trapped (otto)

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( septembre 2001, oxford ) Liam a très peu dormi, hanté par la marque récemment apposée sur le bras de sa mère. Il est rentré volontairement tard la veille, une fois la nuit lourdement tombée et après avoir passé plusieurs heures auprès de Marietta. Il avait espéré ré-intégrer une maison silencieuse, n’abritant que des âmes endormies. Il n’était d’humeur à conserver avec personne qui soit nommé Fitzroy et il a cru brièvement y être parvenu mais ses espoirs ont vite été douchés. Il avait à peine fait un pas à l’intérieur avant que sa mère ne révèle sa présence et ne l’oblige à discuter avec elle afin qu’il lui explique en privé pourquoi sa prise de la marque du Lord avait déclenché une réaction aussi vive de sa part. Liam avait bien éprouvé une forme de culpabilité à l'idée d'avoir à l’évidence blessé sa mère, mais ce sentiment s’était vu émoussé quand il avait à nouveau entrevu l’objet de la discorde sur la peau souillée de sa génitrice. Hors de question de s’excuser pour sa réaction alors que Beth elle-même n’éprouvait pas de regret pour ce qu’il percevait de façon très visible comme une sorte de trahison. Au final, il avait réussi à surmonter cette conversation piégeuse en employant un nombre très limité de mots. Il s’était ensuite esquivé dès qu’une échappatoire s'était dévoilée et puis il s’était réfugié dans sa chambre, vaguement tenté de passer la porte de Nils au préalable sans aller jusqu'à franchir ce pas.

Il était aussi en colère (et il l’est toujours, pour ce que ça vaut) contre son frère, bien que ce dernier soit de loin (et à l'exception faite de Jude) le membre de sa famille le contrariant le moins dans l’immédiat. Il était donc passé la veille devant la porte de son frère sans la pousser et s’était à la place terré dans sa chambre en espérant que personne d’autre n’aurait l’idée de le déranger. Il s’était avachi avec humeur sur son lit, prenant à peine le temps de revêtir une tenue plus confortable pour dormir. Le sommeil avait mis un long moment à le happer alors qu’il continuait à fusiller la porte de sa chambre, comme pour défier quiconque de la passer. Il avait senti sa colère enfler en lui comme un animal agité, désireux de recouvrer sa liberté.

Au final, il ignore à quelle heure il a basculé dans le sommeil. Tout ce qu’il sait c’est qu’il n’a pas dormi longtemps. Ses yeux s’ouvrent au petit matin sur une chambre baignée d’obscurité. Le soleil n’a même pas entamé sa progression dans le ciel, ce qu’il a tôt fait constaté vu qu’il n’a pas pris la peine de rabattre ses volets en se couchant la veille. Liam reste un moment debout au milieu de la pièce, gagné de nervosité. Inutile de se recoucher, même si son corps trahit une certaine fatigue après seulement deux à trois heures de repos. Déjà et alors même que son réveil est encore tout récent, il se sent trop rongé par le rappel des évènements de la veille pour seulement envisager de se réfugier à nouveau dans le sommeil. D’autant que sa courte nuit peut se révéler une aubaine.

Il s’immobilise, tend l’oreille et ne perçoit se faisant aucun bruit dans la maison. A l’évidence personne ne paraît éveillé, ce qui n’a rien de foncièrement étrange vu qu’il doit être cinq heures du matin à tout casser. Liam n’hésite pas longtemps. Il baisse les yeux sur sa tenue. Il est encore à moitié vêtu de ses vêtements de la veille et il ne lui faut que quelques minutes pour passer une tenue propre. Il préférerait se doucher, mais cela retarderait son départ de la maison (en plus d'accroitre les risques d'éveiller quelqu'un). S’il a une chance de quitter les lieux sans s’exposer à une autre conversation déplaisante, il entend bien la saisir. Il culpabilise vaguement de ne pas avoir vu Nils depuis la veille lors de son départ en trombe de la maison, mais qu’importe. Il le contactera dans la journée.

