BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
FORUM À ACTIVITÉ LIBRE — PAS DE RESTRICTIONS
14 février 2023 — v12 installée, forum mis en activité libre. 19 octobre 2022 — préparation de la V12 et départ de mahrun. et midoriya du staff. 4 juillet 2022 — v11 installée, arrivée de castace dans le staff. 22 mars 2022 — v10 installée. 5 décembre 2021 — v9 installée. 13 septembre 2021 — v8 installée, départ de kazhan du staff. 21 février 2021 — v7 installée. 8 novembre 2020 — v6 installée. 2 août 2020 — v5 installée, départ de jeyne du staff, arrivée de tofu et jool. 1 mars 2020 — v4 installée. 19 octobre 2019 — v3 installée. 18 juillet 2019 — v2 installée. 12 avril 2019— ouverture du forum par mahrun, kazhan, midoriya, poupoune et jeyne. 16 mars 2019— préouverture du forum. juin 2018 — début du projet.
      
Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal


 

 (daelena#3) they can be bent

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Elena Alvarez
ORDER OF THE PHOENIX
Elena Alvarez
Date d'inscription : 14/11/2020
Messages : 392
Crédit : strangehell (avatar), pp (signa), tumblr (gifs), florence + the machine (lyrics), jool-jool (crackship damnn).
Âge : vingt-neuf ans (13/04).
Occupation : fugitive, bomb maker™ back in town, chercheuse d'Horcruxes.
Allégeance : agent spécial™, membre de la Task Force de l'Ordre depuis dec. 2007, après des années de bons et loyaux services (meh) en tant que C5. (Ouistiti)
Particularité : meilleur coup de poing du quartier + chouchou de Kingsley. (elle apprend aussi l'occlumancie et la magie sans baguette depuis peu, ew.)
(daelena#3) they can be bent Empty
MessageSujet: (daelena#3) they can be bent   (daelena#3) they can be bent EmptyMar 7 Déc - 19:56
but my hand's been broken
one too many times
St James' Manor - October 2007
L’atterrissage sur les pelouses de St-James n’est pas catastrophique – mais puisque Lena se retrouve à devoir pousser sur son mauvais genou pour les retenir tous les deux, il lui arrache tout de même une grimace (aussitôt planquée aussitôt derrière un mouvement de cheveux). Elle se retourne dans un même élan vers Dae-won, le visage à moitié obstrué par les fameuses mèches ; celui-ci se détache d’elle sans plus tarder, parce qu’évidemment qu’il peut marcher, et tout seul même. Elena hoche la tête en silence, pas franchement bavarde depuis la veille au soir – elle lui emboîte même le pas sans ronchonner, reste simplement collée à lui, prête à servir de soutien à tout moment, réordonne vaguement ses cheveux pour s’occuper les mains.

C’est ironique, qu’ils aient atterri sensiblement de la même manière, au même endroit, presque exactement un mois plus tôt. Le jardin est bien plus calme que ce soir-là, toutefois ; il n’y a personne pour les accueillir, personne pour s’affoler dans ce petit matin presqu’ensoleillé du début d’octobre. Juste eux, les nuages que forment leurs respirations dans l’air frais, le bruit de la rosée sous leurs pas irréguliers, peut-être les chants d’un ou deux oiseaux au loin.
C’est vachement moins apocalyptique, mais Elena n’en a pas moins le cœur qui bat à tout rompre depuis la veille au soir, et l’estomac suffisamment noué pour n’avoir rien avalé depuis sensiblement le même moment. Elle ne respire pas la forme, et ses cernes semblent avoir regagné en une nuit le terrain qu’ils avaient perdu ces derniers jours (elle l’a peut-être rêvé, aussi) – mais ce n’est évidemment rien à côté de Dae-won, damn it, Dae-won.

Elle serait bien en peine de reconstituer le déroulé exact des évènements de la soirée ; tout au plus, Lena sait qu’elle était à un moment installée sur un des canapés de la salle commune de St-James, qu’elle avait fini par se dire qu’il commençait à être tard, et que Dae-won aurait dû être rentré, et qu’elle allait finir par ne pas l’attendre pour manger. Elle sait qu’elle a hésité à lui envoyer un message, ou à l’appeler, puis qu’elle s’était dit que ce n’était que quinze minutes, et qu’il était probablement occupé à elle-ne-savait-quoi avec elle-ne-savait-qui, et qu’elle n’était quand même pas clingy au point de faire tout un foin de si peu.
Elle sait que Javi lui a envoyé un message à un moment pour lui dire qu’il se passait quelque chose à Sweet River ; elle sait que ça lui a tordu le ventre, bizarrement, et que ça lui a fait oublier le MMS de Benny et la photo pourtant pas moins alarmante de lui-même, Ethan et Nacho. Elle sait que sans raison a priori fondée (à part l’interdiction de Javi, mais soit), elle s’est laissée du temps avant de gagner Sweet River ; elle sait qu’entretemps, d’une manière quelconque, l’alerte avait été donnée depuis l’Iron.
Elle sait qu’elle a transplané aussitôt, qu’elle a failli laisser ses poumons derrière elle à force de beugler et de courir (courir, damn it) dans les couloirs du manoir ; qu’elle a fini par le trouver, à même le sol, et que son cœur s’est cassé la gueule au moins aussi bas. Elle sait qu’elle n’a même pas eu le temps de penser qu’elle l’avait bien dit. Qu’ils ont atterri dans une petite planque de soins, où elle a été indéboulonnable jusqu’au matin, et où elle a même refusé qu’on troque sa chaise contre un fauteuil plus confortable.
Ensuite, c’est un peu plus clair : elle a fermé l’œil par intermittences, se réveillant en sursaut au moindre grognement de Dae-won (puis s’extirpant immanquablement de la tente pour aller fumer trois ou quatre clopes d’affilée, parfois avec Lucjan). Il avait pourtant fallu qu’une main tierce lui serre l’épaule, aux petites heures du matin, pour l’extirper tant de sa position improbable (jambes contre le dossier et nuque contre l’assise) que de son semblant de sommeil – Dae était réveillé, les Médicomages l’avaient déclaré apte à partir, alors après quelques mots échangés avec ceux-ci il n’avait évidemment pas fallu tarder à lever le camp.  

Dae et Lena gagnent le salon, après ce qui semble être des heures ; les lieux sont déserts, parce que personne de censé ne devrait être debout à cette heure (et qu’ils sont plusieurs à avoir eu une longue nuit). Elle lui jette un œil en passant devant les cuisines, qui elles pourraient être hantées par Sofia – finalement Lena décide de lire en son meilleur ami un assentiment silencieux, et glisse à nouveau son bras sur ses épaules au moment d’emprunter les marches. Le cheminement jusqu’à leur sa chambre est à peine moins périlleux, et elle conserve sa prise d’une torsion autoritaire du poignet ; de la même manière, Dae se voit assis sur le fameux-fauteuil-que-Lena-a-récupéré-on-ne-sait-pas-trop-où-mais-qui-si-regarde-irait-si-bien-avec-cette-nouvelle-table-de-nuit sans franchement lui demander son avis. “I’m gonna get us something to drink.” Elle a l’impression que c’est la première fois qu’elle parle depuis longtemps, alors qu’elle allume la lumière (et oui, la guirlande qu’elle a accroché le mois dernier, aussi) d’un coup de baguette flambant neuve (non), essaye de le défaire le plus doucement possible de sa veste, puis repart d’un même bond vers les cuisines.

Sofia n’y est pas (tiens donc), mais Elena tombe nez à nez avec Molly Weasley ; son air déconfit (ou l’instinct maternel de Molly) suffit à couper court à toute potentielle conversation, et celle-ci se contente d’un sourire encourageant et d’un coup de baguette au-dessus des deux tasses de thé qu’elle vient de préparer (“for good morale”). Lena la remercie d’un sourire un peu de travers, ce qui lui vaut une nouvelle main sur l’épaule – elle file sans demander son reste, et surtout avant que Dae-won n’ait le temps de faire quoi que ce soit.

“There you go”, elle dit presqu’à voix basse, alors qu’elle franchit à nouveau la porte avec les deux tasses en équilibre précaire, et qu’elle doit réfléchir un instant à comment tirer la petite table sans rien renverser (si seulement la magie existait). La manœuvre est finalement menée sans trop d’encombres, et Lena se laisse tomber sur le lit dans un soupir, à quelques centimètres seulement de l’endroit où elle a tiré le fauteuil (et Dae). La table est rapprochée dans le même temps (et dans un agréable bruit de raclement contre le sol) ; elle en profite pour désigner sa petite tasse à fleurs à Dae-won. "C'mon. Tea. Detox. Personalised by Mama Molly. They told me you could have it." Ses yeux remontent ensuite de la tasse au visage de Dae : ses traits marqués, fatigués, contusionnés, qui lui collent une nouvelle sensation d’uppercut à l’estomac. Fucking Moran. Fucking Tal, for fuck’s sake. Elle n’en revient toujours pas, ça la fout en boule, ça--

Ses yeux accrochent ceux de Dae-won. Elle pourrait en chialer, d’épuisement, d’énervement.
Ça ne fait même pas un mois, pour Little Italy. Ça ne fait même pas trois mois, pour Lee. Elle est fatiguée (non, exténuée), mais… "Don't even think about it. Let me take care of your ass for once." L’apparente réprimande quitte ses lèvres avant même que son meilleur ami ait pu se plaindre de quoi que ce soit ; et elle est en réalité servie sur un ton éminemment plus doux qu’à l’accoutumée, à nouveau presque dans un chuchotement, comme si un mot prononcé trop fort risquait de provoquer un cataclysme.

