give up the business (léo)

So long, so long, going back to the nine to five. So long, so long, so much for keeping the dream alive c'est la vie, say that life goes on ☽☽

Y’a rien qui va. Fausto est en rage ou en panique, pas moyen de déterminer lequel - il passe des heures devant l’un des artefacts observés par Zarya, les sourcils froncés, à peaufiner les défenses magiques sans savoir si elles vont tenir. Et puis de toute façon, si les défenses craquent après une panne de magie, qu’est-ce qui dit que la supposée malédiction aura un effet ?
Heureusement, il s’agit du seul objet maudit qu’ils ont en leur possession en ce moment. Les affaires vont lentement, depuis un moment. Traversant la galerie moldue, Salamanca se demande quel effet ces pannes ont sur les portraits à l’intérieur de tableaux magiques. Ont-ils conscience de ne devenir que de simples peintures, que de simples coups de pinceaux sur un canevas ? Les portraits magiques retiennent, d’une certaine façon, l’essence de ceux qu’ils représentent - ils ont une… vie ? Une existence indépendante, ils interagissent avec le commun des mortels, même. Sentent-ils la conscience leur échapper, lors de ces longues minutes ?

Parfois, Salamanca se dit qu’elle devrait abandonner le crime pour un doctorat en magie des tableaux, rien que pour ça. Faut dire que c’est probablement la première fois dans l’histoire de la magie que ça arrive, un truc pareil. C’est terrifiant et fascinant à la fois. Et ça ne les aide pas du tout à vendre des artefacts qui semblent tout à fait ordinaires lorsque la panne frappe (tout comme leurs propriétaires, qu’elle se dit, mais les sorciers de haut standing n’ont pas envie d’entendre ça, bien sûr…).
Elle réussit tout de même à vendre un truc abstrait aux couleurs impossibles à un couple de jeunes moldus avant l’heure de la fermeture, garantissant une prompte livraison. Le commerce dans le Londres moldu leur rapporte plus d’argent que le commerce du monde magique, ces derniers temps, et c’est… compliqué. L’argent est le bienvenu, même s’ils en perdent lorsque vient le temps de convertir en gallions, mais sans ces ventes, Sal ne sait pas trop où ils en seraient, maintenant. Le rêve de Nicodemo serait probablement parti en fumée – la place qu’il réclame au sein du Syndicat ne veut rien dire s’ils ne parviennent même pas à vendre les articles (pourtant de grande qualité, selon elle) qui s’empilent dans l’arrière boutique.

« Fausto ? On se rencontre toujours ce soir ? J’ai fini de fermer la boutique, mais pas de signe de vie des autres… » Sal jette un regard curieux à son patron, qui, sa veste sur les épaules, semble sur le point de partir. « Je n’ai pas le temps ce soir, je dois écrire à Nicodemo, trouver un moyen de sauver le navire, je crois que j’ai une piste avec un ancien collègue… » Il récupère une mallette en marmonnant, quelque chose comme “tout ira bien” et “tu peux t’en occuper”, et se fait sourd à toutes ses tentatives d’en savoir plus avant que la porte de se referme au son définitif de la charmante clochette qui n’annonce que peu de visiteurs.

D’un geste impatient de la main, Salamanca verrouille la porte derrière le patron, et retourne dans l’entrepôt, où ils doivent se réunir. Dans la salle soigneusement préparée par ses soins (elle déteste tout ce qui est banal), quelques pâtisseries trônent en une jolie pyramide sur une assiette de présentation aux reflets iridescents, et une rangée droite de bièraubeurres, ensorcelées pour rester fraîches, attendent patiemment une réunion de l’Angelus.
La sorcière s’installe au bout de la table, prête à recevoir ses collègues et à déléguer l’autorité à Léonilde (de toute évidence).
L’horloge tourne, et la pièce reste toujours aussi vide – jusqu’à ce que la porte cachée, celle du monde sorcier, ne s’ouvre dans un tintement, et que ladite Léonilde apparaîsse. « Les autres sont avec toi ? Fausto ne peut pas être là aujourd’hui mais je suis sûre qu’il appréciera de savoir qu’on s’est tous rencontrés et qu'on a des solutions pour lui. » Sal ouvre un étui de bois propret, où repose une plume d’un rose criard. Son carnet de notes d’ouvre seul, attendant que la conversation commence pour en recopier les points les plus importants. Après un silence presque gêné, à attendre que les autres membres de leur joyeuse bande se présentent (en vain), Sal feint un enthousiasme qu’elle est loin de ressentir, et gratifie sa supérieure d’un « J’imagine… qu’on peut commencer ? »

( give up the business )

give up the business - février 2008 | ♬
Ses yeux se posent sur l’horloge qui arbore son bureau. Les heures supplémentaires sont devenus une habitude, ce qui l’empêche d’être aussi présente qu’elle le souhaiterait dans la vie de sa fille. Ce soir, elle ne pourra pas coucher Simone et une fois de plus, Alibi, l’elfe de maison jouera le rôle de la nounou. En effet, à la suite de sa journée interminable, Léonilde doit se rendre à l’Angélus pour une réunion, sûrement inintéressante. En ce moment, le groupe se porte mal et comme si ce n’était pas suffisant, elle se retrouve à gérer la situation avec une bande d’incapable.

