BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
FORUM À ACTIVITÉ LIBRE — PAS DE RESTRICTIONS
14 février 2023 — v12 installée, forum mis en activité libre. 19 octobre 2022 — préparation de la V12 et départ de mahrun. et midoriya du staff. 4 juillet 2022 — v11 installée, arrivée de castace dans le staff. 22 mars 2022 — v10 installée. 5 décembre 2021 — v9 installée. 13 septembre 2021 — v8 installée, départ de kazhan du staff. 21 février 2021 — v7 installée. 8 novembre 2020 — v6 installée. 2 août 2020 — v5 installée, départ de jeyne du staff, arrivée de tofu et jool. 1 mars 2020 — v4 installée. 19 octobre 2019 — v3 installée. 18 juillet 2019 — v2 installée. 12 avril 2019— ouverture du forum par mahrun, kazhan, midoriya, poupoune et jeyne. 16 mars 2019— préouverture du forum. juin 2018 — début du projet.
      
-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal


 

 (waryan#1) tales of surviving

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
Invité
Invité
Anonymous
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
tw: mention de mort, description de cadavre, deuil

Irene... ? - Irene... tu te recroquevilles davantage, l'une des voix ayant manifestement mangé l'autre. Lorsque ce désagrément survient, parce qu'une ne suffisait pas, il te fallait au moins une, voire deux bonnes minutes avant de pouvoir t'extirper de ces fanges. Pouvoir témoigner de ce que tu as entendu, ressenti ou conscientisé n'est en revanche qu'un jet de dés : il y a plus souvent des restes à peine digérés plutôt que véritable matière à discuter.
Néanmoins, et c'était à relever, certaines voix avaient plus d'impact que d'autres, ici bas. Si l'île de malheur était devenue un mauvais rêve, où les angoisses de morts se mêlaient avec les sensations de douloureux présage auprès de certains, tu avais réussi à créer des liens. Des liens qui, à leur façon, te permettait de respirer un air qui n'avait pas le poids toxique de celui dans lequel baignait poumons et esprit depuis le début. Si tu avais réellement comprit que ta présence ici était due à un malentendu fâcheux, voire à une dénonciation abjecte ayant reposé sur le mensonge, peut-être aurais-tu trouvé une force vive à faire valoir entre tes côtes, peut-être même dans tes tripes. Une colère, par tout hasard, qui aurait ainsi pu créer de la vie là où il n'y en avait pas - ou plus.
Une colère qui, jusqu'à aujourd'hui, ne s'est jamais échappée de tes lèvres ou de tes membres. Comme si elle avait été endormie avant même de vouloir crier. Ils sont nombreux, ceux à qui cela a pu profiter.

Tes mains sont en araignée sur ton visage barbouillé de larmes, tes pulpes pressant sur ton front, tes tempes, ta mâchoire pour tes pouces. Tu sens alors un nouveau poids sur tes épaules, ce alors que tu apprivoises vainement ta respiration saccadée. "Irene..." tu as mal au cœur, littéralement, t'incitant à aller appuyer d'un poing contre ce dernier. Doucement, fermement, tu presses. "C'est encore Sam...?" avoir prononcé son prénom, encore une fois, semble l'avoir invoqué à nouveau. Sam qui, comme beaucoup d'autres, se nourrirait presque de ces derniers souvenirs, de ce qu'il reste de lui dans l'âme des autres. "Laisse la porte ouverte... si, s'il te plaît..." murmure qui s'échappe d'entre tes lèvres alors que les souhaits de Sam font pression sur ton îlot de conscience. Il ne t'a pas demandé ça avec autant de politesse, Samson. Le froid se retrouve coincé, l'humidité repose sur le vêtement qui est toujours là, sur tes épaules maigres. Comme un rappel que tu n'es pas étouffée sous quelques mottes de terre humide, les yeux retournés vers le ciel. Il y a quelques jours encore, tu as eu la sensation qu'ils l'étaient, à t'en faire mal à la tête. Et s'ils ne se retournaient plus sur la lumière ? Qu'est-ce que tu deviendrais ?

"Irene, regarde-moi." la voix est plus appuyée, et enfin, il le fallait, tu la reconnais. Le chef se redresse comme si tu avais entendu un vers d'oreille plus réel que jamais, et tu le cherches deux petites secondes avant de le trouver - il était pourtant là, tout près. Glenn. Tu te sens encore plus ridicule, et pour ce lien qui s'est tissé entre vous depuis, son jugement est devenu plus important que tous les autres ici pour toi. "C'est encore Sam ?" tu aimerais lui dire, lui expliquer, mais sa présence, que tu n'espérais pas, te coupe le sifflet. Il te faut rassembler plus que tes pensées. La porte... ton œil papillonne, vrille vers ladite porte, avec un soupçon d'angoisse dans le cœur et dans la voix. Comme s'il y avait quelque chose derrière lui, tu lui attrapes le poignet. "Il faut que tu laisses la porte ouverte..." lui chuchotes-tu plus bas, sur le ton de la confidence. De la supplique dissimulée, dira t-on même. Parce que tu sais que tu peux lui faire confiance. Contrairement à d'autres, Glenn n'a jamais été aussi proche de Samson. Glenn n'a jamais été proche de qui que ce soit, si ce n'est Maureen et les siens.
Ton attention se reporte sur lui, que tu vois mieux que tu l'aurais imaginé.
"C'est... c'est important" (C'est encore Sam ?) tu sais plus, tu sais pas trop, mais c'est important, ça, tu ne peux pas en douter.

Sinon il reviendra, toujours de plus belle, pour te le rappeler. Les autres ne le comprennent pas. Sam veut rester là, avec vous, un peu plus longtemps. Pour se réchauffer là où il ne le pourra plus, parce que là où il est, il n'y a que le froid.

Pour toi, en revanche, il n'a jamais vraiment disparu. Les maux qui assènent d'autres ne te parasitent donc pas. Tu sens juste sa solitude, (la tienne ?), son besoin de communiquer, (ton besoin à toi ?), ses suppliques inutiles mais importantes, ça oui.

Tu lâches ta prise sur son poignet, devenue faiblarde.

"C'est pas ma faute" soupires-tu en reniflant aussitôt. Ton nez est encombré, et l'humidité extérieure n'est pas là pour aider. Tu as envie de t'excuser. De l'avoir réveillé, d'une part, mais comme Samson qui hurle dans la nuit, il n'y aura personne pour l'entendre à sa juste valeur. Pourquoi Samson n'était pas devenu rien alors que toi tu vivais encore ? Sans doute cela ne changerait pas si tu disparaissais lors d'une de ces chasses, contrairement à lui. Sam était apprécié, Sam ne se plaignait pas, ou tout juste assez. Sam était le bon prisonnier, ce que tu ne serais jamais. Seul... ne me laissez pas seul léger froncement de sourcils. Cela se sent que ton attention a été volée quelques instants. Tu te sens forcée de lui dire. Qu'il comprenne ou pas. "Ne me laissez pas seul, je..." (C'est encore Sam...?)(Tu ne sais pas... peut-être ?) "Tout seul" alors laissez-lui la porte ouverte, pour qu'il revienne. Sinon, tu le sais, c'est toi qui ira le déterrer à la force de tes doigts. Pour le ramener. Viens me chercher !
Revenir en haut Aller en bas
Glenn Ward
ENEMY OF THE STATE
Glenn Ward
Date d'inscription : 19/12/2021
Messages : 188
Crédit : self (av.), du maurier (cit.), jool (santa's gift)
Âge : Cinquante ans, en paraît généralement moins.
Occupation : Fugitif.
Allégeance : Travellers.
Particularité : Maître métamorphomage, très bon occlumens, et moyennement bon magicien sans baguette. Loup-garou mordu par Charybdis Kang, rien de moins.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t5143-glenn-rotten-but-no
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
Le geste brusque d’Irene le fait légèrement sursauter. C’est un contact désagréable, moite mais aussi froid, ce qui n’est pas pour alléger le malaise de Glenn qui n’a jamais trop apprécié les contacts physiques. Décidant qu’il vaut mieux prendre sur lui plutôt que de dégager, même délicatement, la main de la jeune-femme, il écoute attentivement ce qu’elle est sur le point de lui dire. "Il faut que tu laisses la porte ouverte..." Sans chercher à comprendre, Glenn jette un œil derrière lui pour s’assurer que la porte est bien restée ouverte après son passage. Il confirme d’un hochement de tête positif en revenant à l’inspection de la mine brouillée de larmes. "C'est... c'est important." Pour qui ? Telle est la question… Est-ce qu’ils parlent encore de Samson ? Ou bien d’un autre disparu ? A moins que ce soit une inquiétude qu’Irene nourrit seule. Instinctivement, Glenn observe le corps d’Irene et le peu de carrés nus que sa tenue révèle, à la recherche de marques comme il pouvait en trouver sur la silhouette de Diarmuid (des stigmates que, là encore, aucun psychomage et même médicomage n’ont jamais pu ni authentifier, ni expliquer). Du peu qu’il lui est possible de voir, Irene semble en être dépourvue. Ça n’empêche pourtant pas l’irlandais de continuer à faire des parallèles entre elle et son fils, avec l’espoir, peut-être, de comprendre enfin ce qui touchait Diarmuid toutes ces années durant (comme tout cérébral qui se respecte, Glenn préfère faire travailler sa tête plutôt que de trop creuser dans sa poitrine la peine de la séparation).