Liam passe une main rapide dans sa tignasse histoire de se donner une allure plus présentable puis il quitte la pièce, se glissant sans bruit dans le couloir. Il traverse rapidement la distance qui le sépare de l’escalier, les tapis étendus sur le sol faisant un boulot correct pour ce qui est d’étouffer le bruit de ses pieds chaussés sur le sol. Il ignore où il va se rendre à une heure si matinale mais peu lui importe franchement. Il préfère encore poireauter n’importe où que dans la maison qui se transforme pour lui progressivement en cage. Il a l’impression que le temps file sous lui, le précipitant vers une direction dans laquelle il a d’ores et déjà commencé à s’engager. Sa décision est prise depuis un bail dans le fond. Il ne l’a juste pas encore assumée complètement.

Il atteins le bas de l’escalier et va récupérer dans le salon le manteau qu’il a abandonné la veille après s’être fait coincé par sa mère. Sa position ne lui offre pas une vue immédiate de la vaste pièce. Il entrevoit d’abord le vêtement déposé sur le dossier d’un fauteuil et retiens un soupire en comprenant que personne n’a eut l’idée de le ranger ce qui l’aurait forcé à s’attarder davantage entre ces murs. Il crie victoire trop vite, s’engage dans le salon avec trop de précipitation et il s'est déjà aventuré trop loin quand la pièce se dévoile davantage devant lui, trahissant la présence d’une autre silhouette. Découvrant devant lui son père, apparition d’autant plus glaçante qu’elle est placée sous le signe de la surprise, Liam sursaute, une main déjà à moitié tendue vers son manteau. Un juron franchit machinalement ses lèvres. « Fuck ! » Et plutôt deux fois qu’une. A croire que le monde entier est en train de se liguer contre lui. « What are y— » Il s’interrompt, trop conscient que pareille question va lui être immédiatement renvoyée. A la place il serre les dents, le corps tendu comme un arc, avant de rouvrir la bouche pour s’exprimer d’une voix dans laquelle il ne parviens pas à dissimuler efficacement son ressentiment et (plus ennuyeux encore) son appréhension. « You scared the hell out of me. » Il attrape ensuite son manteau d’un geste un peu trop brusque avant de le passer à la va-vite. Une façon peu subtile de signaler à son père, au cas où il lui en viendrait l’idée, qu’il ne jouit pas du pouvoir de le retenir ici.

@Otto Fitzroy

TRAPPED

Oxford - septembre 2001

Otto n’a jamais été aussi heureux de fouler le sol de son pays natal que pendant ce retour temporaire, et ce pour de nombreuses raisons ; à commencer par le fait qu’il en a été éloigné pendant des mois, pour mener ses recherches en Amérique du Sud. Ensuite, parce qu’il sait qu’il repartira le mois prochain, et la nature éphémère de cette visite dans sa propre demeure ne la rend que plus savoureuse. Et surtout, parce qu’après des années à prouver sa valeur, Beth a enfin reçu la Marque du Lord qu’Otto sert depuis des années, et pour rien au monde il n’aurait raté cet événement. Il en a déjà raté de nombreux, et en rate encore, et il était hors de question de ne pas être aux côtés de son épouse pour cette occasion spéciale.

Elle aurait pu être plus spéciale encore, si ses deux ingrats de fils ne s’étaient pas efforcés à gâcher cet instant précieux de la vie de leur mère. Il est peut-être injuste de la part d’Otto de les mettre dans le même panier, quand Nils n’a vraiment que montré son habituel enthousiasme mitigé, une effusion de joie en comparaison avec la réaction de Liam, autrement plus explosive et incompréhensible. Suffisamment incompréhensible pour avoir piqué la légendaire patience du patriarche des Fitzroy, et manquer de le plonger pour de bon dans une colère sèche ; et seule Beth est à remercier pour avoir coupé court à l’échange entre père et fils, qui a risqué d’escalader dangereusement.

