BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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Glenn Ward
ENEMY OF THE STATE
Glenn Ward
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Âge : Cinquante ans, en paraît généralement moins.
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Particularité : Maître métamorphomage, très bon occlumens, et moyennement bon magicien sans baguette. Loup-garou mordu par Charybdis Kang, rien de moins.
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Glenn se réveille dans le ronflement d’un orage. Il fait encore noir mais la pièce est de temps en temps illuminée par des éclairs tranquilles qui fendent la nuit. La sensation de froid l’étreint bien avant celle de l’angoisse irrationnelle embarquée avec lui depuis qu’ils ont fui Gracefield (elle disparaît peu à peu, a-t-il remarqué, au plus les mois passent et au plus il parvient à livrer cette période aux bras de son occlumancie). Sa jambe nue revient se loger sous la couette au cotton usé, tandis que son bras gauche vient instinctivement chercher la présence de Maureen. Ne sentant que des draps froids, le profil de Glenn se tourne. Malgré la pénombre, il y a dans ses yeux bleus une lueur d’inquiétude. Complétée aussitôt par un mouvement rapide. Il se redresse, mains contre matelas, et cherche dans la pièce la silhouette de sa femme. Pris en pitié par l’orage, il est aidé d’un éclair supplémentaire qui lui montre, près d’une fenêtre, Maureen assise sur le rebord. Son cœur calme ses battements.

En se levant, il enfile quelques vêtements de piètre facture (on ne peut plus assortis au charme du lieu, un cottage isolé dans les terres qu’ils ont investi pour deux jours, loin de tout et de tout le monde). Puis il traverse la pièce en récupérant sa baguette. Le feu est relancé dans la cheminée, afin de réchauffer la pierre froide et humide, et il repose sa baguette. "Tu admires la vue ?" Un sourire amusé étire ses commissures. Vu la pluie qui s’abat contre carreaux, il est peu probable que son épouse puisse contempler quoi que ce soit des landes irlandaises. Glenn passe dans son dos et l’entoure de ses grands bras. Il a vu, quelques secondes avant de l’étreindre, qu’une ombre aggravait son visage marqué. L’époux n’a jamais été aussi tactile que depuis leur retour. Pas en public, et pas toujours de manière naturelle, mais il sent que Maureen a besoin de sa présence, en plus d’être rassurée.

Il abandonne un baiser contre sa nuque. Elle sent le bois de cheminée et la jasione (ils se sont baladés dans les collines toute l’après-midi). "C’est l’orage qui t’a réveillée ?" La question est soufflée tout bas dans le creux de sa joue. Il la serre un peu plus contre lui, comme un double langage ; je sais que l’orage n’y est pour rien, disent ses bras calmes, je sais que tu as du mal à en parler, répète son deuxième baiser. Il marque une pause. La chaleur de leurs deux corps unis l’impressionne toujours autant. Il ne croit pas qu’il pourra un jour s’y faire. Ni jamais vraiment accepter d’en être digne. "On peut prolonger notre séjour, tu sais." Ils ont dit qu’ils rentreraient demain. Soit dans quelques heures. Leur escapade n’a pas convaincu tout le monde, certains anciens, Sweeney le premier, se sont fendus d’une mine inquiète à l’idée que les deux fugitifs Ward s’en aillent seuls loin du territoire protégé des travellers. Glenn n’a pas cillé. Maureen a rassuré tout le monde, sans pour autant douter de leur choix.

Ils en avaient besoin.  

"Personne ne viendra nous chercher ici." Il se détache d’elle. La contourne et se place en face, s’asseyant à sont tour sur le rebord de fenêtre. Le feu s’est mis à crépiter et la pluie bat à rythme régulier contre les carreaux. Ça lui rappelle leur première rencontre dans ce pub sorcier. La première fois qu’il est apparu à elle dans sa véritable apparence. Un sourire évanescent fracture ses airs placides. Il a l’impression que c’était dans une autre vie. "Je n’ai qu’a envoyer un message texte (un petit air à la fois fier et ironique accompagne le terme) à Diarmuid pour leur dire de ne pas s’inquiéter." Il est à peu près certain que leur fils ne s’inquiétera de toute façon pas, en tout cas pas pour si peu, mais les messages textes de nature informelle et anecdotique sont devenus pour le père une manière détournée (et assez peu courageuse) de garder le contact. En quatre mois, ils se sont échangés moins de mots que de messages.

Il sourit. Montrant une confiance en soi à toute épreuve. "Allons voir la mer." Son enthousiasme plonge tête la première dans les grands yeux si sombres (et si inquiets) de Maureen. "Nous pourrons pique-niquer sur la plage ! L’orage vient de l’ouest et la pluie frappe au nord. Tu verras qu'à l’aube il fera beau." Glenn pense aussi beaucoup à son père et ses leçons, depuis qu’ils sont seuls, isolés dans la lande derrière la pierre froide et humide du cottage.
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Maureen Ward
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Maureen Ward
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Installée sur le rebord de la fenêtre, vêtue d’un gros pull supposé lui tenir chaud, les bras refermés autour de ses jambes, Maureen fixe l’horizon sans vraiment s’intéresser à la vue. Depuis qu’elle a ouvert les yeux, la demi-vélane ressasse les informations qui ont afflué ces dernières semaines et le temps semble faire écho à l’effet qu’elles ont eu sur elle. Sa dernière conversation avec Follet, le résistant de l’Ordre, qui prend chaque mois le risque de venir à sa rencontre lui appliquer le sortilège simulant son passage au ministère. Il n’est pas supposé le faire, si les dirigeants de l’Ordre venaient à l’apprendre, il pourrait avoir de sérieux ennuis. Un éclair illumine le ciel. La proposition faite qu’elle rejoigne définitivement l’Ordre, les doutes partagés, la promesse d’y réfléchir sérieusement. Un nouveau suit, un moment après. Ena qui semble toujours lire à travers les lignes et lui demande de cracher le morceau avant qu’elle ne s’étouffe avec. Encore un. Une réponse qui peine à venir, tant le morceau est énorme. Et enfin, un grondement dans le ciel. Elle en parlerait à Glenn quand ils seraient seuls. Si elle y arrivait. Tous ces changements qui se profilent à l’horizon lui tordent l’estomac, même cette confidence presque forcée à Ena n’y avait rien changé.

