My name is Inigo Montoya. You have killed my father. Prepare to- CLIC. I did NOT kill my WIFE ! Ah ça, déjà, c’est plus intéressant : c’est le joli visage de Thema qui emplit l’écran, et pour une fois l’intrigue ne lui semble pas si mal. Il faudrait peut-être qu’elle aille la voir, d’ailleurs – la présence de la belle actrice lui manque terriblement, alors que la grisaille est accompagnée d’un froid humide qui a le don de la rendre misérable (et de faire frisotter ses cheveux). Elle s’imagine que c’est le prix à payer pour vivre une aventure aussi enlevante (nonobstant la dernière année) et pour être près de son meilleur ami. Et, accessoirement, se reconstruire une vie (une identité ?) après que toute son existence se soit brutalement écroulée l’année précédente – il y a presque deux ans déjà, à bien y penser.

Peu importe. Il ne sert à rien de s’attarder sur le passé, n’est-ce pas ? Elle ne pourrait rien y changer, et ces pensées moroses ne suffisent qu’à la distraire du présent. Il y a beaucoup à faire, pour Nicodemo, et sa dernière découverte l’intéressera sûrement. Un coup de pouce divin, peut-être; Salamanca voudrait bien s’en arroger le mérite, mais ne peut qu’admettre qu’il s’agit là d’un incroyable coup de chance. Il y a bien un ersatz de culpabilité, quelque part près de son cœur, mais elle le chasse d’une pensée agacée. Ça n’a rien d’une trahison, et surtout pas en comparaison avec ce que les autres ont fait. Ça aussi, elle devra le souligner à Nicodemo : est-il vraiment préparé à intégrer ce monde là ? Il lui vient à l’esprit qu’elle en connaît bien peu sur son oncle, au final, et que ce dernier est dans le business depuis assez longtemps pour savoir ce qu’il fait. Sa seule responsabilité est de lui rapporter l’information. Le reste, ça le concerne.

(Comme il lui est facile d’avoir l’esprit léger.)

Salamanca en est au troisième épisode d’Elementary (vraiment, cette série-cristal n’a aucun intérêt, heureusement que Thema y campe le personnage principal) lorsque plusieurs coups retentissent à la porte. Sans prendre la peine de mettre la série sur pause, elle se lève d’un mouvement souple, et franchit à pas de loup la distance qui la sépare de la porte. Un regard par l’œil magique flanqué au milieu de la porte lui dévoile le visage de Martin, qu’elle n’attendait pas du tout, et surtout pas à cette heure. Ce ne serait pas si fâcheux si elle n’était pas en pyjama. Néanmoins, le sourire qui fleurit sur ses lèvres lorsqu’elle ouvre la porte n’est pas feint. « Martin ? Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? » Avec lui, difficile de savoir; il y a tout un monde entre une envie de sortir et des embrouilles. Mais quelque chose dans l’expression du sorcier fait flancher le sourire lumineux de Salamanca, et elle s’écarte pour le laisser entrer, accueillant son visiteur d’un baiser sur la joue une fois la porte refermée. « Si j’avais su que tu passerais me voir, je me serais changée, qu’elle s’excuse, une étincelle de malice dans le regard. Je peux t’offrir quelque chose à boire ? » Son petit doigt lui dit qu’il est là pour rester.

cw: mention d'alcool, mention de drogue

Zhang avait fini par sortir de sa tanière, mu par le besoin instinctif, aveugle, de sortir de l’antre où il s’était cloîtré durant de longs jours – la (brève) visite de Chen, un peu plus tôt, n’était en rien responsable de sa soudaine envie de prendre l’air, fumer une cigarette, continuer de boire sa liqueur à 70%, tirer sur une pipe d’opium dans les entrailles de l’une de leurs propres fumeries. Mais Chen saurait, qu’il se prélasse au cœur de leur royaume ou qu’il boive un shot à l’autre bout de Londres sorcier – les seuls endroits où Chen n’avait pas ses yeux se trouvaient être dangereux pour n’importe quel Wang, et si Zhang était tenté par l’idée de laisser aller libre cours à sa colère (ou à se faire faire la peau par un gang ennemi), il savait son frère capable de venir l’emmerder au-delà de la mort pour lui rappeler à quel point il avait fait honte à la famille.
Et puis, Zhang ne pouvait pas laisser la direction du Clan au trio que tout le monde espérait : il se devait de rester pour entretenir le chaos et, surtout, continuer son travail d’épine sous le pied douillet de l’hydre que se trouvaient être Chen, Sen et Mengwu.

Une valeur plus ou moins sûre, avec de l’alcool, où on ne le chercherait pas au sujet de sa sale gueule et de sa soudaine envie de briser l’une de ses habitudes de vie – pas plus d’un verre, seulement à l’occasion, préférablement en terrain connu. Salamanca était techniquement un terrain connu, mais lié à un autre pan du crime organisé ; pas vraiment en sécurité, donc, quand bien même le jeu de la sorcière était aussi clair que ses yeux de diamant.

Il avait transplané sur le palier, pris le temps de recoiffer la mèche gominée qui s’était échappée durant le voyage – il avait fait simple, pour cette visite impromptue, et passé une chemise où nageaient paresseusement deux carpes koï sous une veste en cuir de dragon rouge, son parfum camouflant le fait qu’il avait déjà commencé la fête seul, jusqu’à être interrompu par l’arrivée de Chen. On était loin de ses vêtements en flamme ou d’un étalage de couleurs criardes sur l’ensemble de sa tenue – le minimum de bling était maintenu et entretenu par la chaîne en or d’où il avait retiré son alliance, la sensation de l’anneau lui avait brûlé la poitrine aussitôt qu’il avait appris la nouvelle.

Le regard de Martin agrippa le regard surpris de Sal avant de plonger immédiatement sur sa tenue – visiblement prête à aller se coucher, et clairement seule. Parfait. « Martin ? Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? » « Je passais dans le quartier », répondit-il en pénétrant à l’intérieur de l’appartement, sa main se perchant sur la taille de Sal lorsqu’elle lui administra un baiser sur la joue, creusant le sourire qui avait étiré ses lèvres lorsqu’elle lui avait ouvert. « Si j’avais su que tu passerais me voir, je me serais changée. » « J’aime les surprises, tu sais bien », souffla-t-il avec une étincelle similaire dans son propre regard, relâchant sa taille pour faire quelques pas dans le salon, le fond sonore attirant immédiatement son attention. « Je peux t’offrir quelque chose à boire ? » « Quelque chose de fort, » son regard acéré reconnut sans mal la tête d’affiche de l’une des séries phares de la BCBC (Quon les dévorait avec une telle passion qu’il lui aurait été impossible d’oublier Elementary). « Me dis pas que toi aussi tu regardes ces conneries. » Il se laissa tomber sur le sofa sans transition, glissa ses doigts à l’intérieur de sa poche pour en sortir une bouteille de baiju encore scellée. « J’ai amené du renfort, au cas où t’aurais que du jus de raisin de merde » ajouta-t-il en déposant l’alcool sur la table en verre devant lui, son regard épousant le regard de l’actrice en gros plan sur les ondes. « Cette meuf, elle est déjà passée au club. Carré VIP, propre sur elle en apparence, mais ça tremblait trop pour que ce soit les Mermaid’s Tears qu’elle s’enchaînait. » Il conclut en sortant, cette fois, un cigare de sa poche, relevant les yeux vers Sal en lui tendant.