L'Humaine a peur. Son cœur fou faisait trembler son corps entier avant le crépuscule. L'Humaine a peur et elle a mal. Très mal. C'est comme si je pouvais l'entendre hurler à l'intérieur de moi ; c'est pour ça aussi que je hurle fort, fort pour couvrir ses bruits à elle. L'Humaine n'a pas le droit d'exister. C'est moi qui compte ce soir. Et moi je n'ai pas mal. Moi je suis libre pour la première fois. C'est comme si je venais de naître. Je suis excitée, j'ai faim, aussi. Mais chaque fois que je m'éloigne, pour suivre la trace d'une odeur délicieuse, l'Alpha appelle et je suis obligée d'aller à elle. C'est nul. Je veux manger, pas jouer. Alors je me bats et je mords les autres même s'ils sont les enfants de l'Alpha, eux aussi — mais là encore elle crie et je dois arrêter. Elle me commande et j'aime pas ça, mais je sais pas ne pas lui obéir. Elle est grande et elle fait peur et puis elle a le Pouvoir. Pourtant c'est pas ma vraie Alpha, c'est pas elle qui m'a créée, je le sais. Il y a autre chose qui m'appelle, un fil tout fin qui me tire un peu plus vers le Sud, pas trop loin pourtant. Ça se tend parfois et j'essaye de le suivre et puis j'oublie parce qu'un lièvre passe et j'ai faim. C'est pas un lièvre que j'ai envie de manger, mais il n'y a que ça…Et les autres loups. D'autres bêtes aussi (trop grosses pour être mangées), qui ne sentent pas bons et semblent m'éviter.

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6h08 La forêt est silencieuse, pas comme une nuit ordinaire lorsque la plupart des animaux sont endormis. La forêt est silencieuse comme au lendemain d'une catastrophe naturelle quand le monde retient son souffle en craignant que cela ne soit qu'un court entracte. Le soleil achève de se lever alors que la rosée se mêle au sang des loups et autres bêtes qui ont couru toute la nuit. Le monde retient son souffle et les monstres eux cherchent le leur. Flora est confuse lorsqu'elle s'éveille. Son corps, il lui semble, ne lui a jamais fait aussi mal. À aucun endroit en particulier, comme le soir de sa morsure. Partout. Comme si des dizaines de personnes lui avaient couru sur le corps, comme si on lui avait fait dévaler le flanc d'une colline en roulant sur elle-même. Elle a mal partout, y compris à l'intérieur d'elle-même, à la tête et ailleurs, plus bas aussi, là où reprend ses droits son cœur d'humaine. Quand elle bat des cils elle réalise qu'elle est dans la forêt, quelques rayons de soleil passant à travers les branches au-dessus de sa tête. C'est tout ce qu'elle parvient à voir, le monde tournant tout autour d'elle. Mais elle sait pourquoi elle est là, elle se souvient de son agitation, de sa terreur lorsqu'on l'a faite transplanner puis marcher jusqu'ici. Elle se souvient que June lui a dit que pour une première transformation on ne pouvait pas lui donner de potion tue-loup. Il fallait qu'Elle soit entière ce soir. Elle, la Louve. Il fallait que l'humaine n'existe plus.

Flora n'existe plus. Elle n'a plus l'impression d'exister. Vit-elle encore vraiment quand tout le monde ignore qui elle est ? Existe-t-elle encore quand elle n'est plus vraiment humaine ? Elle a si mal, si peur, si froid, si honte. Flora aimerait ne plus exister.

On lui a mis une couverture sur le corps, elle est nue sinon et même avant qu'elle ne s'éveille, elle tremblait déjà. L'aube dans les highlands n'est pas clémente. Elle est allongée par terre avec la vague idée que c'est sale et humide, qu'elle va tomber malade et qu'elle devrait se lever. Elle n'arrive pas à bouger. La couverture est chaude, poilue. Douce, réalise-t-elle quand ses doigts s'y mêle, s'y accrochent mollement alors que déjà ses yeux se referment. La couverture respire, pourrait-elle penser si elle ne tombait pas déjà dans l'inconscience, exténuée comme si c'était elle qui avait passée sa nuit à courir les bois.

C'est la première transformation de Flora: on lui a dit de se tenir à l'écart. Un nouveau loup, et encore plus une nouvelle louve, doit rester avec sa Meute, y trouver sa place, y tisser des liens sans intrusion extérieure. Et de toutes façons, il a accompagné les loups transformants lors de la lune précédente: n'est-il pas fatigué? La plupart des Animagus alternent: un mois avec les transformants, un mois avec ceux qui prennent la potion, pour leur tenir compagnie — ou alors un mois de repos. Lee est le seul à insister pour accompagner les transformants. Pas parce qu'il aime ça — il n'y a rien à aimer... — mais parce qu'il pense que c'est important. Ils doivent devenir fous, ces loups, et ils ont toujours besoin d'au moins trois Animagus pour veiller sur eux. Sirius en fait souvent partie, et lui aussi: sa taille de grand félin peut l'aider à canaliser les loups... quoiqu'ils restent plus rapides et plus puissants que lui. Ce soir-là, ceci dit, il a d'autant plus de raisons de les accompagner: c'est la première pleine lune de Flora. Sa première véritable transformation... il reste à l'écart, mais garde un oeil sur elle toute la nuit. Quand il la voit pour la première fois, il en a le souffle coupé. Elle fait peur... elle fait peur, tout comme June son Alpha, tout comme les loups. Mais c'est Flora, qui état mince et quasi-translucente dans son lit de rétablissement, Flora qui a souri en lisant la friandise, Flora si similaire à sa soeur Hestia qui lui a fait promettre de s'occuper de sa soeur. Elle hurle à la lune et un long frisson agite l'échine du lynx.

