Vendredi soir, le lockdown est derrière vous depuis quelques petites semaines déjà et pour signaler la fin des cours, tu as pris cette habitude d'aller jouer de l'Oud dans un coin de la Fawkes. Jouer et chanter, sans t'apercevoir qu'au fur et à mesure, de nouvelles têtes venaient s'ajouter à la petite assemblée, et que les enfants, plus jeunes que tu pouvais l'être, se retrouvaient bienheureux d'avoir cette parenthèse musicale qui, on peut le dire, n'est pas tout à fait commune à ce qu'ils avaient pu entendre par le passé. Sans t'apercevoir non plus qu'il s'agit d'une petite routine que tu avais déjà avant d'arriver ici, et ce avant d'avoir subi ce léger désagrément mémoriel. Aucun visage provenant de ta famille de sang ne te reviennent pourtant : pour ainsi dire, dans ton esprit, ils ne sont même pas des fantômes. Ils sont seulement ce réflexe de jouer le jour saint, un petit sourire quiet accroché à tes lèvres.

Tu es à ta quatrième chanson, dont l'émotion traverse l'auditoire et les font taire. Le déchirement du Voile est alors quelque chose d'imperceptible lorsqu'il survient, ton tome De la résurrection étant bien au chaud dans ton sac à tes pieds. Léon est à tes pieds, tout pataud, et seul lui semble avoir capté que quelque chose venait de changer dans l'air que vous partagiez. Peut-être même l'était-ce déjà avant, et rien n'avait pu vous donner la puce à l'oreille.
Il est 23h, les petits s'en vont, tirés presque de force par leurs aînés alors que la soirée de Yule est sensée être à la fête. Tu te retrouves alors presque seul, il y'a un garçon qui arrive, puis un autre, derrière lui, qui le suit : un homme, cette fois, plus grand, plus... bizarre. Tu ne reconnais pas les traits évanescents de Farouk, et découvre ceux du vampire qui te fait face. "C'est quoi ton nom ? Moi c'est Alphonse" que tu lui demandes comme si tu mourrais d'envie de le connaître, sans que tu te questionnes vraiment sur le pourquoi. Trop d'entrain, trop de gaieté sur tes traits de girafe, alors que tu ajoutes, en faisant un coucou à la personne - le fantôme - qui était derrière lui.
"C'est ton ami ? Je l'ai jamais vu par ici" ami qui essaie de dire quelque chose, sans succès : sa gorge semble être obstruée par un marbre froid et sec, si bien que rien ne sort de sa bouche. Alors tu te baisses comme si de rien n'était, flattant un peu le menton tout fripé et écailleux de Léon. "Je suis un vampire," ajoutes-tu en te redressant, ton oud toujours calé sur ta jambe et entre tes doigts. "T'as pas peur hein ?" parce que t'en as vu détaler, et t'as jamais vraiment compris pourquoi : être vampire, c'est comme être un sorcier, mais en mieux. Tu remarques que l'homme derrière lui a disparu mystérieusement, et tu fronces un peu les sourcils. "Il est parti où ?" si bien qu'une fraction de seconde plus tard, le tome s'extirpe brutalement de ton sac comme s'il en avait été tiré par une force invisible.

La fin du lockdown fut synonyme de soulagement pour Winston (et peut-être pour tout Sweet River) qui, en bon vampélane tout juste mordu, était une bombe à retardement cloîtrée parmi d’innombrables proies potentielles. Et hors de question de taper dans les réserves pour pallier à sa fringale consciente (on ne savait pas combien de temps elles devaient durer et on ne pouvait décemment pas anémié tout le monde (sauf les loups-garous, les harpies et les autres vampires ce qui restreignait les possibilités) alors il avait fallu se retenir, tout le temps. Alors que les odeurs étaient là, tout le temps. Et il avait les crocs, tout le temps. Non, un peu plus et il aurait certainement fini par déraper, malgré sa sœur qui se saignait littéralement les quatre veines pour lui donner du rab, qu’il arrête d’avoir faim ne serait-ce que trente secondes. Maintenant qu’il pouvait aller et venir librement (dans la mesure du raisonnable), si Winston avait toujours aussi faim, il avait autre chose pour s’occuper l’esprit et était moins sur les dents.

En bon anxieux, il avait un faible pour les routines (c’était rassurant) alors le vendredi soir s’était vite transformé en rendez-vous musical à la Fawkes après qu’il soit tombé par hasard sur le concert de oud alors qu’il rendait visite à Camilla. Comme beaucoup d’autres résistants, il avait pris sa carte de fidélité et contemplait sans un mot le grand vampire gratter son instrument avec son lézard trop cool aux pieds. Un soir, il se décida à rester après le mini concert pour lui parler. Pourquoi ne l’avait-il pas fait plus tôt alors qu’il était connu pour être à la limite du trop social ? C’était une bonne question. Peut-être une question d’alignement des étoiles. Alors quand les rangs se vidèrent, Winston s’avança vers le garçon et lui fit sa plus belle risette sans les dents. Il n’eut même pas besoin d’ouvrir la conversation. "C'est quoi ton nom ? Moi c'est Alphonse." "Je sais, tout le monde te connaît ici ! Tu joues super bien, j’aime beaucoup !" Le sourire s’élargit alors qu’il ignorait tout de la présence de l’ectoplasme derrière lui. Ce dernier avait l’air particulièrement remonté, surtout depuis qu’Alphonse s’était présenté et ne répondit au signe de main par un long regard réprobateur. "C'est ton ami ? Je l'ai jamais vu par ici" Froncement de sourcils de la part de Winston qui était quasiment sûr d’être seul. "Hein ? Non je suis venu seul" dit-il, toujours sans se retourner (peut-être que quelqu’un d’autre voulait saluer le musicien, quelqu’un qu’il ne sentait pas d’ailleurs, bizarre). "Je suis un vampire." Sans déconner. L’hybride hocha la tête alors qu’un frisson le parcourait. L’atmosphère avait changé et il venait tout juste de s’en rendre compte. Tout semblait plus plombé. "T'as pas peur hein ?" Le rire mélodieux de Winston s’éleva dans les airs, un peu étouffé cependant, révélant ses crocs. "Winston, enchanté. Il y a moyen qu’on se côtoie pendant longtemps mec" déclara-t’il toujours en rigolant à moitié, tendant la main au brun pour la lui serrer. "Il est parti où ?" "Mais de qui tu par…" Yeux qui s’arrondirent alors qu’un livre jaillit du sac du garçon.