”I’m worried about your son.” Voilà ce qu’Otto a confié à Beth, la veille au soir, au moment de se mettre au lit. L’inquiétude du Mangemort n’est pas tant celle d’un parent soucieux du bien-être de son enfant, évidemment ; elle est bien plus celle d’un représentant du Lord, qui a passé sa vie à vouer ses recherches et son travail à ce dernier, soucieux de voir l’un de ses héritiers, portant son nom qui plus est, suivre un chemin contraire au sien. Il n’y a qu’à observer le comportement de Liam lorsque l’avant-bras de sa mère a enfin reçu ce qui lui revenait de droit, pour comprendre qu’il se laisse porter par des idées dangereuses. Et s’il ne s’agissait que de cela… Force est de constater que Liam semble mettre une distance significative avec sa famille, et avec ses devoirs en tant que Fitzroy.

”Fuck !” Otto n’a jamais été du genre à dormir longuement le matin, ni à traîner au lit une fois les yeux ouverts. Et s’il s’est réveillé plus tôt ce matin, c’est tout naturellement qu’il est descendu commencer sa journée en préparant du café de deux-trois coups de baguette. Et sitôt rendu dans le salon, ses sourcils se sont froncés alors que son regard est tombé sur la veste de Liam - Beth n’a pas appris à ses enfants à ne pas laisser traîner leurs affaires ? Un autre coup de baguette, et sa tasse le suit docilement, flottant dans l’air à côté de lui, et il s’approche de la veste pour s’en emparer et la ranger lui-même— jusqu’à entendre le son reconnaissable de pas descendant les marches de l’escalier, sa curiosité alors piquée suspendant son geste en l’air. On ne peut pas dire qu’il est particulièrement surpris de se retrouver face à Liam - il l’aurait été bien plus de croiser un Jude s’aventurant hors de sa chambre à une heure si matinale. ”What are y— − Yes?”, demande-t-il en haussant un sourcil pour le détailler de la tête aux pieds, seulement pour constater que son fils est habillé de la tête aux pieds (est-ce qu’il porte la même tenue que la veille ?), visiblement prêt à partir d’un instant à l’autre - en témoigne son geste empressé vers sa veste, Otto s’écartant tout juste pour le laisser s’en saisir.

”You scared the hell out of me.” La langue du Mangemort claque contre son palais, et d’un geste mesuré, il s’empare de la tasse à ses côtés pour la porter à ses lèvres et prendre une première gorgée de café, sans vraiment se presser. ”Language Liam.” Il détaille un instant de plus son air fermé et sa posture presque nerveuse sans vraiment s’en cacher ; qu’est-ce qu’il peut encore bien faire debout à cette heure-ci, et surtout où diable pourrait-il se rendre de si bon matin ? Après sa ridicule insurrection de la veille, il serait préférable qu’il ne se faufile pas (encore) de la maison et qu’il tente un minimum de se faire pardonner son intolérable comportement - à croire que la discussion qu’il a eu avec Beth n’a pas suffi à le raisonner. Sa baguette se lève de nouveau, et après une brève formule, une seconde tasse fumante sort de la cuisine et vient les rejoindre pour se prostrer devant Liam. ”I made coffee, have a cup with me before you Disapparate to wherever you’re going. Careful, it’s hot.” Ce n’est pas vraiment une question, ni une simple invitation ; son ton est plutôt sans appel, et Otto le dit en tournant les talons pour s’installer tranquillement dans le canapé et porter de nouveau sa tasse à ses lèvres, droit comme un piquet et les jambes croisées. ”Speaking of which, where could you possibly be going this early?”, lui demande-t-il presque sur le ton de la conversation - et c’est un peu le cas, sa curiosité est légèrement piquée par son départ soudain alors que le soleil ne s’est même pas encore levé. Ce serait presque le cas, s’il n’y avait pas une pointe de reproche dans sa voix.

