release the bats (sihel #3)

release the bats

@Alphonse Chafay | octobre 2007

cw. mention de mutilation, Siham n'est pas clean-clean

Il fallait traiter les problèmes dans l'ordre avant de tout brûler ailleurs que dans ses rêves (ce qui lui apporterait beaucoup de satisfaction sur le moment mais dont les répercussions risquaient d'être légèrement problématique) et dans la liste de ses problèmes, il y en avait un d'approximativement deux mètres de garrot. En plus d'être grand, il devenait urgent et comme on ne pouvait compter sur personne dans cette famille, dixit Siham, ça lui retombait dessus. Karma. C'était ça de manipuler le cousin pour bien se faire voir par le régime, on finissait par éprouver de l'affection, il finissait par se faire mordre et on se tailladait les veines allègrement pour faire cesser ses grèves de la faim. Avec du recul, elle se disait que c'était peut-être parti un petit peu trop loin mais au moins Nahel était aussi vivant qu'un vampire alité et terré depuis des mois dans sa chambre pouvait l'être. Elle commençait à connaître la pièce dans le moindre des recoins malgré la pénombre constante qui y régnait, du coussin à lézard poussiéreux au livre qui trônait toujours sur la table de chevet avec son titre qui provoquait des ricanements nerveux. Ce soir-là, ou plutôt cette nuit, son regard ne s'était même pas posé sur la couverture. Concentration extrême pour ne pas avoir l'air trop éclatée - ça l'avait prise en plein milieu de sa soirée, que c'était le moment ou jamais -, elle devait quand même se trahir dans la fébrilité de ses gestes et sa manie de ne pas tenir en place exacerbée. Elle était entrée par la fenêtre - des années à faire le mur la rendait douée en escalade de façade - avait posé à Nahel les habituelles questions - T'as soif ? T'as bu ? Pourrais-tu arrêter de bouder le sang en poche, je vais finir anémiée ? - avant de relever sa manche. "Tu peux lui parler à ce serpent ?" Le rire qui suivit sonna un peu désespéré, elle aurait bien fait glisser son couteau le long de la marque et pas forcément juste pour nourrir son cousin. Brune inspira un bon coup pour se recentrer, elle avait des choses à faire. Genre un texto à envoyer. Ou commencer par expliquer les raisons de sa présence (non, ce n'était pas que pour faire le show). "Ne fais pas trop de bruit Zarafa, tu t'évades cette nuit." Parce qu'il y en avait marre de le contempler se laisser mourir à petit feu (et de l'entendre geindre aussi). "Ne prends que le strict minimum, je ne sais pas encore l'histoire que l'on racontera..." Et s'ils optaient pour le rapt, cela risquait d'être coton d'expliquer à la BPM que oui, oui, les kidnappeurs ont à tout prix tenu à prendre Nahel, tous ses fringues, sa crème hydratante et ses manuels scolaires. Déjà que ça allait être rigolo de raconter au reste de la famille pourquoi le vampire n'était plus là sans pour autant trop se trahir. Elle réfléchirait à tout ça quand elle serait plus claire, pour l'instant place à l'action. "Où est ton gros lézard ?" demandé sur le ton du où a tu encore foutu ton putain de doudou ? avant d'esquisser un sourire désolé (toujours pas de trace d'Amani). Elle sortit son téléphone avec une nonchalance de compétition pour une sorcière même pas censée connaître ce genre d'objet, envoya un premier message à Alvarez en espérant que cette dernière soit réveillée (sinon, elle foutait juste en l'air tout son plan génial ce qui ne serait pas si étonnant de sa part) avant de tendre à Nahel le sac - cuir de dragon, top du top de la qualité -qu'elle avait sur le dos. "Mets ce que tu emportes dedans, je t'ai déjà trouvé quelques vêtements." Elle avait quand même préparé le terrain en amont (Nahel lui avait fait part de sa volonté de quitter la demeure familiale il y avait des semaines de ça, ce n'était juste pas le moment ou peut-être avait-elle retardé l'instant où il faudrait lui dire aurevoir), avait même hésité à piquer dans les affaires de son frère (n'avait pas réussi à franchir le pas de la chambre désertée depuis des mois) avant d'opter pour le neuf et de se faire chier à aller écouter un luthier bavasser pour trouver un oud potable alors qu'elle n'y connaissait rien.