"Wow" souffla Winnie avant de s’avancer vers l’ouvrage pour le ramasser. Mais ce dernier se déroba sous ses doigts, comme si il ne voulait pas que l’hybride le touche alors le blond se redressa, tout étonné. "Il est hanté ton livre ou quoi ?" Haha. Ou plus certainement un sort pour pas qu’on le pique au musicien songea Winston qui regrettait presque d’être venu parler au gamin. Il ne se défila cependant pas et après avoir déchiffré le titre du grimoire (bizarre aussi), il reprit la parole sur un terrain hautement plus sympathique. "Il s’appelle comment ton lézard ? C’est quoi comme espèce ? Tu l’as depuis combien de temps ? Il est trop mignon en tout cas ! Moi j’ai un canard, il s’appelle… Wow wow wow !" Derrière Alphonse, le fantôme de Farouk était réapparu, les lèvres remuant comme si il était en train de dire (de crier ?) quelque chose. Mais aucun son ne parvenait à ses oreilles ni à celles du brun.

L'aspect tout à fait étrange du personnage qui était apparu derrière le jeune homme aurait dû te troubler : il en est pourtant rien, et comme pour beaucoup d'autres choses qui devraient te secouer, il n'en reste que la poussière d'une anxiété qui n'est jamais née. Le sortilège t'ayant ôté une partie de ta mémoire - pour ne pas dire une grande partie - semble t'avoir rendu beaucoup plus naïf et moins prompt aux lourdes angoisses qui avaient pu te traverser par le passé. D'ailleurs, lorsqu'il fallait raconter ce fameux passé, il n'y avait plus grand monde au portillon : tu te mettais à rêvasser, parle vaguement d'une Sissi Chafay qui n'a vraisemblablement pas existé, mais qui t'arrache pourtant toujours un doux sourire. Naïf, à tel point que tu ne fais pas le lien entre la Siham qui t'a aidé il y a quelques mois, et cette Sissi Chafay qui est pour toi un pilier familial que tu as perdu.
Le garçon s'extasie et te prête volontiers des compliments sur ton jeu de cordes, ce qui te touche plus que tu ne l'aurais songé. Pour toi, à chaque fois que tu jouais là, c'était comme la toute première fois. Il ne sait pas qui est ce fameux ami, et tu crois d'abord qu'il essaie de blaguer, parce qu'il a l'air de beaucoup blaguer, celui-là. Le rire de Winston s'élève entre vous et le tien va s'y mêler, serrant sa main comme s'il y avait quelque chose de très formel, un pacte, peut-être, qui venait de s'effectuer. "C'est vrai ? Trop bien !" parce qu'il a l'air de blaguer souvent, mais il a aussi l'air gentil, et il n'a pas peur de toi, et puis sa main ne te paraît ni froide ni chaude, elle est tempérée, juste ce qu'il faut. Tu ne t'aperçois pas que son odeur a quelque chose de tout à fait familier, mais rien qui ne t'agite le gosier.

Là, le livre s'est extirpé de ton sac, et refuse à être récupéré par Winston. Ce sous vos regards ébahis, bien que le tien soit un brin plus grave sur le moment. De la poudre aux yeux : il y a un rire nerveux qui s'échappe de tes lèvres, parce que tu n'y comprends rien, déjà, et que le voir essayer de l'attraper est quand même très drôle. "Il est hanté ton livre ou quoi ?" ton rire repart de plus belle alors que tu essaies de ne pas le faire trop résonner, une main sur la bouche. A croire que tu étais au courant de ce qu'il se tramait, et que tu t'amusais de la confusion de Winston, alors que ce n'était pas le cas. Pour la peine, tu ne vas même pas quitter ton assise ou ton oud pour aller le chercher. Au lieu de ça, tu tends l'oreille sur ce que te demande ton nouvel ami attitré, répondant à ses questions comme à un épisode de Question pour un Champion. "Il s'appelle comment ton lézard ? - Léon ! - C'est quoi comme espèce ? - Ctenosaura ! - Tu l'as depuis combien de temps ? - Longtemps ! - Il est trop mignon en tout cas ! - Toi aussi ! - Moi j'ai un canard, il s'appelle... Wow wow wow !" froncement de sourcils, tu ne suis pas tout de suite la direction du regard de Winston, alignant ce que tu voulais dire avant "Il s'appelle comment ton can..." mais ton visage pivote en même temps, et tu te retrouves... face à du vide. "...ben quoi ?" que tu lui redemandes en reportant ton attention sur Winston. "Qu'est-ce qu'il y a ?" tu comprends pas. "Il est où ton canard ?" ce qui, dans un autre contexte, en aurait fait hurler plus d'un.

