Sylas n'a pas hésité une seule seconde à répondre à l'invitation de son nouvel ami Aleks: ce n'est pas tous les jours qu'un sorcier veut le voir! Bon, des fois, il y a Penelope. Mais Penelope est souvent triste et elle le regarde avec ses grands yeux et des fois il ne sait pas quoi dire parce qu'il n'a rien à dire. Surtout qu'il ne pense pas qu'il la connaissait pas très bien Avant... Aleks, en revanche, ils étaient à la même école au même moment! Et puis il l'a appelé son ami directement, il n'a même pas eu besoin de lui demander comme il l'a fait avec Penelope. C'est forcément différent, peut-être qu'ils étaient très proches à Hogwarts mais juste il ne s'en souvient plus. Peut-être qu'il prévoit de lui rappeler...?

Il va à l'endroit indiqué sur la note qu'il a trouvé dans la poche de son uniforme, un peu en avance mais pas trop. Il s'est rasé de près et si il avait plus de cheveux, il les aurait peignés et coiffés. À la place, il a repassé lui-même la chemise grise délavée qu'il porte, ainsi que le pantalon un peu trop court qui montre ses chevilles nues. Ses chaussures — celles-ci sont les siennes, alors que les autres vêtements, ils les partagent avec tous les sang-de-bourbe qui vivent avec lui — sont usées mais il les a cirées comme il a pu, troquant quelques unes de ses possessions pour obtenir de la cire et quoi les nettoyer. Il ne sait pas pourquoi il a fait ça. Peut-être pour montrer à Aleks qu'il peut être quelqu'un de bien malgré le vice dans son sang?

Il trouve sans mal l'adresse, rentre dans l'immeuble et après avoir vérifié le numéro de la porte sur la note laissée par Aleks, il monte les escaliers jusqu'au bon étage et inspire profondément avant de frapper à la porte. Il a quelques minutes d'avance. Il se passe une main tremblante dans ses cheveux ras puis regarde d'un oeil critique la petite boîte qu'il a entre les mains, qu'il a acheté à la boutique Honeydukes qui se trouve sur Diagon Alley... ce n'est pas grand-chose, c'est même la plus petite boîte d'assortiments qui existe là-bas, et il a vraiment entamé ses économies pour l'acheter pour son nouvel ami. Il espère qu'il aime les friandises et les sucreries.

Quand la porte s'ouvre, Sylas se redresse et tient sa tête haute pour regarder Aleks, même si il sait qu'il ne sera jamais aussi grand que le sorcier ou aussi impressionnant. “ M-M-Mister Lindgren, ” dit-il, pris de court, en rougissant un peu avant de baisser les yeux et la tête, tendant les bras pour lui donner la boîte qu'il a fait faire emballer à la petite boutique. “ Aleks. It's for you... for my friend. ”

Aleks se tient debout, près de la porte d'entrée. De là, il a une vue imprenable sur son studio : une simple pièce, d'une vingtaine de mètres carrés, au plafond un peu bas et au parquet mal entretenu. Il murmure quelques mots, agite les doigts, et observe le rangement s'opérer par magie. Les quelques livres s'arrangent sur leur étagère, le lit redevient un canapé et la vaisselle quitte l'évier après un bon lavage, pour se mettre au chaud dans les placards du coin cuisine. L'appartement ne paie pas de mine, mais c'est chez lui. Même si il défait la résistance et obtient un haut-statut au sein des mangemorts (pourquoi pas héritier du Lord ? soyons fous et rêvons un peu), pas sûr qu'il abandonne son studio. Sur l'un des murs, ANDERS est écrit ; et sous son nom, plusieurs dessins du garçon qu'il était, de l'homme qu'il aurait pu devenir. Aleksander n'avait jamais été un grand artiste, mais il avait un bon sens des proportions et une imagination fertile. Le visage d'Anders était toujours à moitié là, en chair crayonnée, et à moitié mort, abîmé, en os et en lambeaux tracés avec un romantisme presque morbide.

On toque à la porte. La surprise fait tressaillir Aleks, qui passe une main rapide dans ses cheveux. “Crinis muto.” dit-il avec douceur. Ses doigts crépitent. Certaines mèches de ses cheveux si bruns s'éclaircissent, retrouvant leurs éclats blonds qu'il arborait dans les couloirs de Poudlard. Même ses vêtements sont un rappel à cette époque où Arthur le connaissait. Aleks se retourne franchement et fait face à la porte d'entrée qu'il ouvre lentement. Derrière, le sang-de-bourbe. “M-M-Mister Lindgren” bégaie-t-il. Il baisse les yeux, la tête, dans une révérence de soumission étrange qui fait sourire malgré lui Aleks – un bref rictus. Ses mains se saisissent du présent emballé qu'Arthur lui tend. “Aleks. It's for you... for my friend.” C'est désespérant comme c'est facile.