Invité Invité

Ce jour-là tu ne t'étais pas attendu à la voir, et pourtant, ce n'est pas faute de t'en être langui encore quelques heures au matin, prit par cette fâcheuse envie de vouloir foutre le camp d'ici.
Un peu plus nourri (de sang frais et encore tiède, parce qu'apparemment le jeune vampire que tu es sait faire autant de caprices qu'un enfant de trois ans devant ses croustibat) tu as reprit un peu plus de forces les deux mois qui ont suivi. Tu as même réussi à parler de manière intelligible avec maman, à qui tu as raconté un peu tous tes déboires (le peu que tu puisses avoir dans les quatre murs de ta chambre), non sans quémander le retour d'Amani. On ne t'a toujours rien dit à son sujet, comme il te semble encore particulièrement difficile d'entendre que ton besoin de te nourrir de ça est quelque chose de naturel. En réalité, si ton organisme lui va mieux, ton esprit lui, n'es pas encore tout à fait remit. Pour ainsi dire, tu passes le clair de ton temps à pleurer, à relire De la résurrection (tu as trempé l'avant-dernière page), à jouer un peu de l'Oud, à demander à manger, à boire de l'eau alors que tu n'en as plus besoin. Et lorsque tu n'as plus tout ceci à faire, tu te perds dans les images fractionnées qui te reviennent de cette terrible nuit de juillet, celle de ton anniversaire, où la douleur et l'horreur se sont mêlées et t'ont marqué à jamais.
Même qu'un jour, c'était il y a peut-être une semaine de ça, papa a oublié de remettre l'insonorisation magique autour de ta chambre, alors tu as entendu ce qu'ils ont dit. Et ça, ça t'a fait vraiment du mal de l'entendre, parce qu'ils ont dit du mal de Sissi. Ils se sont tous prit le choux, se sont blâmés, surtout tes parents, qui auraient dû plus s'occuper de toi, ne pas te laisser partir dans les bras tentaculaires de Farouk (Allah y rahmou) et encore moins te laisser traîner avec sa rejetonne, à qui on ne confierait pas même un animal domestique.

Aujourd'hui encore, pourtant, elle reste la seule à qui tu souhaites faire confiance, la seule que tu souhaites suivre : c'est une coïncidence que son sang soit un délice, de toute façon, tu as la fâcheuse tendance à décrocher ton esprit de ton corps dans ces situations. Tu ne seras jamais vraiment prêt à oublier, à moins qu'on ne te force la main à ce sujet.
Aujourd'hui encore, elle rentre par ta fenêtre (vous avez votre rituel) et c'est avec impatience et sourire crispé que tu l'accueilles, à défaut de pouvoir être plus apaisé. Chaque jour et chaque nuit passées à attendre le moment où elle allait te libérer, comme elle te l'avait promit. Te faire sortir d'ici. Tant de prières lancées à Allah le miséricordieux pour qu'enfin, et tu le remercierais mille fois, elle te tende enfin les bras : "Ne fais pas trop de bruit Zarafa, tu t'évades cette nuit."

Cela provoque comme un court-circuit dans ton cerveau abîmé, et tes yeux se noient presque aussitôt de larmes. "C'est… c'est vrai ? — Ne prends que le strict minimum, je ne sais pas encore l'histoire que l'on racontera…" sans doute que tu es mort, ou que le méchant vampire qui t'a mordu est revenu te chercher pour te faire faire le ménage on ne sait trop où ? Peu importe, pour ton salut, tu serais capable de tous les sacrifices, et pour toi, partir avec Sissi, rester avec elle, ne plus être ici, c'est tout ce que tu te souhaiterais. Maman, papa, toute la famille… ils ne peuvent pas comprendre. Ils n'ont jamais pu. "D'accord…" tu te lèves un peu, tu es dans ta djellaba violette et tu aurais peut-être mieux fait de t'habiller autrement au petit matin. (1) "Où est ton gros lézard ? — Léon ? Il est… il est dans la pièce à côté, je crois… ils voulaient pas que… que je le garde avec moi." tu n'oses pas te demander pourquoi, ou au moins mentionner cette réflexion à l'oral. En réalité, avant-hier, tu as encore failli le… "Mets ce que tu emportes dedans, je t'ai déjà trouvé quelques vêtements." tu hoches la tête à la positive et t'active, non sans être un peu déboussolé. Tu ne réfléchis pas vraiment concernant les choses que tu souhaites emporter, sans doute parce que tu te dis que tu seras pas loin de Sissi, et que dans le pire des cas, elle pourrait t'emmener ce qui a manqué. Force est de constater que ta naïveté te perdra, maintenant et à jamais.

Quelques vêtements (pas grand-chose), ton Coran et De la résurrection, ta baguette, le gri-gri que t'a donné Shaula, et puis… "J'aimerais ramener mon Oud…" et aller chercher Léon. À choisir entre les deux, c'est Léon que tu prendrais, et il irait bien dans tes bras, ton Oud lui aurait pu être sur ton dos, mais sans doute dirait-elle non. "Je peux le ramener ? Et comment je… comment on va chercher Léon à côté ? Y'a juste tonton en bas…" tu pourrais le faire, à tes risques et périls, mais tu ne passerais pas inaperçu, avec ta taille de girafe et ta gaucherie manifeste. En plus tu n'as pas utilisé ta magie depuis longtemps, et tu n'es pas certain de connaître un sortilège pour pouvoir traverser le mur de ta chambre et atteindre la pièce où se trouve ton gros lézard, ni même celui qui te ferait avoir l'air petit… de toute façon, il n'y avait que Lotfi en bas, et il ne serait sans doute pas aussi alerte que ça… pas vrai ? "On va où après… ?" ça, c'était peut-être un peu trop tôt pour le demander…

release the bats

@Alphonse Chafay | octobre 2007

cw. Siham n'est pas clean-clean

Ce qui était bien avec Nahel, c'était qu'il ne semblait pas remarquer ses failles , yeux dépourvus de la moindre trace de mépris. Un jour, cela changerait et il se rendrait compte qu'elle - à l'image de son père auparavant - n'était qu'imposture. Que si la marque qu'elle lui agitait sous le nez n'avait pas été prise par conviction, elle n'en restait pas moins réelle. Elle se détestait, un peu, et dans le fond, le sauvait lui sonnait presque comme un acte de rédemption. Elle annonça la nouvelle de but en blanc, finit de le voir chouiner dans la pièce qu'elle commençait à détester à force d'y être trop restée enfermée. "C'est… c'est vrai ?" "Oui" Petit sourire qui s'effaça à l'instant où s'embuaient les yeux de son cousin. "Mais ne pleure pas, ça va aller hein ?" Elle détestait les larmes, pas tant parce que c'était signe de faiblesse que parce qu'elle ne savait jamais trop comment les gérer.

