Date d'inscription : 01/08/2020 Messages : 231 Crédit : exe (av). tumblr (gifs). poupoune (crackship). alicia ostriker & mary oliver (quotes). Âge : quarante-sept ans (13/07). Occupation : membre de la Chambre parlementaire du Lord, ancienne headmistress de la DHS et d'Hogwarts. Allégeance : le Lord, avant tout. Particularité : maître Occlumens (élémentaire).
| | | Les images se succèdent bien trop vite pour que l'oeil de l'esprit d'Alecto puissent les décrypter; mais les impressions qu'elles laissent derrière elles sont impérissables. Elle a l'impression que tous ses os sont lentement en train d'être broyés, ses muscles passés dans un hachoir à viande, les couches de sa peau écorchées pour être réduite à — rien. Elle se sent si petite, si vulnérable, si fragile, si minuscule, si insignifiante sous l'attention brûlante du Lord: comme une fourmi sous le faisceau d'une loupe, qu'on épingle et qu'on regarde agoniser sans qu'elle fasse le moindre son. Les souvenirs de ses aïeul.es se mêlent aux siens se mêlent à ceux d'Abram; pendant un instant éternel, Alecto a l'impression d'être une boule de nerfs composée des synapses de tous les Carrow passés et présents, le triste râmassis de siècles de violences, de douleurs et d'injustices.
Elle avait neuf ans quand elle a pour la première fois plongé son regard dans la Pensine des Carrow. Après un long voyage en balai et une visite laconique de la part de leur père des terres ancestrales de leur famille, Amycus et elle avaient été forcés d'avoir un aperçu de l'historique familial. Alecto pensait naïvement avoir pu barricader la majorité de ces souvenirs dans un coin de sa tête à ne plus jamais explorer. Amycus et elle s'étaient fait la promesse de ne pas regarder en arrière, jamais, et de tracer leur propre chemin. C'est stupide, bien sûr. Leur chemin est tout tracé déjà et le Lord est suffisamment généreux pour le leur montrer.
Quand le Seigneur des Ténèbres relâche enfin la pression de son sort, Alecto se sent revenir à son corps violemment, un tourment kaléïdoscopique de sensations et d'émotions et de douleurs. Ses oreilles bourdonnent et sa mâchoire la brûle tant elle a serré les dents. Elle s'est mordue la langue et le goût de son sang si pur lui donne la nausée. Peut-être qu'elle trouverait ordinairement une certaine fierté dans le fait qu'elle n'ait pas fait le moindre bruit; mais à la place, Alecto ne finit que le mouvement qu'elle a amorcé avant que l'ire du Lord s'abatte sur eux: elle va à son frère. Elle ne réfléchit même pas en le rassemblant dans ses bras, pour s'assurer qu'il est entier, désolée quelque part qu'il ait vu quelque chose qui aurait dû lui être montré plus tard, à ses neuf ans.
Son sang rugit avec une telle force contre ses tympans qu'elle n'entend même pas la voix d'Amycus, ni celle d'Amabella, ni celle du Lord qui dit quelque chose. Pour l'instant, elle glisse juste ses mais dans les cheveux épais d'Abram, contre ses côtes, le serre contre elle, rassurée de sa présence, rassurante par sa présence. Elle tremble; lui aussi. Elle dit des choses qu'elle n'entend pas, des réassurances peut-être, ou alors des excuses. Alecto pensait qu'elle avait un lien privilégié, presque télépathique avec Amycus. Elle avait tort. Le fait qu'elle ait eu ce lien avec Abram—
La porte finit par s'ouvrir dans un claquement - le monde recommence à faire sens. Le Lord disparaît: la leçon a été donnée. Amycus et Amabella bondissent dans la pièce et Alecto se laisse être séparée de son petit frère sans protester, enserrant plutôt de ses bras le torse de son autre frère avec un désespoir qu'elle n'aimerait pas montrer à ses cadets. Il lui demande ce qu'il s'est passé et Alecto ne dt rien, ferme les yeux et aggripe sa chemise et aimerait de tout son coeur ne jamais avoir à l'expliquer. Ils sont trouvés par leurs parents; sont remis d'appoint; sont raccompagnés à la table du dîner. Les bords du monde sont noirs, Alecto n'arrive pas à se concentrer de toute la soirée, malgré les paroles rassurantes d'Amycus et sa main qu'il ne cesse de glisser dans la sienne. Elle a si froid ce soir-là, ils dorment dans le même lit.
Le lendemain, elle va voir son père et lui demande de retourner à la Pensine — seule. Elle refera souvent ce pèlerinage après ça, comme un souvenir ou un hommage ou une punition. Rien ne l'approchera plus jamais de cette première terreur, mais elle y retournera constamment, comme on ne peut pas s'empêcher de gratter une plaie dans l'espoir qu'elle ne cicatrise jamais complètement et laisse sa marque de manière permanente sur sa peau.
Elle ne touchera plus Abram. |
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