La prise sur son poignet est relâchée, mais subsiste malgré tout une sensation de froid, comme une pellicule fine de givre. "C'est pas ma faute." Glenn secoue la tête. "Je sais…" Il n’aurait pas été aussi conciliant quelques mois auparavant. Il n’a jamais considéré la folie de sa mère que sous l’angle d’un enfant terrifié et en colère et, encore aujourd’hui, même adulte, Shady ne garde pour Aphria que des sentiments négatifs difficilement étouffés par le deuil. Ce dégoût qui luisait dans son regard lors de leur première vraie interaction avec Irene n’en était qu’un bête écho, qu’une transposition effarée. La mémoire de sa mère n’a cependant plus été convoquée depuis un moment, et s’il est une personne à qui Irene lui fait dorénavant penser, c’est simplement Diarmuid. "Ne me laissez pas seul, je…Tout seul." Un froncement de sourcils signe l’incompréhension passagère de Glenn, mais il est assez peu difficile de comprendre, si tant est que l’exercice ne soit pas trop laborieux pour un esprit cartésien, qu’Irene répète les mots d’un autre. Un autre invisible. Mais peut-être bien là… L’idée qu’un fantôme (esprit ? spectre ? poltergeist ? … qu’en sait-il) est à l’instant t avec eux fait frissonner l’irlandais. D’un raclement de gorge, il retrouve une certaine contenance. "Je ne sais pas à qui tu parles ou qui… parle à travers toi, mais tu ne dois pas te laisser submerger, Irene." Il a conscience que c’est sûrement plus facile à dire qu’à faire, et pourtant, en cherchant derechef son regard larmoyant, Glenn essaie de la ramener encore une fois auprès de lui, dans leur conversation.

Evidemment, sa volonté de la maintenir à flot n’est pas dénué d’intérêt, il s’en voudrait de perdre son atout phare sans tenter au moins quelques mots d’encouragement (à ce stade, que peut-il faire d’autre…), mais l’état pitoyable dans lequel il trouve cette nuit Irene le ramène à ses visites dans la chambre de Dee quand il fallait le rassurer au sortir d’un cauchemar… plus vrai que nature. "Tu sais… j’ai un fils, Diarmuid, qui a la même chose que toi. Enfin je pense…" Il baisse la tête et laisse traîner son regard sur la boue qui couvre ses godasses et dans laquelle son genou s’enfonce. "Ça ne s’exprime pas vraiment de la même manière, mais je retrouve certaines similitudes. Comme savoir des choses que les vivants ne peuvent pas savoir. Ou même entendre des choses qu’ils ne peuvent pas non plus entendre…" Perdu dans ses pensées, Glenn marque une pause qui donne l’impression qu’il se recueille. La fatigue, en vérité, le plonge dans une certaine lassitude que les souvenirs de Diarmuid, de leur vie passée loin de Gracefield, couvrent de mélancolie. "Il a toujours été très solitaire. Presque distant. Peut-être une façon de s’épargner le jugement des autres…" Un sourire pâle dérange l’immobilité de son faciès. D’une certaine façon, Diarmuid a toujours beaucoup ressemblé à son grand-père ; cela sans avoir besoin de quelconques liens du sang. Il a toujours beaucoup ressemblé à Glenn, aussi, celui de onze ans qui rasait les murs de Poudlard en espérant qu’on lui fiche la paix, mais c’est une chose qu’il s’avoue moins (la période était difficile, une époque que Glenn n’a jamais trop souhaité déterrer de sa mémoire).

"Je sais que ce n’est pas ta faute. En revanche, je ne sais pas comment t’aider…" L’aveu file entre ses lèvres avec un certain embarras. Une fois encore, il se retrouve démuni face à ce genre de situation. Il relève la tête et regarde Irene. "Est-ce qu’il y a quelque chose que je peux faire ? Sam ou… qui que ce soit, qu’est-ce qu’ils te demandent…? A part de laisser la porte ouverte." Glenn regarde à nouveau par-dessus son épaule, avec un air amusé, presque sarcastique, sans que cela cache son implication manifeste dans la requête.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
tw: drogue (mention), description de cadavre / mort subite

Le froid et l'humidité s'incrustent comme des vers invisibles sous tes chairs, imprègne tes muscles faiblards qui se tendent pour espérer se réchauffer. La seule chaleur approximative repose sur tes épaules et sur tes joues, bien qu'elles semblent être éphémères.
La chance réside surtout dans la cohérence de tes propos, malgré un réveil brusque et un étouffement émotionnel caractéristique : les autres t'en veulent tellement, maintenant, qu'il serait difficile de trouver une seule parcelle d'air ou de terre qui puisse te soulager sur cette maudite île. Parce que Sam n'est pas le seul, et que lorsque sonne la cloche, et lorsque le silence et certains pleurs résonnent à l'étouffée, tu continues de les entendre crier. Tu as cette autre chance, alors, de n'avoir que lui cette nuit, ces derniers jours dira t-on même, et qu'il fallait seulement lui laisser la porte ouverte - ou à défaut, aller le chercher. L'avaient-ils seulement enterré dignement ? L'avaient-ils seulement retrouvé ? Etait-il suffisamment en bon état, d'une intégrité suffisante pour qu'un tel geste ait pu être fait ? Toi-même tu l'ignores, parce que pour toi, il vit encore.

Samson qui se croit seul alors que d'autres marchent encore, errent pour trouver une oreille, une écoute qui saurait les délivrer de leurs tourments. A défaut, l'oreille finissait par être elle-même torturée, et si tu en avais eu la présence d'esprit, tu aurais souhaité être la seule pestiférée de ce genre ici. Personne ne méritait pareille hantise.

Glenn te rassure, un peu, un soupçon : il sait que ce n'est pas de ta faute. C'est ce que l'enfant malade que tu es restée voulait entendre, et cela creuse quelque chose de tiède entre tes côtes. Du réconfort, ou un léger écho. Il y a quelques temps de ça, tu n'aurais jamais pu imaginer que cet homme soit en mesure de t'en prodiguer. Mais c'était naïvement, peut-être, que tu t'imaginais que ce n'était pas par intérêt. Le seul intérêt qui te liait aux autres était celui de la survie. Un jour, peut-être, tu te ferais à l'idée.

C'est peut-être parce qu'à la différence des autres, il ne prend pas - ou plus - tes comportements à la légère, tentant de comprendre avec le froid pragmatique qu'on lui connaît, les rouages de tes tourments. S'il pouvait leur dire, aux autres, que ce que tu vivais n'était pas un vaste cauchemar, une illusion tissée par tes propres pensées souffrantes et abîmées, tu dormirais peut-être avec moins de mal, et tu marcherais le jour avec moins de honte que celle qui te submerge tant. Ne pas se laisser submerger, qu'il dit. Tu n'as aucune force contre, et les seules choses qui, tu le pensais, fonctionnaient à l'époque, c'était la drogue. Celles qui faisaient dormir, celles qui faisaient oublier. Celles qui faisaient de toi quelqu'un de malléable mais aussi d'efficace dans les basses besognes pour lesquelles tu étais missionnée.

