17 octobre 2007

Corban déteste le Quidditch.
Déjà à Poudlard, il se rendait seulement aux compétitions lorsque ses copains (Buck) y allaient, et ça n’était jamais en manifestant un grand enthousiasme, vis-à-vis de cette sorry excuse for a hobby. Il faut dire que, chez les Yaxley, on était des chasseurs, et de fait, à quatorze ans, Corban pouvait se vanter (hrm...) d’avoir déjà ressenti la fièvre de la traque, la nausée d’un dépeçage brouillon, ou encore la terreur de voir ce sanglier magique charger dans sa direction... Autant d’adrénaline et de bile renversées qui rendaient le Quidditch bien moins savoureux et excitant à regarder.

Pour autant, suite à la réunion express des têtes de la Justice Magique, Corban avait jugé bon de mettre de côté son mépris incommensurable pour le Quidditch, afin de se charger lui-même d’aller questionner les Kensington Kings, au sujet de la disparition de Harry Potter. Il avait d’ailleurs pris cette décision suite aux accusations/remarques passives agressives de ses pairs au sujet de ses hounds qui seraient apparemment sujets (ou plutôt auteurs) de commérages intempestifs ; un état de fait qui avait d’autant plus choqué Corban qu’il avait tendance à oublier que les hounds étaient doués de parole...

Aussi, à la fin de la réunion de crise, Corban s’était élancé dans son bureau, et avait aussitôt envoyé un hibou express à l’attention du manager des Kings (dont il avait récupéré l’identité grâce au dossier que le chef de la Police Magique avait fait déposer dans son bureau) (Corban n’avait toujours pas réussi à poser un nom sur son visage... Gold? Iron Marx? ugh). Et, généralement, quand Corban était ainsi dans le rush, il avait la mauvaise habitude de presser les rendez-vous en partant presque aussitôt que le hibou dépêché (des fois même, il arrivait avant la communication, c’est dire...). Bon, cette fois-ci, cette Vivienne Machin (vraiment, les noms, aujourd’hui c’était pas son truc) aurait le temps de se préparer à la confrontation (ou le temps de fuir), le temps que Corban aboie des ordres à ses escouades en service.

Ceci dit, c’est seul qu’il débarque finalement à l’entrée du Purity Stadium dans la zone de transplanage, son antisèche sur la team serrée dans son poing crispé, le palais encore anesthésié par sa dernière boisson énergisante. Un froncement de nez vis-à-vis de l’imposant et ostentatoire édifice. "I hate this already."
A la recherche du club d’entraînement, Corban se perd un peu (histoire d’ajouter une couche à sa mauvaise humeur). Il est encore tôt dans la matinée, et le club a l’air relativement calme (ou alors ils ont tous fui sur son passage) (c’est qu’il est intimidant avec sa cape noire, saucissonné dans ses harnais à holsters, les paupières vibrant du manque de sommeil).
Il tombe finalement sur une âme qu’il hèle sans vergogne. ”Hey, you there! Hi! Corban Yaxley, from the Values Brigade,” il montre l’insigne cousue à sa cape, "I’d like to talk to your manager, please!"

Dévisageant le jeune homme de son regard aussi sexy que le vide intersidéral, Corban fait tourner ses méninges à fond la caisse, essayant de deviner l’identité de son malchanceux interlocuteur. Il passe mentalement en revue l’index des joueur.se.s de l’équipe qu’il avait compulsé l’heure précédente: plastique impeccable, la trentaine mais à peine, et la stature fière de quelqu’un qui sait que son rôle est indispensable à l’équipe: l’attirail du parfait attrapeur. "You’re... you’re Krum, right?" L’indécision est aussi palpable que son fumet Crimson Bull/manque de sommeil, et il serait risqué pour l’athlète de le contredire de quelle que manière que ce soit, en cet instant.

Cela fait déjà plusieurs heures qu’ils sont au stade et l’entraînement n’a toujours pas commencé. Dans d’autres circonstances, Viktor serait frustré, agacé même, aurait sûrement dit quelque chose. Mais aujourd’hui, il reste calme, immobile presque, là où il est perché, attendant comme le reste de l’équipe que quelque chose se passe. Autour d’eux, tout le monde est agité. Le staff de l’équipe court partout, se murmure des choses, et jette des regards vers eux à intervalle régulier. Dans la tête de Viktor, les barrières magiques qui bloquent son esprit sont bétons, ce qui lui donne sûrement un air renfrogné encore plus souligné que d'ordinaire.

Quand ils entament leur quatrième heure sans rien faire, Vivienne apparaît, l’air simplement irritée, comme si elle avait juste mieux à faire. Ses yeux scannent le groupe de joueurs en tenue qui attendent qu’on leur dise quelque chose, et s’arrêtent sur Viktor, un très léger sourire étirant ses lèvres au même moment.