Lena se penche un peu pour reposer sa tasse (à laquelle elle n’a pas touché), lève une main pour venir la poser délicatement sur la joue abrasée du résistant. Elle ne pense même pas à la potentielle ressemblance de ce contact avec un autre, quelques semaines plus tôt,  trop occupée qu’elle est à se dire qu’il aurait pu ne plus être là, qu’elle aurait pu ne plus jamais faire ça ; qu’elle est censée faire comment, sans lui ?, qu’elle était assise dans ce putain de canapé, damn it, et qu’elle l’a laissé tout seul, et qu’elle n’a même été foutue d’arriver en temps et en heure, et que—
"How are you feeling?" La question est nulle, mais elle est sincère, et plus générale que son simple état physique, et posée toujours aussi doucement et les yeux dans les yeux (pour une fois). Il n’y a plus de place (qu’elle se dit) pour les questions parasites, et la tension qu’elle a parfois encore l’impression de sentir, connement, et qui fait peut-être partie des raisons qui l’ont poussée à découcher plus régulièrement ces derniers temps, pour la Tour ou… ou les Docks. Il n’y a plus qu’eux, littéralement, et il n’y aurait très bien pu y avoir plus qu’elle – c’est tout ce qui compte, ce qui prend toute la place dans son cerveau, et qui la pousse à laisser son pouce décrire de minuscules allers-retours sur sa joue, et à ne pas lâcher ses yeux, et à même oublier la colère, et presque le poids accablant du deuil, l’espace d’un instant. Il n’y a plus qu’eux.
Revenir en haut Aller en bas
Dae-won Song
ORDER OF THE PHOENIX
Dae-won Song
Date d'inscription : 03/10/2020
Messages : 414
Crédit : jool (avatar). marine (dessin).
Âge : 29 ans (24/01)
Occupation : Fugitif, bon petit soldat et chercheur d'Horcruxes - et accessoirement ancien référent de l'Iron et Airlock
Allégeance : Membre dévoué de la Task Force de l'Ordre du Phénix, où on le surnomme Knight
Particularité : Quart de vélane, ce qu'il a caché jusqu'à très récemment. On le croise souvent sous sa forme animagus, un berger allemand ancien type.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t4321-dae-won-the-blurrin
(daelena#3) they can be bent Empty
they can be bent
Saint James Manor - October 2007
tw: mention d’empoisonnement, blessure, sang, douleur, angst, lets gooo

Lorsqu’il ouvre les yeux, Dae-won ne ressent rien. Ou plutôt, il ressent un immense vide, au creux de son être, là où il est censé ressentir un milliard de sentiments brûlants et désordonnés, ceux qui bouillonnent sans cesse, et où il puise sa force, sa rage. Cela fait des années qu’il n’a pas baigné dans ce vide terrifiant ; il a l’impression de se retrouver face à lui-même, entièrement à nu, et de ne pas pouvoir détourner les yeux, comme dans un cauchemar étouffant dont on ne parvient à se sortir. Il s’en noierait, de ce vide qui s’infiltre dans ses poumons et en comprime tout l’air. Il a envie de hurler, de se débattre, de pleurer, de se rouler en boule, de s’arracher la peau du torse pour vérifier que quelque chose y bat toujours, en dessous, mais il reste cloué sur le dos, à détailler un plafond qu’il ne reconnaît pas.
C’est probablement sa respiration plus rapide, presque paniquée, qui a alerté le médicomage de garde. What the fuck am I doing here? Il n’a même pas besoin de poser la question (ni la force de la poser, en réalité) ; lorsque le médic pose sa main sur son front, Dae ferme à nouveau les yeux, et derrière ses paupières défilent toutes les images de la veille (du jour même ? de l’avant-veille ? depuis combien de temps est-il endormi, exactement ?).

La sensation du poison coulant dans ses veines prend le pas sur ce vide oppressant, et tout comme il s’est lentement propagé dans son corps, les souvenirs lui reviennent un par un. Il se rappelle de son corps vidé de ses forces étendus sur le sol de l’Iron ; il se rappelle du visage indifférent de Taliesin, de sa voix agacée, de son regard différent ; il se rappelle du son désagréable du parquet sous ses pas lourds, de sa vision brouillée incapable de se concentrer sur le moindre point dans l’espace ; il se rappelle du sortilège le frappant de plein fouet, de la poigne magique se refermant à l’arrière de son crâne pour manipuler les fils de son esprit.
Il se rappelle de cette impression de se voir agir en dehors de son corps, d’essayer de lutter, de crier, en vain ; il se rappelle de cette sensation poisseuse et bien trop intrusive, incomparable, douloureuse sans l’être, comme si on avait touché à des endroits de son être qui ne sont pas faits pour l’être ; il se rappelle de la clé tournant dans la serrure, et de sa main tenant la clé.
Il se rappelle du visage de Moran, extatique.
Il se rappelle de la décharge électrique traversant ses ses synapses et ses muscles engourdis ; il se rappelle de la douleur, partout, sur son visage, ses côtes, tout son corps, et il se rappelle que cela ne l’a pas arrêté ; il se rappelle du son des pas de Taliesin et Moran s’éloignant sans qu’il ne puisse les regarder, ou les retenir.
Il se rappelle du sol froid contre sa joue, de ses propres grognements ; il se rappelle du temps défiler, sans pouvoir dire s’il a attendu là, incapable de bouger, pendant une minute ou pendant des heures ; il se rappelle de la fatigue extrême le prenant, et de sa lutte constante pour ne pas sombrer, se refusant à fermer l’oeil ou à perdre connaissance, préférant plutôt rester là, à ressentir chaque os brisé de son corps, à tout se rappeler.
Il se rappelle avoir cédé, au final, seulement et uniquement en reconnaissant la voix de Lena et ses mains sur lui, comme un immense soulagement avant de se laisser engloutir.

La douleur est moindre, désormais, et la sensation du mal rongeant ses veines et ses forces a disparu ; elle a laissé autre chose, ce vide déposant un goût immonde au fond de sa bouche. Et surtout, surtout, il y a Lena. Dae n’a jamais autant eu envie de sa vie d’être seul, et qu’elle reste à ses côtés à la fois. Il autant envie de l’envoyer chier, quand elle se propose de les faire transplaner jusqu’à Saint-James, que de la serrer dans ses bras, jusqu’à ce qu’il ressente quelque chose de nouveau, qu’elle comble un minimum ce vide par sa chaleur et son odeur et sa douceur. Alors il se laisse entraîner, et c’est cette dualité qui le pousse à souffler un ”It’s okay, I can walk.” à peine audible quand ils arrivent sur le pelouse et se dirigent vers le manoir. Son regard aussi, est perdu dans le vide, et ils ne les voient même pas atteindre le salon, puis sa (leur) chambre. Il la laisse même le soutenir de nouveau, l’attraper et le forcer à s’asseoir sur le fauteuil, sans protester le moins du monde, comme une coquille creuse, si creuse qu’il ne ressent qu’à peine ses blessures qui le lancent à chaque pas. ”I’m gonna get us something to drink.” Dae-won ne répond même pas, lève simplement un œil vers elle quand elle quitte la pièce, et reste assis au bord du fauteuil.

Et il n’a aucune idée de combien de temps a passé, encore une fois, quand elle revient dans la chambre avec deux tasses de thé. Et le pire, est qu’il ne se cherche aucune excuse pour rationaliser cet état lymphatique ; il ne se dit même pas que c’est sûrement dû aux restes de la potion de confusion, à ses blessures, à sa fatigue. Pour une fois, Dae ne se ment pas à lui-même, parce qu’il sait que c’est dû au choc - la potion, la trahison de Tal, le sortilège impardonnable sur son esprit, la libération de Moran, les coups du vampire, et son impuissance sensible à pouvoir faire quoi que ce soit. ”C'mon. Tea. Detox. Personalised by Mama Molly. They told me you could have it.” La voix de Lena le ramène un peu à la surface, et il baisse les yeux sur la tasse. ”Oh, hm, thanks.” Il ne bouge pas pour autant, regarde brièvement la fumée s’échappant de la tasse à fleurs avant de revenir à Lena, un peu trop déconnecté et amorphe pour vraiment comprendre lorsqu’elle le cueille d’un : ”Don't even think about it. Let me take care of your ass for once.” En vérité, il n’y pense même plus, à lui dire qu’il n’a pas besoin d’aide, encore moins d’une tasse de thé, simplement qu’on le laisse seul et tranquille et– Non, Dae n’a pas envie qu’elle parte, il n’a pas envie d’être seul avec ses pensées.