Ce n'est pas Flora. C'est une louve.

Il évite les blessures, les griffures et les morsures: il tient ses distances, comme promis, courant avec la Meute sans pour autant en faire partie, esquivant les loups qui claquent des crocs trop près de ses chairs et n'hésitant pas à leur foncer dedans quand ils font mine de quitter leur zone. Il finit par être blessé bien entendu, comme tous les mois. Une griffure, qui taille trois lignes rouges dans son flanc. Peu importe: il reste bravement à son poste, fait ce qu'il a à faire.

Et enfin, les premiers rayons du soleil. Il dort pendant la journée, avant la pleine lune, mais accueille toutefois le lever de l'astre avec soulagement et gratitude: il apporte enfin un terme à cette très longue nuit. Le lynx s'écroule quand le premier lycan se retransforme, et peine à garder les yeux ouverts alors que le reste de la Meute disparaît, laissant derrière les énormes carrures lupines celles, frêles et dénudées, des sorciers. Il s'accorde quelques instants de faiblesse avant de se relever et vérifier qu'aucun d'eux ne va se vider de son sang: déjà, des sorciers de Sweet River ne portant pas l'affliction de la lune apparaissent en transplanant et s'occupent d'ausculter, de réveiller ceux qui peuvent l'être et de ramener les loups au bercail. Lee ne peut pas encore se retransformer, préférant garder sa forme animale le temps que ses blessures soient checkées par un vétérimage afin d'éviter une transformation partielle inattendue...

Il continue son inspection, laissant quelques mains baladeuses le caresser et des voix enrouées le remercier, jusqu'à tomber sur Flora. Elle est là et elle frissonne, à peine éveillée, alors qu'il s'approche, les oreilles aplaties sur le crâne, redoutant presque le contact pourtant inévitable quand elle ne réagit pas après qu'il ait collé sa truffe humide contre son cou. Elle ne l'attire pas ni le repousse quand il s'allonge sur elle, faisant fi de sa nudité qui n'est pas rare dans le coin à cette heure, prenant place sur elle pour recouvrir tout son torse sans mal, la tête de Flora finissant entre ses pattes. Les doigts de la sorcière finissent par se glisser dans sa fourrure et s'y accrochent sans grande force... Presque machinalement, la langue du lynx vient badigeonner la joue de la jeune femme, geste synonyme de réconfort, d'affection et d'aide à la guérison. Elle ne réagit pas mais il sent son souffle contre son visage et sa poitrine qui se soulève tandis qu'elle respire. Elle est inconsciente. “ Is she okay? ” Lee tourne la tête pour regarder June, qui se cache timidement derrière les longs et grands pans d'une chemise de bûcheron, s'approcher, ses longs cheveux roux parsemés de brindilles et de feuilles. L'animal ne répond pas, se redressant quand elle s'approche pour la laisser lui gratter la tête. La culpabilité dans sa voix et son regard parlent pour elle. “ She'll be fine, ” marmonne un sorcier bourru qui arrive en trombe, sa baguette à la main. “ I'll Apparate yous to the house, alright? ” Et sans attendre leurs avis, il s'empare du poignet de June et de la nuque du lynx qui s'assure de bien se trouver sur Flora avant de se laisser emporter.

À la maison ils sont accueillis par d'autres sorciers qui les amènent à l'intérieur, l'un deux portant Flora alors que Lee force June à lui emboîter le pas en lui mordillant les mollets, l'accompagnant jusqu'à sa chambre pour s'assurer qu'elle se repose au lieu de se triturer les méninges, avant d'aller en quête de là où Flora a été déposée — il n'a aucun mal à se fier à son odorat pour cette mission. Déposée sur un lit, recouverte pudiquement d'une simple couverture, Lee hésite avant de l'y rejoindre et de s'installer près d'elle, sa truffe à quelques millimètres du bout de son nez. Il semble la jauger, la regardant sans rien dire pendant un long moment avant de fermer les yeux en se rappelant la promesse qu'il a fait à Hestia de veiller sur elle.

Il se réveille quand Flora li roule presque dessus, ses bras l'enlaçant avec force alors qu'elle laisse ses doigts s'enfoncer et s'entremêler à l'épaisse fourrure. Il ne se rendort pas et veille sur elle, passant ses bras autour d'elle dans un geste très humain alors qu'il enfouit son visage dans ses cheveux, sa langue épaisse de félin sortant parfois comme pour essayer de lui goûter le crâne. Son corps tout entier résonne du constant bruit de ronronnement qui s'échappe de sa gorge, bruit qui s'intensifie quand Flora semble se réveiller et, se rendant compte que sa couverture est vivante, se recule pour l'examiner. Lee penche la tête sur le côté, l'imposant lynx complètement détendu tout contre elle, content de lui avoir apporté au moins un peu de réconfort. Tout va bien? semble demander l'énorme félin, avant de se pencher pour lui lécher une nouvelle fois la joue.

Le sommeil de Flora est sans rêve, moins sommeil que quasi-coma, l’inconscience totale et bienvenue après une nuit éprouvante et le pire mois de sa vie. Sans rêve et sans pensée elle dort simplement enroulée dans une couverture qui ne lui appartient pas, sans aucune pudeur pour trouver à s’embarrasser de sa nudité. Elle dort et bouge un peu dans son sommeil mais ne se réveille pas pendant un long moment, jusqu’à ce que lentement son esprit émerge alors que ses doigts, perdus dans les poils de ce qu’elle pense être une épaisse et chaude couverture s’y pressent un peu plus, s’y enroulent et s’y accrochent. Son emprise se resserre d’abord à la recherche de la chaleur et de la douceur, qui en émane et puis elle se relâche un peu brusquement lorsque, les yeux toujours clos, elle réalise que la couverture respire et ronronne. Elle papillonne des yeux, se recule un peu pour voir ce à quoi elle a à faire, la brume embuant son esprit se levant peu à peu pour qu’elle se rende compte d’où elle est. De pourquoi elle est là. Elle ne connaît pas cette pièce, ni ce lit, ni cet animal qui repose sur elle ces yeux de félins semblant l’étudier avec attention. Elle est à Sweet River et non pas à la maison, elle ne retournera jamais à la maison parce que la veille et désormais un soir par mois pour le reste de sa vie elle n’a plus le droit d’être humaine. Et plus jamais elle n’a le droit d’être Flora.

