TL;DR:

Après l’entrevue gênante avec Aloysius, l’objectif de Jae-Hwa devint rapidement de s’éloigner au plus possible de son mari. L’embarras était tel et l’effort si grand qu’elle rata miraculeusement l’humiliation de sa fille qui ne cessait de prouver qu’elle n’était pas capable de se débrouiller seule. Heureusement Eun-Ji était là, à qui elle put déconseiller une partie du buffet qui allait forcément la rendre malade avant de faire un commentaire sur l’alcool que pouvaient descendre les invités parfois.
Il fallut, aussi, parler. Parler à des gens qui la prenaient encore pour la simple femme d’Aloysius, la mère de Ha-Yun, une simple ex-employée de Gringott’s (comme si elle s’était jamais limitée à cela). Et c’était étrange d’être là, dans la mondanité, en plein cœur de celle-ci, pendant que le monde brûlait dehors. Jae-Hwa, étrangement, se sentait plus à l’aise dans sa salle de torture que dans ce nid de vipères qui s’écorchait le visage à coup de griffes pour savoir qui était le plus beau, le plus populaire, qui était le plus vu.
Madame Rosier, elle, aurait préférée ne pas être vue de la soirée.

Il fallut se rassembler, cependant, pour la cérémonie. Tout de même. Aloysius d’un côté, Jae-Hwa de l’autre d’une longue ligne de chaises, comme deux gardes de chaque côté d’une rangée de soldats. Des gardes qui parleraient à leurs enfants sans se regarder, comme en décalé, dans une imitation d’union qu’ils avaient pourtant si bien connus.
Pour la cérémonie en elle-même, Jae-Hwa décrocha complètement. Il n’y avait rien de plus barbant que ce genre d’évènement, et son propre mariage avait ennuyé au possible Mme Rosier.
En bloquant son esprit sur un point vague, distant et flou, elle se souvint de cette journée étrange où elle avait cru débarquer dans un autre monde. Tout le monde parlait anglais, elle n’y comprenait rien, les vêtements étaient étranges, la nourriture abjecte, et elle avait l’impression que sa culture s’était pris un coup de lavage tant elle voyait des teintes de Corée sans jamais se sentir à la maison. Et, bien sûr, Aloysius. Aloysius si jeune, alors, si impatient et vif, qui organisait son mariage pour qu’il soit parfait, absolument parfait… Elle se souvenait des couleurs, elle se souvenait des plats mais pour elle, ce jour-là n’avait été en aucun cas parfait. Son mari ne l’avait pas regardé, son frère avait fait des blagues graveleuses que même elle avait pu comprendre, Dolohov l’avait fait danser, les insupportables gamins Carrow s’étaient engueulés…
Pourtant, elle en gardait un drôle de souvenir doux et tendre.
Hwa était encore là. Ha-Yun n’était pas mort. La vie restait encore à faire et les années, les années après…
Elle fut tirée de sa léthargie par le changement brusque de couleurs, invasive et étrange pour son regard de coréen. Soudain, au lieu de son mariage, elle vit l’enterrement d’un de ses oncles, des années et des années auparavant. Tous en blanc, les hommes buvaient et parlaient trop fort, il y avait des inconnus dans la pièce, Jae-Hwa restait avec ses cousins sans savoir où se mettre… Elle déglutit. Ce fut en retard qu’elle applaudit le couple.

