"Oh man, oh f-fuck, I can’t take this anymore!!!" Plié en deux au-dessus du bastingage, un index enfonçant le milieu de sa monture de lunettes dans l’arête de son nez, Bernie dégobille la maigre portion du dîner qu’il s’était forcé d’avaler pour ne pas mourir de faim. Depuis le début de leur voyage, il avait été malade comme un chien, que ce soit par mer agitée ou même quand le vent soufflait à peine (il semblerait que la réserve d’œufs durs contienne des spécimens périmés) (et bien entendu, c’était Bernie qui tombait dessus à chaque fois). Et ça, en plus de l’ennui et des regards de traviole du reste de l’équipage faisait presque regretter à Bernie d’avoir accepté slash s’être laissé tenter par ce voyage interminable.
Cependant, il ne regrettait pas totalement ce véritable coup de tête (dans tous les sens du terme, il s’était pris des cordages et autres morceaux de voile dont il ne retiendrait jamais le nom sur le crâne un nombre incalculable de fois), puisque ça lui permettait de passer un peu de temps en dehors du Ministère, et surtout (et tu mérites même pas que j’écrive ça) avec Billy.

Ces derniers mois, le vampire avait été pas mal sous pression, à l’instar de tout son département, et Bernie avait failli baiser les pieds d’Anthea d’avoir sollicité leur présence à bord, avant que Billy ne snap pour de bon (et ne lui snap la nuque par la même occasion).
Et, il fallait avouer que, depuis qu’il était à bord, Billy semblait être devenu (ou redevenu) un autre homme, comme si le contact de la brise, du sel marin et autres cordages impromptus jetés à l’aveuglette depuis le nid de pie, le faisait voyager non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps. Bernie connaissait bon nombre de ses récits du temps où il était pirate, mais il n’avait jamais eu l’occasion de voir l’animal dans son élément, si ça n’était pour cette catastrophique balade sur un loch écossais qui avait failli tourner au drame (Bernie ayant le chic pour se trouver sur les lieux des chasses plus que chaotiques de Corban Yaxley qui, ce jour-là, avait jugé futé de faire remonter son dragon d’eau douce à grands renforts de feux d’artifice aquatiques).

Bref, Billy reprenait du poil de la bête, et c’était le principal. Ça valait les indigestions interminables et les nuits blanches, Bernie peinant à fermer l’œil dans le dortoir, sa couchette donnant sur les panards puants d’il ne sait plus quel marin de l’équipage d’Anthea.
Le sorcier se redresse, les boucles de cheveux ayant gagné encore un peu de volume, à cause du sel marin graissant son cuir chevelu. Il ramasse l’imperméable qu’il avait jeté par terre en sortant de la salle à manger en précipitation. Il était tard, désormais, et, si un bout de l’équipage veillait encore à table en coassant des chants paillards, la plupart était déjà parti se coucher en attendant de prendre leur ronde.
Les jambes molles, Bernie se laisse glisser contre la rambarde, les fesses dans un cordage, quelques échardes venant compléter la collection qu’il avait commencé dans la paume de ses mains. La lune est claire, une ombre vient embrasser ses orteils trempés. Il rouvre les yeux, la gorge serrée à cause des spasmes nauséeux: "I hope you told the cook not to take it personally, Billy… He’s going to think I’m faking it on purpose…" Malgré la fraîcheur de l’air, Bernie continue de s’éventer du plat de la main, massant de temps à autre sa poitrine, hoquetant comme un homme ivre.

Bernie est pâle comme le cul du Mangemort qui les accompagne - vu entre deux lattes de bois pendant la toilette du type quand Billy pionçait à moitié après l’une de ses rondes. Il se lève précipitamment alors que le vampire est en train de raconter une énième anecdote sur ses vies passées - très exagérée et très majoritairement fausse - ravi d’avoir pour lui un auditoire qui avale ses salades sans avoir Rug dans les parages pour lui pourrir son groove ou Yaxley pour les lui briser (parfois littéralement).

Les fesses entre un bol de potée aux légumes et une assiette de viande sèche, Billy termine de mimer une scène d’action sous le regard stupéfait des matelots impressionnables et celui plus sceptique de Mite (clin d’œil au grumpy goblin). Il jette un regard par dessus épaule pour suivre la course de Bernie et s’interrompt d’un "arh shite" mi-agacé mi-concerné en le voyant disparaître totalement. Il saute paresseusement de la table et s’excuse les mains levées tout en reculant. "Sorry folks, duty calls!" Billy pirouette sur lui-même en grimaçant dans sa barbe.