Le sang-pur remercie son invité d'un large sourire factice, et dépose le cadeau sur la petite table du coin cuisine. “Come in. Take your rags off.” fait-il en désignant le porte-manteaux. “Would you like something to drink? I have homemade snaps!” il ajoute en riant. “It's a recipe from Sweden... but don't tell the bosses I have it, eh?” Aleks lance un clin d'oeil à Arthur. La liste des produits interdits à l'achat, la vente et la consommation au Royaume-Uni s'est étoffée de quelques pages durant ces derniers mois. Une décision hâtive et moyennement appréciée par le jeune Lindgren, qui avait pris goût à certains vices moldus – en particulier alcoolisés.

Le sang-de-bourbe reste bêta et immobile, les bras ballants. “Please take a sit!” fait Aleks, faussement enjoué. Quand l'andouille se retourne, il lève les yeux au ciel, désespéré par la bouillie qu'est devenue le cerveau d'Arthur. Certes, il est désormais un membre utile et fonctionnel de la société sorcière, et c'est vraiment génial. Mais toutes les informations qu'il aurait pu transmettre, tout ce qui avait été retiré de sa caboche, c'était où, maintenant ? Aleks avait besoin de ces infos-là, pas de l'amitié d'un zombie de sang-de-bourbe... Inspire, expire. Faisant voler les boissons, il amène avec lui tasses de thé, sucre et lait, théière et petits verres de snaps préparés à l'avance (et généreux en vodka comme en épices), qui se déposent avec grâce sur la table basse. Aleks prend place dans le fauteuil, face au canapé et à Arthur. Il claque des doigts et prononce un accio qui ramène par magie le petit cadeau du concierge sur les genoux d'Aleks. Il défait le paquet, pose les sucreries sur la table à côté des boissons. “That's so sweet...” Il voudrait que sa voix reflète son ironie... mais il n'a pas reçu de cadeau depuis longtemps et même avant, ce n'était pas une habitude. Malgré lui, il est touché par l'attention. Il tousse, reprend contenance. “So, how are you doing, mate? How is life?” lance-t-il pour briser la glace. Pas sûr que la réponse soit aussi intéressante qu'il l'espère, mais Aleks porte son masque de gentil garçon. Et pour un idiot comme Arthur, c'est suffisant.

Sylas reste immobile jusqu'à ce qu'Aleks ouvre la bouche, acceptant le cadeau avec un naturel désarmant. Il ne doit pas s'en rendre compte, mais un mélange de soulagement et de bonheur le prend, et il se sent plus léger en entrant comme il y est invité: “Come in. Take your rags off. Would you like something to drink? I have homemade snaps!” Sylas secoue la tête quand il lui demande si il a envie de boire (il n'a pas envie de lui voler ce qu'il possède, il ne le mérite pas), mais hoche la tête devant le ton jovial d'Aleks, ne voulait pas vexer son hôte. Il retire sa veste lentement, l'accroche au porte-manteaux avec maladresse. “It's a recipe from Sweden... but don't tell the bosses I have it, eh?” Aleks lui adresse un clin d'oeil en riant et Sylas le regarde avec de gros yeux. Pourquoi? Ah, oui, parce que c'est de... l'alcool? Il ne sai pas ce que c'est, le snaps. Ou alors c'est moldu? Dans tous les cas, apparemment, c'est illégal...

Sylas sent son coeur battre un peu fort et ses grands yeux s'ouvrent encore plus grand. “Please take a sit!” Il sursaute en entendant la voix d'Aleks. Les lois... il faut respecter les lois, puisqu'elles sont faites pour nous protéger, non? Mais... Mais Aleks est un sorcier... de sang-pur qui plus est... alors dans ce cas... peut-être qu'il sait mieux que lui ce qui est bon. Il ne sait pas mieux que le Gouvernement bien entendu, mais si il propose du snaps, quoique ce soit, alors ça veut dire que ce n'est pas forcément très mauvais...

Sylas finit par se bouger pour aller s'asseoir sur un canapé dans lequel il s'enfonce voluptueusement. Ça le change bien du matelas rigide sur lequel il dort... Aleks le rejoint bientôt, prenant place en face de lui en répandant sur la table qui les sépare de quoi boire. Avec de grands yeux fascinés, Sylas regarde son hôte utiliser la magie sans baguette, du bout des doigts... il rougit un peu quand le paquet se dépose sur les genoux d'Aleks. “That's so sweet...” Il rougit tant que ses oreilles en deviennent roses. “ I'm glad you like it, ” parvient-il à dire, premiers mots murmurés dans ce petit studio — il était jusque là trop impressionné, trop pris de court pour dire quoique ce soit d'autre. Aleks s'attarde sur les cadeaux, Sylas fouillant son visage avant de vite détourner les yeux en se rappelant que c'est impoli. Il garde les mains sur ses genoux osseux, les doigts s'enfonçant dans la peau à travers le fin tissu de son pantalon. Tendu et nerveux, comme toujours. “So, how are you doing, mate? How is life?” Il cligne des yeux, pris de court. Il préfère les monologues parce qu'à ce genre de questions, il n'a pas beaucoup à offrir: “ not much. It's great. ”