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Il est dégoûté d’avoir encore été surpris (la deuxième fois en moins de vingt-quatre heures), d’autant plus par Otto. Des quatre personnes susceptibles de l’intercepter dans cette maison, son géniteur constitue de loin l’option qui lui plait le moins. Moins Liam voit son père mieux il se porte et ce n’est pas l’envie qui lui manque de foutre le camp. Il pourrait peut-être d’ailleurs. Prendre Otto de vitesse, se débrouiller pour passer la porte avant lui et transplaner avant qu’il n’ait d’occasion de le retenir. A quoi bon toutefois ? Cela paraît une réaction disproportionnée, même pour Liam qui n'a pas manqué de mettre beaucoup d'effet lors de son dernier départ de la maison. Il reste donc campé sur ses jambes. Son père le reprend sur son langage. C’est une seconde nature chez Otto le concernant, à l’évidence, tout comme c’en est une pour Liam de jurer, plus particulièrement quand il se trouve en présence d’une personne qui ne lui inspire rien de mesuré ou de poli.

L’envie le brule d’envoyer Otto se faire voir. Il ne supporte pas cet homme et va jusqu’à voir en son unique présence une insulte. Liam aurait préféré que son père pourrisse toute sa vie dans une cellule. Il aurait voulu ne jamais avoir eu d’occasion de le rencontrer. Il n’a pas laissé franchement de chance à Otto, il lui faut bien le reconnaître. Aucune, vraiment. Il l’avait déjà condamné avant même de le rencontrer pour la première fois en chair et en os. Son avis sur le personnage toutefois, quand bien même il n’a été longuement fondé que sur les faits relatés par d’autres, n’en reste pas moins solide et bien appuyé. Si sa mère n’a pas réussi à lui infuser ne serait ce qu’une once d’affection pour ce sale type, personne n’y parviendra. Il n’arrive même pas à comprendre comment Otto peut simplement inspirer de la tendresse à quiconque. Le couple de ses parents est un mystère pour Liam qui se refuse à seulement envisager de mettre sa mère et son père dans le même lot. Une part de lui, primitive et solidement forgée au cours des années, les différenciera toujours, cherchant à sauver son amour pour sa mère de toutes déroutes. Même si Beth Fitzroy ne vaut pas mieux que son époux maintenant, du moins pour ce qu’il en est de la marque jumelle qui souille leurs deux avants-bras.

A cette pensée, Liam sent tempêter en lui un nouveau vent de colère qui viens presque à bout de son appréhension et de sa peur, deux émotions qui ne manquent jamais d’éclore à lui quand il se voit confronté directement à Otto. En cet instant le regard du mangemort lui pèse, lui évoquant une dalle de plomb venue se loger sur ses épaules. Malgré tout Liam ne bronche pas, tiens le cap et tâche de refluer toute la révulsion qui brule d’imprégner ses traits. C’est une chose d’être incapable du moindre geste bordé d’affection envers son propre père (il est d’ailleurs à peu près certain qu’Otto n’attend rien de tel de lui), c’en est autre de le fusiller du regard de celui qui brule de l’éradiquer de la surface de la terre.

Liam essaie de réprimer la hausse de tension qui tend son corps quand son père fait un mouvement de baguette et formule un bref sort, ce qui a pour effet de faire surgir une autre tasse fumante de la café. Merveilleux, le voilà donc poussé à déjeuner en tête à tête avec le mal incarné. Son père l’invite à se saisir de la tasse en question et à en boire le contenu en sa compagnie. Non que cela en soit vraiment une, d'invitation. Dans la bouche d’Otto les mots prennent un parfum d’ordre, défiant presque son fils de refuser. Si Liam évalue cette seconde option, il finit toutefois par s’exécuter, poussé par il ne sait trop quoi. Peut-être éprouve-t-il une sorte de curiosité qui ne lui apportera décemment rien de bon. Toujours est-il qu’il récupère la tasse, qui se trouve être effectivement nettement trop chaude et qui lui brûle un peu les doigts, puis il va s’asseoir dans un fauteuil. Son regard foncé balaie la posture prise par Otto et Liam s’applique à adopter le comportement opposé, comme pour marquer en silence son refus obstiné d’être associé au delà de son nom au criminel qui lui sert de parent. Il se recule, s’avachit un peu dans le meuble couvert de tissu. Il ne dévie jamais son regard de son père histoire de prévenir tant bien que mal ses futurs agissements. Liam trempe ensuite ses lèvres dans son café, en boit une longue gorgée. Une fois n’étant pas coutume le breuvage (qui est pourtant en théorie exactement comme il l’aime) ne lui apporte aucun des sentiments réconfortants dont il est d’ordinaire porteur. Liam est trop occupé à surveiller son père pour prendre la peine d’apprécier ce plaisir familier.