L’impression morbide refusa de la quitter alors même qu’ils se déplaçaient pour observer les mariés danser. Ses propres danses, à son mariage ? Une honte. Persuadée d’épouser une véritable famille coréenne, Jae-Hwa n’avait pas pensé à apprendre les danses occidentales et, de fait, personne à la maison n’aurait pu lui apprendre. Cela avait été plus tard, bien plus tard qu’elle avait appris à danser, avec Aloysius entre deux rires. Une obligation, d’abord, pour les événements comme ceux-ci où il fallait être vu, et où Aloysius tenait absolument à l’être. Peut-être était-ce là qu’ils avaient commencé à s’entendre et se comprendre.
Puis il y avait eu la transition, le moment où Jae-Hwa avait appris les pas pour mener, où au lieu d’être dans les bras d’Aloy il avait été dans les siens. Combien de temps passés, la radio allumés, à s’improviser des danses alors qu’elle prenait toujours plus d’assurance ? Aloysius était toujours plus beau comme ça, à tournoyer autour d’elle, lumineux, alors qu’elle le gardait sur terre… Cela avait toujours eu plus de sens. Une furieuse envie de l’inviter, là, tout de suite, la prenait. Au moins pour les apparences, au moins pour faire semblant… Ou peut-être viendrait-il ? Peut-être penserait-il aux mêmes choses qu’elle et…
Un mouvement de révérence devant elle la tira de ses rêveries. Un instant elle y crut, bêtement, à son mari qui viendrait l’inviter à danser. Puis le visage se redressa et elle le reconnut. Alastar Fawley.
Ah.
Il fallut toute sa politesse pour ne pas grimacer à la proposition. Le Fawley. Celui qui voulait épouser Eun-Ji et qui allait pouvoir assister à la mort du Lord avant d’obtenir l’accord de Mme Rosier. Surtout alors qu’il la coupait dans une rêverie bien plus douce que la réalité et que, de fait, elle ne pouvait refuser son invitation. Coincée.
« Bien sûr, avec plaisir, » répondit-elle d’une voix polie mais certainement pas enjouée. Elle fit un pas, l’attrapa et le guida elle-même sur la piste. Puis, la voix peut-être un peu menaçante, elle déclara : « Je mène, bien sûr, si ça ne vous derange pas. » Et sans plus attendre son autorisation, elle vint chercher elle-même sa taille et imposa les premiers mouvements de danse.

Il n’était pas absolument incongru, dans le monde sorcier, qu’une femme mène la danse. Surtout quand l’une était mangemorte, et l’autre un vulgaire joueur de quidditch et qu’il avait l’âge d’être son fils. Un gamin, à ses yeux, insipide à côté de son mari, imbécile à côté de sa fille : jamais il ne la mériterait. « Alors, M. Fawley, j’ai cru comprendre que vous aviez des vues sur ma fille ? » Pas de préambule, pas de charmante plaisanterie. Le sourire de Jae-Hwa était froid et ses mains, comme toujours, faisaient pression sur le corps qui lui était soumis. On ne partait pas, on ne se libérait pas de l’étau qu’elle pouvait créer en dansant. Pour Aloysius, elle laissait toujours une place pour lui, mais il ne fallait pas donner à celui-là le luxe de croire à une relation d’égalité. « Qu’est-ce qui vous fait penser que vous seriez digne d’elle ? » demanda-t-elle ensuite, dissimulant à peine le doute dans sa voix. Elle n’attendait pas moins que l’étalage complet des qualités parfaites d’un gendre de sa condition, avant de lui faire comprendre que non, non ce n’était pas assez. Sinon, on aurait gardé Marcus Flint.

résumé:

La réception s'étire, et puis l'un des employés de Benjamin lui indique que la cérémonie va commencer. Blaise change (encore une fois) de tenue, tout le monde prend sa place face à l'autel. Un autel de sacrifice de sa vie de jeune homme célibataire — il n'oserait pas dire ça à haute voix, Pansy le truciderait sans états-d'âmes. Blaise aime bien sa vie oisive et superficielle, luxueuse et lubrique, où il peut faire ce qu'il veut quand il veut. Y renoncer est un peu plus angoissant que prévu, surtout que même si Pansy est sa meilleure amie... elle reste Pansy. Elle va le surveiller, le contrôler, s'agacer de son comportement, va-t-elle finir par le détester? Seront-ils de ces couples pitoyables qui se haïssent en secret?
Blaise déglutit difficilement et finalement, alors que l'orchestre s'accorde dans un bruit apaisant, il s'avance sur l'allée qui sépare les deux rangs de chaise. Sans regarder personne, pas même sa mère, il s'avance à grands pas jusqu'à l'autel où l'attend le Mage de cérémonie. Derrière lui, des pétales de rose apparaissent magiquement, volent autour de lui, animées par un vent invisible. Quand il arrive à destination, il se retourne pour faire face à l'assemblée, garde son visage lisse de la nervosité qu'il ressent pourtant.