Derrière elle, elle entend le feu reprendre doucement vie dans la pièce. Elle avait hésité à le faire en quittant la chaleur des draps, mais la crainte de réveiller Glenn l’avait poussée à se rabattre plutôt sur son pull. "Tu admires la vue ?" Pas exactement. "Hm."  Les bras de Glenn se referme sur elle, lui offrant une étreinte qui ne parvient pas à étouffer l’inquiétude qui la ronge depuis qu’elle a ouvert les yeux. Dans les secondes qui suivent, se sont d’ailleurs ses bras à elle qui se replient sur ceux de son mari, s’assurant ainsi qu’il reste près d’elle. Depuis leur retour, des inquiétudes – non, pire, des angoisses – qu’elle n’avait pas imaginée viennent parasiter ses pensées quand elle n’a pas l’esprit occupé par d’autres tâches. Les ongles de ses pouces en ont fait les frais. La présence de son mari à ses côtés la rassure, l’apaise même, mais depuis le mois dernier, elle sait que tout cela ne durera pas. Elle n’aura jamais formulé le moindre mot à ce sujet. Ce n’est pas son genre, ce n’est pas leur genre. Pourtant dès qu’ils sont seuls, il a toujours pour elle un geste tendre et les mots qu’il faut pour la faire sourire. Est-elle vraiment prête à abandonner tout ça ?

Il embrasse sa nuque, elle ferme les yeux le temps de caler son dos contre son torse. Vraiment pas, non. "C’est l’orage qui t’a réveillée ?" L’orage ne l’a pas réveillée, ou peut-être que si, pourtant elle s’en empare, quand bien même elle sait qu’il a compris que ça n’est pas le cas. Elle n’a de toute façon, jamais été une grande fan du phénomène météorologique. "On peut dire ça."  Une demi-vérité pour une demi-vélane. Glenn resserre son étreinte et elle lui en est reconnaissante. Tout comme elle apprécie ce nouveau baiser sur sa peau. "On peut prolonger notre séjour, tu sais."  Ils pourraient, en effet. Ce sont leurs premières vacances, si on peut attribuer ce terme à ces deux jours à l’écart de tout et tout le monde, peut-être qu’ils peuvent s’en offrir encore quelques-uns. La première fois depuis des années qu’ils ne sont que tous les deux. "Personne ne viendra nous chercher ici." Quand elle le sent défaire son étreinte, elle cherche immédiatement son regard, inquiète à l’idée qu’il s’éloigne. Elle se sent ridicule, il est dans la même pièce, et n’a pas l’intention de la laisser là. Le voyant s’installer, elle se tasse un peu contre le pan de mur pour lui laisser un peu de place. Face à la proposition, elle hésite cependant à l’accepter immédiatement. Il y a toujours une part de risque plus importante, maintenant qu’ils ont quitté l’île.  Mais Glenn a ce regard plein d’assurance, elle le voit dans ses yeux, deux jours ce n’est pas assez. Sans compter que la solution semble déjà toute trouvée, alors pourquoi lutter davantage ? "Pourquoi pas, oui."  Et il aura certainement besoin de ces quelques jours pour digérer ce qu’elle doit lui dire.  Elle aussi. A moins que ce secret qu’elle garde ne le pousse au contraire à vouloir rentrer plus tôt.

Ce sourire qui l’avait tant agacé au début de leur relation, quand ils n’étaient alors que collaborateurs, elle avait fini par l’aimer. Et à cette heure avancée de la nuit, elle ne peut s’empêcher de penser à quel point elle aime cette confiance qu’il a retrouvé. "Allons voir la mer." Maintenant ? Ses yeux glissent sur la fenêtre dont la face extérieure est couverte de gouttelettes qui ruisselles le long de la paroi de verre. "Nous pourrons pique-niquer sur la plage ! L’orage vient de l’ouest et la pluie frappe au nord. Tu verras qu'à l’aube il fera beau." Elle s’en remet à lui pour les prévisions, toujours aussi admirative de ces gens qui savent ce genre de choses. Un sourire timide vient finalement éclairer son visage. Très bien, elle peut bien lui accorder ça. Se l'accorder à elle aussi. Il faut qu'elle parvienne à profiter pleinement de ces quelques heures qui n'appartiennent qu'à eux. "D’accord, va pour le pique-nique." Sa main vient chercher la sienne pour la serrer avec douceur. Observatrice, elle constate qu’il ne cache plus les tâches qui les constellent depuis quelques années. Plus avec elle, au moins. Si elle ne peut pas cacher sa marque, si elle ne pouvait plus dissimuler sa nature, elle lui avait demandé d’en faire autant avec ses cicatrices à lui. Leur temps sur l’île avait laissé ses traces, il leur fallait à présent vivre avec.

Avant de se relever, elle prend une grande inspiration, comme si elle cherchait à se libérer du poids qu’elle porte, sans jamais y parvenir totalement. "Je vais enfiler quelque chose de plus adapté." Il faudra en effet, plus qu’un pull en laine pour la garder au chaud. Sa main libère celle de son mari et elle se penche vers lui pour l’embrasser. Un geste tendre, porteur de remerciements, de reconnaissance aussi, pour ne pas lui avoir demandé immédiatement de partager au réveil ce qui la préoccupe. Elle finirait par lui parler, elle n’a pas le choix, Ena lui a dit : le plus tôt sera le mieux. Mais le plus tôt signifie également vivre avec l’idée que la séparation reste imminente.

Le temps de se préparer et de rassembler de quoi composer un pique-nique, la pluie se sera effectivement éloignée du cottage, laissant planer dans l’air un doux parfum de terre humide teinté de sel. Glenn ne semble plus se défaire de son sourire fier, il avait raison sur ce point, et elle le reconnaît. Marchant côte à côte, ils finissent par atteindre la plage sur laquelle ils avaient déjà fait quelques pas la veille, à leur arrivée. Cette fois, la mer leur apparaît comme différente et Maureen parvient à l’apprécier de nouveau. Elle n’est plus leur geôlière, ne les garde plus captifs sur un morceau de terre. "C’était une bonne idée de venir ici." Ce bol d’air frais, elle en avait besoin, en a besoin. Quand Glenn lui peut se balader librement sous d’autres traits, elle n’a pas ce luxe et reste bien souvent dans l’enceinte protectrice des terres appartenant au clan. Vaste périmètre qui lui laisse la possibilité de faire de longues marches si elle le souhaite, mais périmètre limité tout de même. C'est comme si elle avait quitté une prison pour en rejoindre une autre, à la différence que celle-ci est les traite bien mieux.

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Glenn Ward
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"C’était une bonne idée de venir ici." Sans pour autant se départir de son sourire, lui regrette déjà. La pluie a laissé un sable compact et collant sur lequel il est désagréable de marcher. Son amour-propre l’empêche de jeter un sortilège à ses pieds lors même que son épouse brave le sol agglutiné sans broncher. S’il n’avait pas été cet incorrigible citadin qui, même à Gracefield, n’a jamais fait montre d’une folle passion pour la nature, il aurait su que 'aller pique-niquer sur la plage' après un gros orage apporte son lot de contraintes. Que Maureen puisse malgré tout l’apprécier allège cependant le malheureux constat. "N’est-ce pas ?" Les commissures de Glenn s’étirent un peu plus. Il coule un regard concerné à son épouse pour voir si ses airs sombres se sont quelque peu dissipés. Oui. Mais à peine.  