Ici, plus que partout ailleurs, tu étais à la merci de toutes ces choses qui te hantaient depuis l'adolescence. Et cela, tu étais bien incapable de le verbaliser.

"Tu sais... j'ai un fils, Diarmuid," comment a-t-il pu prononcer ce prénom ? toi, tu n'y serais pas arrivée. "qui a la même chose que toi." La même chose ? Est-ce qu'il a Sam ? Est-ce qu'il a Jasper ? Est-ce qu'il a eu aussi Katerina ? "Enfin je pense..." il pense juste, alors... ta tête est aussi basse que celle de Glenn, qui détaille la boue dans laquelle il patauge.
Où est son fils ? Est-il...
Tu ne lui demandes pas, le fil de ses mots capturant ton attention. Un super-pouvoir qu'il ne se soupçonnerait pas.
"Ca ne s'exprime pas vraiment de la même manière, mais je retrouve certaines similitudes." c'est dur de le suivre, dans le noir, avec Sam qui te susurre les mêmes paroles au creux de l'oreille. Tu fronces les sourcils et tu lèves enfin l'œil dans sa direction, toute ton énergie canalisée pour te concentrer sur ses mots, et le peu de mouvements de lèvres que tu peux apercevoir dans cette pénombre. "Comme savoir des choses que les vivants ne peuvent pas savoir. Ou entendre des choses qu'ils ne peuvent pas non plus entendre..." mais pourquoi les vivants ne pourraient pas entendre, alors que tu es vivante ? Est-ce que tu es bien vivante, même si tu n'es rien ? Une bouffée d'anxiété te prend aux intestins qui se tordent, puis au cœur. Tu as l'impression de ne rien comprendre, tout en ayant un fil d'or entre les doigts. Celui qui pourrait tout révéler, qui pourrait tout expliquer, enfin.
Et si, quelque part, ou bien ici, tu étais ce Diarmuid ?
Est-ce que ça expliquerait tout... tout ceci ?
"C-Comment il... il va maintenant D... Diarmuid ?" tu prononces mal son prénom, ayant essayé de copier la diction de Glenn, sans grand succès. Sans doute était-ce une double peine. Glenn ne sait pas comment t'aider, et il te demande ce qu'il peut faire pour t'offrir cette aide qu'on ne te propose, d'habitude, jamais. Tu ravales ta salive. Les questions qui suivent, en revanche, sont un peu plus faciles à répondre.
Il y a pourtant un laps de temps qui s'écoule, où tes lèvres tremblent, se frictionnent un peu elles-mêmes, par peur de réveiller quelque chose. Puis tu inspires profondément, tu trouves une force insoupçonnée, et tu lui cèdes :

"Sam, lui... lui il me demande de lui laisser la porte ouverte," que tu lui dis en pointant d'un doigt tremblotant ladite porte, qui est, grâce à vous, bien ouverte. "Il veut... il veut venir, il veut rester avec nous" que tu lui dis un peu plus bas. La  suite est plus difficile à exprimer. "Il... il m'a aussi dit de..." dire, c'est un mot faible. Il insiste, te harcèle. Ton hésitation le sous-entendrait, mais sans doute pas assez. C'est trop dur à cracher. "Que j'aille le... chercher..." sans savoir dans quel état était Samson, car toi, tu ne le savais pas. Sans doute avait-il été satellisé par un sortilège impardonnable, puis devenu presque introuvable à cause de ça.

"On peut aller le chercher ?" parce que tu ne veux pas faire de tord ou de mal à Samson. Que, peut-être, aller le chercher ferait cesser ces piqûres incessantes et verbeuses entre tes tempes. Peut-être que, aller le chercher, c'était te sauver.
Tu n'as pas encore comprit. Vivant, mort, tout ça n'est qu'une vision de l'esprit, puisqu'ils se réveillent toujours, restent parfois ici, au lieu de partir là où ils devraient se reposer après une longue vie. "S'il te plaît, viens me chercher" l'écho s'est fait dans ta tête au même instant, et tes lèvres ont fait le reste, comme une suite naturelle : tu t'es brièvement saisi de son poignet, avant de l'ôter aussitôt, réalisant ton geste.

La honte de cet excès incontrôlé te traverse encore une fois.

Aussitôt, tu presses un peu sur tes paupières. Inspire un peu. Lucidité vacillante. Tu retrouves le regard de Glenn. "Va... va dormir. Je reste ici. Pardon... Merci." tu n'as pas envie qu'il devienne comme les autres, aigris et détestables à ton égard. Tu n'as pas envie de lui prendre plus de son temps, de son énergie, de cette bienveillance qui, tu le sais, est aussi éphémère qu'un éclair dans la nuit, par ici. Tu ne veux pas que cette bienveillance disparaisse brutalement pour laisser place à l'indifférence. Tu veux la préserver. Alors tu tires le vêtement qu'il t'a mit sur les épaules, doucement, sûrement, et le lui tend, il te semble trop lourd en témoigne ces légers spasmes, mais il ne trempe pas dans la boue. "Merci Glenn" c'est sincère, et c'est le seul éclair dans la nuit qu'il y aurait, avant que les ténèbres ne reviennent les engloutir tout entiers.
Revenir en haut Aller en bas
Glenn Ward
ENEMY OF THE STATE
Glenn Ward
Date d'inscription : 19/12/2021
Messages : 188
Crédit : self (av.), du maurier (cit.), jool (santa's gift)
Âge : Cinquante ans, en paraît généralement moins.
Occupation : Fugitif.
Allégeance : Travellers.
Particularité : Maître métamorphomage, très bon occlumens, et moyennement bon magicien sans baguette. Loup-garou mordu par Charybdis Kang, rien de moins.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t5143-glenn-rotten-but-no
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
cw: mention de cadavre

Comment il va maintenant, Diarmuid ? La question est restée en suspens. Comment il va, son fils ? Comment il va… Maureen et lui en parlent peu. C’était au début par choix, quand la perte de leur second enfant était déjà trop lourde à traîner dans leurs mots pour ajouter celle de leur Dee (notre Dee, c’est comme ça qu’en parlait Maureen, avant). Et puis l’habitude, comme pour beaucoup d’autres choses, a creusé son trou entre les époux, une fosse où laisser tous leurs non-dits comme on laisse ici, et un peu partout ailleurs sur l’île, les morts nourrir la terre. Diarmuid va bien. Diarmuid est entouré par le reste de la grande famille que sont les Travellers et ses cauchemars se sont éteints. Il a passé le cap des dix-huit ans, il continue de porter ses survêtements sans forme et d’oublier d’enlever ses baskets sales quand il s’allonge sur le canapé. Diarmuid va bien. Glenn a toujours été un beau parleur : il serait capable de faire croire n’importe quoi à n’importe qui. Lui le premier.

"Sam, lui... lui il me demande de lui laisser la porte ouverte." Elle désigne l’entrée du baraquement. Glenn ne regarde pas mais opine du chef. Quelques mois plus tôt il lui aurait paru insensé d’écouter aussi attentivement les mots d’Irene. Quelques mois plus tôt, il devait même se faire violence pour ne pas déguerpir loin d’elle et de ses phantasmes. La probabilité pour que tout ceci ne soit pas si irréel lui fait cependant rester là, accroupi dans la boue devant elle. "Il veut... il veut venir, il veut rester avec nous." Glenn n’est pas familier de ce genre de conscience ; celle qui fait penser aux morts et se demander où ils sont. Il n’a jamais eu l’ouverture d’esprit qu’il faut pour pouvoir s’approprier le monde abstrait des disparus, pour leur prêter des intentions, bonnes ou mauvaises, et des émotions héritées de leur vie passée. Il vient pourtant d’une communauté où l’on prie pour le salut des âmes et le repos des corps, mais pour lui la mort n’a jamais été qu’une fin. Quand Aphria est partie, Aphria est partie. Il n’y avait rien de plus à dire. Rien de plus à pleurer. Son père et lui ont continué de se réveiller tous les matins, d’aller l’un en classe, l’autre aux champs, de se reposer les soirs venus, de souper et de dormir. Il y avait bien les fantômes de Poudlard, oui, mais même eux étaient encore trop en vie pour remettre en question cette perception catégorique de la mort. Irene, par ses seuls murmures troublant la nuit, bouleverse pourtant, syllabe après syllabe, tout ce en quoi Glenn croyait - ou ne croyait pas. Sam veut rester avec eux : un sentiment de tristesse envahit l’irlandais et trouble sa vue. Pas à cause de Sam. Pas particulièrement, en tout cas. Mais il réalise la solitude des morts. Il réalise leur errance et la peur qui l’accompagne. C’est vertigineux. Il en a un haut le cœur.