"I hope you told the cook not to take it personally, Billy… He’s going to think I’m faking it on purpose… - Oh yeah don't worry about it, the cook understands." Le vampire est sorti calmement et s’approche tout aussi calmement du pauvre Bernie affalé par terre. "Man, sailing is really not for you…", dit-il en se rappelant de ce qu’a pu contre-argumenter Bernie quand il lui a parlé - de manière très enthousiaste - de la mission. Billy s’accroupit face à lui et tend le bras pour lui essuyer un bout d’œuf pourri-vomi traînant encore sur le menton avant de l’essuyer sur un revers de froc sans une once de dégoût. Il rit un peu, ses yeux pris dans cette vague de bonne humeur qui ne le quitte plus vraiment depuis qu’ils ont embarqué. "You look like a giant baby puking his soup, it's fucking hilarious."

Il effectue une petite torsion de hanches pour se laisser tomber à côté de Bernie, dans un mouvement lourd et envahissant qui secoue forcément le sorcier. "There there, giant baby…", ronronne-t-il de sa grosse voix taquine, plaçant une main sur le ventre de Bernie pour laisser sa magie curative soigner l’estomac en vrac du marin d’eau douce. Elle traverse les tissus sans soucis, aidée par la stabilité de la paume par laquelle elle fuse. Billy ne regarde pas Bernie. Il n’en a pas besoin pour savoir que c’est forcément efficace. Billy regarde les étoiles et inhale l’air marin avec régal, détendu et calme derrière ses mimiques espiègles.

"Admit it, you’ve more fun here than in your creepy basements." Il tourne enfin sa gueule vers Bernie. "What?" Okay, peut-être qu’avec tous les accidents et autres emmerdes qui lui gâchent le voyage, son protégé ne passe peut-être pas le meilleur chapitre de sa vie. "Dunno… at least you breathe fresh air?" Billy hausse une épaule molle, bougeant sa main de sur les fringues couvrant Bernie. Il jette un regard au collier maudit que le sorcier continue de porter. "You should throw that up too. Big Blue won’t mind, she's definitely seen worse."

"Oh yeah don't worry about it, the cook understands. - Good," éructe Bernie dans un hoquet; c’est que le cuisinier, même s’il faisait beaucoup de blagues pas très drôles, était quand même beau garçon, ça aurait été dommage que son estomac fragile ne le mette en froid avec lui. "Man, sailing is really not for you… - Crap, I thought it’d be hereditary…" gémit-il, quand sa tête cogne contre le bastingage, alors qu’il lève le nez pour reprendre sa respiration, et accessoirement, pour dérober son haleine acide au visage de Billy qui s’accroupit à sa hauteur. Le vampire n’en tient guère compte, tandis qu’il lui essuie le bec. Bernie proteste mollement, tapotant le dos de sa main contre sa bouche pâteuse.  

"You look like a giant baby puking his soup, it's fucking hilarious. - You don’t say; I had to babysit Claudia’s kid, you know, from Sports department, and I assure you it’s not funny from either side of the spoon…" Billy s’assoit à côté de lui (à moitié sur lui, pinçant sa cuisse contre le plancher). "There there, giant baby… - Shut up, man…" gémit Bernie, ses insultes s’évanouissant dans un soupir soulagé, lorsque la magie du vampire lui nettoie les entrailles. La main de Bernie vient s’agripper au dos de la sienne quelques instants, avant de retomber mollement sur le sol, détendue. "Fuck, that feels good…" Son chef dodeline et profite de l’absence du regard de Billy pour se poser sur son épaule.

"Admit it, you’ve more fun here than in your creepy basements." Bernie redresse la tête; il ne s’était pas rendu compte qu’il avait fermé les yeux: "What? - I wouldn’t call that fun per se— - Dunno… at least you breathe fresh air?" Bernie pouffe de rire nerveusement, se ravise, la main collée à la bouche, essayant de ne pas lui faire respirer son haleine. "You should throw that up too. Big Blue won’t mind, she's definitely seen worse. Bernie se redresse: - Man, I wouldn’t be so sure; we’d be cursed with storms and hurricane for the whole trip…" Sans compter le savon qu’Isla lui passerait s’il perdait son cadeau, après tant d’années; un potentiel motif de rupture, oh non!

Enfin, en espérant seulement qu’ils reviennent. De ce que Bernie avait compris de leurs missions, ils couraient tou.te.s un risque non négligeable, même sans poisse naturelle. Et puis, au fond de sa tête, tapies, les paroles de Billy, quelques mois auparavant, qui le priait de s’enfuir avec lui, de prendre le large; turns out he was right. "Why you still care about this?" Bernie range le pendentif à l’intérieur de sa chemise: "Even when Isla’s not here, you sound obsessed with her… Should I be jealous?" Il ne précise pas de qui il devrait être jaloux. Il laisse ça au faux silence des vagues roulant contre la coque du navire. "It’s just us here, Billy, isn’t it what you wanted?" demande-t-il assez mystérieusement, en observant ses yeux ravis par l’océan. Le vampire était sans conteste différent depuis qu’ils avaient embarqué, et, si Bernie se réjouissait du bien que la navigation lui procurait, un léger pincement dans sa poitrine, plus pointu que ses nausées, continuait de creuser un pli un peu tremblant dans ses sourires en coin.