A aucun moment Liam ne fait mine de lancer la conversation, certain que Otto s’y emploiera pour eux deux, et cela ne manque effectivement pas de se produire. Le couperet tombe, les mots pleuvent de la bouche du mangemort sur un ton presque avenant (mais naturellement pas dépouillé de reproches). Une sombre blague. Les doigts enroulés autour de sa tasse, Liam ne réalise qu’il serre les dents depuis un moment que lorsqu’arrive pour lui le moment de répondre. Il s’y emploie plutôt vite, le temps d’aligner les mots adéquats dans sa tête. « I couldn't sleep so I figured I'd better go for a walk outside rather than stay at home. » Qu’il s’entend répondre à son père comme de l’extérieur, d’une voix plate et empreinte de dureté. C’est plus fort que lui. Il ne parviens à infliger aucune douceur ou chaleur (même factice) à ses mots. Il est tant et si bien habitué à détester au plus haut point Otto que feindre l’absence de ce sentiment tiens pour lui du fantasme pur et simple. Ça dépasse tout simplement le champ de ses compétences. Il arrive tout au plus à dissimuler l’étendue de sa haine, ramassant tant bien que mal tout ça derrière le cliché d’un gamin borné et rebelle, peu enclin à courber l’échine face à une figure paternelle restée trop longtemps fictive.

« I didn't want to disturb anyone's sleep by hanging out here. I was far from thinking that I wasn’t the only one awake. » Il a répondu volontairement à côté de la plaque. Que faire d’autre en même temps ? Ce n’est pas comme si Otto méritait de lui la moindre honnêteté. Liam descend une autre gorgée de café, puis une seconde dans la foulée. Vider sa tasse. Foutre le camp. C’est toujours le plan même s’il se corse un peu plus à chaque nouvel instant qui passe. « Did you have some bad dreams or is it just a habit for you to emerge so early? » De vilains rêves, peut-être, peuplés d'images sordides de son séjour écourté à Azkaban. Il faut presque ça pour apaiser brièvement l'anxiété et la contrariété de Liam : se représenter une vision défaite et pathétique de l'homme qu'il a devant les yeux. Autrefois il arrivait bien plus facilement à s'imaginer un Otto, rachitique, tout en angles, ratatiné dans le coin de sa cellule. Une grossière caricature d'homme, à la merci des détraqueurs. C'est différent maintenant que son père n'a plus rien d'imaginaire. L'homme assis devant Liam n'a rien de pitoyable et il lui est devenu impossible de se berner quant aux risques qu'il encourt ne serait ce qu'en se tenant dans la même pièce que lui.