L’animal penche la gueule de côté dans un geste presque humain et elle fronce un peu des sourcils. C’est un chat, mais pas vraiment. Un très gros chat. Un lynx qui la regarde avec une intensité qui n’est pas commune, mais pas méchamment, sans menace aucune, croit-elle. Elle se souvient vaguement de son premier réveil dans la forêt, quelques secondes de conscience avant de sombrer marquées par cette même couverture vivante qui masquait un peu sa nudité. Le pli entre ses sourcils se creuse, elle est encore nue sous le drap en dessous du lynx, drap que quelqu’un qu’elle ne connaît pas a placé sur elle après qu’elle ait été emmenée ici, probablement toujours nue. Malgré elle, malgré le fait que ça ne soit qu’un détail si futile après tout ce qu’il lui ait arrivé, Flora rougit de honte à l’idée qu’on l’ait vue en tenue d’Ève sans aucun égard pour sa modestie et sa pudeur. Le lynx approche son museau et lui lèche la joue la prenant suffisamment de court pour qu’elle ne réagisse même pas, son visage se défronçant simplement l’espace de quelques instants. Elle lève machinalement une main pour le repousser lui et sa langue qui la chatouille, mais se retrouve à caresser un peu son crâne au passage.

Les autres lits de la pièce sont vides pour la plupart, mais défaits de sorte qu’elle se doute qu’ils ont dû être occupés un peu plus tôt, qu'il doit s’agir d’une pièce où viennent se reposer les loups après leurs transformations. Elle est la dernière encore présente, parce qu’elle a dû dormir plus longtemps que les autres, parce qu’elle était plus fatiguée que les autres, parce que tout ça est nouveau pour elle. Pour le moment. Son visage s’effondre brusquement alors que sans prévenir ses yeux s’emplissent de larmes. Et, stupidement, trop prise dans son excès d’émotions pour réfléchir correctement, elle enroule de nouveau ses bras autour de la bête pour enfouir son visage dans son encolure sans se poser plus de question sur les raisons de sa présence, ni même à qui il appartient, ni même encore qui il pourrait être. Elle enfonce juste ses traits déjà mouillés contre sa fourrure et pleure silencieusement, pleure, à s’en faire mal au nez et à la gorge et aux yeux et à la tête, incapable de s’arrêter. Elle se sent honteuse de se laisser ainsi aller ce qui fait redoubler un peu le torrent de ses larmes. Elle est si…désespérée et perdue et seule. Durant sa convalescence on est venu lui rendre visite, mais rarement très longtemps et puis personne qu’elle avait vraiment envie de voir non plus. C’était les gens de la meute dont on veut qu’elle fasse partie, et des amis de Hestia qu’elle ne connaît pas, ou à peine. Personne n'est venu pour elle. Personne ne viendra jamais pour elle. Flora n’existe pas ici.

Elle devrait se demander ce qu’un lynx peut bien faire sur son lit, ce qu’il pouvait bien faire à la couvrir dans la forêt aussi, ce qu’il peut bien faire à lui lécher la joue et la laisser pleurer dans sa fourrure comme s’il s’agissait de rien d’autre qu’une peluche. Elle n’a pas assez d’énergie pour se poser toutes les questions qu’elle devrait, et si elle avait la moindre bribe d’énergie elle ferait tout pour arrêter de pleurer. Flora ne pleure pas et Hestia non plus et quand elles le font ce n’est jamais devant les autres. Ce n’est jamais que l’une avec l’autre. Mais Hestia n’est pas là, il n’y a qu’elle, toute seule dans une maison et un camp qu’elle ne connaît pas, avec un animal qui agit de manière bien étrange avec elle. Elle n’a pas envie de poser de questions parce qu’elle n’a pas envie de le lâcher, pas tout de suite en tous cas. Pas quand il est chaud et réconfortant par sa simple présence. Enfin quelque chose qui est là pour elle quand elle en a besoin sans lui poser de question ou la stresser d’avantage, là juste là, un gros animal touffu qui lui montre un peu d’affection. Elle n’a qu’envie de pleurer et le tenir contre elle, le serrer un peu plus fort et se laisser envahir de nouveau par le sommeil. Elle voudrait dormir jusqu’à ce que tout ceci ne soit plus qu’un cauchemar dont elle pourrait se débarrasser en se réveillant. Mais tout ça est réel, aussi réel que la couverture qui s’avère être un lynx contre la fourrure duquel elle renifle bruyamment.