"On peut aller le chercher ?" Mouvement d’épaule. Glenn se repositionne. Il a mal aux jambes, il voudrait s’effondrer à côté d’Irene, dos contre l’arbre, le visage plongé dans ses mains pour faire une pause. Mais la tourbe l’écœure et son orgueil survit encore. "S'il te plaît, viens me chercher." La voix (l’écho) de son interlocutrice, doublé du geste, font frissonner l’irlandais. Il serre le poing qu’Irene tient de son côté et sent ses ongles crades et cassés s’enfoncer dans sa paume. "Mais on ne sait pas où il est…" L’île est immense. Il faudrait une équipe de trente personnes au moins pour ratisser le périmètre, et presque autant d’heures pour retrouver le corps. Les yeux bleus se sont perdus dans l’observation des parages, si bien qu’ils ne voient pas la main pâle d’Irene se retirer avec honte des chairs qu’elle a saisies. Quoique la quête soit impossible, Glenn semble réfléchir sérieusement à un plan B. Il ne sait pas précisément ce qui le pousse à faire ça. La volonté d’arracher son acolyte au cauchemar qu’est Sam et lui octroyer quelques jours / semaines de répit pour mieux affronter leurs (leurs) adversaires. Le besoin de se prouver quelque chose, qu’il peut aider Irene même s’il n’a pas pu aider Diarmuid. L’envie de s’occuper l’esprit et les mains pour une nuit qui, de toute façon, sera blanche - la lâcheté, peut-être et surtout, qui le saisit à l’idée de devoir retourner à l’intérieur près de Maureen et de lui dire que tout va bien en l’embrassant doucement.

Alors que rien ne va.

"Va... va dormir. Je reste ici. Pardon... Merci.Non." Sa voix est restée calme. C’est une négation comme on les lui entend souvent, d’une finesse rare où l’autorité vibre sans exercer la moindre pression. Il refuse tout aussi calmement le vêtement qu’elle lui rend, en repoussant d’abord simplement son geste, puis en l’aidant à se le revêtir sur les épaules. "Merci Glenn." Son deuxième genou rejoint la boue. La toile du pantalon glisse un peu dedans et s’imprègne instantanément de l’humidité organique. Il le sent, en déteste la sensation, mais se concentre sur Irene. "Je reste aussi. Je ne vais pas te laisser dans un état pareil." Son regard cherche le sien. Le corps de Glenn s’est comme solidifié dans la pénombre. Sa confiance et son sang-froid se font roc, un roc sur lequel Irene peut, et doit, se reposer. "Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas faire sur cette île de malheur. Je ne sais pas me battre et, bon sang, c’est à peine si je sais courir. Ma dernière blessure était une entorse à la cheville et je n’ai même pas été capable de revenir seul au camp. En revanche, il y a une chose que je sais faire, très bien faire, même : trouver des solutions. Et crois-moi, Irene, je me suis mesuré à bien plus vicieux qu’un esprit buté." Merlin, ça y est, il a dit le mot esprit. Ses mains glissent sous les coudes de la jeune-femme pour l’aider à se relever avec lui. Enfin debout, il s’époussette de quelques gestes rapides le pantalon et propose. "Sam veut qu’on vienne le chercher ? Eh bien allons le chercher." Son regard questionne la nuit les entourant, avant de la questionner elle. "Y a-t-il des indices sur sa… localisation, dans ce qu’il te dit ? Près d’une rive, peut-être ? Pas la mer, j’espère… je ne suis pas à ce point un faiseur de miracles…"
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
tw: cadavre (mention et description)

"S-Sam, r-réveille-toi !" parce qu'il parlait, un peu avant, et se tait cette fois, comme s'il pleurait en silence vos retrouvailles.

* * *

Si tu n'as aucune connaissance de l'intégrité de Diarmuid, tu en as encore moins sur Samson.
Perdue là où personne n'aurait osé aller te chercher, Glenn est alors le premier à te tendre la main sur cette île de malheur, baignant, vu de l'extérieur, dans tes délires macabres. Tu as beau t'être concentrée sur l'animal, d'ailleurs, tu ne t'aperçois que trop peu du malaise qui s'empare de ses membres, voire de sa stature reconnue stable, inébranlable à tes yeux. Au lieu de ça, tu bois à peine ses mots - mais on ne sait pas où il est... chose à laquelle tu réagis par un hochement de tête à la négative, qui voulait en réalité dire oui. Oui, tu vas savoir où il est, parce que depuis le temps qu'il t'appelle, le chemin t'es forcément tout tracé. C'est cela : il suffisait qu'on lui dise oui.

Lorsque tu l'incites à aller dormir, la réponse n'est pas celle que tu attendais.

Non.

Il suffisait qu'on te dise oui, et il te dit non.

Le non qui dit oui.

Le vêtement est à nouveau sur tes épaules, retournement de situation qui électrise de nervosité tes membres affaiblis. Tu viens me chercher ? s'étonnerait presque le concerné. "Je reste aussi. Je ne vais pas te laisser dans un état pareil. - Mais-" mais le reste meurt dans ta gorge, quoi que ce fut. Gorge sur laquelle tu presses avec la paume de ta main, comme pour faire passer ce qui ne passe pas. Un pourquoi. "Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas faire sur cette île de malheur. Je ne sais pas me battre et, bon sang, c’est à peine si je sais courir. Ma dernière blessure était une entorse à la cheville et je n’ai même pas été capable de revenir seul au camp. En revanche, il y a une chose que je sais faire, très bien faire, même : trouver des solutions. Et crois-moi, Irene, je me suis mesuré à bien plus vicieux qu’un esprit buté."
Son long discours a la prestance de celle qu'on entend de la bouche des leaders de la résistance. Ou des leaders tout court. Et toi, comme à chaque fois, tu te perds dans cette image de pouvoir que tu ne possèdes pas.

Peut-être ne comprends-tu pas tout à fait, mais l'élan est bien présent, et il te pénètre comme une brise glaciale sur fond d'humidité latente.

Tout semble soudainement plus clair, plus transparent, alors qu'il te prend sous les coudes pour te relever. Tel un chiffon encroûté dans la boue, tu mets un laps de temps avant de te débarrasser de cette lourdeur sur tes os. "Sam veut qu'on vienne le chercher ? Eh bien allons le chercher." tu le fixes avec une émotion qui menace de déborder, tes cristallins brillants dans la nuit. Glenn, lui, n'a pas crié. Il ne t'a pas dit que ce n'était pas vrai.

Il a même dit : allons le chercher.

(...)

Cela fait quarante minutes que vous marchez. Pas une seule fois Glenn t'a entendu te plaindre, et tu t'es soudainement avérée être une pisteuse hors pair. En réalité, tu n'as pas droit à toi seule aux lauriers : une voix te guide, te crie de faire demi-tour lorsque vous n'êtes pas sur le bon chemin, insiste sur des détails que tu finis par retranscrire parfois en direct, parfois en différé. Comme : regarde, cet arbre-là à moitié brûlé, quand il a couru pour se cacher, il était derrière.