Tu vas enfin pour récupérer le tome, et celui-ci ne se dérobe pas comme avec Winston, comme s'il voulait attirer ton attention à toi, et pour de bon. Les deux derniers ratés sont plutôt cinglants. Dépose ton Oud avec précaution là où il ne pourra rien lui arriver, tu dévisses ton postérieur de ton assise et range le livre comme si ses secrets se devaient d'être tus. L'air est soudainement plus lourd pour toi, et c'est à ton tour de le ressentir. L'œil de girafe va retrouver celui de l'autre vampire en face de toi. "C'est... tu sens pas quelque chose de bizarre ?" et quelques instants plus tard, un cri d'enfant, de stupeur, s'échappe du fin fond de la bâtisse. Ca te refroidit plus que tu ne l'es déjà. "C'est à cause de mon livre... ? .....tu-- tu crois ?" Léon lève la tête, te sifflant ces quelques mots. "CCCCC'est rien" et comme à ton habitude, tu le crois bêtement, comme s'il était devenu ton second neurone portatif. "CCCCCC'est b-bizarre... quand même" lui réponds-tu en fourchelang. De quoi étoffer encore un peu cette ambiance déjà lourde d'étrangeté.

Lorgnant d'un œil jaloux le dénommé Léon, Winston emmagasinait les réponses à son interrogatoire non sans sourire de plus belle quand Alphonse lui sous-entendit qu'il était mignon. On ne pouvait difficilement lui faire meilleur compliment pour se le mettre dans la poche et le gamin n'aurait pas été un gamin justement que Winston lui aurait volontiers filé son 06 (on se le mettait très très facilement dans la poche quand on venait flatter son ego de vélane, surtout maintenant qu'il avait perdu son joli teint hâlé à cause du vampirisme). Mais l'heure était plus au spiritisme qu'au narcissisme et il se sentait encore plus pâlir (si c'était possible) face à l'apparition qui n'avait rien de commode. "...ben quoi ?" "Là" gémit Winston, pointant le vide du doigt. Après le livre qui bougeait tout seul, l'ectoplasme d'homme à l'air effrayant qui repartait aussi vite qu'il ne venait. "Qu'est-ce qu'il y a ?" Alphonse n'avait vraiment rien vu ? Ou alors il le voyait depuis le début et c'était pour ça les questions bizarres de toute à l'heure ? "Je sais pas, il y avait un fantôme... Juste derrière toi ?" Le ton était peu assuré et même son sourire n'était plus aussi large quand on en revint à son canard de compagnie. "Il est à Sweet River. T'sais, c'est un peu la campagne là-bas alors y a plein de mares donc c'est idéal pour lui..."

Le vampélane se lança donc sur le petit exposé ordinaire sur l'écologie du canard apprivoisé, surveillant du coin de l'oeil le vampire qui allait ramasser le livre hanté. Rien ne se passa et Winston sentit ses épaules se relâcher un instant avant de se contracter d'autant plus. L'air était devenu lourd et froid, un peu comme dans un tombeau. Pas que Winston ait mis un jour le nez dans un tombeau mais il se le représentait comme ça. "C'est... tu sens pas quelque chose de bizarre ?" Hochements de tête plus que vigoureux, même que ça le rassura pas mal de ne pas être le seul à avoir comme l'impression qu'ils feraient mieux de partir en courant fissa. "C'est à cause de mon livre... ? .....tu-- tu crois ?" Les yeux clairs revinrent se poser sur le bouquin. Rien que le titre était louche puis Winston n'avait même pas réussi à l'effleurer. "Franchement, tu l'as trouvé où ? On dirait un vieux grimoire maudit de films d'horreur !" Il le dit en rigolant mais ça sonnait un peu faux et l'air était toujours aussi sépulcral au point qu'il en frissonnait.

Pour arranger son affaire, son interlocuteur se mit à siffloter bizarrement en direction du lézard qu'il tenait toujours dans ses bras et Winston ne s'attendait pas du tout à ça. Cri suraigu, bond de surprise, il pointa Alphonse du doigt. "Mais, mais, mais..." Il était hanté lui aussi ? Chucky, c'était le pseudonyme de Winston pourtant. Garçon finit par faire a + b et les yeux s'arrondir de nouveau. Il avait l'air surexcité maintenant. "Oh mais attends, t'es fourchelaaang ? Mais c'est trop cool ! C'est pour ça en fait le grimoire bizarre et tout, ça va avec la panoplie de mec mystérieux qui jacte aux serpents. P'tain avec le oud en plus, t'as un de ses flooow !" Cela lui faisait même oublier le fantôme et maintenant, il dévisageait Alphonse de haut en bas, de plus en plus persuadé qu'il le lui fallait dans son équipe. Prochaine étape, lui parler de l'hybridité au sein de l'Ordre.