Le silence après ça s'étire jusqu'à devenir un peu inconfortable. “ Can I have some? ” demande-t-il finalement, sans se rendre compte de l'atmosphère un peu pesante après sa réponse succincte, tendant un index vers la table basse. Quand Aleks hoche la tête, Sylas se penche et serre deux tasses de thé de la théière, posant la première devant Aleks. “ I was surprised to see your message, ” dit-il lentement, comme si les mots avaient du mal à sortir. Difficile pour lui de parler, de lancer une conversation, de dire quelque chose qui ne soit pas une réponse à une question ou une idée déjà préétablie. “ But happy, very happy. ” Il hoche la tête avec conviction. Le thé est trop chaud pour être bu mais il le touche spasmodiquement, le laisse le brûler du bout des doigts quand il les pose sur la tasse en porcelaine, il semble fasciné par ce qu'il voit au fond de sa boisson, les petites feuilles qui flottent et tourbillonnent. “ What's snaps? ” finit-il par demander, les yeux toujours baissés.

“Not much. It's great.” Aleks lève les yeux au ciel dans le silence qui suit. Le lavage de cerveaux a de multiples avantages, mais ça ne facilite pas les interactions sociales. “Can I have some?” Il hoche la tête. À défaut d'avoir la conversation facile, Arthur sait au moins se rendre utile. L'invité sert le thé, dépose une tasse devant Aleks. “I was surprised to see your message. But happy, very happy.” Un sourire s'étire sur les lèvres du brigadier. Il espère bien que ça rende le petit concierge heureux, oui. Il a besoin de gagner son amitié. Il en a besoin pour retrouver Alexis. Elle est toujours quelque part dans sa tête, c'est insupportable.

Aleksander laisse le silence encore une fois s'installer, et son regard ne perd pas une miette du spectacle d'Arthur, qui observe le fond de sa tasse comme si il souhaitait se noyer dedans. “What's snaps?” finit-il par demander. Aleks continue de l'observer un instant avant de répondre. “A shot. Usually an akvavit drink. Sometimes it's vodka.” Il pointe du doigt les petits verres qu'il a déjà préparés. “Those are spiced vodka. You can try, but careful. It's a bit strong.” termine Aleks en souriant. Il s'est déjà penché. Du bout des doigts il saisit l'un des digestifs, et l'avale d'une traite. La brûlure sur sa langue se répand dans sa gorge. Il ferme les yeux, inspire – la chaleur envahit son ventre. C'est plaisant. “If you don't like it, that's fine.” il ajoute, conscient qu'un rien pourrait faire basculer Arthur. Aleks doit se montrer souple, conciliant, agréable. Autant d'adjectifs qu'il n'a pas l'habitude d'entendre lorsqu'on le décrit.

Il se penche un peu dans son fauteil. “I'm happy to see you too. I don't know if you remember me from school-- we knew each other back then. We were good friends.” Même ses sourires les plus sincères lui paraissent faux, sûrement parce qu'il sait qu'il n'en pense pas un mot. Il y a du poison dans ses veines et Aleks a vécu si longtemps avec... “But for some reason, I can't remember your name. Your full name.” Il a déjà cherché Arthur, bien sûr. Les traces écrites de son héritage, son patrimoine familial. Sa relation avec Alexis. Mais il a fait chou blanc ; et ce visage, ces cheveux coupés si courts qu'on ne distingue presque pas le blond, ces joues plus creusées qu'une tranchée de la première guerre, il n'appartient pas à Arthur. Aucun Arthur enregistré, en tout cas. Puis Aleks s'est rappelé qu'il n'avait jamais vraiment demandé son nom au concierge. Ni à l'époque de Poudlard, ni maintenant. Il a toujours supposé savoir. C'est ce qu'il fait pour la majorité des aspects de sa vie, Aleksander : il suppose qu'il sait. Fake it until you make it.

“Who are you, my friend?” il demande, après avoir descendu un deuxième petit verre. La chaleur et les prémisses de l'ivresse lui permettent de supporter la présence d'un sang-de-bourbe dans son petit studio. Il pense à Alexis. Il sacrifie ses principes et ses idéaux pour Alexis. Elle est, après tout, terrée dans la tête du brigadier depuis longtemps. Et elle n'en sort pas, même lorsqu'il lui hurle de dégager. C'est un mélange de jalousie, d'amour, de colère et de haine. Quand il observe Arthur, il ressent la même chose à moindre échelle. Jaloux de lui et Alexis, enchanté par sa servitude, enragé par sa bêtise et haineux de.. et bien, de lui et Alexis. Elle l'obsède. Il descend un troisième petit verre, laissant les trois derniers face au concierge.