Sa mère lui adresse un sourire et si il ne la connaissait pas aussi bien, Blaise pourrait presque surprendre des légères larmes dans ses yeux.

Une lente musique commence, alors que la fameuse licorne demandée par Pansy s'engage dans la petite allée. Blaise sent lentement un sourire s'installer sur son visage, se remémorant parfaitement bien de la tête de Benjamin quand Pansy lui avait sérieusement demandé de trouver une licorne blanche comme la neige pour la cérémonie. Benjamin l'avait regardé en lui demandant silencieusement de l'aide pour l'aider à convaincre la future mariée que c'était tâche aussi improbable qu'impossible... Blaise avait détourné les yeux.
C'est vrai que ça en jette, quand même. Il est content que les quelques discrets photographes engagés pour l'occasion immortalisent le moment où l'animal sacré s'approche de lui et attend à ses côtés, portant sur sa corne leurs deux alliances.
Quand Pansy apparaît, Blaise perd son sourire. Il l'observe, la dévore des yeux, note chaque détail, grave ce moment dans sa mémoire. Elle s'approche lentement de lui et une nouvelle fois, il se sent sourire. Un beau et grand sourire, qui fait disparaître les restes de nervosité dans son estomac. Enfin elle s'approche, et enfin elle est là, et enfin ils vont se marier.
Blaise répète les mots que leur fait dire le Mage et se laisse faire en prenant la main de Pansy sur la sienne, laissant un fil rouge symbolique s'agiter autour de leurs doigts alors que le Mage lie leur magie pour toujours. Il sent aussitôt une légère différence, mais qu'il met sur le compte de la nervosité ou de l'excitation.
Après ça, ils récupèrent les deux alliances sur la corne de la licorne et se les passent au doigt — pratique pas très commune dans le monde magique, mais qu'ils ont décidé d'adopter pour rendre leur union matérielle, constante. Ils s'embrassent et la couleur des tenues de tout le monde, ainsi que des décorations, change complètement — une autre idée de la mariée qui a donné des sueurs froides à Benjamin.

Ils remontent l'allée, alors commence la deuxième réception — ils ne font pas les choses à moitié. Même Blaise fatigue un peu, mais il oublie très vite quand la musique change et que, comme ils l'ont répété, il fait tourner Pansy sur elle-même avant de l'attirer à lui pour la faire danser, sous les yeux curieux et amusés des quelques invités qui ne se sont pas précipités vers le buffet. Ils sont peu à peu rejoints par d'autres couples, mais Blaise garde égoïstement Pansy contre lui, même si il va devoir bientôt danser avec sa belle-mère, sa propre mère, toute la famille... “ It's done, ” murmure-t-elle à l'oreille de sa fiancée... de sa femme. “ Tu étais magnifique, ” lui dit-il, encore une fois, se détachant un peu pour la regarder dans les yeux. Les siens brillent d'un air amusé. “ Il faudra que tu danses avec Benjamin et lui dise qu'il a bien fait, le pauvre a dû bien stresser avec tout ça mais... ” Il la fait tourner sur elle-même, amusé de son air ravi. “ ...il a réussi, ” parvient-il à conclure sans que ça lui brûle trop la bouche. La musique s'arrête, il se détache et s'incline devant elle. “ À plus tard, madame Zabini. ” Il rit et puis se détache pour trouver d'autres partenaires de danse, son sourire habituel collé aux lèvres.

Spoiler:

TL;DR:

Caesar garde soigneusement son calme et sa patience, comme on le lui a appris. Il s'amuse, à observer les autres, décortiquer leurs regards, donnant parfois des coups de coudes dans les côtes de Basil sans pour autant prononcer un mot, les deux jumeaux étant sur la même longueur d'ondes même en silence. La première réception est un peu longue, les jumeaux roulent des yeux de manière exagérée en regardant les maladresses de Jeong-Hui, et la cérémonie est vraiment chiante. La licorne est jolie, et leurs voeux sont pas du tout inspirés, et Caesar roule des yeux un peu quand la musique change encore une fois... et la tenue des mariés. Il comprend bien que la mode est importante pour Pansy, mais quand même, elle exagère un peu.
Le pire, c'est quand les tenues des invités changent, devenant un océan de blanc alors que les mariés se parent d'or et de noir.