La main de Lena venant se poser sur la joue lui fait l’effet d’une détonation, lui redonne un peu vie, et un semblant de lueur au fond de son regard vitreux et perdu. Le contact avec sa peau lui rappelle qu’il est en vie, qu’elle est là, à ses côtés ; il lui rappelle également à quel point son visage le fait souffrir ; il lui rappelle, surtout, le goût de la trahison et de l’impuissance roulant encore sur sa langue. Mais cela lui fait un bien indescriptible, de se retrouver un peu plus ancré à la réalité, à ce qu’il vient de lui arriver ; alors, Dae ferme brièvement les yeux et pousse un long soupir, presque de soulagement. Il penche un peu son visage, pour mieux se nicher encore dans le creux de sa main, et aller chercher cette chaleur particulière qui décolle légèrement son cœur de cette masse poisseuse dans laquelle il baigne. ”How are you feeling?” Ses paupières s’ouvrent de nouveau, lentement, pour tomber dans le regard de Lena. Dae n’aime pas particulièrement comment elle le regarde, ni le ton un peu trop doux de sa voix ; il n’aime pas inspirer la pitié, ni qu’on le considère comme une petite chose faible. Mais il n’a pas la force de maintenir son égo, ni cette façade de tough guy que rien n’ébranle jamais, qui n’a même pas cillé à la mort de son ami, qui n’a fait que se replier un peu plus sur lui-même ces derniers mois - ces dernières années.

Non, Dae-won n’a pas la force, et surtout pas l’envie de mentir et de prétendre. ”Like shit.” Les deux mots sortent dans un seul souffle bas et faible - si faible qu’il se prend à détourner le regard, le baissant entre eux. Et malgré tout, il lève sa main pour la poser sur celle de Lena, et ferme de nouveau les yeux en inclinant un peu plus son visage vers sa paume. ”I’m feeling… I’m just feeling like shit, it’s awful.” C’est terrible, parce qu’il n’y a pas grand chose à dire - et en même temps, il y a tant à dire, tout ce qui vrombit à la surface sans pouvoir vraiment s’échapper, depuis tout ce temps. Ce n’est certainement pas la première fois qu’il se fait casser la gueule, loin de là ; et des catastrophes, il en a vécu bien plus d’une.
Mais celle-ci n’a pas uniquement le goût d’une catastrophe, ou d’un échec, ou même d’une perte. Celle-ci a plutôt le goût d’un électrochoc âpre qui le secoue au plus profond de ses entrailles, qui l’anesthésie et le réveille un peu trop brutalement.

Dae ne s’est pas seulement fait casser la gueule, ou trahir. Il s’est fait complètement baiser, il s’est fait souiller par le poison et le sortilège de Tan, il s’est fait mettre en face de ce qu’il est réellement : juste quelqu’un qui essaye de survivre. ”I don’t… There’s nothing I could do. I was just– trapped. I was fucking trapped, Lena”, souffle-t-il presque sans émotion, comme des faits bruts qu’il a besoin d’énoncer pour vraiment réaliser. Ses doigts se glissent naturellement entre les siens, malgré la douleur qui le lance dans son poignet à laquelle il ne prête pas vraiment attention, et il remonte leurs deux mains jointes jusqu’à son front, le laissant aller contre la paume de Lena, pressant ses paupières closes contre sa peau. ”Everybody looks up to me as some sort of– I don’t even know, rock-solid or something, like I’ve got it all figured out”, poursuit Dae, sa voix cette fois-ci prenant une couleur presque inhabituelle pour lui, rare, qui ne sort vraiment plus que quand il est avec Lena - parce qu’il n’a plus qu’elle, à qui parler comme ça, véritablement, sans faire semblant. Cela lui coûte bien que ça ne devrait, de relâcher son souffle et de juste à s’autoriser à respirer en sa présence, mais il en a terriblement besoin. Et il peut sentir son regard partout sur lui, sans même avoir besoin de le voir, et cela seulement suffit à l’enjoindre à poursuivre. ”But I don’t. I have no idea what I’m doing… I’m just as fucked up and lost as everybody else, and I just–” Les mots peinent tellement à sortir ; Dae est si rouillé que chaque mot doit être décollé à la force de sa volonté de sa langue. Et en même temps, c’est comme si la chaleur de Lena ouvrait progressivement une vanne elle aussi rongée par le temps et cette manie à ne jamais rien dire - parce qu’il a envie de lui parler, de lui dire tout ça, parce qu’il est tellement fatigué. Alors, il presse un peu plus ses paupières closes contre sa main, peut-être (sûrement) pour contenir l’humidité qui cherche à remonter à ses yeux. ”I’m so fucking tired of it all, Lena.”
Revenir en haut Aller en bas
Elena Alvarez
ORDER OF THE PHOENIX
Elena Alvarez
Date d'inscription : 14/11/2020
Messages : 392
Crédit : strangehell (avatar), pp (signa), tumblr (gifs), florence + the machine (lyrics), jool-jool (crackship damnn).
Âge : vingt-neuf ans (13/04).
Occupation : fugitive, bomb maker™ back in town, chercheuse d'Horcruxes.
Allégeance : agent spécial™, membre de la Task Force de l'Ordre depuis dec. 2007, après des années de bons et loyaux services (meh) en tant que C5. (Ouistiti)
Particularité : meilleur coup de poing du quartier + chouchou de Kingsley. (elle apprend aussi l'occlumancie et la magie sans baguette depuis peu, ew.)
(daelena#3) they can be bent Empty
but my hand's been broken
one too many times
St James' Manor - October 2007
tw : un peu drama un peu angst un peu langage cru mais tbh surtout bcp d'amour (sauf pour toi tal, you can choke)

Like shit.” Dae détourne le regard, et Lena sent une pierre (non, un menhir) dévaler son estomac. Elle tente d’hocher doucement la tête, les yeux grands ouverts et le pouce toujours agité en un va-et-vient sur sa joue tuméfiée – tout pour l’encourager, silencieusement, alors qu’il se love contre sa main et finit par attraper ses doigts. "I’m feeling… I’m just feeling like shit, it’s awful.” Elena opine encore, sous ses paupières closes, lui signifiant silencieusement qu’elle est là, qu’elle comprend (même si évidemment pas totalement), passe désormais son pouce sur le dos de sa main.
Elle aimerait dire tellement de choses, et le prendre dans ses bras pour ne plus jamais le lâcher, mais Lena se force plutôt à le laisser faire, laisser ses mots glisser, le laisser guider leurs mains jointes. Elle se replie, pour une fois, pour faire toute la place à sa douleur, en prendre le plus possible sur elle, le soutenir sans l’étouffer. Ses yeux mêmes s’efforcent de ne pas le regarder avec trop de commisération – simplement une inquiétude palpable, prête à parer au moindre éclat, et un surplus d’affection qui lui tord le ventre (et qu’elle serait bien en peine de dissimuler, de toute manière).

I don’t… There’s nothing I could do. I was just– trapped. I was fucking trapped, LenaI know,” elle s’empresse de répondre, dans un souffle, même face aux yeux vides et au ton presque mécanique de Dae. C’est peut-être ça qui l’inquiète le plus, en vérité : son apathie, sa—“Everybody looks up to me as some sort of– I don’t even know, rock-solid or something, like I’ve got it all figured out-” Elena relève le regard, ne parvient à l’accrocher nulle part – pas sur leurs mains, contre son front, pas sur ses traits, marqués, pas sur ses épaules, courbées… Parce que sa voix a changé, ça y est, et que si elle a presque viscéralement envie de lui dire qu’il l’est, rock-solid, et qu’il l’impressionnera toujours, elle, elle sait que ce n’est pas le moment, et pas ce qu’il a besoin d’entendre.
Elle se mord la lèvre, fort, presque jusqu’au sang – mais elle ne dit rien.

But I don’t. I have no idea what I’m doing… I’m just as fucked up and lost as everybody else, and I just–” Puis c’est plus fort qu’elle, enfin : Elena ne peut plus contenir le hochement de tête négatif qui lui échappe, pas plus qu’elle ne peut s’empêcher de se rapprocher de lui pour venir plaquer ses lèvres sur sa joue (sûrement un peu trop fort, pour quelqu’un qui vient de se faire taper dessus de la sorte). Elle s’attarde un peu, les yeux fermés, le front posé contre sa tempe, à caler sa respiration sur la sienne et à s’imprégner de sa (non) chaleur, des légères irrégularités laissées sur sa peau, de son début de détresse.

I’m so fucking tired of it all, Lena.I know baby, I know,”” elle souffle encore, en se relevant, doucement, et sans reprendre sa main pour autant. (Et cette fois-ci elle sait, vraiment, parce qu’elle l’est aussi, éreintée.) (Elle sait aussi que plus en forme, il la détesterait de l’appeler comme ça ; ils ont débloqué les étreintes et les ébouriffages de cheveux mais non, les pet names c’est définitivement trop pour sa street cred personnelle).