Après avoir repéré un coin et s’y être installés (Glenn a glissé quelque sortilèges dans les sortilèges pour apporter un minimum vital de confort à l’aménagement, essentiellement composé d’une grande couverture et de quelques couverts), ils picorent du pain brun et du durrus embarqués pour l’occasion. Le thermos déverse de temps en temps de l’irish breakfast dans leur tasse en inox (signe flagrant d’évolution, tout de même, Glenn ne grimace pas à chaque gorgée) et une petite assiette se réveille d’un même rythme pour proposer des scones qu’Ena leur a généreusement préparés. "Je crois qu’elle les a maudits…", remarque-t-il cependant, voyant que l’assiette s’obstine davantage à les lui mettre sous son nez que sous celui de Maureen. Sa tante s’échine tellement à lui faire reprendre du poids que ça ne l'étonnerait pas. Allongé sur le flanc, coude et avant-bras en appui, il lève sur son épouse un regard méfiant. "Et que tu es de mèche…" Maureen n’a après tout rien à envier au génie retors d’Ena. Voyant que la petite assiette n’en finit pas d’insister, il se saisit d’un gâteau et fait mine de capituler en poussant un soupir de comédien. "Très bien, très bien. Je mange." Il croque un bout. Le goût de la pâte lui semble fade, presque aussi appétant que le sable sur lequel ils se sont installés. Il n’a plus d’appétit pour grand chose. Si ce n’est du thé. Il fait donc passer le tout d’une gorgée chaude, et finit par sourire à Maureen.

"Vous traînez un peu trop souvent ensemble, toutes les deux." Il étire sa risette avec amusement. Ses yeux sont en revanche moins rieurs et questionnent en silence le profil de sa femme. Ena est une figure importante dans le clan, mais plus importante encore pour Maureen. On pourrait dire sans se tromper qu’elle fait office de figure maternelle, d’amie et de confidente ; si, dans le temps, Glenn ne s’empêchait pas d’immiscer une oreille dans leurs conversations, il respecte aujourd’hui ces apartés qu’elles ont en ne les dérangeant pas. Il sait qu’elles se voient régulièrement et que Maureen passe du temps chez elle. C’est un soulagement, teinté d’un peu d’amertume. L’image de sa femme gérant la branche métallurgique du gang avec une poigne de fer mais des gants de velours s’est dissoute dans le temps et dans les esprits. Il aimerait redorer son blason. Il aimerait rappeler à ceux qui sont trop jeunes pour le savoir, ou trop vieux pour s’en souvenir, que Maureen Ward est autre chose qu’une fugitive marquée à qui il faut tenir compagnie pour lui éviter l’ennui et les idées noires. Mais il ne peut pas y faire grand chose. Toutes les cordes qu’il pouvait auparavant tirer lui ont soit échappées, soit se sont carrément rompues.

"J’espère qu’elle t’est d’une certaine aide…" C’est la chose la plus sincère qu’il ait dite de tout leur séjour. Il tourne pensivement le scone entre ses doigts, observant sa texture et ses couleurs tant il n’a pas à cœur de voir plus longtemps la tristesse figer le visage de sa femme.
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Maureen Ward
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L’obstination de l’assiette à vouloir resservir des scones à Glenn, dès alors qu’il en termine un, l’amuse. Effectivement, ce serait à peine étonnant qu’il y ait eu un sortilège destiné à enchanter la vaisselle emmenée avec eux. Aucune assiette ordinaire n’aurait pris cette initiative. Une simple assiette serait bien sagement restée sur la couverture, entre eux. Mais qui aurait osé commettre un tel acte ? "Et que tu es de mèche…" Bien vu. "Qui ? Moi ?" Elle feint l’innocence, mais sa moue amusée ne le trompera pas. "D’accord, ta tante a peut-être réussi à me convaincre de personnaliser un peu cette assiette." Activité qui l’avait par ailleurs bien amusée. "Et le thermos aussi." Qu’elle complète, comme s’il y avait matière à douter là aussi, et comme pour illustrer ses propos sa tasse tout juste vidée est presque aussitôt remplie par l’objet ensorcelé. Sa participation à l’enchantement suffit à expliquer le fait qu’elle soit elle-même, relativement épargnée par la volonté de l’assiette d’accomplir son travail. Lorsqu’ils rentreront, Ena qui s’évertue à vouloir les remplumer malgré les protestations, lui a bien dit qu’elle ne voudra pas voir de restes revenir avec eux. "Très bien, très bien. Je mange." Le voyant se saisir d’un scone, la charmeuse de métal suspend les effets de son sortilège. L’assiette retourne alors sagement dans le sac dans lequel elle était venue. Elle pourra attester qu’il a bien goûté aux scones, de quoi satisfaire au moins partiellement, l’instinct protecteur d’Ena à leur égard.

Du constat qu’il fait sur le temps que les deux femmes passent ensemble, elle choisit de ne retenir que le ton amusé. Laissant de côté tous les messages cachés qui pourraient se cacher derrière, jusqu’à ce qu’il ne reprenne : "J’espère qu’elle t’est d’une certaine aide…"  Dans ses mots, elle sent de la peine, une peine qui se joint à la sienne, faisant disparaître toute trace de légèreté dans son expression. Il espère, mais Maureen devine qu’il aimerait être à la place de sa tante dans ces confidences. Si elle avait pu garder toute cette histoire pour elle, Ena n’aurait pas eu à l’entendre. L’irlandaise, depuis qu’elle avait fait sa connaissance, avait toujours joué le rôle de figure maternelle pour Maureen. Le genre qu’elle n’avait jamais connu, une figure qui vous dit ce que vous devez entendre et pas nécessairement ce que vous voulez. "Crois-moi, j’aurais préféré ne pas avoir besoin d’aide." Elle n’a jamais aimé en demander, quand bien même on lui aurait offerte. Trop fière, trop indépendante et avec ce besoin de tout contrôler aussi, elle préférait parfois encore chuter seule, se planter que d’admettre qu’avec un peu d’aide, elle aurait réussi à atteindre son objectif plus vite. Les yeux rivés sur l’horizon qui s’éclaircit, elle n’ose pas le regarder redoutant déjà ce qu’elle s’apprête à lui confier et les effets à venir.

Tout ça parce qu’elle avait été identifiée comme hybride.
Tout ça parce qu’on l’avait marquée comme l’un d’eux.