“ Ah non mais je suis désolé, mais ils exagèrent, là, ” marmonne Caesar à Basil quand ils se lèvent pour suivre les nouveaux mariés à la deuxième réception. “ Ils nous forcent à respecter un dress code et après ils ruinent nos tenues?! Il y a intérêt à ce que ce soit un sortilège temporaire. ” Il est piteux, tire un peu sur sa cravate originellement dorée alors que Basil fait la moue en faisant de même avec la sienne, noire à la base. “ C'est de l'abus. — Oui. ” Excédés, mais contents d'enfin avoir accès au buffet, les deux jumeaux se séparent à l'entrée du chapiteau abritant la deuxième réception pour rejoindre père et mère, l'accord tacite entre eux deux étant que dans cette guerre qui n'a pas de nom, ils n'ont pas de camp précis. Caesar se dévoue donc à Papa et Celyn, apportant à l'un comme à l'autre une flûte de champagne quand ils voient que leurs mains sont vides. Umma est en train de danser avec... Alastar Fawley. Le beau gosse.

Elle mène la danse, normal. Caesar ne peut pas réprimer un sourire, en se laissant tomber à côté de son père et de son frère à leur petite table, regardant avec eux les invités et la réception — Rosier Events s'est occupé de l'organisation, ça se voit. De ce qu'il a compris, Benjamin n'a pas cessé de courir partout à cause de la mariée... Il observe cette dernière danser avec son nouvel époux, puis ils se séparent et se répartissent les membres de leur famille. Zabini, marié à Parkinson... il ne peut qu'espérer une alliance de cette force pour quand viendra le temps pour lui de marcher jusqu'à l'autel. “ Bientôt ce sera nous, Celyn! ” fait-il d'un ton joyeux en donnant un coup de coude à son frère aîné qui lui adresse un regard agacé. “ J'ai hâte. ” Et comme toujours avec lui, Caesar n'arrive pas à déterminer si il dit la vérité.

tldr:

Elisabeth n’aime pas beaucoup Pansy Parkinson.
En fait, elle n’aime pas beaucoup les Parkinson tout court, ce qui ne sera surprenant pour personne étant donné qu’elle est une Prewett. Cela fait bien longtemps maintenant qu’elle ne porte plus son nom de jeune fille, mais ça ne l’empêche pas d’être toujours attachée à l’histoire familiale. Quand elle était jeune, Lizzie était très proche de son grand-père Ignatus, et c’est tout naturellement qu’il lui a transmis une haine profonde pour la famille qui a bâti son empire textile en écrasant le leur. Elisabeth n’a jamais vraiment digéré ce qui s’était passé, et encore aujourd’hui, il lui arrive de retourner dans les vieux entrepôts datant de la période faste du business, et de serrer les dents devant tout ce qui a glissé entre leurs doigts.
Mais ce n’est pas en tant que Prewett qu’elle est là aujourd’hui : c’est en tant que Shafiq. Elle est d’ailleurs la seule personne issue de la famille Prewett à avoir été invitée. Ce n’est probablement pas de gaité de coeur qu’elle a été mise sur la liste des invités. Elle se demande si sa présence ici a été une source de discorde entre les mariés et les organisateurs, entre les mariés et leurs parents. Elisabeth sait qu’elle n’est pas le centre du monde, mais le sujet est si sensible entre les deux familles qu’elle est à peu près sûre que ça a été un vrai sujet chez les Parkinson.