Elle sait, enfin, ou plutôt elle savait, que c’était inévitable, que ça allait arriver. Lena serait bien en peine de dire le contraire – elle-même l’avait dit, annoncé, a peut-être même vainement tenté d’atténuer ce qu’elle sentait venir comme une déferlante.
Elle le savait, mais ça ne change pas le fait qu’elle a rarement sinon jamais vu son meilleur ami ainsi : prostré, presque petit, pas loin d’être effondré.
Et malgré toute la merde qui a pu leur arriver ces derniers mois (la mort de Lee mise à part) – malgré Little Italy, malgré les mots ou les larmes de Kingsley, malgré la culpabilité ou la tristesse qui trouvent toujours une raison pour venir lui piquer les yeux par surprise… Lena s’est rarement sentie aussi fourbue, et douloureuse, et horrifiée, et dépassée.

Elle sent sa main humide sous les yeux de Dae, et Elena sent en même temps son cœur exploser en une infinité de petits morceaux. Elle lui doit d’être solide, ou au moins d’être , parce que lui n’a jamais flanché, a toujours su la porter. Elle doit réussir à le pousser, juste suffisamment pour continuer, pour y croire encore un peu, pour ne pas voir une personne de plus baisser les bras, pour ne pas se retrouver avec une nouvelle lettre sur les siens – parce qu’elle ne s’en remettrait pas, cette fois.

I know,” elle dit encore, sans pour autant savoir trop de quoi que-ce-soit. Elena s’est déjà fait casser la gueule, détrousser, humilier (fair game quand on cherche autant de noises à autant de monde) – elle n’a pas besoin de beaucoup se concentrer pour sentir à nouveau les poings d’Al-Massri contre sa mâchoire, ou la baguette de Travers sur sa gorge, ou Shafiq dans sa tête, ou même l’arrière-goût laissé par les trahisons de Kingsley. Mais elle n’a jamais connu ça : l’Impero, l’empoisonnement, surtout pas maintenant, surtout pas comme ça. “Bloody crap just happened to you (un euphémisme), and I’m so sorry it did.” Ses yeux le parcourent toujours, inlassablement, alors qu’il est presque réfugié derrière le dos de sa main, qu’elle ne le voit plus vraiment, qu’elle ne sait pas comment lui dire à quel point elle est plus que désolée, mais sidérée, accablée, presqu’écrasée, et sûrement bien plus que si c’était à elle que toute cette merde était arrivée. “You didn’t deserve any of that, and there’s nothing you could have done to prevent it. (Sa voix est toujours basse, mais elle prend des accents plus résolus). We got fucked, alright?” Lui plus violemment que tous les autres, et elle s’en voudra sans doute toute sa vie pour ça (comme elle s’en veut pour Javi, pour Kingsley, pour Lee) – mais elle ne peut pas le laisser penser que c’est sa responsabilité, sa faute, quand qui aurait pu voir venir cet affreux Taliesin-- (Elle lui souriait encore il y a deux ou trois jours. That fucking bitch--) “And I’m sorry I—I’m sorry it took me so long to—"

La colère mêlée à l’amertume amoche ses mots, mais il y a plus important que ce sombre connard de de Bazancourt : il y a sa main, qui devient humide, et le monde, qui se casse la gueule, et Dae-won, qu’elle ne peut pas laisser sombrer (c’est bien tout ce qui compte, en vérité). “But I’m here now, and you’re home, and you’re alright. You are going to be alright, Dae, you are, I swear to you.” Elena est un peu plus penchée vers lui, maintenant, et elle a repoussé de sa main libre la petite table qui les séparait (puisque manifestement, personne ne boira de thé dans l’immédiat, sorry Molly). “I’m not letting go of you. Ever.Ever again, elle se reprend presque ; and we’re going to make it through, elle manque d’ajouter, faisant plus ou moins consciemment écho aux mots de Kingsley, un mois plus tôt.

Elle serre à son tour sa main, des doigts qu’il tient toujours contre son visage ; se sert de l’autre pour abaisser lentement, doucement, leurs paumes jointes. Ses yeux accrochent aussitôt ceux de Dae-won, lourds d’humidité, et la vision qui s’impose à elle lui soulève le cœur (dont elle réalise seulement qu’il bat à tout rompre), lui vaut une nouvelle vague d’émotions confuses, brûlantes, presqu’urticantes. Elena ne maintient pas son regard plus que nécessaire, pour lui comme pour elle – puis peut-être parce qu’elle n’y tient plus, qu’elle ne peut plus que glisser sa main libre derrière la nuque de son meilleur ami pour (enfin) l’attirer à elle. “Come on here.” Avancée à l’extrémité du matelas jusqu’à faire rencontrer leurs genoux, elle accompagne le front de Dae jusqu’à son épaule ; la faible poussée qu’elle initie pour se faire se transforme ensuite aussitôt en va-et-vient tendre le long de la naissance de ses cheveux. “I got you. I got you,” Lena souffle, presque contre son oreille, et encore et encore jusqu’à ce que les mots se transforment plus ou moins consciemment en un “I get you”. Redevenue silencieuse, elle laisse son autre bras coulisser derrière sa nuque, et sa main venir se positionner juste sous l’épaule du résistant – et elle le serre, jusqu’à ce qu’il n’existe plus le moindre espace entre eux, jusqu’à avoir l’impression d’entendre leurs deux cœurs battre, jusqu’à pouvoir lui apporter ne serait-ce qu’une miette du sentiment de sécurité qu’il lui a insufflé, après Little Italy. (Un mensonge temporaire, du style everything’s going to be okay).

It’s okay. It’s just us. It’s just me. You can let go hun, you more than deserve it.You more than need it, elle se pense, alors qu’elle mimique non plus seulement son étreinte d’il y a quelques semaines mais également ses mots. Elena remue un peu, fait en sorte d’alléger la pression qu’elle est venue imposer à son corps meurtri, laisse la tête de Dae-won quitter son épaule pour descendre d’un étage (en profite pour déposer un nouveau baiser au sommet de son crâne). Elle-même ferme les yeux, alors qu’elle les rapproche encore ; change légèrement la position de ses bras pour mieux continuer à l’entourer, le serrer contre elle, le soutenir (et l’aimer, et lui faire savoir). “It’s over. I got you,” Lena répète, inlassablement, caressant ses cheveux sur un rythme presque similaire et se penchant légèrement (instinctivement) sur son meilleur ami, comme pour le protéger d’un danger invisible, ou du reste du monde (la même chose).
We don't have much but each other but I promise it's a lot, although it may not seem like it at times, lui a dit Kingsley le mois dernier. Elle espère que c’est vrai – elle espère que c’est suffisant.
Revenir en haut Aller en bas
Dae-won Song
ORDER OF THE PHOENIX
Dae-won Song
Date d'inscription : 03/10/2020
Messages : 414
Crédit : jool (avatar). marine (dessin).
Âge : 29 ans (24/01)
Occupation : Fugitif, bon petit soldat et chercheur d'Horcruxes - et accessoirement ancien référent de l'Iron et Airlock
Allégeance : Membre dévoué de la Task Force de l'Ordre du Phénix, où on le surnomme Knight
Particularité : Quart de vélane, ce qu'il a caché jusqu'à très récemment. On le croise souvent sous sa forme animagus, un berger allemand ancien type.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t4321-dae-won-the-blurrin
(daelena#3) they can be bent Empty
they can be bent
Saint James Manor - October 2007
tw: mention de mort, d’agression, de deuil mal géré, and mucho sad stuff

”I know baby, I know.” Le surnom affectueux lui fait presque du bien, quand habituellement il le ferait tiquer — parce que l’égo est mort avec les coups de Moran, et il l’est réellement, lui, cette petite chose fragile qui ne souhaite qu’une chose sur l’instant : se presser un peu plus contre la main d’Elena, et la laisser bercer les maux qui remontent petit à petit à la surface, plantent leurs griffes le long de son abdomen, écrasent ses poumons et son souffle avec. Dae ne s’est jamais senti aussi petit, fragile, vulnérable, trois mots à l’opposé de ce qu’il a toujours voulu être. Et en même temps, il y a une forme de soulagement qui le prend, à enfin laisser tomber lourdement une partie du poids qu’il porte constamment sur ses épaules. Parce qu’il est petit, et fragile, et vulnérable, qu’il est loin d’être le golden soldier à l’épreuve de tous les vents et marées que l’on veut croire qu’il est ; il est juste un énième gosse à qui l’on a tout pris. ”I know. Bloody crap just happened to you, and I’m so sorry it did.” Encore une fois, en temps normal, Dae-won se redresserait, soutiendrait que ce n’est rien, qu’il a juste besoin d’un peu de repos, d’un peu de temps avant d’être de nouveau sur pieds, qu’il n’y a vraiment pas de quoi être désolée et de le prendre en pitié ainsi. Mais pas cette fois ; cette fois la voix de Lena lui fait du bien, l’enrobe d’une chaleur salvatrice. ”You didn’t deserve any of that, and there’s nothing you could have done to prevent it. We got fucked, alright? And I’m sorry I—I’m sorry it took me so long to—” Les mots de Lena se mélangent un peu, ont du sens sans vraiment en avoir, tant Dae est concentré sur sa vaine tentative de contenir les larmes qui remontent dangereusement le long de son nez, alors que la boule dans sa gorge, elle aussi, menace d’exploser. Mais peu importe vraiment, du sens de ses mots, tant juste l’entendre et trouver du réconfort dans le creux de sa paume, bêtement, lui donne l’impression de ne pas (ne plus) être seul. Et Dae-won n’a pas besoin de beaucoup plus sur l’instant.

