1955 Enfance pauvre à Liverpool. Les parents moldus qui savent rien de la magie. Les premiers signes de magie se dévoilent en cachette, se dissimulent difficilement. Il se prend des volées de son père parce qu’il a cassé de la vaisselle, alors qu’il était dans la pièce voisine ; son père veut rien entendre.
Heureusement pour sa survie, Gus a bien été incapable de réprimer sa magie complètement. Le jour où ses parents assistent, en live, à une manifestation de sa magie, c’est encore pire que quand il devait la cacher. Désormais, leur fils les terrorise, et ils le lui rendent bien en faisant de sa vie un calvaire.  
Le moindre incident dans la vie de ses parents, d’un coup, ça devenait de sa faute ; genre elle est passée où la thune du mois ? Bah c’est Angus qui l’a faite disparaître par magie, et absolument pas son père qui est allé le dépenser en paris sportifs. Hé, comme quoi, on peut s'accommoder de tout.

1966 Alors que son père l’a envoyé sur le toit pour nettoyer les merdes de pigeon, Gus reçoit sa lettre de Poudlard ; c’est une libération. Il enfile sans poser de questions les affreuses robes sorcières, il va lui-même faire ses courses au Chemin de Traverse (en fait il achète quasiment que dalle, vu le peu de thunes qu’il a, malgré les aides gouvernementales (qu’il est allé demander lui-même)), il se retrouve avec du matos d’occas pas très frais mais il en a rien à battre, il veut juste se tailler de chez lui.
Il fait face à une certaine désillusion, une fois à Poudlard. Ok, il ne se prend plus des coups de botte à tout bout de champ, en revanche, il se fait pas mal taper sur les doigts car il ne s’avère pas très bon en magie. Désobéissant, nerveux, il fait difficilement cracher des sortilèges à sa baguette bringuebalante. Matériel défaillant ou trop d’années passées à réprimer sa magie comme une morsure de zombie qu’on cache à ses copains survivants ? Les professeurs se contentent de le considérer comme un mouton noir, parmi tant d’autres dans leur nuancier de gris. Pas le temps de s’occuper de lui, après tout, il en faut bien pour constituer le bas de l’échelle sociale.

Gus fait avec, c’est toujours mieux de faire perdre ces stupides points à sa maison, plutôt que de se faire chauffer le cuir par la ceinture de son père. Il parvient à arriver au bout de chaque année scolaire, généralement repêché juste avant le début des examens dans des sessions de tutorat généralisé. Il n’y a pas à dire, le môme obéit peu, mais quand il est face au mur, et qu’il le fait, il remplit exactement les tâches qu’on lui demande. Rien de plus, rien de moins. C’est grossier, recraché, mais on ne peut pas dire que c’est faux. Bah, peut-être qu’il pourra travailler dans l’administration, s’il apprend à soigner son langage et à se couper les cheveux.

1972 Bien qu’elle ait été son refuge pendant sept ans, minus quelques mois de vacances (pendant lesquelles il se faisait une joie de ne pas rentrer chez lui, s’arrangeant toujours pour se faire inviter par ses quelques copains) (ses parents ont pas cherché à savoir quel genre d’école avait soi-disant aboli toutes les vacances scolaires), Gus est bien content de se barrer de Poudlard. Il a repris du poil de la bête, et n’attend qu’une chose, se faire les dents dans le monde sorcier. Il cesse très vite de revenir chez ses parents qui perdent sa trace dès qu’il traîne ses guêtres dans le monde sorcier (et, pour être honnête, ils ne poussent pas très loin, ni très longtemps les recherches après ce bon à rien). Gus furète partout, sur fond de guerre sorcière. En plus de jobs miteux, il renifle aussi ses premiers rails de Perlimpimpin, et y reviendra régulièrement. Il comble les places soudainement vacantes, et fait office tour à tour de contrôleur de magicobus, assistant vendeur chez Barjow et Burke, puis plongeur dans un pub moldu, avant de faire le taxi quelques mois à Londres. Plus que par volonté de varier les lignes dans son CV, il enchaîne les jobs parce qu’il se montre bien incapable de se laisser marcher dessus par qui que ce soit. Le regard un peu méprisant d’un patron, la pause café un peu trop longue de son responsable, le reniflement un peu trop bruyant du passager arrière, tout est prétexte pour se foutre sur la gueule et, de fait, de se faire virer. Il a tendance à ponctionner dans la caisse avant chaque départ (les dommages et intérêts, tout ça).