"Man, I wouldn’t be so sure; we’d be cursed with storms and hurricane for the whole trip… - Yeah, and I’m not sure that's what would really happen…", fait Billy en écarquillant les yeux d’un air incrédule. Bernie semble encore (encore) persuadé que ce qu’il a autour du cou est un collier porte-bonheur, pour le plus grand désarroi du vampire qui ne sait plus quoi lui dire ou quoi faire - il a plus d’une fois tenté de le lui arracher par accident, sans succès (??) - pour voir cette satanée breloque disparaître.

"Why you still care about this? - 'cause it’s a fucking-- - Even when Isla’s not here, you sound obsessed with her… - What? - Should I be jealous? - Jeal--", Billy s’interrompt, interdit, considérant Bernie la gueule hébétée. Ce n’est pas la première fois que Bernie insinue ce genre de chose dès que le vampire aborde la question du collier, mais c’est la première fois qu’il le fait de manière aussi flagrante : and he’s the one obsessed… "Right, I'm so gonna steal your psycho girl - a good thing I’m starving nastiness these days." Il ramène sa tronche devant lui en la secouant mollement.

Et dire qu’il l’aimait bien, la petite Castaigne. Au début en tout cas, quand Bernie lui en causait avec entrain - et léger effroi dans le ton, ce que Billy prenait pour de l’admiration. Il les trouvait presque mignons de loin, les très rares fois où il les a vus ensemble, déséquilibrés comme des pattes folles mais bizarrement attirants parce qu’ils sortaient justement du lot. Et puis Billy a commencé à fréquenter d’un peu plus près l’horripilante Castaigne et surtout à noter des trucs ; des rencards annulés, des anniversaires oubliés, des cadeaux négligés et la mine déconfite de Bernie articulant it’s okay, she’s like that un petit sourire compréhensif en guise de pansement. Billy n’aurait clairement pas été mieux qu’Islabeth - il a brisé tellement de cœurs qu’il pourrait se les fumer à la pipe pendant un siècle - mais c’est la première fois que Billy voit de ses yeux vus l’envers du décor et c’est moche. Surtout quand ça affecte la belle gueule de Bernie et son grand cœur.

"It’s just us here, Billy, isn’t it what you wanted? - I wanted you to be safe", il vrille derechef la nuque, sentant au passage des articulations craquer, "and you’re never safer than with me, boy." Le vampire soutient le regard de Bernie un moment, les yeux brillants sans être humides - presque un peu durs là où ses paupières tombent. Il n’aime pas trop ce sous-entendu, ni les idées que pourrait se faire le sorcier sur ses intentions. Billy est apaisé mais Billy a aussi retrouvé de son mordant, de sa soif de liberté. Ses billes dégringolent de nouveau sur le ventre de Bernie où sa magie termine de soulager sa nausée, puis roulent doucement sur le point de contact ayant accueilli la main de son protégé avant qu’il l'enlève. Billy se souvient encore combien elle était chaude. Et agréable. Il retire sa paume en rompant le soin.

"Geez, you didn't inherit shit from your father", marmonne-t-il presque pour lui-même, laissant tomber sa tête contre le bastingage dans un bruit sourd. Billy ramène un genou vers lui, sentant le vieux cuir de son froc le tirer aux jointures, puis pose un bras décontracté dessus - tout style supposé pour ce long voyage s’arrête là, puisqu’il n’a pour haut qu’un simple t-shirt, de surcroît troué (Amity lui a piqué ses mitaines sous prétexte qu’il ne pouvait y avoir qu’un.e seul.e punk à bord). "He was an absolute cunt…", … which was easier, se retient-il d’ajouter. Tout était beaucoup plus simple avec Rico. Billy s’en serait foutu qu’il crève autrement que par accident - pacte du Ba oblige. "You're a good guy. I mean genuinely good. That’s pretty thin on the ground", poursuit-il en tapotant distraitement son talon de botte contre le plancher usé du rafiot. "You shouldn't", Billy observe en coin le collier d’Islabeth, puis la très fine cicatrice dont Bernie a hérité au niveau de son cou après les évènements du Faceless Grindylow, "it's more work for me", finit-il d’une voix nonchalante, un peu lourde dans les inflexions, un peu désabusée un peu désolée, avant d’aller détailler le grand mât dressé devant eux et d’écouter chacun de ses cliquetis, chacun de ses craquements, loin des battements de ce grand cœur qu’a Bernie.