Elle donna ses ordres, retrouva contenance par la même occasion, s'enquit même du lézard. "Léon ? Il est… il est dans la pièce à côté, je crois… ils voulaient pas que… que je le garde avec moi." Ils buvaient du sang froid les vampires ? Elle ne posa pas la question à haute-voix, elle interrogerait son hound à l'occasion (ou oublierait plus probablement). "D'accord. Quel type de pièce ?" Une chambre d'amis ne devrait pas poser de problème mais un bureau ou une bibliothèque, pour peu que les habitants du manoir soient un chouïa paranoïaque, il risquait d'y avoir des alarmes. Elle suivait son cousin des yeux, contrôlant plus ou moins consciemment ce qu'il choisissait d'amener et son coeur manqua un battement quand il embarqua son bouquin d'anniversaire. Elle faillit le lui arracher des mains, parce que son cadeau pourri (et peut-être maudit avec du recul) ne méritait pas mieux que de rester à moisir dans la chambre. "J'aimerais ramener mon Oud…" Bien sûr qu'il voulait ramener son oud. "Je peux le ramener ? Et comment je… comment on va chercher Léon à côté ? Y'a juste tonton en bas…" Lotfi donc. Elle espérait avoir été assez discrète pour ne pas l'alerter, Siham n'était pas vraiment d'humeur à discuter avec l'homme qu'elle ne connaissait pas tant que ça. "Non, laisse ton oud là." Il était notoire que Nahel en jouait et c'était un des objets que l'on chercherai si on soupçonnait l'exfiltration. "Je t'ai pris celui de mon frère" mentit-elle, comme si ça allait gommer le fait qu'elle n'avait même pas pu s'avancer d'un pas dans la chambre du disparu. "On va où après… ?" Claquement de langue. "Ne sois pas si impatient Zarafa." Ton un rien moqueur, ça lui allait bien de dire ça. Pourtant, elle aimerait bien que le moment dure un peu car si tout marchait comme prévu, rien ne serait plus comme avant. Bientôt, ce serait à son tour de pleurer et elle ne voudrait surtout pas le faire devant témoin. "Le mieux, c'est que j'aille chercher Leon" déclara-t-elle, persuadée que même ivre morte elle resterait plus discrète que son dadais de petit cousin qu'elle croyait totalement capable de se prendre les pieds dans sa djellaba avant même de franchir la porte. Puis ça l'occuperait comme ça et il ne verrait pas qu'elle était triste.

Siham se glissa dans le couloir à pas de loup pas tout à fait clair, sens - un peu émoussés - aux aguets et cru presque apercevoir la silhouette dédaigneuse de Majid apparaître au loin. Elle retint son souffle le temps de réaliser que ce n'était que l'ombre d'un meuble non-identifié et reprit son long trajet. La porte s'ouvrit sans un grincement et Leon la regardait de ses pupilles fendues de reptile. Elle chuchota quelques mots rassurants à la bête avant d'ouvrir la cage pour s'en saisir. Mais Leon devait sentir qu'elle n'était pas particulièrement fan des lézards géants qui se tortillaient entre ses doigts et eut tôt fait de lui mettre un coup de griffes. Juron étouffé, il manqua de filer et Siham ne réussit à assurer sa prise sur le ventre écailleux qu'au dernier moment. Quelle galère. Retour à la chambre, elle donna illico le bébé à Nahel avant de porter par réflexe son doigt griffé à ses lèvres. Goût du sang dans la bouche. Wait. "Ça va, tu n'as pas trop faim ?" demanda-t-elle, presque inquiète, parce que ce n'était absolument pas le moment pour qu'il perde pied.

(dé)

Invité Invité

Quant bien même Sissi voudrait que tu ne pleures pas, tu étais bien faible face à tes émotions, depuis toujours dira t-on même. Tenter d'ordonner tes pensées pour pouvoir répondre au besoin de ta cousine semble être ta priorité, alors que tout semble remuer sous tes pieds. Tes affaires sont plus ou moins en place, et la seule chose que tu réponds à sa question est une chambre ?, prononcé à l'interrogative par erreur, marquant l'opération future du sceau de l'imprévisible. Ca ne semblait pas être le pire dans l'histoire, à vrai dire, puisque tu lui as fait preuve de ton envie (qui se révèle être plutôt un besoin) de ramener ton Oud - ramener où, t'en sais rien - chose que ta cousine ne souhaite pas. "Non, laisse ton oud là." c'est à ce moment précis que ton instinct (ou un truc qui y ressemble) te tord les boyaux et pique ton cœur déjà affaibli : quelque chose ne va pas. "Je t'ai pris celui de mon frère - Il joue aussi lui ?..." l'information ne te revient pas, mais sa parade fonctionne vaguement, alors que ton regard de girafe sous sédatif se peint d'inquiétude. Mieux, elle ne répond pas à la question du où on va, et reporte ton attention sur Léon.