1974-75 Il était serveur dans un bar miteux de Knockturn Alley, enfin plus pour très longtemps, puisqu’il était en train de se faire mettre à la porte pour avoir piqué dans la caisse, quand il fait la connaissance de Duane Murphy.
Le mec est shady, mais il est bien fringué, et il l’avait déjà remarqué dans l’établissement, il prenait toujours un truc cher à boire. Les deux garçons se tournent autour, se reniflant le cul comme des chiens errants, se foutent même une première fois sur la gueule, après que Gus ait essayé de voler la thune à Duane. Au lieu de le dénoncer aux autorités, il le prend sous son aile, l’embarquant dans ses plans fumeux du Dog qu’il était, à l’époque.
Gar pose pas trop de questions, parce que Duane a toujours une pièce à lui foutre dans la poche dès qu’il commence à trop réfléchir. Il l’assomme avec des histoires de carrières, de vacances, de soirées. Duane est chaleureux avec Gar, qui en oublie même que, parfois, il est là pour la thune. Il en oublie aussi de se faire virer, et c’est la première fois qu’il tient un taf aussi longtemps.

Le job est simple ; douteux, mais simple. Ramener des gamins ramassés dans la rue. Et, avec la guerre, on a qu’à se baisser pour en trouver. Gar a aucune idée de ce qui leur arrive après, mais il se dit que ça pourrait pas être pire que de crever de faim dans la rue. Que même si Duane est genre, à la botte d’un réseau de trafics d’organes, ça sera toujours un repas au chaud de plus avant de mourir.
Les parents de Gus n’ont jamais eu trop de considération pour leur enfant ; aussi, Gar voit pas pourquoi il devrait se faire du mauvais sang pour des gamins qui sont même pas de lui.
Sa démarche est toujours la même, et elle est loin d’être tendre. Aussi, un jour, ça dégénère, et la petite qu’il essayait d’attraper crève subitement. Il garde cet accident secret, mais il est la raison pour laquelle il s’est lancé soudainement dans la Legilimancie, préférant endormir la méfiance des enfants via des promesses de richesse et d’amour, plutôt que de leur courir après avec un gourdin. L’Occlumancie suivra peu après, en toute logique.

1979 L’avènement de Duane en tant que Wolf marque la fin de ses zonages dans les ruelles les plus pauvres du monde sorcier. Gar entre naturellement à son service, et son comparse l’envoie se dorer les miches dans une planque. Cette fois-ci, ce sont les enfants qui viennent à lui et d’ailleurs, quand ils reviennent pas, c’est à lui d’aller les chercher, pour les ramener, ou plus souvent pour les faire taire avant que les autorités leur fassent cracher le morceau. Il collectait ce que les mômes ramenaient, en félicitaient même quelques-uns d’une tape sur la tête. Mais les petits n’étaient pas dupes, et savaient que le calvaire était pas fini, puisqu’à la nuit tombée, Gar divisait les rations par deux et c’était à ceux qui avaient le plus de hargne qu’elles revenaient.
Il refuse de l’admettre mais cette période a été cauchemardesque. C’est là qu’il a commencé à s’assommer avec des stupéfiants, de l’alcool, et des émissions de télé, le son monté à fond la caisse, pour camoufler les hurlements. C’est là que le compartimentage de son esprit a commencé, l’Occlumancie aussi.

1985 Et peut-être que toutes ces couches de protection, c’était pas assez. Peut-être que la retraite anticipée, c’était qu’une excuse pour se barrer fissa loin de toute cette horreur. Toujours est-il que l’avarice a été la plus forte, que Gar a voulu mettre les voiles au mauvais moment. Peut-être qu’il est resté trop longtemps à la même place, et qu’il en pouvait plus. Alors, comme avant, il s’est servi généreusement dans la caisse avant de se barrer… Mais cette fois-ci, on l’a surpris en flag’, et cette fois-ci, il en a subi les conséquences.
Ils auraient pu lui couper les doigts par magie. Après tout, y’a un sort pour faire disparaître les os, y’a la désartibulation (plus ou moins accidentelle). Mais disons que la menace serait moins bien passée, que la leçon aurait eu plus de mal à se frayer un chemin dans sa caboche si ça avait pas été à grands renforts de cris de douleur. Quatre doigts y passent, les deux annulaires et les deux auriculaires. C’est Duane qui les a coupés. Ça aussi, ça a fait partie de la douleur ; un peu comme un chien qui comprend pas pourquoi son maître l’abandonne.
Et puis Gar s’est dit que Duane a pas eu le choix, qu’il est le mieux placé pour savoir ce que ça fait, d’exécuter les ordres sans réfléchir. Il parvient à se convaincre de ça, pendant des années (hé, c’est qu’il a de l’entraînement). Mais le fœtus d’un doute, d’une trahison, demeure au fin fond de son crâne, et se met peu à peu à parasiter les ondes de son esprit jusque là si bien rangé.