* * *

"Glenn, il... il est vivant, il faut..." ton esprit ne comprend pas que celui qui se balade et te harcèle n'est plus. Tu es en larmes, incapable de retenir quoi que ce soit à cette vue qui ne te donne même pas une nausée naturelle -- comme s'il était encore là, et qu'il allait se réveiller par les secousses que tu lui prodigues. "Sam, lève... lève-toi Sam... !" mais Sam n'a plus qu'une jambe sur les deux, et ses yeux retournés vers le ciel sont desséchés, attaqués par des minuscules insectes que vous peineriez à déceler dans cette pénombre. Il est sur le sable, dans lequel il s'est vidé. Personne n'est allé le chercher. "On rentre, Sam, on rentre" répètes-tu alors que Sam te dit je veux rentrer.

Ca sent la mort et l'iode. Et même après tout ça, tu ne comprendras pas. Pas tout à fait en tout cas.
Revenir en haut Aller en bas
Glenn Ward
ENEMY OF THE STATE
Glenn Ward
Date d'inscription : 19/12/2021
Messages : 188
Crédit : self (av.), du maurier (cit.), jool (santa's gift)
Âge : Cinquante ans, en paraît généralement moins.
Occupation : Fugitif.
Allégeance : Travellers.
Particularité : Maître métamorphomage, très bon occlumens, et moyennement bon magicien sans baguette. Loup-garou mordu par Charybdis Kang, rien de moins.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t5143-glenn-rotten-but-no
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
tw: cadavre (mention et description)

Ses haillons se sont imprégnés d’humidité ; en plus de ses genoux, où la toile du pantalon lui colle aux chairs comme deux paumes épaisses le saisissant par les jambes, Glenn sent sur ses épaules et son échine plusieurs frissons le traverser.

L’irlandais a pourtant l’habitude de ce genre de climat brumeux et iodé (quoiqu’en dise Sweeny pour qui la ville l’a soi-disant trop ramolli…). L’onde qui le parcoure n’est donc pas vraiment en réaction à l’atmosphère inhospitalière des landes qu’ils arpentent Irene et lui. Plutôt une réponse silencieuse aux indications que lui donne de temps en temps la jeune-femme, signalant, avec une assurance sinistre, là un chemin qu’aurait emprunté Samson, là un tronc d’arbre derrière lequel il se serait abrité. Glenn ne pensait pas que le plan B (décortiquer des paroles de… l’Au-Delà, pour en déduire des bribes d’indices) serait d’une telle exactitude… d’un tel réalisme. S’il n’a jamais été le plus imaginatif du lot (pour preuve ses métamorphoses, rien de plus que des emprunts, des créations assez peu originales bien qu’extrêmement ressemblantes), l’irlandais parvient néanmoins, et cela sans mal, à se figurer le pauvre hère dans certaines postures cohérentes aux descriptions : en train de courir, en train de s’accroupir… Samson aurait pu être n’importe lequel d’entre eux.

Glenn observe son guide à la dérobée.
Se demande, non sans effroi, si lui aussi lui murmurera un jour le chemin à suivre pour qu'on le retrouve.

* * *

"Glenn, il... il est vivant, il faut…Irene, non, écoute-moi--Sam, lève... lève-toi Sam... !" Après avoir vainement tenté de l’éloigner du corps, Glenn recule, le dos d’une main contre sa bouche. S’il n’avait pas eu l’estomac vide, il aurait tout rendu sur le sable fin de la berge. Il ne s’était pas attendu à d’autre vision que celle d’un cadavre (selon toute probabilité abîmé) mais le choc n’en demeure pas moins violent ; c’est la première fois qu’il voit un corps dans cet état. Rien, dans sa vie de gangster, ou de proie de Gracefield, ne l’avait encore conduit à une telle vision d’horreur. Il s’est immobilisé à quatre bons mètres de la scène, courbé en avant, débarrassant ses narines de l’odeur nauséabonde ayant envahi son nez. Reste comme ça un temps. Puis se redresse, calme le tremblement de ses mains en pressant ses poignets, inspire… "On rentre, Sam, on rentre", et expire.

Il n’est pas question que Samson rentre d'une quelconque manière avec eux. Irene n’a pas les idées claires ; elle s’est de nouveau perdue entre le monde des vivants et celui des morts - Glenn est incapable d’imaginer le brouhaha qui l’assaille, seulement d’en accepter le phénomène (et c’est déjà beaucoup). Il hasarde un œil vers elle - lequel glisse sans faire exprès sur la dépouille, ce qui l’oblige à se détourner une seconde fois et réprimer, une seconde fois, les haut-le-cœur qui l’assaillent. "Irene." La voix s’est faite plus forte, à la fois pour couvrir les lamentations de la jeune-femme, à la fois pour attirer son attention que Sam (ou ce qu’il en reste) n’accapare que trop. Le malaise de la scène, l’abjection que sont ces bras trop vivants tentant de tirer ceux trop morts du corps inerte, oblige l’irlandais à capitonner deux fois plus fermement son visage pour se sauver la face. Il a soudain l’air insensible, détaché du malheur qui coule dans les syllabes féminines.

En se rapprochant, il fixe ses billes bleues sur les épaules secouées de spasmes et ne les détache que pour les faire remonter jusqu’au minois déformé de grimaces. Comme tout à l’heure, près de l’arbre, il la redresse et la garde entre ses paumes moites (il ne faut pas qu’il regarde Samson), si fermement que les jambes d’Irene pourraient se dérober et pour autant elle en tomberait pas (il ne faut pas qu’il la lâche). "C’est fini, Irene." Il est mort. Ça n’est plus qu’un tas de chairs pourries. Dévoré par les vers. "Ce n’est plus Samson." Glenn pèse chacun de ses mots. Elle a les nerfs à vif ; s’il se montre trop brutal, elle risque de céder encore plus fiévreusement à la panique ; s’il se montre trop réconfortant, elle risque tout bonnement de ne pas l’entendre. "Nous avons fait ce qu’il te demandait de faire : nous l’avons cherché." Difficile de jouer avec les clauses d’un contrat quand on ne comprend pas vraiment avec qui (avec quoi) on négocie. Glenn s’y tente pourtant, trafique les mots, réarrange leur sens. Et recule peu à peu de la scène de crime en emportant Irene avec lui.

"ll n’y a rien à faire de plus." Ils pourraient l’enterrer, ils pourraient le brûler, autant de tâches qui l’écœurent et auxquelles il ne veut pas qu’elle pense. "Regarde", il la fait pivoter doucement, change ses prises, la confronte à la scène de crime avec un recul qu’il espère suffisant, "tu vois bien que ce n’est plus lui, tout au plus une dépouille que la marée haute finira par emporter." La pression de ses doigts se renforce. Son emprise sur Irene, aussi. Pourtant, Glenn ne regarde pas dans la même direction, s’épargne ce qu’il impose à la jeune-femme ; il observe la mer, tout du moins la devine dans la nuit. Son visage se rapproche de l’oreille d’Irene. "Il faut qu’il te laisse tranquille, maintenant." Ses paumes sont lourdes sur les bras d’Irene, presque possessives ; il s’est autant adressé à elle qu’à ce(lui) qui lui murmure dans l’autre oreille.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
tw: violence, blessure (brûlure), traumatisme (description et mention)

L'espèce de malaise lié à un réveil trop brutal (et au besoin viscéral de sommeil) se fait sentir dans l'air, puis dans les corps qui pulsent encore de vie. De vie et d'émotions, comme en témoigne ton état, et celui de Glenn, que tu ne relèves que trop peu à cause de ça. A cet instant, tu ne vois que Sam, qui est plus vivant que jamais pour toi. Tu le sens beaucoup trop proche désormais, si bien que son essence, ou tout ce qu'on peut rattacher à sa personne semblait vouloir t'accrocher et y rester.
Alors quand Glenn essaie d'imposer sa présence, dans un premier lieu, il n'y parvient pas : tu essaies de réveiller Sam, de qui tu n'étais pourtant pas si proche que ça. Pourtant, les autres, ses amis, ou ceux qui se targuaient de l'être, n'étaient pas là. Ils ne t'avaient pas écouté, ils l'avaient abandonné. Ils s'étaient même résignés, parce que "de toute façon, on allait tous finir par y passer". Toi, t'es plus humaine qu'eux, alors, c'est ça ? Depuis tout ce temps on te fait dire que tu n'es rien, alors que tu es ce qu'ils ne seront jamais ? Quel mal y avait-il à éprouver ?