Les explications de Winnie ne te paraissent pas tout à fait crédibles : si ce n'était pas son ami à lui, ce n'était décemment pas le tien, et plus encore, il avait l'air drôlement réel pour être un fantôme. En supposant que tu te rappelles clairement de la dernière fois que tu as pu en voir un - ce qui, dans un autre contexte, ou plutôt une faille spatio-temporelle, aurait pu s'apparenter à un souvenir à Hogwarts. C'est tout juste si aujourd'hui tu serais capable de le reconnaître en carte postale. La seule que tu as pu recevoir depuis ton arrivée (enfin, ton retour) est signée d'un S. (sans doute pour Stupide) et tu ne sais pas trop quoi en penser. Au moins, te dis-tu, c'est bien écrit.

Winnie poursuit ensuite sur son canard, pour lequel ton intérêt a été piqué. Sweet River ? Connait pas. Doit y'avoir de l'eau, comme le suggère le nom, alors tu te dis qu'il doit y être bien, et il te le confirme. La mare est idéale. T'aimerais bien rencontrer son canard.
Tes suppositions concernant le bouquin sont pour le moins bancales, mais connaissant un peu l'univers de la magie (si peu) ça restait quand même fortement possible. Mais pourquoi ferait-il ça aujourd'hui et pas les autres jours ? Qu'est-ce qui avait bien pu se passer ? Si tes sens (et ton bon sens) te limitent à croire qu'il y a seulement du bizarre, ta logique elle, se fracasse volontiers sur l'idée que ton bouquin soit hanté. "Franchement, tu l'as trouvé où ? On dirait un vieux grimoire maudit de films d'horreur !" s'indignerait presque le vampélane. Chose à laquelle tu réponds par un neutre "C'est le mien" comme si quelque chose t'empêchait d'aller plus loin. Moment de flottement dans ton esprit comme il y en a tant, lorsqu'on te pose des questions sur cet acabit.

Si la tension était déjà palpable, le cri de Winnie te surprend et te fige sur place (ou presque : tu serres juste très fort Léon contre toi, comme s'il allait pouvoir te sauver de ce son et ce doigt qui te pointe comme si tu avais tué quelqu'un). "Mais, mais, mais... - Il est... il est là ? Le fantôme ?" que tu lui demande, parce que ça ne pouvait être définitivement que ça. Erreur. Le comportement du vingtenaire se nuance et la prétendue peur devient excitation : on dirait toi devant des cornes de gazelles fraîches ! "Oh mais attends, t'es fourchelaaang ? - Hein ? Ah... oui - Mais c'est trop cool ! C'est pour ça en fait le grimoire bizarre et tout, ça va avec la panoplie de mec mystérieux qui jacte aux serpents. - C'est quoi jacter déjà ? - P'tain avec le oud en plus, t'as un de ses flooow !" le moins qu'on puisse dire c'est qu'il a totalement oublié (au moins en apparence) que ledit grimoire s'était fait la malle tout seul de ton sac, et que vous voyiez un fantôme pour le moins inquiétant. La preuve en est, il t'a donné à nouveau le sourire. "T'aimes bien les fourchelang ?" que tu lui demandes alors naïvement. De quoi foncer droit dans la gueule du vampire. "Tu veux bien être mon ami du coup ?" la manière de le dire te fait perdre au moins dix ans d'âge mental. Rien d'alarmant vu l'animal.

Tu laisses un peu Léon et enfile ton oud pour le porter sur ton dos. Quand tu te lèves enfin, Winnie te paraît alors vraiment, excessivement petit. Là non plus, rien d'anormal, d'autant que ce sont surtout les autres qui s'en étonnent à chaque fois. Tu prends ton sac au bout du bras, récupère Léon comme un gros bébé de l'autre. "T'as mangé toi ?" pas que ça te creusait, mais en fait si. Tu étais resté de longues heures là, et maintenant, tu n'avais qu'une hâte, te rassasier. Et apprendre à mieux connaître Winnie et son canard, aussi, tant qu'on y est. "Ca te dit on déjeune ensemble ?" peut-être qu'avec ça, au moins, tu pourrais finir complètement embrigadé, et qu'à deux, vous alliez moins flipper à cause du grimoire. Parlant de ça, deux toc toc distincts se font entendre sur la cloison.

Chafay avait donc un oud et des bouquins bizarres qui iraient très bien rangés dans la bibliothèque d'un mage noir. Cool, cool, cool, cool, cool,... "Mais tu l'as lu ? Il est hanté ? Y a une dédicace louche écrite avec du sang humain dedans ?" Winston huma l'air, comme pour flairer la-dite dédicace mais rien. Juste une odeur qu'il n'avait jamais senti auparavant et qui lui paraissait lointaine. Nouveau frisson et Alphonse en ajouta aux dingueries. Un instant, il le crut possédé, l'instant d'après il le regardait avec des yeux plein d'étoiles. Fourchelang, ça aussi allait bien dans la bibliothèque des mages noirs sauf que là, Winston trouvait ça classe (lui aussi voulait parler aux animaux). "Jacter c'est parler." Ces jeunes sans vocabulaire. L'hybride se risqua pas à la réflexion, sembla hésiter un instant avant de se lancer. "C'est vrai ce qu'on dit ? Que tu ne te souviens de rien ?" Les rumeurs allaient vite et Winston et sa manie de parler même au caillou était mis dans les confidences. Et vrai qu'il était curieux parce que là, le gamin, il avait tout du fils caché de Voldemort. "T'aimes bien les fourchelang ?" Voilà, comme Voldemort. Winston sourit avant d'hausser les épales. "Bah t'es le premier que je rencontre et t'as l'air cool mec !" Règle numéro X de la survie : ne pas se mettre à dos l'héritier. L'idée le fit marrer, fallait dire que la probabilité que ce soit vrai était assez faible (sauf si ils étaient dans une fanfiction un peu pété). "Tu veux bien être mon ami du coup ?" Ok, on oubliait l'histoire, Alphonse était beaucoup trop mignon. Winston lui sortit son plus beau sourire ultra bright colgate avec les crocs étincelants avant d'hocher la tête. "Bah oui !" Et hop, un nouvel ami.

