tw: mention de proxénitisme

C'est l'enfer au travail - cartes de voeux envoyées en retard, cadeaux commandés au dernier moment, Beuglantes pleines de reproches, enveloppes remplies d'argent - mais Metis est presque mise dehors au moment où arrive la fin de son shift. "Don't think about it," lui dit son manager Mickey, lui faisant signe de filer d'une main alors que de l'autre il se débat avec une chouette effraie portant un colis ayant une forme légèrement phallique. "Just go."
Metis ne se l'est pas fait dire deux fois: elle a ramassé son manteau, son chapeau et son sac avant de claquer la porte derrière elle avec un dernier signe de main en direction d'Eomer (il ne le lui a pas retourné; elle est parvenue à ne pas s'en formaliser).

Désormais, Metis file à travers les rues tortueuses de Diagon Alley en consultant sa montre, glisse sur les pavés gelés en grommelant sous sa respiration, se faufile dans les magasins quelques minutes avant la fermeture. Elle vérifie de temps à autres sa boule crystal, mais elle n'a aucun message de Gabe - bizarrement, c'est pendant les fêtes qu'elle a le moins de rendez-vous. Il faut dire que son portefeuille de clients se résume souvent à des pères de famille voulant avoir une aventure avec une fausse employée sexy, une jeune femme ressemblant étrangement à leur belle-fille ou une petite slut preppy qui leur rappelle leur jeunesse - bref, des hommes respectables qui sont, la veille de Noël, coincés chez eux avec leurs femmes et leurs mioches à boire du eggnog et écouter la radio.

Metis n'a jamais célébré Noël, mais elle se hâte tout de même d'acheter de quoi manger, de quoi offrir et de quoi décorer, avant de courir presque jusqu'à la porte de son immeuble avant la fin de son couvre-feu. Cela va faire quelques heures maintenant qu'Angel est coincée à la maison, confinée à cause de la marque hideuse sur sa joue; souvent, Metis oublie à quel point leurs vies sont différentes.

Elle effleure du bout des doigts le mezuzah à l'entrée de l'appartement avant de glisser sa clef dans la serrure. "Helllloooooooo," chantonne-t-elle en refermant derrière elle la porte de l'appartement d'un coup de hanche, les bras chargés de sacs, cherchant sa colocataire du regard. Cela fait quelques semaines à peine qu'Angel a investi le bureau-chambre de Metis "temporairement" "le temps de retomber sur ses pieds" "de toutes façons t'as pas le choix" (des fausses promesses de Min-ji, tout ça; mais de toutes façons, sait-elle faire un autre genre de promesses?) et elles marchent encore un peu sur des oeufs l'une avec l'autre. Mais, lentement, Metis découvre qu'elle supporte de mieux en mieux sa nouvelle collègue/coloc/BFF de circonstances. Angel est un peu nulle en cuisine, et c'est incroyable la quantité de cheveux qu'elle laisse dans la douche, mais vivre avec quelqu'un est bizarrement... plaisant.

"I got gingerbread, candy canes, paper crowns, some amazing moonshine from my friend Luke and - here." Metis donne des coups de pied en l'air pour se débarrasser de ses chaussures avant de poser ses trésors sur la table du salon. Elle produit d'un des sacs une palette de maquillage et un parfum Lux Harcourt qu'elle donne, ni emballés et avec encore l'étiquette dessus, à Angel d'un air complètement casual. Genre ça lui a pas coûté un bras. Genre elle a pas du tout peur de sa réaction. Genre c'était pas une pulsion impulsive qui lui a semblé évidente quand elle l'a vue dans le magasin. Genre elle est pas super contente qu'Angelina soit là. "I don't like the whole gift offering thing so here it is. Merry Christmas, roomie."
Et parce que Metis n'a jamais été très bonne à se faire des amis, et encore moins des amies, elle lui offre un sourire fugace puis commence à courir en direction de la salle de bains. "Alright-I'm-going-to-take-a-shower-I-smell-like-bird-shit-byyyyyye!"