"Tu peux pas rester comme ça Sam, t'en fait pas on va... - Irene." là, tu l'entends, mais c'est encore loin, pas assez violent peut-être, pas assez légitime pour te faire ployer l'esprit. Il te dit qu'il est content de te revoir, alors c'est pire que jamais : tu pleures vraiment, cette fois, laisse les larmes couler lourdement, alourdies par tout ce qui te traversait. Sa peine, son réconfort, ta peur, ta tristesse, ton besoin viscéral de l'aider, de lui rendre hommage une dernière fois, lui qui est encore vivant devant toi. Mais Glenn, encore une fois, ne veut pas.

Il veut pas et tu es incapable de résister à cette poigne qui te soulève une nouvelle fois, alors que tu tiens à peine debout, toute chancelante. Tes yeux, eux, ne quittent pas Sam, tu t'en fais mal aux cervicales, tu ne veux pas le laisser, pas comme ça. "C'est fini, Irene." c'est ce qu'il te dit, mais tu secoues la tête : non, non et non. "Ce n'est plus Samson." C'est toujours Samson. que tu répètes intérieurement, plusieurs fois, à défaut de pouvoir lui dire, lui asséner cette vérité qui ne l'est que pour toi. Tu es pris dans une torpeur étrange, mêlée à une nervosité qui sous-entend un fort potentiel d'imprévisibilité. Ca te fait mal d'entendre ça. Il n'a pas le droit de t'oublier. "Nous avons fait ce qu'il te demandait de faire : nous l'avons cherché. - Mais on... on l'a..." on l'a trouvé, pardi, on l'a trouvé ! Pourquoi ne comprend t-il pas ? Tout ce que tu vois... "Pourquoi tu m'abandonnes !" geins-tu. Pourquoi abandonnes-tu Samson comme tous les autres ? "Il n'y a rien à faire de plus." tu n'y crois pas. Certainement pas.

(roll) Dépouille, marée, tranquille, maintenant. Maintenant il faut partir, c'est ça qu'il te dit, mais tu ne veux pas laisser Sam rien que pour la mer, elle ne mérite pas, elle n'a pas le droit.
Tes sanglots marquent une pause au fur et à mesure que tu te sens investie d'une force qui te dépasse, celle qui est prêtée par ta fausse croyance, celle de devoir l'aider. Si Glenn a dit oui en voulant dire non, comme les autres, alors il n'a qu'à te laisser là avec lui. Les mots que te souffle Glenn à l'oreille auraient pu, et ils ont semé des graines qui alimenteront ta confusion le lendemain.

Le lendemain...

"Je reste là, je reste là" que tu répètes en remuant pour te défaire de sa prise sur tes bras. Pour la première fois, peut-être, quelque chose qui paraît sincère, viscéral et lucide à la fois sort de tes poumons, dans un éclat de voix qui est plus humain que jamais : "S'il te plaît, Glenn, laisse-moi" tu appuies sur tes derniers mots, pour lui faire comprendre. Tu peux tenir debout, maintenant, tu le sens. Et tu le lui prouves, puisque tu ne t'échoues pas lamentablement sur le sol une fois libérée. Il y a même un temps, quelques secondes tout au plus, où il te faut comme remettre la machine en marche. Un bref coup d'œil dans la direction de Glenn, derrière toi ; puis des mouvements de jambes mécaniques, à peine naturels. Tu vas t'assoir à côté du cadavre de Sam, ramène tes jambes à toi. Tu ne le regardes pas, tu regardes la mer, ou plutôt, tu accueilles les embruns de face, à défaut de pouvoir vraiment la voir. "Merci" que tu lui dis alors d'une voix enrouée. Merci de m'avoir laissée, merci de m'avoir accompagnée. Merci de m'avoir cru, merci d'avoir essayé.

C'est terminé.

***

C'est terminé.

C'est ce que ton esprit a cru comprendre, lorsque tu as senti tes jambes se faire bouffer par un mal que tu n'avais jamais appréhendé jusqu'alors. Tu as rampé, rampé, rampé. Perdu connaissance, avec pour seul repère la nausée, celle que t'a léguée la panique viscérale de voir ses derniers moments passer.
Bientôt, et tu le sentais, c'est toi qui allait traverser.
Mais une mâchoire s'est refermée sur ton bras - ça fait mal - et l'odeur de brûlé et de chairs à vif s'est mêlé à celle de l'acier. Rozhan est restée peu de temps avec toi sous cette souche, le temps que les chasses se taisent sur les sols de l'île.
Ca a duré trois jours. Trois mois ? Longtemps. Mais c'était des jours.
Et puis tu as commencé à te sentir comme Sam, et comme les autres que tu avais rejoins tant de fois sans même t'en apercevoir. Enfin, tu comprenais qu'il y avait encore de l'espoir de comprendre ce qui t'arrivait. Espoir endormi au même titre que ta lucidité, qui s'est avérée être fragmentée durant tes premiers pas.
Premiers pas avortés : tu ne pouvais plus te lever.
Tu ne pouvais plus te lever...
Tu as pleuré ce jour-là, sans comprendre qu'un jour, tu le pourrais à nouveau. Et pour ça, il fallait manger. Apprendre. Mais tout était fort, douloureux, et ce que tu cherchais était toujours la même chose : un grand roux qui n'aurait plus d'écran de fumée avant quelques temps. "Glenn... Glenn !" mais c'est Rozhan qui apparaît, la nuit vient à peine de tomber, et une semaine et demi s'est écoulée depuis l'horreur de la dernière Battue.

Lucidité, besoin de comprendre, ta Sire te rappelle à l'ordre, alors tu arrêtes de japper le prénom. Tu l'aboierais presque parce que tu ne sais pas s'il est encore vivant, s'il a réussi à s'en sortir. T'a t-il vue te faire prendre par surprise par ce chasseur alchimiste ? A-t-il fui ?

"Je veux voir Glenn" insistes-tu auprès de cette femme qui deviendra ta nouvelle mère, ton nouveau repère. Il y a quelque chose de bestial à ta demande, alors que tu presses sur le bras de Rozhan. Son regard est digne et clair. "Tu vas manger." Alors Rozhan sort de ce coin investi par la nouvelle progéniture, celles que l'on sélectionne avec soin pour préserver la fragile unité des prisonniers. Irene est un pari risqué. Tu as soif, alors que tu la laisses te quitter. Si peu, et déjà grignotée par ce sentiment d'abandon. "Glenn, si tu es là, dis-moi où te chercher" murmures-tu en te concentrant sur on ne sait trop quelle partie de toi, l'esprit retourné et paupières closes.
Revenir en haut Aller en bas
Glenn Ward
ENEMY OF THE STATE
Glenn Ward
Date d'inscription : 19/12/2021
Messages : 188
Crédit : self (av.), du maurier (cit.), jool (santa's gift)
Âge : Cinquante ans, en paraît généralement moins.
Occupation : Fugitif.
Allégeance : Travellers.
Particularité : Maître métamorphomage, très bon occlumens, et moyennement bon magicien sans baguette. Loup-garou mordu par Charybdis Kang, rien de moins.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t5143-glenn-rotten-but-no
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
tw: cadavre (mention), sang (mention)

Il la laisse se dégager sans s’y opposer et l’observe s’éloigner en direction du cadavre. L’air, pourtant froid et humide, devient soudain lourd dans ses poumons ; mais cette chaleur qui l’envahit n’a rien à voir avec un quelconque sentiment de réconfort. C’est la honte, sans vraiment de nom ni de visage, qui l’étreint alors que ses bras à lui sont maintenant ballants. Il la ressentait quand son fils s’échappait aussi de ses mains, quand il lui claquait les portes au nez ou ne répondait pas à ses missives le pressant pourtant de le faire. La honte de ne pas comprendre, de ne pas savoir s’y prendre, de ne pas arriver à saisir cet esprit tortueux accaparé par des préoccupations impossibles à soupçonner. Glenn n’aurait déjà pas réussi à gérer les crises d’un pré-adolescent qui l’appelle da, alors celles crytpiques de Diarmuid…

Les poings se contractent pour dégager la tension nerveuse que l’éloignement d’Irene, en miroir à celle de son fils, provoque en lui. Son merci est amère dans l’oreille de Glenn. Il l’entend comme une ponctuation supplémentaire dans le récit de ses échecs. "Prends le temps qu’il te faut", réussit-il à dire calmement. Il a récupéré son masque impavide et, quoiqu’il faille le rapiécer ici et là après la vague d’émotion qui est passée sur son visage, l’ensemble lui donne à nouveau l’air d’être détaché. Sans plus un mot, il recule de quelques pas encore et va s’assoir sur un bout de roche qui sort du sable, positionné de sorte à voir ce qui peut leur arriver par derrière. Une posture réfléchie à bien des niveaux ; il s’épargne aussi la vue du corps en décomposition, et le profil d’Irene accroupie à côté comme un bout de regret recroquevillé au fond de ses pensées. Il continue de préférer passer sa nuit blanche en compagnie des morts et de leur oracle plutôt que de devoir retourner au baraquement et répondre aux questions inquiètes de sa femme.

