tw : chasses humaines, violence, mort, harsh language

"You must be kidding me? For real? Can't I fucking pee on this forsaken island?" Lorsque la cloche a sonné, Lottie s'est rapidement retrouvée coincée. Faut dire qu'elle avait pas prévu que la battue mensuelle soit lancée pendant qu'elle était partie pisser. Alors quand elle est ressortie de son coin et que le son glaçant annonçant le début de la chasse a résonné sur toute l'île, elle s'est un peu retrouvée seule comme une conne à courir vers le point couvert le plus proche. C'est devenu un automatisme avec le temps - c'est ce qu'on lui a appris à faire. Run as fast as you can and hide. Don't try anything funny. Try to help others when you can - and don't hesitate to yell "Marco" if you're in some kind of trouble. And most of all: don't die.
Alors, Lottie a couru. Malgré le sang dans ses veines qui s'est soudain gelé à l'idée de devoir se planquer seule, dans le silence. All alone. Depuis son arrivée à Gracefield, elle a toujours eu quelqu'un à côté d'elle ou dans les alentours quand les battues ont été lancées - d'abord y a eu Simon, puis Max, Faye, Rena, Nate, Perry, Andy, Tristram, Mallory, d'autres membres de la résistance .. Y en a certains qui lui ont même sauvé le cul à l'occasion. Ils ont toujours été dans les alentours, et elle s'est peut-être un peu trop reposée sur ça. Some kind of reassurance. Pourtant, elle n'a jamais oublié le sérieux de leur situation. I don't want to die here. I dont want to die at all.

La première émotion qu'elle a ressenti, ça a été la panique. Toujours. Peu importe ce qui est dit, dans le fond, on ne s'y habitue jamais à la situation sur l'île. On peut faire semblant, serrer les dents et blaguer sur l'horreur de la situation - mais les nuits sont atroces, et les journées aussi. Et c'est toujours la même sueur glacée qui coule le long de l'échine quand la chasse est lancée et que l'on peut entendre les premiers cris de douleur au loin, signe que les premières victimes sont tombées. Les mêmes sursauts lorsque l'un sortilège effleure les cibles recroquevillées derrières des cachettes improvisées, collées les unes contre les autres comme un regroupement d'animaux sauvages faisant face à une catastrophe naturelle.
Lottie a freeze pendant un instant, les bras ballants, toute tendue - puis elle s'est élancée vers la forêt, suivant le mouvement des prisonniers s'éparpillant un peu partout. Elle a trébuché, elle est tombée - elle s'est pris des branches dans la gueule, aussi. Mais elle n'a jamais arrêté de courir. If you stop, you die. And you don't want that. Les paroles restent gravées dans son esprit - elle ne peut pas s'arrêter. Et il n'y a personne avec elle - la môme est complètement livrée à elle-même, elle ne voit personne aux alentours. Fucking fuck.

Partout autour d'elle, le chaos. Elle fait de son mieux pour ignorer les corps au sol qu'elle peut apercevoir - maybe they're still alive (elle sait que c'est un mensonge). Lors de sa course, elle entend des voix, des râles - et des éclairs de magie rouges, verts. Son sang devient plomb - et paradoxalement, elle se sent terriblement légère, portée par l'adrénaline qui lui hurle de se mettre à l'abri au plus vite. Un coup d'oeil rageur en direction de la boule de cristal qui la suit absolument partout - ce qu'elle aimerait pouvoir shooter dedans. Mais elle a déjà essayé plusieurs fois, et sait que ça serait une perte de temps: la seule chose qu'elle peut espérer, c'est que des téléspectateurs soient touchés par son jeune âge et lui envoient un bon stock de réserves, ou quelque chose. That's how I can make myself useful here. Aussi terrible que ça sonne: elle n'a plus vraiment l'embarras du choix.
Ce n'est que lorsqu'elle se retrouve littéralement pliée en quatre à l'intérieur d'un trou sous un buisson, derrière un gros rocher, que Lottie s'autorise à pleurer. C'est plus fort qu'elle: elle a beau être ici depuis plusieurs mois, c'est toujours la même terreur qui la paralyse sur place une fois à l'abri du regard des chasseurs. La proie parfaite, tétanisée, paniquée et en train de frôler la mort. Les mains maculées de terre d'avoir creusé et rampé sont plaquées sur ses lèvres pour limiter au maximum le bruit - et elle voit tout, elle entend tout. Certains prisonniers passent sous ses yeux, poursuivis par des chasseurs - elle en reconnaît certains. Des visages connus. Lottie est impuissante. Tout ce qu'elle peut faire, c'est se cacher. Elle est incapable d'utiliser la magie, n'a aucune arme à portée de main: elle est coincée dans sa planque et assiste à la succession de plans sous ses yeux écarquillés par l'angoisse d'être la prochaine.  