Metis connait le parquet glissant de l'appartement par coeur: elle arrive in extremis dans le couloir en courant, alors qu'elle entend Angel glisser et se rattraper aux murs sur ses talons. "Ugh! Bitch, get your ass back here so I can kiss you! - Noooooo way! - Running away before I can even hug you? That's meaaaaan! Look I'm crying!!" Metis ouvre la porte de sa chambre et s'y jette presque, avant de ressortir la tête dans le couloir pour jeter un coup d'oeil à Angel. Elle sourit, et Metis se sent sourire en retour. "Asshole," grogne-t-elle en retournant dans la chambre, claquant la porte derrière elle. "You do smell like bird shit though. Go get cleaned up, I'll prepare the rest!"

Metis lève les yeux au ciel, mais elle sait qu'elle a raison. Elle met rapidement ses affaires dans son panier à linge, avant de prendre sa serviette et d'aller dans la salle de bains communiquante aux deux chambres. Ce n'est vraiment pas un grand appartement, et Metis a un peu honte de la taille de la chambre-bureau qu'elle a laissé à Angel, mais c'est à elles maintenant (du moins, jusqu'à ce que le propriétaire essaye de les virer - Metis ne lui a pas dit pour la présence d'Angel). Les fenêtres sont mal isolées, le plancher glisse et grince et est fourré d'échardes, il y a une tâche d'humidité suspicieuse dans la salle de bains et les voisins ont un rythme nocturne plus chaotique que le leur.
Mais c'est la maison, et Metis s'autorise à se détendre sous l'eau chaude de la douche - jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus et qu'elle en sorte dans un glapissement effronté.

Elle saute dans des vêtements confortables, retouche machinalement son maquillage (l'idée d'être sans, face à Angel, est insupportable - elle est si belle et confiante et bien maquillée et chiadée en permanence que Metis a honte de se présenter autrement) et attache ses cheveux avant de rejoindre sa nouvelle coloc dans le salon. "Tadaaaaaaaaaaa! ¡Feliz navidad!" Et là, le sourire de Metis n'est ni forcé ni factice, mais sincère.

Elle n'a jamais fêté Noël avec son père, bien évidemment, et se tenait toujours éloignée des célébrations de fin d'année quand elle changeait constamment de foyer pendant son enfance. Même si il n'était pas particulièrement pratiquant, Metis était persuadé que son père lui en aurait voulu de célébrer cette fête...
I can't believe you're doing this. Metis sait qu'elle n'imagine pas cette voix, qu'elle ne vient pas de ses propres pensées. Elle ignore, comme l'a fait tant de fois auparavant, la voix culpabilisante du revenant, et s'approche plutôt d'Angel pour passer un bras autour de sa taille et lui donner, maladroitement, l'étreinte refusée quelques minutes plus tôt. "Merry Christmas, Angel! It looks so lovely and what is that smell?! I can't believe you've done all this!" Elle rit, et serre sa coloc contre elle. "This perfume fits you so well."

Metis se détache rapidement d'Angel pour s'approcher du buffet à moitié cassé au fond du salon, du tiroir duquel elle sort ses Atoners, dont elle avale deux pilules d'un geste rodé par l'habitude. Fucking ghosts of Christmas past. Naturellement, après son traitement médicamenteux, Metis attrape deux verres et se dirige vers l'alcool de contrebande qu'elle a acheté chez son pote Luke. Ça a plus le goût de décapant que de whisky, mais ça fera l'affaire pour ce soir... Si Metis doit se soumettre au mortifying ordeal of being known, autant que ce soit en étant alcoolisée. "I'm sorry I'm not really good at..." Elle agite sa main en l'air pour désigner la pièce et cette petite scène, trop amicale et domestique, signifiant "all this". Elle verse machinalement deux bonnes portions de l'alcool de contrebande, sans réfléchir. Le médicament commence à faire effet; et pourtant, l'impression poisseuse de culpabilité la poursuit, les petites voix désagréables aussi. Elle repense à Dee qui lui a dit qu'à l'approche de Noël, sa condition à lui aussi s'empirait... "Thanks for bearing with me."