* * *

Le souffle de l’explosion arrive jusque sur sa nuque. Glenn se retourne, haletant, et réduit sa course sans arrêter de reculer à travers les troncs d’arbres. A l’endroit où Irene et lui se sont séparés (à l’endroit où lui s’est séparé d’elle) un nuage de fumée grimpe jusqu’aux cimes des arbres. Des éclats de voix retentissent tant pour invoquer de nouveaux sorts que pour appeler à l’aide. Glenn s’arrête quelques secondes à peine, hésitant, la gorge en feu et les yeux figés sur la bataille faisant rage ; il pense à Irene, probablement restée là où il l’a laissée, soupèse ses remords et les compare à sa panique, décide que les uns ne valent pas l’autre, et reprend sa course à travers bois en se disant : tout va bien.

* * *

"Ça m’fout les j’tons comme endroit. Y paraît qu’on peut voir leurs petits yeux briller dans la pénombre si tu t’cales bien comme y faut entre ce mur et celui-là pour voir dans l’entrebâillement d’la porte. Tu crois qu’ils bouffent quoi ? Des rats ? Ils se sirotent quand même pas entre eux hein…?" Brook grimace en réprimant un frisson. "Non, voyons." Glenn n’en sait rien. Plus il regarde avec Brook la bicoque dédiée au vampires, plus ses mots trouvent un chemin dans sa conscience ; il a en effet l’impression de voir des globes luire derrière les fenêtres obstruées, et, même s’il sait que les yeux d’un vampire ne peuvent pas briller comme Brook lui dit qu’ils brillent, ses nerfs oculaires - fatigués et vieillissant avec l’utilisation forcée de sa métamorphomagie - lui prouvent le contraire. "Franchement moi j’suis pas hyper chaud pour, t’sais…" Sans terminer sa phrase, Brook exerce un mouvement de tête entendu. "Leur donner notre sang ?" Cette fois, le frisson n’est plus réprimé. "Brrr, ouais. Quelle idée à la mords-moi-le-nœud ça ! Et bientôt nos bouts de gras aux lycanthropes aussi, tiens !" Rire morne. "Non, voyons." Mais Glenn n’en sait rien.

Les discussions sont en cours et lui ont échappées sans qu’il ne cherche vraiment à les rattraper. L’idée le répugne, comme elle répugne Brook et un certain nombre d’autres prisonniers sorciers, mais elle se réfléchit. Il n’a pas particulièrement envie non plus que le groupe des vampires, de plus en plus gros, grossisse justement davantage ; ni même, et surtout, que le tout se termine en bain de sang. Celle que l’on nomme Rozhan sort enfin, emmitouflée dans plusieurs vêtements et étoffes qui couvrent la totalité de son corps, suivie de près par deux autres vampires, eux aussi protégés des rayons du soleil. "Fais le guet, veux-tu ?" Brook lui jette un regard en biais. "Mais tu vas vraiment y aller ?" Glenn soupire, presque autant dépité que Brook. "Je vais vraiment y aller, oui."

Passée la fameuse porte entrebâillée, l’irlandais avance à pas prudents. Les ténèbres l’engloutissent plus vite que ce qu’il aurait cru et une peur primitive le saisit par les jambes. Il s’arrête en plein milieu de ce qu’il devine être une pièce, non sans jeter des regards circulaires en espérant voir le moindre mouvement qui pourrait être hostile - ou le moindre mouvement tout court (Brook avait raison, cet endroit fout les j’tons). Quand ses pupilles se sont enfin habituées à la noirceur environnante, il se met à raser les murs en direction de la couchette où la voix d’Irene lui est parvenue. "Désolé de te décevoir, mais je respire encore." La voix rieuse est faussement légère. Il ne sait pas si Irene se souvient de leurs derniers instants ; de ce regard qu’il lui a adressé, vide d’honneur et de sens moral, à la fois dur et dépourvu de courage, quand il a fallu choisir entre elle et lui. Il s’accroupit à son chevet en évitant de regarder ses jambes cachées par une couverture. "Comment te sens-tu ?" Rozhan lui a dit qu’elle survivrait, avec une dureté telle qu’il a su qu’elle savait. "Je peux rester ?", s’enquière-t-il en aparté, observant autour pour vérifier qu’aucun autre vampire n’est là, puis se tournant vers le visage blanc (pareil à celui d'un mort) avec qui il discute. Est-ce qu’il peut rester ? Ou est-ce qu’il est en danger ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
Comme une invocation réussie, et elles sont rares dans ta vie, la présence de Glenn t'es perceptible dès que son pied fut posé à l'intérieur. Le bois qui craque alors qu'aucun sorcier n'aurait pu l'entendre, à moins d'avoir les nerfs à vif et le poison vampirique coulant dans ses veines. Tu entends aussi son cœur battre, fort, mais lentement, mais fort, alors que tu n'entendais pas celui de Rozhan comme ça. Il y est allé doucement, mais sûrement, si bien que pendant un bref instant, on aurait pu s'imaginer qu'il se soit approché d'un champ miné. Sur ses gardes. "Glenn ?" murmure. "Est-ce que... tu veux que je vienne te chercher ?" répètes-tu, d'un ton qui emprunte à ceux qui sont dans le don de soi. Apprentissage irrégulier, à tenter de discerner le vivant du mort, de l'ombre aux murmures inquiétants de la folie. Il y a tant de choses à faire alors que le pire est là, à grignoter les chairs de tes jambes, qui te font même grimacer, voire gémir de temps à autre. Des vagues, brûlantes, qui n'ont pas laissé indifférent certains du camp d'à côté - des échos effrayants dans la nuit, ceux d'une nouvelle-née à l'agonie.