Quand Siham se fait la malle pour aller chercher le concerné, tu te retrouves comme un piquet au milieu de ta chambre, prit par une anxiété tout à fait manifeste (tes mains se pressent et se tortillent entre elles, alors que tes bruns glissent un peu vers le sol, chute lente que tu ressens à tous les niveaux). Tu vas vraiment partir. Sissi va peut-être te mettre quelque part chez elle ? Tu l'espères. Si ça se trouve, elle a des quartiers magiquement cachés, comme certains riches sorciers le font (et peut-être même que tonton l'a déjà fait aussi au manoir, va savoir). Il te semble être perdu dans deux phases, deux endroits différents, alors que tu n'as guère bougé ; c'est la raison pour laquelle tu parais si hagard lorsqu'elle réapparaît avec ton gros copain dans les bras, et qu'elle te le fiche dans les bras. "Léon..." que tu bredouilles comme si ça faisait dix ans que tu l'avais pas vu (c'est l'effet que ça t'a fait, en tout cas).
Des retrouvailles qui se retrouvent soudainement voilées d'un appétit encore vorace, celui d'un jeune moineau à dents longues. Il y a une odeur sur la patte du reptile, une odeur que tu connais que trop bien, et la voix à qui elle appartient fait soudainement irruption. "Ca va, tu n'as pas trop faim ? - Faim ?" faim de quoi, allais-tu dire même, alors que ton esprit est déjà parti dans les nuages de l'appétit (à moins qu'il ne s'agisse que de gourmandise, à ce stade). Un si bon fumet sous le nez, qu'on ait faim ou pas, faisait toujours son petit effet chez les plus jeunes, et tu en fais malheureusement partie.

Tu ravales ta salive quasi-inexistante. Trouve une force dans le fait de n'être qu'à moitié présent.

"Je dois faire quoi maintenant Sissi ?..." au fond de ta gorge, il y a un arrière-goût d'alarme.

***

Léon dans les bras et un sac vaguement trop léger sur le dos, tu te sens particulièrement fébrile une fois sorti, et surtout, une fois planté ici. Le monde te semble soudainement gigantesque et l'envie de pleurer te saisit : où tu vas après ? Il y a rien autour de vous, enfin, rien qui puisse signaler que tu allais pouvoir poser tes valises là. C'était même plutôt inquiétant, parce qu'à vous voir, c'était un camping que Sissi te proposait comme porte de sortie. Peut-être pas la meilleure chose que tu avais envisagé, dans tes fantasmes de fugue.

"...on va où maintenant ?" t'es anxieux, c'est peu de le dire. Mille questions bataillent dans ton esprit alors que tu devrais n'en poser qu'une seule. "Je crois que... j'ai faim" ou soif, tu saurais pas dire, mais la tête te tourne, comme cette odeur qui n'est toujours pas partie.

release the bats

@Alphonse Chafay | octobre 2007

cw. Siham n'est pas clean-clean, mutilation

Les yeux passèrent de son cousin à son doigt ensanglanté. Quelle conne ! Vague de panique qui vint lui glacer les entrailles, son semblant d'assurance parut être un lointain souvenir alors que Siham se maudissait intérieurement. Le plan était trop à l'arrache, trop en solo, elle était trop éclatée et si d'habitude ça allait, là il y avait Nahel dans l'équation et elle ne voulait surtout pas le mettre en danger (ou se mettre en danger, les crocs n'étaient jamais très loin). "Faim ?" Elle eut un rire nerveux avant de secouer la tête. Finalement sa bonne étoile servait à quelque chose, Nahel n'allait pas lui sauter à la gorge ni à celle de Léon, même un jeune vampire ne vrillait pas pour une égratignure. Elle inspira un grand coup, essayant de remettre de l'ordre dans ses idées fumeuses. L'oud, le lézard, les objets, De la Résurrection (l'ombre de son père planerait donc jusqu'au bout), Nahel. "Je dois faire quoi maintenant Sissi ?..." Elle lui sourit - rictus un rien triste - avant de désigner la fenêtre. "Maintenant on descend. Donne moi Léon." Elle ne tenait pas à transplaner à l'intérieur d'un manoir dont elle ignorait les protections et doutait que son cousin sache escalader les mains encombrées. Un sort plus tard et la gouttière était métamorphosée en échelle, le cousin fut quasiment poussé dehors (avant qu'il ne se mette à chouiner, elle commençait à cerner l'énergumène) et Siham le suivit aussi silencieusement que possible. Ils marchèrent un peu dans la nuit, rejoignirent l'endroit où la brune avait posé un sac de voyage sur lequel tenait en équilibre un étui d'instrument. La brune tendit ce dernier à son cousin, prit le sac, prit la main froide de Nahel et transplana.