"Krum, come here. I need you."

D’un même mouvement, les têtes des joueurs, titulaires et remplaçants, se tournent vers lui alors que lui-même fronce encore un peu plus les sourcils, les barrières dans sa tête encore un peu plus boostées, au cas où.

Il se lève et rejoint son manager qui semble déjà presque déjà passée à autre chose.

"Come with me, I need you to welcome the guy from the Ministry and distract him. He wants to talk to me and I really don’t have the time." (Comprenez l’envie.)

"Distract him?" Viktor demande, perplexe, essayant de contenir sa paranoïa.

"Yeah, answer his questions, tell him what he wants to hear, and mostly keep him away from me. But don’t worry. He’s like 5 feet from what I heard. You’re more intimidating than he’ll ever be, it should be over quickly." Bizarrement Viktor n’y croit pas trop mais il n’a pas le temps de lui dire parce qu’elle est déjà partie, le laissant seul dans le couloir.

Viktor ne reste pas seul très longtemps, cependant, car rapidement, un homme s’avance vers lui - correspondant sans trop de mal à la description que lui en a faite Vivienne - et l’interpelle. "Hey, you there! Hi! Corban Yaxley, from the Values Brigade. I’d like to talk to your manager, please!"

Viktor plisse les yeux pour regarder son insigne et se frotte l'arrière du crâne, mal à l'aise de devoir jouer les hôtesses d'accueil pour Vivienne. "Oh, er, she’s busy. I actually didn’t really see her this morning..." Viktor répond, essayant d’avoir l’air assez inquiet pour ne pas avoir l’air suspect, mais pas trop non plus.

"You’re... you’re Krum, right?"

Viktor pourrait presque sourire à ça, pas habitué à ce qu’on lui demande son nom. "Yes, sir. Viktor Krum," il répond en lui tendant la main. Il essaye de ne pas dévisager l’homme - Corban Yaxley, donc - mais cela se trouve être difficile, l’homme n’étant pas vraiment l’idée caricaturale qu’on pourrait se faire du chef de la Values Brigade. Le fait que Viktor fasse une ou deux têtes de plus que lui n'aidant en rien la situation. Et puis, il se laisse tenter un, "Er, may I help you?" trop habitué par son militaire de père à se montrer docile et serviable avec toute figure d'autorité qui se tienne à moins de 5 mètres de lui.

"Oh, er, she’s busy. I actually didn’t really see her this morning..." Corban cligne si fort des yeux qu’il a l’impression que ça résonne dans son crâne, et même dans tout le couloir. L’impertinence de cette réponse (bien que Krum n’est pas l’air particulièrement fier de son mensonge) le laisse quelques secondes sans voix, le temps pour le joueur de Quidditch de rebondir sur de succinctes présentations (où il donne raison à Corban, sage initiative). Il ne se voit même pas lui prendre la main et la serrer agressivement (bien que la différence de taille donne l’avantage à Viktor, et de loin), comme si sa paume était brûlante (ou moite, ce que Corban redoute, à l’idée que le jeune homme sorte tout juste d’un entraînement) (il ne discerne fort heureusement aucune trace de sueur à la lisière de ses cheveux, good)

"Er, may I help you?" Une ride se forme entre les sourcils plissés de Corban dont le corps maigrichon et nerveux ne s’est pas décrispé depuis qu’on lui a annoncé la disparition de Potter. Yeah, you may help me, by giving me a massage and at least eight hours of sleep. "Yeah, you may help me by taking me to your manager!" siffle-t-il, en ouvrant les bras, comme si Vivienne allait être tentée de s’y jeter.
Si Viktor dissimule bien sa nervosité, Corban, lui, n’a plus le temps pour ça. Et puis, généralement, voir un représentant des forces de l’ordre sur le point de faire une crise de nerfs, ça rendait tout de suite plus docile (ou agressif, mais, une fois encore, Corban ne craignait plus ce genre d’écart; il mesurait peut-être deux têtes de moins que Viktor, mais le temps et l’expérience lui avait appris à compenser son apparence physique de langoustine avec un tempérament volcanique).

"I mean, what could be more important than the visit of a rep from the Ministry?? She didn’t recieve my note? What’s she busy with anyway? You guys can’t manage yourselves??" Et, avec l’impatience, c’est également son mépris pour la discipline sportive qui remonte, à l’instar d’une bile trop longtemps contenue sans parvenir à être digérée. Même le physique irréprochable de l’athlète n’entame pas le dédain de Corban, qui ne comprend même pas pourquoi Krum avait besoin de maintenir une routine aussi rigoureuse ("the broom is doing all the work!!").

