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On pourrait penser que le cirque serait tranquille et silencieux de nuit, mais il n'en est rien. Ça serait passer à côté de ce qui fait d'eux la troupe : un pêle-mêle d'êtres au cycle et habitudes aussi différents les uns des autres. C'est peut-être pas plus mal : il y a toujours quelqu'un pour avoir l'oeil ouvert, et ça ne fait que renforcer le sentiment de sécurité.
There's always someone looking out for everyone.
Ceux qui n'arrivent pas à fermer l'oeil, ceux qui préfèrent dormir de jour, ou ceux qui, comment récemment, n'ont tout simplement plus besoin de dormir.
The dead ones. Ceux qui leurs sont revenus, alors que leur corps encore chaud a été enterré des mois, des années auparavant. Ces mystères vivants (morts?), qui sont revenus au pied de leur roulotte, à peu près aussi perdus que les vivants.
Tao appartient à ceux dont les sensations ne sont que plus en ébullitions pendant la nuit. L'énergie partagée avec Yo-yo, dont les sens sont aiguisés une fois le soleil endormi, en est la cause principale. Les pupilles sont toujours aux aguets, et les oreilles frémissent au moindre soin qui pourrait annoncer une arrivée impromptue.
You never know. Ils le savent mieux que personne.
Yo-yo plane tranquillement au-dessus du campement, son hululement ne fait qu'un avec les claquements des tentes et des drapeaux, eux-même malmenés par le vent hivernal. Tao lève la tête et l'observe avec un sourire absent - la silhouette de l'animal se fond dans la buée blanche qui s'échappe de ses lèvres, pour se dissiper totalement après quelques secondes. Les doigts gelés sont recroquevillés dans ses poches, dans une tentative désespérée de récupérer des miettes de chaleur au contact des uns et des autres.
Bientôt, quelques premiers flocons viennent animer le ciel noir qui s'étoile de leur chute.
It's cold, yet pretty. Almost as if there were no war going on. Yo-yo s'amuser à tente de les attraper au vol mais s'ennuie bien assez vite - le froid le rattrape lui-aussi, et il vient se blottir contre l'écharpe de Tao. "
Told you so. But you never listen." lui souffle le métamorphomage - ses sourcils viennent prendre la forme d'aigrettes qui imitent les mouvements agacés de sa moitié. Yo-yo, lui, agite ses plumes en poussant un petit cri. Tao rit. Tout semble aller bien : ça n'est qu'une façade.
L'oeil s'arrête finalement sur une roulotte dont l'habitant vient récemment de changer.
Herbert. L'ami de Dan-bi. Un rescapé de Gracefield, lui aussi.
Should I go and say hi? Il n'a pas le temps de se finir de poser la question qu'il se trouve déjà sur le pas de la porte. Parce que Tao a tendance à se laisser porter par le vent, et à s'interroger après.
Life is too short, ce genre de choses. Et aussi parce qu'il n'a pas eu l'occasion de se présenter en bonne et due forme au nouvel arrivant : c'est bien l'occasion, non ?
Sans plus hésiter, il frappe à la porte. Il peut entendre de l'agitation de l'autre côté : des mots étouffés, dont il ne parvient pas à déchiffrer de sens. Tao attend, son éternel sourire absent au coin des lèvres. Le voilà qui se met à étudier la roulotte comme si elle était la chose la plus intéressante qu'il n'ait jamais vu. La porte s'ouvre quelques instants plus tard, pour dévoiler une silhouette affolée.
Herbert a de longs cheveux noirs, un peu en bataille - ils n'étaient pas attachés comme ça la première fois qu'il l'a vu. Il a aussi de grands yeux verts soulignés de cernes aussi creuses qu'un fossé. Ils sont perçants, et pourrait tout aussi bien le clouer sur place. "
Hm. Hi. Tao, right?" Sourire. Il agite sa main tranquillement pour le saluer. "
You remembered ! And that's Yo-yo over there. Hi mate !" Yo-yo ouvre grand ses ailes et chantonne doucement (parce qu'il faut toujours qu'il rappelle sa présence à tout le monde et ne supporte pas d'être ignoré).
"
You hm. you need anything? Was I hm supposed to be somewhere? Do something?" Tao étudie Herbert un court instant, sans se défaire de son sourire. "
No no no you're fine man !" Il note, bien évidemment, la lenteur et la prudence avec laquelle les mots filent entre les lèvres du brun. Ça n'est pas le premier - ils en récupèrent un tas, d'esprits brisés qui tentent petit à petit de recoller les morceaux.
Everyone got their own pace. Tao a l'impression de se voir, quelques années auparavant. Lui aussi sait à quel point retrouver la parole est difficile lorsque cette dernière a été engourdie par le silence. "
I was just walking around and figured I didn't get to properly introduce myself since you came here !" explique-t-il en secouant légèrement la tête, faisant ainsi tomber quelques flocons perdus dans sa tignasse passant subitement du noir habituel à un jaune vif.
"
Do you have everything you need ? Is everything going well ?" Il ralentit un peu le débit pour ne pas le noyer non plus (comme il le fait beaucoup trop souvent avec les nouveaux arrivants)(Athéna le rabroue tout le temps à se sujet, tandis que Sigrid ne fait qu'en rajouter encore plus). "
You're not a guest, you're part of the family now Herbert !" Il insiste bien sur le mot
family. Ça veut tout et rien dire, famille, après tout. Pour lui, le Cirque en est une : raccommodée, bruyante, agitée - mais solidaire. Le métamorphomage penche légèrement la tête et ajoute, l'air subitement sérieux : "
And also, Dan-bi would end me if I didn't come by. She very eager to make you feel at home." Il se penche un peu plus vers Herbert et ajoute, sur le ton de la confidence : "
Did you know she could be that terrifying?" La selkie (
badassalam qu'elle l'a déjà corrigé) peut être particulièrement intimidante. Il ne se risquerait pas à se la mettre à dos.