Et ça l’amuse, quelque part.
C’est peut-être puérile pour une femme de trente-deux ans ayant son statut, mais ça la satisfait grandement, d’être un intrus ici. D’être une indésirable. Ça lui donne l’impression d’avoir un pouvoir certain entre les mains, bien qu’elle ne compte pas en faire usage. Après tout, elle ne voudrait pas causer du tort aux Shafiq. Mais l’idée que les Parkinson puissent la surveiller du coin de l’oeil avec la peur qu’elle déclenche un scandale… Ça lui plait. Et c’est peut-être pour ça qu’elle a abandonné son air bougon pour devenir la reine de la sociabilité pendant la première réception de la soirée. Habillée d’une grande robe noire faite de dentelle, aux éclats dorés sur le jupon, elle est passée de groupe en groupe, a salué tous ceux qu’elle pouvait saluer avec un enthousiasme certain, s’est rendue particulièrement agréable. Elle s’est faite reine d’humilité et de gentillesse, est même allée saluer Aeko Parkinson avec le plus grand des sourires, comme pour montrer à quel point les Prewett sont des gens intelligents, des gens avec de la valeur. C’est con, c’est vraiment nul, mais si elle peut marquer un ou deux esprits davantage que Pansy ce soir, ce sera déjà une victoire.

Bien sûr, depuis le début de la réception, elle fait son petit numéro sans Abbas, qu’elle a sans hésitation laissé faire sa vie de son côté depuis qu’ils sont arrivés. Ils auraient probablement dû aller saluer les gens en couple, mais tant pis : elle n’avait aucune envie d’être attachée à son bras. Pendant la cérémonie, cependant, elle ne peut échapper à son mari, qui est placé à côté d’elle. Alors elle se contente d’échanger le strict minimum avec lui, et se concentre plutôt sur le dos légèrement dénudé d’une jeune femme qu’elle a mis dans son lit il y a quelques années maintenant -- joli souvenir. Quand les costumes des invités changent de couleur, elle hausse les sourcils et roule sa tête en arrière. Oh come on. Ils en font vraiment des caisses, pense-t-elle, un peu vexée que la belle robe qu’elle a choisi (une qui n’ait pas de lien aux Parkinson, de près ou de loin), se retrouve blanche alors que le noir, c’est sa couleur.
Il faut l’avouer, les tenues de la mariée - et du marié - sont magnifiques. Mais Elisabeth refuse de faire une seule remarque sur ces costumes à qui que ce soit, pas même aux invités qui cherchent le drama en lui demandant ce qu’elle pense des robes de Pansy. L’indifférence, voilà le meilleur des poisons. Un poison auquel Abbas goûte quotidiennement.

Et puis la seconde réception commence. Elisabeth soupire et lève les yeux au ciel dès qu’on ne l’observe pas de trop près. Tout est trop, et ça ne fait que renforcer son énervement. Une coupe de champagne à la main, elle observe les invités aller un à un sur la piste de danse - tiens, Alastar danse avec la mère Rosier. Ils ne se sont pas croisés à la première réception. Il faudra qu’elle aille le voir une fois plus tard.
Elle sent le regard d’Abbas qui se pose sur elle.
Ils sont censés aller danser. Comme les autres couples.
Elle est partagée. Elle a envie de sauver les apparences, et en même temps, elle n’a qu’une envie : courir de l’autre côté de la pièce et d’échapper à son mari. Elle prend quelques longues secondes pour tourner et retourner le problème dans sa tête et finit par poser sa coupe de champagne. One dance. Just one. dit-elle, suffisamment froidement pour qu’Abbas comprenne qu’elle ne fait pas ça pour lui, mais pour les autres et le regard qu’ils vont poser sur eux.