"You're a good guy. I mean genuinely good. That’s pretty thin on the ground. You shouldn't, it's more work for me." Bernie grimace, provoquant: "You mean it’s easier to stop a bad guy from being killed than someone you actually care for? That doesn’t make shit sense, Billy!!" Il se marre avec un léger inconfort, ne sachant pas trop ce que ça lui faisait de savoir que Billy n’aimait pas son père, quand lui et surtout sa mère avaient été obsédés pendant toutes ces années. Bernie avait appris à connaître son daron par le prisme de son vampire, désabusé et las de le tirer de toutes sortes de périls; mais il ne pouvait s’empêcher de se dire que Billy, malgré tout, avait dû forcément y trouver son compte, voir qui sait, s’amuser (à sa façon, hein).
Bernie n’en est pas à dire: sometimes I wish I’d make your life harder (and by your life, I mean your d—) mais il y pense et ça le contrarie et lui fait rougir quelques points sur ses joues.

"And you know what? I don’t want to be the good guy! man, it sounds so boring! Il s’agite, les fesses inconfortablement pressées contre le plancher du navire. Why can’t I be like… well, not like Mr Carrow bad, but, I don’t know, like Isla and all those creeps from the Institute? Sometimes I’m a bit tired of going unnoticed all the time. I know I shouldn’t complain about it to you; I bet you’d like to be less noticeable with that stupid tattoo they put on your face…" Une caresse brosse pensivement le visage de Billy tourné en direction du mât.
Bernie a une idée. Il se relève, profitant des mouvements ballotants du bateau pour s’affaler un peu trop sur Billy dans son geste. Titubant sans même être ivre, il tend les bras vers le vampire: "Come on, big boy, let’s climb to the look-out post! The view must be mesmerizing!! And besides, now is the perfect time, because I can’t go on my own without almost breaking my neck!"

Bernie ne lui laisse pas plus de choix que ça, puisqu’il s’élance déjà jusqu’à l’échelle de cordes qui serpente jusqu’au nid-de-pie. L’idée n’est pas brillante, il pourrait avoir le vertige, se faire mal, tomber ou se coincer le pied dans les cordages, mais pour une fois, Bernie ne fait preuve d’aucune hésitation, bien qu’il ait l’air d’un poulain sombral empêtré dans son licol. Il sait que Billy va le suivre, que Billy est juste derrière, et que, quel que soit l’incident que sa poisse aura décidé de lui faire subir, le vampire saura l’en tirer.
Alors Bernie grimpe, trébuche, se rouvre des ampoules sur la paume de ses mains et se retient de jeter un coup d’œil dans le vide, simplement pour vérifier que Billy le suit et lui zyeute le derrière (dans le simple but de le rattraper si besoin, bien entendu). Le sorcier jure entre ses dents, sentant une fine couche de sueur s’agglutiner sur son front et entre ses doigts, mêlé à l’air frais et marin.
Ils se font même une frayeur, inévitable, quand une corde de l’échelle lui échappe des mains et qu’il perd l’équilibre, basculant vers l’arrière. Son cri de frayeur est interrompu par le bras de Billy qui le rattrape dans le dos, s’enroule autour de sa taille et l’accompagne jusqu’au sommet, après une brève altercation où Bernie refuse de redescendre coûte que coûte.

Bernie arrive finalement à destination, s’affalant dans l’exigu poste de la vigie, le souffle court. Le vent est plus fort là-haut, et il gonfle ses poumons avec satisfaction. "Ahah, that’s more like it!" rit-il avec charme, s’asseyant le dos calé contre la cloison du guet. Il défait un peu le col de sa chemise, roulant ses manches sur ses avant-bras (so long for the mesmerizing view) (i mean, he’s the view).
Lorsque sa respiration retombe un peu, il reprend: "Perhaps I should be more of a cunt; spicing things up between us… Il tourne la tête vers Billy. Be more like what would my father do? I guess he would stumble around like a drunk leprechaun, almost going overboard at any time… or perhaps he would walk the plank because the crew couldn’t deal with his shit anymore!!" Du bout de son index et de son majeur battant l’air, Bernie mime un personnage marchant puis tombant dans l’eau.

Son épaule revient se nicher contre celle de Billy avec taquinerie: "Would you like that? If I’d be more of a brat?"
Il s’obstine à lui demander son avis, à quémander son approbation, sa validation, avec encore plus d’insistance que s’il s’agissait d’Isla, peut-être parce qu’il nourrissait encore l’espoir de lui plaire, là où Isla, bien qu’elle ne se lasse pas de sa compagnie, l’avait depuis un moment relégué en arrière-plan. "If I drink more booze, fuck more girls and steal treasures from all around the world?" Il ricane, peu convaincu lui-même par ce tableau.
Le soin magique lui a irrémédiablement fait du bien, et bien qu’il ait l’estomac vide, Bernie a un peu une impression d’ivresse, presque hypnotisé par les vibes ruisselant de Billy.
Il réalise que c’est parce qu’il se sent bien, malgré la nausée, malgré la peur tapie au fond de lui, du fait que la mission risque d’être périlleuse. Il s’est échappé du Ministère, pour ce qui aurait dû être quelques semaines, et surtout il est avec Billy, et Billy se sent mieux, et ça le transporte comme le roulis des vagues qui lui ballotent le cœur.