Alors qu’elle enfile son écharpe avant de prendre la poudre de cheminette, un collègue débarque dans son bureau, les mains chargés de nouveaux dossiers. Blasée, elle lui indique du doigt le bureau. «‌ ‌‌‌‌Oui, le dossier sera prêt pour lundi.‌‌ ‌»‌ L’entre deux coupes du monde est toujours riche en rebondissement et Léonilde s’assure d’être au point pour la prochaine présentation devant les pontes du ministère. «‌ ‌‌‌‌Imbécile…‌‌ ‌»‌ Mépriser ses collègues est devenue une habitude chez la brune, alors qu’elle est déjà en train de décamper vers de nouvelles occupations.

Afin de s’assurer de ne pas être suivie, Léonilde enchaîne quelques transplanage aléatoires, avant de finir devant la porte, bien gardée de la planque. Sans crier garde, elle pénètre dans la pièce, avec la même aisance que si c’était son propre salon. Sans surprise, la salle est quasiment vide. Sal est en avance, et semble étonnée de la voir arriver seule. «‌ ‌‌‌‌Les autres ? Pourquoi je trainerais avec des branquignols pareil ?‌‌ ‌»‌ Léonilde n’a jamais été quelqu’un de délicat dans les mots et même si l'Angélus est important à ses yeux, elle n’hésite pas à dire le fond de sa pensée sur la plupart de ses collègues de fortune.

Un silence pesant s’installe, puis finalement, Sal décide de lancer la réunion. Discuter à deux ne remplace en rien l’instance qui devait se dérouler, mais Léonilde accepte. «‌ ‌‌‌‌Hm…‌‌ ‌»‌ Sans porter de regard sur l’autre jeune femme, elle s’installe devant la table avant de sortir ses carnets, miticulement tenus. Puis, une fois à la bonne page, elle redresse son regard en direction de la plus jeune. «‌ ‌‌‌‌Les chiffres sont mauvais, mais de toute évidence tout le monde s’en fiche.‌‌‌‌ ‌»‌ Les absents prendront sans aucun doute un taquet à leur arrivée. «‌ ‌‌‌‌Il va être temps de penser à des licenciements, et j’ai déjà des noms en tête.‌‌ ‌»‌ Cela fait déjà un moment qu’elle a proposé à Fausto de se débarrasser des incapables, mais ce dernier semble plus sentimental qu’elle et refuse éperdument de laisser ses compères sur le bord de la route.

«‌ ‌‌‌‌Salazanca, puisque tu es la seule qui se sent concernée, je vais te partager mon point de vue. ‌‌‌‌ ‌»‌ Sa voix semble, comme toujours, extrêmement détachée, comme si aucune émotion ne pouvait s’en extirper. Pour beaucoup, Léonilde n’est que froideur, reproches et critiques. Seuls ceux qui creusent en profondeur connaissent sa loyauté, sa sensibilité et surtout ses faiblesses. «‌ ‌‌‌‌Je suis riche, mais je ne compte pas me ruiner dans une mafia d’incapables. Si on ne redresse pas la barque, je m’en vais. Actuellement, je me fais plus d’argent en braquant des musées moldus.‌‌ ‌»‌ A bien des égards, sa fortune a aidé l’Angelus. Malheureusement, pour l’heure, ses investissements ne sont pas fructueux, ce qui la fait sincèrement douter de sa présence pour la suite.

Pour autant, Léonilde est loyale. Malgré ses plaintes, elle n’est jamais partie. Elle a toujours soutenu ceux qui en avait besoin, même ceux qu’elle a pu blesser. Ils sont peut-être chiants, mais un lien existe et malgré tout, elle ne souhaite pas perdre tout cela. Sa vie sociale n’est pas assez riche pour se priver de ce cercle. «‌ ‌‌‌‌L’ordre du jour, s’il te plait ?‌‌ ‌»‌ Prête à prendre des notes, elle écoute la jeune femme avec attention.

@Salazanca Medeiros

( Pando )