment le faire pleurer quand même, si ?! - Baaaahr - Oh non, Nacho, le fait pas pleurer, s'il te plaît ! - Mé ché pour vérifier" que tu baragouines la bouche à moitié pleine, l'air de défendre le naturel, le cycle logique d'une enquête de Dr Love. C'était pour aider, pas pour enfoncer ; puis il s'en remettrait, t'en es persuadé, avec ton QI de moineau et ton empathie d'écrevisse atrophiée. "Je suis supposée faire quoi maintenant, moi ? - (tu hausses les épaules, même si t'as une petite idée derrière la tête) - Parce que si c'est vrai ce que tu racontes – si ça se trouve tu te plantes totalement hein ! Genre comment tu peux être sûr de toi ? - Azi je sais reconnaître les keum qui kiffent des meufs à 10km, parole de bro" que tu te défends. Alvarez Matrimonials jusqu'à la mort. "Ca va être super gênant si c'est vrai..."

Léger silence : t'avales ta bouchée comme jaja.

"J'vais mener l'enquête, dans deux semaines j'te fais un rapport" tu fais la révérence militaire, on y croirait presque, alors que t'y as jamais foutu un pied. Sans doute qu'on t'aurait marché dessus et pire encore, si t'y étais allé, à l'armée. Quelle idée aussi, faut vraiment être fada pour accepter de faire ces trucs. "J'suis sûr ok, c'est mon coloc, j'ai des preuves, des témoignages, Nachiquito ve todo, sabe todo" et surtout parce que t'allais quérir ton cousin pour en rajouter une couche.

Tu prends de ta boisson, ouvre un énième sandwich. Tu dévores à une vitesse phénoménale, maintenant que t'es parti. "Mais t'inquiètes si tu le kiffes pas il va s'en remettre" que tu lui signales un peu plus bas. "Pero au moins tu sauras la verdad, t'as vu" et c'était peut-être déjà beaucoup, dans une situation pareille. Au lieu de t'occuper du cul des autres d'ailleurs, tu ferais mieux de t'occuper du tien, mais c'est une autre histoire. C'est toujours mieux de fuir ce type de responsabilités.

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octobre 2007, La Tour | @ignacio alcázar-wingates

"J'vais mener l'enquête, dans deux semaines j'te fais un rapport. "

Deux semaines. Vanessa a donc deux semaines qui l’attendent, à tourner en rond, avec de cette idée absurde en tête, qui voudrait qu’Ezio s’intéresse à elle … non, ce n’est pas tout à fait ça … C’est bien plus fort. Ce serait bien plus fort, se corrige-t-elle même. Parce que tant qu’il n’y a pas de réponse claire pour confirmer ou non l’idée, il vaut mieux rester au conditionnel. Se laisser une marge d’erreur, juste au cas où, il y aurait eu un malentendu. Les erreurs, ça arrive. Il a peut-être mal compris. Elena a peut-être mal compris. Et puis, tout ce qui s’est passé l’autre matin, la couleur sur ses joues à lui (et les siennes), non, ce n’est rien. Absolument rien. Et le fait qu'elle accepte de passer par Nacho, plutôt que d'aller demander elle-même à Ezio ce qu'il en est ne veut rien dire non plus. Les intermédiaires, c’est parfois très bien ! Ça évite les silences pleins de gêne et le malaise qui les suit comme leur ombre. L’enquête revient donc au détective de la planque. "J'suis sûr ok, c'est mon coloc, j'ai des preuves, des témoignages, Nachiquito ve todo, sabe todo" La remarque l’amuse autant qu’elle l’intrigue, qu’est-ce qu’il sait Nacho ? Qu’est-ce qu’il entend par todo ? Et c’est quoi ces fameuses preuves dont il parle ? « Mouais .. j’attends de voir le rapport de l’enquête avant de commencer à croire des trucs, détective Nacho. » Sauf que c’est trop tard. Ses yeux se sont posés sur un coin de la table et elle réfléchit déjà, s’imaginant des scénarii différents.

Elle réfléchit toujours à tout plein de choses, mais ce soir, après s’être inquiétée pour Nacho, la voilà qui s’inquiète de savoir ce que ça impliquerait si Ezio l’aimait vraiment. Et puis, si elle aussi elle venait à avoir des sentiments pour lui, ça donnerait quoi ? "Mais t'inquiètes si tu le kiffes pas il va s'en remettre" Elle relève la tête vers lui, un peu surprise. Elle commence à avoir du mal à suivre. Donc, finalement, ça ne serait pas si grave ? Il n’en mourrait pas si ce n’était pas réciproque ? (tant mieux !)Mais s’en remettrait-elle, elle, si elle lui brisait le cœur ? Mais là aussi, elle s’avance beaucoup. Et puis, il ne faut pas oublier qu’elle ne sait même pas ce qu’elle peut ou pourrait ressentir pour Ezio... Vraiment, elle peine à comprendre comment il aurait pu tomber amoureux d’elle. Ils ne se connaissent pas si bien que ça, tous les deux, qu’elle continue à se dire. Ils ont échangé quelques mots lors des soirées organisées à la Tour, au cours de ces dernières années. Ils ont parlé un peu plus longuement l’autre matin, mais ça ne suffit pas, si ? Elle pourrait au moins lui dire qu’elle l’apprécie, mais plus ? Elle ne sait pas, ne veut pas non plus trop se pencher sur la question pour le moment, parce qu’elle ne sait pas ce qui pourrait en ressortir.