"You mean it’s easier to stop a bad guy from being killed than someone you actually care for? - Yeah! - That doesn’t make shit sense, Billy!! - It fucking does mate!", glapit Billy en se défendant à renfort de grands gestes, jetant un coup d’œil exagérément piqué à Bernie. "And you know what? I don’t want to be the good guy! man, it sounds so boring!" Billy le lui concède d’un petit hochement de tête et d’épaule, sentant les fesses du sorcier s’agiter et l’agiter lui par extension, comme si le navire entrait soudain dans un courant plus véhément.

"Why can’t I be like… well, not like Mr Carrow bad", Billy grimace en faisant non de la tête - quel enfer ce type, "but, I don’t know, like Isla", nouvelle grimace, un peu moins prononcée cependant mais sacrément ennuyée celle-là, "and all those creeps from the Institute? Sometimes I’m a bit tired of going unnoticed all the time. - I notice you", marmonne le vampire sous sa moustache en regardant distraitement les voiles se gonfler, "I know I shouldn’t complain about it to you; I bet you’d like to be less noticeable with that stupid tattoo they put on your face…" Billy ricane sans joie. Il a envie de lui dire que c’est O.K., que ça en rajoute à son super charme de super vampire, qu’on dirait un tattoo de festival psychédélique certes indélébile but hey life’s a party, et qu’on va pas en faire tout un plat non plus. Mais Bernardo lui prodigue cette petite caresse de rien du tout et Billy sent soudain la confusion gonfler ses voiles à lui pour lui faire changer de cap.

Il glisse un nouveau coup d’œil en direction de son protégé sans totalement oser le regarder - comme suivant à regret le mouvement de sa main qui se retire. Un demi-sourire idiot : c’est là toute sa réponse.  

Bernie le fait presque sursauter quand il se lève d’un coup. "Come on, big boy, let’s climb to the look-out post!" Billy détache son regard du visage lumineux de Bernie pour le reporter sur le mât. Il est surpris, un peu hébété par la soudaineté de sa proposition et surtout le fait que ce soit Bernardo Jiménez himself qui se lance dans une telle quête - c’est pas lui, normalement, le trublion de leur duo ?! "The view must be mesmerizing!!" Billy a déjà sauté sur ses deux pieds, sans trop être sûr de ce qui se passe ni de si c’est une bonne idée ; mais l’enthousiasme de Bernardo est contagieux. "And besides, now is the perfect time, because I can’t go on my own without almost breaking my neck!" Le sourire d’abruti de Billy se transforme en une grimace. "Right. Point taken." Bernie est déjà parti, bientôt rejoint par Billy qui avance plus calmement vers le mât, à pas de félin.

Il regarde Bernie grimper le premier mètre en riant sincèrement, les rides pliées par une joie qu’il ne retient pas et les yeux brillants de malice. Voir Bernie requinqué et évoluer dans cet élément qu’est un navire en pleine mer procure une allégresse dingue à Billy ; il oublie instantanément qu’ils sont accompagnés par des Mangemorts, qu’ils sont en mission pour un régime totalitariste et qu’il a, oui, ce gros triangle rouge tamponné sur la gueule lui promettant les pires sévices s’il venait ne serait-ce qu’à lâcher une (1) mauvaise blague à l’attention de la capitaine de l’Athéna. Là, tout de suite, Billy ne voit rien de plus que des cordages de navire dans lesquels Bernardo s’empêtre très maladroitement - mais assez vaillamment aussi…?! -, la nuit tranquille enveloppant paresseusement le pont et le vent marin roulant dessus comme un enfant s’amuse à rouler sur le ventre allongé de sa mère. La joie de Billy s’éteint momentanément, rattrapée par une nostalgie secrète, puis reprend consistance dans un nouveau sourire mutin quand il entend Bernie rouspéter et se trémousser dans tous les sens en remuant ses fesses comme si c’était nécessaire (peut-être pas, mais apprécié ; certainement).