@otto fitzroy - trapped

TRAPPED

Oxford - septembre 2001

tw:bad parenting encore et toujours help, culpabilisation, yikes

Comme Otto pouvait s’y apprendre, Liam s’empare de sa tasse de café et se pose confortablement (ou pas vraiment, en réalité, à voir comme son fils semble rigide et tendu sur son assise) sur le canapé en face de lui – good, il n’aura au moins pas à batailler avec un jeune sorcier en pleine crise de rébellion pour lui imposer de prendre le petit-déjeuner avec lui, c’est déjà ça de gagné, il suppose. ”I couldn't sleep so I figured I'd better go for a walk outside rather than stay at home.” Otto ne relève pas la sécheresse presque accusatrice dans la voix de Liam ; c’est qu’il y est bien trop habitué, tout comme à son regard aussi sévère que risible, le seul qu’il lui a jamais offert depuis près de quatre ans qu’il est revenu dans sa vie. Malgré ce que l’on peut penser, l’alchimiste n’est pas si déconnecté que cela de la situation, du moins pas au point d’ignorer pourquoi ses fils préfèrent se tenir à distance, et pourquoi ils n’auront jamais une relation “parfaite” – et tant mieux, ce n’est absolument pas ce qu’il souhaite, ni ce qu’il recherche. Il est en mesure de comprendre, tout de même, de sa logique froide et factuelle, qu’il n’y a rien de confortable à voir un quasi inconnu s’imposer à une telle place dans leur vie, après quinze longues années d’absence, quinze longues années à se faire laver le cerveau par la propagande anti-magie noire de l’ancien gouvernement, heureusement aujourd’hui tombé. Lui-même mentirait s’il affirmait être parfaitement à l’aise avec Liam et Nils – c’est d’ailleurs pourquoi il ne cherche pas particulièrement à s'immiscer dans leurs vies, qui ne l’intéressent en vérité pas plus que cela, et préfère nettement laisser Beth continuer à faire le travail qu’elle a effectuée seule ces vingt dernières années.

Cela n’enlève en rien un fait pur, simple, indélogeable : Otto est le père de Liam. Et cela lui confère bien des droits – rentrant dans le cadre de l’accord qu’ils ont avec son épouse, bien évidemment, cela va de soi. Otto est le père de Liam, et Liam a tendance à souvent l’oublier. Et une chose est sûre, un peu plus de respect de sa part ne ferait de mal à personne. Autant pour son père que pour sa mère.

”I didn't want to disturb anyone's sleep by hanging out here. I was far from thinking that I wasn’t the only one awake. − You did well, your mother needs to rest”, répond sobrement Otto en portant sa tasse à ses lèvres de nouveau pour en boire une gorgée. Pas de mention de Nils et Jude, les deux autres habitants de la maison familiale, auxquels il ne pense pas vraiment sur l’instant. Non, seul le repos de Beth lui semble important dans l’immédiat, après le calvaire que Liam lui fait vivre en ce moment. ”Did you have some bad dreams or is it just a habit for you to emerge so early?” Le sorcier lève un sourcil, prend le temps de déglutir sans se presser, et de ramener sa tasse sur ses genoux en des gestes lents et méthodiques. Pas question d’aborder ses bad dreams avec son fils, cela ne le regarde franchement pas, ni qui que ce soit d’ailleurs, si ce n’est évidemment Beth et Felix, qui en ont tous deux déjà fait les frais. ”I simply couldn’t sleep either, I had a lot on my mind”, dit-il sur le ton de la conversation en haussant légèrement une épaule, comme si le sous-entendu n’était pas évident. ”Starting with you, Liam.” Évidemment, Otto ne peut s’empêcher de le préciser, au cas où ce n’était pas assez limpide. Ce n’est pas vraiment son intention, de se prendre la tête avec Liam de si bon matin, de quoi le mettre de mauvaise humeur et de ruiner sa journée. Non, il n’est pas question de se prendre le bec : ils ne font que discuter, calmement, entre adulte, et le mangemort compte (peut-être naïvement) sur la maturité de son fils pour ne pas exploser comme il sait si bien le faire. ”I’m worried you’re starting to forget who your people are. There’s nothing more important than family, I trust your mother sacrificed a lot to prove this over and over to you and your brothers.” Ses conflits avec Liam n’ont aucune importance, vraiment, face au tracas qu’il peut faire à sa mère. Ou peut-être Otto se voile-t-il simplement la face, quand son tracas à lui est de voir sa progéniture s’éloigner du chemin tout tracé pour lui. ”You should show a bit more gratitude, instead of running away every other day. Don’t go thinking your little getaways are going unnoticed, but that’s not the point. Believe me or not, I too was young once, and I understand the need to taste a bit of freedom. But it’s no excuse to drift away from what really matters, our family and our values.” Il ne s’explique davantage sur ces valeurs, que Liam connaît parfaitement, celles réellement importantes pour Otto, et pour Beth aussi désormais qu’elle a reçu la Marque, celles qu’il compte bien transmettre à ses fils.