Il avança une main vers Leon quand celui-ci se retrouva au sol et fut un peu déçu de voir que le reptile ne réagissait pas comme un gros chat à l'affut de grattouilles (tout indiquait que le nounours du duo était Alphonse). Winston en avait presque oublié le fantôme, ça avait l'air d'être également le cas pour son nouvel ami. Sweet summer childs. "T'as mangé toi ?" Un verbe qui était dans la liste pour lui faire faire instantanément grogner l'estomac. Rire un rien nerveux, il passa la main dans ses boucles. "Oui mais j'ai encore faim..." Tiens d'ailleurs, Alphonse, c'était un jeune vampire encore assoiffé h24 (mais moins que Winston, ils l'étaient tous moins, lui reprochaient parfois de tout vider) ou un vieux qui pouvait être alors beaucoup plus âgé qu'il ne le paraissait ? "Tu te souviens de quand t'as été mordu toi ?" demanda-t-il tout de suite pour mettre les choses au clair. "Ca te dit on déjeune ensemble ?" Vraiment, il serait déçu que sous les traits juvéniles se cache un vampire de trois mille ans qui kiffe se faire passer pour un petit jeune.

"Avec plais..." - toc toc - "entrez ?" Il n'obtint qu'un silence glacé en réponse alors il fixa de nouveau son regard azuré dans celui d'Alphonse, yeux écarquillés. "Il est revenu ?" souffla le garçon, chuchotant presque, comme si le bruit allait provoquer la colère du fantôme. Ce fut en tremblotant qu'il osa jeter un coup d'œil derrière son épaule et l'homme se tenait là, droit, air toujours aussi énervé. Winston prit sur lui pour le dévisager, dévisagea Alphonse ensuite, tiqua. "J'crois qu'il est venu pour toi..." Du moins, c'était au musicien qu'il essayait de parler et il y avait comme un air de ressemblance dans les traits. Le spectre acquiesça, le vampélane se sentit vraiment désolé pour l'adolescent et envisagea la possibilité de s'enfuir en courant. "Mais c'est un fantôme hein, ça peut pas nous faire de mal !"

Winnie est plutôt sympa, il répond à tes questions et ne se moque pas de toi. Par contre, il y a bien des choses que tu n'arrives pas tout à fait à capter le concernant. A commencer par son débit de parole qui est assez rapide, et pas simple à suivre. Suivi de ses fantasmes type film d'horreur que tu n'as jamais regardé, alors que ta vie pourrait aussi bien en être un. Le fait est que tu ne t'en rappelles pas, de ta vie, la vraie, et c'est là tout le problème. C'est d'ailleurs ce que soulève naïvement celui qui deviendra ton nouvel ami, suite à un accord des plus manifestes. "C'est vrai ce qu'on dit ? Que tu ne te souviens de rien ?" ça te rend triste quand on te dit ça, raison pour laquelle tu baisses les yeux et fait mine de ne pas l'avoir entendu. Te laisse porter par la conversation, ton engouement peut-être bien, à vouloir apprendre à connaître cet étrange personnage qui, lui aussi, a les dents longues. Le bras aussi semble t-il, mais tu l'apprendras à tes dépens - ou ne t'en apercevra jamais vraiment.

Il t'avise quand même qu'il a déjà mangé mais a - sans grande surprise - encore faim, ce qui est la seconde malédiction empilée des jeunes vampires, il faut dire. Tu ravales un peu ta salive, t'imaginant déjà déverser du nectar rouge dans ta gorge pour te rassasier. Il y en a peu, pourtant, tu le sens dans tes entrailles, trop peu pour te sustenter. Est-ce que ton nouvel ami pense pareil ? Il faudrait que tu lui demandes...
"Tu te souviens de quand t'as été mordu toi ?" hochement négatif de la tête, mais tu pourrais bien entretenir la légende que tu as plus de 200 ans, on pourrait bien y croire. Après tout, une amnésie peut changer son vampire. Toc toc. Tout comme Winnie, tu te diriges vers le son, alors qu'il prend la peine de dire d'entrer. Le silence est lourd, pesant. Ca recommence... ? "Il est revenu ? - Je... je sais pas." t'aimerais bien qu'il ne revienne pas trop de fois. Parce que ça commence à faire beaucoup, et ce n'est pas drôle de faire ça, surtout le soir de Noël.

Puis tu l'aperçois en premier, ce qui motive Winnie à en faire autant, et non sans frémir à nouveau. Toi, tu es certes inquiet, mais en voyant ce visage qui te plante ses billes creuses sur toi, et rien que toi cette fois, tu te sens lourd, mal à l'aise : pas toi-même.