Benjamin adore les mariages. Ce sont les événements qu’il préfère organiser. Enfin c’est ce qu’il croyait jusqu’à ce qu’il ait à se charger de celui de Pansy et Blaise.
Oh, bien sûr, ils ont eu beaucoup de temps pour tout préparer. Bien sûr, le budget était suffisamment fou pour qu’ils puissent réaliser monts et merveilles... Mais avoir ce duo (et leurs familles) sur le dos pendant des mois ? Un pur cauchemar. Et comme si ça ne suffisait pas, Benjamin s’est retrouvé à devoir vivre avec les deux fiancés pendant près d’un mois, au plus près du jour j, tout ça à cause d’une dispute avec Theodore Nott dont il ne connaît toujours pas les tenants et aboutissants. Benjamin n’attend qu’une chose : que cette fichue journée soit passée, et qu’il puisse retourner à organiser ses soirées mondaines et ses veillées funéraires en espérant que le prochain mariage attendra une bonne année avant de s’organiser (#naïveté).
Depuis le début de journée (ou plutôt le milieu de la nuit), il s’affaire auprès des équipes, donne des ordres, signe des papiers, grimace ou blêmit dès qu’il voit que quelque chose ne sera pas au goût de sa cousine. Il fait recommencer des choses depuis le début à ses employés, donne des ordres si sèchement qu’il a l’impression d’être son père. Mais il n’a pas le droit à l’erreur aujourd’hui : non seulement ce mariage doit être parfait aux yeux de la société sorcière, mais surtout, il doit être parfait aux yeux de Pansy et Blaise, parce qu’ils le lui feront payer TOUTE SA VIE si la moindre chose va de travers. Et il est hors de question qu’il supporte une vie de regards noirs du couple Zabini.
Sa première pause, il se l’accorde après avoir accueilli la majorité des invités à la première réception. Bien qu’il ait plus d’une fois serré la mâchoire devant les personnes n’ayant pas respecté le dress code qui avait pourtant été bien spécifié sur les faire-parts et sur les messages qui l’ont suivi, tout va plutôt bien. Alors, pour quelques minutes, il décide de laisser ses équipes gérer et d’aller se cacher dans un recoin extérieur pour aller fumer - scandale! - une cigarette sorcière, tandis que Kate, son golden retriever, fait le guet. Déjà un mois qu’elles ont été interdites, mais Benjamin ne peut pas s’en défaire. Il a l’impression d’être un gamin qui se cache pour faire des bêtises. Pathétique.
Évidemment, c’est ce moment que choisissent les invités pour faire des vagues. Quand il réapparaît enfin dans la salle principale, Pansy le prend à part et lui hurle dessus pendant de longues minutes au sujet de Marcus et Jeong-Hui, et il encaisse les cris comme le très bon cousin qu’il est : avec un air désolé et une promesse qu’il fera de son mieux pour que ça ne se reproduise pas. En temps normal, il ne se serait pas gêné pour dire à Pansy qu’il ne peut pas contrôler le reste du monde, mais il sait que ce n’est pas le jour pour l’énerver, alors il préfère jouer les petits toutous pour éviter de rendre cette journée plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. Blaise aussi vient le voir, et même s’il fait quelques remarques, il est beaucoup plus sympathique que sa cousine.

On ne peut pas vraiment dire qu’il profite de cette journée. Même quand la cérémonie arrive, et qu’il devrait s’émouvoir de voir Blaise et Pansy enfin mariés, il ne parvient pas à se détendre : il remarque le moindre détail, le moindre déplacement sur la droite ou la gauche du maître de cérémonie… Même s’il affiche un sourire, assis auprès de sa mère et du reste du clan Rosier, il est loin d’être serein. Au moins, la licorne exigée par Pansy (quelle idée absurde) est bien là, et surprend les invités. La cérémonie est longue, alors il en sort éreinté, et toujours un peu énervé envers les personnes qui n’ont pas respecté le dress code à qui il ne préfère pas adresser un regard ou un mot : quelle horreur, ces tâches dans l’assemblée qui ont empêché un changement de couleur parfait des costumes ! Il espère que Pansy ne viendra pas lui prendre la tête à ce sujet.