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Liam se sent vulnérable, pareil à un insecte épinglé sur une planche. Tout son corps lui intime de bouger, de prendre la fuite. De se subtiliser à la vue de cet homme en qui il refuse à entrevoir autre chose qu’un ennemi. Il prend malgré tout sur lui. De son point de vue, il n’en a pas le choix. Il pourrait bien prendre son père de vitesse, réussir à transplaner avant que celui-ci ne le rattrape. Peut-être qu’Otto ne s’y essaierait même pas d’ailleurs. Mais peut-être que si. Cela n’importe pas au final. Le moment n’est pas venu de fuir, mais il viendra. Liam en a désormais la conviction profonde. La prise de la marque des ténèbres par sa mère a rincé toute perspective de famille « unie » pour Liam. La situation est en train de partir en vrille et il va falloir qu’il agisse. Il ne lui reste qu’à espérer pouvoir amasser suffisamment de temps pour convaincre Nils de lui emboiter le pas. Pour l’heure, toutefois, Liam ne laisse pas ses pensées au sujet du futur parasiter de trop près le moment présent. Il se concentre sur son père et sur les mots que ce dernier a pour lui. « I simply couldn’t sleep either, I had a lot on my mind » Liam ne bronche pas. Il ne s’attendait pas à une réponse éclairée quant à la nuit écourtée de son père. Il porte à nouveau sa tasse à ses lèvres mais se fige en plein mouvement quand Otto rouvre la bouche. « Starting with you, Liam. » Wonderful. « I’m worried you’re starting to forget who your people are. There’s nothing more important than family, I trust your mother sacrificed a lot to prove this over and over to you and your brothers. » Sa tasse toujours en suspend dans les airs en chemin vers sa bouche, Liam finit par la porter lentement à ses lèvres pour en descendre une minuscule gorgée. Son corps n’est que tension, chaque mot prononcé par son père faisant vibrer une corde sensible en lui. « You should show a bit more gratitude, instead of running away every other day. Don’t go thinking your little getaways are going unnoticed, but that’s not the point. Believe me or not, I too was young once, and I understand the need to taste a bit of freedom. But it’s no excuse to drift away from what really matters, our family and our values. » Breathe. Liam n’est que raideur à ce stade, tendu comme un arc, incapable de feindre la décontraction. La colère logée dans ses veines est une bête sourde, brute et volontaire, brulant de se jeter à la figure de l’homme qui est en train de lui faire la leçon. Comme s’il en avait le moindre droit. Comme si c’était vraiment Liam le problème autour de cette table et plus largement dans cette maison.