Depuis son retour, elle était devenue dépendante des savoirs secrets de l’Ordre, contrainte de s’adresser à eux pour espérer ne pas souffrir le martyr en ne se rendant pas au ministère. "J’aurais dû t’en parler plus tôt." Dès le départ, même. Parfois elle regrette de ne pas s’être confiée à lui à son retour, de s’être contentée d’un tout s’est bien passé, quand ce n’était pas exactement le cas. Peut-être qu’ils n’en seraient pas là. Ou peut-être que si ? Peut-être que les fêtes auraient eu un goût différent ? "La dernière fois que je suis allée recevoir le sort, on ..." Elle hésite sur la façon dont tourner sa phrase, resserre ses doigts sur le tissu de la couverture sous l’effet de la frustration. Quoi qu’elle dise, il sera blessé. C’est sans issue. Comme son problème. " - on m’a posé un ultimatum." Ce n’est pas le terme qui avait été utilisé, mais c’est de cette façon dont elle l’avait compris.  "Follet ne veut plus se déplacer pour le sort." La suite semble évidente. Plus de sort revenait à une condamnation pour elle. Inutile d’être plus précise, ils savent tous les deux l’importance du sortilège pour elle. La requête est égoïste, formulée sous couvert d’une histoire de sécurité liée à l’Ordre. Aujourd’hui encore, elle se demande si le résistant avait seulement pensé à elle avant de la laisser repartir avec ce choix qui n’en était pas un.


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Glenn Ward
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"Crois-moi, j’aurais préféré ne pas avoir besoin d’aide." Le poitrail de Glenn se soulève doucement sous l’effet d’un rire veule. Il arrache ses yeux du scone et contemple avec Maureen l’horizon marin. "Je sais." Elle a toujours eu une force de caractère semblable au feu, quelque chose de chaud et de féroce qu’on aime et craint tout à la fois. Il s’est plus d’une fois brûlé à elle à leurs débuts, jusqu’à ne plus avoir envie que de ça : qu’elle le consume. Leur situation actuelle (sa situation actuelle, pout être exact, car il serait présomptueux, même pour lui, de se ranger dans le même panier) fait froid dans le dos. La fierté pour le moins majestueuse de son épouse crève justement à petit feu, crépitement après crépitement.

"J’aurais dû t’en parler plus tôt." Les doigts oblongs arrêtent de tourner la pâtisserie entre eux. Une brise froide vient souffler sur le couple et si les sortilèges qu’ils ont lancés ne les avaient pas prémunis contre ce genre de phénomène climatique sûrement auraient-ils frissonné. Ça n’empêche pas le dos de Glenn de se contracter dans sa posture. "La dernière fois que je suis allée recevoir le sort, on...", le visage impassible se tourne enfin vers celui tendu de Maureen, "on m’a posé un ultimatum. - Un ultimatum ?" Le timbre reste calme. Vibre malgré tout d’une certaine émotion. "Follet ne veut plus se déplacer pour le sort." Glenn enregistre l’information, celle, donc, dudit ultimatum, et finit par se redresser. Il a déposé son scone à peine entamé sur l’assiette qui le lui a apporté, d’une manière assez peu délicate qui a fait glisser les autres pâtisseries vers le point de force subreptice. "Follet est un crétin." La balle est partie sans prévenir. Il s’en étonne lui-même, tandis qu’il étire son dos et frotte ses mains entre elles pour se débarrasser des traces de farine abandonnées par le scone.

Sitôt fait, sa senestre part en direction des mains de sa femme, sur lesquelles elle se pose dans un geste de réconfort et de protection. "Soit, c’est leur choix." Glenn ne s’avoue pas vaincu. Et n’accepte certainement pas qu’on scelle leur sort aussi bêtement que ça. Pas une deuxième fois. Sa prise se resserre doucement. Maureen a froid. Qu’ont-ils fait à son feu, si chaud et si féroce. Le regard de l’époux s’est durci. Non pas à l’endroit de l’épouse, mais d’une certaine façon contre toustes celles et ceux qui ne sont pas elle. "Nous trouverons une solution ma chérie." Il y a un nouveau sourire. Câlin et tendre. Peu sont les paires d’yeux à lui connaître cette affection. On le sait pourtant, que les hommes Ward, sous l’épaisseur taiseuse de leur carapace, ont un coeur de lion. Si Glenn n’a jamais vraiment été de ceux-là, il est toujours resté, malgré tout, un Ward. Chimère mi-reptilienne mi-féline, qui n’a plus quitté le flanc de Maureen dès lors qu’ils se sont promis à l’autre (c’était bien avant le mariage, bien avant qu’une instance juge leur union sacrée).

"Je ne peux pas croire que nous n'avons pas ce genre de ressource parmi nous." Il parle des Travellers, il parle des autres gangs, il parle de ce vaste monde illégal auquel ils font encore partie. Glenn n’y connaît bien évidemment rien, en ce genre de sortilèges, mais Glenn a toujours su trouver des solutions, et Glenn pense, croit, que cette fois ne sera pas différente des autres fois. Il ne peut pas, ne veut pas, penser au dit ultimatum, celui que Maureen a formulé sans expliciter, celui qui l'engage loin de lui alors même qu’ils commencent enfin à se retrouver, à se redécouvrir. "Au diable Follet." Au diable l’Ordre, se retient-t-il de compléter. Il continue de sourire, mais le sourire commence à se fendiller, ici, là, par petites notes de gêne, qui le rendent plus faux que vrai. "J’irai me renseigner auprès de--", les noms des gangs défilent dans sa tête, certains qui ne sont plus debout, d’autres qui ont été exterminés, des nouveaux qu’il connaît peu, et des irréductibles qui le croient mort. Son sourire s’élargit. "J’irai me renseigner." Maureen s’est un peu tiédie sous sa paume. Il s’accroche à ça. À ça et à son regard qui l’a fait flancher la minute où il l’a aperçu derrière la grande vitrine de sa galerie. "Nous trouverons une solution", répète-t-il, l'oeil confiant (l'angoisse au bout des doigts).


Dernière édition par Glenn Ward le Sam 24 Sep - 11:30, édité 1 fois
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Maureen Ward
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Son regard se repose brièvement sur lui, lorsqu'elle perçoit un mouvement de son côté. Tant pis pour le scone, j’aurais essayé, ne peut-elle s’empêcher de penser, en constatant qu’il a abandonné la pâtisserie sur l’assiette. " Follet est un crétin." Elle acquiesce. Crétin, égoïste, la liste des adjectifs pouvant le qualifier ne cesse de s’allonger à chaque fois qu’elle repense à leur dernier échange et chaque nouveau terme est moins flatteur que le précédent.