***

L'atterrissage ne fut pas aussi net que d'habitude voire même Siham manqua de trébucher sur un obstacle invisible. Elle fit comme si de rien n'était, épousseta ses vêtements, poussa le vice à remettre de l'ordre dans sa frange alors que les yeux balayaient les environs. L'endroit - une place de village avec sa petite fontaine en pierre - était désert si ce n'était un chat qu'ils avaient fait sursauter en arrivant. Le duo avait une drôle de dégaine ou plutôt Nahel avait une drôle de dégaine avec ses deux mètres, sa djellaba violette (on avait fait couleur moins repérable), son lézard dans les bras et son oud. Elle valait certainement pas mieux dans le fond mais la pénombre cachait ses pupilles dilatées. Siham posa le sac sur le sol avant de fouiller dans ses poches pour en tirer un paquet de cigarettes. Tant pis si Nahel apprenait qu'elle fumait, il n'allait plus pouvoir cafter auprès de grand monde (haha, elle sentait son cœur se serrer). "...on va où maintenant ?" "Pour l'instant nulle part. On a encore un petit peu de temps." Si son timing était bon, on récupérait le gamin dans vingt-trente minutes, ce qui lui laissait largement le temps de faire ce qu'elle avait à faire. Pour une fois, Siham n'avait pas hâte. Elle alluma sa cigarette d'un claquement de doigt nonchalant avant de souffler une première bouffée de fumée vers le ciel. "Je crois que... j'ai faim" Ah.

Ce qui était bien, c'était qu'elle avait tout prévu sauf le sang. Elle s'était dite un peu bêtement qu'ils en auraient là où ils allaient l'emmener, qu'il n'y en aurait pas besoin pour juste une soirée. Loupé. "Faim comment ? Non, laisse tomber, c'est bête comme question." Brune coinça sa cigarette à la commissure de ses lèvres avant de relever sa manche droite et de transformer un des galets qui parsemaient le sol en fiole pour éviter la contamination. Sur la peau mate courait encore la cicatrice de la fois d'avant, Siham la contempla quelques instants avant de rouvrir la plaie d'un sort chuchoté. Grognement de douleur, effort de concentration pour tenter de faire couler le liquide carmin dans la fiole. Et ce fut au moment où elle tendit le récipient à son cousin qu'elle se souvint qu'elle n'était pas totalement à jeun. Fuck. "Renifle peut-être avant de boire ?" glissa-t-elle comme si ce n'était pas déjà trop tard. Main nerveusement passée dans les cheveux, elle récupéra sa cigarette, partit s'asseoir sur la margelle de la fontaine pour y rincer son bras. "Tu sais Zarafa, mon père..." Instant d'hésitation, pourquoi parler de ça maintenant ? Pour qu'il sache, au moins un instant, que le monde était nul à en crever. "... il ne nous aimait pas vraiment." Elle songea qu'elle ne l'avait jamais dit à haute-voix, même pas à Joseph (il n'y avait pas eu besoin de le dire), que c'était un peu pathétique de faire ce genre de déclarations en plein milieu de la nuit avec un bras découpé, deux grammes d'alcool dans le sang et les narines tapissées de reste de somnis coupée (quoique Siham était déjà bien redescendue avec son évasion à orchestrer). De toute façon, Nahel finirait par oublier. "On n'était rien que ses pions." Ricanement sans joie, il était mort maintenant et Siham était perdue. Elle releva les yeux vers Nahel, pas loin des larmes, lui fit signe de venir s'asseoir près d'elle. Elle ne lui précisa pas qu'au début, elle aussi avait prévu de se servir de son cousin et de son petit don sans y accorder plus d'importance, que ça avait misérablement loupé. "On ne peut faire confiance à personne, souviens t'en et ça te sauvera."

Invité Invité

tw: jeune vampire drogué/20

"Faim ... ? Non, ... bête ... question." sont les bribes de mots qui te parviennent alors que l'œil de girafe est coincé sur l'avant-bras de Sissi, qui ne prend pas la peine d'annoncer la suite des festivités. Le fait est que l'organisation semble moindre à ce niveau et tu es le premier à ne pas savoir t'en plaindre, ne voyant alors que le tribut qu'elle récolte dans une fiole (et c'est si peu). Lorsqu'elle te la tend, tu t'empresses d'en boire le contenu, cul sec : il n'y avait vraiment pas grand-chose, mais c'est tiède, tout juste sorti de la veine de ta cousine, et ça devrait être suffisant, mais ça ne l'est jamais lorsqu'on souhaite rassasier un jeune vampire. Son "Renifle peut-être avant de boire ?" laisse alors présager le pire, mais tu ne t'y attends certainement pas. A tel point que lorsque cette substance qui court le trésor écarlate hits, tu as l'impression qu'on vient de te mettre un coup de balai dans la tempe. Paupières qui se ferment un peu, froncement de sourcils, digestion étrange alors que Sissi, elle, continue de te parler : et tu n'entends bien que la moitié de ce beau discours.

"... il ne nous aimait pas vraiment. - Mhein... Qui ? Majid ?" tu te frottes un peu la tempe alors que ça te semble de moins en moins possible de pouvoir aligner deux pensées claires car trop rapides. Déjà que ce n'était pas facile en premier lieu, ça n'avait pas l'air d'être mieux. "... pions." tu gémis un peu avant de t'assoir, un peu par dépit, aux côtés de Siham, qui l'invite justement au même moment (les choses ont mal organisées, mais bien faites quand même, vous voyez). "On ne peut faire confiance à personne, souviens t'en et ça te sauvera. - Mais toi... je peux te faire confiance Sissi non ?" c'est en elle que tu as placé ta confiance (aveugle) et tu ne comptais pas y déroger, pas après avoir soutenu ceci avec une foi presque inébranlable, insoupçonnée. Sans doute celle des paumés. "J'ai la tête qui tourne..." et tu te sens tout lourd, pire que lorsque tu ne savais plus comment tu t'appelais. Tu chouines en essayant de comprendre ce qu'il t'arrive, en vain. Il y a quelque chose de différent dans son (sang) truc (t'es pas un vampire)(c'est pas possible), ce que ton esprit fatigué n'a pas réussi à conscientiser pour autant. Tu t'accroches à son petit bras, ta paluche de géant dessus. Tu as l'impression d'être à la dérive.