”But I’m here now, and you’re home, and you’re alright.” C’est l’impression qu’il a ; d’être home, là où il devrait se trouver, et nulle part ailleurs. Et en même temps, Dae se sent si vide, un vide pesant et écrasant qui lui donne autant envie de hurler que de s’allonger des jours entiers dans le noir sans personne (ou peut-être avec Lena, juste avec Lena). ”You are going to be alright, Dae, you are, I swear to you. I’m not letting go of you. Ever.I– I know”, murmure-t-il d’une voix un peu trop pathétique et faible à son goût, presque étranglée par sa gorge trop serrée - pas qu'il puisse réellement s’en soucier, en vérité. Sa main est presque tremblante contre la sienne lorsque Elena dégage son visage, expose son regard humide et rougi au sien. Et juste de se montrer encore vulnérable, un peu plus, fait maladroitement battre son cœur épuisé. Mais cela ne l’empêche pas de soutenir son regard, juste un peu, et d’y trouver une lueur qui comble un minimum le creux dans son torse, aussi triste et déchirante puisse-t-elle être. Peut-être parce que Lena est là, tout simplement, qu’elle est là depuis le début. Parce qu’elle sait - bordel, qui pourrait mieux savoir que Lena ?

Alors, Dae ne résiste même pas quand elle glisse sa main sur sa nuque et l’attire à elle, laisse son visage reposer sur son épaule en y pressant ses paupières comme il a pu le faire un peu plus tôt avec sa main. Il passe presque maladroitement son bras qui le lance toujours dans le bas de son dos en un semblant d’étreinte un peu pathétique, sa main libre, elle, se refermant sur son flanc, ses doigts agrippant son pull comme s’il risquait de tomber à la renverse - de s’effondrer contre elle, ce qu’il fait, bien malgré ses efforts, lorsque Lena brise de nouveau le silence. ”I got you.” C’en est assez (ou c’en est trop, peut-être), pour que la boule dans son torse enfle. Plutôt que d’éclater, elle se fissure doucement, à chaque I got you que murmure la sorcière à son oreille, comme une formule magique qui vient puiser ce qui gronde en silence au fin fond des entrailles de Dae. Et il s’accroche un peu plus à elle, lorsqu’elle, en retour, le serre probablement de toutes ses forces ; tout son corps est terriblement rigide, semblable à une pierre jetée dans les flammes, qui crépite et menace d’exploser à tout moment. C’est un peu ce qu’il est, alors que ses muscles se contractent en un tremblement, ou plutôt un spasme, et qu’il bloque son souffle pour ne pas laisser échapper un premier sanglot dans les bras de Lena.

”It’s okay. It’s just us. It’s just me. You can let go hun, you more than deserve it.” Ces mots, Dae-won les reconnaît. Ils se les sont déjà échangés, silencieusement, cette fois-là, après l’attaque de Little Italy. Ils n’ont pas eu besoin de se les dire, ce soir-là, mais les entendre désormais, le fait se sentir encore plus petit et fébrile. ”It’s over. I got you.” La main de Dae tremble encore, plus encore désormais, tout comme son dos qui se soulève lorsque les premières larmes percent réellement et roulent le long de ses joues, traçant deux sillons humides sur son visage rouge.

Parce qu’il se sent si vide et il se retrouve forcé de contempler cet effroyable, inhabituel silence.
Il n’entend plus les voix de celles et ceux qui l’accompagnent en permanence. Il n’entend plus que le souffle rapide de Lena contre lui, et le son pathétique de ses propres pleurs.

”I’m so tired…”, répète-t-il d’une voix qui ne lui ressemble pas vraiment, étouffée dans un sanglot, alors que ses doigts pressent la peau d’Elena à travers son pull dans une impulsion sans la moindre force. Il ne devrait probablement pas parler, tant il est désagréable d’entendre sa propre voix saccadée et faible. Mais peut-être a-t-il besoin de combler le vide. Ou peut-être qu’il y a certaines choses qu’il ne peut plus contrôler, et qui sortent d’elles-mêmes, après avoir pourri trop longtemps en lui. ”There’s nothing I could do– I couldn’t–” La phrase sort encore plus difficilement que la précédente, et Dae a l’impression de cracher du poison tant ces quelques mots lui écorchent la gorge, la langue, les lèvres, le coeur. Il n’arrive même plus à penser à Tal, à Moran, au poison, à l’Impero, à la trahison, aux coups, à la douleur vive dans ses muscles et son visage. Car tout cela est loin d’être ce qu’il y a de plus douloureux.

But you've lost someone too. You got hurt too. And you've barely even flinched. ”I couldn’t save him, and now he’s dead. He’s– he’s dead.” Lee’s dead. Il l’a déjà dit à voix haute, d’un air détaché, mais il a l’impression de le dire pour la première. Parce que cette fois-ci, pour la première fois depuis des mois, il en prend vraiment conscience. Parce qu’il est vide et seul. Et ça n’a juste aucun sens. ”I’m so sorry that he’s dead, Lena, that’s so fucking– It doesn’t make sense, I can’t– I just can’t wrap my head around it”, balbutie Dae du bout de ses lèvres tremblantes en frottant légèrement ses paupières contre son pull. I’m so sorry. Parce qu’il ne lui a jamais dit, pas vraiment, pas ainsi ; parce que Dae-won sait, il sait, au moins un peu, à quel point il est dur de perdre un ami, mais plus encore de perdre quelqu’un que l’on aime. Et il sait qu’il ne sera jamais Lee, qu’il ne pourra jamais combler ne serait-ce qu’un peu le creux qu’a laissé la mort du sorcier dans le cœur d’Elena - et ce n’est pas ce qu’il souhaite, de toute façon. Il sait, il sait que ce creux là ne part jamais vraiment.

Lee’s dead. C’est ce constat terrifiant qui ouvre un peu plus la vanne rouillée dans ses entrailles et libère le reste, et avec, une nouvelle série de sanglots humides - putain, il s’étrangle presque, mais il est incapable de s’interrompre désormais. Dae a juste besoin de laisser tout sortir. ”They’re taking everything and– everyone. They– They killed the love of my life and she’s not coming back either, none of them are, and there’s– there’s just nothing I can do.” Là aussi, c’est comme s’il en prenait tout juste conscience, alors que cela fait sept ans que Lupita a été capturée, torturée, tuée. Cela fait sept ans, et Dae-won n’a toujours pas appris à fonctionner avec cette information. Il a arrêté de fonctionner, pour être parfaitement réaliste, et cela aussi, il le sait, qu’il est passé en mode automatique depuis tout ce temps. ”I miss her so much… I miss her everyday, all the time. And I miss Lee, and Fred, and– and they’re not coming back, and I can’t–” La fin de sa phrase se meurt dans un reniflement bruyant, et il bafouille un peu avant de réussir à articuler la suite, un peu maladroitement : ”Every morning when I wake up I have to remember I’m not going to see them again, like it’s fucking real, and I– I–” Fuck. Son souffle s’emballe un peu plus, mais il est incapable de se redresser pour prendre une profonde goulée d’air - il préfère largement rester recroquevillé contre le buste de Lena. Il ne peut simplement pas croiser son regard pour l’instant ; il a juste besoin de rester ainsi, pour laisser le reste sortir, jusqu’à ce qu’il soit définitivement vidé. Et Merlin sait qu’il n’est pas doué pour cet exercice, celui de s’exprimer, que ses pensées et ses paroles partent dans tous les sens. Mais vraiment, peu importe.