“A shot. Usually an akvavit drink. Sometimes it's vodka.” Vodka. Il sait ce que c'est de la vodka, il a le vague souvenir d'en avoir déjà bu (parfois à excès) avant... quand il était un voleur à l'école. De l'alcool, Sylas ne se souvient pas d'à quand remonte la dernière fois qu'il en a bu. “Those are spiced vodka. You can try, but careful. It's a bit strong.” Sylas sait rapidement que ce n'est pas autorisé, les alcools trop forts, et il ne peut pas s'empêcher de froncer les sourcils — sans se permettre le moindre commentaire toutefois. Il était un voleur et il est aujourd'hui un simple sang-de-bourbe; Aleks, quant à lui, est un sorcier, un sang-pur même! Il doit savoir ce qui est bon et ce qui ne l'est pas. Sylas le regarde se pencher et attraper un des verres qu'il vient de pointer du doigt, l'avalant en une seule gorgée qui fait s'agrandir les yeux du sang-de-bourbe. “If you don't like it, that's fine.” Sylas cligne des yeux et s'empare d'un verre, prenant la dernière phrase comme une invitation ou du moins, comme une attente informulée de boire mais déjà Aleks se met à parler, alors il préfère l'écouter.

“I'm happy to see you too. I don't know if you remember me from school-- we knew each other back then. We were good friends.” Sylas fronce légèrement les sourcils, pris d'un doute, mais finit par hocher la tête. Si il le dit, c'est que ce doit être vrai. Même si Sylas ne peut pas s'empêcher de penser qu'il l'a trompé à l'époque, parce qu'il n'était qu'un voleur et Aleks un vrai sorcier... “But for some reason, I can't remember your name. Your full name.” Sylas ne lui en veut pas, il n'est pas très important. Aleks attrape et descend un second verre de snaps. “Who are you, my friend?” Un troisième verre voit son contenu disparaître dans la bouche d'Aleks sous les yeux fascinés de Sylas qui finissent par observer les trois restants, comprenant qu'ils lui sont destinés. Il semble avoir oublié qu'on lui a posé une question parce qu'il reste de longues secondes silencieux avant de tendre la main et d'attraper un des verres. Il le prend et sans même se préparer mentalement et physiquement, sans même renifler la nouvelle boisson, il l'apporte à ses lèvres et l'avale d'un coup, comme l'a fait Aleks.

Le liquide lui brûle la gorge en descendant mais heureusement, quand il se met à tousser dans son poing fermé, tout est déjà dans le gosier. Il s'étouffe un peu, maladroit. C'est... quelque chose. C'est fort et brûlant mais Sylas peut sentir les épices. Elles sont même un peu trop fortes: au MOCHE, ils ne mangent que de la nourriture simple, rarement salée et encore plus rarement poivrée. Ça n'a pas grand goût mais ça nourrit, et c'est tout ce qui compte. Ce qu'il vient d'avaler a plus de saveurs que tout ce qu'il a pu manger ces six derniers mois.
Il tousse encore en le reposant, vide, sur la table, le visage un peu rouge à cause de sa trachée qui brûle et se ferme. “ It's good, ” dit-il d'une petite voix qui laisse à penser qu'il ment. Il s'étouffe encore un peu avant que ça se calme, Sylas soupirant de soulagement en se laissant aller contre le dossier du canapé en se redressant. Il ne va peut-être pas goûter le reste du snaps, il espère qu'Aleks ne sera pas trop déçu...

Son estomac, qui n'a pas mangé, se retourne en accueillant l'alcool et il sent ses joues rester rouges. “ I'm... me... I'm... I'm a thief, ” révèle-t-il comme si c'était son pire secret. “ Or rather, I was a thief, I used to steal magic, when we were in school... I stole magic and I ran away with it and I was with the- the- the bad guys... you know? ” Il veut parler de l'Ordre mais en a oublié le nom. “ But then I came back. And the Basilik fixed me. ” Ça semble très bien, quand il le dit comme ça. Il a omis beaucoup de choses, tout simplement parce qu'il les a oubliées sur le moment, ou oubliées tout court: son désir de fuite, sa capture, le fait qu'il ait été amnésique de la plupart de l'Ordre quand il a été capturé, le processus de Gore qui l'a laissé pétrifié et incapable de réfléchir, puis celui du Basilik qui lui a permis de réorganiser ses pensées et de réintégrer la société. L'amnésie, la lobotomie magique, les souvenirs modifiés et le sortilège qui le laisse confus la plupart du temps... “ Now I work at the Ministry, and I live at the MOCHE, and I'm really happy. ” Il hoche la tête avec un léger sourire. “ My first name is Abel. But I go by Sylas, ” rajoute-t-il en se souvenant, par miracle, qu'Aleks se posait la question de son nom complet. “ Abel, Sylas, Henry, Hoaxley-Young. That's my full name. ”

“It's good.” It's not. Aleks offre un sourire à son invité, qui a déjà baissé les yeux. Il tousse doucement, comme s'il ne voulait pas déranger, mais ses joues rougissent et Aleks sourit plus encore. Quelque chose de mauvais dans ce rictus, alors que son regard descend vers la gorge d'Arthur, vers son ventre où, il l'espère, l'alcool force les crampes d'un estomac de souillon appauvri. Il sourit encore lorsqu'il se penche, attrape une friandise ramenée par le sang-de-bourbe et l'avale. Elle n'a pas de goût. Ses lèvres grimacent tandis qu'il repousse la boîte vers Arthur. If you're not gonna drink please eat that shit.