Enfin, la seconde réception commence, et c’est seulement à ce moment-là, une fois la licorne rendue aux magizoologistes, qu’il commence un petit peu à se détendre (mais pas trop, qui sait quand une nouvelle crise va sortir du chapeau de l’un des invités). Dans un coin de la pièce, il regarde les invités commencer à danser, et alors qu’il se baladait avec un verre sans boire à la première réception, il s’accorde enfin le droit de goûter aux boissons qu’ils ont longuement testées et choisies. Naturellement, il cherche Celyn des yeux : ils ont échangé des regards ici et là depuis ce matin quand des choses ne se passaient pas parfaitement, mais n’ont pas vraiment eu le temps de débriefer. Il le trouve avec Caesar et Aloysius. Benjamin hésite pendant quelques secondes : a-t-il vraiment envie de se retrouver près de son oncle ? Son envie d’aller trouver ses cousins est plus forte, alors il finit par se rapprocher malgré tout. De toute manière, Aloy a les yeux rivés sur la piste de danse. « Celyn… Marié… » Il s’amuse de l’idée. En fait, l’idée qu’un seul des gamins Hwang-Rosier soit marié l’amuse. « Hâte de te trouver une fiancée Caesar ? » fait-il à son cousin, un peu surpris du ton joyeux avec lequel il en a parlé à Celyn. « Franchement à ce rythme tu seras marié avant ton grand frère… » Il envoie un regard de défi au plus grand de la fratrie qui lève les yeux au ciel. « Tu ferais bien de te taire, c’est toi l’aîné des enfants Rosier, je te rappelle. » Benjamin ignore la remarque et repose les yeux sur Caesar. « Je serais ravi d’organiser ton mariage, Caesar. » Et pour le coup, il est sincère. Cela sera difficile d’être aussi capricieux que Pansy. « Tant que tu ne demandes pas une licorne pour apporter les alliances… » Il lève les yeux au ciel et boit une nouvelle gorgée de son verre pour stopper le rire qui naît dans sa gorge.

“Une chose est sûre, c’est beaucoup plus grandiose que notre propre mariage,” murmure Valerian à son oreille et Kalen esquisse un sourire en coin. “Devrions-nous prononcer nos voeux à nouveau et demander à Rosier d’organiser les festivités ?” demande-t-il en arquant un sourcil et il ne peut s’empêcher de rire légèrement en voyant Val plisser le nez. Si sa femme n’a rien contre l’idée de faire la fête - bien au contraire - il sait à quel point elle méprise ces événements trop officiels où ils se retrouvent tous tirés à quatre épingles. Si elle est radieuse dans sa robe dorée, il sait qu’elle attend impatiemment de s’en débarrasser et qu’elle lui réservera probablement le même sort qu’à sa robe de mariée à l’époque.

S’il n’est pas étonné par la totale démesure dont son associé a encore fait preuve, il doit bien admettre que le coup de la licorne le laisse sans voix. Ca va beaucoup trop loin à son goût et l’humeur de Kalen change du tout au tout lorsque les tenues des convives passent du noir et doré au blanc en une fraction de seconde. Les lèvres pincées et les sourcils froncés, il observe son propre costume et sa robe devenir complètement blancs. Le blanc n’est pas sa couleur, il a le teint beaucoup trop pâle pour cela, et son agacement est plus que palpable alors qu’il se retient de sortir sa baguette pour inverser ce changement odieux.

Au lieu de faire une scène, Kalen inspire profondément, plaque un sourire crispé sur son visage et suit le reste de la cérémonie, jusqu’à ce qu’on les entraîne vers la suite des festivités. “Shall we?” demande-t-il à Valerian en lui tendant la main lorsque les couples autour d’eux se mettent à danser. Un sourire espiègle aux lèvres, elle le suit et tous deux rejoignent la piste de danse. Ils restent là un moment, à virevolter parmi les autres couples et n’hésitent pas à glisser leurs félicitations aux mariés lorsqu’ils parviennent à se glisser à côté d’eux suffisamment longtemps. Ils ne s’arrêtent que lorsque Valerian lui fait signe de regarder sur sa droite et c’est alors que Kalen repère le couple Shafiq. S’ils font tout pour maintenir l’illusion du couple parfait, le Yaxley ne peut s’empêcher de remarquer la tension dans les épaules de Lizzie, la raideur de ses pas. Kalen et Valerian n’ont qu’à échanger un regard pour se comprendre et tous deux profitent alors d’un léger temps mort dans la musique pour se glisser aux côtés du couple Shafiq.