"J'crois il est venu pour toi... - Non... puis pourquoi il serait fâché ? J'ai... j'ai rien fait !" que tu te justifies, comme si, vraiment, tu sentais que tu avais fait quelque chose de mal. Prit sur le fait, alors que tu ne te rappelles de rien. Et si... et si... "Mais c'est un fantôme hein, ça peut pas nous faire de mal !" tu prends ton courage à deux mains, et dans un mouvement audacieux et d'empressement, tu prends le poignet de Winnie et l'attire dans ton mouvement pour sortir de cet endroit, prenant soin de passer du côté opposé de là où se trouvait le fantôme à la mine renfrognée.

Il a raison, mais quelque chose en toi te pousse à fuir cette présence.

"T'inquiètes pas, il va finir par nous laisser tranquilles" que tu lui dis, essayant d'être le plus rassurant possible. Comme si, pour une fois, tu commençais à laisser entrapercevoir un brin d'adulte chez toi. Quand il faut aider les autres, c'est toujours comme ça. Tu finis par le lâcher assez vite, bien sûr. "Je vais mettre mon sac dans ma chambre comme ça tout ira bien" mais tu entends des gamins couiner dans le couloir dans votre dos, comme s'ils avaient aperçu ce que vous aviez aperçu vous aussi. Tant pis.

Après un crochet fait à ta chambre, où tu déposes tes affaires - sauf Léon, que tu gardes avec toi - tu retournes auprès de Winnie, et vous vous dirigez vers l'endroit où vous aviez l'habitude de récupérer "ce qu'il faut", quand bien sûr il y en avait. Normalement, il y en avait...

"Je trouve que je mange pas assez, j'ai... j'ai faim tout le temps" que tu dis alors que tu fais tout pour ne pas, ne plus penser au spectre qui, heureusement, vous a lâché jusque là. "Tu manges assez toi ?" c'est peut-être pas le cas de tous, que tu te dis. Est-ce qu'il aurait un endroit, ou quelque chose pour en avoir plus ? Il faudrait que vous trouviez une solution. "Tu sais où on peut en avoir plus ?" candide question, qui soulève aussi la denrée qui fait vos repas, et qui pourtant est là à chaque coin de couloir. Mais ce n'est pas comme ça que l'on peut en avoir plus. "Tu crois qu'avec la magie on peut faire plus de sang avec un peu de sang ?" les vrais diraient : et pourquoi pas ?

Aucune réponse pour satisfaire la curiosité de Winston. Pas de date approximative de morsure, pas même une estimation du nombre de souvenirs conservés. Vrai que l'interrogation manquait de délicatesse mais le vélane ne pouvait s'empêcher de dévisager le garçon et sa panoplie d'amnésique mystérieux en coin, comme si il allait mettre le doigt sur la vérité. Fourchelang, musicien, amnésique, détenteur de livre maudit, avec un fantôme de compagnie en plus du lézard, ça faisait réfléchir... "Non... puis pourquoi il serait fâché ? J'ai... j'ai rien fait !" Et indéniablement une attitude de gamin ce qui rassura un petit peu le blond : pas de vampire pluricentenaire à l'air juvénile. "C'est peut-être pas contre toi qu'il est fâché, genre il peut pas parler, ça doit être rageant..." assura Winston qui aimait beaucoup parler et donc qui vivrait (ou mourrait s'il était à la place du fantôme ?) très mal qu'on lui ôte la langue. Il aurait presque de l'empathie pour l'apparition mais le visage du défunt avait un il-ne-savait-trop-quoi d'inquiétant. L'on attendait après tout rien de moins que ça pour un esprit lié à un bouquin puant la magie noire. "T'inquiètes pas, il va finir par nous laisser tranquilles." Mouais. Enfin c'était vrai pour Winston qui allait rentrer à Sweet River plus vite que prévu pour laisser Alphonse et son pote glauque.

Il se laissa traîner loin de l'apparition, la main autour de son poignet était aussi froide que sa peau, ne lui donnant pas l'habituelle sensation de chaleur de quand on s'aventurait à le toucher. Cela lui fit bizarre, c'était pourtant normal de ne pas avoir dix degrés de différence avec son interlocuteur. Et ce n'était même pas comme si ils étaient les plus froids (regard nerveux aux alentours, le fantôme s'était évanoui dans le décors, ouf)."Je vais mettre mon sac dans ma chambre comme ça tout ira bien" Super idée accueillie par un vigoureux hochement de tête. Winston patienta quelques minutes dans les couloirs de la Fawkes, saluant les visages qu'il connaissait (et ceux qu'il connaissait pas aussi) et son sourire s'élargit en voyant Alphonse revenir avec son lézard. Il voulait un lézard maintenant.

Un lézard et un repas. Son ventre criait famine comme à son habitude et maintenant que le brun avait parlé de déjeuner... "Je trouve que je mange pas assez, j'ai... j'ai faim tout le temps." Winston se rembrunit d'un iota, ne se reconnaissant que trop dans les paroles. "Tu manges assez toi ?" Légère grimace, il secoua la tête. "Non. C'est comme toi" répondit-il d'un ton presque geignard. "Peut-être même en pire... On dit que les descendants de vélane qui deviennent des vampires n'arrivent jamais à être rassasiés." Trois mois qu'il avait été mordu, trois mois qu'il avait les crocs partout, tout le temps et que els gens devenaient des steaks à ses yeux. Sauf les autres vampires (et les loups-garous, beurk). "Tu sais où on peut en avoir plus ?" Si seulement il y avait des distributeurs à volonté comme pour les sodas dans un fastfood, avec plusieurs choix de groupes sanguins, de rhésus, de nature du sang (genre celui des vélanes qui sentait si booon, il se demanda un instant si il en avait encore l'odeur). "Y a des endroits mais c'est pas super accessible." Winston avait fait sa petite liste et il avait même recruté Camilla et Zoya pour l'occasion. Mais il était hors de question d'impliquer un gamin qu'il venait à peine de rencontrer dans ses plans, aussi sympathique qu'il était. "Tu crois qu'avec la magie on peut faire plus de sang avec un peu de sang ? - Oulaaaa, ça serait dark de chez dark ça mec !" La magie, dés que ça touchait au sang, c'était le grand non et Winston se remit à considérer la possibilité qu'Alphonse soit le fils caché de Voldemort.