Pleurer lui fait du bien, même si elle se sent stupide. Pleurer lui fait du bien et il n’y a personne d’autre que le lynx pour le voir et entendre ses petits sanglots étranglés. Elle noie ses poils dans ses larmes salées, mais il ne semble pas trop lui en vouloir ni chercher à se détacher d’elle de force. Peut-être qu’elle est en train de rêver. Ou peut-être qu’elle est devenue folle. Elle est un peu vieille pour avoir un ami imaginaire. Mais elle est certainement assez esseulée pour ça. Pleurer ne résout rien, n’arrange rien vraiment, mais pendant l’espace de quelques instants alors qu’elle renifle encore contre l’encolure du lynx, son cœur s’allège quelque peu, son corps meurtris lui fait moins mal et son âme lui semble un peu moins brisée. Ce soulagement ne durera pas, mais c’est déjà quelque chose, quelque chose de suffisamment notable pour que lentement elle se surprenne à caresser l’animal. Il n’est pas sauvage ce lynx. Mais il n’est pas un animal de compagnie non plus. Il est possible qu’il soit quelqu’un. Flora n’a pas envie de le savoir. Il est étalé sur elle et il essaye de la faire se sentir mieux et c’est une marque de gentillesse trop pure et son cœur en est trop affamé pour pouvoir la rejeter. Elle frotte un peu son visage à sa fourrure pour effacer les larmes sur ses joues, sanglotant encore doucement, espérant désespérément que personne ne la surprenne ainsi, murmurant finalement tout doucement: “ Thank you. ” Elle ignore ce à quoi (à qui) elle a à faire, mais sa reconnaissance timide et gênée a le mérite d'être sincère.

C'est vrai que ce n'est jamais agréable de se faire lécher par un félin à la langue râpeuse et épaisse: souvent, ça fait glousser les gens mais ils finissent toujours par le repousser... c'est ce que s'apprête à faire Flora quand elle lève la main, mais au passage ses doigts se perdent un peu dans ses poils et le caressent doucement, faisant redoubler d'intensité les ronronnements du lynx. Énorme chat affectueux aux pattes absolument démesurées, il se frotte contre la main de la jeune femme avec passion, jusqu'à ce qu'elle retombe à son grand désappointement; il n'a pas le temps de lui jeter un regard curieux que Flora enfouit son visage dans l'épaisse fourrure de son cou, ses bras l'encerclant pour le serrer contre son coeur. Le lynx ne proteste pas: surpris, peut-être au début, il finit par se détendre et par la laisser pleurer, indifférent à ses émois semble-t-il, mais présent tout de même.

Les pattes bougent un peu, se posent de parts et d'autres de son visage, alors qu'elle enfouit toujours plus profondément son visage dans ses poils. La situation pourrait, devrait, peut-être le gêner: si il avait son corps d'humain et non son corps de félin, sans aucun doute que Flora n'oserait jamais faire ça devant lui, et encore moins avec le nez enfoui dans son cou. Est-il en train de tirer avantage de la situation? Mais... quel avantage? Il décide, finalement, qu'elle doit avoir besoin d'un ami qui n'a pas de visage: devant Lee elle ne peut rien montrer, devant ce lynx affectueux et touffu elle peut se laisser aller... alors il ne réagit pas, la laisse faire, le museau s'enfonçant une ou deux fois dans les cheveux pour se frotter à son crâne, mais rien de plus.

Finalement les larmes se tarissent, et le lynx se redresse, ses yeux intelligents essayant de trouver les siens. Ceux de Flora sont un peu gonflés — il se demande pendant un bref instant si elle est allergique, ce qui serait inquiétant — mais disparaissent bien vite de nouveau quand elle retourne pleurer dans son cou, se frottant à la fourrure avec une aise et un confort que Lee n'a jamais vu ni chez Flora ni chez Hestia. “ Thank you. ” Un miaulement rauque lui répond, rien de plus, suivi par d'autres, plus légers et bas, alors qu'il se détache un peu plus et finit par se lever au-dessus d'elle et briser le carcan de ses bras. Il la regarde, pousse un peu son nez avec son museau, avant de s'étirer paresseusement et de revenir s'installer sur elle, ronronnant avec douceur, et un peu plus fort quand elle remet ses bras autour de lui. Elle n'a pas à le remercier... il fait ça pour Hestia, il lui a promis de veiller sur sa soeur et il ne peut pas imaginer une autre manière de le faire que de lui offrir son soutien et son amitié... même sous la forme d'un gros chat qui se tortille pour chercher ses caresses quand elle lui gratouille les côtes.

Au final il se redresse, et se penche vers son cou, puis son épaule nue, pour pointer du bout de son museau humide les différentes estafilades et griffures qu'elle a récolté durant la nuit: rien de bien grave, mais il veut que Flora les montre au guérisseur quand il passera faire sa ronde pour qu'il s'en occupe, juste au cas où. Sans gêne, le lynx se met à tirer sur la couverture pour pointer du museau d'autres petites plaies sur sa clavicule et sur le début de sa poitrine; la jeune femme l'empêche d'aller plus loin en crispant ses doigts autour de son drap. Le lynx — plus animal que sorcier en cet instant précis; mais ayant un comportement plus sorcier qu'animal en même temps — penche la tête sur le côté. Tu ne veux pas que je t'aide? aimerait-il lui dire, se résignant et revenant coller son museau à son nez avant de lui donner un bon coup de langue sur le menton, la bouche, la joue et l'oeil, sans pitié aucune, le geste autant dégoûtant que réconfortant.