1995 Blake est rayé du tableau (lui aussi par la main de Duane, d’ailleurs, Gar a eu de la chance). Il laisse derrière lui une tripotée de gamins. On en refile quelques-uns à Gar en tant que Rats. Parmi eux, Selma, dont il se rapproche, pas tant malgré lui que ça. Il faut dire que, depuis dix ans, la machine s’est enrayée, lentement mais sûrement ; que la brèche occasionnée par Duane ne s’est jamais vraiment refermée.  
Trois ans plus tard, ils ont à peine le temps de fêter le passage de Dog de Selma qu’elle lui raconte des bruits de couloir, des manigances qui se précisent. A croire que Blake, c’était que l’amuse-gueule. La Purge se met en branle. Et tout laisse à penser que Gar s’en sort de justesse grâce à Selma. C’est elle qui l’a poussé à choisir son camp. En effet, même si le vent tournait, Gar avait un poil du mal à se dire que Carrie et Jin pourraient lui filer plus de thunes qu’il n’en avait déjà. Fort heureusement, il se range à leurs côtés à temps.

1998-2000 Il aurait pu prévenir Duane de ce qui se tramait. Lui dire qu’il était dans le viseur de la Purge, et qu’il avait intérêt à les prendre de vitesse s’il voulait avoir une maigre chance de s’en sortir. Mais Gar s’est bien passé de le mettre au courant. Alors Duane s’est fait emporter par la vague de trahisons. C’est Garfield lui-même qui est chargé de s’en débarrasser, le balançant aux autorités après avoir découvert qu’il était né-moldu. Gar a peut-être un peu froid dans le dos, quand Duane se fait exécuter en pleine place publique parce qu’il refuse de se rendre. Il doit se dire que ça aurait pu être lui. Mais très vite, il se dit aussi que c’est pas le cas, point barre.
La place vacante lui revient, et Garfield s’assoit sur le trône encore tiède de son Wolf.
Il comptait bien fêter cette généreuse promotion en matant la rediffusion des épisodes finaux de Big Brother UK (le Loft story british). Mais c’est sans compter Verdi qui fait son apparition. Honnêtement, il savait pas qui c’était, au début, juste un Rat parmi tant d’autres. Mais elle, elle a fait en sorte qu’il ne l’oublie plus jamais, elle, ou n’importe quel autre Rat. Forte de son ascendance harpie, elle le maudit, le condamnant à entendre sans relâche les cris de souffrance de ses petits camarades, dès que la nuit tombe. Plus aucun moyen de couper le son de cet indésirable programme du soir.
S’il avait su, Gar se serait bien passé de cette promotion...

Aujourd’hui, Garfield sévit donc en tant que Wolf. La Prohibition sorcière a ouvert de nouvelles opportunités à ses petits Rats qui font désormais main basse sur toutes les ressources uniquement trouvables en territoire moldu. Bref, il fait bon vivre pour le roi des mendiants, à quelques nuits blanches près. En effet, depuis la malédiction de Verdi, il alterne entre vivre la nuit, quitte à ne rien capter à ce qu’on lui dit, tant les cris dans sa tête sont forts, et vivre le jour, quitte à ne pas réussir à dormir pendant aussi longtemps que les drogues arrivent à le tenir éveillé. L’avantage, avec le monde du crime, c’est qu’il y a de quoi s’occuper, et ce à toutes heures. Il flirte notamment avec les combats d’hybrides, où il se permet même de dépenser un peu la thune amassée depuis des années, comme si ses rêves d’échappatoire et de plages de sable blanc étaient de plus en plus relégués au stade de pages publicitaires.