Billy le rejoint et, de manière autrement plus habile, réduit la distance entre eux. Il pourrait être dix fois plus rapide aussi que le pauvre marin d’eau douce gesticulant au-dessus mais qui serait là pour lui soutenir là le mollet, là la cuisse, là pousser d’une épaule sa fesse droite, là le rattraper de justesse alors qu’il glisse…?! Billy grogne avec lui, ricane souvent et l’injure de temps en temps, sans manquer de lui soumettre ici et là des mots d’encouragement entre chaque fuck et shit, la bienveillance, même vulgaire, collée aux babines. Il passe presque au-dessus du corps essoufflé de Bernie quand ils arrivent en haut, écrasant ses cuisses sur les siennes et s’aidant d’une de ses épaules pour se pousser de côté, où il se relève complètement. "Ahah, that’s more like it! - Yeaaaah!", beugle le vampire, les poings serrés et les bras écartés face à l’immensité nocturne. Victorieux sans raison. Frénétique à faire peur. Le rire de Bernie carillonne encore un peu dans ses tympans et étire davantage le grand sourire de Billy. Il finit par baisser les bras et caser ses pouces contre sa ceinture (askip c’est de famille, if you know what i mean) zieutant le large avec une expression de possédé - d’envieux.

"Perhaps I should be more of a cunt; spicing things up between us…" Billy a l’air de ne l’écouter que d’une oreille, l’attention jalousement gardée par la mer et ses bosses voluptueuses. Il tourne cependant sa tête de côté, pliant dans sa barbe un sourire indéchiffrable, soudain très bestial, signe qu’il a peut-être très bien entendu. "Be more like what would my father do?" Billy ramène ses grandes billes face à la nuit, maugréant dans sa barbe tout en accrochant ses paluches contre la rambarde en bois du nid de pie. Il n’a pas tellement envie que Jiménez fils se pose ce genre de question ni ne devienne une pâle copie de Rico. "I guess he would stumble around like a drunk leprechaun, almost going overboard at any time… - Fuck, he'd totally do that", s’ébroue Billy, agacé à l’idée, un rire grognant quand même en fond de gorge comme quand on invoque le souvenir d’un ennemi juré qui vous manque comme un pote. Billy se recule, passe entre les jambes de Bernie et s’affaisse de nouveau par terre à côté de lui. "Or perhaps he would walk the plank because the crew couldn’t deal with his shit anymore!! - And I'd have to jump in too and drag him back by his arse!" Billy chope les doigts de Bernie au vol et les tire à lui dans un geste faussement menaçant. "Fucking moron", commente-t-il, grimaçant malgré lui un ultime sourire tout en relâchant les doigts du sorcier.

"Would you like that? If I’d be more of a brat?" Billy regarde les boucles plus rondes que d’habitude des cheveux de Bernie, son col de chemise desserré qui dévoile un peu plus sa peau, et une pulsation agréablement douloureuse perce dans les nerfs de ses canines. Il a un gloussement gras qui fait secouer ses épaules, et un marmonnement ballotté par les vents marins. "Oh yeah Bernie, be that baaaad bad boy who doesn't pay his taxes, is late for work, and chews with his mouth wide open, I'd fucking love to see that wild part of you… - If I drink more booze, fuck more girls and steal treasures from all around the world? - Wow, that's another level there Bernie?!", s’esclaffe-t-il, franchement surpris mais moqueur aussi, tandis qu’il passe un bras sur les épaules de Bernardo et lui coince la nuque entre biceps et avant-bras. Il le tire à lui sans douceur, avec une familiarité qui n’appartient qu’à eux quoiqu’elle soit finalement rarement exprimée de la sorte. "You could never!!", l’accuse Billy en le serrant et le secouant contre lui, le malmenant comme un vrai cancre malmène le petit premier de la classe, puis il le repousse un peu pour mater sa belle gueule sans le relâcher pour autant. "Could you?!"

Le bras de Billy glisse en arrière, abandonne l’air de rien une caresse contre la nuque jusqu’alors prise en étau, et s’appuie finalement contre l’épaule du sorcier comme on s’appuie contre une balustrade, son poing ballant devant la poitrine de Bernardo. Billy le reluque derrière son avant-bras, un sourire mutin sur la gueule. "Nah, I don’t think you could mate… Drink more booze ? eh, maybe, with a permanent hangover", il se marre, appuie un peu plus son poids contre Bernie, "fuck more girls?! man, what would your lady say…", son regard se fait perçant, agressif à cause des reflets de lune qui passent sur ses deux grands yeux de triton semblables à deux puits profonds, lourd aussi, de défi et de tentation, "steal treasures….? you can't even keep your own shit…" Le poing de Billy qui ballait tout ce temps devant la poitrine de Bernie s’ouvre et déplie la montre du sorcier, probablement subtilisée quand il l’a serré contre lui. Billy rompt ses attitudes matoises et légèrement flippantes en ricanant puérilement. "A-a-a!", fait-il en se reculant, basculant presque en arrière tandis que Bernie essaie de récupérer son bien. "Finders keeper!! Watcha gonna do anyway, good boy?!"