Pourtant, quelques secondes filent, et l'effet devient tout autre - tu as même l'impression de sentir ton coeur battre fort, rapidement, alors que ça n'aurait jamais dû être le cas (tu n'es pas mort, alors ???). "J'ai soif encore......." et ça commence à s'accélérer. "On y va quand ?" tu la secoues un peu, pas méchamment, mais quand même pas mal. "Sissi on y va ???" et tu te relèves d'un coup en faisant les cent pas, Léon dans les bras. Léon qui ose te dire que tu bouges trop, dans un accent que toi seul peut comprendre et entendre. "Mais allez vITE!!!" à tel point qu'on a l'impression que tu as une envie pressante, ou qu'un magasin ne s'ouvre pas à l'aube pour les soldes, alors que ce n'est pas le cas. Tu trépignes, sautant même sur place avant de revenir vers ta cousine, et saute les pieds les premiers dans la fontaine, éclabousse ce qu'il y a à éclabousser (ta djellaba est trempée). "C'est NUL ici !!!" c'est pas tout à fait ce que tu voulais dire au demeurant, mais cette énième couinerie saura sans doute réveiller celle qui est tenue de te guider.

release the bats

@Alphonse Chafay | octobre 2007

cw. drogue

Le problème de Siham (entre autre) était peut-être son mauvais timing sidérant notamment quand ça en venait aux confidences - en droite lignée d'un j'aimerais tellement te dire ce que veut mon cœur - et qu'elle n'était même pas foutue de faire à quelqu'un qui avait trois neurones alignés. "Mhein... Qui ? Majid ?" Regard scandalisé. Pourquoi parlerait-elle d'un être dont l'intérêt avoisinait celui d'un cafard ? "Mais on s'en fiche des sentiments de Majid ! Tu vas m'écouter oui ?" Ton haussé pour absolument zéro résultat, son cousin avait l'air encore plus mou que d'habitude, tel l'adolescent moyen. Pourtant, elle continua son speech, lui donnant ses meilleurs conseils, à deux doigts d'ajouter une déclaration du type "vaut mieux trahir que d'être trahi.e" et ainsi commencer l'origin story d'evil Nahel. "Mais toi... je peux te faire confiance Sissi non ?" Elle l'observa quelques instants, ne sachant pas trop si elle devait mentir ou non avant de capter qu'il avait quand même les pupilles très dilatées. "J'ai la tête qui tourne..." Merde. Putain. "Fuck !" Elle l'avait drogué à son insu, cette nuit était encore mieux que prévue. "Bien sûr que tu peux me faire confiance" qu'elle finit par souffler avant de ricaner très nerveusement. "Ca va aller, ok ? C'est juste..." La somnis. Et éventuellement l'alcool. Super. "J'ai soif encore......." Elle bafouilla un truc sur les premières fois et qu'une dose suffisait largement parce que bon ok, il était jeune et grand mais quand même, l'eau de la fontaine se teintait de rouge à cause de son bras qui y trempouillait encore et Siham sentait que ça allait devenir compliqué. A raison.

Après la girafe assommée vint la girafe survoltée qui se fit un malin plaisir de la secouer dans tous les sens. "On y va quand ?" L'estomac de la brune suivait les mouvements imposés par Nahel et elle vira au franchement vert. "Nahel, Nahel, arrête ça !" qu'elle protesta pas aussi fort qu'elle l'aurait voulu car trop occupée à se concentrer pour ne pas finir le nez dans la fontaine. "Sissi on y va ???" Et voilà qu'il se mettait à faire les cent pas sous les yeux éclatés et abasourdis de sa cousine qui était plutôt au stade de la redescente. "Mais allez vITE!!!" Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe. "Nahel, calme toi !" gueulé - ça y était, elle avait retrouvé sa voix - elle se releva pile pour se faire asperger de la tête aux pieds par l'eau saveur carmin de la fontaine. Siham retint les insultes. "C'est NUL ici !!!" Elle allait noyer le gosse. "MAIS FERME LA !"