Alors il se replie un peu plus contre elle, son front contre le haut de son torse désormais, et ses doigts laissant probablement une empreinte dans son pull tant il peut le serrer fort. ”I carry them with me, like, all the fucking time– because I can’t– I don’t want to forget them. Because if I forget them, if I let go, it’d be like they died for nothing. And– and if they died for nothing, then why the fuck are we still doing this?” C’est peut-être cela le plus effrayant. S’il n’a plus la vengeance, la haine, alors quel pourrait être son moteur pour se lever chaque matin ? Il n’a pas le droit, et en même temps… ”But it’s so fucking exhausting to carry them, and to be angry all the time, and– How the fuck are we supposed to do this?” Dae se doute bien que Lena n’a pas la réponse, et il n’en attend même pas une, pas vraiment. A vrai dire, personne n’a probablement la réponse, dans la résistance. Et mieux vaut ne pas trop la chercher, encore moins la trouver. Parce que ce soir, Dae n’est pas prêt à l’entendre.
Revenir en haut Aller en bas
Elena Alvarez
ORDER OF THE PHOENIX
Elena Alvarez
Date d'inscription : 14/11/2020
Messages : 392
Crédit : strangehell (avatar), pp (signa), tumblr (gifs), florence + the machine (lyrics), jool-jool (crackship damnn).
Âge : vingt-neuf ans (13/04).
Occupation : fugitive, bomb maker™ back in town, chercheuse d'Horcruxes.
Allégeance : agent spécial™, membre de la Task Force de l'Ordre depuis dec. 2007, après des années de bons et loyaux services (meh) en tant que C5. (Ouistiti)
Particularité : meilleur coup de poing du quartier + chouchou de Kingsley. (elle apprend aussi l'occlumancie et la magie sans baguette depuis peu, ew.)
(daelena#3) they can be bent Empty
but my hand's been broken
one too many times
St James' Manor - October 2007
tw : angst ™, deuil, langage cru, mention de mort, the kids are vraiment pas alright, ça parle beaucoup et ça décroche peu (daelena#3) they can be bent 1910853676 (mais ça simp, aussi)

I’m so tired… There’s nothing I could do– I couldn’t–” Elena hoche la tête, encore, comme si elle entendait ces mots pour la première fois, et qu’ils faisaient pleinement sens ; et elle le serre toujours, sans relâche, contre elle, épousant les tremblements de son dos du mieux qu’elle le peut. “I couldn’t save him, and now he’s dead. He’s– he’s dead.” La main qui allait et venait le long de la naissance des cheveux de Dae-won s’arrête subitement, avant qu’elle puisse y faire quoi que ce soit – et cette fois-ci c’est Elena qui remue un peu, contre lui, remonte légèrement le menton pour lever les yeux au plafond (et, plus ou moins consciemment, repousser les larmes qui viennent d’y élire domicile). Elle sent sa poitrine s’entraver, et son ventre se serrer, et son cœur rétrécir pour minimiser l’afflux de sang qui le gagne-- "I’m so sorry that he’s dead, Lena, that’s so fucking– It doesn’t make sense, I can’t– I just can’t wrap my head around it-” Ferme les yeux, un peu, et repositionne les doigts immobilisés sur sa nuque, là où les yeux de Dae finissent par humidifier la sienne.

A partir de cet instant, et face à l’immensité d’un constat qu’elle fait pourtant chaque jour depuis deux mois (Lee’s dead), Lena s’accroche au moins autant à son meilleur ami qu’elle ne le soutient. (He’s not coming back.)
Elle ne peut que souffler des “shh, shh” pour sauver les apparences, quand la respiration de Dae semble se bloquer ; et elle ne peut que l’écouter, et le laisser tout sortir, et ne pas le lâcher. “They’re taking everything and– everyone. They– They killed the love of my life and she’s not coming back either, none of them are, and there’s– there’s just nothing I can do.” C’est (peut-être étrangement) l’expression love of my life qui la cueille plus que toutes les autres, et qui lui donne l’impression que c’est son propre cœur qui se brise, sa propre perte qui se matérialise. Peut-être parce que Dae n’en parle jamais, mais qu’elle sait que c’est toujours là, et que ça explique bien des choses qu’il n’exprime pas ; peut-être parce qu’elle n’a jamais vraiment connu cette douleur-là, celle de la mort de l’amour de sa vie, et que les autres semblent bien dérisoires et qu’elle se sent bien petite face à l’immensité inimaginable de cette peine . (Peut-être parce qu’elle ne s’est jamais autorisée à la vivre, quelque part — ou plus précisément parce qu’après le premier disparu dès le début de la guerre, puis les deux-trois autres égarés, ou capturés, ou tués, Lena a rapidement décidé que she doesn’t do boyfriends, ce qui clairement n’aide pas--)

Les noms des disparus défilent, alourdissant un peu plus à chaque fois la fêlure qu’elle sent poindre dans sa cage thoracique ; et souffler un “it’s okay” à chaque expiration douloureuse, ou au moindre trébuchement sur ses mots, relève bientôt du réflexe. “Every morning when I wake up I have to remember I’m not going to see them again, like it’s fucking real, and I– I–It’s okay, it’s okay,” elle insiste, quand la respiration de Dae-won s’emballe encore contre son buste ; pour l’encourager, seulement, et non pas nier une réalité qu’elle connait un peu trop bien (mais qui, tout de même, lui paraît encore plus crue et pesante quand exprimée, confirmée par Dae-won.)
Elle le laisse venir davantage contre elle, lève tout juste une main pour essuyer un semblant (non) de larme sur une de ses propres joues. Les doigts de Dae laissent des traces contre sa peau, là où il serre un peu trop son pull ; elle le sent à peine, sous le poids de ses mots, de sa douleur, de ses sanglots. “I carry them with me, like, all the fucking time– because I can’t– I don’t want to forget them. Because if I forget them, if I let go, it’d be like they died for nothing. And– and if they died for nothing, then why the fuck are we still doing this?” Elena ferme les yeux, replace ses mains dans son dos pour mieux le tenir. (Evite de penser à l’absence évidente de réponse qu’elle pourrait lui fournir, et au vide vertigineux que cela creuse juste sous son cœur.) (Elle y a pensé, après Gracefield.) (Elle n’a pas trouvé mieux que because we don’t have a choice.) “But it’s so fucking exhausting to carry them (elle sait), and to be angry all the time (elle sait), and– How the fuck are we supposed to do this? (elle ne sait pas).”

"I don't know," elle avoue dans un souffle, d’une honnêteté crue qui la perce de part en part. (Elle est qui, maintenant qu’elle ne peut plus se battre ? Elle sera qui, si finit un jour ?) (I don’t know I don’t know I don’t know).
Lena a longtemps aimé se penser comme née pour ça – comme quelqu’un qui sait ramasser les coups (tous les coups), et qui n’est donc pas franchement fucked up (ou en tous cas moins que les autres – moins que George, par exemple). Ça ne fait pas longtemps (depuis Gracefield, depuis Lee), qu’elle sait que c’est faux, et que le déni est un truc putain de solide.
Instinctivement, elle sait aussi que Dae-won l’est, fucked up, parce que personne n’y échappe, pas même lui ; qu’il ne boirait pas cette putain de potion, si ce n’était pas le cas ; qu’il ne s’effondrerait pas ainsi, après des années à s’accrocher à la force des ongles.
Mais c’est autre chose, tout de même, de le voir, de le sentir s’effondrer. Si même lui n’y arrive plus, comment est-ce qu’ils sont censés…?
(I don’t know I don’t know I don’t know)

"But I know... all these people, all of them-- our people. I know we don't forget them. We don't do that." (Elle a les mots douloureux et les yeux humides.) "Freddie died nine fucking years ago, but he's still with us, right?" Il suffit de regarder George pour avoir la réponse. Il suffit de penser à une connerie, ou d’en entendre une, et se dire Fred doit absolument savoir ça. (Il suffit de regarder sa tombe, et les gens qui s’y pressent, les sales jours, et les fleurs qui s’y entassent, les autres). "They were real." Comme la douleur l’est. Colère ou pas – ils l’étaient, l’auront été. "Fred, he was the funniest bloody person I ever met. And Lee, he-- had the brightest smile." Lena s’est instinctivement recourbée sur lui, comme pour le recouvrir de son corps, l’envelopper et le protéger quand elle-même est bien en peine de ne serait-ce que tenir debout (et pourtant, est-ce que ce n’est pas ce qu’ils font par excellence ?)
Elle murmure dans ses cheveux ; y hésite un peu. Un sourire triste, puis un peu heureux, lui vient timidement. "Actually, no. She did. Lupita did." Le prénom est lâché tout doucement, du bout des lèvres, comme le tabou qu’il est ; la ligne infranchissable, même, même pour elle. Un minuscule rire lui vient, pourtant (une expiration, vraiment), alors que l’image s’impose à son esprit – qu’elle se laisse aller à un sourire, qui lui laisse une crampe, puis à un semblant de confidence. "I remember being so jealous of that growing up." Parce que Lupita était douce, et lumineuse, et avait toujours le bon mot – bien loin du bordel ambulant qu’elle est, a toujours été, du type bulldozer qui met les pieds dans le plat et rit trop fort parce qu’elle ne sait rien faire d’autre.

"I mean, what did Lee have anyway?" C’est un peu ce qu’elle fait, en l’instant ; parce que c’est plus facile, de railler ainsi, comme toujours, comme si tout était normal, comme si un poids immense ne l’accablait pas et ne lui donnait pas l’impression d’être enterrée sous terre, lentement mais sûrement.

