Faire comme chez toi, ça n’était pas une mention qui était inconnu pour toi, bien au contraire même. Tu ne t’étais pas gênée pour débarquer l’air de rien chez ton oncle Marlon et foutre en l’air un peu tous ses projets avec Freya. Mais bon, il se proclamait meilleur oncle de l’année après tout, il fallait bien qu’il te montre que ce titre lui allait comme un gant. Mais voulant voir un peu du pays, ou plutôt ne pas avoir à enquiquiner toujours les mêmes, c’était chez Louis et Allegra que t’avais posé tes valises dernièrement. Tu te faisais un peu plus discrète, ne sortant quasiment pas de chambre si ce n’était pour manger et dire aux elfes que leurs repas n’étaient pas bons. Est-ce que tu avais honte ? Aucunement et ça ne serait probablement jamais le cas après tout. A quoi ça servait d’avoir honte dans une vie quand on n’en avait bien souvent qu’une à vivre ? Surtout que dans ce monde, suivant les individus, il se pouvait qu’elle soit plus ou moins courte.

Dans un coin de la chambre que tu occupais depuis quelques jours maintenant, tu avais fait apparaître un petit vivarium pour ton serpent. Même si tu préférais le voir en liberté, tu comprenais que ça ne soit pas du goût de tout le monde de se lever un matin, d’aller à la douche et de trouver Rampevite qui fait une petite sieste. Alors elle veillait à ce qu’il se tienne tranquille dans ce qu’elle avait aménagé pour lui ou au pire, qu’il ne sorte pas de la chambre, surtout quand elle n’était pas là, elle refusait qu’il lui arrive quoique ce soit.

Un soupir passait tes lèvres quand tu te redressais. C’était sympa d’observer un serpent mais ce n’était pas ce qu’il y avait de plus amusant non plus. De plus, tu refusais un peu de sortir de ta chambre, préférant faire la morte, ou celle qui n’était tout simplement pas là et jusqu’à aujourd’hui, ça avait fonctionné à la perfection. Quand tu étais là, tu essayais d’écrire, quand tu n’étais pas là, personne ne le savait bien souvent, c’est que tu te trouvais au Ministère de la Magie, pour un de ces entraînements qui t’agacent au plus haut point. Tu estimes que tu le maîtrises suffisament bien ce don qui est le tien, tu n’as pas besoin de continuer à t’entrainer, tu as besoin d’action. Mais ta jeunesse, c’était toujours l’une des raisons qu’on te donnait, faisait qu’on ne voulait pas t’envoyer n’importe où sans être sûr que tu ne fasses pas tout capoter. Et si tu comprenais, cela n’empêchait pas que ça t’agaçait.

Alors que tu allais essayer de te remettre à écrire, on frappait à la porte. Ca, ce n’était pas habituel. T’avais la paix généralement, on ne te voyait que pendant les repas, et c’était bien suffisant. Glissant les quelques pages noircies de mots sous ton matelas, juste au cas où, tu te levais. Faire l’absente n’aurait servit à rien de tout manière. Derrière la porte, la surprise c’était ton oncle, Louis. Qu’est-ce qu’il pouvait bien te vouloir ? Oh et après tout, il était quand même chez lui. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Si elle n’aimait pas des masses être dérangées, elle espérait surtout qu’il n’allait pas lui parler de ses parents. Qu’on la laisse un peu tranquille avec ça.

Si ça n’avait dépendu que de toi, tu aurais bien volontiers laissé cette porte fermée à double tour. Mais à ce qu’on peut raconter, ce n’est pas très polie, quand on est gentiment hébergé par quelqu’un de ne pas lui montrer ne serait-ce qu’un brin de gratitude. C’était quelque chose qui te faisait bien soupirer ça, souffler même ainsi que lever les yeux jusqu’au ciel. Tu n’étais pas polie. Enfin, si, d’une manière, tu l’étais, seulement l’agacement que tu pouvais procurer chez les gens occultait bien souvent tout le reste. A croire que c’était un don chez toi d’être plus peste que polie, mais ça ne te dérangeait pas, c’était une manière comme une autre d’agir dans le but qu’on te laisse tranquille.

Mais ce que tu détestais par-dessus tout, c’était qu’on s’immisce dans ton espace privée. Mais c’était Louis, c’était chez lui et même s’il t’avait bien gentiment donné cette chambre le temps que tu resterais chez lui, ça restait une chambre de son manoir, elle lui appartenait. Alors tu te taisais, sans pour autant pouvoir t’empêcher de soupirer quand il entrait dans ce que tu voulais être ton domaine. C’était chez toi, ton univers et il était hors de question que quiconque le souille en posant ses mains un peu n’importe où. « Ou peut-être que c’est toi qui passe trop de temps dehors et qui ne jure que par l’air frais. J’ouvre la fenêtre tous les matins. » Pourquoi fallait-il toujours en faire plus alors que ça te convenait parfaitement ? Les adultes n’étaient jamais contents de toute façon, c’était tellement nul de grandir. Pitié qu’elle ne devienne jamais aussi aigrie en prenant de l’âge.

Et voilà que maintenant, il voulait te faire sortir de ta chambre, du manoir probablement ? Cette famille devenait complètement dingue, ou l’était déjà depuis bien longtemps, un point sur lequel tu préférais ne pas t'attarder car il y aurait bien trop de choses à en dire et qu’une heure ne suffirait pas à cela. « On va où ? » T’étais las, t’avais pas envie. Mais si tu refusais, ne serait-il pas capable de te demander de te trouver une autre famille à emmerder ? Très certainement. Alors tu ne voulais pas prendre le risque car pour trouver quelqu’un qui voudrait bien de toi, maintenant que le message comme quoi t’étais assez pénible était passé, ce ne serait pas chose aisée. « Je me lave tous les matins. Dégage ! » Tu lançais le premier truc qui te passait sous la main sur la porte maintenant fermée avant de prendre un oreiller, de hurler un bon coup dedans. Ca, ça faisait du bien, fallait bien le reconnaître. Tu jetais un coup d’oeil à ton serpent, comme si t’attendait son avis sur la question mais finalement, tu pris quelques vêtements, et direction la salle de bain.

On pourra jamais dire le contraire, les pyjamas et les tenues décontractées, c’était bien plus confortable et mieux que toutes ces robes, ces chemisiers et tout le reste qui soit disant font paraître bien dans le monde. T’aimais pas ça mais pour une fois, t’avais fait l’effort, pour la simple et unique raison que t’avais aucune idée de ce qui t’attendait. En revanche, fallait pas trop compter sur tes cheveux. T’étais dans ta période, le rose c’est la vie, alors il était évident que même contre toutes les paroles du monde, tu ne changerais rien. « Je suis là, tu vas me dire où on va ou je dois deviner ? » Les mains sur les hanches, t’étais prête à ne plus avancer tant que t’en saurais pas plus. Mais le ferais-tu réellement ? « Ca va, je te conviens comme ça ? » Tu désignais ta tenue bien plus habillée que précédemment, un sourire sur les lèvres parce que t’étais quasi sûre que tes cheveux, ça passerait pas. Tant pis pour Louis, il allait devoir faire avec.