janvier 2008 | ♬

Après la dispute dans la cuisine, Seamus s’était vengé sur l’alcool, jusqu’à s’en rendre malade. Ses mauvaises habitudes et sa consommation bien trop importante le rendait plus résistant, mais pas imbattable. Il avait bu pour oublier, pour étancher sa colère, avant de finir lamentablement la tête dans la cuvette. La nuit fut courte, comme souvent. Il avait ruminé sa dispute avec Dean, sans parvenir à y trouver un sens.

Au réveil, du moins, au première lueur du soleil, l’irlandais décide de ne pas traîner plus longtemps dans son lit. Comme souvent, il est dans les premiers à émerger de la soirée, comme si son corps se remettait plus rapidement que celui des autres. La réalité, c’est qu’il n’est même plus capable de faire une nuit complète et qu’il préfère être toujours en activité pour ne pas se retrouver avec lui-même. Sans faire de bruit, afin de ne réveiller personne, il se dirige dans la cuisine pour se faire un plat de pâtes. Manger pour éponger. Une solution qu’il connait trop bien.

Le ventre rempli, il s’extirpe du bâtiment en direction de son petit chantier naval de fortune. L’air marin lui fait du bien. Il sent son esprit s'alléger légèrement, mais surtout sa migraine s’apaiser. Il est tôt, le soleil est encore bas dans le ciel, tandis que le froid de l’hiver lui agresse le bout du nez. Bien couvert, il ne se laisse pas abattre et commence le bricolage. Seamus se change les idées comme il peut, mais ce n’est pas très efficace. Il ne peut pas s’empêcher de penser à la dispute de la veille.

Après des semaines à s’interroger sur les sentiments de son ami, il avait décidé de sauter le pas. Un risque qui s’était soldé d’un échec, mais surtout d’un conflit plus profond que cela. Ce n’est pas vraiment le refus de Dean qui le dérange, mais plutôt la violence des mots utilisés. L’irlandais accuse le coup. Il ne comprend pas les accusations de son ami et surtout, l’animosité de ces derniers. Il boit trop pour sa santé, ce n’est en rien une nouvelle, mais pourquoi lui balancer cela au visage dans un moment pareil ?

Depuis la morsure de Dean, tout tourne autour du bien-être de ce dernier. Jamais il ne se pose la question de savoir comme lui il va. Un déséquilibre que l’irlandais a accepté, par amitié, mais qui depuis hier soir, lui semble finalement injuste. Il est blessé parce que cela touche directement à son estime de lui-même. Personne n’en a rien à faire de Finnigan, une réalité qui l’agace, lui qui encaisse depuis plus d’un an l'amertume des autres. Parfois, il se dit qu’il aurait dû rester en France et reconstruire sa vie loin de tout cela.

Perdu dans ses pensées, il ne réalise même pas que la matinée est déjà à son terme, pas plus qu’il ne voit l’autre individu s’avancer sur la plage. C’est seulement lorsque la voix, bien trop familière de Dean, l’interpelle qu’il réalise qu’il n’est plus seul. L’approche de l’autre est étonnante et pour dire vrai, Seamus n’a pas trop envie d’y répondre.

Il lui en veut. C’est la première fois qu’il lui en veut à ce point et qu’il ne trouve aucune circonstance atténuante. Pourtant, il a envie de l’entendre parler. Savoir quelle excuse bidon il va encore trouver pour jouer la victime. L’irlandais pose ses affaires pour écouter, sans dire un mot. Son visage est fermé et ses yeux clairs trahissent sa colère. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Le ton est froid, mais c’est sa manière d’accepter l’échange.

( Pando )