“I'm... me... I'm... I'm a thief, dit-il dans un murmure. Or rather, I was a thief, I used to steal magic, when we were in school... I stole magic and I ran away with it and I was with the- the- the bad guys...you know?” Aleks acquiesce avec douceur, mais l'envie de lever les yeux au ciel est si forte ! Le sang-de-bourbe a littéralement deux de tension. Il mange ses mots, parle avec des images qu'on lui a sûrement calées en tête durant sa “remise à niveau” et il ne semble pas être le couteau le plus affûté du tiroir des brainwashés. “But then I came back. And the Basilik fixed me.” Aleksander hausse les sourcils. C'est la première fois qu'il entend ce nom en dehors de Poudlard. Il y a peu de chances qu'Arthur fasse référence au serpent géant qui vivait dans les toilettes de l'école lorsqu'il parle du Basilik, pas vrai ? “Now I work at the Ministry, and I live at the MOCHE, and I'm really happy.” Ces acronymes devenaient de plus en plus stupides. Son invité sourit niaisement, le regard toujours effacé à quelques mètres en-dessous de l'horizon. “My first name is Abel. But I go by Sylas.” Oh. “Abel, Sylas, Henry, Hoaxley-Young. That's my full name.” Très bien alors.

Aleks sourit en retour – ugh – et se lève de son fauteuil. Il sait déjà que Sylas, puisque c'est son prénom finalement, ne bougera pas et attendra son retour sans poser de question. Pire qu'un gosse, c'est une poupée de chiffon. Dans un petit carnet posé sur le comptoir, côté cuisine, il note le nom complet de Sylas, pour ne pas l'oublier. Il aura des recherches à faire que l'andouille aura fichu le camp de son salon. Voir ce qu'il peut trouver sur Sylas, sur Hoaxley-Young. Plus largement, sur Alexis. “That's a cool name. Long name, but cool name!” commente-t-il, faussement enjoué, tandis qu'il revient prendre sa place dans le fauteuil face au sang-de-bourbe. Il agite les doigts en direction de la cuisine, et les ingrédients pour un bel en-cas sortent d'eux-mêmes des placards, s'associent et se mélangent, avant de voler jusqu'au petit four qui trône sur la table de la cuisine. La préparation s'y glisse d'elle-même : un ensemble de petits pains salés et garnis de fruits confits et de charcuterie. Probablement un festin pour un souillon comme Sylas. L'imbécile avait suivi des yeux la magie d'Aleks avec un air goguenard d'émerveillé. C'est presque trop facile. “Magic is not for everyone!” il s'exclame, avant de lancer un rire franc – franchement ugh – à Sylas. “But you're fixed now, right? The Basilik fixed you. That's what you said.” Il regarde les deux verres restants sur la table basse, hésite à les prendre. Les trois premiers ont déjà échauffé ses joues et son esprit. Ce n'est peut-être pas une bonne idée. “If you were really fixed though, wouldn't you drink those?” Aleks pointe du doigt les deux autres verres, l'air embarrassé. “'Cause I poured them and now you don't want them but I've reached my limit, they'll go to waste and that's like-- it's kinda stealing...” poursuit-il, faussement confus. “You're not a thief anymore are you???” Il imite bien le stress, il imite bien le souffle qui devient confus, les épaules qui s'affaissent et le regard qui fuit. Un peu d'alcool dans son sang, et Sylas pourra peut-être donner quelques informations utiles sur ce Basilik. À défaut, des informations sur n'importe quoi seraient plus intéressantes que prétendre être l'ami du sang-de-bourbe. La minuterie du four sonne. D'un mouvement délicat de la main, Aleks conduit les petits pains dans une large corbeille en céramique, qu'il fait voler jusqu'à la table basse. “Careful, it's hot.”

Sylas suit Aleks des yeux alors qu'il se lève et va vers la cuisine. Les mains sur les genoux, le sang-de-bourbe ne bouge pas, attendant un autre ordre ou une autre question de sa part. “That's a cool name. Long name, but cool name!” Sylas n'a pas vraiment d'opinion sur la question mais il hoche la tête diligemment quand même. Si Aleks trouve que son nom est long, mais cool, alors son nom est long, mais cool. Il revient s'asseoir face à lui et agite les doigts... Sylas ne comprend pas jusqu'à voir du coin de l'oeil des choses voler dans la cuisine! Il regarde avec admiration et frayeur des ingrédients se mélanger puis se glisser dans un plat en direction du four qui referme sa porte d'un clap qui résonne. La magie... il trouve ça tellement impressionnant, et tellement apeurant aussi. Que ne peut pas faire un sorcier? Il se souvient vaguement... très vaguement... de la sensation d'être un voleur. Du bois de la baguette dans sa main...