La phrase résonna dans toute la place endormie qui ne devait plus l'être comme ça. "Je suis en train de prendre des risques pas possibles pour sauver ta peau, tes parents vont vouloir me découper en morceaux et ce sans même parler de ce que me ferait mes collègues si ils apprenaient que je couvrais un vampire. Et toi tu fais quoi ? Tu chouines, tu râles puis t'essaies de tout foutre en l'air parce que t'es pas satisfait de l'endroit de rendez-vous ??" Siham reprit son souffle une seconde, remit un semblant d'ordre dans ses cheveux mouillés. "EN PLUS JE SUIS TREMPEE MAINTENANT !" Et elle avait froid, et elle était fatiguée et elle s'énervait encore plus vite que d'habitude depuis que cette foutue marque défigurait son bras. "Putain" jura-t-elle pour la deuxième fois de la soirée (un record, d'habitude les grossièretés étaient pensées pas prononcées, elle était bien élevée) en shootant dans un caillou qu'elle rata totalement vu que son pied fini contre le rebord de la fontaine. La douleur eut le mérite de la faire redescendre un peu et quand elle posa de nouveau son regard sur Nahel, il était embué de larmes. "Nahel, je... C'est pas ce que je voulais dire, juste... Tu vas bien ?" Siham se sentait minable maintenant.

Invité Invité

tw: toujours un vampire drogué

Empressement particulièrement ardent, voire complètement nasillard, mais qui pourrait tôt ou tard finir par un caprice de vampire, bien plus coûteux en somme. Avoir éclaboussé Sissi ne l'a pas franchement rendue plus sympathique ou bavarde sur le sujet qui te taraude, et si tu le savais, tu dirais sans doute que ce serait de sa faute, pour ensuite mieux te culpabiliser toi. Elle t'a drogué à ton insu, en voulant te nourrir, et c'est un réel cadeau empoisonné qui ne fait qu'aggraver la situation déjà tendue. Tu n'as bien sûr pas de contrôle sur ce que tu dis ou tu fais, l'impression de rapidité se mêlant à celle du carambolage de tes pensées, et de ton corps qui veut seulement se mouvoir, secoué de nervosité. Tu as soudainement envie de courir, et peut-être même faire plus que beugler sur ta cousine, qui ne parvient à te faire taire qu'en beuglant plus fort à son tour. "MAIS FERME LA !" l'écho est à la fois terrible sur la place mais aussi en toi, comme si elle venait de secouer une fourmilière grouillante. Les fourmis ne s'arrêtent pas pour autant. Mais ça suffit à ce que tu entendes ce qu'elle a à dire. Vraiment. "Je suis en train de prendre des risques pas possibles pour sauver ta peau, tes parents vont vouloir me découper en morceaux et ce sans même parler de ce que me ferait mes collègues si ils apprenaient que je couvrais un vampire. Et toi tu fais quoi ? Tu chouines, tu râles puis t'essaies de tout foutre en l'air parce que t'es pas satisfait de l'endroit de rendez-vous ??" ça te fait l'effet d'un rasoir sur le visage, et sur le coeur aussi, ce même coeur qui bat anormalement vite, pour qui est sensé être à moitié mort. T'as reculé d'un pas, ton vieux déchet de reptile dans les bras. "EN PLUS JE SUIS TREMPEE MAINTENANT !" ça semble déjà un peu trop tard pour que tu comprennes le pourquoi d'une telle colère.

Tout ce qui te reste en tête, toi, c'est que c'est de ta faute, et... et que tu es un vampire. "Pourquoi t'as dit que... que..." t'es tout tremblant, à te retenir de sauter dans tous les sens, à faire l'idiot, elle tape dans un caillou (ça a fait un gros bruit quand même) et tu sors de la fontaine comme si tu préférais fuir ce qui vous reliait. Le sang à vos jambes, par exemple, et qui manifestement coule dans vos organismes respectifs, maintenant. L'émotion vive te prend aux tripes, à la gorge, et tes yeux larmoient. "Je suis pas un vampire....." que tu marmonnes en reniflant un peu. Il y a quelque chose qui se coince dans ta gorge. Tu redresses la tête, et dans un sanglot qui éraille ta voix de gamin mal grandi, tu lui assènes un inconscient : "Je-- Je sais que c'est ma faute d'accord, c'est TOUJOURS ma faute" c'est ça qu'on t'a apprit, et qu'on t'apprend encore : rien n'a changé, rien du tout, et même Sissi s'y met maintenant ? Tu pensais qu'elle était pas comme les autres, qu'elle avait comprit. Mais comme tes parents, comme les anciens, elle te répète, t'assassine d'une culpabilité que tu portes depuis trop longtemps déjà. "Si tu veux pas m'aider tu m'aides pas, puis je sais pas ce que tu veux moi, tu m'as rien dit, et on est là, alors on va où hein ??? Tu veux rien me dire parce que je vais encore tout gâcher ??? J'ai déjà tout gâché--" et y'a même pas besoin d'en dire plus, tout y est : y'a pas meilleur argument que tes foutues larmes qui coulent sur tes joues, de toute façon. En plus, tu t'es abîmé la lèvre avec un de tes crocs neufs, à autant parler. Après quelques brèves secondes, tu es réinvesti par une douloureuse dissonance psychique. "Et pourquoi tu dis que je suis un vampire ?????!" la drogue n'en reste pas moins fautive. Même si tu ne l'as jamais entendu, ni accepté. "Ca existe même pas d'accord !!!" c'était peut-être même le signal pour annoncer qu'il n'y avait plus rien à en tirer.