tw: consommation d'alcool, mention explicite (im sorry), hallucinations

Le sourire qui s'étire sur les lèvres d'Angel est indescriptible. Beau et scintillant, comme tous les sourires d'Angel - mais il y a un angle, sur ce sourire, quelqe chose qui interloque Metis et qui réveille au fond de son esprit la perspective qu'elle est en train de faire une grossière erreur. "Come on pet, don't be like that." L'impression passe et Metis met ça sur le compte du fait que son don est toujours plus alambiqué et désagréable pendant cette période. Elle sursaute en sentant les mains d'Angel sur ses épaules, puis rit légèrement. "You're the best cracking roommate I've ever had! And I had a lot of 'em." Le coeur de Metis fait une embardée douloureuse dans sa poitrine, elle se sent bien plus touchée qu'elle ne devrait l'être par cette déclaration. "Aw girlie, I feel the same." Elle a dû partager la chambre et le logis de nombreuses autres personnes, et aucune n'a réussi à la sortir de sa carapace mieux qu'Angelina...

Metis débouche la bouteille et fronce un peu du nez quand l'effluve beaucoup trop alcoolisée l'effleure. Heureusement que c'était un cadeau: la dernière fois, elle avait forcé Luke à lui rendre son argent tellement c'était imbuvable... "Thank you for giving me a place to stay." Metis sent ses joues rougir alors qu'elle glisse un regard en coin vers Angel. "No problem," fait-elle d'un ton très casual, même si son regard ne ment pas. Elle n'a pas besoin de formuler à voix haute les of course et les anytime et thank you for filling this place with something else than loneliness et le très sincère no worries, I love you platonique (?) qui lui brûle les lèvres - mais merde, non, on n'est pas sur la BCBC.

Metis verse deux verres (généreux, surtout vu leur pourcentage d'alcool) du moonshine et grimace en entendant Angel: "Here's your pressiiiiie. - Errr, you shouldn't have!" Timidement, Metis s'empare du cadeau, le repose sur le buffet face à elles, à l'écart - embarrassée et un peu awkward, ne sachant pas trop si elle devrait l'ouvrir sous ses yeux ou pas. Elle est sauvée par le verre d'Angel qui se lève un peu impatiemment, contre lequel elle trinque avec brusquerie. "Salud. - Yeah, l'chaim." La première gorgée a beaucoup de mal à passé, mais la seconde est un peu moins brûlante: Metis grimace et sent ses joues rougir de plus belle, et sa gorge être décapée comme jamais auparavant. "Fuck," grogne-t-elle en toussant et en reposant le verre sur le buffet. "My once a year deepthroat cleaning has been accomplished. I am now ready to suck dick until next Christmas," commente-t-elle d'une petite voix parce qu'elle est 1. the worst et que 2. l'alcool commence déjà à taper sur son verre vide.

Elle attrape le coude d'Angel pour l'amener avec elle sur le canapé en cuir défoncé et collant, prenant le cadeau sur ses genoux pour se mettre à l'ouvrir précationneusement, faisant bien attention à ne pas (trop) froisser le papier.
Alors même qu'elle sent l'alcool commencer à faire effet et les Atoners aussi, Metis regarde ses doigts qui tremblent. Elle a l'impression que des mains se posent sur ses épaules, la touchent, l'étranglent; et il y a ces murmures, désormais intelligibles, qui se lovent dans son oreille. Les plaintes, reproches de son père; les demandes, ordres des autres décédé.es.
Metis cligne des yeux en réalisant qu'Angel est en train de lui dire quelque chose. "Woah, sorry girlie, I completely spaced out right there, haha, what were you saying?" se rattrape-t-elle d'une voix blanche, avec un sourire d'excuse. "You mind opening that up for me? I have the shivers I think... it's been a pretty shit day. A pretty birdshit day if you will. Haha."