“Magic is not for everyone!” s'exclame Aleks et Sylas sursaute, détachant son regard de la porte du four. Aleks rit avec force et Sylas le rejoint timidement, le son un peu déraillant dans sa gorge. “But you're fixed now, right? The Basilik fixed you. That's what you said.” Il hoche la tête, en se demandant pourquoi Aleks veut parler du Basilik. “If you were really fixed though, wouldn't you drink those?” Il baisse les yeux sur son doigt puis sur les verres. Ils sont à lui, semble-t-il, ou du moins c'est à lui de les boire. “'Cause I poured them and now you don't want them but I've reached my limit, they'll go to waste and that's like-- it's kinda stealing...” Les sourcils de Sylas se froncent progressivement en l'écoutant, alors qu'il semble faire parfaitement du sens à la rhétorique confuse d'Aleks. Ses yeux s'écarquillent à la fin, avant même qu'Aleks n'ait le temps de conclure.

“You're not a thief anymore are you???”

Il est de retour au Ministère, avant que le Basilik ne soit là. Il est de retour au Ministère et il ne dort pas il ne mange pas il ne boit pas, l crie et puis il ne fait plus un son, il pleure et puis il ne fait plus un son, il supplie et puis il ne fait plus un son. Il est de retour au Ministère et il y a des trous dans sa mémoire et on en profite pour les remplir avec des mensonges, des rêves et des choses terribles. Il est de retour au Ministère et il a froid, et il a faim, et il est fatigué, et il veut sortir et s'excuser.

Sylas secoue la tête avec force, remarquant à peine les petits fours qui volent vers eux avec vitesse et précision. “Careful, it's hot.” Il continue de secouer la tête, les yeux fixés sur les deux verres. Il finit par parvenir à relever les yeux vers Aleks. “ I'm not a thief. I'm not a thief! ” Si ils pensent qu'il est un voleur, alors ils le ramèneront au Ministère, dans sa cellule, dans le faim, le froid, la fatigue, le noir. Si ils pensent qu'il est un voleur...
Sylas se penche ne avant d'un mouvement brusque et attrape les deux verres. Il en boit un, grimace, puis avale l'autre, avant de les reposer avec force sur la table basse. Ses mains tremblent, il les cache contre ses aisselles en croisant les bras. Il a la gorge qui brûle, la poitrine, l'estomac... “ I'm not a thief, ” insiste-t-il en vrillant Aleks de son regard. Pour la première fois, ses yeux ne semblent pas vides et détachés mais ils sont intenses, fixés sur lui avec force et passion. Il n'est pas un voleur. “ I'm fixed! And I know... I know! I know magic is not for everyone and I used to be a thief but now I'm not! ” Il y a un peu de colère dans sa voix. “ I'm fixed, ” insiste-t-il avec force, défiant Aleks de dire le contraire.

Sylas s'agite. Sa tête dodeline de droite à gauche, dans un mouvement confus qui fait lever les yeux au ciel à Aleks. Ils l'ont cassé, pour sûr. Son regard finit par accrocher celui du suédois, qui recompose une expression sérieuse et concernée à la vitesse grand v. “I'm not a thief. I'm not a thief!” s'excite-t-il. Where's the chill pill s'interroge Aleks, dont la lassitude grandit face au mur que représente les souvenirs de Sylas. S'il en avait les capacités, il irait directement jeter un œil dans sa tête, voletant à travers les bribes confuses du sang-de-bourbe à la recherche de la moindre indication d'Alexis. Elle était la poule aux œufs d'or, la grande récompense de Lindgren. Sylas, lui, n'était rien de plus qu'un moyen pour une fin.

Avec un empressement brutal, Sylas se penche et engloutit les deux verres de snaps. Il grimace, il n'apprécie pas l'expérience, mais il le fait. Bon chien.
Ses joues rougissent et Aleks peut voir l'inconfort dessiner ses traits. Il croise les bras, mais il garde les yeux dardés sur ceux du sang-pur. “I'm not a thief.” insiste-t-il. Aleks ne le lâche pas du regard. Il ne dit rien, se contente de le fixer. “I'm fixed! And I know... I know! I know magic is not for everyone and I used to be a thief but now I'm not! I'm fixed.”
Aleks se lève, surplombant Sylas de l'autre côté de la table basse. “Mind your tone.” dit-il avec froideur, le regard dur. D'un mouvement de la main, le petit panier de gourmandises encore chaudes lévite jusqu'à se poser dans la paume ouverte d'Aleksander. Aussi aisément qu'elle ait apparue, l'expression de sévérité sur son visage disparaît laissant place à un large sourire aussi peu honnête que ses intentions envers Sylas. “Now that we sorted this out, care for a snack?” Il tend le panier à Sylas, observe le sang-de-bourbe alors qu'il hésite à décroiser ls bras. Il finit par se saisir d'un pain salé. Aleks se rassied.