"Wow, that's another level there Bernie?!" Bernie est plutôt fier de sa petite impression, car ça n’était pas tous les jours qu’il parvenait à surprendre Billy (être un vampire presque bicentenaire aidait pas mal). Et ce dernier manifeste son choc amusé en attrapant Bernie contre lui. S’il rougit, c’est qu’il a le souffle coupé par la prise, et peut-être aussi parce que ça lui manquait toujours, quand Billy l’accaparait comme ça, sans que Bernie ne soit à scruter et craindre les regards des gens autour de lui. Lorsqu’ils sont seuls, il tend à se laisser davantage ployer sous le poids du vampire, se faisant moins résistant, se lovant presque parfois, quand Billy s’avachissait sur lui avec tendresse.
"You could never!!" Juste parce que Billy ne le croit pas, Bernie voudrait se mettre lui-même au défi de devenir comme ça, histoire de lui couper le sifflet. Une décision prise tandis qu’ils se chamaillent, lui pour essayer de se sortir du nœud des bras de Billy. Bernie a la tignasse encore plus ébouriffé que depuis le début du voyage (le sel de mer dans ses cheveux, ça ne faisait pas bon ménage) lorsqu’il peut enfin de nouveau le regarder dans les yeux. "Could you?!" Bernie pousse son silence mutin jusqu’à ce que lui-même n’en puisse plus, avant de hausser une épaule débonnaire: "Why not? I have to think about it!" comme s’il s’agissait simplement de changer une paire de chaussettes.

"Nah, I don’t think you could mate… Drink more booze ? eh, maybe, with a permanent hangover." La tête posée contre la paroi du nid de pie, Bernie lui jette un coup d’œil consterné: "It seems pretty easy, though; everytime I entered your office, I forgot that booze is forbidden, you know…" Pour le temps qu’il passait au N2, Bernie avait eu le temps d’apprécier les haleines des brigadiers, ou même l’intrigante boisson énergisante de leur supérieur, très certainement coupée au même contenu que la flasque de Buck, qui semblait tourner entre toutes les mains.
"Fuck more girls?! man, what would your lady say…" Le regard vorace de Billy rallume le fard sur les joues de Bernie, qu’il essaye de chasser d’un coup d’épaule écrasée sous le poids de son vampire: "She’d probably look at me dead in the eye and ask something off like: did you think about your boss while doing it?" Bernie se retient d’aller plus loin et de rajouter à la soi-disante question d’Isla: and by boss I mean that funny looking guy who boss you around the same way I do!

Fort heureusement, Bernie n’a pas le temps, ni le courage de le faire, puisqu’il observe un mouvement du côté de Billy qui lui brandit quelque chose sous le nez: "steal treasures….? you can't even keep your own shit…" Les yeux de Bernie s’arrondissent soudainement lorsqu’il reconnait sa montre: "What the fuck, Billy?! - Finders keeper!! Watcha gonna do anyway, good boy?! - You sneaky little sh—"
Bernie se jette aussitôt sur lui. Mais, au lieu d’essayer d’attraper sa main tenant la montre, il lui agrippe son bras libre et le lui tord en une clef de bras, le poussant à l’épaule pour le forcer à se retourner, et le plaque contre la paroi du poste de guet. On dirait vaguement les manipulations des flics quand ils arrêtent quelqu’un sur le capot d’une voiture (enfin l’équivalent sorcier, ce qui expliquerait que Bernie ait vu les handlers faire) (il s’était peut-être entraîné sur des cadavres) (on s’occupe comme on peut, hein). Il reste comme ça et lui résiste suffisamment longtemps, jusqu’à ce que Billy cesse de se débattre. Bernie reste dans cette position tandis que sa respiration se calme, qu’il se force à la calmer, en sentant Billy pressé contre lui, lui balançant des coups de cœur affolés par sa propre audace. Puis, en contraste avec la force de sa poigne, Bernie pose son menton sur l’épaule de Billy, lui soufflant à l’oreille: "Is that spicy enough for you, big boy? Why don’t you show me what is it to be the bad guy?"

cw: mention explicite

Billy a toujours été tactile : il étreint et se fout sur la gueule très volontiers, comme s’il lui fallait ce contact, même brutal, pour se sentir vivre. Avec Bernie, Billy en est devenu envahissant, saisissant la moindre opportunité pour le coller - s’affaler dans le canapé en lui écrasant les flancs, arriver comme un bourrin derrière lui en enroulant un bras sur ses épaules, lui ébouriffer son bouquet de boucles noires malgré de vives protestations, taper sa meilleure sieste sur ses genoux, et cætera et ad nauseam. Chaque interaction physique qu’a Bernardo avec lui est dévotement attendue, comme si, et assez malheureusement, Billy avait cristallisé son besoin d’affection sur la seule carrure familière, rassurante et chaleureuse du sorcier.