Elena a une nouvelle expiration vaguement amusée. Son sourire se fige en plein vol, pourtant – parce que Lee avait beaucoup, que même le plus gros des sarcasmes ne saurait le nier. "He had the coolest laugh, actually. You know the one he had when he was all mumbly and stuff? Like when he was high or something. Or the twins did some shit and he wouldn't say he was with them." (Elle a le regard vide, coincé à une autre époque, et le sourire comme bloqué là, et les joues humides.) "Yeah," elle opine à mi-voix, comme pour se secouer, ne pas se laisser couler vers un passé un peu trop doré (et donc, beaucoup trop douloureux).

"That's real shit, Dae. And this should be lifting us up, not weighing us down." Ça lui va bien, de dire ça – elle qui ne parle jamais de sa famille, à tel point que l’arrivée de Benny a provoqué un certain nombre d’interrogations (comment ça Javi n’est que son demi-frère ?!), qui ne s’attarde jamais trop sur les souvenirs de peur de ne jamais en ressortir, qui est toujours malade à chaque fois qu’elle doit pousser la porte de son ancienne chambre. Elena y croit, pourtant ; a fini par comprendre qu’elle faisait tout ça par amour, non pas par haine, même si c’est vachement moins stylé à penser.

"Hey, can you look at me?" Elle se redresse doucement ; laisse le temps (et le loisir) à Dae de faire de même. Leurs yeux finissent par s’accrocher à nouveau, après ce qui semble être une éternité – et c’est peut-être cette sorte de reflet qui fait prendre conscience à Lena que ses joues sont lourdes d’humidité, et qui la pousse à les sécher rapidement d’un revers de manches. "Fuck, you're making me cry too, fucker." Toujours, le bulldozer ; alors même que ses yeux embués ne font que crier I’m so sorry all this shit happened, I’m so sorry it keeps on happening, I wish I could do something about it, I wish I could protect you from everything, I’m sorry, you deserve so much more. "How could you keep all this shit bottled up for so long? This not humanly possible, love." C’est une main posée sous le menton de Dae, qui vient désormais doucement balayer ses joues, alors que c’est un crève-cœur, littéralement, de le voir ainsi. Please stop tormenting yourself like that. Please stop, parce qu’elle a l’impression de ressentir chaque once de sa douleur comme si elle était sienne, fichée dans sa peau comme autant d’échardes ; que c’est comme si c’était son propre cœur, qui débordait, alors même qu’il lui arrive encore assez souvent de se réveiller en pleurs ; qu’elle a la sensation de pouvoir même ressentir les ecchymoses, les abrasions, les écorchures – toutes les ignobles traces laissées à même la peau, le long de son corps. Et elle sait, l’estomac retourné et le cœur en miettes, que c’est trop.

"You know what else I know? I know I wouldn't be here if it wasn't for you." Le pouce continue ses allers-retours sur les joues, alors qu’elle sonde les yeux rougis de son meilleur ami (son roc, vraiment), qu’un rire sans grande joie vient agiter ses épaules creusées. "I mean, that's probably not much, I get it, but..." But it’s true. Même si elle ne lui a jamais franchement dit, ou pas comme ça, tant ça lui semblait outrageusement évident, tant elle n’a pas daigné se décoller de lui depuis-- "Lee—I… I thought it was the one too many. Well, to be honest, I still think it most days." (Lena a une ombre de sourire amère, un goût acide sur la langue qui la fait grimacer.) "But Javi was there, and Benny was there– fuck, Kingsley almost was... And you were. You are." Son autre main vient rejoindre la première, pour finir d’encadrer le visage de Dae, continuer à faire disparaître les sillons de larmes les plus tenaces. "Hey, you did save me, alright? I mean, literally dragged my ass out of Little Italy, but... not just that. And that counts for something, yeah? (That’s got to, right?) That’s why we do this shit. For each other, and for them, but not because of them." Elle détache doucement la main la moins solide, celle dans son dos, la porte entre eux deux. "And because we're bloody assholes that don't back down, hmm? Ever." Dépose ses lèvres sur les phalanges abrasées, comme à peine deux mois plus tôt.

Lena relâche sa main avec la même lenteur, profite d’en avoir à nouveau une libre pour venir flatter les couvertures à côté d’elle. "Come here," elle souffle, libérant par la même occasion son autre main (comme si elle pouvait dignement le réceptionner, mais surtout pour se contorsionner vers l’arrière et tirer des coussins (son addition, encore) dans son dos). Elena se laisse aller en arrière, dès qu’il l’a rejoint sur le lit ; elle attrape à nouveau sa tête, doucement, pour l’entraîner avec elle (sur elle, donc). Ses doigts retrouvent le chemin de ses cheveux comme s’ils ne les avaient jamais quittés – de la même manière, ses yeux se reportent sur les habituelles craquelures du plafond. "I miss them too, honey. Everyday." Elle ne le dit pas assez et laisse la confession raisonner en elle, la contemple et l’évalue presque, comme si c’était la première fois qu’une telle pensée lui venait vraiment—

Ou parce qu’elle en attire immanquablement une autre.
"Wanna know something ridiculous?" Puisqu’on en est au stade, genre, vraiment vulnérable. Un sourire plus large lui vient (parce qu’Elena a toujours été prompte à rire d’elle-même – moins si ça vient de quelqu’un qu’elle n’apprécie pas trop, mais…) ; il se transforme quand même, quand elle reprend la parole, en toux plus incommodée. "I swear sometimes I just want a hug from my Ma'? Like it's gonna be ten fucking years, we're going to be bloody thirty, and... I would have killed to get one, like two days ago." Ses traits tremblotent, rien que d’y repenser (sa colonne aussi, sans doute, sans qu’elle ne le remarque vraiment) – parce que Lena se sent subitement petite, atrocement, et bien trop pour pouvoir ne serait-ce qu’espérer être en mesure d’aider, soutenir, aimer Dae. "She'd have been so much better at this than me." Elle en sourit encore, mais ça lui fait froid dans le dos. Peut-être que Benny a raison, peut-être qu’ils sont tous plus faits pour ça qu’elle--

"I'm so sorry you got stuck with the obnoxious one, darling." Elle va enfouir son visage contre le sommet du crâne de Dae avant que son sourire ne s’évapore pour de bon, y dépose à nouveau brièvement ses lèvres. "And yet… so glad you, weirdly enough, decided to trust me somehow?" Suffisamment pour l'accueillir dans sa chambre, en tous cas ; et pleurer dans ses bras, et se montrer sous un jour qu'elle ne lui connaitrait pas, ou qu'elle lui oublierait presque – suffisamment, pour lui rappeler qu'il est juste Dae, dans sa colère et dans ses fêlures, dans tout ce qu'elle trouve douloureux chez elle, désarmant (touchant ?) chez lui.
Revenir en haut Aller en bas
Dae-won Song
ORDER OF THE PHOENIX
Dae-won Song
Date d'inscription : 03/10/2020
Messages : 414
Crédit : jool (avatar). marine (dessin).
Âge : 29 ans (24/01)
Occupation : Fugitif, bon petit soldat et chercheur d'Horcruxes - et accessoirement ancien référent de l'Iron et Airlock
Allégeance : Membre dévoué de la Task Force de l'Ordre du Phénix, où on le surnomme Knight
Particularité : Quart de vélane, ce qu'il a caché jusqu'à très récemment. On le croise souvent sous sa forme animagus, un berger allemand ancien type.
https://smokeandmirrors.forumactif.com/t4321-dae-won-the-blurrin
(daelena#3) they can be bent Empty
they can be bent
Saint James Manor - October 2007
tw: mention de mort, de deuil and sad stuff again

”I don't know.” Une bouffée de soulagement, incompréhensible et pourtant bien réelle, emplit les poumons de Dae-won. Inconsciemment, c’était la réponse qu’il attendait, et les trois mots de Lena, pourtant simples et brefs, prennent une autre dimension sous la douceur déchirante de sa voix : il n’est pas seul, à être perdu. Ils ne sont vraiment que des gamins paumés qui jouent à la guerre depuis trop longtemps, si longtemps qu’ils ne savent même plus ce qu’il se passe, ni comment jouer, ni pourquoi ils se sont mis à jouer au départ, qui avancent à vue sans réelle destination, qui oublient parfois de vivre, d’aimer et de rire, de pleurer également – assurément, cela fait un petit moment que Dae a oublié de pleurer, et c’est seulement en épongeant ses larmes dans les bras d’Elena qu’il s’en rend compte. ”But I know... all these people, all of them-- our people. I know we don't forget them. We don't do that.” Et il se laisse porter par la voix basse, par moment brisée de Lena, comme un musique rythmant les battements rapides de son coeur, tendre et douloureuse à la fois – mais salvatrice, surtout.