À son tour il se saisit d'un petit pain, qu'il déchire entre ses doigts. La croûte crépite et échappe quelques miettes tandis que la mie laisse échapper un chuintement quand sa chaleur se dégage et qu'elle rencontre l'air. Une odeur de lard fumé et d'herbes fraîches emplit la pièce. Les yeux rivés sur Sylas, Aleks porte un morceau à sa bouche, croque dans un bruit sec. Il craint que Sylas ne soit trop endommagé pour en tirer quoique ce soit. Il n'a aucune potion à souvenirs, et il n'est pas certain que cela fonctionnerait de toute manière. L'extraction des réminiscences encore intactes dans sa caboche serait bien meilleure si Sylas était volontaire-- il ne le serait pas après un rendez-vous. Ils n'étaient pas encore amis.
Du bout des doigts, Aleks attira à lui un appareil photo sorcier qu'il conservait sur l'une des étagères de la petite bibliothèque, près du canapé-lit. L'appareil vola jusqu'aux genoux du suédois, qui s'essuya les doigts d'un sort murmuré. “What about a little souvenir? The first of many, if you will.” fait-il, sourire aux lèvres et sourcil levé, jovial. Il tapote du bout du doigt l'appareil photo et se lève. “First pic together. Selfies are far more easier when magic is involved.” Sans attendre l'assentiment de Sylas-- malgré un inconfort incontestable-- Aleks contourne la table basse et s'accroupit à côté du sang-de-bourbe. Il fait flotter l'appareil à quelques mètres devant eux. “Say mudblood!” fait-il joyeusement avant d'enclencher le compteur. Trois secondes plus tard, un flash les aveugle un bref instant et l'appareil atterrit mollement sur la table basse.

Enfin, un souvenir utile. Un cadeau pour Alexis, lorsqu'il aura retrouvé sa trace.
Elle sera ravie.

Aleks se lève et Sylas se sent se ratatiner sur son siège, rentrer sa tête dans ses épaules. Il est grand, Aleks, et très impressionnant. Sylas ouvre la bouche pour dire quelque chose, s'excuser, dire qu'il est stupide, s'excuser, s'excuser, s'excuser, mais il n'y arrive pas, pétrifié par le regard sombre qu'Aleks vrille sur lui. “Mind your tone.” Sylas est à bout de souffle, sous le choc, le regardant agiter la main et voyant s'y déposer un panier de nourriture. Terrifié, Sylas se demande ce qu'il va faire de lui, comment il va le punir... et est interloqué de voir son expression sévère se transformer en énorme sourire. “Now that we sorted this out, care for a snack?” Sylas reste immobile, mais Aleks insiste avec son panier et lentement, très lentement, il sort une main de sous l'une de ses aisselles pour s'emparer d'un petit pain. “ Th-Thanks, ” bégaye-t-il difficilement, ses yeux clairs toujours posés sur Aleks qui se rassied avec cette expression sympathique sur le visage.
Sylas le regarde déchirer un petit pain, le grignoter, alors que lui-même fait tourner la nourriture entre ses mains comme si il ne savait pas quoi en faire. Après un temps interminable, il finit par détacher son regard du visage d'Aleks et le baisse sur le pain entre ses doigts, le déchirant après une hésitation avant d'en porter un morceau à sa bouche.

La saveur des herbes et du lard fumé le remplit d'une étrange mélancolie. Un mouvement de la main de la part d'Aleks et Sylas se tire de cet étrange état inhabituel pour le regarder attirer à lui un appareil photo — démodé, trouve-t-il, comme toutes les technologies sorcières. “What about a little souvenir? The first of many, if you will.” Sylas sent ses membres se raidir, à l'idée de se faire prendre en photo. Il ne sait pas pourquoi. “First pic together. Selfies are far more easier when magic is involved.” Sylas ouvre de grands yeux, ne comprenant pas trop le mot selfie mais n'osant pas ouvrir la bouche pour demander une explication. Il se raidit encore plus en voyant Aleks se lever et s'asseoir à côté de lui, bien trop proche, alors que l'appareil photo se tourne vers eux. “Say mudblood!” Sylas jette un regard en coin à Aleks mais n'a le temps de rien dire que le flash s'enclenche dans un chuintement qu'il trouve désagréable.

Il pousse un petit gémissement de douleur en baisse la tête, ses mains volant à ses yeux, en même temps que l'appareil photo retombe. Le petit pain qu'il tenait jusque là finit sur le sol, mais Sylas ne s'inquiète pas, pour l'instant, de cette petite insulte.
Sa tête lui fait mal, comme si on venait d'allumer un pétard dans son crâne. Il grogne un peu de douleur en se massant les paupières et les tempes, passant parfois ses doigts dans ses cheveux rasés en espérant calmer la vive douleur. Il reste prostré.

Alexis aimait bien les quiches, avec du lard fumé, et des petites herbes. Et elle roulait des yeux quand Sylas mettait trop de fromage, mais en vrai elle aimait bien. Elle ne le laissait jamais toucher au four parce qu'il avait tendance à brûler les plats. Elle aimait bien cuisiner. Elle faisait souvent des cookies, qui fondaient dans la bouche et qui embaumaient la cuisine du manoir St--

Aleks l'effleure et Sylas est ramené à l'instant présent. Il a un mouvement de recul, violent, et sort enfin son visage de ses mains pour lui adresser un regard brûlant. “ I'm sorry, ” dit-il d'une petite voix, tendue au possible, vulnérable. Et lentement, il s'autorise à se détendre. Si il était un animal, il n'hésiterait pas à se rouler sur le dos pour offrir sa gorge à Aleks. “ The light, it burned me. I apologise... ” Et puis lentement il se penche, ramasse le petit pain. L'odeur le perturbe, alors il le repose sur la table sans plus y toucher. “ It's really good, ” ment-il. Ceux d'Alexis étaient mieux.