release the bats

@Alphonse Chafay | octobre 2007

cw. drogue

Elle s'en voulait - doux euphémisme -, tremblait encore un peu sous l'effet de son coup d'éclat soudain et détourna bien vite le regard pour passer de son cousin au sol. Là, la narguait le caillou dans lequel elle n'avait même pas été foutue de shooter. Nahel sortit enfin de sa fontaine - elle voyait les gouttes tomber au sol sur son passage - tout marmonnant et elle resta figée, ne sachant plus exactement quoi faire. Il n'était pas un vampire. Si seulement. Nouvelle vague de culpabilité qu'elle n'était pas la seule à ressentir. "Je-- Je sais que c'est ma faute d'accord, c'est TOUJOURS ma faute" "Mais non c'est pas de ta faute" qu'elle dit d'une toute petite voix. C'était la sienne, comme l'avait dit Majid, comme le pensait tout le reste de la famille, parce qu'elle finissait toujours par détruire tout ce qu'elle touchait même quand elle essayait de faire de son mieux. Mais ce n'était jamais assez, ça on le lui avait répété toute son enfance. "Si tu veux pas m'aider tu m'aides pas, puis je sais pas ce que tu veux moi, tu m'as rien dit, et on est là, alors on va où hein ??? Tu veux rien me dire parce que je vais encore tout gâcher ??? J'ai déjà tout gâché--" Brune releva la tête, posant ses yeux sombres sur les joues humides de son cousin, esquissa un semblant de sourire désolé avant de secouer la tête. "Non, c'est pas ça. T'as rien gâché, c'est moi, je..." Elle ne savait pas trop quoi faire, songea qu'il faudrait peut-être le prendre dans ses bras pour le réconforter ou un truc du style ou au moins s'approcher un peu. Ou au moins s'excuser.

Mais Siham ne fit rien de tout ça, bras ballants, se maudissant de ne pas être capable de trouver quoi dire ou quoi faire et d'avoir juste envie de pleurer parce qu'il pleurait. La nausée était revenue et ses vêtements mouillés lui collaient des frissons. D'un mouvement de main elle les fit sécher, incluant la djellaba de Nahel dans l'opération (il ne faudrait pas qu'il attrape froid). "Et pourquoi tu dis que je suis un vampire ?????!" Hein ? Ah oui. Elle en avait presque oublié sa petite tentative d'empoisonnement. Elle avait vraiment tout fait foirer et peut-être que Majid avait eu raison quand il lui avait sous-entendu de ne pas s'en mêler, parce qu'elle avait déjà fait assez de dégâts comme ça puis qu'elle continuait. "Ca existe même pas d'accord !!!" "D'accord !" qu'elle répondit du tac-au-tac, voix un peu tremblante, entrant dans le jeu presque par habitude. Pour mentir éhontément et aller dans le sens de son interlocuteur, ça elle savait le faire (oui elle raffolait des moldathons, all hail the Lord), ça avait même un côté de rassurant, il suffisait juste de suivre la partition. "C'était une mauvaise blague, désolée" pour tout. "Puis tu n'es pas dans ton état normal, tu as bu quelque chose de mauvais, tu te souviens ? Mais ça va aller, ok ?" Elle ne lui dit pas qu'il pouvait lui faire confiance. C'était faux de toute façon. Siham se contenta de s'approcher de lui afin de lui ôter Léon des bras. Elle posa délicatement le gecko à leurs pieds avant de trainer de nouveau son cousin vers la fontaine pour qu'ils s'assoient sur le rebord et de l'enlacer dans une étreinte maladroite. Il était froid et gigotait de tous les côtés, elle avait la tête calée sur une de ses épaules et fixait résolument un lampadaire au loin. "Désolée" répéta-t-elle encore une fois. "J'aurai aimé que ça ne se finisse pas comme ça. J'aurai aimé que rien de tout ça n'arrive..." Sa voix se brisa sur la fin alors que c'était à son tour de pleurer. Elle resserra son étreinte, pour l'immobiliser cette fois avant de glisser un "Obliviate" à son oreille.

***

Le temps qu'il reprenne ses esprits, elle avait séché ses larmes, effacé l'eye-liner qui avait coulé, briefé Léon et prié à peu près tous les dieux qu'elle connaissait pour que le sortilège ait correctement marché. Elle y avait été à la bourrin, elle en était parfaitement consciente - la délicatesse lui était étrangère - mais dans un sens, c'était mieux comme ça. Moins il en savait, moins il avait de chance de tout redécouvrir et de reprendre sa vie d'avant. Là, il serait en sécurité, loin des Al-Massri qui soit le trouvaient haram soit l'utilisaient, loin de son déni pour sa nouvelle condition vampirique, loin du gouvernement, loin de la guerre, loin d'elle qui n'en finissait pas de merder. Comme elle avait merdé sur le nom, à à tout prix avoir voulu éviter les prénoms arabes (seul celui de son père lui était venu en tête et avait tourné en boucle au point de la faire paniquer) qu'elle avait choisi le premier prénom français et tant pis si il sonnait affreusement vieillot. Le nom de famille avait suivi, comme une blague, comme Choumicha. Le soleil se levait au loin et les premiers oiseaux se mirent à chanter sous l'œil curieux de Léon. Elle s'alluma une cigarette, elle tremblait toujours un peu mais étira ses lèvres en illusion de sourire quand il sembla revenir sur terre. "Tu vas mieux ? Les secours ne vont pas tarder. Siham, enchantée." Elle était repassée à l'anglais et elle lui tendit la main pour la lui serrer, comme entre deux parfaits inconnus.

Contenu sponsorisé