Il n'en dit rien (pour l'instant), préférant se remettre à discutailler alors que ses pas prenaient le chemin de la cantine. "Ta morsure doit être récente si t'as tout le temps faim du coup ! Ou alors t'as du sang de vélane mais t'en as pas l'air..." Il s'arrêta un instant pour observer Alphonse de plus près, fixant ses cheveux pour l'occasion. Non, ces derniers ne donnaient pas l'impression d'être parfaitement coiffés sans l'être réellement (la meilleure manière de spotted les vélanes). "Enfin, c'est pas très important tout ça..." Ou peut-être que si, ça pouvait infirmer ou confirmer la théorie du fils de Voldemort. "Déjà, j'pense qu'à Sweet-River y a plus de sang qu'à la Fawkes. Tu connais Sweet-River ? Originellement c'était la planque où ils mettaient les gens comme toi et moi parce que soi-disant on était dangereux..." Ce qui était un horrible mensonge, comme si lui, son sourire angélique et son insatiabilité notoire, pouvaient faire du mal à qui que ce soit.

Un fantôme qui ne sait pas parler est un élément qui te paraît légèrement étrange. Sans te rappeler vraiment de ceux que tu avais pu croiser durant tes classes à Hogwarts, pour ne pas dire que tu ne t'en rappelais pas du tout, il te restait dans le cœur un goût d'étrange à ces mots. Comme si les autres devaient être partis ailleurs, sans pouvoir revenir. Mais alors que sont les autres s'ils ne sont pas comme eux, "ceux qui restent" ? Voilà une question que tu te poses vaguement, avant de passer à autre chose, quelque chose de plus tangible, d'ancré. C'était ça ou tu risquais de t'y perdre, et tu n'étais pas certain de vouloir finir dans un tourbillon occulte qui te dépasserait et de loin, comme cela commençait déjà à l'être ce soir.

Et quoi de mieux que de parler de choses qui vous manque, hein ? Du genre des tonnes de sang pour abreuver ces petits estomacs d'oisillons qui en demandent toujours plus qu'ils n'ont vraiment besoin. Que dirait Jo si tu lui disais que tu ne mangeais pas à ta faim ? Sans doute que pour lui c'était pareil, et vous passeriez à un autre sujet, même si celui-là revenait tout de même souvent, puisqu'il est ton phare dans la nuit. Peut-être que ce serait moins pire avec Arthur ? Non, Arthur ne comprendrait pas... enfin... au moins, il pouvait y'en avoir un qui comprenait : Winston, et il est ici avec toi. "Non. C'est comme toi" yeux bas. Pas le choix. "Peut-être même en pire... On dit que les descendants de vélane qui deviennent des vampires n'arrivent jamais à être rassasiés." T'es désolé pour lui, et un peu triste aussi. C'est inégal et donc injuste. Tu te demandes alors brièvement si toi aussi, tu avais un peu de sang vélane courant dans tes veines - ce que tu vérifies en zieutant brièvement le dos de ta main, comme si ça allait pouvoir t'informer de quoi que ce soit en la matière.

Quand ton nouvel ami répond, cela ne fait que renforcer l'idée qu'il y a besoin de renflouer les stocks. Y'avait quand même énormément de monde à l'Ordre, pourquoi il n'y en avait pas plus ? "Y a des endroits mais c'est pas super accessible. - C'est où ?" réaction immédiate, presque de l'ordre de l'instinct, quelque chose s'est allumé dans tes yeux de biche. Ta proposition n'a pas l'air de le tenter plus que ça, même si l'idée était là. Prendre un peu pour en faire beaucoup, ça devrait être démocratisé. S'ils arrivaient à faire ça avec des gallions, alors pourquoi pas avec des stocks de sang hein ? On favorise toujours les mêmes, peut-être... "Ta morsure doit être récente si t'as tout le temps faim du coup ! - Oui, (t'en sais rien mais tout le monde le dit) - Ou alors t'as du sang de vélane mais t'en as pas l'air... - Tu me trouves moche ?" la flèche est lancée et tes sourcils sont légèrement froncés - faut croire que t'étais plus rapide à la détente que certains, alors que tu es réputé pour être un peu niais. Pas que tu en fasses une fixette (même si ta réaction aurait vaguement pu plaider en ta faveur, et le soupçon que tu sois vélane et même d'un quart vérifié), mais ça te blesserait que Winnie te dise ça, alors que jusque là, vous vous entendiez plutôt bien.