Aleksander observe le petit pain tombé au sol. C'est une raison valable pour punir Sylas mais celui-ci pousse un petit gémissement, porte ses mains à ses tempes. Il ne faut pas être un génie pour comprendre que le flash de l'appareil photo est responsable de cette étrange crise. Le brigadier se demande si il voit Alexis, si il voit où elle est. Donne moi l'adresse il veut crier. Il doit prendre son mal en patience. Il va pour poser sa main sur l'épaule du sang-de-bourbe ; à peine l'a-t-il effleurée que Sylas recule, violemment, contre le dossier du siège. “I'm sorry, fait-il. Aleks lui offre un sourire compatissant. The light, it burned me. I apologise...” Il se penche et ramasse le petit pain, qu'il pose sur la table. Il n'y a pas touché. “It's really good, ment-il. Aleksander balaie prestement l'atteinte à sa fierté de cuisinier. Il est bien plus intéressé par ce qui vient de se produire dans la tête de Sylas. It's okay”, dit-il, la main cette fois franchement posée sur l'épaule détendue du sang-de-bourbe.

Aleksander se relève, détend ses jambes et du bout des doigts, fait voler l'appareil jusque dans ses mains. “I guess you don't like the light.” Il a envie de le prendre en photo encore, de le prendre en photo toute la nuit, jusqu'à ce qu'il lui donne quelque chose d'intéressant : une information, un nom, un lieu. Un souvenir. Il lui brûlerait les yeux si il était certain que ça fonctionne. Il n'est sûr de rien cependant, alors il reprend sa place de l'autre côté de la table basse.

Un court silence s'installe. Sylas est trop cassé, trop intimidé ou trop bête pour relancer la conversation. Aleks ne sait plus quoi raconter, quel sujet aborder. Il se heurte sans cesse aux mêmes limites, au même mur. Quelques verres et le flash d'une photo, ça n'est pas suffisant. C'est à l'usure qu'il l'aura-- son impatience le démange. Il n'arrête pas de la voir dans ses rêves. Alexis. Il a besoin de la retrouver. Pour la tuer ? Pour la sauver ? Cette partie est encore un peu floue. “It's pointless”, lâche-t-il enfin dans un soupir fatigué. Aleks se lève, ressort la bouteille de snaps, se sert un grand verre. Il doit remplir le vide. L'abysse qu'il traîne à l'intérieur, depuis tellement d'années, continue d'exsuder tristesse et solitude. Il n'a toujours pas trouvé meilleure solution que la noyade dans l'alcool, dans le travail ; peut-être Alexis sera la solution miracle. Si elle l'aime, l'abysse disparaîtra. C'est sûr. C'est sûr.

Sylas est toujours dans son fauteuil et Aleks le regarde du coin de l’œil, alors qu'il finit son verre en une rasade. Ça brûle, ça pique, ça arrache. Il grimace. S'il continue à ce rythme, il va s'écrouler. Il faut qu'il se débarrasse du sang-de-bourbe avant : hors-de-question de montrer ses faiblesses au concierge. “Get up, il ordonne à l'attention de Sylas. Aleks ne se départit pas de son sourire, mais la bienveillance est trop fatigante à exprimer sur la longueur. Son sourire est vide. It's been nice. It's getting late and I'm feeling all kinds of blue. Le verre à nouveau plein, il marche d'un pas lent vers le salon. You've been a terrific guest (not true) and I'd love to hang out again (not true) Immobile, à côté de la table basse, il attend que Sylas se lève en sirotant l'alcool clair de son verre. Il a la tête qui tourne un peu. L'envie pressante, mais étouffée, de crier. De pleurer. De tuer. De ressentir autre chose que ce vide. C'est drôle comme ce sentiment grandit parfois-- il est toujours là quelque part, noyé sous des tas et des tas de couvertures mais sans crier garde il perce les couches et il prend vite toute la place, pour repartir des heures, des jours plus tard, aussi soudainement qu'il est venu. Alors il se cache à nouveau et prépare sa future sortie, sa future percée. Le vide attend de l'engloutir.

“Get up, répète Aleks. Il réalise soudain que Sylas est déjà debout face à lui, la main tendue dans l'attente de serrer la sienne. Il va partir. Aleks peut déjà sentir l'étreinte de la solitude se resserrer autour de lui. Il s'avance et prend Sylas dans ses bras. Dix secondes, il faut bien dix secondes pour qu'il réalise son geste et recule brusquement. Quel idiot quel idiot ! Sali par le sang-de-bourbe. Il voudrait vomir. Goodbye now!” fait-il, d'un ton faussement enjoué. Il tourne le dos à Sylas, marche jusqu'à la porte qu'il ouvre en grand. Aleks a les yeux humides. C'est le vide qui fait ça, c'est la bête noire qui vit à l'intérieur de lui. Il sourit plus fort encore, ça fait presque mal aux lèvres. Par Merlin, what a dreadful twist.