Un craquement brusque au-dessus de la môme lui arrache un sursaut brusque qui fait frémir le buisson. "Ah-fuck!" Un sort perdu s'est abattu sur un arbre à quelques pas - il s'abat violemment sur sa cachette, écrase le buisson et tout ce qu'elle peut faire c'est reculer, se terrer un peu plus dans son trou à la façon d'un lièvre acculé. "You gobshite-" Coincée entre le trou, le rocher et l'arbre, Lottie reste immobile. I can't go out. Even if it fucking hurts. I can't even bring myself to yell for help. I'll just wait - if I don't die before it all ends.
Dans sa malchance, il y a eu du positif: l'arbre ne l'a pas écrasée elle, stoppé dans sa chute par le roche au-dessus. Il la recouvre cependant de toute sa hauteur, de son feuillage (et de ses insectes, aussi). Elle pourrait ramper, se frayer un passage entre les branches - and then what? Should I run again? La roche dans son dos lui semble soudain terriblement froide - ou peut-être que c'est elle qui est gelée sur place. Mais elle ne bouge pas d'un millimètre. Alors elle attend, et elle attend. She can't bring herself to move.

cw : harsh language

La nuit commence à tomber doucement - enfin, elle suppose. Il fait sombre là-dessous et la visibilité de Lottie est limitée. Peut-être même qu'il y a encore un grand soleil dehors: mais à travers les branches feuillues qui lui chatouillent les narines, elle voit pas grand-chose la pauvre môme. Par contre, elle entend parfaitement bien: et le silence lui glace le sang. Is it finally over? Faute de pouvoir faire grand-chose, elle compte les secondes, gratte le soleil - se contorsionne dans toutes les positions possibles pour essayer de se frayer un passage. Jusqu'à ce que ... "KIDDOOOOOOOW?!! - Faye?!" Oh thank God. La voix, étouffée par les branches et le manque de place, se perd un peu. "LOOOOOTTIE, WHERE THE FUCK ARE YOU?! COME ON OUT NOW, THE FUCKERS ARE GONE!" Le soulagement prend finalement le dessus sur la panique et l'agacement - Lottie se sent respirer à nouveau (autant qu'elle le puisse). Faye is here. It's okay. I can go out. "I'm here!" qu'elle crie - elle passe sa main à travers les branches, l'agite comme elle peut.
Résultat: une pauvre petite main qui sort de l'arbre et tente de faire des signes comme elle le peut, pour signaler sa présence. Dans une situation moins morbide, ça aurait presque pu être drôle. Emphase sur le presque. "Right here!" qu'elle ajoute après un court moment à gesticuler tellement que l'arbre tout entier semble s'agiter - la vérité c'est qu'il est bien trop lourd, et qu'elle n'est (malheureusement) pas aussi forte. "Under the fucking tree! I'm fucking stuck and it fucking sucks." Dans ce genre de situation, elle aimerait bien avoir les biscotos de Tristram ou de Faye. Au moins la moitié.

La gamine parvient à glisser sa tête entre deux branches, par elle ne sait quel miracle. Elle crache quelques feuilles au passage, toussote - relève la tête pour croiser le regard de Faye. À la vue de la sorcière en face d'elle, en chair et en os, la née-moldue s'apaise un peu plus (I'm fine, she's fine, it's all fine for now). Un court soupir lui échappe - à côté de son visage, la main se faufile: un petit pouce en l'air, pour signaler qu'elle va bien. "I'm fine though." juge-t-elle bon de préciser, au vu de la situation. C'est qu'on pourrait penser qu'une des ses jambes a rendu l'âme sous le poids du grand arbre: mais la chance est (ironiquement) de son côté, et elle n'a récolté que quelques égratignures. "But I can't get out." Pour souligner ses dires, elle tente (encore une fois) de se glisser entre les branches mais se retrouve coincée (encore une fois) et râle dans sa barbe (encore une fois) à coup de jurons (dont certains qu'elle a piqué à Max et Faye).
Après quelques secondes à se dandiner et à presque se crever un oeil, la rouquine porte finalement toute son attention sur la sorcière. Lottie se fige sur place dans une position tout sauf crédible (elle a la désagréable sensation d'avoir la tête dans une guillotine). "Anyone got hurt? How's Max?" L'inquiétude qui monte, finalement - Lottie sonde Faye de la tête aux pieds, se calme quand elle ne voit rien de trop alarmant (tout peut aller si vite, ici ..). "You okay?"