Le gros chat ne réagit pas beaucoup à tout ce que l’étrange humaine peut faire avec lui, mais ça n’est pas surprenant. Ça n’est qu’un chat. Un lynx qui aurait déjà tendance à bien se démarquer avec la faune locale, même au plus profond de la forêt dans laquelle elle a passé la nuit mais qui, à l’intérieur, n’a aucune chance de se fondre dans la masse. Rien n’est ordinaire dans ce qui arrive à Flora toutefois et ce lynx est une des rares choses à ne pas lui donner envie de s’étouffer dans son propre oreiller alors elle veut bien lui passer le fait qu’il est étrange et probablement pas du tout ce qu’il semble être. D'un miaulement rauque il semble répondre à ses remerciements à peine audibles et elle sait que c’est une marque supplémentaire de sa conscience, du fait qu’elle est loin d’avoir affaire à une animal bête et commun. D’autres miaulements suivent, un peu moins forts, mais audibles malgré tout et le lynx, au grand damne de Flora se détache comme pour la regarder un peu, la forçant à défaire le cercle de ses bras autour de lui. Elle louche légèrement quand il approche sa gueule de son visage, son museau de son nez, la sensation de froid du premier la poussant à froncer le second. C’est étrange ces agissements bestiaux pourtant motivés par des instincts ou envies qui semblent avoir tout d’humain. Mais Flora n’est pas encore prête à se poser les questions qu’il faudrait et préfère ainsi le laisser s’étirer et s’installer sur elle, sans piper mot. Les ronronnements qui s’échappent de sa gorge semblent faire vibrer jusqu'à ses os à elle, mais pas elle ne s’en plaint pas, ce n’est pas désagréable, au contraire. Elle aime bien. Elle enroule de nouveau ses bras autour de lui, prenant ces ronronnement comme un encouragement à ce qu’elle se sente à l’aise, se laisser aller, se laisser accepter un peu d’une affection qui lui manque terriblement, elle qui pourtant n’a jamais été tactile qu’avec la famille — enfin, surtout sa sœur. Sa sœur lui manque tellement, c’est surtout pour ça qu’elle a pleuré ; quand elle est triste habituellement, c’est vers elle qu’elle se tourne, sa jumelle, sa moitié, son cœur, son réconfort. C’est devant elle qu’elle pleure et c’est elle qui la console et maintenant elle ne l’a plus sa sœur, elle n’a rien, elle n’a qu’un gros chat dont la présence même demeure un véritablement mystère. Lentement elle se permet de reprendre ses faibles caresses, maladroite, mais désireuse de lui rendre un peu la pareille, surtout qu’il semble beaucoup apprécier quand ses ongles grattent un peu la peau sous la fourrure, à en croire la manière dont il se tortille pour elle, sur elle.

Étrangement c’est lui qui met fin à cette situation tout à fait étrange et impossible, dont elle aura bien très honte sans aucun doute. Il se redresse, et elle s’imagine d’abord qu’il est las d’elle, mais au lieu de sauter au pied du lit, il penche plutôt le cou vers elle, pose son museau froid et humide sur son épaule nue. Elle tourne la tête, et quand il déplace son museau elle remarque la griffure qui lui fend la peau, et puis une autre qu’il désigne de la même manière et une autre encore. Il y a aussi des bleus, son corps en est parsemé, mais il doit considérer que c’est moins embêtant car il ne s’attarde pas dessus. Il n’est définitivement pas un animal ordinaire et Flora doit mettre fin à tout ça- Le lynx tire sur la couverture comme pour pouvoir continuer son diagnostic silencieux sur le reste de son corps, mais Flora attrape fermement le rebord du drap et l’empêche de le bouger. Impossible de songer à dévoiler sa poitrine, même pour un examen “clinique” même alors qu’elle ne sait combien d’inconnus l’ont vue lorsqu’elle a été déplacée de la forêt à ce lit. Y penser la met des plus mal à l’aise, elle n’était même pas consciente pour tenter de protéger un minimum sa pudeur alors maintenant qu’elle a les yeux ouverts et un peu de force, elle tient bon. L’animal n’insiste pas cependant et penche plutôt la tête de côté comme pour poser une question. Flora ne parle pas sa langue, et n’en saisit pas les subtilités quoiqu’elle en comprenne la teneur globale. Elle secoue lentement la tête alors que, déjà, il revient coller son museau à son nez, qu’elle fronce par principe, avant de grogner quand il passe sa langue sur tout le bas de son visage. “Heyyyyy” geint-elle faiblement en le repousse un petit peu, mais pas méchamment. Leurs regards se croisent et elle soutient le sien timidement, sonde le sien, cherche des réponses à des questions qu’elle n’ose pas poser. Friend or enemy? (Question stupide, elle n'a que des seconds ici). “ Were you there last night? ” Demande-t-elle tout doucement, la voix rauque à cause de ses pleurs, consciente que ne serait-ce que poser une question est déjà une preuve qu’elle croit qu’il y a un humain sous la fourrure. Une preuve qu'elle sait que c'est un homme ou une femme qu'elle vient de câliner presque sans gêne. Ce n’est évidemment pas la première chose qu’elle devrait demander, mais la différence c’est qu’à cette question-là elle peut accepter d’avoir une réponse. Son identité en revanche, elle n'est pas certaine d'être prête à vouloir l'entendre. Elle préfère le réconfort sous cette forme-ci, innocente et pure en apparence au moins. “Did you get hurt? ” Lentement, elle passe ses doigts dans sa fourrure comme pour étudier son corps tout chaud et s’assurer d’elle-même qu’il n’est pas blessé, un peu comme il a cherché à le faire avec elle.

“ Heyyyyy. ” Ingrate, la jeune sorcière repousse l'animal qui se presse aussitôt contre sa main, se tord le cou pur s'y frotter avec passion, un ronronnement sonore faisant vibrer sa gorge avec force. Au final elle retire ses doigts et le lynx semble un peu déçu, mais pas trop, relevant ses yeux intelligents vers elle, regard qu'elle soutient. Lee aimerait pouvoir parler, la rassurer, la réconforter comme un animal parlant dans un conte d'enfants: mais il ne fait rien, ne se retransforme pas, attend. “ Were you there last night? ” Le lynx ne cligne pas des yeux et ne bouge pas pendant un long moment — suffisamment longtemps pour faire planer le doute de savoir si il a compris ou pas — avant d'hocher la tête lentement.