Corban s’était mis à marcher de long en large, certainement sous le regard circonspect du joueur de Quidditch. Il se masse les tempes qui viraient dangereusement au grisonnant. Il fallait qu’il rebondisse et se serve de ce qu’on lui mettait sous la main; après tout, un bon chasseur savait s’adapter quelque soit la situation. Il s’arrête un instant, froncement plus doucement les sourcils. Krum devait sensiblement avoir le même âge que Potter... wait, Krum et Potter se connaissaient bien avant, non? Le Mangemort retient son souffle, se rappelant leur intervention dans le Tournoi des trois sorciers.
"You know Potter?" Ainsi formulée, la question a l’air stupide. "I mean, of course, everyone knows Potter, but you guys met during the Three Wizards Tournament, right?" Corban s’est immobilisé, les bras croisés, comme s’il attendait quand même un peu toujours que Vivienne pointe le bout de son nez. Mais en réalité, il avait trouvé mieux à interroger. "I’ve always thought you should have been the winner, if it wasn’t for all... for all that happen back then..." Un râclement de gorge; si Corban s’était présenté comme chef de la Brigade, il avait eu la riche idée de ne pas préciser qu’il était un Mangemort, et pire encore, qu’il avait été présent lors de la catastrophe de la dernière épreuve du tournoi.

"But I guess you’re not the type of guy who hold grudges against old rivals, right? That wouldn’t be very sportsman-like..." Corban converse d’un ton détaché, prenant sur lui pour calmer sa frustration et sa nervosité inhérente à ses responsabilités. Il faisait cavalier seul, pour cette fois, et personne ne pouvait équilibrer l’équation en jouant le good cop ou le bad cop; aussi, c’était à lui d’osciller entre les deux, afin de délier la langue de son athlétique interlocuteur.

"Yeah, you may help me by taking me to your manager!" Viktor grimace. C'est dans des situations comme ça qu'il aimerait bien pouvoir se faire tout petit. Mais avec une carrure comme le sienne, c'est toujours plus pathétique que réellement efficace. "I mean, what could be more important than the visit of a rep from the Ministry?? She didn’t recieve my note? What’s she busy with anyway? You guys can’t manage yourselves??"

Viktor n'est pas très fier de penser ça - il a beau avoir que peu de respect pour les membres du gouvernement, une figure d'autorité reste une figure d'autorité - mais plus Corban Yaxley parle, plus il ressemble à un goblins hyperactif et le côté imprévisible de la chose le laisse encore un peu plus nerveux. Il est clair que les explications de Viktor ne lui conviennent en rien mais Vivienne l'a choisi lui pour le pousser sous le bus et Viktor ne peut plus vraiment se dépêtrer de ce bourbier. S'il s'en va maintenant pour aller chercher Vivienne, Yaxley sera peut être satisfait mais en contre partie, Vivienne fera de sa vie un enfer. Le choix est donc vite fait.

"I- I don't know," Viktor répond maladroitement, faisant de son mieux pour ne pas trop détourner son regard. "I- we- training has been stalled but they didn't really tell us anything and..." Viktor finit par s'arrêter de parler, comprenant que Yaxley n'attendait peut être pas vraiment de réelles réponses de sa part.

"You know Potter?" Yaxley demande alors, presque soudainement, et Viktor acquiesce lentement de la tête. "I mean, of course, everyone knows Potter, but you guys met during the Three Wizards Tournament, right?"

"We did," Viktor répond presque sèchement, n'ayant jamais trop aimé parler du tournoi avec les membres du gouvernement actuel. Ils ont tendance à avoir une vision des événements bien différentes de ce qu'ils ont réellement vécu.

"I’ve always thought you should have been the winner, if it wasn’t for all... for all that happen back then..."

Tôt dans sa formation de "comment être un parfait agent double," Hermione a invité Viktor a ne jamais se forcer à sourire. Be only what they expect you to be. If you overdo it, that's when troubles begin. Au final, ça a toujours été un conseil assez facile à suivre, surtout maintenant, lui permettant de répondre un "Thank you, sir," avec une tête d'enterrement, sans que ça détonne.  

"But I guess you’re not the type of guy who hold grudges against old rivals, right? That wouldn’t be very sportsman-like..." Yaxley poursuit, sur le ton de la conversation, mais Viktor voit clairement ce qu'il insinue, pas assez naïf pour penser qu'il n'allait pas être un suspect comme les autres.

Se raclant la gorge et se tenant un peu plus droit, les mains croisées derrière le dos, Viktor répond de façon assez formelle. "I have always considered Harry a friend, sir, if that is your question. Especially since he joined the Kings." Puis, il tente un, "Is taht why you are here? To talk about Harry?" La confusion et la naïveté ont toujours été des traits qui vont bien à Viktor et il espère qu'aujourd'hui, cela joue encore une fois en sa faveur.