“Abbas, tu permets que je t’emprunte ton épouse pour une danse ?” demande-t-il d’un ton mielleux en tendant une main à Lizzie. “J’ai assez dansé avec lui pour ce soir,” fait Valerian en désignant Kalen avant d’attraper le bras d’Abbas sans lui laisser la possibilité de refuser. Kalen force un petit rire amusé et ramène aussitôt Lizzie contre lui. “A plus tard,” susurre-t-il avant d’entraîner la jeune femme plus loin. “You’re welcome,” glisse-t-il à son oreille.

Résumé:

Abbas passe une très longue soirée.
Il n'a qu'une envie: rentrer à la maison, retirer ses chaussures, et s'écrouler pour une sieste sur le canapé qui se trouve dans son bureau. S'enfoncer dans les coussins, en prendre un dans ses bras, rouler sur le flanc et fermer les yeux pour dormir...
Il arrive à tenir la face pendant la première réception. Il faut se mélanger, discuter, poser des questions, prétendre s'intéresser aux réponses. Il y a quelques années encore, Lizzie l'accompagnait à chaque fois parce qu'elle sait qu'il déteste faire ce genre de choses; pas cette fois. Cette fois, il est tout seul, et il passe la plupart de son temps à la chercher du regard, à voir ce qu'elle fait. Mais elle l'ignore.
Abbas commence à faiblir lors de la cérémonie. Il manque de s'endormir trois fois, et cette fois ce n'est pas le coude de Lizzie dans ses côtes qui le réveille (ça lui est déjà arrivé quand ils sont allés à un mariage ensemble et qu'ils étaient en bons termes), mais le propre poids de sa tête qui tire sur sa nuque. La licorne (what the fuck?) parvient à l'impressionner suffisamment pour qu'il ne pique plus du nez jusqu'à ce que les costumes de tout le monde changent de couleur. “ Oh come on, ” fait Lizzie à mi-voix à ses côtés et il saute sur l'occasion: “ I know right?! ” Mais elle continue de l'ignorer.

C'est sans doute pour ça qu'il finit par attraper une flûte de champagne sur un plateau volant quand arrive le temps de la deuxième réception (ils en font trop). Cette fois, lui et Lizzie sont côte à côte, mais ils ne s'adressent ni la parole, ni un regard. De la musique se joue, des couples se forment, des danses commencent. Abbas jette un coup d'oeil à sa femme et enfin, elle lui adresse quelques mots: “ One dance. Just one. ” C'est un bon début, trouve-t-il, et il fait de son mieux pour ne pas paraître trop empressé quand il lui prend la main pour la mener sur la piste de danse.
Dire que c'est gênant est vraiment un euphémisme. Il n'a jamais été un très bon danseur, et pour être honnête elle non plus, mais au moins ils donnent l'apparence d'être un couple heureux et normal.
Abbas essayerait bien de commencer une conversation à mi-mots, mais il sent la tension dans la silhouette de Lizzie, ses doigts posés avec un peu trop de pression sur son épaule.
La musique s'arrête, une autre s'apprête à commencer, Abbas prend une profonde inspiration pour enfin adresser quelques mots à sa femme (il vient de préparer quelques phrases d'accroche dans sa tête) mais il est interrompu dans son élan: “ Abbas, tu permets que je t’emprunte ton épouse pour une danse ? ” Abbas jette un regard désabusé et un peu hautain à Kalen Yaxley, mais il ne peut rien faire quand Lizzie prend la main du rouquin sans hésiter. “ Mais oui, mais bien sûr, Kalen, ” sourit-il (même si son rictus ressemble plus à une grimace qu'autre chose). “ J’ai assez dansé avec lui pour ce soir. ” Et le voilà qui se retrouve avec l'épouse Yaxley. Il se laisse entraîner à l'écart en grinçant des dents, sans cesser de faire sa petite grimace, et lance un dernier regard à Lizzie avant de se faire happer. Ce n'est pas qu'il n'apprécie pas Valerian mais... “ ... une licorne, ” dit-elle simplement, alors qu'ils se mettent à danser de manière gênante. “ On aura tout vu. — I know right?! ” s'écrie, presque scandalisé, Abbas à mi-voix. Et malgré lui il se met à sourire sincèrement, secouant la tête et sentant enfin un poids qu'il n'imaginait pas ressentir s'évaporer de ses épaules.