“ Did you get hurt? ” Elle passe ses doigts dans sa fourrure, sans gêne ni peur, et Lee ne sursaute seulement que quand le bout de ses doigts effleure la griffure sur son flanc — la blessure la plus notable qu'il a récupéré pendant la nuit. Il ouvre la bouche et vient mordiller le bout de ses doigts pour lui dire de ne pas recommencer, la sensation est désagréable. Il demandera à un vétérimage de s'en occuper.

Il ne sait plus qui l'a griffé. Flora? Non, il s'est tenu loin d'elle. Un autre loup... au milieu de la nuit, même pour lui, c'est difficile de les reconnaître. Et il n'en a pas envie. Parce qu'il ne veut pas porter rancoeur et amertume dans son coeur et surtout, surtout il ne veut pas que les loups-garous se sentent coupables. Lee sait que ce n'est pas eux, la nuit, quand les loups prennent leurs places. Mais souvent, ils se blâment, se détestent, se punissent eux-mêmes. Alors il ne dit rien, et s'occupe de ses blessures dans son coin.

Quand elle arrête d'essayer de toucher la zone sensible, le lynx se détend et repose sa tête sur le lit à côté d'elle, ayant roulé sur le côté pour éviter de l'écraser. Il s'inquiète plus pour ses petites griffures et estafilades à elle que pour sa blessure à lui... elle a cessé de saigner après tout, le sang séché entre ses poils étant un peu désagréable, tout comme la douleur constant qu'il ressent, comme un buzz enterré au fond de lui-même qu'il a appris à ignorer avec le temps. Il pousse un peu l'épaule de Flora avec son museau, sort la langue pour la lécher rapidement avant de se rallonger à côté d'elle, confortable comme pas possible, une de ses pattes se posant sur elle dans un geste presque protecteur. Il n'y a pas grand chose à dire ni à faire, si ce n'est que lui montrer qu'il est là pour elle.

Le gros chat se laisse faire d’abord au soulagement timide de Flora - qui aurait quand même eu assez honte qu’il la repousse - jusqu’à ce qu’elle ne touche vraisemblablement quelque chose qui ne faut pas. Là, il sursaute alors que sous les doigts de la sorcière du sang séché s’émiette un peu autour d’une plaie, elle retire aussitôt ses doigts que le lynx vient mordiller. Il n’est pas méchant, ni violent, ça ne lui fait pas mal, mais c’est un message assez clair : n’y touche pas. “ Sorry,” murmure-t-elle avec une petite moue. Elle ne peut décemment rien faire de correct depuis sa morsure. Même le gros chat qui vient la câliner et s’occuper d’elle d’une manière qu’elle n’accepterait pas d’un autre humain, elle ne sait pas ne pas lui faire mal. Elle se demande qui lui a fait mal. Elle n’a pas pu examiner la blessure autrement que du bout des doigts, mais elle croit savoir qu’il s’agit d’une griffure. Sûrement un cadeau écopé cette nuit puisqu’il était là apparemment. Son cœur sombre un peu dans sa poitrine : et si c’était elle ? Elle ne se souvient de rien, n’a de souvenirs de cette première lune que ses propres blessures, et la douleur de la transformation qui ne peut s’oublier tant elle était horrible. Elle ignore comment ce lynx et les autres animaux — animagii, en fait — font pour accepter d’accompagner les loups pendant les transformations. Comment font ils pour ne pas avoir peur d’être blessé, peur d’être tué. Peur d’être transformé à leur tour. Flora n’a jamais particulièrement étudié la question, mais elle est à peu près sûre qu’il y a des risques même lorsque le sorcier est sous forme animale. Et elle sait comme la morsure peut gâcher une vie, sembler pire que la mort elle-même.

Le lynx se détend finalement, il repose sa tête sur le lit tout près d'elle, son corps étendu à côté du sien, il ne la couvre plus, ne la réchauffe plus. Elle se demande si elle lui a fait vraiment mal, si elle a ravivé la douleur de sa blessure, si elle lui a rappelé que c’est quelqu’un comme elle qui l’a lui a infligée. Peut-être même elle. Mais personne ne serait assez gentil, pour s’occuper d’elle si elle lui avait fait mal comme ça. Du moins, elle pense. Elle espère. Elle tourne la tête pour faire face à sa gueule, même si elle reste allongée sur le dos craignant déjà la douleur qu’elle risque de ressentir en cherchant à se redresser. Lui pousse son épaule du bout de son museau et la lèche de nouveau comme pour la bonne mesure, lui faisant froncer un peu le visage même si ça n’est pas tout à fait désagréable en dépit de sa langue un peu râpeuse. Quand il se réinstalle, il pose, sous le regard confus de Flora un de ses grosses pattes touffues sur son torse par-dessus le drap, presque comme pour lui assurer qu’il est là. Presque comme pour le protéger. Elle ferme les yeux brièvement pour contenir son émotion, surprise de sentir qu’il lui reste encore des larmes en dépit de la crise de laquelle il a déjà été témoin, à sa grande honte.   “ I hope it was not me… ” souffle-t-elle tout doucement, craignant qu’il ne se redresse et secoue la tête ou lui mordille les doigts pour lui faire comprendre que si. La prochaine fois, Flora aura droit de prendre la potion tue-loup, le droit d’avoir des souvenirs de cette nuit, d’avoir un petit peu de contrôle aussi. Ça lui fait presque plus peur que l’inconscience totale ; elle a si peur de se voir, de se sentir louve. Elle a si peur de faire des choses terribles qu’elle n’aura pas le luxe d’ignorer le lendemain. Elle a peur d’être confrontée à sa louve, peur de se battre pour le contrôle et de perdre en dépit de l’aide de la potion. C’est difficile de ne pas avoir la moindre idée de ce qu’elle a fait de sa nuit, mais le savoir est dangereux. Parfois, savoir c’est pire. Très lentement, et parce que le lynx ne lui a pas fait entendre qu’elle était responsable, Flora, se retourne un peu, pour être allongée sur l’un de ses flanc grimaçant quand elle appuie sur une blessure un peu plus profonde que celles qu’il a touchées du bout de son museau et puis, tout aussi lentement, précautionneusement, elle lève une main et la pause sur sa fourrure si douce. Son nez est proche de son museau, mais pas assez pour qu’elle ne puisse pas chercher son regard.  “Can I sleep some more? ” Ce n’est pas tant qu’elle lui demande la permission — elle pense savoir qu’on la laissera se reposer autant de temps qu’elle en a besoin —, mais plutôt qu’elle aimerait qu’il reste, qu'il lui tienne compagnie. Elle se sent stupide et pathétique, mais elle n’a pas envie de retirer ses doigts de sa fourrure ou de renoncer à la chaleur qui émane du lynx, pas encore, pas tout de suite. Il ne sera peut-être pas là quand elle se réveillera, il n’est peut-être même pas réel — et elle se demande si ça ne serait pas mieux dans le fond, que tout cet excès de vulnérabilité ne se soit produit que dans ses songes, mais elle préfère encore s’endormir à ses côtés.