"Désolé de te décevoir, mais je respire encore." si tu avais pu en être capable, tu aurais sans doute pleuré toutes les larmes de ton corps. Tu étais restée dans le doute, l'inquiétude, l'angoisse de le savoir parti, alors que tu avais tout, vraiment tout fait pour que ça ne lui arrive pas. C'était ça le deal, non ? Faire semblant, pour vous sauver tous les deux. Tenir le plus longtemps. Tu te sentais mal, et surtout fautive. Les perles brillantes qui s'écument sur tes yeux sont alors plus douloureuses que tu l'aurais cru.
"Tu vas bien ? - Comment te sens-tu ? - Toi, toi, est-ce que... ça va ?" vos mots se superposent presque, il y a comme l'urgence qui bat en toi, celle de savoir. "Je peux rester ? - Oui, oui-- reste." que tu lui réponds aussitôt avec un empressement nerveux, secouant la tête à la positive. Des forces que l'on croit revenir en te voyant, comme un miracle, alors que ton teint livide respire la non-vie. "Je suis désolée, Glenn, j'ai raté" que tu commences à dire, "J'ai--" mais tu t'interromps, portant ta main à ta bouche, comme si tu t'étais mordue l'intérieur de la joue - ce qui est presque vrai, puisqu'une de tes canines, bien trop acérée, bien trop étrangère, a ripé sur ta lèvre. Ca fait mal. La pensée est forte. Le temps se suspend, en pause étrange. Et les crispations du haut du corps, recroquevillement approximatif, lutte contre les douleurs qui serpentent, fourmillent dans tes jambes brûlées. On a rien pour te soulager. "Ca fait... mal" arrives-tu à dire dans une respiration difficilement contrôlée. Elle est pourtant forcée à la lenteur. Et tu redresses enfin un peu la tête. A nouveau. "J'ai pas réussi..." essaies-tu encore de lui dire.
Ton regard va chercher quelque chose derrière lui. Il y a un vampire, pas loin derrière, qui monte la garde, assit dans un coin. Ca fait des jours que tu le vois, et tu n'es même pas certaine qu'il se soit fait voir de Glenn. Parfois il disparaît, et parfois même tu l'oublierais. Il est gentil, tu lui as déjà parlé. "Ca me brûle dans la gorge... aussi" ton binôme serait étonné de savoir que, pour une fois, tu ne délires pas une présence. "C'est normal." fait la voix dans le dos du rouquin. La silhouette se lève, puis va se coincer pas très loin de là, là où on croirait qu'elle ne les entendrait pas. On lui avait dit de veiller, à lui aussi : on ne pouvait décemment pas lui en vouloir.
Revenir en haut Aller en bas
Glenn Ward
ENEMY OF THE STATE
Glenn Ward
Date d'inscription : 19/12/2021
Messages : 188
Crédit : self (av.), du maurier (cit.), jool (santa's gift)
Âge : Cinquante ans, en paraît généralement moins.
Occupation : Fugitif.
Allégeance : Travellers.
Particularité : Maître métamorphomage, très bon occlumens, et moyennement bon magicien sans baguette. Loup-garou mordu par Charybdis Kang, rien de moins.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t5143-glenn-rotten-but-no
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
Glenn est désolé pour Irene. Elle fait peine à voir, dans son lit de tissus rêches et de chairs brûlées - il ne voit pas les jambes, mais il commence à les sentir. Il s’est assis sur une caisse à côté et s’est positionné les mains croisées, penché en avant, vers elle. Pourtant, il n’est pas serein. Parce qu’il n’ignore pas ce qu’Irene est devenue, comme il n’a pas ignoré le possible danger qui pouvait l’atteindre entre ces quatre murs. Elle lui a demandé de rester : il a pris ça pour une autorisation.

Ses larmes et ses excuses sont inattendues. Il les accueille donc comme tout élément inattendu, en ne réagissant pas, en ne laissant pas paraître sa surprise. Glenn était là pour une bonne raison : il voulait s’assurer qu’elle ne lui en veuille pas. Il avait préparé son discours, ses excuses, il avait graissé les rouages de sa logique et réajusté la mécanique de son coeur (typical gaslighting). Avec un certain soulagement (doublé d’une certaine déception) il comprend que ça ne sera pas nécessaire. Qu’il n’aura pas à se dépêtrer de ses fautes pour être sûr et certain de ne pas l’avoir comme ennemie - Irene, seule, il ne s’en serait pas inquiété, mais Irene, transformée en vampire… c’est encore autre chose. "Shh, shh, shh, ménage tes forces…", tempère-t-il en tendant une main vers elle, une main rassurante, une main amicale - une main qui ne la touchera pas.

"Ça fait… mal." Il veut bien la croire. Irene souffre, c’est indéniable. Elle n’a jamais été particulièrement expansive, sinon pour exprimer l’effroi et l’angoisse que son don provoque, aussi, si Irene dit qu’elle a mal… c’est qu’elle doit souffrir la géhenne. Une bouffée de chaleur vient déranger l’impassibilité du visage de l’irlandais - c’est cette même honte qu’il a ressentie cette nuit où ils se sont retrouvés sur la plage à côté du corps pourri de Sam : il a parfois l’impression d’être un imposteur. Il n’est pas un père. Il n’est pas un ami. Il est une créature multiforme qui a eu le malheur de naître Homme parmi les Hommes et qui a gardé en elle cette once de cruauté qu’ont tous les êtres malheureux. Il se réfugie contre elle chaque fois qu’il manipule. Il s’appuie sur elle chaque fois qu’il fait semblant ; d’avoir de la peine, de se sentir coupable. Il n’a pas toujours été triste de ne pas comprendre son fils. Il n’a pas toujours été honnête dans sa relation avec lui. Il ne l’a pas toujours aimé d’un amour inconditionnel. Glenn est aussi un creux. Un creux qui a appris à se remplir, petit à petit, méticuleusement, en absorbant la vie autour de lui, les rires, la joie, l’amour. Mais depuis quelques temps, Glenn sent que ce creux se désemplit, comme il sent aussi que cette once de cruauté contre laquelle il s’appuie et se réfugie parfois est de plus en plus appréciable.

C’est la règle d’or des métamorphomages, lui a un jour dit son père.
S’adapter à tout.

Irene souffre, c’est indéniable, mais le masque de pitié que Glenn affiche n’est pas sincère. Il se force, là pourtant avec sincérité. Peut-être aura-t-elle moins mal en pensant être soutenue par un ami. "J’ai pas réussi…" Elle regarde ailleurs et Glenn attend, observant ses grands yeux fatigués et sa pâleur moribonde (il lui trouve un air ravissant qui l’effraie terriblement, comme quand on est au bord d’une falaise est qu’on est attiré par le vide). "Ça me brûle dans la gorge… aussi. - C’est normal." Glenn sursaute et fait craquer un bout de bois de la caisse sur laquelle il est assis. "Putain !*" Il se calme un peu en réalisant qu’il ne s’agit que d’un vampire inoffensif, puis complètement en prenant conscience de la réaction qu’il a eue - il est à cran, épuisé et clairement pas en terrain connu, mais ça n’est pas une raison pour s'oublier. D’une déglutition pénible, il fait passer la panique ressentie, puis il réajuste son pull de piètre facture contre lequel le plat de sa main s’est écrasé. Son coeur bat la chamade tandis qu’il regarde l’individu (dont il n’avait clairement pas perçu la présence) se retirer de leur périmètre. Il le suit longtemps des yeux. Puis se met à inspecter plus ou moins subtilement les recoins de pénombre en cherchant un autre camarade aux dents pointues qui aurait pu lui aussi lui échapper…

Il souffle.

"L’important, Irene," reprend-t-il calmement, comme s’il n’avait jamais sursauté sur son bout de meuble en braillant du patois, "c’est que tu sois en vie." C’est un bien grand mot qu’il veille cependant à bien articuler, le soulignant d’un hochement de tête en la regardant droit dans les yeux. "J’ai vraiment cru t’avoir perdue." Ça n’est pas un mensonge. En revenant dans le camp après l’accident, l’une des premières choses qu’il a faites a été de la chercher parmi les prisonniers."Mais Rozhan a pu te sauver, et je lui en suis reconnaissant." Ça, en revanche, c’est un mensonge. Irene ne se souvient pas, pour l’instant, mais rien ne lui dit qu’un jour sa mémoire ne ravivera pas le souvenir de leur séparation (de comment il s’est séparé d’elle). Il se repositionne comme avant - avec peut-être moins d’appui dans les bras qui se reposent sur ses cuisses, ce qui prémédite un départ proche. "Tu es bien entourée (littéralement parlant ; il jette un regard en biais dans la direction de l’autre vampire qui s’est éloigné), ils sauront t’aider, ils sauront te guérir…" Ses yeux bleus glissent sur les jambes cachées d’Irene. Il les reporte presque immédiatement sur son visage inquiet où luisent une paire de crocs longs. Un frisson glacial le parcoure. Il sourit chaleureusement. "Tout va bien Irene."

Alors que rien ne va.

Glenn a une pensée pour Brook, qui fait le guet dehors en tremblant des quilles.
C’est un garçon docile et influençable.
Il remplacera Irene sur le champ de bataille.

* = en shelta dans le texte (pour si peu, oui).
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
(waryan#1) tales of surviving - Page 2 Empty
Revenir en haut Aller en bas
 

(waryan#1) tales of surviving

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

SMOKE AND MIRRORS :: PLAYGROUND :: DEATHLY HALLOWS :: rps abandonnés