Sous la chaleur de la paume de Glenn, ses doigts finissent par relâcher peu à peu le tissu innocent qu’elle tenait fermement. Elle comprend alors qu’il ne la laissera pas partir. Sa prise se resserre d’ailleurs et elle se concentre dessus, sur ça, sur ce lien, cet amour qu’ils ont l’un pour l’autre. "Nous trouverons une solution ma chérie." Maureen a envie d’y croire, aimerait qu’il existe une option à laquelle elle n’a pas pensé au cours de ces dernières semaines, seulement, elle sait que les probabilités que cette option puisse être réelle sont presque nulles. Si elle avait pu penser à autre chose, cette histoire aurait été réglée depuis longtemps. " Je ne peux pas croire que nous n'avons pas ce genre de ressource parmi nous." Elle aussi aurait aimé qu’ils soient en possession des secrets de ce sortilège. Avec un tel secret entre leurs mains, la question de son avenir près des siens ne se serait jamais posée, elle n’aurait même pas eu lieu d’être. "Jamais ils ne l’auraient partagée avec nous. On a juste eu de la chance jusqu’à présent." De la chance, le terme paraît bien ironique soudainement au vu de leur histoire, alors que c’est le cas. Ces quelques mois n’ont été que le fruit de la chance, une heureuse rencontre qui leur aura permis de gagner du temps. Comme les Travellers, l’Ordre garde précieusement ses secrets. Un simple s’il-vous-plaît n’aurait de toute évidence pas suffit à la transmission de cette information. " J’irai me renseigner auprès de--" Auprès de qui ? Suspendue à ses lèvres, elle se remet à croire l’espace de quelques secondes qu’il pourrait lui donner un nom. Mais aucun ne lui vient et ses épaules retombent. C'est bience qu'elle craignait, ils ne connaissent personne avec ces compétences. Et malgré tous les signes qui sont loin d’être encourageants, Glenn continue de lui sourire, confiant, comme si l’espoir était toujours permis. " J’irai me renseigner." Son sourire à elle est plus faible, triste même pour ne pas dire défaitiste.

" Nous trouverons une solution." De là où elle se tient, leur seule solution est d’accepter qu’elle rejoigne l’Ordre, on ne lui laisse pas d’autre choix.  Il faut qu’il l’entende, qu’il s’y résigne autant qu’elle. Tant que ce triangle marquera sa peau, trahissant sa nature, elle ne pourra pas faire sans. "Tu connais la solution." Ils la connaissent tous les deux. Ils en avaient vaguement parlé en octobre dernier, se rappelant l’échéance, mais Follet avait offert son aide et l’avait de fait, écartée. Une aide qu’il s’apprêtait à lui refuser à présent. "C’est de ça, dont on parlait avec Ena ces derniers temps." confie-t-elle comme si cela suffisait à expliquer qu'à deux, elles avaient épluché toutes les solutions possibles et imaginables. "Je suis sûre qu’elle a un don, tu m’as toujours dis que non, mais comment aurait-elle su autrement ?" Légilimancie ? Troisième œil ? Divination ? Maureen n’a aucune idée de ce que cela pourrait être, mais Ena avait su. Elle avait senti qu’elle portait un poids depuis les fêtes.

"Je n’ai pas le choix." Souffrir, se rendre au ministère pour un avenir inconnu (que se passerait-il s’ils venaient à mettre la main sur une ancienne détenue de Gracefield ?) ou bien rejoindre les rangs de l’Ordre.  La dernière option, bien que douloureuse elle aussi, demeure cependant la moins pire de la courte liste qui s’offre à elle. "Je vais devoir y retourner." Je, pas "toi et moi". Je, pas "nous". Je. Elle. Depuis qu’ils sont rentrés, elle a vu une évolution chez son mari. Il lui semble revivre, enfin. Chaque jour qui passe, elle semble retrouver le Glenn d’avant Gracefield et de ses malheurs. Il n’a peut-être pas récupéré toute son autorité sur le clan et ses affaires, toutes ses habitudes non plus, mais elle a vu la différence. Elle prend plaisir à le voir dans cet état, malgré les frustrations rencontrées. Qui serait-elle pour le priver de tout ça ? Elle ignore en plus quelles seront les contraintes imposées par l’Ordre, pourra-t-elle sortir ? faire quelque chose de ses journées ? aura-t-elle seulement une marge de liberté, là-bas ? Les incertitudes sont trop nombreuses pour qu’elle puisse les lui imposer.



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Glenn Ward
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Particularité : Maître métamorphomage, très bon occlumens, et moyennement bon magicien sans baguette. Loup-garou mordu par Charybdis Kang, rien de moins.
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"Tu connais la solution." Quelque chose change dans le sourire de Glenn. L’automatisme prend le relais, figeant ses commissures comme la peinture sur le masque d’un pantin. Ses doigts, sur la main de Maureen, lui paraissent soudain très distants, et la plage toute entière, son sable collant, ses odeurs d’embrun et l’humidité vaporeuse, est refoulée par ses sens qui se ferment les uns après les autres. "C’est de ça, dont on parlait avec Ena ces derniers temps. - Ah." Les lippes de Glenn se sont écartées, cassant le temps d’une syllabe le sourire de façade. Il revient bien assez vite, de plus en plus maîtrisé, de plus en plus persuasif, dévorant ce naturel (le doute, l’angoisse, le sentiment décidément trop coutumier de perte de contrôle) dont Glenn a tant horreur.

"Je suis sûre qu’elle a un don, tu m’as toujours dis que non, mais comment aurait-elle su autrement ?" Il réfléchit, comme s’il y avait matière à réfléchir et, tandis que sa physionomie entière joue le jeu, sa main se retire délicatement de celle de Maureen. Le don d’Ena, si tant est qu’elle en ait un, lui importe à vrai dire très peu. Son sang s’est mis à vrombir dans les canaux de ses veines et déverse dans ses pensées un bruit parasitaire.

Il croise ses mains entre elles, un pouce enfoncé dans la chair, ravivant la douleur d’une ancienne fracture métacarpienne (il avait huit ans et ne savait plus comment faire pour supporter les cris d’Aphria Ward). "Je n’ai pas le choix." Glenn se concentre sur cette douleur pour empêcher une autre, plus vive et plus immédiate, d’envahir son poitrail. "Je vais devoir y retourner." Ses yeux calmes osent enfin trouver le profil soucieux de sa femme. Elle ne lui jamais paru aussi belle et aussi irréelle qu’à cet instant précis. Les drames qu’ils ont essuyés ensemble l’ont pourtant marquée, stricto sensu, et l’usure se voit sur chacune de ses expressions, mais la perspective de la perdre l’enrobe d’un halo presque trop sacré pour son regard artificieux.