cw : harsh language, death joke

"Yeah, You’d better be fine, otherwise Max will have my head! and you could try harder, for real..." Aux mots de Faye, un petit ricanement échappe à Lottie alors qu'elle continue de donner des coups de pieds frustrés contre le tronc d'arbre qui l'enferme. Elle recrache une flopée de feuilles (encore), s'étouffe un peu (encore) et laisse échapper: "I'm sorry your grace just gimme a few second 'til I start turning green and break this rod in half like some fucking toothpick, hulk-style." Y un petit coup de coude de frustration qui est balancé contre l'écorce mais la rouquine le regrette bien assez vite et laisse (encore) échapper une cascade de noms d'oiseaux comme elle sait si bien le faire (quand on est entouré d'adultes qui jurent comme des charretiers, on apprend vite tout un tas de jolies expressions)(merci Max, Simon, Faye, Rena, Glenn, Tristram, Nate pour ne citer qu'eux, bien qu'ils ne soient pas les seuls).
L'inquiétude qui vient avec sa question soudaine (et pressée) est bien assez vite contenue par Faye, qui la balance au loin aussi prestement qu'un coup franc en demi-finale mondiale de football. "They’re all ok, no worries. Max is a bit out of breath, but she’s fine. She’s on the other side of the island, looking for you with Glenn. We’ll see them in the village. - Glenn is on it too? I'll definitely never hear the end of this.." râle Lottie. Un soupir lui échappe et elle jette un regard vers Faye, continue de la sonder du regard comme elle peut - puisque la brune n'a pas l'air de vouloir répondre à la deuxième partie de sa question, elle fait ses propres pronostics. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Aussi, Lottie juge que Faye a l'air (l'air, seulement) d'être en assez bonne condition: elle n'est pas en train de se vider de son sang, ce qui est (effectivement) une bonne chose.

Faye finit par se frotter les mains sur son pantalons et s'affaire un peu autour du tronc. La vision de Lottie est asset limitée puisqu'au final elle se retrouve à faire un cosplay Louis XVI contre son gré, mais elle comprend que la sorcière est en train de déblayer le passage pour lui filer un coup de main (go queen slay!). "Ok sweetie, we have two options. One, I try and lift this shit high enough for you to crawl out of here. Or two, I can’t do it, or this is too short, and I have to go and fetch one of these tall assholes." Il faut un petit temps à la môme pour assimiler les deux possibilités aussi, pour une fois, elle ne dit rien et la ferme. C'est pas forcément le moment de faire la fine bouche ou de montrer les crocs. "So what I’m suggesting is that you tell me when you’re ready, and then you’ll have approximately five seconds to get out. Does that sound good?" Un peu faiblement (et fébrilement) Lottie hoche de al tête. Elle aussi, elle a pas envie d'aller chercher d'autre gens. De un, elle veut sortir d'ici au plus vite et commence à étouffer. Ensuite, elle n'a vraiment pas envie que les autres la voient parce qu'elle est à peu près sûre que personne lui foutra jamais la paix et qu'ils se foutront de sa gueule jusqu'à sa mort (qui pourrait aussi bien arriver d'ici quelques minute que le mois prochain vu le train dans lequel elles sont). "I gotta say, I’m not a big fan of the « leaving you to rot and fetching someone else » solution... But I need you to be honest and tell me if you think you can do this. - Okay let's do this." La réponse fuse en écho, sans aucune hésitation. Au final, ça a été assez rapide comme décision. Elles sont bien sur la même longueur d'onde, toutes les deux.

Lottie se recroqueville sur elle-même, s'agite dans son maigre coin poussièreux pour tenter de trouver une position dans laquelle elle pourra filer le plus vite possible dès lors que le tronc sera un peu levé. "What's the worse that can happen? Die? Oh I'm terrified." qu'elle marmonne, à la fois pour elle et pour Faye. Y a un peu de sarcasme et un peu d'urgence dans son ton - à croire qu'elle-même ne sait pas si elle devrait rire ou pleurer (rire, c'est toujours mieux, y a trop de gens qui chialent sur cette île à commencer par Aoife et Irene). "Though I'm pretty sure I'd make an ugly ass pressed tortilla if I get crushed. All ginger, freckle-y and shit." Le ton se fait soudainement plus sombre, et y a une sorte de ricanement qui lui échappe (l'ambiance morbide qui règne sur l'île a rapidement pris sur elle).
Lottie gigote encore un peu et trouve une position plus ou moins satisfaisante dans l'angle où se trouve Faye. "C'mon Faye, make some use of those muscle of yours. I'm starting to forget what it's like to feel the wind on my skin." Et elle sort son petit poing tout sale et couvert de terre d'entre les branches, l'agite dans l'air pour souligner ses mots. "Let's show those giant assholes we don't need them to get out of trouble!!" Absolument pas visé comme commentaire. Vraiment pas. Juste une petite tentative pour tenter de se donner un regain d'énergie et de motivation (et putain, qu'est-ce qu'elle a envie de se tirer de ce merdier). "I'm ready." Et dans un même souffle: "WAIT NO. Wait wait wait-" Elle agite la main, se repositionne correctement. "Ok now I'm ready, for real."