Il n’en saisit pas tous les mots, derrière ses propres sanglots et ce qu’il laisse pour la première fois depuis des mois, des années même lui déchirer le torse ; mais il en saisit le sens, cette même foule de sentiments indescriptibles, qu’ils partagent pourtant. Et chaque nom (”Freddie (...) Lee”) lui ouvre un peu plus le coeur en deux, autant qu’il peut sentir un poids s’ôter de sa poitrine et de ses épaules, comme si en les invoquant, Lena parvenait à chasser brièvement les fantômes qui s’accrochent perpétuellement à lui. Peut-être que c’est aussi simple que cela – peut-être que si Dae arrivait à en parler, régulièrement, à prononcer leurs noms (et pas du bout des lèvres, ou froidement, non, à prononcer leurs noms assez clairement pour qu’il puisse entendre leurs voix de nouveau), peut-être qu’il n’aurait pas à les porter silencieusement en permanence, peut-être que ce serait moins lourd ? ”She did. Lupita did.” Même ce nom-là, qui lui fait un peu plus mal que les autres, est doux à entendre ; Dae-won a l’impression de ne pas l’avoir entendu depuis sept ans, si ce n’est dans le secret de son crâne, et cela lui fait un bien fou. ”She really did, yes…”, murmure-t-il maladroitement, de manière à peine audible, juste assez pour que Lena l’entende.

La suite, il parvient à l’entendre tout juste plus clairement, la bulle formée par ses pleurs se défaisant petit à petit, sans vraiment se défaire pour autant ; les sons et les mots lui semblent moins étouffés, quand bien même les larmes brouillent toujours sa vue et serrent sa gorge. Il n’a pas besoin de comprendre ses mots, de toute façon, juste de suivre le fil des émotions d’Elena, sensiblement similaire au sien. Il ressent tout ce qu’elle ressent, quand elle lui parle de Lee avec une voix tremblante, et il la serre un peu plus contre lui comme pour absorber sa tristesse, la mélanger à la sienne, un peu des deux. ”That's real shit, Dae. And this should be lifting us up, not weighing us down.I know– Fuck, I know.” C’est tout ce qu’il arrive à baragouiner du bout de ses lèvres trempées – mais c’est ce qui compte, pas vrai ?

”Hey, can you look at me?” No no no no, fuck, no, aimerait-il geindre, se débattre pour qu’elle ne le voit pas comme ça – c’est beaucoup plus simple de déverser ses émotions quand elle ne le regarde pas dans les yeux et peut se laisser engloutir par la chaleur de ses bras. La panique ne dure qu’un instant, pendant laquelle il a peur de laisser cet étrange état se faire avaler par la honte et le regret. Mais Dae ne ressent rien de tout cela quand, après de longues secondes, il se redresse faiblement pour relever lentement ses yeux rougis dans les siens (putain qu’il doit être terriblement ridicule, à renifler, et à avoir le visage encore tout contracté pour tenter de contenir ses pleurs). Mais, étrangement, cela l’apaise plus que ça ne le gêne, de pouvoir plonger dans les pupilles tout aussi embuées de Lena. ”Fuck, you're making me cry too, fucker.Shut the fuck up”, souffle-t-il d’une voix qui pourrait peut-être se faire amusée s’il parvenait à creuser une once de sourire jusqu’à ses lèvres. ”How could you keep all this shit bottled up for so long? This not humanly possible, love.” Là aussi, il pourrait lui répondre un shut the fuck up pathétique ; mais il le garde, parce qu’il n’en a pas la force, ou parce que Lena a raison. Évidemment, que Lena a raison, et c’est dans ces moments-là qu’il se rappelle à quel point il peut être stupide de toute garder au fond de lui – à quel point Lena est bien plus forte que lui, également, sur bien des aspects.

Comme un peu plus tôt, le visage de Dae-won s’incline légèrement contre la main de la sorcière, s’y repose pour mieux sentir sa caresse essuyer ses larmes. Et si par moment il ferme les yeux, cette fois, il ne fuit pas son regard dès qu’il les ouvre de nouveau. ”You know what else I know? I know I wouldn't be here if it wasn't for you. I mean, that's probably not much, I get it, but...Don’t say that…”, parvient-il à articuler avant que sa voix ne craque, encore, en un hoquet silencieux, et qu’il ne pince les lèvres pour contenir un sanglot étouffé. That’s everything, don’t say it’s not much, voilà ce qu’il aimerait lui dire, alors qu’il serre un peu plus sa gorge et qu’il l’écoute poursuivre avec un silence entrecoupé par ses bruyants reniflements. Et à mesure que Lena parle, Dae-won hoche faiblement la tête. ”That’s why we do this shit. For each other, and for them, but not because of them.” I know, I know, you’re right. Et peut-être demain l’aura-t-il oublié, probablement même.

”Come here.” Naturellement, il se laisse entraîner, grimaçant seulement un peu à sa cuisse qui le lance toujours terriblement lorsqu’il se relève pour mieux suivre l’impulsion de Lena et venir s’étendre contre elle, sur elle, sa tête nichée à moitié dans son cou, sa jambe sur les siennes et son bras replié contre son ventre. Et un long soupir lui échappe, sa respiration se faisant plus stable ainsi lové contre la seule personne, lui semble-t-il, qui partage vraiment la même chose, le même vécu que lui – la seule personne avec qui il se sent de partager tout cela, également. ”I miss them too, honey. Everyday.” C’est cela, qu’ils partagent, en réalité ; les mêmes visages, les mêmes voix, les mêmes fantômes. C’est peut-être ça qui les rend plus forts, et c’est peut-être même ça qui lui donne l’impression qu’il n’y aura jamais vraiment que Lena, pour lui redonner son souffle quand il étouffe, comme ce matin.

”Wanna know something ridiculous?Hm?”, fait-il tout juste entendre en se laissant à moitié bercer par la main de Lena dans ses cheveux et par son souffle à peine plus calme que le sien. ”I swear sometimes I just want a hug from my Ma'? Like it's gonna be ten fucking years, we're going to be bloody thirty, and... I would have killed to get one, like two days ago. She'd have been so much better at this than me.” Il peut sentir les muscles de Lena se tendre, comme un spasme léger traversant son corps, que Dae peut ressentir sans mal ainsi recroquevillé contre elle. Et il n’a aucun mot, pour essayer d’éponger cette tristesse là – parce qu’il n’est pas certain que quoi que ce soit puisse enlever une douleur pareille. Il se contente de remuer tout juste contre elle, glissant sa main jusqu’à ses côtes et l’étreindre en silence – l’un de ces silences qui veulent dire bien des choses, entre eux, qui se passent largement de mots. ”I'm so sorry you got stuck with the obnoxious one, darling. And yet… so glad you, weirdly enough, decided to trust me somehow?” C’est la première fois, depuis de (trop) longues minutes, qu’un sourire perce sur les lèvres de Dae-won, une ombre seulement ourlant le coin de sa bouche et soulageant un peu plus son cœur de ce poids.

It’s just us, now. Et étrangement, pour la première fois sûrement, ce n’est pas si effrayant que cela.

”I’m glad I’m stuck with the obnoxious one.” Sa voix est faible, encore éraillée par ses sanglots qui ont fini par se taire dans les bras d’Elena. Parce qu’il n’y a rien de plus soulageant de savoir qu’elle est encore là, en vie, tout contre lui ; il n’y a rien de plus agréable, que de se sentir, même l’espace d’un instant, en sécurité, et de savoir qu’il lui apporte de la même façon un semblant de sécurité lui aussi. Ils sont juste deux gamins, oui, et tant qu’ils sont là, ensemble, ils pourront se relever, se protéger, et se permettre d’être vulnérables. ”And I would trust you with my fucking life, you know that”, ajoute Dae-won du bout des lèvres en prenant une profonde inspiration saccadée, les yeux clos désormais, avant de reprendre : ”I mean, I know you would too, and– yeah, that’s what family does, or whatever they say and– ok, I’ll stop, I’m really bad at this.” Il préfère s’interrompre lui-même, en poussant un semblant d’expiration amusée et en secouant légèrement la tête, avant de se faire cringe lui-même – pourquoi tout est plus simple et naturel quand ça sort de la bouche de Lena, et terriblement gênant quand cela sort de la sienne ?

Peu importe, vraiment. Il n’a pas besoin de faire un monologue pour que la sorcière sache ce qu’il cherche à lui dire – and that’s what makes family, pense-t-il à nouveau avec, encore, ce sourire faiblard sur les lèvres.

”Anyway, I– thank you.” C’est cela qui compte, en réalité, et c’est cela qu’il veut lui dire. ”Thank you Lena, really.” Parce qu’il n’aura pas à s’excuser d’avoir fondu en larmes dans ses bras ; parce qu’il sait également qu’il n’a pas à se relever, qu’il peut rester ainsi à moitié sur elle jusqu’à probablement s’endormir ; parce qu’elle ne lui demande rien (ou du moins, jamais vraiment, jamais rien d’essentiel), autant qu’il ne lui demande rien. Dae ne pensait pas en avoir besoin, et il réalise désormais à quel point Lena est devenu son safe space. Et là, tout de suite, alors que tout son poids repose sur le sien, il n’a besoin de rien de plus.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
(daelena#3) they can be bent Empty
Revenir en haut Aller en bas
 

(daelena#3) they can be bent

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

SMOKE AND MIRRORS :: PLAYGROUND :: DEATHLY HALLOWS :: rp terminés