On a toujours dit qu’il ne la méritait pas. Et il a toujours pris un malin plaisir à rappeler que, pourtant, il l’avait conquise. Narcissique invétéré à l’orgueil trop mordant, il a toujours rendu très convaincante cette image du compagnon arrogant qui connaît à la virgule près la valeur de son trésor. Mais la vérité est parfois plus simple et plus banale que l’imposture. Il s’est toujours dit qu’ils vieilliraient ensemble, qu’il continuerait de l’aider à se coiffer le matin et qu’elle continuerait de lui serrer son nœud de cravate, qu’ils boiraient leur thé dans le silence de leurs lectures et sillonneraient main dans la main les galeries d’art. Glenn est un homme aux ambitions aussi complexes que ses désirs sont simples.

Il se sent nauséeux.

"Je comprends." La distance qu’il a physiquement prise s’étend maintenant jusqu’à sa voix. "Et quand…" Il hésite. Ses ambitions et ses désirs se livrent soudain une guerre aussi fulgurante que brutale. "Quand penses-tu partir ?" Il aurait pu lui proposer de venir, de l’accompagner où qu’elle aille (vieillir ensemble). Mais il est ce qu’il a construit : un narcissique invétéré à l’orgueil trop mordant. Et son cœur s’est fermé en même temps que ses sens. Il ne sent même plus la douleur rhumatique que son pouce a invoquée. Ses pensées sont revenues, pragmatiques et efficaces, blanches de toute émotion. Il faut qu’il reste pour le gang et qu’elle parte pour sa propre sécurité. "J’imagine que tu as d’autres contacts, en dehors de Follet ?" Glenn regarde la mer, le vide les séparant de l’horizon. L’aurore est magnifique. Il n’y prête aucune attention. "Faye pourrait être une aide précieuse. Elle est influente et saurait te mettre à l’abri." Il tait volontairement leur connaissance commune en la personne de Dani. Il a confiance en l’homme. Mais pas en la bête.
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Maureen Ward
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Dès qu’il retire sa main, elle sent le froid la saisir à nouveau. Plus mordant. Il commence par s’attaquer à ses mains, dernier endroit protégé par la chaleur de sa peau sur la sienne. Le courant d’air remonte ensuite le long de ses bras, la fait frissonner, avant de courir dans son dos, de se répandre jusqu’à ses orteils. C’est comme s’il l’abandonnait, la laissait seule sur cette plage, avec les conséquences de cette décision. “Glenn …” Il dit comprendre, sans pour autant partager ses déductions.

" Et quand… Quand penses-tu partir ?" Sa phrase sonne à ses oreilles comme une avancée précipitée vers la porte de sortie. Maureen pourrait presque le voir la lui tenir, la refermer sur elle et s’éloigner sans se retourner. L’image, bien que fictive, n’en reste pas moins douloureuse à son cœur. Quand pensait-elle partir ? Jamais. Quand partira-t-elle ? Bientôt. “Si j’accepte de les rejoindre, j’aurais quelques jours pour – j’aurais deux ou trois jours tout au plus." Si elle acceptait. A croire qu’il existerait une autre option qui pourrait encore leur tomber dans les mains quand elle a balayé cette possibilité depuis un moment. C’est impossible. Elle n'a pas cessé de se le répéter. Elle devra se décider définitivement sous une dizaine de jours. Le fera parce qu’il s’agit de la chose à faire. Mais la décision n’en reste pas moins déchirante. Ils ont peut-être une quinzaine de jours devant eux si elle ajoute le délai pour faire son sac. Ou moins. Elle ne sait plus. Ne veut plus savoir non plus. Ce ne sera jamais assez. Chaque journée, heure, minute qui passera sera estimée trop courte, laissera dans son sillage un goût amer, parce qu’ils n’auront jamais assez profité du temps qu’il leur aura été laissé.

"J’imagine que tu as d’autres contacts, en dehors de Follet ?" Il imagine mal. Follet lui transmet parfois des nouvelles de ceux avec lesquels ils avaient tissé des liens, mais il n’y a pas d’autres contacts pour des questions de sécurité. C’est lui son intermédiaire. Elle n’est jamais retournée dans une planque de l’Ordre depuis qu’ils en sont partis, n’a eu aucune occasion de revoir leurs amis. “Certains sont restés avec là-bas. Faye, Dani, … j’irais probablement avec eux." Les anciens de Gracefield qui venaient des rangs de l’Ordre, peut-être quelques autres qui ont été sauvé là-bas aussi, qui les auront rejoints faute d’endroit où se cacher ou de solution pour ces tatouages maudits. Avec eux, elle ne sera pas totalement dépaysée. "Faye pourrait être une aide précieuse. Elle est influente et saurait te mettre à l’abri." Il se projette déjà dans une vie sans elle. Il la voit déjà loin quand elle est encore tout près. Même son regard porte dans une autre direction que la sienne.

Ce n’est pas ce qu’elle veut, il n’a pas compris.

Glenn …” Sa voix déraille sans qu’elle n’y puisse rien. “Je sais ce que tu es en train de faire." Elle se ressaisit, sans parvenir au degré de détachement que lui semble avoir déjà atteint face à leur situation. Cette façade calme qu'il lui présente contraste avec le rythme de son coeur. Elle a froid, elle a peur de cet inconnu qui approche, alors que lui s'éloigne parce qu'il a compris. Pense avoir compris. Il se barricade derrière des grilles et des murs, compartimente tout pour rester de marbre ou presque. Elle le connaît par cœur, sait comment il fonctionne dans ce genre de situation et n’aime pas l’idée qu’il retourne à ses vieux réflexes, là où il est difficile à atteindre.

Soigneusement, elle libère l’espace entre eux pour venir se placer à côté de lui, dos à la mer. Même s’il persiste à fixer l’horizon, elle sait qu’elle sera dans son champ de vision. Sa main se pose sur son genou, n'osant pas monter jusqu'à sa joue de peur d'être rejetée trop vivement. Une tentative qu’elle n’espère pas vaine pour rétablir le contact rompu un peu plus tôt. Ce n’est pas le moment de mettre de la distance entre eux, il est beaucoup trop tôt pour le faire.  “Ce n’est pas ce qu’on avait prévu, je sais.” Le rêve d’une vie tranquille où ils sont ensemble, à profiter de leur temps libre amplement mérité à l’étranger ou à l’ombre des arbres, chez eux, s’éloigne progressivement. A croire que l’univers continue de se liguer contre eux. “Regarde-moi.” Ses yeux bruns s’ancrent dans les siens, et ce qu’elle y lit est pire encore que ce qu’elle s’était imaginée. Elle est la première à détourner le regard. “Je me déteste suffisamment pour toute cette histoire, s’il te plait, arrête.” Elle voudrait posséder les clés de ses verrous, pousser ses barrières mentales, mais cet art demeure malheureusement hors de sa portée.