"Déjà, j'pense qu'à Sweet-River y a plus de sang qu'à la Fawkes. Tu connais Sweet-River ? - Euh... non ?, - Originellement c'était la planque où ils mettaient les gens comme toi et moi parce que soi-disant on était dangereux..." t'es pas sûr d'avoir le droit de savoir tout ça. Ce nom, de fait, ne te revient pas : tu n'as connaissance que d'une seule planque. Du moins, le reste, tu ne t'en rappelles pas, si un jour tu l'as su. "T'étais à Sweet River avant alors ?" t'intéresses-tu naturellement. S'il y a plus de sang là-bas, ça t'intéresse forcément. "Je savais pas qu'ils mettaient des gens comme nous là-bas. C'était quoi ? Joli comme ici ?" t'étais quand même loin du compte, et s'il te disait la vérité, y'a de fortes chances que tu finisses dans sa clique de petits mixed révoltés. Enfin, révolté étant un mot bien trop fort pour ce que tu pourrais apporter à ce groupuscule. Au mieux, tu pourrais leur chanter une berceuse. Au pire... au pire, ils pourraient s'apercevoir que tu étais un petit pion de Voldemort, et que tout ce qu'on racontait sur toi dans les couloirs à cause de ton Fourchelang n'était pas tout à fait dément.

"...tu sais si t'as vraiment soif, et si c'est pire que moi, je t'en donne un peu de ma part."

Le cœur y est, sur la main et toujours là pour offrir à l'autre. Quant à en faire la promesse, ce serait pas forcément possible : tes bas instincts de jeunot sont encore présents, ne l'oublions pas pour autant.

"C'est où ?" Winston ne répondit pas, se contentant de regarder silencieusement (fait rare) son interlocuteur avant d'hausser les épaules. Alphonse - l'héritier - ne lui inspirait pas encore suffisamment confiance pour qu'il commence à lui faire des confidences. Il ne le connaissait que depuis quelques instants (on n'était jamais à l'abri des cafteurs à la Sacramoni), il n'allait certainement pas commencer à mettre des petits jeunes de la Fawkes au courant de ses plans douteux (à part Camilla bien entendu). Il continua donc à bavasser sur autre chose, fut satisfait d'avoir deviné juste sur le cas de son nouvel ami et nouveau vampire officiellement non-vélane. "Tu me trouves moche ?" Le vampélane posa ses yeux dans ceux du brun, visiblement amusé par son froncement de sourcils alors que lui-même aurait très mal pris qu'on lui sous-entende qu'il ne pouvait pas être descendant de vélane. "Pas du tout." Les traits furent parcourus, les longs cils, les boucles brunes, le regard sombre qui paraissait toujours un peu mélancolique (et la taille, l'oud, le serpent). "Juste pas un air de vélane. On est plus... lisses ? J'sais pas. Mais t'es loin d'être moche, tu dois même avoir un succès fou. Style le mec ténébreux-mystérieux là !" Il se garda de dire que c'était l'impression qu'Alphonse donnait tant qu'il se taisait. Après, il faisait juste enfant trop grand et trop perdu avec ses souvenirs manquants. Mais il avait l'air carrément gentil alors Winston n'avait pas envie de le blesser d'avantage en remettant son amnésie sur le tapis.

"T'étais à Sweet River avant alors ? Je savais pas qu'ils mettaient des gens comme nous là-bas. C'était quoi ? Joli comme ici ?" Le sourire de Winston vira un peu à la grimace. Il jeta un œil à gauche puis un à droite avant de baisser un ton. "J'y suis encore en réalité, j'imagine qu'on finit par trop s'habituer à notre prison." A peine dramatique comme garçon, toujours était-il qu'après six ans - il avait plus ou moins l'âge d'Alphonse quand il y était arrivé - passés là-bas et sa nouvelle nature de vampire assoiffée, il n'avait pas voulu changer de milieu (là-bas restaient des vampires expérimentés pour le gérer si besoin ainsi que tous ses repères). "Quant à la beauté des lieux... Faut aimer la campagne j'dirai ! C'est une ferme, tout a été réfléchi pour qu'on soit indépendant." Pour éviter les contacts avec les autres résistants, cela allait sans dire. "Y a encore quelques mois, tu y serais aussi d'ailleurs" ajouta Winston en haussant les épaules. La discrimination n'avait pas d'âge après tout.

"...tu sais si t'as vraiment soif, et si c'est pire que moi, je t'en donne un peu de ma part." Il y eut un second silence, Winston s'était même quasiment arrêté de marcher, yeux bleus brillants. "T'es vraiment trop mignon !" finit-il par dire en rigolant, filant une tape amicale dans le dos du brun et surtout ému comme tout par la proposition. "Garde ta part, t'as peut-être pas fini ta croissance après tout !" Puis il ajouta, plus bas, moins enthousiaste aussi. "J'sais pas si ça servirait à grand chose en plus." Il faudrait plus que deux portions pour étancher sa soif (ou son impression de soif). "Mais merci de m'avoir proposé ça mec !" Cela le touchait pas mal mine de rien (une personne de plus à lui proposer du sang même si pour une fois cela n'incluait pas de se taillader le poignet) et Alphonse venait définitivement de gagner toute son estime. Il se dirigea vers l'homme qui gérait les repas, commanda pour deux vampires (oui oui il était de SR mais il était là pour manger avec un ami, ça marchait, non (air de chien battu, ça marchait à tous les coups) et une fois qu'ils furent servis, il entraîna Alphonse dans une table un peu à l'écart. "Si un jour ça r'commence les problèmes avec les hybrides... N'hésite pas à m'en parler, j'connais des gens, ils aideront volontiers. Moi aussi d'ailleurs."