“ I hope it was not me… ” Lee ne réagit pas. Ce n'était pas elle, de ça il en est sûr: il ne s'est pas du tout approché d'elle cette nuit, la laissant à son Alpha et à ses nouveaux instincts lupins. C'était quelqu'un d'autre. Lee se souvient plus ou moins de qui, quoiqu'il n'en soit pas complètement sûr. Il emportera ce secret avec lui, même quand on s'inquiètera, quand on lui demandera, quand on essayera de lui faire cracher le morceau. Ce n'était personne: c'était un loup. Et il savait parfaitement à quoi il s'engageait en se proposant pour les accompagner durant la nuit de peine lune. Il n'est pas stupide, ni fou. Il sait ce qu'il fait. Il fait ça pour eux. Lentement, Flora se tourne sur le lit et le lynx lève la tête pour regarder ce qu'elle fait, s'arrêtant de ronronner quand elle grimace en roulant sur le côté. Il s'apaise seulement quand elle lève une main et la pose sur lui, caressant la fourrure autour de son cou alors qu'il se rallonge lentement.

“ Can I sleep some more? ” L'animal ne réagit pas et finit par tourner lui aussi, sur le dos en revanche, présentant son ventre à la sorcière jusqu'à ce qu'elle le caresse et le gratte. Satisfait, il se rallonge à côté d'elle et enfouit son nez contre son épaule, profitant de ses doigts dans ses poils qui le caressent toujours avec une énorme douceur. Il ne va nulle part et il va rester là, à ses côtés, quoiqu'il arrive. Elle doit se sentir si seule... Elle semble rassurée et finit par se rendormir, sans difficulté, ses mains dans sa fourrure se serrant un peu aux poils et même si ce n'est pas très agréable, Lee ne se plaint pas, ronronnant doucement en se laissant lui aussi aller à l'inconscience.

Les oreilles sont les premières à se redresser quand un bruit se fait entendre et il ouvre rapidement les yeux, se redressant pour voir la porte de la chambre s'ouvrir. La main de Flora est toujours posée dans son cou et elle ne moufte pas même quand le sorcier s'introduit timidement à l'intérieur, souriant un peu en le reconnaissant. Il a de lourdes cernes sous les yeux et un air un peu fatigué: il n'a pas arrêté de soigner les plus blessés d'entre eux depuis le réveil des loup-garous. “ Can I come in? ” demande-t-il dans un chuchotement et Lee se redresse un peu, laissant la main de Flora glisser le long de son dos. Il ronronne quand le sorcier, Aaron, lui gratouille la tête en attrapant une chaise et s'asseyant à côté du lit. “ Are you hurt? ” demande-t-il en commençant à l'examiner et le lynx se bat un peu avant les mains qu'il tend vers lui, lui mordillant les doigts pour mieux le diriger vers Flora qui se réveille difficilement. Lee revient vers elle pour lui lécher la joue et l'aider à ouvrir les yeux, répétant le geste jusqu'à ce qu'elle le repousse un peu. “ Hey Hestia, ” Aaron prend le relai. “ Were you hurt last night? Do you mind if I look at it? ” demande-t-il gentiment tandis que le lynx s'assoit sur le lit à côté d'elle, gardien silencieux de leurs moindres gestes.

Le lynx ne réagit pas de suite et elle croit presque qu’il va l’abandonner ou bien disparaître comme par enchantement, fragment de son imagination qu'il serait alors, sauf que non. Lentement il se tourne, s’installe sur le dos les pattes en l’air dans une position que Flora ne comprend d’abord pas. Et puis, elle réalise quand il la regarde avec insistance qu’il cherche plus de caresses et elle s’exécute timidement, frottant et grattant son ventre. Son attitude mi-vrai-animal mi-homme la confond énormément, mais elle préfère encore que le doute plane sur sa véritable nature — le fait qu’il ait pu hocher la tête à une de ses questions cependant devrait suffire à son esprit d’ordinaire animé par la logique et la raison. Finalement, quand il en a eu assez il se rallonge sur le ventre à côté d'elle et enfouit son museau dans son épaule la faisant un peu frémir à cause du contact froid. Elle ne le repousse pas et au contraire enroule ses bras autour de l’animal qui lui fait présentement office d’énorme peluche vivante, ses doigts caressant doucement sa fourrure. Elle s’endort rapidement, épuisée par sa nuit malgré le repos qu’elle a déjà pu avoir et rassurée par la présence du lynx. Ça fait plaisir, même si c’est fou et impossible, de se dire qu’un animal veut prendre soin d’elle, veiller sur elle. Elle s’attend presque à ne pas le retrouver au réveil.