Dernière édition par Maureen Ward le Lun 10 Oct - 15:57, édité 1 fois
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Glenn Ward
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"Glenn…" Le trémolo dans la voix de sa femme ne l’atteint pas de suite. Il le remarque pourtant, comme il remarque que le soleil se lève devant eux, brûlant et vif, sans que le spectacle ne l’émeuve d’un iota. Il réfléchit à la suite, à la procédure de cette extraction, à qui impliquer et de quelle manière, à quelles précautions prendre pour que Maureen ne soit pas exposée aux dangers de la cavale, et quelles assurances exiger de celleux qui l’accueilleront pour que la planque où on l’installera (planque dont il ne connaîtra rien du secret) soit loin des dangers des branches les plus actives de la rébellion. "Je sais ce que tu es en train de faire." Glenn cligne des paupières, enfin ramené sur la plage, à côté de sa femme, par le fil délicat mais cassant de sa voix. Son regard décroche de l’horizon et erre contre les vaguelettes s’échouant sur la grève. La constatation franche et sans détours de Maureen est un bâton dans les roues de ses pensées qui s’arrêtent brutalement.

Il aimerait qu’elle ne le connaisse pas aussi bien. Que leur mariage n’ait jamais été qu’un simulacre, qu’un jeu de dupes grâce auquel chacun tire un profit égoïste et calculé. Tout aurait été beaucoup plus simple.

Quand elle se lève et s’approche, puis s’assoit, Glenn se redresse encore un peu plus, rigidifié par le désarroi de ce face-à-face qu’elle leur impose. Sa main, posée sur son genou, le transit de peine. Il n’en devient que plus inexpressif. "Ce n’est pas ce qu’on avait prévu, je sais." Les sourcils de Glenn se froncent doucement tandis qu’il observe une épaule de sa femme au-dessus de laquelle volettent avec grâce ses mèches noires et ondulées. Il aimerait pouvoir se lever et la quitter, elle, son parfum de jasione, ses yeux sombres et aimants ; la faille prodigieuse et en cela terrifiante qu’elle a toujours représenté sur cet exosquelette qu’il a pourtant veillé à blinder de suffisamment de masques et de faux-semblants pour qu’on le croit (pour qu’il se croit) inatteignable.

Ce n’est pas ce qu’ils avaient prévu.
Elle n’est pas ce qu’il avait prévu.

Il ne méritait qu’un cauchemar et il a trouvé un rêve, passionnant, lénifiant, d’une certaine façon indulgent. Il est en train de se réveiller et il se sent groggy. Incapable, pour l’instant, de se lever. De la quitter.  "Regarde-moi." Il ne la regarde pas. Résiste bêtement, avec un orgueil qui lui vient sans forcer. Il commence à lui en vouloir ; à rendre tout ça plus simple. "Je me déteste suffisamment pour toute cette histoire, s’il te plait, arrête." Les yeux de l’époux abdiquent enfin. Avec, dans le bleu froid des pupilles, une hâte protectrice. Sa main aimerait avoir le même courage. Retrouver son autre, s’enrouler autour et la couvrir de chaleur (de caresses, de baisers). Mais Glenn est tétanisé. Par sa seule volonté de ne rien céder au capharnaüm d’émotions qu’il sent se presser contre son poitrail, comme un peuple révolté par la cruauté de son roi se presserait aux portes du bastion. "Pourquoi te détesterais-tu ?", demande-t-il, le timbre toujours aussi calme, toujours aussi monocorde. C’est à se demander si la bribe d’indignité qui y traîne, tant là que sur ses traits, est honnête ou étudiée. "Tu n’y es pour rien, ma chérie." Sensible à son propre prêche, il décide de ne plus lui en vouloir (il ne lui en a jamais voulu). "C’est la chose la plus sensée à faire. Tôt ou tard, le gouvernement t’aurait retrouvée. Et avec toi, tous ceux dans le clan qui le fuient depuis des mois." L’ombre d’un sourire soulève sa commissure. "Tu es d’un courage sans pareil." À ces mots, son regard s’imbibe de larmes qui ne coulent pas. "Tu l’as toujours été." C’est son courage à elle qui l’a fait tenir à Gracefield. C’est dans son courage à elle qu’il est souvent venu se réfugier, dans les coulisses de ses mascarades. "J’aimerais que tu t’en souviennes, quand tu seras là-bas, à n’importe quel moment ; tu n’as jamais eu besoin de moi, c’est moi qui ai toujours eu besoin de toi."

Les rayons du soleil leur brûle maintenant le corps. Le dos de Maureen se les prend de plein fouet et l’épargne lui de l’aveuglement. Ses orbes bleus se couvrent un instant. Quand ils réapparaissent derrière paupières son pleur discret a été absorbé. "Pardonne-moi." Les secondes qui suivent sont pleines d’un silence parlant. Il a tant à se faire pardonner ; pour sa présence en dents de scie toutes ces années où il jonglait entre sa carrière ministérielle et sa présidence criminelle, pour avoir raté tant d’anniversaires et tant de moments importants, pour n’avoir jamais vraiment rempli avec elle son rôle de parent, ni jamais vraiment rempli son rôle de mari, pour l’avoir éclaboussée des rumeurs d’adultère et d’autres tout aussi désagréables, pour ne lui avoir jamais dit les choses en face comme il ne les lui dit pas maintenant, et se renfermer par pudeur comme il se renferme face à elle. "Tu me connais." Malheureusement. Heureusement. Il n’a jamais su dire. "Je n’aime pas…" Un soupir fend ses narines. Il se sent démuni, comme il s’est toujours senti démuni face à leur fils. Leur famille est la chose la plus bouleversante qui lui soit jamais arrivé. Il baisse la tête un moment et, quand il la relève, un sourire pâle mais sincère accueille le regard soucieux de sa femme.