Liam brule d’étaler ses convictions, ses propres valeurs dont il voudrait affirmer fièrement qu’elles n’ont rien à voir avec celles de l’homme qui lui fait face. Il n’a pas envie de feindre, de mentir. De suggérer seulement à Otto qu’il a la moindre emprise sur lui au nom d’un lien de sang rompu par trop d'années d’absence. Mais l’honnêteté est un luxe à l’heure actuelle heure de toute portée. Comme pour ce qui est de fuir cette maison, le moment n’est tout simplement pas encore venu pour ça. Cela ne veut toutefois pas dire pour autant que Liam n’a pas d’autre choix que d’incliner la tête avec déférence en promettant plus d’obéissance à l’avenir. Quand bien même ça serait sa seule option d’ailleurs, il aurait toutes les peines du monde à s'y plier. Il faut compter sur Nils pour ravaler en bloc toute colère et ressentiment. Liam, lui, n’a jamais été bien doué pour museler ses émotions. Il repose sa tasse sur la table avec lenteur, tenté plutôt d’en projeter le contenu sur le visage de son père. Il n’en fait rien et une fois ses deux mains libres, il les ramène le long de son corps avant de les caler légèrement sous ses cuisses. Il laisse un silence s’installer. Il brule de fermer brièvement les yeux pour se soustraire à l’attention d’Otto mais n’en fait rien. Il se force à l’affronter vaille que vaille. « You're not family to me. » Les mots pèsent sur sa langue mais il les prononce quand même. Sa voix est lourde, lestée de plomb, mais non pas s’en contenir une forme de réticence aussi. Liam ne fait pas mine d’essayer de l’étouffer. Ce n’est pas dans son intérêt. « I don't mean to be rude to you by saying that, but let's be honest. It's the fucking truth. » Il ne laisse pas son père le rappeler à l’ordre quant à son langage. Il n’y aura que bien trop d’occasions de le faire à l’avenir. Il rouvre la bouche avant qu’Otto ne se prenne l’envie de l’interrompre, se prépare à débiter un nouveau chapelet de semi-vérités (et semi-mensonges). « We are strangers. You, me and Nils are just that. You know nothing about who we are and what our life was like while all those years when you were gone. » While you were roting in jail, the place where you truly belong and that you shouldn't have ever left. « And it sucks but that's the way things went because of the choice you made before we were ever born. The same choices mom just made. » The same choices you expect from Nils and me to also make, you major asshole. Enchaîner les mots, les phrases, n’est pas facile pour Liam, mais il s’y plie quand même, ses doigts s’enfonçant dans le tissu du fauteuil sous la barrière protectrice de ses cuisses. Il s’efforce de manier sa colère en la refaçonnant tant bien que mal, en mettant juste assez de vérité dans ses mots pour arroser tous les mensonges entremêlés à l'intérieur. Sa vraie allégeance, ses vraies convictions. Une part de lui qu’Otto découvrira plus tard, quand Liam sera prêt pour ça. « So what if history makes us the displeasure of repeating itself? You lost this war years ago. It may seem like things are different now and I wish they are, but what if it all goes wrong again ? » Pour un peu il s’administrerait une tape appréciative sur le bras pour réussir à prononcer ses absurdités sans être interrompu par un haut le coeur. Non pas que cela relève du miracle. Il a acquis de l’expérience dans ce domaine. Cela fait des années maintenant qu’il cache des pans entiers de lui lorsqu’il est à l’intérieur de cette maison. « What if we lose again ? Mom and you will share a cell » if you're lucky enough, « Nils and I will be right across the hall, and what will happen to Jude ? » Il arrive à appliquer détresse et agitation dans sa voix. Ce n’est pas que du flan. Liam crains effectivement pour sa mère, pour Nils et pour Jude. Il pourrait difficilement se foutre davantage du sort d’Otto en revanche et il n’y a aucune chance pour que Liam finisse dans une cellule en raison d’une affiliation aux mangemorts et à leur saleté de Lord. Il faudra lui passer sur le corps pour apposer cette maudite marque sur son bras. « You can call me a coward or an idiot for feeling anger about this, for being scared about something who may not happening and for hurting mom cause I don't act the way you both think I should. I can deal with that but I will not excuse myself for worrying about the people I love. » Et il s’arrête là. Il ferme sa bouche, ses lèvres réduites en une ligne fine. Il espère avoir abreuvé son père de suffisamment de couleuvres pour que cela fasse la blague. Qu’Otto croira trop en son influence et sa force de persuasion pour se figurer que son gosse rebelle puisse être autre chose que ça. Un adolescent sur le tard qui n’a pas achevé sa crise, peut-être encore moins en colère que trouillard. C’est une stratégie risquée à laquelle Liam ne se serait pas essayé auprès de gens jouissant d’une connaissance même moyennement poussée de lui-même, mais, comme il l’a très justement avancé au début de sa tirade, son père ne compte pas parmi ces gens-là.

@otto fitzroy - trapped

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