S’il prenait un tant soit peu de recul, Billy dirait qu’il ne se reconnaît plus. Qu’il se trouve pitoyable et beaucoup trop naïf. Qu’il est peu à peu en train de briser la première règle qu’il s’est jamais imposée - ne pas faire confiance aux sorciers - et qu’il lui faudrait une bonne grosse baffe dans la gueule pour reprendre ses esprits.

Mais, là, tout de suite, Billy est loin de prendre du recul.

"Fuck!!" Sa mâchoire rencontre le bord en bois usé contre lequel Bernie l’a écrasé. "You scabby sea bass!!", crache le vampire, entre rire et grognement, tandis que des échardes et deux clous rouillés lui rentrent dans la barbe et lui écharpent la peau. Billy ne s’y attendait tellement pas qu’un gloussement nerveux et un peu hystérique lui échappe, abreuvé par une adrénaline confuse où se mêle l’excitation de la lutte et un affolement instinctif - la clé de bras de Bernie ressemble beaucoup trop à celle des Handlers. Les longues jambes de Billy, pliées n’importe comment sous lui et celles de Bernie, restent molles et inutiles tandis que le dos épais tente au contraire de s’agiter pour dégager la pression qui s’y exerce. Billy éprouve 2-3 secondes de panique, qui auraient pu le conduire à se transformer en pur berserk si la voix de Bernardo n’avait pas eu le pouvoir d’exorciser le rouge lui montant aux yeux.

"Is that spicy enough for you, big boy?" Mais le rouge lui monte un peu aux oreilles, par contre. Bernie a le genre de voix passe-partout qui devient incroyablement et très étonnement sexy dès qu’elle baisse de quelques décibels. Surtout quand elle vient se loger pile dans l’oreille, sans trop d’oxygène entre conduit auditif et ronron proféré. "Bragger", entend-on maugréer contre la balustrade - le sourire pointu caché dans l'ombre. "Why don’t you show me what is it to be the bad guy?" Billy ricane. Billy étire ce qu’il peut de temps pour continuer de sentir Bernie contre lui, sa chaleur brûlante et sa force excitante (souvent, Billy excède sciemment Bernie pour le sentir répondre avec cette force solide qui est la sienne). Billy vrille un peu plus la nuque et son profil rencontre celui de Bernardo. Légère odeur de vomi dans l’haleine qu’il respire - si vous croyez que ça l’écœure… Il étire un sourire en coin. "Oh now you want me to be the bad guy, wizard?"

S’aidant de son autre poing où gît encore le butin rapiné, Billy utilise la surface en bois pour donner une impulsion qui fait basculer la haut de son corps en arrière, entraînant dans sa chute celui de Bernardo. Ils s’écroulent contre la plateforme, non sans provoquer quelques grincements inquiétants, et le vampire l’épingle à son tour face contre plancher. Une main dans sa tignasse salinisée tire d’un côté le cuir chevelu, révélant de force la carotide, et ses genoux bloquent de part et d’autre les bras de Bernardo. Le gueule de Billy a fondu contre la nuque ; sa barbe, ses babines, même le relief de ses crocs pointus se font sentir sur la peau en sueur du sorcier. De la bave coule, froide et scabreuse. Billy fait semblant de le mordre. Et il fait si bien semblant que même lui, un instant, y croit, se souvenant du goût capiteux et enivrant du sang de Bernie, de son arôme chargé et aphrodisiaque, comme si tout ça revenait soudain dans sa bouche. L’érection lui revient aussi, tout aussi commodément - il en est presque interdit.

"How 'bout that?" Il y a de la revanche dans son grain de voix. Davantage celle de l’hybride que celle de ce bon vieux Billy. "Bad enough for you?" Le cœur de Bernie est affolé, et sûrement Bernie est-il lui-même affolé. Billy en tire une certaine satisfaction monstrueuse, qui ne bat cependant pas les faits : il ne mord pas, dégage même plutôt un genou en faisant mine de se repositionner, prouvant s’il le fallait (et il le faut, vu le trauma du FG…) que tout ça n’est qu’un jeu (…). "You really have the heart rate of a rabbit, Bunny…", se moque-t-il dans l’angle de sa mâchoire, sentant en effet le pouls de Bernardo tambouriner partout contre lui. Partout.

La main libre et débarrassée de la montre surgit tout à coup de nulle part, passe sous le sorcier et dans sa chemise pour s’accrocher au muscle pectoral sous lequel cogne l’origine de ce boucan. "Quiet it down or I'll rip your heart out of you." Gay people never flirt normally, its always gotta be shit like this