De toute façon, Nacho lui a dit qu’il reviendrait avec des réponses dans deux semaines, non ? En deux semaines, il peut s’en passer des choses ! Tout le monde pourrait avoir oublié cette histoire, par exemple !

« Mais - » "Pero au moins tu sauras la verdad, t'as vu" Là encore, il marque un point. «Oui, c’est pas faux. » qu’elle lui accorde avant de croquer dans son burger. « Mais t’as peut-être mal compris, et si ça se trouve c’est pas du tout de moi dont il est question ! » Repousser encore l’idée que quelqu’un puisse s’intéresser à elle, lui paraît une bonne solution. « Comme si c’était possible ! » Remettre en doute la parole de Nacho, qui pourtant a l’air si sûr de lui, semble plus facile. « On devrait peut-être oublier toute cette histoire ? Et si on se posait plutôt devant un truc à la télé. » Elle qui est pourtant d’un naturel curieux, surtout quand ça concerne les histoires de cœur des autres, se surprend à chercher une autre issue. « T’embêtes pas Ezio, je l’embête pas, personne est embêté, et on oublie tout avec le reste du mcdo ? » Franchement, le deal est bon, non ? Pourquoi il refuserait ? … Pourquoi irait-il quand même interroger Ezio et lui ferait-il un rapport ? « Et on regarde le premier truc sur lequel on zappe ? » Combien de chances ont-ils de tomber sur un truc potable ? Une ? deux ? Dix ? Mais devant la télé, personne n'a besoin de réfléchir, si?

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Vu de l'extérieur, c'est clair que t'avais l'air d'avoir eu un regain d'énergie. Comme si tu t'étais laissé prendre à ta propre diversion, ton mental pourtant amorti ayant rejoint la danse. Le genre de trucs pour lequel Nessa t'en voudra pas, pas après t'avoir vu chialer comme une fillette de cinq ans. Pour ce qui est des propos proprement dit par contre, rien n'est moins sûr : t'as quand même mit les deux pieds dans le plat, et dans une affaire qui n'est pas des plus simples pour l'agence matrimoniale Alvarez. Ca alimenterait encore les conversations un moment, et plus encore durant ce lockdown que vous ne voyez pas arriver, toi le premier - de toute façon, tu étais déjà enfermé là depuis longtemps, ayant trop peur de ressortir et de te faire attraper, et Alhambra irait sans doute finir par te chercher, si tu n'y allais pas la prochaine fois. La prochaine fois qui, justement, il n'y aura pas... avant un bon mois.
En tout cas, Vanessa n'a pas l'air tout à fait crédule. Ca joue pas en la faveur des gens qui les shippent, comme de bonnes personnes saines d'esprit. A vrai dire, là, t'es en train de jouer les paris d'une dizaine de personnes tout au plus. C'est risqué, et t'as choisi ton camp depuis le début : tu sais qu'ils vont finir ensemble.

"Oui, c'est pas faux." a-t-elle même répondu à ta répartie incroyable. Tes derniers neurones effectifs étaient en roue libre, autant qu'elle en profite. "Ah !" que tu laisses échapper aussitôt. Ben ouais, quoi, ça fait un point pour toi ! "Mais t'as peut-être mal compris, et si ça se trouve c'est pas du tout de moi dont il est question !" Ouais ben, paie tes homologues de Vanessa hein ! C'est qu'il y en a pas vingt, et encore moins des comme elle, par ici. "Nessa y'a pas d'autre Nessa là si ?" peut-être dans une autre planque, hein, tu connais pas toute la smala de l'Ordre, même si t'as quand même un sacré répertoire. "Comme si c'était possible !" bon c'est clairement pas ce soir que tu réussiras à la convaincre. Ton soupir du nez en témoigne alors que tu finis ta bouchée (et évite de lui roter au nez). Tu devrais même te vexer de ne pas être cru comme la sainte Bible, mais tu étais trop fatigué pour en vouloir à qui que ce soit, sauf peut-être à toi. Pas dans ce contexte, celui d'avant. Mais quand même.

"On devrait peut-être oublier toute cette histoire ? Et si on se posait plutôt devant un truc à la télé." - Et c'est avec toute la motivation d'un des plus grands éléments de l'agence matrimoniale Alvarez que tu poursuis. - "Ah ouais grave !"

Tu serais pas récompensé cette fois-là, même si l'effort de guerre reste remarquable vu la situation. Pour bien brouiller les pistes, Vanessa insiste pour que vous ne parliez plus d'Ezio. Ah. Ca, c'est un autre point à noter et à aller souffler à l'oreille de Lenita querida. Vu que tu es une bonne personne, tu lui promets rien. En fait tu fais mine de ne pas tout entendre, l'œil coincé sur tes nuggets, alors que t'en mâchouilles un. "Et on regarde le premier truc sur lequel on zappe ? - Calé" que tu rétorques la bouche à moitié pleine, un léger sourire sur tes traits - enfin, qu'on dira même. Inutile de signaler qu'à la première chaîne zappée, c'est à un téléfilm à l'eau de rose auquel vous aviez eu droit - de quoi vous mettre en tête l'affaire matrimoniale jusqu'à la fin du repas, au moins. Ne pas oublier, ça allait prendre plus de deux semaines, tout ça.

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