Pourtant finalement c’est lui qui la pousse à rouvrir les yeux plus tard, d’abord parce qu’il se redresse et son visage se fronce dans son sommeil quand sa main tombe sur le matelas et puis à cause du bruit d’un homme qui lui parle. Surtout, il achève complètement de la réveiller en lui léchant allègrement le visage jusqu’à la forcer à le repousser d’une main fatiguée. “ Hey Hestia, ” Ah oui, c’est vrai elle est Hestia. Ce n’était pas qu’un mauvais rêve. Elle cligne des yeux et ne répond pas au sorcier à l’air pourtant gentil. Elle l’a déjà vu avant, Aaron. Hestia et lui ne se connaissaient pas et bien évidemment ça l’arrange beaucoup.  “ Were you hurt last night? Do you mind if I look at it? ” sa voix est douce et gentille alors qu’il reste debout près du lit sans pour autant chercher à trop envahir son espace personnel. Mais pour elle c’est déjà presque un peu trop et machinalement elle resserre les doigts sur son draps. Le lynx est toujours là et elle a dans un coin de l’esprit conscience que le sorcier et lui ont interagi et que donc il n’est pas que le fruit de son imagination. “ Hmm.. ” Elle préfèrerait qu’il ne la touche pas, ne l’examine pas quand bien même c’est idiot car après sa morsure de purs inconnus sont venus s’occuper d’elle. Dont lui d’ailleurs. Mais c’est différent cette fois, elle n’est pas si blessée que ça. Et puis elle est nue.. “ I have some cuts and bruises I think but I’m fine. ” Elle n’a l’impression de l’être ni physiquement ni mentalement mais c’est un mensonge qui ne fera aucune victime donc elle se le permet sans mal. La douleur dans son dos l’inquiète un peu mais ça n’est pas si grave. “I’m- could I maybe. Have some clothes? ” Elle n’est pas à l’aise à l'idée de continuer cette conversation sans aucun vêtement, même si le drap la couvre plutôt correctement. Et s’il doit insister pour regarder ses coupures elle ne l’autorisera à le faire qu’une fois sa modestie protégée. “ He’s hurt though you should have a look at it. ” Elle désigne d’un doigt le lynx effleurant délicatement son museau au passage. Elle ignore ce qui lui fait utiliser un pronom masculin pour le désigner mais ça sonne juste. Mieux que it, pour celui qui l’a accompagnée dans un tel moment de faiblesse.

“ Hmm.. ” Le lynx penche la tête sur le côté en la regardant, s'attendant à ce qu'elle montre à Aaron les différentes blessures dont elle a hérité pendant la nuit, et qu'il a diligemment pointé du museau pour lui faciliter la tâche. “ I have some cuts and bruises I think but I’m fine. ” Le lynx fronce les sourcils — autant que peut le faire un félin et il pousse un petit grognement, baissant la tête pour aller pousser le genou de Flora sous les draps, comme pour l'inciter à demander à Aaron de vrais soins. “ I’m- could I maybe. Have some clothes? — Of course! ” fait Aaron d'une voix strident, en rougissant un peu comme si il venait d'oublier qu'elle était nue. Lee sourit intérieurement en regardant l'embarras du jeune guérisseur — qui n'a de ça que le titre: malheureusement, peu sont les véritables médicomages à avoir ce rôle au sein de l'Ordre — qui cherche du regard de quoi l'aider à se couvrir.

“ He’s hurt though you should have a look at it. ” Le lynx louche en voyant un ongle s'approcher de son museau et il grogne un peu, venant toutefois lécher le doigt de Flora jusqu'à ce qu'elle le retire. “ Are you, now, Paws? ” demande Aaron en se tournant vers lui, posant sa main sur sa tête une nouvelle fois pour le caresser, la glissant dans sa nuque pour l'amener à lui et l'examiner. Le lynx feule un peu mais se laisse faire, grognant en le laissant ausculter son flanc, jetant un regard en coin à Flora d'un air un peu furibond, comme si elle l'avait trahi. “ Okay, I'll go get bandages and a disinfecting lotion for you, and a shirt or something, okay? ” dit Aaron après quelques instants silencieux, avant de gentiment reposer Lee sur le lit. Il vient aussitôt se lover à côté de Flora, contre le mur, loin des mains d'Aaron. “ I'll be back in a sec. ”

Il sort de la pièce rapidement et le lynx se penche pour lécher la joue de Flora gentiment jusqu'à ce qu'elle le regarde. Il miaule, un bruit très fort, et bas, mais qui perd tout de son côté impressionnant lorsqu'il roule de nouveau sur le dos et se laisse gratter le ventre en attendant le retour du guérisseur. Aaron revient vite et pose à côté de Flora quelques vêtements, un t-shirt, une chemise et un pantalon qui a l'air de faire trois fois sa taille. Il y a un moment de battement et puis Aaron se détourne pour lui laisser un peu d'intimité, bientôt rejoint par Lee. Les deux hommes s'occupent de leur côté, Aaron murmurant à mi-voix qu'il devrait faire plus attention et être directement venu le voir, alors qu'il s'occupe de sa griffure, la désinfecte, met un peu d'onguent pour qu'elle se referme et enroule le tout dans un bandage qui aidera la blessure à guérir plus facilement.

Flora est finalement prête et Lee la rejoint sur son lit, retournant se lover contre elle. “ Do you mind if I examine your back? ” demande Aaron à Flora, n'en démordant pas. “ I know sometimes first transformations can leave wounds and scars as the skin is still getting used to it... ”