"Viens là", lui dit-il, alors qu’une main se lève, glisse sur sa joue marquée et l’attire à lui. Il l’embrasse avec douceur. Avec, presque, une certaine politesse.
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tw: souvenirs de Gracefield, mention de mort


"Pourquoi te détesterais-tu ?" Pour tellement de choses. Les années n’auront pas suffi à effacer le poids de la culpabilité de leurs actions, des siennes. Elle se considère toujours comme responsable de leur arrestation, puisque c’est de sa faute si les armes ont été retrouvé chez eux. Elle les avait ramenées avec elle pour finaliser quelques détails avant leur remise à l’Ordre qui aurait dû avoir le lieu le lendemain. Avec ses et si, elle reste persuadée qu’en ne répondant pas aux attaques des chasseurs, les choses auraient été différentes. Elle n’aurait probablement pas perdu leur enfant à naître, pas non plus reçu tous ces sorts de leurs geôliers pour en avoir elle-même jeté aux joueurs venus participer aux battues. Elle n’aurait pas eu non plus à le voir s’inquiéter pour elle à chaque fois que la cloche retentissait. Et s’ils n’avaient pas été pris, jamais ils n’auraient eu à vivre cette séparation. Jamais elle n’aurait été marquée, tout simplement parce que personne d’autres qu’eux n’auraient été au courant pour son ascendance. Et si, et si, et si, la voilà qui recommence à réécrire l’histoire.  "Pour tout. Pour tout ce qui nous est arrivé depuis qu’ils sont venus nous chercher. Pour ce qu’il va se passer, là. Ce n’est pas comme ça qu’on devrait vivre." Avec une douceur qu’ils ne sont que peu à lui connaître, Glenn cherche à la décharger de ce poids. De quelques paroles, il balaie ce qu’il considère probablement comme étant des bêtises ou des torts partagés.  L’effet du pansement sur ses plaies invisibles ne sera que temporaire, ces pensées reviendront tôt ou tard la hanter.

Pilier contre lequel elle a toujours pu se reposer, il assure ce matin encore, ce rôle avec brio. Il appuie ce projet, quand bien même ils savent que ce ne sera pas facile. "Tu es d’un courage sans pareil." Il la laisse sans voix, tant par la sincérité de ses mots que par l’émotion qu’elle lit dans ses yeux. Elle ne s’est jamais définie comme courageuse. Si elle avait pu, elle aurait cherché la définition exacte dans le dictionnaire pour la lui présenter, lui prouver qu’il a tort, qu’il ne peut pas lui attribuer une qualité qui ne lui correspond pas. Bornée, exigeante, rancunière, passionnée, oui, mais pas courageuse, ça non. Gracefield l’avait poussée dans ses retranchements, l’avait contrainte à changer oui, sans pour autant faire d’elle quelqu’un qu’elle pourrait qualifier de courageux. Ni aujourd’hui, ni là-bas. Ce départ, ce n’est pas un acte de courage, c’est une contrainte qu’on lui impose. Une de plus.  "Tu l’as toujours été." Non. Lui l’a été. Cent fois, elle pourrait l’assurer du contraire. Il a pris des risques pour lui, pour le clan, pour sa famille, pour leurs amis à Gracefield. Pour elle. Il a eu ses moments de courage. "J’aimerais que tu t’en souviennes, quand tu seras là-bas, à n’importe quel moment ; tu n’as jamais eu besoin de moi, c’est moi qui ai toujours eu besoin de toi." Là aussi, elle voudrait lui dire que non, qu’il se trompe, qu’elle aussi a toujours eu et aura toujours besoin de lui dans sa vie. Ce serait mentir, n’importe qui la connaissant pourrait le confirmer. La vérité, c’est qu’elle s’est habituée à vivre à ses côtés dès lors qu’elle a accepté de rejoindre les Travellers et leur grande famille. Être aimée, acceptée, le voir tous les jours ou presque, pester contre lui et la terre entière pour quelques contrariétés, venir chercher réconfort et soutien dans ses bras, autant de petites habitudes dont elle ne veut pas se défaire tout de suite. Elle aurait pu vivre sans lui. Survivre aussi. Elle a toujours eu cette force en elle. Sa vie aurait juste eu une saveur différente, plus fade à n’en pas douter. "Tu sais bien que j’aurai toujours besoin de toi." Seulement, il lui est plus facile de se réfugier dans ce qu’elle connaît ,plutôt que d’accepter un autre quotidien plein d’incertitudes

Dans son dos, elle sent le soleil la réchauffer. Elle aura tout manqué du spectacle, ce qui étrangement l’ennuie, il lui avait assuré que ça lui plairait. Comment pourrait-elle en juger maintenant ? Quand auront-ils même la possibilité de revoir un lever de soleil ensemble ? "Pardonne-moi." Elle cligne des yeux, rappelée à cette conversation qu’elle aurait préféré ne jamais avoir. A ces deux mots qui en cachent bien d’autres qu’elle ignore. Elle hoche doucement la tête quand il détourne le regard, déçue qu’il ne parvienne toujours pas à partager ce qu’il peut ressentir avec elle. "Je sais..." Ce n’est pas son truc, ne l’a jamais été. Si elle est un véritable livre ouvert, où chaque émotion est trop souvent perceptible, lui est capable de dissimuler les siennes avec une facilité presque déconcertante. Un talent qu’il lui est arrivé d’envier, autant que détester.

La joue marquée est couverte par le passage de la main de Glenn sur le triangle, un geste devenu anodin auquel elle continue pourtant de prêter des intentions louables. Pendant une fraction de seconde, le triangle n’existe plus, leurs problèmes non plus. Ils ne sont plus qu’un couple, s’embrassant tendrement sur une plage déserte. Deux âme-sœurs serrés l’un contre l’autre, profitant d’une escapade loin de tout. De loin, il serait impossible d’imaginer ce qui les tourmente. Ou même l'étendue de leurs problèmes.

Elle finira par passer ses bras autour de son cou, remettant par la même occasion en place le col de son manteau. Inutile, elle le sait, il est toujours tiré à quatre épingles. A Gracefield, il était celui qui semblait être le mieux habillé de tous. Les autres se sont souvent demandé d’ailleurs comment il faisait, se rappelant certaines conversations, elle ne retient pas le sourire qui lui vient. "Est-ce que c’est du courage ou de la bêtise de te laisser seul ?"  Il ne le sera pas tout à fait, le clan, la famille sera là pour lui. Ce n’est pas non plus comme si elle laissait une personne incapable de se débrouiller seul, au contraire. Pourtant, l’impression de l’abandonner est bien présente. "Tu as de la chance, maintenant que Dee connaît d’autres recettes que les spaghettis, tu vas pouvoir varier un peu tes repas." Mieux vaut en rire. Elle revoit encore le regard fier de Diarmuid leur apportant la casserole de pâtes sur la table, lors de leur premier repas en famille à leur retour. En apprenant la passion de leur fils pour les pâtes, elle avait entrepris de diversifier un peu la liste des plats qu’il pouvait cuisiner. En vain. Au moins, Glenn et lui pourront profiter de son absence pour recréer ce lien qui s’est fragilisé avec leur absence et que leur retour ne semble pas avoir encore tout à fait réparé. "Qu’est-ce qu’on fait ? On prolonge un peu notre séjour ou bien tu préfères rentrer ce soir ?" Doit-elle déjà annoncer à d’autres son départ imminent ou bien peuvent-ils retarder cette échéance de quelques jours ? Il le lui a proposé un plus tôt, mais sa confidence aura pu le faire changer d’avis sur la question.




Dernière édition par Maureen Ward le Lun 10 Oct - 15:56, édité 1 fois
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